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Full text of "Revue et magasin de zoologie pure et appliquée"

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5o 
REVUE 


BT    MAGASIN 


DE  ZOOLOGIE 

PURE  ET  APPLIQUÉE. 

RECUEIL    MENSUEL 

DESTINÉ   A   FACILITER  AUX  SAVANTS  DE  TOUS  LES  PATS  LES  MOYENS  DE 

PUBLIER  LEURS  OBSERVATIONS  DE  ZOOLOGIE  PURE  ET  APPLIQUÉE 

A  L'INDUSTRIE  ET  A  L'AGRICULTURE ,   LEURS   TRAVAUX  DE 

PALÉONTOLOGIE  ,  d'aNATOMIB  ET  DE  PHYSIOLOGIE 

COMPARÉES  ,  ET  A  LES   TENIR  AU   COURANT 

DES  NOUVELLES  DÉCOUVERTES  ET  DES 

PROGRÈS  DE  LA  SCIENCE  ; 


M.    F.    E.    GUÉRIN-MÉNEVILLE, 

Membre  de  la  Légion  d'honneur,  de  l'ordre  brésilien  de  la  Rose  ,  de  la  SociéU' 

impériale  et    centrale  d'Agriculture ,  des   Académies    royales   des    Sciences 

de  Madrid  et  de  Turin,  de  l'Académie  royale  d'Agriculture  de  Turin, 

de   la    Société    impériale  des    naturalistes    de    Moscou  ,    d'un 

grand  nombre  d'autres  Sociétés  nationales  et  étrangères, 

Secrétaire  du   Conseil   de    la    Société     impériale 

zoologique  d'Acclimatation  ,  etc.,  etc. 


2e    SÉRIE.  —  T,  XII.  —  1860. 


Z 


PARIS, 

AU  BUREAU  DE  LA  REVUE  ET  MAGASIÎ 

RUE   DES   BEAUX-ARTS,   4. 


&lx)l 


VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.    —    JANVIER  1860. 


I.  TRAVAUX  INEDITS. 

Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 
par  M.  H.  de  Saussure. 

Premier  article. 

L'examen  de  divers  Mammifères  que  j'ai  collectés  au 
Mexique  m'a  donné  des  doutes  sur  l'identité  de  quelques- 
uns  d'entre  eux  avec  les  espèces  de  l'Amérique  méri- 
dionale auxquelles  on  pourrait  les  rapporter  et  avec 
celles  du  Mexique  que  les  auteurs  ont  figurées. 

11  est  plusieurs  de  ces  animaux  que  je  ne  trouve  décrits 
nulle  part  et  que  je  crois  pouvoir  considérer  comme  nou- 
veaux. 

Famille  des  Félidés. 
Felis  mexicana.  Fulvo-subcinerascens,  nigro-maculata,  ut  in  F.  ma- 
crura,  cui  affinissima  videtur,  at  minor;  maculae  partis  anterioris 
corporis  magnae,  rariores  et  in  medio  fulvescentes  ;  humeri  fascia 
vel  macula  arcuata;  pars  corporis  postica  multi-maculata,  maculis 
minoribus  atris,  vel  fuscesceutibus  ;  dorsi  médium  duplici  série 
macularura  elongatarum;  cauda  percrassa,  fusco-8-aunulata,  apice 
fuscescens. 

Ce  Chat  ressemble  beaucoup  aux  petits  Chats-Tigres  de 
l'Amérique  du  Sud,  et  il  se  rapproche  particulièrement 
des  Felis  mitis,  tigrina  et  macrura,  espèces  qui  sont  elles- 
mêmes  difficiles  à  distinguer.  Il  a  le  même  genre  de 
pelage,  une  couleur  semblable,  mais  il  en  diffère  par  sa 
plus  petite  taille,  par  sa  queue  très-fournie  et  ornée 
d'anneaux  noirs  moins  nombreux,  et  aussi  par  une 
moucheture  un  peu  différente.  Toutefois  il  serait  bien 


4        rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

difficile  d'établir  si  ce  Chat  est  une  espèce  spéciale  pro- 
pre au  Mexique,  ou  si  ce  n'est  qu'une  variété  de  l'une 
des  trois  espèces  précitées.  C'est  ce  que  les  observations 
futures  montreront,  lorsqu'on  pourra  faire  la  comparaison 
d'un  grand  nombre  de  sujets. 

La  taille  est  inférieure  à  celle  du  Chat  domestique. 
La  couleur  foncière  est  d'un  fauve  qui  n'est  pas  doré, 
mais  plutôt  un  peu  grisâtre.  On  voit,  comme  chez  tous 
les  Chats  de  ce  groupe,  une  tache  blanche  au-dessus  de 
l'œil  et  une  au-dessous  de  cet  organe;  la  joue  et  la  lèvre 
sont  blanchâtres,  avec  une  teinte  fauve  et  des  marques 
noires.  Le  dessous  de  la  tête,  les  parties  inférieures  et 
la  face  interne  des  pattes  sont  de  couleur  blanche.  La 
joue  offre  les  deux  lignes  noires  communes  à  toutes  les 
autres  espèces;  mais  ici  elles  forment  des  lignes  régu- 
lières et  zébrées  ;  le  haut  de  la  gorge  est  aussi  orné  de  la 
bande  noire  transversale,  un  peu  interrompue.  Le  des- 
sus de  la  tête  est  moucheté  de  noir.  Il  y  a  aussi  les  deux 
lignes  noires  qui  partent  de  l'angle  antérieur  de  l'œil  et 
qui  passent  en  dedans  des  oreilles  en  les  contournant. 
Sur  la  nuque  on  voit  deux  lignes  noires,  et,  de  chaque 
côté   du   cou,   une  ligne   qui  part  de  l'oreille  et  qui 
s'étend  jusqu'à  l'épaule.  Celle-ci  est  tachetée  et  barrée  de 
noir.  De  chaque  côté,  une  grande  tache  arquée  descend 
de  l'épaule  sur  le  bras  ;  elle  est  bordée  de  noir  et  plus 
claire  au  milieu.  Le  milieu  du  dos  est  occupé  par  une 
double  bande  noire,  interrompue  par  places,  de  façon  à 
dessiner  des  taches  allongées,  juxtaposées  deux  à  deux 
et  séparées  par  une  ligne  fauve.  Il  y  a,  en  outre,  de  chaque 
côté,  une  rangée  de  trois  ou  quatre  grandes  taches  noires. 
Les  flancs  sont  occupés  par  des  taches  grandes  et  peu 
nombreuses,  dont  le  centre  est  clair  ;  mais  toute  la  por- 
tion postérieure  du  corps,  depuis  les  lombes,  est  couverte 
de  taches  noirâtres  très-nombreuses  et  rapprochées,  dis- 
posées en  lignes  multiples.  Les  pattes  sont  tachetées  de 
noir  et  les  doigts  deviennent  brun  gris  en  dessus.  Le  des- 


TRAVAUX   INÉDITS.  5 

sous  du  ventre  est  tacheté,  et  la  poitrine  est  barrée  de 
brun.  Les  oreilles  sont,  comme  chez  les  autres  espèces, 
noires  à  leur  face  externe ,  avec  une  tache  blanche.  Les 
moustaches  sont  blanches,  avec  les  trois  ou  quatre  poils 
d'en  haut  noirâtres.  La  queue  est  très-fournie,  bien  plus 
grosse  que  chez  les  F.  mitis  t  à  peu  près  aussi  grosse  que 
chez  l'Ocelot;  elle  est  ornée  de  huit  anneaux  bruns  (qui 
s'effacent  en  dessous)  très-distinctement  marqués  et  très- 
grands,  plus  longs  que  les  espaces  fauves  qui  les  séparent, 
surtout  vers  l'extrémité  ;  en  outre,  le  bout  de  la  queue, 
qui  vient  après  le  dernier  anneau,  est  d'un  brun  pâle, 
avec  plusieurs  poils  blancs  à  la  base. 

Dimensions  d'un  individu  adulte  pris  sur  l'empaillé  : 
longueur  du  corps  et  de  la  tête,  17  pouces  ;  id.  de  la 
queue,  12  1/2  pouces. 

Ce  Chat  se  distingue  surtout  par  la  grosseur  (peut-être 
aussi  par  la  longueur)  de  sa  queue  et  par  les  anneaux 
noirs  peu  nombreux  de  cette  dernière  ;  car,  chez  les 
trois  autres  espèces  voisines,  on  en  remarque  constam- 
ment onze.  Les  taches  du  corps,  jusqu'au  sacrum,  sont 
grandes  et  peu  nombreuses,  comme  chez  le  F.  mitis  (ou, 
du  moins,  l'espèce  que  je  regarde  comme  telle).  A  l'épaule, 
on  voit  la  bande  arquée,  comme  chez  le  F.  tigrina.  L'ex- 
trémité postérieure  du  corps  est  couverte  de  taches  plus 
nombreuses  que  dans  aucune  des  trois  autres  espèces  ; 
ces  taches  sont  assez  petites,  noires,  et  elles  n'ont  pas  le 
centre  plus  clair.  La  moucheture  le  rapproche,  sous  ce 
rapport,  du  F.  tigrina  (1);  mais,  chez  ce  dernier,  les 
taches  sont  brunes  avec  le  milieu  pâle,  et  le  pelage  a 
une  couleur  rousse,  tandis  qu'ici  il  est  d'un  fauve  pâle, 
plutôt  un  peu  grisâtre. 

L'espèce  que  je  crois  être  le  F.  macrura  a  des  taches 
beaucoup  moins  nombreuses  à  l'arrière  du  corps;  elle 
offre,  à  la  nuque,  cinq  lignes  noires  distinctes,  qui  ne 

[  1)  La  détermination  de  ces  espèces  ma  laissé  quelques  doutes. 


6        rev.   et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

se  retrouvent  pas  avec  cette  régularité  chez  notre  espèce. 
Ce  Chat  habite  la  zone  chaude  du  Mexique  ;  il  a  été  tué 
près  d'Alvarado,  sur  le  golfe  du  Mexique. 

Famille  des  Mustellides. 

Mephitis  leuconota  (?),  Licht.,  vp  .  Notre  individu  est  in- 
termédiaire entre  la  M.  leuconota  et  la  M.  mesoleuca;  il  a 
la  taille  de  la  seconde,  qui  est  de  la  grandeur  d'un  Chat, 
comme  l'indique  Lichtenstein.  Ses  formes  sont  grêles. 
Le  museau  est  allongé,  nu  en  dessus,  et  la  peau  nue  se 
prolonge  en  arrière  en  forme  d'angle.  Le  pelage  est  long 
et  fourni,  noirâtre.  Le  milieu  du  dos  est  occupé  par  une 
large  bande  blanche  qui  se  termine  angulairement  sur  le 
crâne,  à  peu  près  au  milieu  de  la  distance  qui  sépare  les 
yeux  des  oreilles.  Cette  bande  devient  de  plus  en  plus 
étroite  sur  le  sacrum  et  au  croupion,  puis  elle  envahit  la 
queue,  qui,  dans  ses  deux  tiers  postérieurs,  est  entière- 
ment blanche,  mêlée  de  poils  sales.  Dans  son  premier 
tiers,  la  queue  est  noire  et  n'offre  de  blanc  que  la  bande 
médiane.  A  la  partie  postérieure  du  dos  et  au  croupion,  on 
trouve,  sur  la  ligne  médiane,  des  poils  noirs  qui  forment 
des  taches  cachées  sous  les  poils  blancs  de  la  bande  dor- 
sale. La  queue  est  plus  longue  à  proportion  que  chez  la 
M .  leuconota.  —  Longueur  du  corps  et  de  la  tête  jusqu'à 
l'origine  delà  queue,  15  à  16  pouces. — Queue,  9  à 
10  pouces. 

Cet  animal  vit  dans  les  toits  et  greniers  des  habitations 
du  Mexique. 

Son  aspect  correspond  assez  bien  à  la  figure  que  Lich- 
tenstein donne  de  la  M.  leuconota,  si  ce  n'est  que  la 
bande  blanche  commence  plus  en  arrière  sur  le  crâne. 
Mais  la  queue  est  plus  longue,  et  la  taille  est  presque  de 
moitié  plus  petite.  Cependant  le  crâne  de  notre  individu 
indique  qu'il  est  bien  adulte.  Celui-ci  n'offre  que  trois 
molaires  à  la  mâchoire  supérieure;  sa  longueur  est  de 
2  pouces  10  lignes. 


TRAVAUX    INÉDITS.  7 

.Je  ne  sais  s'il  faut  considérer  cette  Méphitis  comme 
une  variété  de  la  M.  leuconota  ou  comme  une  espèce 
séparée.  Dans  ce  cas,  on  pourrait  la  nommer  inter- 
media. 

Famille  des  Viverrides. 

Bassaris  Sumichrasti.  —  Fulvo-nigrescens;  fulvo  et  nigro  mixta  ; 
subtus  albidu-fulvescens;  ore  et  pedibus  fusco-nigris;  caudae  ni- 
grœ  basi  (minus  quam  in  B.  astuta)  pallide  annulata. 

Voyez  PL  i. 

Taille  plus  grande  que  chez  la  B.  astuta.  Pelage  d'un 
fauve  presque  citron  mêlé  de  beaucoup  de  noir;  les  deux 
couleurs  formant  presque  des  marbrures  dans  toute  l'é- 
tendue du  corps.  Sur  le  dos,  le  noir  domine;  sur  les 
flancs,  c'est  plutôt  le  jaunâtre  moucheté  ou  marbré  de 
noir.  En  dessous,  le  pelage  est  jaunâtre.  La  tête  est 
grise  en  dessus  et  variée  de  noir.  Tout  le  museau  est 
d'un  brun  noirâtre  ;  cette  couleur  se  prolonge  jus- 
qu'entre les  yeux,  où  les  poils  sont  mouchetés  de 
blanc,  ayant  toutefois  la  pointe  noire.  Le  tour  des 
yeux  est  obscur;  en  dessus  et  en  arrière,  on  voit  une 
tache  grise  ou  fauve.  Les  joues,  sous  les  yeux,  sont  de 
cette  même  couleur  grise  ;  l'espace  compris  entre  les  joues 
et  les  oreilles  est  plus  obscur,  gris-brun.  Le  front  est  gris, 
entouré  d'une  zone  plus  obscure  ;  toutes  ces  parties,  sauf 
le  museau,  sont  mouchetées.  Les  oreilles  sont  obtuses  et 
arrondies  au  bout,  garnies  de  poils  gris-fauves;  la  base 
de  leur  face  externe  est  garnie  de  poils  bruns  plus  longs. 
L'occiput  est  moucheté  de  noir  et  de  gris-jaunâtre,  pres- 
que comme  le  dos,  mais  le  noir  y  domine.  Le  menton 
est  brun  ou  noirâtre  jusqu'à  la  hauteur  de  la  première 
molaire  ;  le  dessous  est  brun  ou  noirâtre,  devenant  jau- 
nâtre sur  les  côtés  ;  la  gorge  et  les  côtés  du  cou  sont  d'un 
fauve  blanchâtre,  ainsi  que  la  poitrine.  Le  long  des  côtés 
du  cou,  à  la  limite  des  deux  couleurs,  on  voit  une  bande 
plus  noirâtre,  qui  devient  presque  tigrée  à  l'origine  de 


8        rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

la  patte  antérieure.  Les  pattes  antérieures  ont  une  cou- 
leur générale  grise,  résultant  du  mélange  de  gris-fauve 
et  de  gris-noirâtre;  leur  face  interne  est  fauve,  presque 
jusqu'à  l'origine  des  doigts.  Les  pattes  postérieures  of- 
frent en  dehors  la  même  couleur  que  le  dos,  mêlée  de 
fauve  et  de  noirâtre  ;  leur  face  interne  est  plus  pâle  ;  les 
pieds  sont  noirs  et  offrent  du  gris-fauve  à  leur  face  supé- 
rieure, jusqu'à  l'origine  des  doigts.  La  queue  est  de  la 
longueur  du  corps,  très-fournie,  noire;  elle  présente  ce- 
pendant, dans  sa  première  moitié,  quatre  ou  cinq  an- 
neaux gris-fauves,  recouverts  par  les  longs  poils  des  an- 
nelures  noires. 

Longueur  du  corps,  17  à  18  pouces;  de  la  queue, 
17  pouces,  sans  compter  les  poils  terminaux.  —  Dis- 
tance de  l'œil  au  bout  du  museau,  17  à  18  lignes.  — 
Longueur  de  la  jambe  antérieure  depuis  le  coude  jus- 
qu'au carpe,  2  pouces  6  ou  7  lignes. 

Les  poils  de  la  tête  sont  gris-blanchâtres,  avec  la 
pointe  noire;  ceux  du  corps,  fauves-soufrés  avec  la 
pointe  longuement  noire  ;  à  la  face  externe  des  pattes 
antérieures,  les  poils  sont  semblables  à  ceux  de  la  tête, 
et,  aux  pattes  postérieures,  ils  ressemblent  à  ceux  du 
corps.  Les  poils  des  parties  inférieures  sont  fauves  avec 
la  pointe  plus  rousse.  Les  poils  de  la  queue  sont  noirs, 
sauf  ceux  des  anneaux  gris,  qui  n'ont  de  noir  que  la 
pointe. 

Cet  animal  habite  les  greniers  dans  la  région  chaude  du 
Mexique. 

Il  se  distingue  de  la  B.  astuta,  Licht.,  par  son  pelage 
noirâtre  et  non  gris-pâle,  par  la  teinte  soufrée  de  ses 
poils  fauves,  par  sa  queue  plus  fournie,  plus  longue  et 
noire,  par  son  museau  noir,  par  les  taches  grises  peu 
dessinées  autour  des  yeux,  par  ses  pieds  noirs.  On  le 
reconnaît  de  suite  à  sa  couleur  générale  noirâtre,  bien 
différente  de  celle  de  la  B.  astuta,  dont  le  pelage  est  de 
couleur  gris-fauve-pàle.  (Nous  possédons  de  cette  der- 


TRAVAUX    INÉDITS.  9 

nière  plusieurs  individus  représentant  tous  les  âges.  ) 
La  tête  osseuse  offre  des  différences  parfaitement  dé- 
finies; elle  est  plus  large  que  chez  la  B.  astuta.  Les  ar- 
cades zygomatiques  sont  plus  écartées,  plus  arquées  et 
plus  fortes  ;  la  ligne  médiane  du  crâne  est  occupée  par 
une  forte  crête  qui  se  bifurque  en  avant  et  dont  les 
branches  vont  aboutir  aux  deux  apophyses  supra-orbi- 
taires,  lesquelles  ont  plus  de  3  lignes  de  longueur.  Les 
quatre  incisives  supérieures  moyennes  offrent,  à  leur 
face  antérieure,  un  double  sillon.  Les  trois  prémolaires 
supérieures  sont  écartées  ;  la  deuxième  et  la  troisième  ne 
se  touchent  pas.  La  carnassière  est  bien  plus  courte  que 
chez  la  B.  astuta  ;  son  talon  est  aussi  moins  oblique  et 
moins  aigu.  La  première  molaire  a  son  talon  beaucoup 
moins  étroit,  en  sorte  que  sa  surface  est  moins  grande,  et 
la  deuxième  est  plus  longue  que  chez  l'espèce  citée. 
Quant  à  la  mâchoire  inférieure,  elle  offre  la  plus  grande 
ressemblance  dans  les  deux  espèces;  toutefois,  chez  la  B. 
Sumichrasti,  la  deuxième  molaire  est  plus  large. 
Cette  description  est  prise  sur  un  très-vieil  individu. 

Famille  des  Myrmécophagides. 

Myrmecophaga  tamandua  (?),  Desm.  (Var.  Meœicana, 
Sauss.)  — Cet  animal,  qui  n'a,  je  crois,  été  signalé  encore 
que  dans  l'Amérique  méridionale,  habite  aussi  les  forêts  de 
la  côte  du  Mexique,  dans  le  district  de  Tabasco,  au  S.  E. 
de  la  province  de  Mexico,  etc.  Les  individus  que  nous 
possédons,  originaires  de  ce  pays,  ont  la  tête,  le  cou,  la 
portion  antérieure  du  tronc,  les  quatre  pattes,  le  croupion 
et  la  queue  fauves  ;  le  corps  est  noirâtre,  avec  une  bande 
fauve  sur  la  ligne  médiane  du  dos,  qui  va  diminuant  en 
arrière  et  qui  se  perd  sur  le  sacrum  ;  il  offre  sur  chaque 
épaule  une  bande  noire  en  forme  de  bretelle  qui  s'arrête 
sur  l'épaule  sans  revenir  sur  la  poitrine.  Le  tour  de  l'œil 
et  les  côtés  du  museau  sont  gris-bruns.  Les  portions  in- 
férieures du  corps,  depuis  le  bas  de  la  gorge,  sont  brunes, 
surtout  sur  le  ventre.  La  queue  est  longue,  longuement 


10       rev.  et  mag.  de  zoologie.   (Janvier  1860.) 

annelée  de  gris  et  de  fauve  ;  elle  est  garnie  de  poils  pres- 
que jusqu'au  milieu. 

Le  crâna  d'un  vieil  individu,  comparé  au  crâne  d'un 
Tamandua  du  Brésil ,  offre  certaines  différences  qu'il 
est  intéressant  de  noter.  1°  Le  museau  est  plus  grêle,  plus 
allongé  et  plus  comprimé,  cylindrique,  les  os  maxillaires 
supérieurs  étant  placés  plus  bas  — 2°  Les  os  nasaux  sont 
aussi  longs  que  le  frontal  ;  les  os  palatins  sont  moins  longs 
que  la  portion  des  maxillaires  placée  au  delà.  — 3°  Les 
os  nasaux  s'articulent  aux  frontaux  par  une  ligne  trans- 
versale à  peine  sinueuse,  tandis  que  chez  le  Tamandua 
du  Brésil  la  symphyse  forme  un  W  (mais  ceci  est  moins 
important).  —  4°  Les  branches  inférieures  de  la  mâchoire 
sont  plus  larges  à  la  base,  etc. 

Le  tableau  suivant  rendra  compte  de  ces  proportions 
différentes. 

TAMANOUA  TAMANDUA 

du    Mexique.  du  Brésil. 

Longueur  moyeuue  dos  os  na- 
saux (1) , 0m,046  O^tteS 

Id.  des  frontaux 0m,048  0m,050 

Id.  des  palatins 0m,04D  0m,049 

Distance  depuis  le  bord  anté- 
rieur des  palatins  jusqu'au 
bout  des  maxillaires 0",04<)  0m,036 

Il  résulte  de  la  comparaison  de  ces  mesures  que,  chez 
notre  individu  du  Mexique,  la  longueur  des  os  nasaux 
est  à  celle  des  frontaux  comme  46  :  48  (ils  sont  donc 
presque  égaux),  tandis  que  chez  ceux  du  Brésil  le  rapport 
est  de  38  :  50,  soit  comme  4  :  5. 

Le  rapport  de  longueur  entre  les  os  palatins  et  la  por- 
tion palatine  des  maxillaires  est,  chez  celui  du  Mexique, 
comme  40  :  46,  soit  8  :  9,  et,  chez  ceux  du  Brésil, 
comme  49  :  36,  ce  qui  est  le  rapport  inverse. 

(1)  En  prenant  la  moyenne  dans  le  W  décrit  par  la  symphyse  dr 
ces  os  avec  les  frontaux. 


TRAVAUX   INÉDITS.  il 

Les  apophyses  maxillo-palatines  sont  aussi  sensible- 
ment plus  courtes  chez  l'individu  du  Mexique,  où  elles 
n'ont  que  11  à  12  mill.,  tandis  que  chez  le  Tamandua  du 
Brésil  de  même  taille  elles  ont  16  mill.,  soit  1/3  de  plus. 
Chez  un  second  individu  du  Mexique  plus  jeune,  quoique 
adulte,  on  remarque  les  mêmes  rapports,  mais  les  os  na- 
saux sont  un  peu  moins  longs  à  proportion  ;  la  symphyse 
est  aussi  plus  sinueuse  que  chez  l'adulte.  Les  peaux  ont 
exactement  la  même  livrée.  Chez  le  plus  jeune,  la  queue 
est  garnie  de  poils  fauves  dans  toute  sa  longueur  ;  ceux-ci 
disparaissent,  sans  doute,  par  l'usure  dans  un  âge  plus 
avancé,  ou  peut-être  aussi  selon  la  saison. 

Le  plus  grand  de  nos  individus  est  très-adulte,  les  deux 
frontaux  étant  soudés  en  un  seul  os  et  n'offrant  presque 
plus  de  trace  de  la  suture.  Il  est  plus  petit  que  les  ïaman- 
duas  adultes  du  Brésil. 

Longueur  du  corps  (la  tête  comprise)  jusqu'à  la  nais- 
sance de  la  queue,  20  à  21  pouces  ;  longueur  de  la  queue, 
22  a  23  pouces.  Longueur  de  la  tête  osseuse,  4  pouces 
10  lignes. 

Plus  petit  individu  :  longueur  du  corps,  15  pouces  ; 
idem  de  la  queue,  environ  15  pouces.  —  Chez  celui-ci,  les 
parties  brunes  sont  moins  étendues,  et  les  poils  bruns 
ont  la  pointe  fauve,  ce  qui  fait  que  cette  teinte  se  mêle  au 
brun  du  dos. 


CONSIDÉRATIOIVS   SUR    LES   OEUFS    DES    OISEAUX  , 

par  A.  Moquin-ïandon. 

Voir  le  commencement  de  ce  travail,  vol.  XI,  1859, 
p.  414  et  469. 

Chapitre  III.  —  de  la  forme  des  oeufs. 
S  1er.  Forme  des  œufs.  — Tous  les  œufs  ne  se  ressem 
blent  pas  quant  à  la  forme  (1). 

(1)  Amplius  autem  ova  diversantur  in  figura  :  quoniam  quœdam 
*unt  acuta,  et  quœdam  sunt  lata  rotunda,  et  quœdam  sccundum 


12      rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Janvier  1860.) 

Cette  forme  peut  être  rapportée  à  un  type,  la  sphérique 
ou  globuleuse  [rundlich,  Thien.),  qui  est  la  génératrice  de 
toutes  îes  autres. 

La  forme  globuleuse  parfaite  se  présente  rarement.  Les 
Ciseaux  de  proie  nocturnes  s'en  rapprochent  plus  ou  moins. 
Les  œufs  du  Hibou  et  du  Scops  sont  peut-être  les  plus  glo- 
buleux. 

On  pourrait  appeler  ovoïde  (eiformig  (1),  Thien.)  l'œuf 
un  peu  allongé,  dont  le  grand  diamètre  transversal  se 
rencontre  dans  le  milieu,  et  dont  les  extrémités  sont  iné- 
galement obtuses  ou  pointues.  Tels  sont  la  plupart  des  œufs 
des  Rapaces  et  des  Palmipèdes  (2). 

Quand  le  grand  diamètre  transversal  offre  seulement 
les  deux  tiers  ou  moins  des  deux  tiers  du  diamètre  longi-  ' 
tudinal,  on  dit  alors  que  l'œuf  est  orlong  (langlich,  Thien.), 
et  dans  ce  cas  je  distinguerai,  avec  M.  des  Murs,  deux 
modifications  principales,  celle  dans  laquelle  les  deux 
bouts  se  trouvent  également  obtus  [Engoulevent,  Ganga), 
et  celle  dans  laquelle  ils  sont  un  peu  pointus  (Grèbes,  Cor- 
morans). Les  premiers  œufs  ont  été  nommés  cylindriques, 
et  les  seconds  elliptiques',  ces  deux  formes  sont  rares  et, 
pour  ainsi  dire,  exceptionnelles.  Le  mot  cylindracé  me 
paraît  plus  convenable,  car  il  n'existe  aucun  œuf  d'Oiseau 
réellement  cylindrique;  et  le  mot  elliptique,  applicable 
seulement  à  une  figure  plane,  doit  être  remplacé  par  celui 

d'ELLIPSOÏDE. 

On  a  conservé  le  nomd'ovÉ(3)  [ovatus,  eigestaltig,  Thien.) 
à  l'œuf  un  peu  allongé,  dont  les  deux  bouts  sont  inégale- 

duas  extremitates  suas  habent  utramque  figurant,  Albert,  magn. 
Opéra,  t.  VI,  p.  189. 

(1)  Ovalaire  des  Murs,  ovalis  de  quelques  auteurs.  Ces  mots  ne 
peuvent  s'appliquer  qn'à  une  figure  plane. 

(îj  Des  Murs  fait  observer,  très- justement,  que  ces  deux  ordres 
d'Oiseaux  ont  des  habitudes  de  gloutonnerie.  Quel  rapport  peut-il 
exister  entre  les  habitudes  et  la  forme  ovoïde? 

(3)  Au  premier  abord,  il  semble  pour  le  moins  étrange  qu'on  dé- 


TRAVAUX    INÉDITS.  13 

ment  arrondis  ou  pointus,  et  dont  le  plus  grand  diamèlre 
transversal  n'est  pas  dans  le  milieu  [Corbeau,  Perdrix). 

Quand  il  existe  une  très-grande  inégalité  entre  les  deux 
bouts,  l'œuf  devient  alors  piriforme  ou  ovoïconique  [Pha- 
larope,  Guillemot). 

Enfin  l'œuf  est  dit  court  [kurtz,  Thien.)  s'il  présente 
l'inégalité  dont  il  s'agit,  et  si,  en  même  temps,  son  grand 
diamètre  n'a  pas  plus  des  deux  tiers  du  diamètre  trans- 
versal [Grimpereau,  Caille).  Cette  dernière  modification 
paraît  revenir  au  type  globuleux. 

Dans  les  œufs  ellipsoïdes,  ovés,  piriformes  et  courts,  le 
plus  grand  diamètre  transversal  constitue  le  ventre.  Quand 
ce  ventre  est  insensiblement  développé,  l'œuf  n'a  pas  reçu 
de  dénomination  particulière;  mais,  quand  il  s'éloigne 
brusquement  du  grand  axe  [Pintade,  Bécasse),  plusieurs 
auteurs  appellent  l'œuf  ventru  (bauchig,  Thien.). 

Toutes  les  fois  que  les  deux  bouts  se  trouvent  inégaux 
[Avocette,  Pingouin) ,  le  plus  obtus  s'appelle  la  base  ou  le 
gros  bout  [basis,  Thien.)  ;  l'autre  se  nomme  la  pointe,  le 
bout  supérieur  ou  le  petit  bout  (spitze,  Thien.)  (1). 

Ces  détails  morphologiques,  empruntés  en  très-grande 
partie  aux  ouvrages  de  MM.  Thienemann  et  des  Murs, 
simplifient  beaucoup  la  glossologie  de  la  forme,  et  sont 
d'un  grand  secours  dans  la  description  des  œufs. 

signe  des  œufs  sous  les  noms  d'ovés  et  d'ovoïdes;  je  n'ai  pas  cru 
devoir  changer  ces  dénominations  aujourd'hui  généralement  adop- 
tées. 

(1)  Les  dénominations  de  base  et  de  sommet  sont  très-impropres, 
parce  que  l'œuf  ne  repose  jamais  sur  le  gros  bout,  et,  à  cette  occa- 
sion, je  ferai  remarquer  que  les  ornithologistes  (comme  Polydore 
Roux  et  Auguste  Lefèvre)  qui  ont  représenté  des  œufs  avec  le  grand 
diamètre  placé  verticalement  ont  eu  tort  d'adopter  une  position  qui 
est  contre  nature. 


\\       kev.  et  mag.  de  zoologœ.  (Janvier  1860.) 
Voici  le  îableau  abrégé  de  ces  diverses  formes  : 

globuleux 1°  sphériques. 

uon  allongés 2°  courts. 

i  très-inégaux 3°  piriformes. 
nm       /pas  dans  le 
.    Peu            milieu.  ,    4-  ovés. 
inégaux,  ) 
tfansveîsal      dans  le 
transversal^    milieu        5.  ovoUes 

I  i  aigus 6°  ellipsoïdes. 

(égaux.J 

(  obtus 7°  cylindracés. 

Suivant  la  remarque  de  M.  Hardy,  la  captivité  influe 
d'une  manière  sensible  sur  la  forme  des  œufs.  Les 
Vautours ,  les  Aigles  ,  les  Goélands  et  même  les  Oies 
pondent  des  œufs  plus  allongés  qu'à  l'état  de  liberté. 
M.  des  Murs  avait  déjà  fait  la  même  observation  sur  les 
œufs  du  Nandou  reçus  d'Amérique ,  comparés  à  ceux 
du  même  Oiseau  pondus  dans  la  ménagerie  du  Muséum 
d'histoire  naturelle  de  Paris.  Toutefois  rien  de  semblable 
ne  s'observe  chez  nos  petits  Oiseaux  de  volière. 

§  2e.  Rapport  de  la  forme  avec  la  position  de  l'Oiseau.  — 
Tout  récemment,  M.  Hardy  a  cherché  à  démontrer  que  la 
position  de  l'Oiseau,  dans  le  repos  ou  dans  l'action,  dé- 
termine, avant  tout,  la  forme  de  son  œuf.  D'après  ce  sa- 
vant ornithologiste ,  le  produit  ovarien  étant  une  sphère 
liquide  jusqu'à  la  formation  de  la  coque,  l'œuf  suit  néces- 
sairement tous  les  mouvements  du  corps  de  l'Oiseau.  Con- 
tenu dans  un  tube  élastique,  il  s'affaisse  sur  lui-même  en 
s'élargissant,  si  ce  tube  est  vertical,  s'étend,  s'allonge  plus 
ou  moins,  selon  que  celui-ci  s'approche  ou  s'écarte  de  la 
ligne  horizontale  et,  dans  toutes  les  positions,  subit  ou 
l'influence  opposée,  ou  du  repos  qui  relâche  les  parois 
de  l'abdomen ,  son  berceau,  ou  de  l'action  qui  les  con- 
tracte. 

La  perpendicularité  de  l'oviducte  fait,  dans  le  repos, 


TRAVAUX    INÉDITS.  16 

l'œuf  court  de  la  majeure  partie  des  Oiseaux  de  proie,  et, 
dans  l'action,  l'œuf  sphérique  du  Pic. 

L'oviducte  horizontal  donne,  dans  le  repos,  Y  œuf  al- 
longé de  YEngoulevent,  et,  dans  l'action,  celui  plus  allongé 
et  plus  pointu  du  Martinet. 

Le  Plongeon  réunit,  dans  les  siens,  le  double  signe  du 
repos  et  du  mouvement  dans  la  pose  horizontale. 

M.  Hardy  explique  pourquoi  les  gros  Oiseaux  élevés  en 
captivité  donnent  des  œufs  plus  allongés,  tandis  qu'il 
n'en  est  pas  de  même  pour  les  petits  Oiseaux  de  volière. 
Les  premiers  ont  leurs  habitudes  brisées,  leurs  mouve- 
ments paralysés,  tandis  que  les  seconds  conservent  l'usage 
de  leurs  ailes,  sautillent  et  prennent  leurs  ébats  tout  aussi 
bien  sous  le  grillage  de  leur  volière  qu'à*  l'ombre  de  nos 
vergers. 

La  théorie  de  M.  Hardy  est  certainement  ingénieuse, 
mais  je  crains  qu'il  l'ait  un  peu  trop  généralisée.  Je  ferai 
remarquer  que,  si  la  direction  de  l'oviducte  et  la  pesan- 
teur des  éléments  intérieurs  de  l'œuf  dominaient  toutes 
les  autres  causes  dans  la  constitution  de  la  forme,  le  gros 
bout  devrait  se  présenter  toujours  le  premier,  tandis  qu'il 
n'en  est  point  ainsi,  comme  on  le  verra  plus  loin.  J'ajou- 
terai que  des  œufs  allongés  et  courts,  pondus  par  le  même 
Oiseau  (quel  que  soit  le  sexe  auquel  ils  appartiennent), 
annoncent  que  d'autres  causes  plus  ou  moins  puissantes 
agissent  sur  la  conformation  de  la  coque.  D'ailleurs,  l'o- 
viducte est  un  canal  épais,  robuste,  résistant,  qui,  non- 
seulement,  est  peu  influencé  par  les  pressions  intérieures 
ou  extérieures,  mais  qui,  bien  certainement,  jouit  lui- 
même  d'une  action  particulière  en  rapport  avec  son  éten- 
due et  avec  son  organisation. 

§  3e.  Observations  générales.  —  L'idée  de  considérer  la 
forme  sphérique  comme  le  type  de  toutes  les  autres  formes 
est  vraie  non-seulement  au  point  de  vue  géométrique, 
mais  encore  au  point  de  vue  de  l'embryogénie.  Toutefois,  si 
l'on  étudie  les  diverses  modifications  que  nous  venons  de 


16       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

distinguer  relativement  à  leur  fréquence,  on  arrive  à  un 
autre  résultat. 

La  statistique  de  ma  collection  (œufs  d'Europe)  m'a 
donné  (31  décembre  1845),  sur  319  espèces,  un  peu  plus 
des  8/5  pour  les  œufs  ovés,  le  1/6  pour  les  ovoïdes,  le  1/15 
pour  les  pir if or mes,  le  1/16  pour  les  courts,  le  1/32  pour 
les  sphériques,  le  1/35  pour  les  ellipsoïdes  et  le  1/46  pour 
les  cylindracés.  On  voit,  par  ces  chiffres,  que  le  nombre 
des  œufs  ovés  de  l'Europe  est  plus  considérable  que  toutes 
les  autres  formes  réunies  (1),  ces  dernières  ensemble  ne 
produisant  que  les  3/5  de  la  totalité.  Les  œufs  pirif ormes 
et  les  œufs  courts  réunis,  c'est-à-dire  tous  ceux  à  bouts 
très-inégaux,  n'en  représentent  guère  que  le  1/8  environ. 
Enfin  les  ellipsoïdes  et  les  cylindracés  sont  des  œufs  tout  à 
fait  exceptionnels. 

On  peut  dire,  d'une  manière  générale,  que  la  forme  ovée 
appartient  aux  Passereaux  et  aux  Gallinacés;  que  la  forme 
ovoïde  est  propre  aux  Rapaces  et  aux  Palmipèdes,  la  piri- 
forme  aux  Échassîers  et  à  quelques  Palmipèdes,  la  courte  à 
plusieurs  Gallinacés  et  à  plusieurs  Échassiers,  et  la  sphéri- 
que  aux  Oiseaux  de  proie  nocturnes  et  aux  Alcyons  (2). 

Deux  formes  seules  sont  particulières  à  certains  grou- 
pes); \ ellipsoïde,  qui  se  trouve  dans  quelques  Pinnatipè- 
des  (3)  et  quelques  Palmipèdes  (4),  et  la  cylindracée,  qui  se 
voit  dans  plusieurs  Gallinacés  (5). 

§  4e.  Rapport  de  la  forme  de  l'œuf  avec  celle  de  V Oiseau. 
—  La  forme  des  œufs  présente  le  plus  souvent  une  sorte 
de  relation  avec  celle  de  l'Oiseau  (Thien.,  des  Murs).  Les 

(1)  Ce  qui  explique  pourquoi  les  personnes  du  monde  s'imaginent 
que  tous  les  œufs  ressemblent,  plus  ou  moins,  à  l'œuf  de  la  Poule 
(cet  œuf  étant  le  plus  commun  et  sa  forme  la  plus  générale). 

(2)  Ordre  proposé  par  Temminck  pour  les  Martins-Pécheurs.  — 
Les  Sphénisques  ont  aussi  les  œufs  sphériques  (des  Murs). 

(3)  Les  Grèbes. 

(4)  Les  Plongeons,  les  Fous,  les  Cormorans,  les  Pélicans. 

(5)  Les  Gang  as  et  aussi  les  Ménapodes. 


TKAVAUX    INÉDITS.  17 

œufs  sphériques  proviennent  d'un  corps  court  et  ramassé 
(Chouettes,  Martin-Pêcheur).  Les  œufs  allongés  viennent, 
au  contraire,  d'un  Oiseau  plus  ou  moins  effilé  (Martinets, 
Grèbes). 

Cette  règle,  pourtant,  est  loin  d'être  absolue,  puisque 
certains  Oiseaux  à  corps  allongé  (Épervier,  Guêpier)  pon- 
dent des  œufs  arrondis,  et  que  d'autres  à  corps  trapu 
(Bouvreuil)  en  produisent  de  plus  ou  moins  allongés. 

M.  Hardy  a  fait  remarquer,  avec  raison,  que  les  œufs 
du  Canard  de  Miquelon  et  du  Butor,  du  Guillemot  et  du 
Chevalier  sont  caractérisés  par  la  même  forme,  et  que  les 
Oiseaux  dont  ils  proviennent  n'ont  rien  de  commun  dans 
leur  ensemble  général,  tandis  qu'au  contraire  ceux  de 
Y  Outarde  et  du  Pluvier,  de  Y  Ibis  et  du  Courlis  ne  se  res- 
semblent pas,  et  sont  pondus  par  des  Oiseaux  qui  offrent 
les  plus  grands  rapports. 

En  signalant  cette  relation  entre  la  forme  de  l'œuf  et 
celle  de  l'Oiseau,  je  ne  chercherai  pas  à  en  expliquer  la 
véritable  source.  Aussi  je  ne  dirai  pas,  avec  un  auteur 
moderne,  que  la  longueur  des  pattes  de  l'embryon  influe 
sur  la  figure  de  l'œuf  de  YÉchasse  (1),  et  que,  chez  d'autres 
espèces,  cette  forme  est  déterminée  par  l'extension  du  cou 
ou  par  la  saillie  du  sternum,  parce  que,  au  moment  de  la 
formation  de  l'œuf,  l'embryon  (ou  la  cicatricuie)  ne  pré- 
sente ni  pattes,  ni  cou,  ni  sternum. 

Lorsque  l'œuf  fait  partie  de  la  grappe  de  l'ovaire,  sa 
forme  est  globuleuse.  Il  conserverait  sans  doute  ce  type 
primitif,  s'il  était  alors  revêtu  de  son  enveloppe  solide,  et 
s'il  n'était  pas  forcé  de  traverser  l'oviducte,  qui  est  étroit 
et  tubuleux.  Ce  canal  n'est-il  pas  très-court  ou  très-làche 
chez  les  Oiseaux  dont  les  œufs  sont  sphériques? 

L'œuf  encore  mou  descend  peu  à  peu,  et  la  pression 

(1)  L'œuf  de  YÉchasse  n'est  pas  très-allougé.  (Grand  diani., 
44  million.;  petit  diam. ,  30.) 

2e  skrie.  t.  xu.  Année  1860.  2 


18       rev.  et  mag.  de  ZOOLOGIE.  (Janvier  1860.) 

qu'il  éprouve  contribue  à  le  rendre  plus  ou  moins  allongé. 

La  partie  qui  entre  d'abord  dans  l'oviducte,  frayant 
le  chemin,  supporte,  par  conséquent,  le  premier  effort 
de  la  pression;  elle  doit  être  forcément  la  plus  pointue. 
Voilà  pourquoi  l'oeuf  chemine  généralement  la  pointe- 
en  avant;  voilà  pourquoi  aussi,  lors  de  la  ponte,  le  petit 
bout  se  présente  le  premier  (Duméril,  Blainville,  Thie- 
nemann,  1.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  F.  Prévost ). 

Aristote  dit,  au  contraire,  que  les  œufs  sont  expulsés, 
le  gros  bout  en  avant  ;  Albert  le  grand  et  Bélon  ont  ré- 
pété cette  erreur.  M.  des  Murs  l'avait  d'abord  admise; 
plus  tard,  il  l'a  rejetée. 

Selon  M.  Thienemann,  quand  l'œuf  marche  vite  dans 
l'oviducte,  il  devient  très-long;  quand  il  chemine  lente- 
ment, il  s'éloigne  fort  peu  de  la  forme  globuleuse.  Je  se- 
rais tenté  de  croire  le  contraire.  Il  n'y  a  que  l'observation 
ou  l'expérience  qui  puisse  trancher  cette  question. 

On  comprend  facilement  que  la  forme  des  œufs  doit 
varier  suivant  le  diamètre,  la  longueur  et  la  pression  de 
l'oviducte,  et  suivant  la  résistance  forte  ou  faible  des  élé- 
ments qui  le  composent.  D'autres  circonstances  accessoi- 
res, qu'il  est  impossible  de  déterminer  à  priori,  entrent 
probablement  pour  quelque  chose  dans  cette  formation. 

On  a  remarqué  que,  dans  une  couvée,  tous  les  œufs 
n'offrent  pas  rigoureusement  la  même  forme.  A  quoi  cela 
tient-il?  Toutefois  il  existe,  pour  chaque  espèce,  un  type 
particulier  dont  les  œufs  s'éloignent  rarement  d'une  ma- 
nière un  peu  sensible.  Ainsi  le  Grèbe  ne  produira  jamais 
un  œuf  globuleux  comme  un  Hibou,  et  ce  dernier  n'en 
donnera  pas  d'allongé  comme  le  Grèbe. 

On  a  remarqué,  depuis  longtemps,  d'abord  chez  les 
Poules,  puis  chez  d'autres  Oiseaux  domestiques,  et  enfin 
chez  plusieurs  Oiseaux  sauvages,  dans  une  même  ponte, 
des  œufs  un  peu  allongés  et  pointus,  et  des  œufs  un  peu 
courts  et  arrondis.  Aristote,  Cardan,  Bonnaterre  et  La- 


TRAVAUX    INÉDITS.  49 

pierre  ont  pense';  que  les  premiers  renfermaient  des 
mâles  et  les  seconds  des  femelles.  Pline  (1),  Avicenne, 
Albert  le  grand  et  Steller  ont  émis  une  opinion  inverse; 
ce  dernier  l'a  appuyée  sur  des  observations  faites  prin- 
cipalement sur  les  Oiseaux  des  mers  du  nord.  Etienne 
Geoffroy  Saint-Hilaire ,  autrefois  en  Egypte,  et  M.  Flo- 
rent Prévost,  à  Paris,  se  sont  rangés  sous  l'opinion 
de  Pline  et  de  Steller,  après  avoir  étudié  un  certain  nom- 
bre d'œufs  de  Poule  et  de  Pigeon.  Tout  récemment, 
M.  des  Murs  a  cherché  à  démontrer  que  les  observations 
des  auteurs  cités  étaient  bien  loin  d'être  concluantes: 
d'abord  parce  que  cette  règle  présente  un  certain  nombre 
d'exceptions  ;  secondement,  parce  que  l'on  a  étudié  pres- 
que uniquement  la  ponte  de  certains  Oiseaux  élevés  en 
domesticité  chez  lesquels  la  reproduction  s'éloigne  plus 
ou  moins  de  l'état  normal  ;  enfin  parce  que  l'on  n'a  pas 
tenu  assez  de  compte,  dans  ces  observations,  du  type  nor- 
mal des  œufs  examinés,  type  qui  n'est  pas  le  même  dans 
les  Poules,  les  Pigeons  et  les  Oiseaux  des  mers  du  nord. 
D'un  autre  côté,  M.  Hardy  demande  comment  il  se  fait 
qu'on  rencontre  aussi  des  œufs  allongés  et  des  œufs  ronds 
parmi  les  œufs  non  fécondés,  c'est-à-dire  parmi  ceux  qui 
ne  sont  ni  mâles  ni  femelles. 

Dans  les  croisements  d'espèces,  la  forme  des  œufs  n'est 
pas  modifiée.  L'expérience  nous  apprend,  contrairement 
à  l'opinion  de  Buffon,  que  le  mâle  n'exerce  aucune  action 
sur  la  figure  de  l'œuf  pondu.  Une  Poule  fécondée  par  un 
Faisan  ou  par  une  Pintade  donnera  des  œufs  exacte- 
ment semblables  aux  œufs  fécondés  par  son  propre  Coq 
(Manesse). 

(1)  Du  temps  d'Horace,  les  épicuriens  recommandaient  de  choisir 
les  œufs  mâles,  comme  ayant  le  lait  plus  blauc  et  étant  plus  délicats 
que  les  œufs  femelles.  (Voyez  le  liv.  Il,  sat.  4.) 

(La  suite  au  prochain  numéro.) 


20      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

Sur  le  Passer  domesticus  et  sa  place  oologique  dans  la 
série,  par  M.  O.  des  Murs  (1). 

Le  travail  si  intéressant,  que  M.  Moquin-Tandon  conti- 
nue de  publier  sur  les  nids  des  Oiseaux  du  midi  de  la 
France,  nous  présentant,  sinon  une  erreur,  au  moins  une 
lacune  ou  une  omission  importante  au  sujet  de  notre  Moi- 
neau domestique ,  Passer  domesticus ,  nous  nous  croyons 
dans  la  nécessité,  en  nous  occupant  des  Plocéidés,  de 
rappeler  ici  que  cet  Oiseau  n'est  pas  plus  à  sa  place  au- 
jourd'hui, dans  les  Conspectus  du  prince  Ch.  Bonaparte, 
qu'il  n'y  était  avant,  et  cela  malgré  les  observations  pu- 
bliées, dès  1850  (2),  par  M.  le  baron  de  la  Fresnaye,  et  ce 
que  nous  avons  pu  y  ajouter  nous-même,  en  les  confir- 
mant, en  1852  (3). 

Le  Moineau  est,  en  effet,  un  véritable  Oiseau  tisserand, 
devant,  par  conséquent,  figurer  dans  les  Ploceidœ  et  non 
dans  les  Fringillidœ.  C'est  l'habitude  de  l'observer  à  l'état 
de  domesticité  (car  on  ne  peut  guère  qualifier  autrement 
sa  manière  de  vivre  à  nos  dépens  et  dans  nos  habitations), 
et  non  abandonné  à  lui-même  et  loin  des  trop  grands 
centres  de  populations ,  qui  l'a  fait  assimiler,  ainsi  que 
procède  encore  M.  Moquin-Tandon ,  pour  ses  mœurs 
comme  pour  son  mode  de  nidification,  à  tous  les  autres 
Fringilles  que  nous  avons  sous  les  yeux  en  Europe. 

Cette  proposition ,  qui  parut  dans  toute  sa  nouveauté 
en  1850,  et  est  passée ,  comme  tant  de  bonnes  choses  du 
même  ornithologiste,  inaperçue  faute  d'un  écho  à  l'In- 
stitut, n'est  pourtant  que  de  la  plus  stricte  vérité. 

Voici,  pour  éviter  les  recherches  aux  naturalistes  trop 

(1)  Cette  notice  forme  le  chapitre  intitulé  XXIX.  Tribu  Plocéidés- 
Ploceidœ,  du  grand  travail  que  nous  imprimons  sous  le  titre  d'Oo- 
génèse  des  Oiseaux  et  traité  général  d'oologie  ornithologiqiie , 
au  point  de  vue  de  la  classification. 

(2)  Rev.  et  Mag.  de  zool.,  1850. 

(3)  Encyclop.  d'hist.  nat.,  Oiseaux,  t.  V,  p.  216  et  suiv. 


TRAVAUX     INÉDITS.  24 

occupés  ou  quelque  peu  paresseux,  en  quels  termes  l'im- 
plantait dans  la  science  et  la  proclamait  M.  de  la  Fres- 
naye  : 

«  Les  Moineaux  nous  ont  toujours  paru ,   d'après  le 
genre  de  nidification,  devoir  être  rapprochés  des  Tisserins 
et  faire  partie  de  la  sous-famille  Ploceinœ.  Ce  qu'il  y  a,  ef- 
fectivement, de  remarquable  dans  la  nidification  des  Tis- 
serins, c'est  que  leur  nid,  au  lieu  d'avoir,  comme  chez  les 
autres  Fringillidés,  la  forme  d'une  coupe  ou  demi-sphère 
concave  en  dessus,  présente,  au  contraire,  celle  d'un  sphé- 
roïde plus  ou  moins  allongé ,  concave  intérieurement , 
avec  l'entrée  latérale ,  ou  même  en  dessous  ;  c'est  que  les 
matériaux  employés  à  ces  nids  sont  toujours  d'une  seule 
et  même  espèce  sur  chaque  nid,  quelles  que  soient  les 
différentes  espèces  de  Tisserins;  c'est-à-dire  des  tiges  de 
graminées  sèches  ou ,  dans  quelques  cas,  des  fibres  de 
grandes  feuijles  entrelacées  et  comme  tissées  ensemble  ; 
c'est  que,  contre  l'usage  de  presque  tous  les  autres  Fringilli- 
dés, qui  isolent  leurs  nids  de  ceux  de  leurs  semblables,  les 
Tisserins,  au  contraire,  les  construisent  en  grand  nombre 
sur  le  même  arbre,  les  y  rapprochent  plus  ou  moins  les 
uns  des  autres,  ou  même  se  réunissent  en  société  nom- 
breuse pour  en  composer  un  énorme ,  où  chaque  couple 
a,  toutefois,  son  entrée  et  sa  demeure  particulières,  comme 
chez  l'espèce  appelée  le  Républicain.  Eh  bien,  en  France, 
nos  Moineaux  sont  les  seules  espèces  de  la  nombreuse  fa- 
mille des  Fringillidés  qui,  comme  les  Tisserins,  composent 
des  nids  de  forme  sphéroïdale,  avec  l'entrée  latérale,  qui  les 
construisent  avec  des  graminées  sèches,  c'est-à-dire  de  foin  et 
de  paille,  et  qui  les  rapprochent  ou  même  lés  accolent  plu- 
sieurs ensemble,  soit  entre  les  jalousies  fermées  d'une  fenêtre, 
soit  autour  du  tronc  feuillu  d'un  gros  arbre.  Ce  travail  de 
notre  Moineau  est,  à  la  vérité,  plus  grossier  ;  mais  il  em- 
ploie toujours  les  mêmes  matériaux  que  les  Tisserins,  des 
herbes  sèches,  comme  le  font  les  Tisserins  d'Afrique 
et  ceux  de  l'Inde,  et  il  n'y  a  peut-être  pas  plus  de  diffé- 


22       rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Janvier  1 860.) 

rence  dans  son  travail  et  celui  du  Tisserin  front  d'or 
qu'entre  le  nid  de  ce  dernier  et  celui  duToucnam-Courti, 
qui  est  tissé  comme  un  canevas.  Nos  autres  espèces  de 
Fringillidés,  telles  que  Pinsons,  Bruants,  Gros-Becs,  Bou- 
vreuils, Verdiers,  Chardonnerets  et  Linottes,  font  toutes, 
sans  exception  aucune,  de  petits  nids  en  forme  de  coupe 
découverte  en  dessus,  et  composés,  en  général,  de  diverses 
espèces  de  matériaux  mélangés.  Si,  ensuite,  on  compare 
nos  deux  espèces  de  Moineaux  avec  certaines  espèces  de 
Tisserins  à  plumage  sombre,  telles  que  le  Plocepasser  de 
Smith,  ou  Leucophrys  pileatus  de  Swainson,  avec  le  Ploceus 
superciliosus  de  Rûppell,  avec  le  Tisserin  républicain 
[Loxia  socia  de  Latham),  avec  le  Ploceus  flavicollis  de  Sikes, 
de  l'Inde,  on  trouve  entre  eux  tant  de  rapports  de  colora- 
tion, que,  si  on  ne  savait  que  ces  derniers  sont  Tisserins 
par  leur  nidification,  on  serait  disposé,  au  premier  abord, 
à  les  ranger  parmi  les  Moineaux.  Ces  rapports  de  plumage 
se  retrouvent  même  chez  les  espèces  à  couleurs  vives, 
jaunes  ou  rouges,  dont  les  ailes  et  la  queue  sont  néan- 
moins semblables  à  celles  de  nos  Moineaux,  et  dont  les 
femelles,  ou  même  les  mâles  en  plumage  d'hiver,  ont  une 
livrée  sombre,  analogue  à  celle  de  nos  Moineaux.  Quant 
aux  formes,  ejles  offrent  les  plus  grands  rapports,  dans  les 
pattes  surtout  et  dans  le  bec.  Pour  s'en  convaincre,  il  suf- 
fit de  les  comparer  avec  le  Worabée,  le  Dioch,  YOryœ  et  le 
Foudi,  et  tant  d'autres  en  plumage  d'hiver. 

«  Il  résulte,  en  définitive,  des  observations  du  doc- 
teur Smith...  et  de  l'application  que  nous  croyons  pouvoir 
en  faire,  que  ces  Plocepasser  Mahali  et  superciliosus  de 
Riippell  forment  le  chaînon  des  Tisserins  aux  Moineaux, 
et  que  nos  Moineaux,  d'après  leurs  gros  nids  sphériques,  à 
entrée  latérale  souvent  en  forme  de  canal  prolongé,  et  compo- 
sés de  graminées  sèches,  réunis  souvent  plusieurs  ensemble  sur 
la  même  tête  de  sapin  ou  derrière  la  même  persienne,  d'après 
même  la  couleur  de  leur  plumage ,  analogue  à  celui  de 
certains  Tisserins,  la  forme  de  leurs  pattes  et  de  leur  bec, 


TRAVAUX     INÉDITS.  23 

ainsi  que  sa  couleur,  doivent,  selon  nous,  faire  partie  de 
la  sous-famille  Ploccùiœ,  et  suivre  immédiatement  le  gemv 
Plocepasser  du  docteur  Smith,  renfermant  les  espèces  de 
transition  du  genre  Ploceus  à  celui  Pyrgita,  Olivier,  Passer 
des  auteurs.  » 

Il  est  évident  que  la  description  donnée  par  M.  Moquin- 
Tandon  du  nid  du  Moineau  n'est  pas  absolument  exacte, 
et  que  les  observations  qu'il  en  a  faites  sont  incomplètes: 
car,  de  tout  temps  et  aux  yeux  de  tout  observateur,  d'une 
part  ce  nid  a  toujours  été  de  forme  globulaire,  à  entrée 
latérale  ;  d'autre  part,  et  lorsque  les  lieux  le  permettent, 
on  sait  que  les  Moineaux  prennent  plaisir  à  grouper  et 
réunir  leurs  nids  les  uns  auprès  des  autres.  C'est  à  ce 
point  que  nous  avons  trouvé  jusqu'à  trois  de  ces  nids 
cardés,  pour  ainsi  dire,  ensemble,  sur  l'enfourchure  d'une 
poussée  de  branches  au  long  du  tronc  d'un  vieux  peu- 
plier ;  une  autre  fois,  nous  avons  compté  jusqu'à  sept 
de  ces  nids  sur  le  même  arbre  (1  );  enfin  nous  avons  con- 
staté la  même  pratique  et  les  mêmes  habitudes  pour  le 
Passer  montanus  ou  Friquet,  dont  nous  avons  vérifié 
l'existence  de  six  nids,  également  sur  un  peuplier;  nous 
observons  même  que  plus  d'une  vingtaine  de  pieds  de 
ces  peupliers  formant  avenues  étaient  surchargés,  tous 
les  ans,  des  nids  de  ces  Oiseaux,  qui  y  avaient  formé 
comme  une  colonie. 

C'est,  en  effet,  rendu  à  sa  pleine  et  entière  liberté,  à 
l'écart  des  grands  centres  d'habitations,  nous  le  répétons, 
qu'il  faut  étudier  le  Moineau,  pour  se  bien  rendre  compte 
de  ses  mœurs  :  réduit  à  vivre  aux  dépens  de  vastes  terres 
ensemencées  ou  d'énormes  meules  de  blé,  près  de  quel- 
ques métairies  isolées,  force  lui  est  bien  de  reprendre  ses 
habitudes  primitives  ;  et  c'est  alors  que  les  arbres  rede- 
viennent pour  lui  le  fondement  le  plus  sûr  et  la  grande 

(1)  En  Algérie,  ils  accumulent  un  si  grand  nombre  de  nids  sur 
certains  arbres  isolés,  que  leur  poids  fait  courber  et  quelquefois 
casser  les  branches.  (G    M.1 


24      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

ressource  de  son  habitation,  et  qu'il  y  établit,  par  colonie 
nombreuse,  et  sa  famille  et  ses  nids. 

La  distinction  même  faite  par  Buffon  (1),  et  que  nous 
avons  reproduite  il  y  a  déjà  longtemps  (2),  entre  les  nids 
des  Moineaux,  dont  les  uns,  pratiqués  dans  des  trous  ou 
dans  des  lieux  couverts,  seraient  privés  de  toute  couverture 
antérieure  ou  calotte,  tandis  que  ceux  qu'ils  édifient  sur 
les  arbres,  tels  que  de  grands  noyers  ou  des  saules  très- 
élevés,  seraient  recouverts  d'une  espèce  de  calotte  qui  les 
préserve  de  l'eau  de  la  pluie,  et  munis  d'une  ouverture  pour 
entrer  au-dessous  de  cette  calotte,  loin  d'établir  une  sin- 
gularité, ne  vient  que  confirmer  nos  observations  qui  pré- 
cèdent au  sujet  de  la  nidification  du  Moineau.  Car  ce  que 
Buffon  a  pris  pour  une  calotte  ou  recouvrement  distinct 
du  nid  n'en  est  que  le  complément  intégral ,  dont  l'entrée 
latérale  est  l'indispensable  conséquence  pour  tout  nid  de 
forme  sphéroïdale. 

Ajouterons-nous  que  tous  les  nids  de  Moineaux  qu'il 
nous  est  arrivé  d'enlever  nous-même  ou  de  faire  enlever 
des  meurtrières  de  notre  vieux  donjon  de  Nogent  le-Bo- 
trou,  dans  lesquelles  ils  les  y  installent,  se  sont  toujours 
montrés  à  nos  yeux,  retirés  intacts,  sous  une  forme  globu- 
laire assez  volumineuse,  avec  entrée  sur  le  côté,  et  que  ces 
Oiseaux  redoutent  si  peu  le  voisinage  de  deux  ou  trois 
couples  de  Crécerelles  qui  se  perpétuent  dans  les  mêmes 
ruines,  qu'ils  garnissent  de  leurs  nids  chacun  des  trous 
ouverts  ou  pratiqués  dans  leurs  antiques  murailles  ? 

Enfin,  construit  dans  un  trou  et  à  couvert,  ou  sur  un 
arbre  et  à  découvert,  il  est  certain  que  le  nid  du  Moineau 
est  constamment  de  forme  globulaire. 

Il  ne  faut  pas  oublier,  lorsque  l'on  étudie  l'ornithologie 
européenne,  combien  il  importe  de  la  mettre  en  rapport 
avec  les  autres  termes  de  toute  la  série  ornithologique, 
pour  bien  saisir  la  valeur  de  ses  types  et  de  ses  caractères. 

(1)  Hist.  nat.  des  Oiseaux. 

(2)  Encyclop.  d'hist.  nal.y  Oiseaux,  t.  V. 


TRAVAUX    INÉDITS.  25 

Pour  en  revenir  à  notre  tribu  des  Ploceidœ,  les  carac- 
tères oologiques  viennent  confirmer  la  division  que  nous 
en  avons  faite  en  quatre  familles  :  1°  Ploceinœ,  dans  les- 
quels nous  confondons  les  Euplectinœ  du  prince  Ch. 
Bonaparte  ;  2°  Plocepasserinœ,  que  nous  créons  pour 
grouper  le  genre  Passer  et  qui  se  composent  des  deux 
genres  Plocepasser  et  Passer,  qui  se  confondent  presque, 
par  leurs  œufs,  avec  la  famille  suivante  des  Viduinœ,  no- 
tamment avec  l'œuf  de  deux  de  ses  genres  Pentheria  et 
Steganura,  et  peut-être  de  tous;  3°  Viduinœ;  k°  et  Es- 
trcldinœ. 

Caractères  oologiques. 

Forme.  —  Ovée,  très-allongée  (Sycobius  et  Hyphan- 
tomis),  ou  normale  (Euplectes,  Passer,  Viduinœ  et  Estrel- 
dinœ) . 

Coquille.  —  D'un  grain  fin,  blanc  intérieurement  et 
sans  reflet. 

Couleur.  —  A  fond  vert,  bleuâtre  uni  (Ploceinœ),  à 
l'exception  du  genre  Sycobius,  dont  l'œuf,  tournant  plus 
au  ton  blanc,  est  tacheté  de  points  d'un  brun  rougeâtrc, 
ou  à  fond  blanc  plus  ou  moins  pur,  tacheté  de  gris  et  de 
brunâtre,  à  la  manière  de  l'œuf  du  Moineau,  Passer  do- 
mesticus  (Passer,  et  dans  les  Viduinœ,  Pentheria  macroura 
et  Steganura  paradisœa)  ;  ou  d'un  blanc  uni  et  sans  taches 
(Estreldinœ). 

Une  remarque  qu'il  n'est  pas  indifférent  de  signaler, 
c'est  que,  pour  la  forme,  la  dimension  et  la  coloration, 
l'œuf  de  Pentheria  représente  exactement  celui  du  Passer 
domesticus,  un  peu  plus  petit;  et  l'œuf  de  Steganura,  celui 
du  Passer  montanus. 

Cette  tribu  offre,  d'après  cette  diagnose,  une  exception 
dans  deux  de  ses  éléments,  à  la  forme  généralement  ovée 
du  produit  ovarien;  exception  analogue,  pour  un  Plo- 
ceidœ, à  ce  que  nous  avons  vu  pour  les  Laniarii,  dans  les 
Lanudœ. 


26       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

Ainsi  les  genres  Sycobiuset  Hyphantomis,  les  seuls  dont 
nous  connaissions  et  possédions  plusieurs  œufs,  encore 
inédits,  l'ont  de  forme  ovée  excessivement  allongée  et 
presque  cylindrique,  le  petit  diamètre  n  étant  que  du  tiers 
du  grand  diamètre,  tandis  que  la  proportion  ordinaire  de 
cette  forme  est  de  la  moitié. 

Ici  encore  la  véritable  cause  de  cette  forme  insolite 
nous  échappe;  et  si,  par  induction  des  habitudes  des 
Laniarii,  les  œufs  de  ces  derniers ,  par  leur  forme,  sem- 
blent donner  raison ,  en  ce  qui  les  concerne,  au  sys- 
tème de  M.  Hardy,  il  n'en  est  plus  de  même  des  œufs  de 
ces  Ploceidœ,  puisque  les  Oiseaux  qui  les  pondent  sont 
plus  occupés  à  se  suspendre,  soit  pour  la  construction  de 
leur  nid,  dont  l'ouverture  est  presque  toujours  en  bas,  soit 
pour  y  porter  la  nourriture  à  la  mère  qui  les  couve,  qu'à 
chercher  leur  nourriture  à  terre  comme  les  Laniarii. 

Une  autre  observation  à  faire,  au  sujet  de  cette  tribu, 
concerne  ce  grand  groupe  composé  des  Estreldinœ ,  Ben- 
galis, Senegalis,  Amadines,  etc.  Tous  ces  Passereaux  co 
nirostres,  si  nombreux  en  espèces,  si  variés  de  couleurs 
et  dont  on  a  fait  tant  de  genres,  ont  tous,  uniformément, 
leur  œuf  blanc  et  sans  tache ,  comme  la  presque  totalité 
de  la  jolie  tribu  des  Trochilidœ;  et  cela  d'une  manière  si 
générale,  que  les  espèces  dont  l'œuf  viendra  accuser  une 
autre  coloration  devront  en  être  retirées.  C'est  ce  carac- 
tère constant  qui  nous  engage  à  enlever  les  Euplectes  ou 
Oryx,  dont  l'œuf  est  vert  uniforme,  à  la  famille  des  Vi- 
duinœ,  où  les  a  maintenus  le  prince  Ch.  Bonaparte,  pour 
les  transporter  à  la  fin  de  nos  Ploceinœ. 


II.     SOCIÉTÉS     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  2  janvier  1860.  —  M.  Pappenheim  présente 
des  Etudes  sur  les  vaisseaux  lymphatiques  : 
«  L'étude  des  vaisseaux  lymphatiques,  dit  l'auteur,  pré- 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  27 

sente  des  difficultés  particulières,  et  il  n'y  a  pas  lieu  de 
s'étonner  que  leur  distribution  soit  beaucoup  moins  con- 
nue que  celle  des  autres  vaisseaux  de  l'économie.  Pour 
bien  suivre  leur  trajet,  en  effet,  il  faut  les  observer  quand 
ils  sont  pleins  de  lymphe ,  car  les  injections  artificielles 
ont  beau  être  poussées  avec  ménagement,  elles  causent 
toujours  des  déchirures  qu'il  est  très-difficile  de  distin- 
guer des  voies  normales  :  le  plus  sûr  à  beaucoup  près  est 
de  profiter  de  l'Injection  naturelle,  mais  il  faut  se  hâter, 
car  ce  n'est  que  pendant  un  petit  nombre  d'heures  après 
la  mort  qu'on  peut  suivre  à  la  surface  d'un  organe  le  ré- 
seau lymphatique  dans  son  complet  développement.  Cette 
circonstance,  comme  on  le  conçoit  aisément,  rend  l'étude 
de  cette  partie  de  l'anatomie  plus  difficile  pour  l'homme 
que  pour  les  animaux  ;  pour  ces  derniers  même  il  y  a, 
d'une  espèce  à  une  autre,  des  différences  quelquefois  très- 
tranchées,  ce  qui  oblige  à  multiplier  les  observations.  Sans 
doute  c'est  toujours  dans  les  membranes  séreuses  qu'il  faut 
chercher  le  siège  principal  des  lymphatiques;  mais,  quand 
on  les  suit  dans  les  divers  organes  splanchniques,  on  est 
frappé  des  différences  que  l'on  rencontre  de  l'un  à  l'autre. 
La  rate,  en  général,  est  très-abondamment  pourvue  de  cet 
ordre  de  vaisseaux,  le  foie  l'est  un  peu  moins,  les  pou- 
mons moins  encore  ;  le  diaphragme  en  est  très-pauvre. 
Le  cheval  est  une  des  espèces  où  le  foie  est  le  mieux  garni  ; 
la  taupe  européenne  présente  un  autre  cas,  et  c'est  le  pan- 
créas qui  chez  elle  est  le  plus  richement  partagé.  Chez  ce 
dernier  animal  la  lymphe  contenue  dans  les  vaisseaux  a 
été  trouvée  constamment  avec  un  aspect  laiteux  ;  dans  le 
cheval  la  couleur  était  légèrement  jaunâtre » 

M.  E.Blanchard  adresse  des  Recherches  sur  les  caractères 
ostéologiques  des  Oiseaux,  etc. 

lre  partie.  —  Passereaux  des  ornithologistes. 

L'auteur  rappelle  qu'il  s'est  attaché  à  montrer,  dans  de 
précédentes  communications,  combien,  parmi  les  Oiseaux, 
les  caractères  fournis  par  les  différentes  parties  de  la  char- 


28      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

pente  osseuse  étaient  propres  à  conduire  à  la  détermina- 
tion rigoureuse  des  affinités  naturelles,  si  souvent  mécon- 
nues, tant  qu'on  s'est  borné  à  l'inspection  des  formes  ex- 
térieures. Aujourd'hui  ses  recherches  s'étendent  à  toutes 
les  divisions  de  la  classe  des  Oiseaux,  et  lui  permettent  de 
formuler  des  résultats  d'un  ordre  plus  élevé. 

Le  savant  entomologiste  ne  reconnaît  que  deux  types 
d'ordres  dans  cette  grande  classe  du  règne  animal.  Les 
divisions  qui  viennent  ensuite  sont  alors  des  familles,  fa- 
milles naturelles,  selon  lui ,  dans  la  plus  vraie  aceception 
du  mot,  et  n'ayant,  en  général,  rien  de  commun  avec  les 
groupes  qualifiés  de  ce  nom  dans  les  ouvrages  d'ornitho- 
logie. 

Après  ce  préambule,  et  pour  rendre  plus  saisissables  les 
résultats  de  son  travail,  l'auteur  expose  la  nature  des  élé- 
ments qui  composent  chacun  des  ordres  si  connus  sous  le 
nom  de  Passereaux,  de  Grimpeurs,  etc.,  et  il  arrive  à  cette 
conclusion  : 

«  En  résumé,  l'ordre  des  Passereaux,  tel  qu'il  a  été  cir- 
conscrit, renferme  plusieurs  formes  vraiment  typiques. 
Ces  formes,  au  nombre  de  neuf,  constituent  autant  de  fa- 
milles parfaitement  distinctes.  Plusieurs  d'entre  elles  ne 
se  lient  par  aucune  affinité  étroite,  et  se  rapprochent,  au 
contraire,  de  certains  types  que  l'on  classe  dans  l'ordre  des 
Grimpeurs.  Malgré  cette  parenté  réelle  entre  des  Oiseaux 
rattachés  aux  Passereaux  par  les  anciens  zoologistes  et 
d'autres  classés  parmi  les  Grimpeurs,  je  ne  crois  pas  qu'on 
puisse  les  associer  dans  une  même  famille.  Non-seu- 
lement leur  métatarse  offre  toujours  une  différence  consi- 
dérable en  rapport  avec  la  direction  du  doigt  externe, 
mais  les  diverses  parties  de  leur  charpente  osseuse  pré- 
sentent, de  part  et  d'autre,  des  particularités  qui  coïnci- 
dent avec  la  conformation  des  pattes.  » 

Séance  du  9  janvier  1860.  —  M.  de  Quatrefages  présente 
l'exposé  des  recherches  auxquelles  il  s'est  livré,  par  suite 
de  la  mission  qui  lui  avait  été  confiée,  en  1858,  par  l'Aca- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  29 

demie,  et  le  gros  volume  in -4°  qui  a  pour  titre,  Etudes  sur 
les  maladies  actuelles  des  Vers  à  soie. 

En  lisant  l'analyse  de  cet  ouvrage  donné  par  son  au- 
teur, qui  a  le  grand  mérite  d'être  devenu  rapidement  ma- 
gnanier  depuis  1858,  on  voit  que  son  livre  doit  être  re- 
marquable par  l'ordre  apporté  dans  l'exposé  des  matière* 
qu'il  contient. 

Dans  l'examen  qu'il  a  fait,  presque  monographiquement, 
de  trois  vallées,  l'auteur  a  découvert  la  nature  complexe 
du  mal  qui  présente  un  caractère  constant  ou  variable 
selon  les  temps  et  les  lieux. 

Un  fait  qui  ressort  des  études  de  l'auteur,  c'est  que, 
ainsi  que  nous  l'avons  soutenu,  en  opposition  avec  les  as- 
sertions répétées  des  membres  de  la  commission  acadé- 
mique, on  ne  doit  pas  attribuer  le  mal  à  l'ignorance  des 
éducateurs  et  aux  mauvais  soins  qu'ils  donnent  à  leurs 
vers  à  soie;  pour  justifier  ces  éducateurs,  dont  nous  avons 
constamment  pris  la  défense,  nous  citerons  les  paroles 
mêmes  du  rapporteur  de  cette  commission,  qui  dit  :  «  Dans 
les  trois  vallées,  un  certain  nombre  de  points,  d'abord 
épargnés,  furent  successivement  atteints.  Il  est,  d'ailleurs, 
impossible  d'expliquer  par  des  conditions  hygiéniques 
naturelles  meilleures,  ou  par  une  direction  plus  ration- 
nelle des  éducations,  ces  exemptions  momentanées.  » 

L'auteur  a  raison  quand  il  confirme  ce  que  nous  avons 
dit  souvent,  qu'on  trouvait  dans  les  chambrées  malades 
toutes  les  affections  connues  :  pourquoi  en  séparer  alors  la 
variété  qui  est  plus  spécialement  caractérisée  par  les 
taches ,  puisqu'il  reconnaît  enfin  ,  comme  nous  l'avons 
prouvé  dans  cette  revue,  que  ce  n'est  pas  une  maladie 
nouvelle? 

Il  serait  trop  long  d'exposer  ici  les  considérations  dans 
lesquelles  M.  de  Quatrefages  entre  longuement  pour  faire 
connaître  les  fâcheux  effets  de  l'épidémie  sur  les  vers  et 
sur  les  œufs  qui  proviennent  des  éducations  malades;  du 
reste,  elles  aboutissent  toutes  à  une  vérité  incontestée, 


IJO       rev.   et  mag.  DE  zoologie.  (Janvier  1860.) 

c'est  que  les  descendants  de  ces  vers  infirmes  ne  peuvent 
être  sains.  Arrivant  ensuite  à  ses  petites  éducations  pour 
faire  de  la  graine,  il  est  d'accord  avec  tout  le  monde,  car  les 
magnaniers  savent  tous,  et  ils  ont  dit  et  écrit  depuis  bien 
longtemps ,  que  l'on  réussit  toujours  mieux  une  petite 
qu'une  grande  éducation.  Il  est  donc  évident  que  la  petite 
éducation  permet  de  lutter,  nous  ne  dirons  pas  avec  M.  de 
Quatrefages,  contre  l'influence  épidémique,  mais  au  moins 
de  se  conformer  plus  facilement  aux  règles  de  l'hygiène, 
ainsi  que  le  font  tous  nos  grands  et  petits  éducateurs  du 
Midi,  qui  n'en  sont  pas  moins  frappés  par  l'épidémie. 

Arrivant  au  point  de  vue  thérapeutique,  l'auteur  an- 
nonce avoir  donné  un  exposé  complet  de  ce  qui  a  été  fait 
dans  cette  direction,  et  il  parle,  entre  autres,  de  ses  ex- 
périences sur  l'action  du  sucre.  Puisqu'il  croit  à  l'effica- 
cité du  sucre  ajouté  à  la  nourriture  des  Vers  à  soie,  il 
semble  admettre,  ce  que  nous  soutenons  depuis  longtemps, 
que  c'est  cette  nourriture  qui  donne  la  maladie ,  à  moins 
qu'il  ne  le  considère  comme  agissant, à  titre  de  remède.  Si 
le  sucre  était  vraiment  efficace,  s'il  n'étouffait  pas  les  vers 
en  bouchant  leurs  stigmates,  comme  cela  est  arrivé  dans 
des  expériences  faites  près  de  Paris,  il  semblerait  en  ré- 
sulter, ou  que  cette  substance  agit  sur  les  fonctions  vitales 
troublées  par  une  nourriture  viciée ,  ou  qu'elle  rend  à 
cette  nourriture  des  éléments  qui  lui  manquaient. 

Dans  cette  dernière  supposition,  qui  semble  être  la  plus 
probable,  on  arriverait  à  admettre  que  la  feuille  est  ma- 
lade, que  les  arbres  sont  malades,  et  que,  ainsi  que  nous 
le  soutenons  avec  une  foule  de  magnaniers  praticiens  qui 
s'occupent,  comme  nous,  des  Vers  à  soie  depuis  beaucoup 
plus  de  deux  ans,  c'ostune  maladie  des  mûriers,  analogue 
à  celle  de  la  vigne  et  de  tous  les  autres  végétaux,  qui  a 
amené  cette  épidémie  des  vers  à  soie,  qu'on  ne  peut  attri- 
buer à  aucune  autre  cause  aussi  générale  et  aussi  pal- 
pable pour  tout  observateur  qui  n'est  pas  guidé  par  une 
idée  préconçue. 


sociétés  savantes.  31 

Quant  à  la  grosseur  du  volume,  au  nombre  et  à  la 
beauté  des  planches  qui  l'accompagnent,  c'est  une  ques- 
tion de  budget,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  l'année  der- 
nière (1859,  p.  44). 

M.  Aucapitaine  adresse  d'Afrique  de  Nouvelles  observa- 
tions sur  la  perforation  des  roc'nn  par  certains  Mollusques 
acéphales. 

«  M.  l'amiral  du  Petit-Thouars  a  présenté  dernièrement 
à  l'Académie  des  sciences  une  note  sur  les  ïarets  et  les 
Coquilles  lithodomes,  dans  laquelle  ce  savant  officier  fait 
observer  qu'il  serait  curieux  de  constater  où  l'on  retrouve 
dans  les  roches  habitées  par  les  lithophages  la  voie  d'in- 
troduction de  ces  Mollusques,  dont  il  doit  toujours  sub- 
sister des  traces  après  leur  entrée. 

«  M'étant  précédemment  occupé  de  ces  faits  sur  les 
bords  de  l'Océan,  et  ayant  depuis  eu  l'occasion  de  renou- 
veler mes  observations  sur  le  littoral  de  l'Algérie,  j'ose 
espérer  pouvoir  répondre  à  cette  question. 

«  Chaque  bloc,  roche  calcaire,  siliceuse  ou  granitique, 
habitée  par  des  perforants,  est  extérieurement  percé  de 
petites  ouvertures  concentriques,  par  lesquelles  on  peut 
quelquefois  voir  l'animal  allonger  son  siphon  branchial. 

«  On  doit  admettre,  et  les  faits  observés  me  conduisent 
à  ce  résultat,  que,  rejetés  par  le  Pholade  (ou  tout  autre  li- 
thophage),  les  jeunes,  fidèles  à  la  loi  de  leur  espèce, 
commencent  à  se  creuser,  sur  le  rocher  où  les  pousse  le 
hasard  du  flot,  le  tube  dans  lequel  ils  ne  tardent  pas  à 
s'introduire  pour  s'y  développer  et  mourir.  Ainsi  s'ex- 
plique l'extrême  petitesse  de  l'orifice  des  loges  des  Mol- 
lusques lithodomes  si  peu  en  rapport  avec  la  grosseur  des 
coquilles. 

«  Il  est  certain,  comme  l'avance  M.  l'amiral  du  Petit- 
Thouars,  que  beaucoup  de  perforants  habitent  des  ter- 
rains vaseux,  plus  tard  transformés  en  couches  solides. 
Les  nombreux  atterrissements  observés  sur  les  côtes  de  la 
Vendée  otïrent  des  exemples  remarquables  de  ce  fait,  si- 


32      rev.  et  mag.  de  ZOOLOGIE.  (Janvier  4860.) 

gnalé,  je  crois,  ailleurs  par  des  voyageurs.  Mais  il  n'en 
est  pas  moins  vrai  que  des  quantités  innombrables  de  ces 
animaux  se  creusent  des  loges  dans  les  falaises  calcaires, 
dans  des  masses  granitiques.  J'ai  observé  des  perforants 
(Pholas,  Venerupis,  Gastrochœna  modiolina,  Lk,,  dont  la 
coquille  est  si  fragile)  habitant  les  poudingues  ferrugineux 
d'une  dureté  extrême  de  l'îlot  Joinville,  dans  le  port  de 
Cherchel.  Tout  récemment  j'éprouvai  de  grandes  difficul- 
tés à  briser  des  fragments  basaltiques  transpercés  par  ces 
animaux  à  Mars'-el-Fahm ,  et  sur  plusieurs  autres  points 
où  j'ai  séjourné,  du  Sah'-el-Kabile  compris  entre  Bougie 
et  Dellys. 

«  Partout  on  reconnaît  la  présence  de  ces  innombrables 
lithophages  aux  petits  trous  par  où  ils  ont  d'abord  péné- 
tré dans  le  roc  et  par  lesquels  plus  tard  ils  respirent,  vi- 
vent, se  nourrissent  et  reproduisent. 

«  En  admettant,  comme  l'ont  prouvé  MM.  Caillaud  de 
Nantes  et  le  zoologiste  anglais  Robertson,  que  les  perfo- 
rants des  genres  Pholas,  Lithodomus  ont  la  faculté  de 
percer  les  roches  les  plus  dures  à  l'aide  de  leurs  coquilles, 
pieds  et  siphons,  cela  au  moyen  d'un  mouvement  rota- 
toire  opéré  par  l'animal  en  contractant  violemment  son 
corps  rempli  d'eau  qu'il  expulse  avec  force  avec  son  tube 
charnu ,  il  ne  peut  en  être  ainsi  pour  d'autres  acéphales, 
tels  que  les  Saxicava,  Periploma,  Petricola,  Venerupis, 
auxquels  leurs  loges  exiguës  ne  permettent  aucun  mou- 
vement rotatoire  ou  autre  ;  on  retrouve,  en  effet,  dans 
les  cavités  habitées  par  ces  Mollusques,  l'impression  exacte 
des  valves,  et  celle  même  du  ligament  externe  ;  l'animal  y 
est  enchâssé  de  telle  sorte,  qu'il  ne  peut  absolument  bou- 
ger. L'observateur  est,  ici,  forcé  de  chercher  un  agent 
autre  que  le  mouvement  mécanique  pour  expliquer  les 
moyens  employés  par  des  Mollusques  dont  le  test,  couvert 
de  délicates  aspérités,  est  souvent  trop  mince  pour  se 
perforer  une  loge  sans  altérer  la  coquille.  Ce  moyen,  fol 
que  l'a  fait  observer,  il  y  a  déjà  bien  des  années,  Fleu- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  33 

riau  de  Bellevue  (Journal  de  Physique;  germinal,  an  X, 
p.  h  et  suiv.),  et,  comme  je  l'ai  répété  depuis,  ne  peut 
être  qu'un  principe  dissolvant  sécrété  par  les  parties  du 
manteau  qui  déborde  légèrement  la  valve  (  ce  qui  permet 
à  l'animal  de  ne  pas  altérer  son  enveloppe  testaire)  ;  c'est 
alors  qu'au  moyen  de  leurs  pieds  ,  presque  rudimen- 
taires,  les  Saxicaves,  Venerupes,  etc.,  détachent  les  par- 
celles décortiquées  par  cet  agent  dissolvant,  parcelles  ex- 
pulsées ensuite  par  l'eau  rejetée  par  les  branchies.  » 

M.  Milne- Edwards  présente  ,  de  la  part  de  M.  Van  der 
Hœven,  un  Mémoire  sur  l'anatomie  du  Potto,  et  il  rend 
brièvement  compte  de  ce  travail. 

M.  Guérin-Méneville  présente  des  échantillons  de  soie- 
ries fabriquées  en  Chine  avec  la  matière  textile  produite 
par  le  Ver  à  soie  du  vernis  du  Japon,  échantillons  qui  ont 
été  envoyés  à  Turin  par  le  Père  Fantoni,  de  Bielle,  à  qui 
l'on  doit  l'envoi  en  Piémont  des  premiers  cocons  vivants 
de  cette  espèce,  et  il  y  joint  un  travail  intitulé  : 

Note  sur  les  étoffes  fabriquées  en  Chine  avec  le  fil  du 
Ver  à  soie  de  l'ailante  ou  vernis  du  Japon,  montrant  l'uti- 
lité de  cette  nouvelle  espèce  pour  notre  agriculture  et 
notre  industrie. 

Les  communications  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à 
l'Académie,  relativement  au  nouveau  Ver  à  soie  de  l'ai- 
lante, que  j'ai  introduit  et  acclimaté  en  France  et  en 
Algérie,  ayant  été  favorablement  accueillies,  je  viens 
lui  en  témoigner  ma  vive  gratitude,  en  portant  à  sa  con- 
naissance un  fait  qui  lui  fera  mieux  apprécier  encore 
l'importance  de  cette  acquisition. 

Jusqu'à  présent  l'on  n'avait  établi  la  valeur  de  la  soie 
produite  par  le  Ver  de  l'ailante  que  par  analogie.  En 
effet,  en  voyant  que  des  cocons  beaucoup  moins  beaux, 
ceux  du  Ver  de  ricin,  donnaient  une  matière  textile  très- 
forte,  et  susceptible  d'être  employée  utilement  dans  notre 
industrie,  on  avait  pensé  que  les  cocons  du  vernis  du 
Japon  donneraient  mieux,  et  l'on  attendait  le  moment  où 

2e  série,  r.  xii.  Aimée  1860.  3 


34      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

nous  aurions  récolté  assez  de  ces  cocons  pour  faire  des 
essais  pratiques  semblables  à  ceux  qui  ont  été  effectués 
avec  les  cocons  du  ricin. 

Ces  prévisions  sont,  dès  aujourd'hui,  confirmées,  grâce 
au  zèle  des  missionnaires  piémontais,  qui  viennent  d'en- 
voyer de  Chine  des  tissus  fabriqués  dans  ce  pays  avec  la 
soie  produite  par  le  Ver  de  l'ailante,  que  l'on  y  élève, 
depuis  des  siècles ,  en  plein  air  et  sur  une  grande 
échelle. 

Ayant  appris  du  savant  professeur  Baruffi  que  M.  le 
chanoine  Ortalda,  directeur  des  missions  étrangères  à 
Turin,  allait  organiser  une  exposition  des  produits  de 
l'industrie  chinoise  envoyés  par  les  missionnaires,  et  qu'il 
y  aurait  des  soies  de  l'ailante,  j'ai  demandé  quelques 
échantillons  de  ces  dernières  et  je  viens  de  les  recevoir 
avec  la  garantie,  donnée  par  le  vénérable  chanoine  Or- 
talda, de  leur  authenticité. 

Ces  échantillons,  que  je  fais  passer  sous  les  yeux  de 
MM.  les  membres  de  l'Académie,  montrent  que  la  soie 
de  l'ailante  est,  en  effet ,  très-supérieure  à  celle  du 
ricin  et  qu'elle  sert,  en  Chine,  à  faire  des  étoffes  qui 
approchent,  pour  la  finesse  et  le  lustre,  de  celles  que  l'on 
fabrique  avec  la  soie  du  mûrier. 

Le  n°  1  offre  un  tissu  d'un  bleu  clair  qui  pourrait 
rivaliser  avec  nos  plus  jolies  soieries  européennes. 

Le  n°  2  est  une  étoffe  écrue  qui  semble  être  d'une 
très-grande  force  et  d'un  tissu  très-serré. 

Le  n°  3  est  fabriqué  avec  de  la  bourre  de  soie  ou  filo- 
selle  et  ressemble  assez  à  une  fine  toile  écrue. 

Quant  au  n°  4,  c'est  une  sorte  de  gaze  ou  de  tissu 
analogue  à  celui  que  l'on  fabrique  en  Europe  pour  les 
blutoirs.  Il  est  d'une  régularité  remarquable,  et  ses  fils, 
comme  ceux  des  n08  1  et  2,  semblent  formés  d'une  soie 
continue  ou  grége  très-belle. 

On  voit,  par  ces  échantillons,  que  les  Chinois  tirent  un 
très-bon  parti   de  cette   matière  textile,  soit  qu'ils   la 


SOCIÉTÉS   SAVANT KS.  35 

tisseni  à  l'état  de  filoselle,  soit  qu'ils  l'emploient  en  grége. 
S'ils  font  réellement  de  la  soie  grége  avec  ces  cocons 
ouverts,  ne  peut-on  pas  espérer  que  nos  habiles  filateurs 
français  arriveront  au  même  résultat  ? 

J'ai  fait  connaître  les  grands  avantages  que  l'agriculture 
obtiendra  en  se  livrant  à  l'éducation  en  plein  air  du 
Ver  à  soie  de  l'ailante ,  même  en  admettant  qu'on  ne 
parvienne  à  obtenir  du  cocon  que  de  la  bourre  de  soie 
ou  filoselle.  Si,  comme  tout  porte  à  le  croire,  l'on  par- 
vient à  en  obtenir  de  la  soie  grége,  ces  avantages  seront 
considérablement  augmentés. 

Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter,  en  terminant,  que  l'on 
peut  aujourd'hui  considérer  le  Ver  à  soie  de  l'ailante 
comme  une  nouvelle  espèce  animale  dont  la  sérieuse 
acclimatation  en  France  est  un  fait  accompli.  Près  de 
trois  ans  de  travaux  persévérants,  des  difficultés  nom- 
breuses péniblement  vaincues,  grâce  à  une  auguste  pro- 
tection, à  l'appui  de  la  Société  impériale  d'acclimatation 
et  au  concours  d'hommes  dévoués  au  progrès  de  notre 
agriculture,  m'ont  permis  d'amener  cette  espèce  au  delà 
des  expérimentations  théoriques  et  de  la  placer  sur  les 
limites  de  la  grande  culture.  Il  est  donc  probable  que 
l'agriculture  ne  tardera  pas  à  adopter  mon  Ver  à  soie  de 
l'ailante,  comme  elle  a  adopté,  il  y  a  près  de  300  ans,  le 
Ver  à  soie  du  mûrier,  protégé  par  Henri  IV. 

Séance  du  16  janvier  1860.  —  M.  I.  Geoffroxj  Saint-Hi- 
laire  présente  la  première  partie  du  troisième  volume  de 
son  Histoire  naturelle  générale  des  règnes  organiques ,  et 
donne  une  idée  du  contenu  de  cette  nouvelle  publication. 

C'est  un  livre  de  haute  portée,  plaçant  le  fils  au  niveau 
de  son  illustre  père,  qui  a  si  bien  mérité  du  monde  sa- 
vant le  titre  de  grand  naturaliste. 

Nous  avions  l'intention  de  faire  un  compte  rendu  tout 
particulier  de  cette  œuvre  capitale,  mais,  comme  ce  serait 
un  travail  de  longue  haleine,  nous  préférons  donner  de 
suite  à  nos  abonnés  une  idée  sommaire  du  contenu  de  ce 


3f>      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

bel  ouvrage ,  plein  d'idées  neuves  et  générales ,  d'aper- 
çus de  l'ordre  le  plus  élevé,  et  d'observations  savantes 
et  inédites,  qui  ne  peuvent  être  appréciées  convenable- 
ment qu'après  une  étude  qu'une  première  et  rapide  lec- 
ture ne  saurait  permettre  de  faire  convenablement. 

Nous  nous  bornons  donc,  quant  à  présent,  à  repro- 
duire (p.  38)  l'analyse,  si  claire  et  si  pleine  de  modestie, 
que  l'auteur  a  donnée  de  son  livre. 

M.  J.  M.  Seguin  présente  un  travail  chimique  ayant 
pour  titre,  Etudes  sur  les  Vers  à  soie  ;  examen  des  matières 
liquides  et  solides  extraites  des  Papillons. 

L'auteur  a  étudié  et  analysé  le  liquide  noir  que  les  ma- 
gnaniers  ont  observé,  surtout  depuis  que  l'épidémie  ac- 
tuelle des  Vers  à  soie  règne,  dans  les  vésicules  que  l'on 
voit  souvent  sur  les  ailes  et  sur  le  corps  des  Papillons. 
Ainsi  que  nous  l'avons  souvent  observé  dans  le  courant  de 
notre  longue  carrière  séricicole,  mais  principalement  de- 
puis l'invasion  ou  la  généralisation  de  la  gattine,  une  mor- 
sure d'Araignée  ou  de  Guêpe,  une  piqûre  faite  avec  une 
épingle  à  l'aile  ou  au  corps  d'un  Papillon  qui  éclôt,  donnent 
lieu  à  la  sortie  d'une  goutte  de  sang,  qui  ne  tarde  pas,  en 
se  coagulant,  à  acquérir  une  couleur  noire  intense.  Dans 
les  Papillons  atteints  de  la  gattine  et  plus  ou  moins  cou- 
verts de  taches  noires,  il  est  évident  que  ces  taches  pro- 
viennent de  parcelles  plus  ou  moins  volumineuses  de  ce 
liquide  ainsi  altéré,  lequel  nous  a  semblé  être  la  cause  de 
la  coloration  noirâtre  des  écailles  des  ailes  et  du  corps 
des  Papillons  malades. 

M.  Seguin  a  fait  une  chose  intéressante  en  étudiant  chi- 
miquement ce  liquide,  ce  fluide  nourricier,  ce  sang  altéré, 
et  c'est  le  résultat  de  ces  recherches  qu'il  a  consigné  au 
compte  rendu  des  séances  de  l'Académie. 

Il  a  étudié  aussi ,  de  la  même  manière ,  les  déjections 
des  Papillons,  et  il  fait  connaître  les  substances  dont  elles 
sont  composées  et  les  proportions  dans  lesquelles  elles  se 
trouvent. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  37 

Si,  comme  nous  l'avons  toujours  pensé,  l'aptitude  du 
fluide  nourricier  à  devenir  noir  au  contact  de  l'air  est  un 
fait  correspondant  à  l'état  pathologique  des  Vers  à  soie, 
des  Papillons  et  même  de  leurs  œufs,  les  recherches  de 
M.  Seguin  pourraient  peut-être  conduire  à  distinguer  les 
œufs  provenant  de  Papillons  malades. 

Nous  croyons  devoir  appeler  toute  l'attention  de  M.  Se- 
guin sur  ce  point  de  ses  intéressantes  recherches,  point 
qu'il  a  touché  dans  sa  Note,  quand  il  montre  que  l'acide 
nitrique  colore  la  matière  noire  des  taches  des  Vers  et  des 
Papillons  malades  en  jaune  orangé,  et  que  ces  observa- 
tions s'appliquent  aux  œufs  des  Vers  à  soie. 

M.  de  Quatrefages  dépose  sur  le  bureau  une  copie  du 
Rapport  fait  par  M.  Salles  au  comice  de  l'arrondissement 
de  Vigan  «  sur  les  causes  de  la  maladie  des  graines  de 
Vers  à  soie,  »  et  y  joint  une  Lettre  que  lui  a  adressée  l'au- 
teur du  Rapport  en  lui  transmettant  cette  pièce. 

M.  Ch.  Roussel  adresse  des  Recherches  sur  les  organes 
génitaux  des  Insectes  coléoptères  de  la  famille  des  Scara- 
béides. 

L'auteur,  après  avoir  rappelé  les  travaux  qui  ont  été 
faits  sur  ce  sujet  avant  lui,  dit  que  son  but,  absolument 
négligé  jusqu'ici,  a  été  de  constater  quelles  modifications 
se  produisent  dans  les  organes  génitaux  entre  les  espèces 
d'un  même  genre,  entre  les  genres  d'une  même  tribu, 
entre  les  représentants  de  différentes  tribus  appartenant  à 
une  même  famille  naturelle.  Il  a  donc  examiné  successive- 
ment les  parties  essentielles  des  organes  génitaux  mâles 
et  femelles,  et  il  est  arrivé  à  formuler  les  conclusions 
suivantes  : 

«  1°  Toujours  presque  similitude  entre  des  espèces  très- 
voisines  d'un  même  genre.  Ce  qui  produit  une  preuve  à 
l'appui  de  l'heureuse  définition  du  genre  donnée  par 
M.  Flourens. 

«  2°  Il  y  a  entre  les  genres  véritables  des  modifications 


38      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

notables  très-propres  à  les  caractériser  (entre  autres,  les 
genres  Melolontha,  Polyphylla,  Cyphonotus). 

«  3°  Ces  modifications  devenant  plus  considérables 
entre  les  représentants  de  groupes  d'un  ordre  plus  élevé, 
comme  les  tribus,  fournissent  là  des  indications  précieuses 
pour  les  zoologistes. 

«  4°  Les  différences  observées  entre  les  Glaphyrines,  les 
Mélolonthines ,  les  Ruthélines  et  les  Scarabéines,  admises 
comme  tribus,  ne  sont  pas  d'une  valeur  comparable  à 
celles  qui  les  distinguent  des  Cétonines,  bien  moins  en- 
core à  celles  qui  les  séparent  des  Géotrupines  et  des  Co- 
prines. 

«  5°  Relativement  à  des  types  dont  les  rapports  natu- 
rels n'avaient  pu  être  appréciés  d'une  manière  sûre  par  la 
considération  soit  des  caractères  extérieurs ,  soit  de  cer- 
tains organes  internes,  la  connaissance  de  l'appareil  géni- 
tal permet  de  les  déterminer  plus  rigoureusement.  Tel  est, 
en  particulier,  l'exemple  si  frappant  fourni  par  les  Ontho- 
phagus  comparés  aux  Aphodius.  » 

Ces  recherches ,  étendues  à  l'immense  groupe  des  In- 
sectes, auront  un  intérêt  très-grand  pour  l'anatomie  et  la 
physiologie,  mais  elles  rendront  un  véritable  service  à  la 
classification,  en  lui  donnant  un  moyen  positif  de  dis- 
tinction des  groupes,  car  M.  Roussel  a  reconnu  que  ce 
n'est  qu'entre  les  espèces  les  plus  voisines  qu'on  trouve 
une  similitude  à  peu  près  complète  dans  la  forme  et  l'or- 
gane d'intromission.  Il  semble,  ajoute-t-il,  que  la  nature 
ait  pris  les  soins  les  plus  minutieux  pour  prévenir  le  mé- 
lange des  types,  et  qu'elle  n'ait  laissé  le  croisement  prati- 
cable que  dans  des  limites  fort  restreintes. 


III.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Histoire  naturelle  générale  des  règnes  organiques, 
principalement  étudiée  chez  l'homme  et  les  animaux, 


ANALYSES  D  OUVRAGES  NOUVEAUX.        39 

par  M.  Isidore  Geoffroy  St.-Hilaire,  t.  3,  2e  partie, 

1  vol.  in-8.  Paris,  1859,  Masson. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  en  rendant  compte  de  la 
séance  de  l'Académie  des  sciences  (p. 35),  dans  laquelle 
l'auteur  a  présenté  ce  nouveau  volume,  nous  donnons  ici 
l'analyse  qu'il  en  a  faite  lui-même  en  ces  termes  : 

Ce  volume  a  pour  sujet  la  question  fondamentale  de 
l'histoire  naturelle,  celle  de  l'espèce.  J'avais  précédem- 
ment traité  des  diversités  encore  comprises  dans  le  type 
spécifique,  telles  que  les  différences  d'âge,  de  sexe,  de 
saison,  les  développements,  les  métamorphoses,  les  al- 
ternances de  génération,  etc.  Après  ces  diversités  ve- 
naient, dans  l'ordre  logique,  celles  qui,  au  contraire, 
excèdent  les  limites  du  type  ;  en  d'autres  termes,  après 
les  variations  normales  de  l'organisation,  les  modifica- 
tions anormales  ;  après  la  règle,  les  exceptions  qu'elle 
subit  dans  une  multitude  de  cas,  et  qui,  d'ordres  très- 
divers,  dérivent  tantôt  de  l'anomalie  proprement  dite, 
tantôt  de  la  domesticité  et  de  la  culture,  tantôt  de  l'hy- 
bridité  ou,  plus  généalement,  de  la  métivité. 

Ayant  traité,  d'une  manière  spéciale,  dans  un  autre 
ouvrage,  des  anomalies  proprement  dites  de  l'organisa- 
tion, c'est-à-dire  des  variétés,  des  vices  de  conformation, 
des  hétérotaxies,  des  hermaphrodismes  et  des  monstruosi- 
tés, j'ai  cru  devoir  me  borner,  dans  Y  Histoire  naturelle  gé- 
nérale, à  un  résumé  général  des  faits  et  des  résultats  théo- 
riques aujourd'hui  acquis  à  la  tératologie,  et  qui  sont  de 
nature  à  éclairer,  sur  divers  points,  la  question  de  l'es- 
pèce. A  ce  point  de  vue,  j'ai  dû  surtout  m'attacher  à  met- 
tre en  lumière  la  régularité  des  êtres  anormaux,  si  bien 
établie  par  mon  père,  Meckel,  M.  Serres  et  plusieurs  au- 
tres anatomistes,  l'origine  accidentelle  des  monstruosités 
et  des  autres  anomalies,  autrefois  regardées  comme  des 
états  primitifs  de  l'organisation,  et  les  circonstances  de 
l'hérédité  tératologique,  tantôt  immédiate  et  directe,  tan- 
tôt médiate  et  discontinue. 


40      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

J'ai  traité,  avec  beaucoup  plus  d'étendue,  des  varia- 
tions qui  dérivent  soit  de  l'hybridité,  soit  delà  domes- 
ticité. 

Mes  recherches  sur  les  hybrides,  qui  datent  de  l'époque 
même  de  mon  entrée  dans  la  science,  ont  dû  avoir  pour 
objet  de  déterminer,  parmi  les  innombrables  cas  d'hybri- 
dité  rapportés  ou  indiqués  par  près  de  quatre  cents  au- 
teurs, les  faits  qu'il  y  a  lieu  d'admettre  et  ceux  qui  sont 
à  éliminer  de  la  science. 

Plusieurs  auteurs,  et  parmi  eux  se  rencontrent  des 
anatomistes  et  des  naturalistes  d'une  grande  autorité, 
Réaumur,  Haller,  Bonnet,  Blumenbach,  Meckel,  ont  cru 
à  l'existence  d'hybrides  entre  animaux  de  deux  ordres 
ou  même  de  deux  classes  ;  d'autres,  au  contraire,  ont 
soutenu  que  l'hybridité  n'est  possible  qu'entre  espèces 
du  même  genre,  ou  même,  opinion  de  Morton,  entre 
espèces  de  la  même  section  du  même  genre.  Les  faits 
que  nous  avons  recueillis  ou  constatés  par  nous-même 
nous  ont  conduit  à  nous  placer  entre  la  crédulité  extrême 
des  premiers  et  le  scepticisme  exagéré  des  seconds.  Nous 
sommes,  en  effet,  arrivé  à  reconnaître  qu'il  n'y  a  pas  dans 
la  science  un  seul  exemple,  sérieusement  attesté,  d'hybri- 
dité  entre  animaux  de  classes  ou  d'ordres  différents,  pas 
même  de  familles  différentes,  s'il  s'agit  de  véritables  fa- 
milles naturelles;  mais  il  existe  des  exemples  incontes- 
tables d'hybridité  bigénère.  Ceux  que  présente  la  classe 
des  Oiseaux  sont  particulièrement,  nous  croyons  pouvoir 
le  dire,  à  l'abri  de  toute  objection. 

Quant  à  l'hybridité  congénère,  c'est-à-dire  entre  es- 
pèces du  même  genre,  hybridité  que  quelques  auteurs 
regardent  comme  étant  elle-même  très-rare,  elle  est,  en 
réalité,  très-commune.  Nous  la  connaissons  surtout  chez 
les  Mammifères,  les  Oiseaux,  les  Poissons  et  les  Insectes. 

Parmi  les  Mammifères,  on  a  obtenu  une  fois  en  Angle- 
terre, et  nous  avons  obtenu  une  fois  aussi,  à  la  Ménage- 
rie du  Muséum,  ce  qu'on  a  nommé  la  double  hybridité, 


ANALYSES  D  OUVRAGES  NOUVEAUX.         41 

c'est-à-dire  l'hybridité  entre  l'hybride  de  deux  espèces, 
et  un  individu  pur  sang  d'une  troisième  espèce. 

Il  se  produit  des  hybrides,  non-seulement  à  l'état  do- 
mestique, et  par  les  soins  de  l'homme,  mais  aussi  natu- 
rellement à  l'état  sauvage.  Non-seulement  ce  fait  avait 
été  nié,  mais  on  avait  été  un  instant  jusqu'à  soutenir 
(opinion  déjà  réfutée  par  Frédéric  Cuvier  et  par  M.  Flou- 
rens  qu'il  ne  se  produit  d'hybrides  qu'entre  espèces  dont 
l'une  au  moins  est  domestique. 

Pour  résoudre  la  question  si  importante  de  l'aptitude 
ou  de  l'inaptitude  des  hybrides  à  la  reproduction,  j'ai  tout 
à  la  fois  recueilli  les  faits  existant  dans  la  science,  et  fait 
moi-même  de  nombreuses  expériences  :  dès  1847,  j'avais 
pu  obtenir  à  la  Ménagerie  du  Muséum,  outre  des  métis  de 
Chien  et  de  Loup,  de  Chien  et  de  Chacal,  les  produits  de  six 
autres  accouplements  d'animaux  hybrides.  La  conclusion 
à  laquelle  je  me  suis  arrêté  est  celle-ci  :  Il  est  un  grand 
nombre  d'hybrides  stériles,  et  aussi  un  grand  nombre 
d'hybrides  imparfaitement  féconds.  Mais  il  en  est  d'autres 
qui  jouissent  complètement  de  l'aptitude  à  la  reproduc- 
tion, soit  avec  une  des  espèces  souches,  soit  entre  eux. 
Ce  qui  a  été  appelé  le  principe  de  Buffon,  mais  n'était 
que  celui  de  Pline  (car  Buffon,  après  l'avoir  admis,  l'a 
condamné  à  trois  reprises  comme  un  vain  préjugé),  doit 
donc  disparaître  enfin  de  la  science  où  il  a  si  longtemps 
régné,  constituant,  avec  plusieurs  autres  propositions  non 
moins  contestables,  ce  que  les  partisans  de  la  fixité  de 
l'espèce  considéraient  comme  la  doctrine  classique  sur 
les  hybrides.  Mais,  en  rejetant  ce  principe,  on  doit  bien 
se  garder  de  lui  substituer  le  principe  contraire  ;  car,  s'il 
n'est  pas  exact  que  les  hybrides  soient  généralement  in- 
féconds ou  imparfaitement  féconds,  encore  moins  pour- 
rait-on soutenir  qu'ils  sont  généralement  aptes  à  se  re- 
produire. En  réalité,  il  n'y  a  point  ici  de  principe  à  r,oser, 
mais  seulement  des  faits  à  constater ,  el  ces  faits  sont 
très-variables  selon  les  espèces  que  l'on  considère. 


42      rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Janvier  1860.) 

Quant  aux  métis  homoïdes,  c'est-à-dire  nés  de  deux 
races  ou  variétés  de  la  même  espèce,  nous  les  avons 
toujours  trouvés  féconds  entre  eux,  malgré  les  assertions 
émises  par  quelques  agriculteurs  sur  la  prétendue  infé- 
condité des  croisements  entre  races  très-différentes;  infé- 
condité qu'on  a  prétendue  exister  aussi  entre  les  hommes 
de  notre  race  et  les  femmes  de  quelques  races  très-mo- 
difiées. 

En  comparant  les  métis  homoïdes  et  les  hybrides  à  un 
autre  point  de  vue,  nous  étions  arrivé,  à  une  époque  dé 
jà  éloignée,  à  une  double  proposition  que  nous  énoncions 
ainsi  en  1826  :  Les  hybrides  «  ont  des  caractères  assez 
«  fixes,  et  qui  sont  en  partie  ceux  du  père  et  en  partie 
<c  ceux  de  la  mère.  Le  produit  peut  bien  ressembler  à 
«  l'un  plus  qu'à  l'autre,  mais  non  pas  exclusivement  à  l'un 
«  d'eux.  Il  n'en  est  pas  ainsi  du  croisement  de  deux 
«  variétés  d'une  même  espèce  :  le  produit  tient  le  plus 
«  souvent  de  l'un  ou  de  l'autre  ;  mais  très-fréquemment 
«  aussi  il  ressemble  entièrement  à  l'un  des  animaux  dont 
«  il  est  provenu.  »  En  d'autres  termes,  plus  rigoureux 
en  même  temps  que  plus  concis  :  les  hybrides  sont  constam- 
ment mixtes.  Les  métis  homoïdes  sont,  au  contraire,  très- 
variables  ;  ils  peuvent  être  mixtes,  mais  aussi  ne  pas  l'être. 
Double  proposition  que  notre  illustre  confrère  William 
Edwards,  qui  l'a  étendue,  dès  1829,  à  l'anthropologie,  et 
qui  en  a  tiré  des  conséquences  d'une  haute  importance, 
considérait  comme  «  deux  principes  fondamentaux  et 
féconds  en  applications.  » 

Nous  nous  sommes  attaché,  dans  notre  nouveau  tra- 
vail, non-seulement  à  présenter  ces  propositions  dans 
tout  leur  jour,  mais  à  résoudre  les  objections  qui  ont  pu 
s'élever  depuis  trente  ans  contre  leur  exactitude.  Nous 
croyons  pouvoir  dire  que  toutes  sont  solubles,  sans  ex- 
cepter celles  qui  se  déduiraient  de  quelques  faits  récem- 
ment observés  par  M.  Guérin-Méneville  sur  les  métis  des 
Vers  à  soie  du  ricin  et  de  1'ailante,  métis  semblables, 


ANALYSES  d' OUVRAGES  NOUVEAUX.         43 

selon  lui,  au  type  pur  de  l'ailante.  Mais  il  résulte  du  texte 
de  ce  savant  entomologiste  et  sériciculteur,  et  des  com- 
pléments qu'il  a  depuis  donnés  à  son  premier  travail,  que, 
par  similitude,  il  faut  entendre  seulement  une  prédominance 
très-marquée.  Nous  avons  pu,  en  outre,  nous  convaincre, 
par  l'observation  de  plusieurs  centaines  de  Vers,  Papillons 
et  cocons  hybrides,  que  cette  prédominance  elle-même 
n'existe  pas  toujours  ;  il  n'y  a  de  constant  que  l'état 
mixte  du  produit. 

Notre  savant  correspondant  M.  Lecoq  a  récemment 
étendu  aux  végétaux  les  vues  que  j'avais  émises  relative- 
ment aux  animaux,  et  que  William  Edwards  avait  si  heu- 
reusement appliquées  aux  races  humaines.  Nous  laissons 
aux  botanistes  à  décider  si  les  quelques  exceptions  in- 
diquées par  deux  auteurs  récents  pourront  aussi  tomber 
devant  un  examen  plus  complet. 

L'étude  des  variations  produites  par  la  domesticité  ne 
se  lie  pas  moins  intimement  que  celle  de  l'hybridité  à  la 
grande  question  de  l'espèce.  J'ai  donc  dû  traiter  de  l'une 
avec  autant  de  soin  et  de  développement  que  de  l'autre. 

Mais  je  ne  m'arrêterai  pas  ici  sur  cette  partie  de  mes 
recherches,  dont  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  communiquer 
à  l'Académie  un  extrait  il  y  a  un  an.  Si  j'ai  été  conduit 
depuis  à  préciser  sur  quelques  points  l'expression  des 
résultats  que  j'avais  obtenus,  je  n'ai  point  eu  à  les  modi- 
fier au  fond,  et  je  n'abuserai  pas  des  moments  de  l'Aca- 
démie en  revenant  sur  cette  partie  de  mon  travail  ;  je  ne 
la  rappelle  même  ici  que  pour  indiquer  l'ensemble  des 
études  par  lesquelles  j'ai  cru  devoir  préparer  l'examen  et 
la  solution  de  la  question  générale  qui  les  domine  toutes. 
Le  volume  que  j'ai  aujourd'hui  l'honneur  d'offrir  à  l'Aca- 
démie complète  ces  études  partielles  et  préliminaires. 

Zoologie  et  paléontologie  françaises,  ou  nouvelles  re- 
cherches sur  les  Animaux  vertébrés  dont  on  trouve  les 
ossements  enfouis  dans  le  sol  de  la  France,  par  M.  Paul 


44       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Janvier  1860.) 

Gervais,  doyen  de  la  faculté  des  sciences  de  Mont- 
pellier, professeur  de  zoologie  et  d'anatomie  comparée. 
Deuxième  édition  (1). 

L'ouvrage  important  dont  nous  annonçons  aujourd'hui 
la  deuxième  édition  a  pour  objet  de  faire  connaître  les 
nombreuses  et  singulières  espèces  d'Animaux  vertébrés 
(Mammifères,  Oiseaux,  Reptiles  et  Poissons)  qui  ont 
autrefois  peuplé  la  région  du  globe  que  nous  habitons, 
et  que  leurs  dimensions  gigantesques  rendaient,  en  géné- 
ral, si  différentes  de  celles  qui  vivent  à  notre  époque. 

L'étude  de  ces  êtres  singuliers  a  fait  faire  les  plus 
grands  progrès  à  la  science,  et  chaque  jour  elle  enrichit 
l'histoire  naturelle  de  notions  aussi  intéressantes  pour  le 
philosophe  qu'utiles  pour  l'anatomiste  ou  le  géologue; 
elle  nous  donne,  en  effet,  la  preuve  la  plus  certaine  des 
grandes  révolutions  dont  notre  planète  a  été  témoin  ;  elle 
nous  fait  assister  aux  premières  manifestations  de  la  vie, 
et  c'est  par  elle  que  l'on  peut  arriver  à  établir,  d'une 
manière  exacte,  la  chronologie  des  formations  qui  com- 
posent l'écorce  terrestre  ou  celle  des  soulèvements  qui 
ont  produit  les  montagnes,  déplacé  le  bassin  des  mers  et 
détruit  les  anciennes  populations. 

M.  Paul  Gervais,  dont  les  nombreux  travaux  sont 
justement  appréciés,  a  su  envisager  son  sujet  sous  ses 
différents  points  de  vue,  et,  tout  en  décrivant  les  nom- 
breux et  curieux  Animaux  dont  ses  recherches  ou  celles 
de  ses  devanciers  ont  enrichi  la  paléontologie,  il  a  eu 
soin,  pour  donner  plus  d'autorité  à  son  travail,  de  com- 
parer les  espèces  des  anciens  âges  à  celles  qui  vivent 
aujourd'hui  en  Europe,  ainsi  qu'à  celles,  soit  vivantes, 
soit  fossiles,  que  l'on  trouve  dans  les  autres  parties  du 
monde.  Ses  recherches  lui  ont  permis  de  confirmer,  par 
de  nouvelles  preuves,  les  grandes  lois  relatives  à  la  dis- 

(1)  1  vol.  in-4°,  avec  figures  dans  le  texte,  et  un  atlas  in-folio. 
Paris,  Àrthus Bertrand,  éditeur.  (Prix  de  l'ouvrage  entier,  100 francs; 
le  texte  seul,  65  francs.) 


ANALYSES  d' OUVRAGES  NOUVEAUX.         i5 

tribution  géographique  des  êtres  vivants  que  Butt'on 
avait  entrevues,  et  dont  G.  Cuvier  et  de  Blain ville  ont 
établi  la  formule,  et  de  résoudre  la  plupart  des  questions 
qu'ils  avaient  soulevées  à  leur  tour. 

Les  paléontologistes  du  Midi,  plus  particulièrement 
M.  Marcel  de  Serres,  avaient  fait  connaître  plusieurs 
sortes  d'Animaux  antédiluviens.  M.  P.  Gervais  ajoute  de 
nouvelles  et  remarquables  espèces,  également  propres  à 
nos  départements  méridionaux,  à  celles  qu'ils  ont  décou- 
vertes, et  il  fait  en  même  temps  connaître,  d'après  des 
recherches  qui  lui  sont  propres,  les  anciennes  populations 
animales  dont  les  dépouilles  sont  enfouies  dans  les  autres 
parties  de  la  France.  Pour  arriver  plus  sûrement  à  ce 
résultat,  il  a  visité  les  dépôts  si  riches  en  débris  fossiles 
que  l'on  connaît  aux  environs  de  Paris,  dans  l'Orléanais, 
dans  le  Bourbonnais,  dans  la  Limagne,  dans  le  Langue- 
doc, en  Provence,  etc.,  et  il  a  examiné  avec  soin  les 
musées  de  nos  principales  villes,  ainsi  que  celui  de 
Londres,  où  l'on  a  réuni  de  précieuses  collections  for- 
mées dans  les  localités  les  plus  riches  et  les  plus  célèbres. 

Dans  la  nouvelle  édition  de  la  zoologie  et  paléontologie 
françaises,  l'auteur  a  eu  soin  d'énumérer,  avec  méthode 
et  dans  des  chapitres  différents,  tous  les  documents  qu'il 
avait  précédemment  adoptés;  il  a  ajouté,  en  outre,  un 
nombre  considérable  d'observations  à  celles  que  com- 
prend la  première  édition  de  son  livre  et  rappelé  les  tra- 
vaux de  tous  les  auteurs  qui  ont  traité  des  mêmes  ques- 
tions soit  dans  des  ouvrages  spéciaux,  soit  dans  des 
mémoires  disséminés  dans  les  nombreux  recueils  aca- 
démiques de  l'étranger. 

On  trouve  dans  son  nouvel  ouvrage,  indépendamment 
des  notions  générales  qui  en  sont  l'objet  essentiel,  la  des- 
cription d'un  grand  nombre  d'espèces  et  même  de  genres 
d'animaux  qui  étaient  restés  jusqu'à  ce  jour  inconnus 
aux  naturalistes,  et  les  personnes  qui  s'occupent  de  la 


i(>       rev.  et  mag.  DE  zoolooie.  (Janvier  1860.) 

recherche  des  Animaux  éteinls  auront  ainsi  ie  moyen  de 
classer  leurs  collections  d'une  manière  scientifique. 

Le  nombre  des  figures  insérées  dans  le  texte  a  été  aug- 
menté, et  les  planches  de  l'Atlas,  qui  sont  lithographiées 
avec  beaucoup  de  soin,  ont  été  portées  de  quatre-vingts 
à  quatre-vingt-quatre.  En  outre,  une  table  explicative 
des  figures,  renvoyant  à  la  description  de  chacune  d'elles, 
est  jointe  à  cet  Atlas. 

En  un  mot,  l'auteur  et  l'éditeur  ont  fait  tous  leurs 
efforts  pour  rendre  cette  nouvelle  publication  à  la  fois 
digne  des  savants  auxquels  elle  s'adresse  et  des  sujets, 
déjà  si  habilement  étudiés  en  France  et  à  l'étranger, 
qui  y  sont  traités. 

C'est  un  ouvrage  indispensable  à  toutes  les  personnes 
qui  s'intéressent  aux  progrès  de  la  zoologie  et  de  la  géo- 
logie. 

Description  de  la  forme  embryonnaire  de  38  espèces  d'U- 
nionidœ,  par  M.  Isaac  Léa,  in-4°,  fig.  (Extrait  du  Journal 
de  l'Académie  des  sciences  naturelles  de  Philadelphie, 
2e  série,  vol.  IV.) 

Dans  ce  beau  travail,  le  savant  malacologiste  américain, 
après  avoir  passé  en  revue  les  travaux  faits  sur  le  même 
sujet,  décrit  les  embryons  des  38  espèces  d'Unio,  de  Mar- 
garita  et  d'Ânadonta  qu'il  a  pu  observer,  et  en  donne  d'ex- 
cellentes figures  qu'il  a  dessinées  lui-même  et  qui  ont  été 
parfaitement  lithographiées.  C'est  un  travail  qui  intéres- 
sera vivement  les  zoologistes. 


IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES 

Sur  la  coloration  de  la  peau  chez  les  nègres  de  la  haute 
Kabylie. 
M.  d'Abbadie,  connu  par  ses  voyages  en  Abyssinie, 
vient  d'adresser  à  M.  de  Quatrefages  (Bulletin  de  la  So- 
ciété de  géographie,  1859,  t.  xiv,  p.  179)   une  lettre 


MÉLANGES    KT    NOUVELLES.  Al- 

relative  à  un  fait  anthropologique  fort  curieux  :  l'in- 
fluence d'une  nourriture  exclusivement  animale  sur  la 
coloration  du  nègre. 

Le  savant  voyageur  français  expose  qu'au  sud  de  la 
Nubie  les  noirs  qui  ne  se  nourrissent  que  de  viande  ont 
un  teint  beaucoup  plus  clair  que  les  autres  tribus  dont  le 
régime  est  exclusivement  végétal.  La  lecture  de  cette 
Note  m'a  conduit  à  une  observation  analogue  sur  les 
nègres  de  ia  Kabylie. 

La  viande,  en  Kabylie,  est  d'un  prix  très-élevé  :  c'est 
un  aliment  luxueux  que  le  Berber  ne  se  permet  pas  tous 
lesjours  ;  mais  les  nègres,  qui  tous  sont  bouchers,  se  nour- 
rissent constamment  des  débris  des  animaux  qu'ils  dé- 
bitent sur  les  marchés  ;  leur  vie,  comme  ceux  dont  parle 
M.  d'Abbadie,  se  passe  au  milieu  du  sang  et  des  exha- 
laisons des  bestiaux;  ils  ont  le  teint  très-clair  tout  en 
conservant,  hommes  et  femmes,  les  cheveux  crépus  et 
tous  les  caractères  des  races  du  Haoussa.  Jusqu'ici, 
j'avais  toujours  attribué  ce  fait  au  mélange  du  sang  ka- 
byle, au  froid  du  pays Je  me  trouvais  à  Tamda-el- 

Blat,  chez  les  Béni-Djennads,  quand  m'est  parvenu  le 
bulletin  de  la  Société  de  géographie  ;  je  pus  immédiate- 
ment m'informer  près  des  nombreux  affranchis  qui  rési- 
dent dans  ce  village,  et  j'y  ai  appris  que  les  nègres  ne  se 
mariaient  qu'entre  eux,  bien  qu'ils  soient  considérés  dans 
la  société  kabyle,  essentiellement  démocratique,  comme 
des  citoyens  égaux  aux  autres. 

Faut-il  attribuer  ce  fait  à  une  dégénérescence  du  sang 
provenant  des  alliances  continuelles  de  membres  de  la 
même  race  ?  Je  ne  le  crois  pas.  Ce  serait  donc,  comme 
l'avance  M.  d'Abbadie,  à  leur  nourriture  constamment 
composée  de  restes  de  viande  et  au  contact  des  chairs 
saignantes  qu'ils  traînent  et  remuent  constamment 

Ce  me  semble  être  une  question  fort  intéressante  au 
point  de  vue  anthropologique  et  qui  mérite  d'être  l'objet 
de  recherches  suivies.  Henri  Ai  capitalmï. 


48       rev.  et  mag.  de  zoologte.  (Janvier  1860.) 

M.  H.  Drouet  nous  prie  d'insérer  la  lettre  suivante  : 
Monsieur  et  cher  directeur,  —  A  l'occasion  d'une  bro- 
churine  de  M.  Tassinari,  sur  un  Valvata  découvert  et  dé- 
crit par  lui,  en  Italie,  brochurine  mentionnée  dans  ma 
dernière  Lettre  conchyliologiquè ,  il  s'est  produit  une  allé- 
gation passablement  étrange,  dans  la  (orme  au  moins,  de 
la  part  d'un  collaborateur  de  la  Revue.  Rassurez-vous,  je 
n'accepte  pas  la  querelle  et  je  ne  suivrai  pas  le  contra- 
dicteur sur  le  terrain  où  il  aime  à  se  poser  dans  une  atti- 
tude qui  lui  est  propre  et  qui  trouve  peu  d'imitateurs.  Ce 
qui  est  constant,  malgré  les  efforts  du  trop  zélé  collabo- 
rateur, c'est  que,  bien  probablement,  ni  M.  Tassinari,  ni 
M.  Benoît,  ni  M.  Léa,  ni  M.  Swainson,  ni  M.  Sowerby 
(pris  également  à  partie  et  mis  au  ban),  ni  qui  que  ce  soit, 
n'a  pas  attendu  les  conseils  de  l'auteur  des  Aménités 
malacologiques  pour  distinguer  une  coquille  de  Valvata 
d'un  fourreau  de  larve  de  Phrygane.  Personne,  dès  lors, 
ne  se  méprendra  sur  la  nature  du  sentiment  qui  a  dicté 
une  semblable  assertion. 
Veuillez  agréer,  etc.  —  H.  Drouet. 

Troyes,  janvier  1860. 


TABLE   DES  MATIERES. 

Pages. 

H.  de  Saussure.  —  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. ;î 
A.  Moquin -Tandon.— Considérations  sur  les  œufs  des  Oiseaux.  11 
0.  des  Murs.  —  Sur  le  Passer  domesticus  et  sa  place  oolo- 

gique  dans  la  série.  20 

Académie  des  sciences .  26 

Analyses.  38 

Mélanges  et  nouvelles.  46 


PARIS.  —  IMP.   DE   Mme  Ve   BOUCHARD-HUZARD ,   RUE   DE  L'EPERON,     5. 


VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.   —    FÉVRIER  1860. 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 

Sur  l'adénisation    de   M.  le   docteur    Cornay, 
par  M.  O.  dbs  Murs. 

Déjà,  dans  cette  Revue  et  à  plusieurs  reprises,  il  a  été 
question,  et  des  idées  si  ingénieuses  de  M.  le  docteur  Cor- 
nay sur  l'os  palatin  des  Oiseaux  comme  élément  de  leur 
classification  (1),  et  de  ses  Éléments  de  Morphologie,  ainsi 
que  de  ses  Principes  de  Morphogénie  dont  nous  avons  con- 
staté le  mérite  (2)  au  moment  de  leur  publication.  Le  doc- 
teur Cornay  est  de  ces  hommes  à  qui  le  temps  ne  suffit  pas 
pour  l'élaboration  des  utiles  et  fécondes  idées  qui  éclosent 
de  son  cerveau,  malgré  l'œuvre  de  chaque  jour  que  réclame 
de  lui  l'humanité  souffrante. 

Les  Principes  d' Adénisation  qu'il  vient  d'éditer  (3)  ren- 
ferment dans  son  germe  toute  la  base  d'une  science  nou- 
velle :  il  en  a  dit  le  premier  mot,  les  développements  ne 
tardèrent  pas  à  suivre,  l'idée  physiologique  a  vu  le  jour; 
c'est  à  la  science  de  parler,  et  elle  ne  parlera  jamais  mieux 
que  par  la  bouche  ou  sous  la  direction]intelligente  de  l'émi- 
nent  docteur.  Nous  insistons  sur  ce  point,  parce  que,  selon 
nous,  quand  un  homme  est  assez  richement  organisé  pour 
concevoir  et  appliquer,  il  se  doit  à  lui-même  la  continua- 
tion de  son  œuvre,  qu'un  autre  ne  comprendra  jamais 
aussi  bien  que  lui. 

Un  grand  nombre  d'auteurs,  déjà,  depuis  Aristote,  en 

(1)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  janvier  1842. 

(2)  Hev.  et  mag.  de  zoologie,  mai  1853. 

(3)  Rev.  et  mag.  de  zoologie,  novembre  1859. 

2e  série,   t.  ni.  Année  1860.  4 


50      rev.  et  m  a  g.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

passant  par  Linné,  BufTon,  G.  et  F.  Cuvier,  Fischer,  etc., 
jusqu'au  docteur  Em.  Rousseau,  se  sont  occupés  des  re- 
cherches sur  les  glandes  qui,  chez  beaucoup  d'animaux, 
ce  sécrètent,  comme  l'a  dit  ce  dernier  (1),  une  matière  sé- 
«  bacée  plus  ou  moins  concrète,  exhalant  une  odeur  sui 
«  gencris,  plus  forte  dans  le  temps  du  rut  généralement 
«  qu'en  l'état  ordinaire.  » 

Mais  leurs  études  comme  leurs  observations  n'ont  jamais 
porté  que  sur  le  cheval,  et  encore  sur  ce  que  l'on  est  con- 
venu, chez  lui,  d'appeler  châtaigne.  Le  docteur  Em.  Rous- 
seau a  reconnu  les  erreurs  de  ses  devanciers  quant  à  leur 
détermination  de  cet  appendice  et  à  la  nature  de  même 
qu'à  l'origine  qu'ils  lui  attribuaient;  puis,  étendant  l'ho- 
rizon de  ces  premières  notions,  il  en  est  arrivé  à  faire  la 
découverte  et  à  parler  de  quelques  autres  appareils  externes 
propres  à  certains  ruminants.  Et  ses  indications  ainsi  que 
sesétudes  ontporté  sur  le  Lama,  plusieurs  espèces  de  Cerfs 
et  de  Boucs,  sur  le  Mouton  et  la  Chèvre.  Mais  alors,  pour 
ceux-ci,  il  y  eut  déjà  un  notable  progrès,  car  il  ne  s'agit 
plus  de  châtaignes,  mais  des  larmiers,  et  de  poches  interdi- 
gitales; puis  enfin,  découverte  que  nous  croyons  propre 
au  docteur  Em.  Rousseau,  il  s'agit  1°  «  d'un  appareil 
«  crypteux  tout  particulier  recouvrant  toute  la  partie  dor- 
sale et  latérale  de  la  queue  du  Cerf,  »  ce  qui  équivaut  à 
une  poche  inguinale;  2°  d'un  dépôt  granulé  rouge  rem- 
plaçant, chez  le  Cerf- Cochon,  cette  même  poche  ingui- 
nale; 3°  de  poches  inguinales  constatées  chez  plusieurs 
espèces  d'Antilopes,  et  même  chez  le  Mouton. 

Voilà,  certes,  bien  des  espèces  de  réservoirs  sécréteurs 
odorants  départies  aux  ruminants! 

Dans  le  travail  du  docteur  Em.  Rousseau,  il  y  a  donc  la 
constatation  de  faits  plus  ou  moins  nouveaux,  mais  sans 
aucune  proposition  ou  déduction  scientifique. 

Chez  le  docteur  Cornay,  il  s'agit  de  tout  autre  chose  : 
outre  la  découverte  d'un  fait  nouveau,  il  y  a,  avec  l'expli- 

(1)  Rev.  et  mag.  de  zoologie,  novembre  1852. 


TRAVAUX    INÉDITS.  51 

cation  de  sa  cause  finale,  le  mode  d'application  et  la  dé- 
monstration de  son  incontestable  utilité;  il  en  ressort,  en 
outre,  tout  un  corps  de  doctrine  pour  améliorer  certaines 
viandes,  et  pour  en  faire  entrer  beaucoup  d'autres  dans 
le  système  de  l'alimentation  générale.  C'est  là  le  côté  inté- 
ressant et  véritablement  actuel  des  Principes  d'Âdénisation. 
Le  mot  est  créé  et  restera;  la  doctrine  s'étendra  et  ne  peut 
que  s'universaliser. 

Si  nous  avons  rappelé  les  travaux  du  docteur  Em.  Rous- 
seau, c'est  que  nous  avons  cru  entrevoir,  entre  eux  et 
ceux  de  notre  ami  le  docteur  Cornay,  une  certaine  corré- 
lation, et  qu'il  nous  a  paru  curieux  d'établir,  par  ce  rap- 
prochement, avec  quelle  constance  étonnante  la  science 
suit  progressivement  et  comme  fatalement  sa  marche  pour 
le  bien-être  du  corps  social. 

Ainsi,  voici  deux  hommes;  dont  l'un,  attaché,  par  sa 
position,  au  laboratoire  d'anatomie  du  muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris,  que  ses  observations,  grâce  à  la  pré- 
cieuse réunion  de  Solipèdes  et  de  Ruminants  de  toutes  les 
contrées  du  globe  renfermés  dans  la  ménagerie  de  cet 
établissement  national,  ont  amené  à  découvrir  chez  ces 
animaux  certaines  glandes  restées  jusqu'alors  inaperçues  , 
seulement  il  signale  le  fait  et  passe  outre  ;  dont  l'autre, 
plus  spécialement  attaché,  par  sa  position  de  médecin  dis 
tingué,  à  l'étude  et  à  la  guérison  des  infirmités  humaines, 
dans  l'ignorance  presque  absolue  de  ce  précédent  travail, 
découvre  d'autres  glandes  chez  d'autres  espèces  de  mam- 
mifères, passe  en  revue  les  animaux  déjà  connus  pour  en 
être  pourvus  et,  avec  cette  logique  de  raisonnement  et 
cette  faculté  d'intuition  qui  lui  sont  propres,  en  arrive  à 
conclure,  d'une  part,  à  la  nidoration  de  certaines  viandes, 
d'autre  part  à  la  possibilité,  péremptoirement  démontrée, 
de  les  rendre  complètement  anidoriennes. 

Pourtant  nous  nous  faisons  cette  question,  que  nous 
adressons  au  docteur  Cornay  :  n'y  aurait-il  pas  moyen 
d'améliorer,  par  l'entremise  de  X Adènisation,  une  bonne 


52       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

partie  des  animaux  comestibles  déclarés  par  lui  anidoriens. 

L'auteur  considère  le  Mouton  comme  anidorien.  Nous 
avons  vu  cependant  le  docteur  Em.  Rousseau  reconnaître 
chez  ce  Ruminant  deux  poches  inguinales.  Loin  de  nous 
l'idée  d'induire  une  contradiction  quelconque  entre  ces 
deux  propositions;  nous  sommes,  au  contraire,  convaincu 
qu'elles  se  contrôlent,  ou  plutôt  se  complètent,  sans  aucun 
doute,  l'une  par  l'autre.  Mais  enfin,  si  ces  poches  sécrètent 
une  matière  exhalant  une  certaine  odeur,  ne  peut-on  pas 
se  demander  si  ces  réservoirs  ne  contribuent  pas,  dans 
une  certaine  mesure,  à  développer  dans  la  viande  du 
Mouton  cette  odeur  rappelant  un  peu  celle  du  Roue  ou 
du  suint  de  laine?  et,  dans  ce  cas,  si  l'ablation  de  ces 
glandes,  et  par  conséquent  l'application  à  cet  animal  des 
Principes  de  Vadénisation,  ne  parviendraient  pas  à  purifier 
sa  chair  de  ce  fumet  nauséabond? 

Par  la  même  raison,  nous  serions  curieux  d'apprendre 
si  les  animaux  classés  par  le  docteur  Cornay  comme  ani- 
doriens ne  posséderaient  pas  d'autres  sources  de  fétidité 
et  de  mauvaise  odeur,  ou  glandes  dans  le  genre  de  celles 
indiquées  par  le  docteur  Em.  Rousseau;  et,  dans  ce  cas, 
quelle  influence  ces  glandes  peuvent  exercer  sur  la  nature 
de  la  viande  qu'elles  affectent,  et  quelle  qualité  pourrait 
lui  ajouter  une  adénisation  complète. 

Mais,  nous  le  savons,  le  docteur  Cornay,  trop  modeste 
pour  viser  au  rang  de  savant  officiel,  est  de  ceux  qui,  sa- 
tisfaits d'avoir  trouvé  une  idée  ou  opéré  une  découverte 
utiles  à  leurs  semblables,  jettent  l'idée  au  vent  et  abandon- 
nent la  découverte  au  premier  occupant,  persuadés  qu'ils 
sont  que  l'une  et  l'autre  feront  toujours  bien  leur  chemin 
dans  le  monde.  Il  faut  certainement  être  riche  de  son 
propre  fond  pour  en  agir  de  la  sorte  !  Nous  n'en  félicitons 
que  davantage  le  docteur  Cornay,  et  l'engageons  encore 
plus  à  persévérer  dans  cette  voie,  tout  en  lui  demandant, 
après  y  avoir  apposé  son  cachet,  de  mettre  la  dernière 
main  à  son  œuvre.  Il  se  borne,  lui,  à  frapper  le  silex  pour 


TRAVAUX   INÉDITS.  53 

en  faire  jaillir  la  lumière;    mais   encore  sait-il  ne  pas 
prendre  la  pierre  pour  le  silex;  car  tout  est  là. 

Nous  désirons  vivement  voir  apprécier  le  nouveau  livre 
du  docteur  Cornay  à  sa  haute  valeur  par  ceux  qui  s'occu- 
pent de  l'alimentation  publique  et  des  moyens  d'en  ac- 
croître les  ressources  ;  et  nous  ne  saurions  trop  pourquoi 
la  Société  zoologique  d'acclimatation,  qui  a  trouvé  des 
échos  si  brillants  et  si  dignes  de  lui  pour  l'illustre  introni- 
sateur  de  la  viande  de  cheval,  qui  fait  encore  tant  et  de  si 
chaleureux  accueils  aux  travaux  de  sériciculture  du  savant 
directeur  de  la  Revue  et  magasin  zoologique,  n'en  réserverait 
pas  quelques-uns,  dans  son  enceinte,  pour  répandre  et  po- 
pulariser toutes  les  conséquences  qui  peuvent  découler  des 
Principes  d' Âdénisation  bien  entendus  et  sainement  appli- 
qués. 

Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 

par  M.  H.  de  Saussure. 

Deuxième  article.  (Voir  p.  3.) 

Famille  des  Cavides. 

Dastprocta  mexicana.  Nigra,  albido-tessellata,  sine  ullo  coloris  fui 
vesceutis  vcstigio;  dorsi  line;\  chine  longe  oinninoque  nigro-pilosi , 
jugulum  et  ventris  pars  postica  alba;  pectus  brunneum  albo-tes- 
sellatum;  spatium  cinereum  (vel  fuscum)  in  interna  carporum  facie. 
Caudu;  longitude»,  8  lin. 

La  couleur  du  fond  du  pelage  est  noire,  mais  sur  les 
côtés  elle  devient  brunâtre  ;  le  corps  est  presque  tout  en- 
tier semé  de  petites  mouchetures  blanches  qui  tiennent  à 
ce  que  les  poils  sont  annelés  de  blanc  ;  toutefois  la  ligne  du 
dos  est  dépourvue  de  mouchetures. 

La  tête  est  revêtue  d'un  poil  couché,  noir  sur  le  sommet, 
brunâtre  sur  les  côtés  ;  chacun  des  poils  envisagé  isolé- 
ment offre  près  du  bout  un  espace  blanc,  mais  la  pointe 
redevient  noire.  Sur  la  ligne  médiane  du  crâne,  les  poils 
sont  plus  longs,  et  il  se  mêle  des  poils  entièrement  noirs 
aux  poils  mouchetés  de  blanc.  Le  four  des  yeux  est  presque 


54       kev.  et  mag.  de  zoologie.  [Février  1860.) 

nu;  les  lèvres  sont  nues,  garnies  d'un  fin  duvet  gris  ou 
brun.  La  moustache  est  noire.  Les  oreilles  sont  arrondies 
au  bout,  avec  leur  bord  postérieur  un  peu  excisé;  elles  sont 
garnies  de  poils  bruns  ras  et  peu  abondants,  surtout  rares 
en  dedans.  Le  dessous  de  la  tête  et  la  gorge  sont  blancs,  et 
les  poils  qui  couvrent  ces  parties  sont  blancs  dans  toute 
leur  étendue.  Les  poils  qui  revêtent  les  côtés  du  corps  et 
du  cou  sont  assez  longs;  ils  ont  leur  base  brune  et  le  reste 
de  leur  étendue   noir,  avec  deux  anneaux  blancs,  l'un 
placé  près  de  leur  base,  l'autre  près  de  leur  extrémité; 
tontefois  celui-ci  est  souvent  aussi  placé  sur  le  milieu  du 
poil  ou  manque  totalement.  Il  résulte  de  la  superposition 
de  ces  poils  une  moucheture  très-dense  sur  les  flancs  et 
sur  les  côtés  du  cou.  Le  milieu  de  la  partie  postérieure  de 
la  tête  et  la  ligne  du  dos  dans  toute  son  étendue  sont 
garnis  de  très-lougs  poils  entièrement  noirs.  Ceux  qui  avoi- 
sinentimmédiatement  la  bande  noire  du  dos  sont  très-longs 
aussi  et  ne  portent  qu'un  seul  anneau  blanc  près  du  bout. 
L'épaule  et  la  cuisse  postérieure  sont  mouchetées  plus  den- 
sement  que  les  Canes  ;  leurs  poils  n'offrent  qu'une  seule 
mouche  blanche  vers  le  bout  et  sont  plus  courts  que  ceux 
des  flancs.  La  bande  noire  du  dos  s'élargit  vers  la  partie 
postérieure  du  corps,  et  ses  poils  s'allongent;  la  couleur 
finit  par  envahir  tout  le  sacrum  et  toute  la  partie  posté- 
rieure du  corps  qui  correspond  aux  fesses,  lesquelles  sont 
également  garnies  de  très-longs  poils  entièrement  noirs. 
Le  dessous  du  cou,  la  poitrine  et  le  commencement  du 
ventre  sont  mouchetés  de  blanc  et  de  brun,  les  deux  cou- 
leurs s'équilibrant  à  peu  près.  Sur  la  poitrine,  les  poils, 
envisagés  isolément,  sont  brun  clair  dans  leur  première 
moitié  et  blancs  dans  la  seconde  ;  plus  en  arrière  ils  sont 
bruns  avec  un  long  anneau  blanc  qui  atteint  presque  la 
pointe  ;  enfin  à  la  partie  postérieure  du  ventre,  au  pubis 
et  entre  les  cuisses  postérieures,  ils  deviennent  entièrement 
blancs,  ou  blancs  avec  la  base  grise,  ce  qui  donne  au  pe- 
lage de  ces  régions  une  couleur  blanche.  Chez  certains  in- 


TRAVAUX    INÉDITS.  55 

dividus  (cf  ?)  le  blanc  s'étend  en  avant  jusqu'au  sternum 
et  au  delà,  et  la  poitrine  est  alors  assez  pâle.  Les  pattes 
antérieures  sont  noirâtres,  mouchetées  de  blanc  en  dehors 
et  en  dessus,  blanchâtres  en  dedans  et  en  dessous  (les 
poils  étant  blancs  avec  la  base  grise).  A  la  face  interne  du 
pied  on  voit  une  grande  tache  grisâtre  ou  brune,  à  poils 
ras,  qui  commence  au-dessus  du  carpe  et  qui  s'étend  jus- 
qu'à l'origine  de  l'index.  Le  reste  des  pieds  est  noirâtre, 
avec  de  fines  mouchetures  blanches  sur  les  côtés.  Les 
jambes  postérieures  (tibias)  sont  noires  postérieurement, 
densément  mouchetées  antérieurement.  Les  pieds  posté- 
rieurs sont  noirs  avec  quelques  poils  blancs  épars  et  avec 
une  fine  moucheture  vers  l'origine  de  l'index.  La  petite 
queue,  qui  reste  cachée  dans  les  poils,  est  d'un  noir  lui- 
sant; elle  atteint  8  lignes  de  longueur.  Longueur  du  corps 
17  pouces;  —  id.  du  tibia  antérieur,  2  pouces  10  lignes; 
—  id.  du  pied  antérieur,  1  pouce  10  lignes;  — id.  du  tibia 
postérieur,  3  pouces  10  lignes  ;  —  id.  du  pied  postérieur, 
4  pouces. — Distance  de  l'œil  au  bout  du  museau,  2  pouces. 
Longueur  de  la  tête  osseuse,  3  pouces  11  lignes;  largeur, 
1  pouce  9  lignes.  Distance  de  l'orbite  au  bout  du  museau, 
1  pouce  7  lignes.  Ces  mesures  sont  la  moyenne  de  celles 
que  j'ai  prises  sur  trois  individus  en  peaux  et  empaillés. 

Ce  charmant  petit  animal  habite  la  zone  chaude  du 
Mexique.  Sa  chair  est  un  excellent  manger,  et  on  le  chasse 
comme,  chez  nous,  les  lièvres  ;  mais  il  est  beaucoup  plus 
difficile  à  atteindre,  à  cause  de  sa  grande  agilité  et  des 
bonds  prodigieux  au  moyen  desquels  il  franchit  les  obsta- 
cles. 

Il  est,  du  reste,  d'un  caractère  très-doux.  Lorsqu'on  le 
prend  jeune,  il  s'apprivoise  facilement, et  son  extrême  pro- 
preté fait  qu'on  peut  le  laisser  courir  librement  dans  les 
maisons.  J'ai  rapporté  un  de  cesanimaux  vivant  en  Europe, 
mais  les  bonds  énormes  dans  lesquels  il  franchissait  les 
tables  et  renversait  les  objets  des  appartements,  lorsqu'un 
étranger  lui  causait  quelque  épouvante,  m'ont  obligé  de 


56       rev.   et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

m'en  défaire.  Je  l'ai  donné  à  la  ménagerie  du  muséum,  où 
il  estmort  peu  de  temps  après. 

On  pourrait  être  tenté  de  voir  dans  cet  Agouti  le  D.  nigra 
de  Gray,  dont  la  figure  correspond  assez  bien  à  notre  es- 
pèce. Mais  celui-ci  paraît  être  le  même  que  le  D.  fuliginosa, 
Wagl.,  qui  est  lui-même  peut-être  une  variété  du  D.  cris- 
tata>  Desm.,  lesquelles  espèces  ont  du  jaunâtre  dans  leurs 
poils,  tandis  que  notre  espèce  a  ses  mouchetures  franche- 
ment blanches.  De  plus,  l'espèce  de  Gray  a  les  poils  du  dos 
blancs  à  leur  base,  tandis  que  le  nôtre  les  a  entièrement 
noirs.  Il  serait,  du  reste,  impossible  de  déterminer  avec 
précision  des  mammifères  sur  des  descriptions  aussi  in- 
complètes que  celles  dont  l'auteur  a  trop  souvent  fait 
usage  (1). 

FAMILLE   DES   LÉPORIDES. 

Lepuscallotis,  Wagl.  —  Cette  espèce  (si  c'est  bien  elle) 
se  trouve  abondamment  dans  les  montagnes  de  la  province 
du  Mechoacan.  —  Notre  individu  offre  le  bord  interne 
des  oreilles  longuement  cilié  de  poils  fauve  pâle.  Le 
bord  externe  est  blanc,  ainsi  que  la  moitié  de  la  face  pos- 
térieure de  l'oreille  dans  son  tiers  terminal.  La  moitié 
externe  de  la  face  postérieure  vers  le  bout  est,  au  contraire, 
brunâtre,  puis  perlée.  Le  blanc  et  le  gris-fauve  sont  limi- 
tés par  une  ligne  droite,  au  contact  de  laquelle  le  gris 
devient  jaunâtre.  Le  bout  de  l'oreille  se  trouve  compris 
dans  la  zone  blanche.  En  descendant  le  long  du  bord  in- 
terne, on  trouve  d'abord  un  espace  gris-fauve,  puis  un 
espace  noirâtre,  qui  s'arrête  là  où  commencent  les  longs 
cils  jaunâtres. 

FAMILLE   DES   SCIURIDES. 

Spermophilus  grammarus  ?  Say.  —  Un  individu  tué  sur 

(1)  On  peut  en  juger  par  la  description  suivante  du  D.  nigra  : 
«  Noir,  moucheté  de  blanc;  épaules  et  hanches  plus  noires.  Pattes 

noires  ;  gorge  grise;  ventre  un  peu  plus  gris.  Poils  du  dos  allongés 

couchés  et  blancs  à  leur  base.  » 


TRAVAUX    INÉDITS.  57 

le  plateau  du  Mexique  pourrait,  à  la  rigueur,  se  rapporter 
à  cette  espèce.  Il  correspond  parfaitement  à  la  description 
qu'en  donne  Sp.  Baird  (Explorations  a  Survey  for  a  Rail- 
road  route  from  Mississipi  riv.,  etc.,  t.  VIII,  p.  310);  mais 
il  offre,  dans  le  pelage,  des  différences  qui  indiquent  peut- 
être  une  espèce  distincte. 

La  face  externe  des  oreilles  est  garnie  de  poils  bruns,  un 
peu  mouchetés  de  fauve,  tandis  que  l'externe  n'est  garnie 
que  de  poils  fauves.  Le  dessus  de  la  tête  est  très-foncéf 
peu  moucheté;  les  deux  teintes  du  corps  sont  peu  fortement 
prononcées.  La  queue  est  mêlée  de  fauve-pâle  et  de  noir, 
le  fauve  dominant  ;  mais  on  n'y  remarque  pas  les  trois  an- 
nelures  noires  décrites  par  Baird;  en  dessous  seulement, 
depuis  le  milieu,  on  découvre  6  bandes  noires  transver- 
sales peu  régulières.  Les  poils  de  la  queue  sont  gris-blan- 
châtres avec  3  ou  4  annelures  noires,  leur  base  et  leur 
pointe  étant  toujours  pâles.  L'iris  est  noir. 

Les  Spermophiles  habitent  en  grande  abondance  les 
plaines  du  plateau  du  Mexique;  le  plus  commun  est  le  Sp. 
meœicanus.  Beulloch  avait  déjà  signalé  la  quantité  de  ces 
animaux  que  l'on  voit  courir  dans  les  plaines  du  plateau 
de  Perote  (le  Mexique  en  1823,  II,  71). 


Considérations  sur  les  oeufs  des  oiseaux  , 
par  A.  Moquin -Tandon. 

Voir  le  commencement  de  ce  travail,  vol.  XI,  1859, 
p.  414  et  469,  et  vol.  XII,  1860,  p.  11. 

Chapitre  IV.  —  du  poids  des  oeufs. 

§  1er.  Poids  total.  —  On  dit  que  le  poids  moyen  d'un 
œuf  de  Poule  est  de  58  grammes;  Buffon  l'a  trouvé  d'en- 
viron 1  once,  6  gros,  ce  qui  fait  seulement  44§,61.  D'a- 
près M.  Dumas,  sur  une  moyenne  de  10  œufs,  le  poids  a 
été  de  58^50.  Les  statistiques  officielles  estiment  que 
160  œufs  produisent  1  kilog..  ce  qui  suppose  62«,5  par 


58       kev.  et  màg.  de  zoologie.  [Février  1860.) 

œuf.  D'après  M.  Rayer,  le  poids  serait  64  grammes.  La 
moyenne  entre  ces  diverses  évaluations  est  de  578,40. 

Voici  le  poids  de  deux  œufs  pris  au  hasard  dans  un 
panier  (ces  œufs  n'étaient  pas  très-gros). 
N°  1 ,  51s,35 
2,  51*,92 
En  prenant  la  moyenne,  c'est-à-dire  51&,66,  on  peut  con- 
clure qu'une  Poule  qui  aura  pondu  120  œufs,  dans  deux 
ans,  aura  produit,  pendant  cet  espace  de  temps,  6\4  de 
matière  nécessaire  à  cette  formation. 

§  2e.  Poids  des  diverses  parties.  —  Selon  Berzélius,  d'a- 
près une  moyenne  proportionnelle  prise  sur  10  œufs,  la 
coquille  avec  sa  membrane,  le  blanc  et  le  jaune  se  trou- 
vent dans  les  rapports  suivants  : 

Coquille  et  sa  membrane 106,9 

Blanc 604,2 

Jaune 288,9 

D'après  Vauquelin,  la  coque  d'un  œuf  de  Poule  pèse, 
en  moyenne,  5  grammes;  calcinée,  elle  perd  le  cinquième 
de  son  poids. 

Voici  les  poids  proportionnels  des  parties  constituantes 
des  deux  œufs  dont  j'ai  parlé  plus  haut  : 

N°  1 518,35 

Cuit  dur 508,66 

Perte »  69 

Coque 5s,39 

Blanc 286,30 

Jaune 168,11 

Perte »   86 

~  508,66 

N°  2 518,92 

Cuit  dur 518,48 

Perte »   44 


TRAVAUX    INÉDITS.  59 

Coque 5*,39 

BlaTic 308,14 

Jaune 15s,22 

Perte »   34 

518,09 

Les  proportions  sont  donc  à  peu  près  : 

Coque,  1 

Blanc,    6 

Jaune,    3 

Voici  le  poids  de  plusieurs  autres  œufs  : 

1°  Un  œuf  d'Aigle  (un  peu  couvé)  a  pesé, 

plein Î28s,  » 

Vide 148,73 

2°  Deux  œufs  d'Oie  de  Pondichéry  ont  pesé, 

pleins,  2338,40,  c'est-à-dire  chacun..  .  .  116*70 
Vides.  .  51s,93,  c'est-à-dire  chacun.  .  .  25s,96 
3°  Un  œuf  de  Courlis  de  terre,  assez  gros, 

mais  un  peu  couvé,  a  pesé,  plein.  .  .  .      36s,30 

Vide 38,32 

4°  Un  autre  du  même  Oiseau  a  pesé  : 

Vide 38,15 

Un  autre.  .  .  2*,95 
Un  autre.  .  .  3*, 32 
Un  autre.  .  .  3«,17 
Un  autre.  .  .  3s,22 
Un  autre.   .  .     3§,58 

198,39  Moyenne 3?,23 

5°  Quatre  œufs  de  Scops,  frais,  ont  pesé, 

pleins,  42s,  c'est-à-dire  chacun 10*, 50 

Huit  œufs  du  même  Oiseau  ont  pesé,  vides, 

7s,52,  c'est-à-dire  chacun 0*,94 

6°  Un  œuf  de  Tourterelle  à  collier,  frais,  a 

pesé,  plein 7«,64 

Vide 0^,68 


60      rev.  et  mag.  de  zoologie.   (Février  1860.) 

7°  Cinq  œufs  de  Merle,  pleins,  m'ont  donné, 
N°  1 68,70 

2 68,75 

3 6s,77 

4 68,80 

,5 78,50 


Ensemble 348,52,  dont  le  cin- 
quième est 6«,90 

Le  poids  du  numéro  5  est  très-remarqua- 
ble par  son  élévation  ;  il  dépasse  de  80  centi- 
grammes celui  du  numéro  1. 
Les  coques  de  ces  œufs  ont  pesé  ensemble 

3  grammes,  dont  le  cinquième  est.  .  .  .        06,60(1) 
8°  Neuf  œufs  de  Moineau  pleins  ont  pesé 

28&J2,  par  conséquent  chacun 3s,12. 

Les  mêmes  œufs  vides  ont  donné  2§,42, 

par  conséquent  chacun 0?,25  (2) 

De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  que  le  poids  de  la  co- 
que est  à  celui  des  parties  intérieures  : 

Dans  YOie  de  Pondichéry  .  .  comme  1  :     4,50 

Dans  l'Aigle comme  1   :     8,08 

Dans  la  Poule comme  1  :     9,00 

Dans  le  Scops comme  1  :  11,20 

Dans  le  Courlis  de  terre.  .  .  comme  1  :  11,24 

Dans  la  Tourterelle comme  1   :  11,24 

Dans  le  Merle comme  1  :  11,50 

Dans  le  Moineau comme  1  :  12,50 

Ces  rapports  sont  très-remarquables  ;  ils  sont  contraires 
à  ce  que  l'on  aurait  été  tenté  d'admettre  à  priori.  On  au- 
rait supposé,  d'après  la  forme  des  œufs,  que  le  poids  re- 
latif des  coques  devait  augmenter  avec  la  diminution  du 
volume.  Ce  résultat  différent  tient,  sans  doute,  à  l'épaisseur 

(1)  Dans  les  œufs  d'une  autre  couvée,  j'ai  trouvé  42  centig.  50. 

(2)  Dans  les  œufs  de  deux  autres  couvées,  j'ai  trouvé  seulement 
18  gr.  75. 


TRAVAUX    INEDITS.  61 

de  l'enveloppe,  qui  s'accroît  très-rapidement  avec  la  taille 
des  œufs. 

Voici  le  poids  de  quelques  autres  coques  ;  pour  la  plu- 
part j'ai  pris  la  moyenne  de  10  œufs. 

Œuf  de  Cygne 41*,10 

de  Paon 12*,58 

de  Catharte 9*,73 

de  Pintade 6s,15 

de  Geai 0«,64 

de  Grive 0s,35 

de  Bruant 0«,16 

de  Friquet 0s,15 

de  Pinson 0s,13 

de  Chardonneret Os,  11 

de  Linotte .       0«,08 

de  Troglodyte 0s,07 

de  Roitelet 0§,05 

§  3e.  Perte  du  poids.  — Quand  on  abandonne  à  eux- 
mêmes  des  œufs  de  Poule  féconds  ou  inféconds,  ils  per- 
dent environ  33  milligrammes  de  leur  poids  par  jour.  Les 
matières  intérieures  se  dessèchent  et  finissent  par  former 
une  petite  masse  solide  qui  se  retire  vers  une  extrémité. 
Il  en  est  de  même  dans  tous  les  œufs.  L'accumulation  du 
blanc  et  du  jaune  dans  un  point  de  la  cavité  intérieure 
empêche  de  pouvoir  poser  l'œuf  dans  tous  les  sens.  Il 
tourne  souvent  sur  lui-même,  et  se  déplace  brusquement 
pour  se  mettre  en  équilibre,  et,  s'il  est  dans  une  capsule, 
il  va  frapper  les  bords  de  celle-ci.  Dans  ces  mouvements, 
les  œufs  à  coque  mince  se  cassent  quelquefois. 

Lorsqu'un  œuf  est  soumis  à  l'incubation,  il  perd  aussi 
une  partie  de  son  poids.  Cette  perte  dans  les  œufs  de 
Poule  est  de  5  pour  100  après  la  première  semaine,  de  13 
après  la  seconde,  et  de  16  après  la  troisième.  Sur  12  œufs 
mis  en  observation,  M.  Dumas  a  trouvé  que  la  perte  to- 
tale était,  en  moyenne,  de  7s, 72. 
On  a  vu  plus  haut  qu'un  œuf  de  Moineau  plein  a  pesé 


62       rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Février  1860.) 

3«,  12.  Neuf  œufs  du  même  Oiseau,  couvés  (l'embryon 
offrait  déjà  près  de  3  centimètres  de  longueur),  ont  pesé 
228,74,  c'est-à-dire  chacun  2s,52. 

(La  suite  au  prochain  numéro.) 


Notes  nido-oologiques,  par  M.  Ch.  F.  Dubois. 

Procnias  CjErulea. —  Syn.   Ampelis  tersa  ,   Lin.  —  Hi- 

rundo  viridis  (femelle),  Temm.  —  Tersa  cayana,  Steph. 

—  Tersina   cœrulea,   Vieill.  —  Procnias   hirundinacea, 

Swains.  —  P.  ventralis,  Illig.  —  P.  cyanotropus,  Pr. 

Max.  —  P.  cœrulca,  Dubois. 

Le  nid  de  cet  Oiseau,  représenté,  sur  la  planche  n, 
f.  1 ,  aux  deux  tiers  de  sa  grandeur  naturelle ,  a  été 
trouvé  au  Brésil,  dans  un  endroit  humide,  près  de  la  ri- 
vière Parahyba.  Ce  nid,  de  forme  circulaire,  est  très-lé- 
gèrement construit  et  offre  peu  de  consistance.  Il  est 
composé  principalement  de  feuilles  de  graminées  entrela- 
cées de  fibres  provenant  d'écorces  et  de  péricarpes  de 
noix  de  coco  ;  l'intérieur  n'offre  d'autre  matière  qu'une 
couche  plus  abondante  de  ces  mêmes  fibres.  La  plupart 
des  feuilles  qui  entrent  dans  la  composition  de  ce  nid 
conservent  leur  couleur  verte,  ce  qui  donne  à  son  en- 
semble une  teinte  verdâtre  qui  le  fait  facilement  recon- 
naître parmi  d'autres. 

Lorsque  nous  reçûmes  ce  nid,  il  contenait  trois  œufs, 
mais  il  est  possible  que  la  ponte  entière  soit  plus  nom- 
breuse. Ces  œufs,  de  forme  ellipsoïde,  sont  mats  ,  d'une 
couleur  blanche  un  peu  rougeâtre,  et  parsemés,  dans  toute 
leur  étendue,  de  taches  et  de  veines  d'un  brun  tirant  sur 
le  rouge.  —  pi.  n,  f.  2. 

Nous  nous  entretînmes  longtemps  sur  ce  sujet  avec 
M.  le  docteur  Thienemann,  ce  savant  ovologiste,  dont  la 
mort  récente  est  une  perte  irréparable  pour  la  science. 
Cet  estimable  savant,  dont  le  souvenir  nous  sera  toujours 
cher,  vint  nous  rendre  visite  à  Bruxelles  l'été  avant  sa 


TRAVAUX    INÉDITS.  63 

maladie,  époque  à  laquelle  nous  venions  de  recevoir  di- 
rectement du  Brésil  une  partie  d'oiseaux  accompagnés 
de  leurs  nids  et  de  leurs  œufs.  M.  Thienemann  trouva 
dans  cet  envoi  sept  espèces  différentes  de  nids  qui  lui 
étaient  toutes  inconnues,  et  parmi  lesquelles  se  trouvait  le 
nid  de  ce  Procné. 

M.  Thienemann  nous  dit  qu'il  était  occupé  à  faire  une 
planche  supplémentaire  pour  son  ouvrage  :  Fortpflan- 
zungsgeschichte  der  gesammten  Vôgel;  mais  ayant  trouvé, 
pendant  son  voyage,  plusieurs  espèces  nouvelles  d'œufs, 
il  se  proposait  d'ajouter  encore  deux  planches  à  la  pre- 
mière. Nous  eûmes  le  bonheur  de  pouvoir  lui  faire  accep- 
ter un  exemplaire  des  espèces  rares  que  nous  possédions, 
afin  de  lui  fournir,  autant  que  possible,  le  moyen  de  com- 
pléter son  important  travail. 

Il  ne  put  malheureusement  pas  mettre  son  projet  à 
exécution,  car,  à  la  suite  d'une  longue  et  douloureuse  ma- 
Iedie,  il  mourut  à  sa  campagne,  près  de  Dresde,  le 
24  juin  1858. 

Nous  nous  proposons  maintenant  de  communiquer  aux 
lecteurs  de  cette  revue  les  nids  et  les  œufs  qui  n'auraient 
pas  été  représentés  dans  le  bei  ouvrage  du  docteur  Thie- 
nemann, ni  dans  aucune  autre  publication. 
Turdus  rufiventris.  —  Syn.  T.  chochi  et  T.  rufiventris, 

Vieillot. 

Le  nid  de  cette  Grive,  originaire  du  Brésil,  ressemble 
beaucoup  à  celui  de  notre  Turdus  merula.  Il  se  compose 
de  radicelles,  de  ramules  et  de  feuilles  mortes,  le  tout 
maçonné  avec  de  la  terre,  formant  une  masse  lourde  et 
compacte.  L'intérieur  du  nid  mesure8  centimètres  de  pro- 
fondeur sur  10  centimètres  de  diamètre;  il  est  propre- 
ment tapissé  de  fins  brins  d'herbe  et  de  fibres  de  noix  de 
coco. 

Ce  nid  contenait  quatre  œufs  d'une  teinte  verdâtre, 
parsemée  de  taches  d'un  brun  rougeâtre,  qui  sont  plus 


6k      rev.   et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

rapprochées  et  plus  nombreuses  vers  le  côté  obtus  (voy. 

pi.  n,  f.  3). 

Bombycilla.  garrula.  —  Syn.  :  Lanius  garrulus  et  Ampelis 

garrulus,   Lin.  —  Garrulus  bohémiens,  Gesn.  —  Parus 

bombycilla,  Pall.  —  Bombycivora  garrula,   Temm. — 

Bombycivora  poliocœlia  ,   Meyer.  —  Bombycilla  bohe- 

mica,  Briss.  —  Bombycilla  garrula,  Illig. 

Le  mode  de  nidification  de  cet  Oiseau  étant  très-peu 
connu  de  la  plupart  des  ornithologistes,  nous  espérons 
leur  être  utile  en  donnant  quelques  détails  sur  ce  sujet, 
ainsi  qu'un  dessin  de  grandeur  naturelle  de  l'œuf  de 
cette  espèce  (pi.  n,  f.  4). 

Pendant  longtemps,  malgré  bien  des  recherches,  au- 
cun voyageur  n'était  parvenu  à  se  procurer  un  nid  de  cet 
Oiseau;  mais,  depuis  peu,  un  Anglais,  du  nom  de  John 
Wolley,  eut  le  bonheur  de  trouver  en  Laponie  ce  nid  tant 
désiré  :  quelque  temps  après,  on  en  trouva  également  en 
Finlande. 

Les  Jaseurs  garrules  nichent,  en  sociétés  plus  ou  moins 
nombreuses,  dans  les  sombres  forêts  de  pins  et  de  sapins; 
ils  construisent  leur  nid  sur  ces  conifères,  à  une  hauteur 
de  15  à  20  pieds ,  circonstance  qui  a  beaucoup  con- 
tribué, avec  le  naturel  tranquille  et  flegmatique  de  ces 
Oiseaux,  à  tenir  leur  habitation  si  longtemps  cachée  aux 
yeux  des  naturalistes.  Maintenant  que  la  manière  de  ni- 
cher de  ces  Oiseaux  est  connue,  il  ne  sera  plus  aussi  diffi- 
cile de  s'emparer  de  leur  nid,  surtout  avec  l'aide  des 
chasseurs  lapons. 

L'œuf  de  cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  celui  du 
Coccothraustes  vulgaris  et  du  Lanius  ruficeps  ;  il  peut  faci- 
lement être  confondu  avec  les  œufs  de  ces  derniers.  Un 
amateur  pourrait  ainsi  recevoir  un  soi-disant  œuf  de 
Bombycilla  garrula  et  resterait  dans  l'erreur  à  cet  égard 
aussi  longtemps  qu'il  ne  pourrait  le  confronter  avec  un 
véritable. 

Le  nid  est  composé  de  fins  branchages  de  pin  et  de 


TRAVAUX    INDUITS.  65 

mousse  ;  à  l'extérieur,  il  est  encore  entouré  d'un  tissu 
•pais  d'Usnée  barbue  (Usnea  barbata);  l'intérieur  est 
bourré  de  fins  brins  d'herbe  et  de  quelques  plumes,  par- 
fois aussi  de  poils  de  Renne.  Ce  nid  mesure  12  centi- 
mètres de  hauteur,  18  centimètres  de  largeur,  8  centi- 
mètres de  profondeur  et  9  centimètres  de  diamètre  inté- 
rieur :  on  y  trouve  ordinairement  cinq  ou  six  œufs,  dont 
la  coque  peu  luisante  est  à  grains  très-fins;  ils  sont  d'un 
blanc  verdàtre  et  recouverts  de  petites  et  de  grandes 
taches  noires,  mais  jamais  de  petites  veines  comme  les 
œufs  du  Coccothraustes  vulgaris.  Ceux  du  Lanius  ruficeps 
ont  aussi  beaucoup  d'analogie  avec  ces  œufs,  lorsque  leur 
teinte  verdàtre  est  assez  prononcée;  mais  ils  n'acquièrent 
jamais  la  grandeur  de  ceux  du  Bombycilla  garrula. 


AMÉNITÉS  MALACOLOGIQUES; 
par  M.  J.  H.  Bourguignat  (1). 

§  LXXX1I. 

Sur  quelques  espèces  du  groupe  de  l  Hélix  aspersa. 

Les  espèces  qui  composent  le  groupe  de  coquilles  au- 
quel Y  Hélix  aspersa  sert  de  type  sont  peu  nombreuses. 
Une  douzaine,  tout  au  plus,  doivent  en  faire  partie.  — 
Parmi  ces  coquilles,  plusieurs  sont  étrangères  au  système 
conchyliologique  européen.  4  seulement  vivent  en  Europe. 
Ce  sont  les  H.  aspersa,  Mazzulii,  Quincayensis,  tristis. 

De  ces  4  espèces,  nous  n'allons  nous  occuper  que  des 
Hélix  Mazzulii  et  Quincayensis  ,  les  deux  autres  étant  par- 
faitement connues  de  tous  les  naturalistes. 

La  plupart  des  conchyliologues  ont  confondu  sous  l'ap- 
pellation de  Mazzuliij  ou  sous  celles  de  retirugis,  cris- 

(1)  M.  Bourguignat  faisant  don  à  la  Revue  de  la  lithographie  des 
si*  planches  qui  accompagnent  ^on  travail,  elles  ne  compteront  aux 
souscripteurs  que  pour  la  valeur  de  trois  planches  noires,  ou  trois 
feuilles,  au  lieu  de  &ix  ^ frais  du  tirage  et  papier),  lîlles  porteront  les 
nM  :j  à  8. 

2e  skriu.   r.  xh.  Année  îfctiO.  5 


66       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

pata,  voire  même  d'aspersa,  deux  espèces  bien  distinctes. 
Voici  les  principales  synonymies  de  ces  deux  espèces 
et  leurs  caractères  différentiels. 

1°  Hélix  Mazzulii. 
Hélix  crispata  (pars)  (1),  Costa,  Cat.  test.  Nap.,  p.  106  et 
111,  n«  23.  1829. 

—  Mazzullii  Cristofori  et  Jan,  Mant.  —  VI,  2.  1832. 
__    _-    Philippi,  Moll.  sicil.,  I,p.  126,  tab.  VIII,  f.  3. 

1836. 

—  crispata,  Scacchi,  Cat.  conch.  Nap.,  p.  16.  1836. 

—  aspersa,  Var.  Mazzulii,  Rossmassler,  Icon.Vet  VI, 

p.  5,  tab.  22,  f.  295  et  2Q6.  1837. 
Pomatia  Mazzulii,  Beck,  Ind.  Moll.,  p.  44.  1837. 
Hélix  Mazzulii  (pars),  Pirajno,  Cat.  Moll.  Madonie,  p.  13. 
1840. 

—  retirugis  (pars).  Cantraine,  Malac.  méd.,  p.  100. 

1840. 

—  —    (pars),  Calcara,  Moll.  terr.  e  fluv.  Pal.,  p.  22, 

n°  36.  1842. 

—  Mazzulii  (pars),  L.  Pfeiffer,  Monogr.  Hel.  viv.,  I, 

p.  242.  1848. 

—  aspersa,  Var.  crispata  (pars)  (2),  Moq.-Tand.,  Moll. 

France,  II,  p.  175,  t.  13,  f.  30.  1855. 

—  Costae,  Benoit,  Illust.  test.  Estram.  Sicil.,  fasc.  2, 

p.  72,  tab.  1,  fig.  10.  A.  B.  (seulement). 
1857. 
Testa  imperforata,  globoso-conica,  tenui,  flavida,  eleganter  striata; 

—  spira  contorta,  apice  obtuso;  —  anfractibus  4  convexiusculis, 
celeriter  crescentibus  ;  —  ultimo  magno,  iuflalo,  ad  aperturam 
descendente;  —  apertura  obliqua,  ampla,  fere  circulari  ;  peristo- 
mate  simplicc,  paululum  reflexiusculo;  raarginibus  approximatis 
callo  nitido  junctis. 

Coquille  imperforée,  conique,  globuleuse,  assez  fragile, 
jaunâtre  et  très-élégamment  sillonnée  de  stries  saillantes 
et  régulières.  Spire  qui  semble  contournée.  Sommet  ob- 

(1)  Et  nou  Hélix  crispata  de  Férussac. 

(2)  Seulement  pour  la  description. 


TRAVAUX    INÉDITS.  67 

tus  <*t  non  aigu.  4  tours  convexes,  s'accroissant  très- rapi- 
dement ;  dernier  tour  renflé,  grand,  descendant  vers 
l'ouverture  et  se  relevant  ensuite  au  péristome  ;  ouverture 
grande,  oblique,  presque  circulaire;  péristome  simple, 
blanchâtre,  faiblement  épaissi  et  un  peu  réfléchi.  Bords 
marginaux  très- rapprochés  et  réunis  par  une  callosité 
blanchâtre. 

Hauteur,   30  —  40  millim. 

Diamètre,  28  —  35    id. 

Cette  espèce,  ordinairement  d'une  teinte  jaune  uni- 
forme, se  rencontre  également  ceinte  de  plusieurs  zones 
d'un  brun  marron.  Cette  variété,  dont  nous  avons  donné 
la  représentation  dans  les  planches  qui  accompagnent  cet 
ouvrage,  peut  être  caractérisée  ainsi  : 
v  vis.  B.  /limita.  —  Testa  magis  valide  striata;  —  zonis  3  vel  4  aut 

5  castaueis  eleganter  cincta. 

L'Hélix  Mazzulii  habite  en  Sicile,  notamment  dans  les 
environs  de  Céfalu ,  de  Palerme ,  etc.  Cette  espèce  vit 
également  dans  la  partie  méridionale  de  l'Italie,  surtout 
dans  la  province  de  Calabre. 

V Hélix  Mazzulii  ne  peut  être  rapprochée  que  de  l' Hé- 
lix dispersa  de  Mûller(Verm.  Hist.  II,  p.  59.  1774).  Mais 
l'on  distinguera  cette  espèce  de  cette  dernière 

1°  A  sa  spire  plus  contournée,  plus  conique,  plus  dans 
l'axe  columellaire; 

2°  A  son  sommet  plus  obtus  ; 

3°  A  son  ouverture  presque  circulaire  et  non  latérale- 
ment oblongue  comme  dans  Yaspersa; 

4°  A  ses  bords  marginaux  très-rapprochés  et  réunis  par 
une  callosité  assez  forte  ; 

5°  A  son  dernier  tour  plus  arrondi,  plus  réfléchi  ; 

6°  A  son  péristome  moins  épaissi,  moins  réfléchi; 

Etc.,  etc.. 

L'appellation  d'Hélix  crispata  établie  par  M.  Oronzio 
Costa  de  Naplcs,  en  L829,  ne  peut  être  adoptée,  parce 
qu'il  existe  dans  le  prodrome  de  Férussac  (1821)  une 


68       rev.  et  mag.  de  ZOOLOGIE.  [Février  1860.) 

autre  espèce  créée  également  sous  le  nom  d'Hélix  cris- 
pata. 

La  dénomination  de  Mazzulii,  établie,  en  1832,  par 
de  Cristofori  et  Jan,  est  donc  la  seule  que  l'on  doit  adop- 
ter pour  désigner  cette  Hélix. 

Quant  aux  appellations  de  retirugis  et  de  Costœ,  elles 
sont  inadmissibles. 

Hélix  Qmncayensis. 
Hélix  crispata  (1)  (altéra  pars),  Costa,  Cat.  test.   Nap., 
p.  106,  et  III,  n°23.  1829; 

—  retirugis,    Menke ,    Syn.    Meth.  Moll. ,    p.    14. 

1830  (2). 

—  Quinciacensis  (3),  Mauduyt,  ïabl.  Moll.  dép.  de  la 

Vienne,  p.  53,  1. 11,  f.  6-7.  1839. 

—  Mazzulii,  Pirajno,  Cat.  Moll.  Madonie,  p.  13.  1840 

(la  variété  B  seulement). 

—  retirugis   (altéra  pars),    Cantraine ,   Mal.  méd., 

p.  100.  1840. 

—  —    (alterav  pars,  variété  5),  Calcara,  Moll.  terr. 

fluv.  Pal.,  p.  22,  n°36.  1842. 

—  Mazzulii,  Philippi  (4),  Moll.  utr.  Sicil.,  II,  p.  103. 

1844. 

—  —    (altéra pars),  L.  Pfeiffer,  Monogr.  Hel.  viv.,I, 

p.  242.  1848. 

—  retirugis,   Dupuy,  Moll.   terr.,   etc.,   de  France, 

p   112,  t.  V,  f.  4.  1848. 

—  aspersa,  Var.  Crispata  (  altéra  pars  ),  Moquin-Tan- 

don.  Moll.  France,  11,  p.  175.  1855. 

—  Costœ,  Benoit,  Illust.  test.  Estram.  Sicil.,  fasc.  2, 

(1)  Non  Hélix  crispata,  Férussac.  1821. 

(2)  Sans  description;  —  par  conséquent,  ce  nom  ne  peut  être 
adopté. 

(3)  Quincayensis,  et  non  pas  Quinciacensis,  qui  est  un  nom  dont  le 
radical  est  défiguré. 

(4)  Non  Helk  Mazzulii  du  même  auteur  (Moll.  Sicil.,  1. 1,  p.  126- 
185G). 


TRAVAUX    INÉDITS.  69 

p.  72,  tav.  1,  fig.  10  C.  D  (seulement). 

1857. 
Testa  imperforata,  coniea,  teoui,  subpcllueida,  uuiforuiitcr  sordide 
lut^scente,  —  rugoso-plicata,  rugis  elevatis,  appressis,  et  sœpe 
inler  s?  reticulatis,  oruata;  spira  elevata,  coniea;  apice  obtuso, 
quasi  mammillato,  Ievi;  — anfractib.s  4  couvexis,  celeriter  cres- 
centibus,  sutura  valde  perspicua  separatis;  ultirno  magno,  rotuu- 
dato,  ad  aperluram  valde  descendente;  —  apertura  obliqua,  cir- 
culari;  —  peristomate  simplice,  albidulo,  paululum  iucrassato  ac 
reflexiusculo  ;  —  marginibus  valde  approximatis  ,  eallo  albido 
junctis. 

Coquille  imperforée,  conique,  fragile,  un  peu  transpa- 
rente, d'une  couleur  jaunâtre  uniforme  et  terne.  Test  rude 
et  rugueux,  orné  de  rides  assez  élevées,  irrégulières,  sur- 
tout sur  le  dernier  tour,  où  elles  sont  le  plus  souvent  réti- 
culées entre  elles.  Spire  élevée,  conique,  à  sommet  lisse, 
obtus  et  comme  mamelonné.  4  tours  convexes,  s' accrois- 
sant rapidement  et  séparés  par  une  suture  bien  marquée. 
Dernier  tour  arrondi,  dilaté,  descendant  fortement  vers 
l'ouverture.  Celle-ci  est  oblique,  parfaitement  circulaire, 
et  possède  un  péristome  simple,  bien  qu'un  peu  épaissi, 
blanchâtre  et  tant  soit  peu  réfléchi,  surtout  vers  le  bord 
columellaire.  Bords  marginaux  très-rapprochés ,  réunis 
par  une  callosité  blanchâtre. 
Hauteur,  25  —  35  millimètres  ; 
Diamètre,  22  —  28     id. 

Cette  espèce  n'habite  point  à  Quinçay,  petit  village  du 
département  de  la  Vienne,  mais  se  trouve  en  très-grande 
abondance  en  Sicile,  surtout  dans  les  environs  de  Pa- 
ïenne et  de  Céfalu. 

M.  Mauduyt  a  dû  être  induit  en  erreur,  lorsqu'il  a  in- 
diqué cette  Hélice  à  Quinçay;  il  avoue  qu'il  ne  l'a  jamais 
recueillie,  mais  qu'elle  lui  a  été  donnée  par  M.  Mongrand, 
fils,  chirurgien  de  marine. 

Il  est  probable  que  M.  Mongrand  aura  récolté  cette  co- 
quille en  Sicile  pendant  l'un  de  ses  voyages  à  bord  d'un 
navire  de  guerre,  en  qualité  de  chirurgien  militaire,  et 


70       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

qu'à  son  retour  cette  espèce  se  trouvant,  par  hasard, 
mélangée  avec  d'autres  Mollusques  recueillis  à  Quinçay,  il 
aura  cru  l'y  avoir  également  rencontrée.  Quant  aux  échan- 
tillons vivants  que  M.  Mauduyt affirme  avoir  reçus  de  cette 
localité  (1),  il  est  possible  que  certains  individus  rappor- 
tés par  M.  Mongrand  aient  pu  se  conserver  en  vie  pen- 
dant plusieurs  années.  11  a  été  bien  des  fois  constaté  que 
certains  Mollusques  pouvaient  vivre,  même  sans  nourri- 
ture, pendant  trois  ou  quatre  ans. 

Or  le  fait  d'un  échantillon  vivant  ne  prouve  donc  rien 
en  faveur  de  l'habitat  de  cette  Hélice. 

Voici  quelques  années,  en  passant  à  Poitiers,  nous 
avons  eu  la  curiosité  de  visiter  la  localité  de  Quinçay  (à 
8  kilom.  de  Poitiers),  et  nous  devons  avouer  que  toutes 
les  recherches  que  nous  avons  faites  dans  ce  pays  ont  été 
inutiles  et  infructueuses. 

L' Hélix  Quincayensis,  comme  l'on  peut  le  voir  par  la 
liste  synonymique  que  nous  venons  de  donner,  a  presque 
toujours  été  confondue  avec  l'espèce  précédente,  bien  que 
ces  deux  coquilles  soient  bien  différentes  l'une  de  l'autre. 

La  Quincayensis,  en  effet,  diffère  de  la  Mazzulii 

1°  Par  sa  forme  plus  conique,  plus  allongée  et  moins 
renflée  ; 

2°  Par  ses  premiers  tours  de  spire,  qui  sont  comme  ma- 
melonnés ,  par  sa  suture  plus  profonde  ,  par  son  dernier 
tour  moins  renflé  ; 

3°  Par  son  ouverture  plus  petite,  plus  circulaire,  par 
ses  bords  marginaux  plus  rapprochés; 

4°  Par  son  dernier  tour  descendant  beaucoup  plus  vers 
l'ouverture  ; 

5°  Enfin  surtout  par  son  test  rude,  rugueux,  côtelé, 
orné  de  rides  assez  élevées,  irrégulières,  réticulées,  ce 
qui  n'a  jamais  lieu  chez  la  Mazzulii. 

Cette  appellation  de  Quincayensis  (2),  qui  sert  à  distin- 

(1)  Voyez  Dupuy,  Hist.  Moll.  France,  p.  113. 

(2)  Et  uon  pas  Ouinciacensis,  comme  le  veut  M.  Mauduyt. 


TRAVAUX     INÉDITS.  71 

guer  cette  Hélice,  est  déplorable.  Cependant  ce  nom  ne 
peut  être  rejeté. 

Il  existe  un  principe  dans  les  lois  de  la  nomenclature, 
qui  veut  que  toute  espèce  portant  un  nom  de  fausse  lo- 
calité conserve  sa  dénomination,  toute  mauvaise  qu'elle 
soit,  si  le  nom  géographique  est  celui  d'un  pays  faisant 
partie  du  système  conchyliologique  de  l'espèce. 

Or  Quinçay  (fausse  localité)  et  Palerme  (véritable  habi- 
tat) étant  deux  pays  compris  dans  le  même  système  con- 
chyliologique européen,  l'appellation  de  Quincayensis  doit 
donc  être  conservée  (1). 

§  LXXXIII. 

CATALOGUE  DES  COQUILLES    EUROPÉENNES  APPARTENANT    AU 
GROUPE   DES    HELIX   POMATIA,    LIGATA,  ETC.. 

Parmi  les  Hélices ,  il  y  a  peu  d'espèces  aussi  curieuses 
et  aussi  intéressantes  à  étudier  que  celles  qui  font  partie 
du  groupe  des  Hélix  pomatia,  ligata  et  melanostoma. 

Les  Coquilles  appartenant  à  cette  série  sont  au  moins 
au  nombre  d'une  soixantaine  ,  réparties  indifféremment 
dans  les  systèmes  conchyliologiques  des  cinq  parties  du 
monde. 

Notre  but,  en  publiant  cet  article,  n'est  point  de  donnei 
les  descriptions  et  les  synonymies  de  toutes  ces  espèces , 
mais  de  fournir  simplement  un  recensement  exact  de 
celles  qui  sont  spéciales  au  système  conchyliologique  de 
l'Europe.  Nous  laisserons  donc  de  côté  toutes  les  Hélices 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  de  Chine  et  d'Amérique,  qui 
appartiennent  à  ce  groupe. 

Parmi  celles  qui  sont  spéciales  au  système  conchyliolo- 
gique européen,  notre  intention  est  même  de  décrire  seu- 
lement les  espèces  nouvelles  et  litigieuses  et  d'indiquer, 
par  une  simple  synonymie,  à  leur  ordre  et  place,  chacune 
des  autres  qui  sont  parfaitement  connues. 

(1)  Voir,  à  ce  sujet,  le  chap.  V  (sur  les  noms  de  fausses  localités) 
in  :  Bourguignat,  Meth.  conchyl.  dénommât.,  in-8°.  1860. 


72       iiev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

Dans  les  planches  qui  accompagnent  ce  travail ,  nous 
avons  fait  représenter  un  grand  nombre  d'espèces  dont 
nous  ne  donnerons  point  de  diagnoses.  Si  nous  avons  été 
aussi  prodigue  de  figures,  il  est  utile  de  dire  que  nous 
n'avons  agi  ainsi  que  dans  le  but  de  faciliter  l'étude  de  ces 
Hélices,  en  mettant  à  même  les  conchyliologues  de  con- 
trôler par  une  simple  inspection  les  diverses  espèces  nou- 
velles que  nous  établissons  avec  celles  qui  leur  sont 
voisines. 

Hélix  Pomatia. 
Hélix  pomatia,  Linnœus,  Syst.  nat.  (édit.  X),  p.  771.  — 
1758. 

Espèce  édule,  des  plus  communes  et  des  plus  ancienne- 
ment connues. 

N'habite  que  la  partie  nord  de  l'Europe.  —  Ne  se  ren- 
contre point  en  Espagne,  dans  le  midi  de  la  France,  en 
Italie,  en  Turquie,  non  plus  que  dans  le  sud  de  la 
Russie. 

Cette  Hélice  a  reçu  différents  noms  de  la  part  des  au- 
teurs. Ainsi  elle  a  été  nommée  Pomatia  antiquorum,  par 
Leach,  —  Hélix  pomuria,  par  Millier  (1774),  pour  une  va- 
riété gauche,  enfin  Hélix  scalaris,  par  le  même  auteur, 
pour  une  variété  scalaire,  à  tours  presque  détachés. 

Quant  à  V Hélix  pomatia,  Var.  de  Chemnitz,  Conch. 
cab.,  IX  (p.  2),  p.  113,  tab.  128,  f.  1138  G.  Cette  espèce, 
désignée  sous  cette  appellation,  doit  être  rapportée  à 
Hélix  globulus,  de  Millier,  Verm.  Hist.,  II,  p.  68,  1774, 
qui  est  une  coquille  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

Hélix  onixiomicra. 

Testa  semiobtecte-angusto-perforata ,  cooico-globosa ,  irregulariter 
rugoso-striata,  luteseenti-albida,  zonis  duabus,  fasciis  nigrescen- 
tibus  passim  interruptis,  cincta  ;  anfractibus  6  1/2  7  convexis,  re- 
gulariter  crescentibus,  sutura  impressa  separatis ,  ultimo  ad  aper- 
turam  desceudente;  apertura  parvula,  obliqua,  lunato-oblonga;  pe- 
rislomate  paululum  incrassato;  —  margine  cohirnellari  reflexius- 
eulo;  marginibus  paululum  approximatif. 


TRAVAUX   INÉDITS.  73 

Coquille  conique,  globuleuse,  à  perforation  étroite  pres- 
que entièrement  recouverte.  Test  assez  brillant,  sillonné 
de  stries  saillantes,  espacées,  onduleuses  et  irrégulières, 
—  d'une  couleur  d'un  jaune  blanchâtre,  et  ceint  de  deux 
zones  d'une  teinte  cornée-jaunâtre,  interrompue  çà  et 
là  par  des  fascies  d'une  nuance  plus  foncée.  Tours  au 
nombre  de  6  1/2  à  7  convexes,  s'accroissant  avec  la  plus 
grande  régularité  et  séparés  les  uns  des  autres  par  une 
suture  assez  profonde;  dernier  tour  descendant  vers  l'ou- 
verture. Celle-ci  est  petite,  oblique,  échancrée,  oblongue, 
à  péristome  un  peu  épaissi;  bord  coiumellaire  un  peu  ré- 
fléchi. —  Bords  marginaux  rapprochés  ;  callosité  presque 
nulle. 

Hauteur,   —  38  millimètres  : 

Diamètre,  —  42  id. 

Nous  avons  reçu  cette  espèce  comme  provenant  des 
montagnes  du  Monténégro. 

L'Hélix  onixiomicra  ne  peul  être  confondue  avec  au- 
cune autre  espèce.  Ses  sept  tours  de  spire  qui  s'accrois- 
sent lentement  et  avec  la  plus  grande  régularité ,  son 
ouverture  petite,  non  évasée  ni  dilatée,  etc.,  sont  des 
caractères  qui  feront  toujours  facilement  reconnaître  cette 
coquille. 

Hélix  Taurica. 
Hélix  Taurica,  Krynùki,  in  Bull.  Moscou,  t.  VI,  p.  423, 
t.  9.  1833. 
—        —        Rossmassler,  Iconogr.,  VII,  p.  13,  f.  456. 
1838. 

Cette  magnifique  Hélice,  d'abord  nommée  Hélix  radiata 
et  radiosa,  par  Ziegler,  appellations  manuscrites  qui  ne 
peuvent  être  adoptées,  se  rencontre  dans  le  sud  de  la 
Russie,  notamment  en  Crimée. 

Ce  Mollusque  habile  également  les  provinces  du  Cau- 
case, mais  il  est  très-rare  dans  ces  contrées. 


74       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 
Hélix  Buchii. 

Hélix  Buchii,  Dubois  (in  Coll.  Philippi),  mss. 
—       —      L.   Pfeiffer,  in  Chemnitz  (2e  éd.),  Hélix, 
n  973,  t.  CXLVIII,  f.  6-7,—  et  —Mo- 
nogr.Hel.  viv.,  III,  p.  181.  1853. 
Habite  la  Transcaucasie  russe. 

Hélix  Schlaflii. 

Hélix  Schlaflii ,  Mousson,  Coq.  terr.   et  fluv.  rec.  dans 
l'Orient,  etc.,  p.  40.  1859. 

Testa  obtectc  perforata ,  ventroso-globosa ,  irregulariter  rugoso- 
striata,  lineis  impressisinterruptjs  seu  continuis  decussata,  luteo- 
albida,  fasciis  quinque,  interdum  junctis  vel  deficientibus,  fusco- 
griseis  ornata.  Spira  depresso-oonoidca  ;  sunimo  albo,  nitido,  cras- 
siusculo;  sutura  subirregulari.  Anfractibus  4  1/2  convexiusculis, 
rapide  accrescentibus;  — anfractibus  praesertim  medianis  spiraliter 
lineatis;  ultimo  veutroso,  vix  subdescendente.  —  Apertura  ampla, 
oblique  lunato-rotundata,  intus  griseo-alba,  fasciis  perspicuis,  ad 
marginem  insertionis  et  in  aperturœ  pariete  fusco-grisea.  —  Pe- 
ristouiate  intus  late  sublabiato;  marginibus  remotis;  dextro 
simplice,  columellari  subobliquo,  late  reflexo,  perforationem  fere 
occultante,  fusco-griseo  (Mousson). 

Hauteur,   —  47  millimètres  ; 

Diamètre,  —  50        id. 

«  Cette  espèce,  trouvée  à  Janina  et  à  Sziza  (Turquie 
d'Europe),  appartient  au  groupe  de  Y  Hélix  pomatia;  mais 
ni  avec  cette  espèce  ni  avec  Y  Hélix  ligata  des  auteurs 
elle  ne  s'accorde  (Rossm.,  fig.  289),  ni  enfin  avec  YHeliœ 
Buchii,  Dubois  (Pfeiffer,  Monogr.,  III,  p.  181,  et  Chemnitz 
(2e  édit.),  t.  CXLVIII,  f.  6-7),  provenant  de  la  Transcau- 
casie russe. 

«  L'Hélix  Schlaflii  est  moins  élevée,  transversalement 
plus  renflée  que  la  première,  ce  qui  la  rapproche  le  plus 
de  la  troisième.  Sa  perforation  est  presque  entièrement 
recouverte  par  le  bord  columellaire,  comme  dans  Y  Hélix 
Buchii,  et  plus  que  dans  YHeliœ  pomatia.  La  columelle 
n'est  pas  grêle,  enfoncée  et  excavée  comme  dans  YHeliœ 


TRAVAUX     INÉDITS.  75 

ligata,  mais,  ainsi  que  la  paroi  aperturale,  colorée  de  la 
même  manière  en  brun,  —  caractère  qui  manque  à  l'es- 
pèce caucasienne;  — l'ouverture  est  plus  transversale  que 
dans  les pomatia  et  %«ta,pas  autant  que  dans  la  Buchii  et 
la  Lucorum  de  Mùller; — la  surface  est  assez  rude,  irréguliè- 
rement striée  et  croisée  par  des  impressions  et  des  lignes 
spirales  très-interrompues,  visibles  surtout  sur  les  tours 
moyens,  caractère  qui  dans  les  autres  espèces  n'est  pas 
aussi  marqué  ;  le  nucléus  enfin  est  blanc  et  un  peu  renflé 
ou  informe. —  En  définitive,  il  faudra  placer  cette  forme, 
que  nous  isolons,  faute  de  savoir  la  caser  autre  part,  entre 
les  trois  espèces  que  nous  venons  de  nommer,  toutefois 
en  la  rapprochant  le  plus  de  Y  Hélix  Buchii. 

«  Pendant  les  longs  jeûnes  de  l'Église  grecque,  au 
printemps,  il  est  fait  à  Janina  une  grande  consommation 
de  Y  Hélix  Schlaflii,  qu'on  apporte  en  masse  des  villages 
du  voisinage.  »  (Mousson.) 

[La  suite  prochainement.) 


Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie, 
par  A.  Chevrolat  (1). 

22.  Xyletinus  longipennis,  alatus,  elongatus,  testaceus,  pube 
tenui  indutus  ;  capite  magno,  rotundato  ;  oculis  globosis  brun- 
neis;  thorace  supra  subquadrato,  lateribus  rcctis,  infra  angulose 
producto;  scutello  rotundato,  minuto;  elytris  thfbrace  sesqui  et 
duplo  longioribus,  subordine  rugulose  atque  obsolète  punctatis, 
margiualibus  striis  duabus  punctatis.  —  L.,  2  3/4;  1.,  1  1/3  m. 

(1)  Le  commencement  de  ce  travail,  qui  a  paru  dans  le  numéro  de 
juillet  1859,  p.  298,  contenait  la  description  de  11  espèces;  la  seconde 
partie,  parue  eu  septembre  suivant,  p.  380,  en  contenait  10,  ce  qui 
fait  un  total  de  21  descriptions.  Aujourd'hui  nous  continuons  la  série 
en  partant  de  la  22e  espèce,  et,  lorsqu'une  centurie  sera  complétée, 
nous  en  donnerons  la  liste  avec  renvoi  aux  numéros  d'ordre. 

A  la  p.  387,  u°  19  (u°  8  ,  le  point  de  doute  qui  suit  le  nom  de  Cœ- 
liodes  Glaucii  ne  s'applique  pas  à  l'espèce,  mais  bien  au  genre.  — 
P.  388,  u°  20  (n°  9),  il  faut  ajouter  que  cetle  espèce  (Cionus  phyl- 
lireœ)  devra  être  réunie  au  nouveau  genre  Slereonychus  de  Suffriao. 


76       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

Forme  allongée  d'un  Anobium  ;  testacé,  densément  et 
brièvement  pubescent.  Tête  large,  convexe ,  un  peu  lui- 
sante. Corselet  vu  en  dessus,  en  carré  transverse,  droit  sur 
les  côtés,  vu  de  face,  arrondi  circulairement,  avancé  sur 
le  milieu  ;  bords  antérieur  et  postérieur  réunis  en  dessous 
et  formant  un  angle  aigu  ;  base  droite ,  arquée  à  l'extré- 
mité sur  le  dehors  de  l'épaule.  Ecusson  petit,  semi-arrondi. 
Elytres  de  la  largeur  du  corselet,  parallèles,  près  de  trois 
fois  aussi  longues,  arrondies  à  l'extrémité ,  régulièrement 
convexes,  finement  ruguleuses ,  à  ponctuation  obsolète 
presque  disposée  en  séries,  avec  quelques  côtes  longitu- 
dinales, 2  stries  marginales  ponctuées,  l'interne  limitée 
avant  le  sommet  sur  un  pli  arqué  en  dedans.  Pattes  et 
dessous  du  corps  de  la  couleur  générale. 

Cette  espèce  a  été  rencontrée,  pendant  les  mois  de  sep- 
tembre et  d'octobre,  aux  environs  d'Alger,  par  M.  J.  Pou- 
pillier  ,  sur  des  fleurs  d'artichauts  sauvages,  en  compagnie 
des  Tillus  transversalis  et  Larinus  Scolymi.  Elle  paraît  voi- 
sine et  se  rapprocher  du  X.  cylindricus,  Germ.,  mais  elle 
est  de  moitié  plus  petite,  et  son  corselet  offre  à  la  place 
ordinaire  de  l'angle  antérieur  un  petit  repli  subrectangu- 
laire relevé  et  un  peu  tourné  en  dehors. 
23.  Xyletinus  sulcicollis,  affîois  Xy.  serricorne,  f.,  sed  plus  duplo 
major,  ovatus,  fuscus,  pubebrevissimacinereaindutus;  capite  valde 
convexo;  oculis  pallide  bruoueis;  thorace  subtriaogulan  postice 
convexo,  autice  declivo,  sulco  marginali  traosverso  ;  scutdlo  ro- 
tundato;  elytris  obsolète  lineatis  et  costatis,  infra  humerum  an- 
gulose  productis,  callo  humerali  nitido  ;    pedibus  pallidis.  — 
L.,  3  3/4j  1.,  1  2/3  m. 

Cet  insecte  a  tout  à  fait  la  forme  d'un  Catorama  et  ren- 
trera peut-être  dans  ce  genre.  Très-court,  convexe  et  ova- 
laire,  d'un  brun  clair,  entièrement  revêtu  d'une  courte 
pubescence  cendrée.  Tête  large,  très-convexe.  Yeux  d'un 
brun  pâle.  Corselet  subtriangulaire,  abaissé  au  devant, 
très-convexe  en  arrière,  à  bords  antérieur  et  postérieur 
réunis  en  dessous  sur  le  côté  en  angle  obtus;  le  premier 
est    évasé  cylindriquement  et  étroitement  rebordé ,   le 


TRAVAUX    inkihts.  77 

deuxième  très-arqué  à  l'extrémité  sur  le  dehors  de  l'épaule; 
une  impression  latérale  et  transverse  s'étend  jusque  vers 
le  milieu.  Ecusson  petit,  arrondi.  Elytres  en  ovale  court, 
de  la  largeur  du  corselet  à  la  base  seule,  près  de  3  fois 
aussi  longues,  subparallèles  vues  en  dessus,  avancées  en 
angle  prolongé  en  marge  au-dessous  de  l'épaule,  offrant 
de  faibles  lignes  à  peine  distinctes  et  3  ou  4  côtes  longi- 
tudinales et  obsolètes.  Calus  humerai  bombé  et  lisse.  Ab- 
domen cendré.  Pattes  d'un  jaunâtre  pâle. 

Cet  insecte,  très-voisin  du  X.  serricornis,  F.,  est  de  2  à 
3  fois  plus  grand;  il  s'en  distingue  par  l'impression  trans- 
verse du  corselet,  les  petites  lignes  des  élytres,  etc.  Il  m'a 
été  envoyé  par  M.  Poupillier  comme  trouvé  par  lui  aux 
environs  d'Alger. 

24.  Salpingus  nitidus,  alatus,  œneo-obscurus,  nitidus,  affinis  &\ 
atro,  Pak.,  sed  regulariter  acupunctus  et  striatus;  antenuis,  clava 
excepta,  pedibusque  rufis.  —  L.,  2-3  ;  I.,  0  3/4, 0  1/2  m. 

D'un  bronze  obscur  brillant,  couvert  d'une  ponctuation 
moyenne,  assez  serrée,  profonde  et  régulière.  Tête  large, 
convexe,  marquée,  en  avant,  de  deux  fossettes  séparées 
par  une  petite  côte  lisse.  Rostre  court,  large,  tronqué.  An- 
tennes ferrugineuses,  à  massue  un  peu  obscure.  Yeux  la- 
téraux, arrondis,  noirs.  Corselet  subconique,  élargi  et 
déprimé  transversalement  en  avant,  arrondi  sur  les  côtés, 
tronqué  aux  extrémités.  Ecusson  ponctiforme.  Elytres 
planes,  2  fois  aussi  larges  que  le  corselet  à  la  base,  près 
de  3  fois  aussi  longues,  élargies  et  régulièrement  arrondies 
au  sommet,  transversalement  élevées,  puis  déprimées  vers 
la  base,  couvertes  de  7  à  8  stries  nettement  ponctuées. 
Pattes  ferrugineuses. 

Je  possède  2  exemplaires  de  cette  espèce;  l'un  acheté 
chez  M.  Paruzdahky,  et  l'autre  m'a  été  envoyé  par 
M.  J.  Poupillier,  qui  l'a  pris  au  vol ,  vers  les  4  à  5  heures 
du  soir,  aux  environs  d'Alger,  dans  le  courant  de  sep- 
tembre dernier. 
2").  Prncas  Lethievryi,  niger,cinereo-pilosus,  creberrime  punctatus; 


78       rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Février  1860.) 

antennis  pedibusque  rufis  et  pilosis  ;  thorace  trausverse  quadrato, 

piano  ;  elytris  trausverse  graaulosis,  sulcato-striatis.  L.,  7  1/2; 

1..3  m. 

Cette  espèce  ressemble  un  peu  au  P.  Saulcyi,  Reich., 
mais  elle  est  plus  petite,  et  sa  villosité  est  plus  longue,  et 
d'un  cendré  uniforme,  noir  pour  le  fond  et  couvert  d'une 
ponctuation  très-serrée  et  granuleuse.  Tête  convexe-ar- 
rondie.  Rostre  presque  aussi  long  que  le  corselet,  aplani, 
d'égale  largeur,  un  peu  renflé  et  arqué  vers  le  sommet. 
Mandibules  avancées,  planes,  de  la  largeur  du  rostre  et 
simulant  un  petit  bec.  Antennes  ferrugineuses.  Yeux  ar- 
rondis, noirs.  Corselet  en  carré  un  peu  transverse,  plan, 
droit  en  avant,  cintré  sur  le  dehors  de  la  base.  Elytres 
plus  larges  que  le  corselet,  2  fois  1/2  aussi  longues ,  sub- 
parallèles, arrondies  conjointement  en  se  rétrécissant  in- 
sensiblement vers  le  sommet,  à  stries  sillonnées,  assez 
larges  et  profondes;  interstices  assez  convexes,  couverts 
d'une  ponctuation  coriacée,  disposée  transversalement,  et 
d'une  pubescence  grise.  Pattes  ferrugineuses  poilues. 

Des  environs  de  Biskra  ;  reçue  de  M.  Lethierry,  auquel  je 
la  dédie  et  qui  a  enrichi  ma  collection  d'espèces  intéres- 
santes d'Algérie. 
26.    Cathormiocerus  muricalus,   oblongo-ovatus ,  squamosus   et 

setosus;  thorace  cinereo-trilineato,  punctis  seabris;  elytris  pla- 

niusculis,  ovalibus,  cinereo-variegatis,  striatis;  iaterstitiis  seriatim 

hispido-setosis.  —  L.,  4;  1.,  2  1/4  m. 

D'un  brun  noirâtre.  Tête  et  rostre  d'un  gris  obscur  avec 
le  sommet  noir  et  lisse  ;  front  déprimé,  couvert  de  quel- 
ques poils  roides  et  noirs.  Rostre  plus  court,  aplani,  di- 
laté, rebordé  sur  les  côtés,  échancré  triangulairement  en 
avant.  Antennes  à  scapus  grand,  épais,  arqué;  1er  et  2e  Ar- 
ticles coniques,  3e  à  7e  moniliformes  ;  massue  petite,  ova- 
laire,  triarticulée,  brune.  Yeux  enfoncés,  arrondis,  noirs. 
Corselet  un  peu  plus  long  que  large,  régulièrement  ar- 
rondi sur  le  côté  et  convexe  en  dessus,  droit  aux  extrémi- 
tés, couvert  de  points  scabreux  et  comme  tuberculeux, 
orné  de  trois  lignes  d'un  gris  obscur,  celle  médiane  étroite, 


TRAVAUX    INÉDITS.  79 

les  latérales  du  double  plus  larges.  Place  scutellaire  noi- 
râtre. Elytres  subaplanies,  régulièrement  ovalaires,  d'un 
brun  noirâtre,  parsemées  de  petites  taches  d'un  gris 
obscur,  à  stries  étroites  et  légères;  interstices  garnis  de 
soies  pilifères  disposées  en  séries.  Cuisses  assez  robustes. 
Jambes  un  peu  arquées,  élargies  sur  l'extrémité.  Tarses 
petits,  3e  article  transversalement  bilobé.  Crochets  minces 
Des  environs  de  Bone.  Reçu  de  M.  Lucien  Lethierry. 

27.  Peritelus  sinuatus,  cretaceo-argenteus,  anguste  oblongus  ;  fo- 
veola  frontali  tenui,  clava  antennaruni  fusca  ;  oculis  nigris;  tho- 
race  vix  longiore  latitudine,  antice  recto,  postice  arcuato,  vage 
punctato  ,  punctis  rimosis  ;  elytris  in  margine  versus  abdomen 
valde  sinuosis,  punctato-striatis.  — L.,  5  1/2,  6;  1.,  2  1/2  m. 
Cet  insecte  ressemble  au  P.  necessarius,  Sch.,  mais  il 
est  plus  petit,  étroitement  ovalaire  et  d'une  couleur  cré- 
tacée légèrement  brillante,  argentée  et  tant  soit  peu  ver- 
dâtre.  Tête  et  rostre,  dans  leur  ensemble,  de  la  longueur 
du  corselet  et  subconiques.  Front  marqué  d'une  légère 
fossette  allongée  et  étroite.  Antennes  à  scapus  épais,  arqué, 
atteignant  le  quart  antérieur  du  corselet,  couvert  d'écaillés 
vertes,  allongées  et  poilues;  funicule  de  moyenne  et  égale 
grosseur,  à  1er  et  2e  articles  longs,  3e  moitié  plus  court 
que  les  précédents,  les  4  suivants  moniliformes  ;  massue 
étroite,  ovalaire,  brune.  Yeux  petits,  oblongs,  noirs,  pré- 
sentant un  sillon  transversal  et  arqué  en  avant.   Corselet 
un  peu  plus  large  que  la  tête,  à  peine  plus  long  que  large, 
droit  en  avant,  légèrement  cintré  en  dehors  sur  la  base, 
offrant  une  ponctuation  moyenne,  peu  serrée  et  comme 
crevassée.  Ecusson  très-petit.  Elytres  étroitement  oblon- 
gues,  présentant  chacune  8  stries  ponctuées  (les  points, 
bien  que  petits  et  régulièrement  impressionnés,  débor- 
dant un  tant  soit  peu  ces  stries)  ;  leur  bordure,  à  la  hau- 
teur des  hanches  postérieures,   est  fortement  sinueuse; 
suture  béante  à  l'extrémité  chez  le  mâle ,  conjointement 
arrondie  chez   la  femelle.    Abdomen  présentant  sur   le 
Ier  segment  une  ligne  déprimée  et  arquée.  Cuisses  assez 


80       rrv.  et  mag.  de  zoologie.  {Février  1860.) 

fortement  renflées  vers  le  sommet.  Jambes  élargies,  ar- 
quées et    crochues   à  l'extrémité.   Tarses  assez   dilatés, 
3°  article  longuement  bilobé.  Crochets  petits. 
Des  environs  d'Oran.  Reçu  de  M.  Prophette. 

28.  Oliorhynchus  inlersetosus  Ot.  affabro  S.  similis,  griseus,  pla- 
Diusculus,  antennis  crassiusculis,  tarsisque  piceis  ;  capite  rostro- 
que  conjunctim  subconicis,  fovea  frontali  ;  thorace  planiusculo, 
modice  convexo,  lateribus  rotundato,  minute  granuloso  ;  elytris 
elongato-ovatis,  plauiusculis,  punctato-striatis;  interstitiis  seriatim 
albido-setosis  ;  femoribus  simplicibus.  —  L.,  4  1/3;  1.,  1  2/3  m. 

Voisin  de  YOt.  ajfaber,  S.  gris.  Tête  ruguleuse,  allant 
en  s'amincissant  coniquement  sur  l'extrémité  du  rostre, 
déprimée  et  marquée  d'une  petite  fossette  sur  le  front. 
Trompe  courte,  sillonnée  au  milieu,  subcoriacée  de  chaque 
côté.  Antennes  d'un  brun  ferrugineux,  brièvement  poi- 
lues, à  scapus  arqué,  atteignant  le  tiers  antérieur  du  cor- 
selet, 1er  et  2e  articles  du  scrobe  allongés,  suivants  monili- 
formes;  massue  ovalaire  acuminée,  composée  de  3  articles. 
Yeux  petits,  enfoncés,"arrondis.  Corselet  allongé,  arrondi 
sur  les  côtés,  coupé  droit  aux  extrémités,  subdéprimé, 
bien  qu'un  peu  convexe,  couvert  de  petits  tubercules  et 
d'un  poil  noir  assez  dense.  Elytres  en  ovale  allongé,  dé- 
primées en  dessus,  conjointement  échancrées  sur  le  milieu 
de  la  base  et  régulièrement  arrondies  à  l'extrémité,  or- 
nées, chacune,  de  9  stries  ponctuées  et  sillonnées;  inters- 
tices présentant  chacun  une  série  de  soies  blanches,  plus 
évidentes  vers  l'extrémité  et  sur  les  côtés.  Cuisses  modé- 
rément renflées,  simples.  Jambes  droites,  toutes  d'un  blanc 
saie  grisâtre.  Tarses  légèrement  ferrugineux. 

Cet  insecte  a  été  rencontré  aux  environs  d'Alger,  dans 
les  mois  de  septembre  et  octobre,  par  M.  J.  Poupillier  de 
qui  je  l'ai  reçu. 

29.  Larinus  basalis,  alatus,  elongatus,  pube  lutea,  dense  indutus; 
rostro,  thorace  in  lateribus,  elytrisque  (obsolète  punctato-striatis, 
in  apice  declivis)  ad  basin  maculis  quatuor  flavis,  primo  tricari- 
nato,  secundo  cariua  longitudinali  postice  abbreviata  ;  abdomiue 
(punctis  nigris)  pedibusque  cinereis.  —  L.,  12;  1.,  5  m. 


TRAVAUX    INÉDITS.  81 

Cet  insecte  a  la  forme  allongée  du  Lixus  pollinosus,  Gr., 
et  paraît  ressembler  au  Larinus  inquinatus  d'Olivier,  qui 
est  originaire  de  Barbarie.  Couvert  d'une  indumentation 
d'un   gris-jaunâtre    un  peu  ocracé.   Rostre  subconique, 
presque  aussi  long  que  le  corselet,  tricaréné  en  dessus, 
d'un  jaune-blanc,  avec  l'extrémité  et  le  front  gris  foncé. 
Antennes  à  articles  serrés;  massue  grande,  épaisse  et  cen- 
drée. Yeux  étroits,  oblongs,  noirs.  Corselet  resserré  sur 
le  tiers  antérieur,  arrondi  ensuite  sur  les  côtés  ;  ceux-ci 
offrent  une  bande  jaune  arquée  en  avant.  Carène  longitu- 
dinale partant  du  bord  antérieur  aux  2/3  de  la  longueur, 
et  vers  sa  limite  se  voient  quelques  gros  points  légère- 
ment réticulés.  La  place  del'écusson  est  enfoncée.  Elytres 
étroites,  déclives  sur  le  5e  postérieur,  évasées  anguleuse- 
ment  sur  le  sommet  de  la  suture,  à  stries  distinctement 
ponctuées  ;  la  base  présente,  de  chaque  côté,  deux  taches 
jaunes,  et  celle  externe  est  3  fois  plus  grande  que  l'interne. 
Pattes  cendrées;  abdomen  de  même  couleur,  parsemé  de 
points  noirs  épais. 

Cette  espèce  m'a  été  offerte  par  le  capitaine  Gaubil, 
qui  l'a  rencontrée  aux  environs  de  Constantine. 
30.  Larinus  subrolundatus,  crassus,  minute  et  dense  granulosus, 

cinereoobscurus,  rostro  obscuriori  quinque  carinato  ;  elytris  sub- 

rotundatis  simpliciter  striatis.  —  L.,  18;  1.,  9  m. 

Cet  insecte  ressemble  aux  L.  Onopordi  pour  la  forme 
et  au  Scolymi  par  sa  couleur  presque  uniforme  ;  très-fine- 
ment granuleux,  d'un  gris  obscur.  Rostre  à  peu  près  de  la 
longueur  du  corselet,  aplati,  légèrement  arqué,  muni  de 
5  carènes  longitudinales.  Corselet  biarqué  sur  la  base, 
ayant  son  milieu  arrondi  et  avancé,  déprimé  en  dessus 
du  lobe,  transversalement  comprimé  sur  le  5e  antérieur  ; 
avancé,  arrondi  au  delà  sur  le  côté,  mais  oblique  jusque 
sur  l'angle  postérieur,  qui  est  assez  prononcé  sans  être 
avancé-  Elytres  régulièrement  convexes,  à  stries  simples, 
peu  profondes.  Corps,  en  dessous,  d'un  gris  plus  obscur 
qu'en  dessus  ;  côtés  de  l'abdomen  jaunâtres.  Les  quatre 
2e  série,  t.  xii.  Année  1800.  6 


8*2       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

cuisses  postérieures  sont  bordées,  en  arrière,  d'une  villo- 
site  assez  dense  et  allongée. 
Des  environs  de  Batna  ;  reçu  de  M.  Lucien  Lethierry. 


Sur  un  nouveau  genre  et  une  nouvelle  espèce  d'Oiseau 
de  l'Afrique  occidentale,  par  D.  S.  Hartlaub. 

Cassin-a,  n.  g.  Uostrum  breviusculum,  subtriquetrum,  basi  dila- 
tatodepressum,  deotatum,  apice  maxillœ  parum  deflexo,  culmine 
distincte  cariuato,  vibrissis  nonnullis  breviusculis,  debilibus,  na- 
ribus  apertis. 

Alœ  médiocres,  caudaj  basin  superantes,  dimidium  vero  non  at- 
tingentcs;  rémige  prima  spuria,  tertia  et  quinta  sub;equalibus 
quarta  parum  brevioribus. 

Cauda  longiuscula,  subrotundata. 

Pedes  débiles.  Tarsus  subbrevis.  Digiti  médiocres,  graciles,  un- 
guibus  parvis,  debilibus,  internusexterno  brevior. 

C  rubicunda,  Hartl.  Supra  brunneo-rufescens,  capite  magis  in- 
fuscato  ;  tergo,  uropygio  et  supra  caudalibus,  laetissime  rufis  ;  subtus 
dilutior,  intense  vulpino-rufa,  gula  nonnihil  albido-variegata  ;  re- 
migibus  fuscis,  pogouio  externo  dimidii  basalis  margine  rufescen- 
tibus,  omnibus,  excepta  1-2,  macula  magna  pallide  fulva  versus  ba- 
sin pogonii  interni  notatis  ;  tectricibus  alarum  dorso  concoloribus  ; 
subalaribus  fulvo-variis;  rectricibus  quatuor  inediis  nigro-fuscis  , 
scapis  nigris,  reliquis  dilute  rufis,  scapis  rufis;  subcaudalibus  ru- 
fis; rostro  nigricante,  pedibus  pallidis.  Fœm.,  parum  minor,  colo- 
ribus  non  diversa. 

Long,  tôt.,  7";  —  rost.  a  fr.,  5'";  —  rost.  a  rict.,  8'";  —  al.,  3"  8"'; 
—  caud.  a  bas.,  3"  4'";  —  tars.,  8'";  —  dig.  med.,  8'"  1/3. 

Habitat,  les  fleuves  Musis  et  Camma,  l'intérieur  du 
Gabon. 

Cette  curieuse  espèce  est  une  des  nombreuses  découvertes 
de  l'intrépide  voyageur  Pierre  Beloni  du  Chailla.  Elle 
ressemble  un  peu,  sous  le  rapport  des  couleurs,  au  genre 
brésilien  Hirundinea,  et  doit  trouver  sa  place,  dans  la 
série  ornithologique,  près  du  genre  Megabias.  Je  dédie  ce 
genre  intéressant  à  M.  Jean  Cassin,  l'ornithologiste  le  plus 
distingué  de  l'Amérique  du  Nord. 


SOCIÉTÉS   SAVANTKS.  83 

II.     SOCIÉTÉS     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris 

Séance  du  23  janvier  1860.  —  MM.  Lorry  et  Pillet 
adressent  une  note  ayant  pour  titre  :  Sur  lu  présence  des 
Nummulites  dans  certains  grès  de  la  Maurienne  et  des 
Hautes-Alpes.  Ce  travail  est  renvoyé  à  une  commission. 

M .  Gagnât  adresse  des  Réflexions  sur  les  Vers  à  soie  et 
M.  Malhol  une  note  intitulée  :  Examen  de  quelques  faits 
relatifs  aux  Vers  à  soie  et  à  la  gattine.  Ces  travaux  sont 
renvoyés  à  la  commission  des  Vers  à  soie. 

Séance  du  30  janvier  1860.  —  Elle  est  entièrement  con- 
sacrée à  la  distribution  des  prix. 

Séance  du  6  février  1860.  —  M.  Duméril  donne  quelques 
explications  sur  le  retard  apporté  à  la  publication  de  son 
Entomologie  analytique. 

M.  Pasteur  lit  un  travail  intitulé  :  Expériences  relatives 
aux  générations  spontanées. 

M.  Kaufmann  adresse  une  note.  Sur  un  procédé  qui 
permet  de  distinguer  la  bonne  de  la  mauvaise  graine  de  Vers 
à  soie. 

«  Les  recherches  que  j'ai  faites-,  écrit-il  à  M.  le  secré- 
taire perpétuel ,  sur  les  moyens  de  reconnaître  la  bonne 
et  la  mauvaise  graine  de  Vers  à  soie  du  mûrier,  m'ont 
démontré,  à  l'évidence,  que,  en  soumettant  la  graine  à  l'é- 
bullition  dans  l'eau,  la  première  prend  une  teinte  parti- 
culière que  la  mauvaise  graine  ne  présente  pas. 

«  Cette  teinte  est  le  lilas  foncé;  les  autres  teintes  que 
l'on  observe,  après  avoir  fait  bouillir  une  certaine  quantité 
de  graines  mélangées,  appartiennent  à  des  graines  mau- 
vaises. » 

Nous  avons  eu  l'honneur  de  voir  M.  Kaufmann  le 
3  mars,  et  il  a  bien  voulu  faire  ses  expériences  en  notre 
présence.  Nous  lui  avons  fait  quelques  objections  et  posé 
quelques  questions,  pour  savoir  ce  qu'il  entendait  par  ces 


84       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

mots  :  graines  mauvaises;  s'il  voulait  simplement  dire  que 
ces  graines  étaient  mortes,  ou  si,  étant  vivantes,  elles  don- 
neraient des  Vers  qui  mourraient  de  la  gattine. 

Pour  juger  une  telle  question,  la  vue  de  l' expérience 
de  M.  Kaufmann  ne  suffit  pas  à  un  tiers.  Des  expériences 
très- délicates  sont  nécessaires  sous  le  double  point  de  vue 
scientifique  et  pratique,  et  de  telles  expériences  ne  peu- 
vent être  faites  efficacement  que  dans  un  laboratoire  séri- 
cicole  bien  organisé  et  qui  n'existe  nulle  part  en  France. 

Séance  du  13  février  1860.  —  M.  Ch.  Robin  présente  un 
Mémoire  sur  la  constitution  et  le  développement  des  gouttières 
dans  lesquelles  naissent  les  dents  des  Mammifères. 

Ce  travail  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  commission. 

M.  Eudes-Deslongchamps  adresse  un  opuscule  sur  le 
Serresius  galeatus,  Bonap.,  et  sur  le  squelette  de  cet  Oiseau; 

Et  un  Mémoire  sur  les  Brachiopodes  du  Kelloway-rock  ou 
zone  ferrugineuse  du  terrain  callovien  et  une  note  sur  ce 
terrain. 

M.  Kuchenmeister  écrit  de  Dresde,  le  1er  février,  que, 
le  20  janvier,  il  a  découvert  le  cysticerque  du  Ténia  me- 
diocanellata.  Ce  cysticerque  habite  le  tissu  cellulaire  du 
Porc,  au  milieu  des  Qyst.  cellulosa.  M.  Kuchenmeister  a 
fait  avaler,  au  mois  de  novembre  1859 ,  des  embryons  de 
Ténia  mediocanellata  à  un  Porc  qui  sera  tué  vers  la  fin  de 
février.  Il  informera  l'Académie  des  résultats  de  cette  ex- 
périence. 

Séance  du  20  février  1860.  —  M.  Kolenati ,  de  Vienne, 
adresse,  avec  trois  opuscules  qu'il  a  publiés  sur  divers 
points  d'Entomologie,  une  collection  des  espèces  types 
accompagnée  d'un  catalogue  méthodique.  Ces  objets  sont 
renvoyés  à  l'examen  de  M.  Milne-Edwards. 

Séance  du  27  février  1860.  —  M.  Magitot  présente  un 
Mémoire  sur  la  genèse  et  la  morphologie  du  follicule  den- 
taire chez  l'Homme  et  les  Mammifères. 

M.  Owsjannikow  adresse  des  Recherches  sur  le  système 
nerveux. 


ANALYSES  D  OUVRAGES  NOUVEAUX.        85 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  transmet  un 
exemplaire  de  la  Monographie  des  Brachiopodes  fossiles  du 
terrain  crétacé  supérieur  du  duché  de  Limbourg ,  par 
M.  Bosquet. 

M.  le  maréchal  Vaillant  transmet  un  opuscule  de 
M.Berti  sur  les  Insectes  qui  perforent  les  conduits  enplomb. 

MM.  Desormeaux  et  Gervais  adressent  un  travail  Sur 
un  fœtus  humain  monstrueux  devant  for  mer  un  genre  à  part 
sous  le  nom  de  pseudocéphale. 

M.  Tigri  adresse  une  note  Sur  les  globules  caducs  de 
l'humeur  du  thymust  du  mucus  et  de  la  lymphe. 

III    ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Monographie  des  Picidés  ou  histoire  naturelle  générale 
et  particulière  ,  comprenant  :  dans  la  première  partie  , 
l'origine  mythologique,  les  mœurs,  les  migrations,  l'a- 
natomie,  la  physiologie,  la  répartition  géographique, 
les  divers  systèmes  de  classification  de  ces  Oiseaux 
grimpeurs  zygodactyles,  ainsi  qu'un  dictionnaire  al- 
phabétique des  auteurs  et  des  ouvrages  cités  par  abré- 
viation ;  dans  la  deuxième  partie,  la  synonymie,  la 
description  en  latin  et  en  français,  l'histoire  de  chaque 
espèce,  ainsi  qu'un  dictionnaire  alphabétique  et  syno- 
nymique  latin  de  toutes  les  espèces.  — Par  Alfred  Mal- 
herre,  conseiller  à  la  cour  impériale  de  Metz,  membre 
de  diverses  académies  et  sociétés  savantes,  etc.,  etc.  — 
Grand  in-folio,  avec  planches  coloriées.  lre  livraison. 
Metz,  1859.  —  Paris,  Klincksieck. 
On  ne  peut  rien  voir  de  plus  beau  que  l'ouvrage  de 
M.  Malherbe,  et  l'on  peut  dire  hardiment  qu'il  dépasse, 
comme  perfection  dans  son  exécution,  tout  ce  qui  a  été 
fait  de  mieux  jusqu'à  présent  en  France  et  à  l'étranger. 

Si  les  planches  sont  magnifiques,  et  surtout  d'une  exac- 
titude et  d'une  vérité  de  formes  et  de  coloration  des  Oi- 
seaux, qu'on  ne  trouve  pas  souvent  dans  les  plus  luxueux 
ouvrages  de  nos  voisins,  le  texte  n'a  pas  moins  de  mérite, 


86       rev.    kt  mag.  de  zoologie.  (Février  1S()0.) 

car  il  est  écrit  avec  un  ordre  et  une  méthode  admirables, 
et  avec  ce  profond  savoir  que  M.  Malherbe  avait  déjà 
montré,  depuis  longtemps,  dans  plusieurs  publications 
par  lesquelles  il  a  préludé  à  celle-ci,  savoir  qui  était  si 
bien  apprécié  par  l'illustre  prince  Charles  Bonaparte,  qui 
honorait  M.  Malherbe  de  toute  son  estime. 

Dans  la  seconde  partie  de  la  Monographie  des  Picidés, 
dont  la  première  livraison  est  sous  nos  yeux,  on  trouvera 
la  description  exacte  de  toutes  les  espèces  classées  suivant 
une  méthode  propre  à  l'auteur.  Chaque  genre  contiendra 
l'indication  complète  des  caractères  sur  lesquels  il  est 
basé,  et  la  synonymie  avec  les  autres  méthodes.  L'article 
concernant  chaque  espèce  contient  une  description  en 
latin,  précédée  de  la  synonymie  classée  par  ordre  chro- 
nologique, avec  l'indication,  pour  chaque  citation,  de  la 
date  de  publication,  méthode  consciencieuse  que  nous 
nous  glorifions  d'avoir  inaugurée,  le  premier,  dans  notre 
Species  et  Iconographie  générique  des  animaux  articulés ,  dès 
1843.  La  discussion  des  textes  avec  le  résultat  des  re- 
cherches bibliographiques  destinées  à  corriger  les  erreurs 
commises  par  les  auteurs,  au  sujet  de  chaque  espèce,  n'est 
pas  la  partie  la  moins  importante  de  cette  monographie. 
Vient  ensuite  l'histoire  des  mœurs  de  ces  Oiseaux,  puis 
une  description  étendue  des  formes  et  des  couleurs  de 
chaque  sexe  et  des  divers  états  de  l'Oiseau  aux  principales 
époques  de  sa  vie,  et  jusqu'à  l'indication  des  collections 
dans  lesquelles  il  se  trouve. 

La  première  livraison,  composée  de  la  préface,  feuille  a, 
des  feuilles  1  à  6,  avec  les  planches  I  à  IV,  contient  l'his- 
toire des  espèces  du  genre  Mégapic,  et  la  figure  des  Me- 
gapicus  imperialis,  magellanicus,  Boiei,  robustus  et  albi- 
rostris. 

La  Monographie  des  Picidés,  tirée  seulement  à  80  exem- 
plaires, formera  deux  volumes  de  texte  et  deux  atlas, 
composés  de  15  planches  coloriées,  comprenant  de  6  à 
700  figures.  Elle  sera  publiée  en  25  livraisons  de  5  plan- 


ANALYSES  d' OUVRAIS  NOUVEAUX.         87 

ches  et  de  (>  ou  7  feuilles  d'impression  ,  au  prix  de  18  fin 
la  livraison. 

Il  est  fâcheux  qu'un  ouvrage  aussi  bien  fait  et  aussi 
utile  à  l'avancement  de  l'ornithologie  prenne,  par  le  petit 
nombre  d'exemplaires  tirés,  le  caractère  d'un  livre  de 
grand  luxe,  qui  ne  pourra  figurer  que  dans  un  très-petit 
nombre  de  bibliothèques  privilégiées.  Espérons  que  l'au- 
teur, avec  ce  zèle  qui  l'a  toujours  distingué,  voudra  bien 
en  faire  une  édition  économique  in-8°,  avec  des  planches 
réduites,  pour  que  tous  les  amis  de  l'ornithologie  puissent 
profiter  d'un  ouvrage  qui  sera  regardé  par  eux  comme 
un  vrai  modèle  dans  son  genre. 

Nous  rendrons  compte  des  livraisons  qui  se  succéde- 
ront, dès  qu'elles  nous  seront  parvenues.  (G.  M.) 


Richesses  ornithologiques  du  midi  de  la  France ,  ou 
description  méthodique  de  tous  les  Oiseaux  observés 
en  Provence  et  dans  les  départements  circonvoisins  : 
par  MM.  J.  B.  Jaubert  et  Barthélemy-Lapommeraye. 
Gr.  in-4°,  pi.  col.,  2e  et  3e  fascicules,  1859-1860. 
Nous  avons  annoncé  ce  bel  ouvrage  dans  cette  Revue 
(1859,  p.  370),  et  nous  avons  fait  connaître  le  plan  adopté 
par  ses  savants  auteurs,  et  la  perfection  consciencieuse 
avec  laquelle  ils  le  suivent.  Aujourd'hui  nous  recevons  les 
2e  et  3e  livraisons,  accompagnées  de  belles  planches.  Dans 
ces  livraisons,  les  auteurs  s'occupent  des  sous-ordres  des 
Rapaces  nocturnes  et  de  l'ordre   des  Passereaux.  Les 
groupes  sont  nettement  caractérisés,  les  espèces  très-bien 
décrites  ;  mais  ce  qui  donnera  à  cet  ouvrage  un  cachet 
d'intérêt  plus  général ,  c'est  le  soin  et  le  talent  avec  les- 
quels ses  auteurs  ont  fait  connaître  les  curieuses  particu- 
larités des  mœurs  des  Oiseaux  dont  ils  s'occupent.  Nous 
ne  pouvons  résister  au  plaisir  de  citer  un  des  plus  curieux 
passages  relatif  à  J'Étourneau. 
«  Leur  nourriture  se  compose  principalement  d'in- 


88       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

sectes,  de  Limaçons,  de  fruits  et  de  graines.  Dans  les  lo- 
calités où  les  olives  se  cueillent  tard,  ils  en  font  une  énorme 
consommation.  Dans  les  environs  de  Saragosse,  en  Es- 
pagne ,  où  les  Étourneaux  sont  très-nombreux  en  hiver, 
on  a  quelquefois  la  plus  grande  peine  à  sauvegarder  cette 
récolte.  Un  petit  pays  dont  le  nom  m'échappe  en  ce  mo- 
ment en  tire,  par  exemple,  un  singulier  profit  :  traqués 
de  tous  les  côtés  par  les  cultivateurs  dont  ils  font  le  dé- 
sespoir, ces  Oiseaux  ont  pris  l'habitude  de  s'emparer  fur- 
tivement du  bien  qu'on  leur  dispute  :  c'est  au  point  du 
jour  et  jusqu'au  lever  du  soleil  qu'ils  descendent  par  nuées 
dans  les  champs  d'oliviers,  s'emparent  en  toute  hâte  de 
quelques  fruits,  ordinairement  deux  ou  trois,  un  dans 
chaque  patte  et  l'autre  au  bec,  et  s'envolent  vers  une  barre 

de  rochers  rangés  en  esplanade,  qui  domine  la  ville ; 

c'est  là  qu'ils  les  déposent  précipitamment  pour  s'en  re- 
tourner faire  au  moins  deux  ou  trois  voyages.  Le  fait  est 
tellement  connu,  que  l'administration  municipale  met  an- 
nuellement aux  enchères  l'exploitation  de  ces  rochers, 
dont  le  prix  varie  suivant  que  la  récolte,  d'après  le  nombre 
des  Étourneaux,  paraît  devoir  être  plus  ou  moins  bonne  ; 
c'est  à  celui  à  qui  reste  l'adjudication  qu'appartient  la 
cueillette.  Chaque  jour,  un  homme  est  mis  en  observation 
pour  suivre  les  manœuvres  des  Oiseaux  ;  aussitôt  qu'il 
s'aperçoit  que  ceux-ci ,  après  quelques  voyages ,  s'apprê- 
tent à  commencer  le  festin,  un  signal  est  donné C'est 

ordinairement  un  coup  de  feu  destiné  à  mettre  subite- 
ment en  fuite  toute  la  troupe On  monte  alors  avec  des 

corbeilles  que  l'on  remplit  en  quelques  minutes.  » 

Au  sujet  des  mœurs  du  Corbeau,  MM.  Jaubert  etBarthé- 
lemy  racontent  un  des  faits  les  plus  singuliers  que  l'on 
puisse  imaginer;  fait  dont  nous  avons  tous  été  témoins, 
disent-ils,  et  qui  dénote  chez  cet  Oiseau  un  très-haut  degré 
de  ruse,  que  beaucoup  appelleraient  de  l'intelligence. 
Un  de  ces  animaux,  vivant  en  domesticité,  fut  un  jour  en- 
fermé dans  une  cage  pour  certains  méfaits  (il  avait  mangé 


ANALYSES  D  OUVRAGES  NOUVEAUX.        89 

de  jeunes  poulets)  commis  dans  la  basse-cour.  Quelques 
jours  après,  ayant  remarqué  qu'une  diminution  quoti- 
dienne continuait  à  se  faire  dans  le  nombre  des  petits 
poulets,  on  en  chercha  la  cause,  et  le  coupable  fut  bientôt 
trouvé.  On  le  surprit  à  l'affût.  Il  avait  préalablement  pra- 
tiqué, au  bas  de  sa  cage  et  contre  le  sol,  un  trou  où  sa 
tête  pouvait  facilement  s'engager.  C'est  là,  qu'après  avoir 
armé  d'un  morceau  de  viande  son  énorme  bec,  dont  il 
ne  laissait  sortir  qu'un  tout  petit  bout,  il  attendait  pa- 
tiemment que  les  petits  poulets  l'eussent  aperçu.  Sa  peine 
était  rarement  perdue,  car  il  ne  se  passait  pas  de  jour 
qu'elle  ne  lui  procurât,  à  peu  de  frais  ,  le  régal  convoité. 
Mais  la  mèche  une  fois  éventée,  le  drôle  dut  y  renoncer. 
I!  était  cependant  facile  de  voir  que  toute  son  attention 
restait  portée  de  ce  côté,  et  qu'il  imaginerait  bien ,  un 
jour  ou  l'autre,  quelque  moyen  de  prendre  une  revanche. 

Ces  échantillons  montrent  suffisamment  l'intérêt  qui 
s'attache  à  ce  livre.  On  voit  qu'en  conservant  un  caractère 
très -scientifique  il  est  cependant  susceptible  d'être  lu 
avec  plaisir  par  les  personnes  qui  cherchent  à  connaître 
les  faits  si  curieux  de  la  vie  et  des  mœurs  des  Oiseaux.  On 
y  trouve  aussi  des  considérations  remarquables  sur  le  rôle 
que  les  Oiseaux  jouent  dans  notre  agriculture,  et  nous 
avons  vu  avec  plaisir,  au  chapitre  qui  traite  des  Moineaux, 
que  ses  auteurs  partagent  nos  idées  sur  l'utilité  de  cet 
Oiseau,  que  nous  avons  soutenue  dans  cette  Revue,  1854, 
p.  700. 

Les  planches,  lithographiéeset  coloriées  avec  un  grand 
soin,  sont  en  tous  points  dignes  du  beau  livre  qu'elles  ac- 
compagnent; elles  représentent  des  espèces  rares  qui 
n'ont  pas  encore  été  figurées  ou  qui  l'ont  été  jusqu'à  pré- 
sent très-imparfaitement.  (G.  M.) 


Mollusques  nouveaux  décrits  par  M.  Isaac  Lea,  membre 
de  l'Académie  des  sciences  naturelles  de  Philadelphie. 


90       rev.  et   mag.  de  zooi.ogie.  (Février  1860.) 

—  (In-8.  Extrait  des  Proceedings  de  cette  Académie, 

1859.) 

Nous  recevons  à  l'instant  ce  fascicule,  qui  est  la  réunion 
de  onze  communications  faites  par  l'auteur  et  portant 
onze  titres  sur  la  couverture.  L'indication  de  ces  titres  suf- 
fira pour  appeler  l'attention  des  malacologistes  sur  ces 
travaux  du  savant  américain. 

1.  Description  de  27  nouvelles  espèces  d'Unio  de  Géor- 
gie. 

2.  Remarques  sur  les  Unionidae  du  territoire  de  Ne- 
braska. 

3.  Description  de  nouvelles  espèces  d'Hélix  et  Pla- 
norbes. 

4.  Description  de  8  espèces  d'Unio  du  Tennessee,  etc. 

5.  Remarques  sur  les  fossiles  du  terrain  parmien. 

6.  Remarques  sur  une  énorme  production  des  Unio- 
nidae. 

7.  Description  de  4  nouveaux  Mollusques  d'eau  douce 
du  détroit  de  Darien  et  de  Honduras. 

8.  Remarques  sur  quelques  Unionides. 

9.  Description  de  7  espèces  de  Margaritana  et  de  4  Ano- 
donta. 

10.  Description  de  12  nouvelles  espèces  d'Uniones  des 
États-Unis. 

11.  Remarques  sur  le  Green  Sand,  formation  du  New- 
Jersey. 

Essai  monographique  sur  la  famille  des  Throscides,  par 
M.  H.  de  Ronvouloir,  membre  des  Sociétés  entomo- 
logiques  de  France  et  de  Rerlin.  —  In-8,  avec  5  pi. 
coloriées.  Paris,  Deyrolle.  1859. 
Ce  petit  travail,  qui  est  le  premier  essai  de  M.  de  Ron- 
vouloir, peut,  à  juste  titre,  être  regardé  comme  un  tra- 
vail de  maître.  C'est  une  étude  complète  d'un  groupe  très- 
difficile  à  étudier,  et  le  meilleur  éloge  qu'on  puisse  en  faire, 
c'est  de  désirer  que  beaucoup  d'entomologistes  imitent 


ANALYSES   DOUVRAGES    NOUVEAUX.  91 

l'autour  et  suivent  l'excellente  méthode  qu'il  a  adoptée  pour 
fixer  la  synonymie  des  genres  et  des  espèces,  et  pour  les 
caractériser  d'une  manière  précise. 

Insectes  et  Mollusques  ennemis  de  la  vigne  dans  le  dépar- 
tement de  la  Gironde,  etc.,  par  M.  Aug.  Peitt-Lafitte, 
professeur  d'agriculture,  etc.  —  ln-8,  fig.  Bordeaux, 
1856. 

Nous  ne  faisons  que  signaler  ce  mémoire  intéressant, 
parce  qu'il  date  déjà  de  plusieurs  années  et  qu'il  doit  être 
bien  connu  des  agriculteurs  et  des  entomologistes.  M.  Pe- 
tit-Lafitte, en  le  rédigeant,  a  fait  preuve  de  connaissances 
étendues  et  solides  sur  son  sujet,  et  il  a  rendu  un  véritable 
service  à  la  viticulture. 


Nouveau  guide  de  l'amateur  d'Insectes,  comprenant  des 
généralités  sur  leur  division  en  ordres,  l'indication  des 
ustensiles  et  les  meilleurs  procédés  pour  leur  faire  la 
chasse  :  les  époques  et  les  conditions  les  plus  favorables 
à  cette  chasse,  la  manière  de  les  préparer  et  de  les  con- 
server en  collections;  par  plusieurs  membres  de  la  So- 
ciété entomologique  de  France. 

I  vol.  in-12,  Paris,  1859.  Chez  Deyrolle,  rue  de  la  Mon- 
naie, 19. 

Ce  petit,  mais  très-utile  traité  en  est  à  sa  seconde  édi- 
tion, et  tient  complètement  tout  ce  que  son  titre  promet. 
Du  reste,  il  n'en  pouvait  être  autrement  quand  on  voit 
que  ses  diverses  parties  ont  été  rédigées  par  plusieurs  de 
nos  entomologistes  les  plus  distingués,  tels  que  MM.  L. 
Fairmaire,  Signoret,  de  Sélys-Longchamps,  de  Barneville, 
Sichel,  Bellier  de  la  Chavignerie,  Stainton,  Fologne,  Bi- 
got, etc. 

II  est  certain  que  ce  manuel  rendra  un  vrai  service  à 
l'entomologie  en  dirigeant  mieux  les  études  sur  cette  utile 
branche  de  la  zoologie,  et  qu'il  doit  être  mis  entre  les 
mains  de  tous  les  amis  de  cette  branche  de  la  science. 


92       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

Gênera   des  Coléoptères   d'Europe  ,   comprenant  leur 
classification   en   familles   naturelles,  etc.,  etc.,   par 
M.  Jacquelin  du  Val,  et  M.  J.  Migneaux  pour  les  fig. 
—  Grand  in-8,  fig.  Paris,  Deyrolle,  1859. 
Cet  ouvrage,  dont  nous  avons  déjà  entretenu  nos  lec- 
teurs à  plusieurs  reprises,  se  continue  avec  régularité.  Le 
fascicule  que  nous  annonçons,  le  dernier  paru  jusqu'à  ce 
jour,  contient  les  Colydiides,  Pléganophorides,  Rhyzo- 
dides,  Passandrides,  Cucujides,  Cryptophagides,  Telma- 
tophilides ,   Mycétophagides,  Mycétéides ,   Murmidiides, 
Corylophides,  Sphériides,  Lathridiides,  Thorictides,  Der- 
mestides,  Byrrhides,  Géorissides,  Parnides  et  Hétérocé- 
rides. 


L'Annuaire  des  Entomologistes  pour  1860,  par  M.  Stain- 

ton.  1  vol.  in-12.  Londres,  1860. 

Tous  les  ans  nous  avons  le  plaisir  d'annoncer  cette  in- 
téressante publication  qui  témoigne  du  zèle  de  son  au- 
teur ,  l'un  des  entomologistes  les  plus  distingués  de 
l'Angleterre. 

Dans  ce  volume,  précédé  d'une  jolie  planche,  on  trouve 
d'abord  la  liste  des  entomologistes  de  l'Angleterre,  qui 
sont  aujourd'hui  au  nombre  de  1224;  un  synopsis  des 
Phryganides  d'Angleterre,  par  M.  Hagen;  des  observa- 
tions sur  les  Hyménoptères,  par  M.  Fr.  Smith  ;  des  notes 
de  M.  Janson,  sur  des  Coléoptères  nouveaux  pour  l'An- 
gleterre; de  M.  Schaum,  sur  la  nomenclature  des  Cara- 
biques  établie  dans  le  catalogue  de  M.  Waterhouse  ;  et 
des  notes  et  observations  du  plus  haut  intérêt  de  l'auteur 
lui-même,  sur  diverses  questions  relatives  aux  Lépidop- 
tères. 

Nous  ne  saurions  trop  féliciter  M.  Stainton  du  dévoue- 
ment qu'il  montre  pour  les  progrès  de  l'entomologie  de 
son  pays.  (G.  M.) 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  93 

Des   larves  de   Diptères    développées  dans  les  sinus 

frontaux  et  les  fosses  nasales  de  l'homme,  à  Cayenne; 

par  le  Dr  Ch.  Coquerel.  —  Extr.  des  Arch.  gén.  de 

médecine,  numéro  de  mai  1858. 

M.  Coquerel  rapporte  d'abord  cinq  cas  de  maladies 
graves  occasionnées  par  la  présence,  dans  les  sinus  fron- 
teaux,  de  nombreuses  larves  de  Diptères,  et  il  constate 
que  quatre  ont  été  mortels.  Il  traite  ensuite  la  question  en 
médecin  et  en  naturaliste  instruit,  et,  ayant  obtenu  l'In- 
secte parfait  qui  dépose  ainsi  ses  nombreux  œufs  à  l'entrée 
des  fosses  nasales  des  hommes  endormis,  il  a  reconnu 
que  c'est  une  espèce  nouvelle  de  Mouche  du  genre  Lu- 
cilia,  dont  le  type  est  la  Mouche  dorée  de  nos  pays  [Lu- 
cilia  Cœsar),  et  il  la  décrit  sous  le  nom  de  Lucilia  homini- 
vora,  en  en  donnant  une  bonne  figure  coloriée. 

Dans  le  numéro  de  juin  1859  du  même  journal  mé- 
dical, M.  Coquerel,  en  faisant  connaître  un  nouveau  cas 
de  mort  produite  par  le  développement  de  larves  de  la  Lu- 
cilia hominivora  dans  le  pharynx ,  décrit  avec  soin  la 
larve  de  ce  Diptère  dangereux. 


Essai  d'une  classification  générale  et  synoptique  de  l'or- 
dre des  Insectes  Diptères,  par  M.  J.  Bigot.  —  In-8. 
Extr.  des  Ànn.  de  la  Soc.  eut.  de  France,  3e  série,  t.  IV, 
p.  569.  1858. 

M.  Bigot  s'est  placé  à  la  tête  des  entomologistes  qui 
s'occupent  spécialement  de  l'étude  des  Diptères,  et  ses 
travaux  en  sont  la  preuve,  malgré  les  critiques  injustes 
qui  en  ont  été  faites  par  quelques  entomologistes  alle- 
mands :  nous  les  signalons  donc  aux  savants  consciencieux 
qui  veulent  sérieusement  étudier  ce  groupe  intéressant 
d'Insectes. 

Dans  le  t.  VII ,  p.  115  du  même  recueil ,  on  trouve  un 
autre  mémoire  du  même  savant  dans  lequel  il  donne 
d'excellentes  descriptions  de  Diptères  de  Madagascar. 


94       rev.  et  mag.  dr  ZOOLOGIE.  (Février  1860.) 

Ajoutons  que  c'est  à  lui  que  nous  devons  la  description 
des  Diptères  de  Cuba  qui  a  paru  dans  le  volume  dont  la 
rédaction  nous  a  été  confiée  par  M.  Ramon  de  la  Sagra, 
dans  son  grand  ouvrage  sur  l'histoire  politique  et  natu- 
relle de  l'île  de  Cuba.  (G.  M.) 


IV    MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Nous  trouvons,  dans  les  lettres  si  intéressantes  que 
nous  adresse  quelquefois  le  savant  docteur  Sacc,  de  Wes- 
serling,  le  passage  suivant  que  nous  croyons  devoir  pu- 
blier, espérant  qu'il  nous  pardonnera  cette  petite  indiscré- 
tion au  moyen  de  laquelle  nous  donnons  aux  ornithologistes 
un  fait  oologique  intéressant. 

«  Le  travail  du  savant  M.  Moquin-Tandon  m'intéresse 
beaucoup,  et  l'observation  qu'il  y  rapporte  sur  le  grand 
nombre  d'œufs  pondus  par  le  Moineau  femelle  de  ma- 
dame Guérin-Méneville  me  rappelle  que,  étant  enfant  en- 
core, j'avais  résolu  de  découvrir  combien  un  de  ces 
oiseaux  pondrait  d'œufs  en  une  saison ,  si  on  les  lui 
enlevait  à  mesure  qu'il  les  pondait.  Dès  que,  dans  un 
nid  placé  sous  le  toit  d'un  poulailler ,  le  5e  œuf  fut 
pondu,  j'en  enlevai  quatre;  puis,  chaque  jour,  un,  jus- 
qu'au 35e,  où,  ayant  effarouché  la  pondeuse,  elle  quitta 
le  nid  pour  n'y  plus  revenir.  Voici  donc  la  preuve  que,  à 
l'état  sauvage,  un  Moineau  peut  pondre,  sans  interruption, 
35  œufs  en  autant  de  jours,  si  on  les  lui  soustrait  à  me- 
sure qu'il  les  dépose.  C'est  là  le  secret  de  l'énorme  mul- 
tiplication de  ces  Oiseaux  qui  rebâtissent  leur  nid  dès 
qu'on  le  leur  a  enlevé,  en  sorte  que  leurs  couvées  peuvent 
se  continuer  pendant  toute  la  bellesaison.  Jecrois,  du  reste 
aussi,  que  chaque  paire  fait  plusieurs  pontes  par  an;  car, 
parmi  ceux  qui  se  nourrissent  dans  ma  basse-cour  par 
centaines,  j'ai  vu  souvent,  en  été,  des  jeunes  de  plusieurs 
âges,  et  cela  de  juin  jusqu'en  septembre.  » 


MÉLANGES    ET    NOUVELLES.  95 

Le  Père  Montrousibr,  missionnaire  mariste  français 
à  la  Nouvelle-Calédonie,  qui  a  étudié  l'histoire  natu- 
relle de  cette  île  et  à  qui  l'on  doit  une  publication  in- 
téressante sur  l'entomologie  de  ces  contrées,  nous  a  en- 
voyé la  Note  suivante  sur  l'existence  d'une  espèce  de 
Serpent  qu'il  y  a  observée.  Le  zélé  missionnaire  rapporte 
cet  Ophidien  au  genre  Boa  et  le  décrit  ainsi  : 

Boa  australis,  mihi.  (L.,  0m,8  à  1  mètre.  — L.  de  la 
queue,  0m,l.)  Brun.  Dessous  du  corps  jaune.  Sur  les  côtés 
quelques  taches  foncées  qui  s'étendent  sur  l'abdomen  de 
manière  à  former  des  demi-anneaux  incomplets  et  irré- 
guliers. 

La  tête,  beaucoup  plus  large  que  le  cou,  est  aplatie.  Mâ- 
choire supérieure  avancée,  coupée  en  biseau  rentrant  par 
devant,  ayant  cette  partie  antérieure  formée  d'une  seule 
plaque  et  couverte  d'écaillés  à  peu  près  semblables  à  celles 
du  corps,  mais  moins  carénées.  Elle  offre,  entre  et  un  peu 
avant  les  yeux,  une  dépression  en  fer  à  cheval,  et,  depuis 
cette  dépression  jusqu'au  bout  du  museau ,  elle  a  des 
écailles  un  peu  plus  grandes,  surtout  vers  le  milieu  et  au- 
tour de  la  mâchoire  supérieure.  Les  écailles  du  corps  sont 
uni-carénées  sur  le  limbe;  les  crochets  voisins  de  l'anus 
très  sensibles,  arqués,  jaunes.  Le  corps  est  un  peu  com- 
primé ;  la  queue  assez  courte,  obtuse  au  bout. 

Les  naturels  appellent  ce  Serpent  Un  ;  ils  n'en  redoutent 
pas  la  morsure  et  le  mangent.  Il  vit  dans  les  bois. 

Les  Ophidiens  de  l'Océanie  sont  si  peu  connus  (si  l'on 
excepte  ceux  de  l'Australie),  que  je  pense  qu'on  sera  bien 
aise  d'en  avoir  la  description,  quelque  incomplète  qu'elle 
soit  et  quoique  non  accompagnée  de  figures. 


En  attendant  la  publication,  avec  une  figure,  du  nou- 
veau genre  de  Coléoptère  longicorne  auquel  M.  Chevrolat 
donne  le  nom  d'ApATOPHYSis,  nous  croyons  devoir  in- 
sérer de  suite  la  diagnose  qui  contient  ses  caractères  es- 
sentiels. 


96       rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Février  1860.) 

Ce  nouveau  genre  est  très-curieux  en  ce  que  le  mâle 
ressemble  à  un  Toxotus  et  la  femelle  à  un  Prionien. 
M.  Chevrolat  caractérise  ainsi  l'espèce. 

Apatophysis  toocotoides.  —  Mâle,  tomenteux,  gris,  sem- 
blable au  Toxotus  meridianus.  Femelle,  d'un  brun  de  poix, 
à  élytres  élargies  en  arrière ,  très-finement  pointillées, 
avec  de  faibles  côtes  longitudinales.  —  Habite  le  Sahara 
algérien. 


Exposition  de  zoologie,  paléontologie,  géologie  et  miné- 
ralogie, à  Montpellier,  du  1er  avril  au  30  juin  1860.  — 
Commission  présidée  par  M.  E.  Doumet. 
Cette  exposition  viendra  compléter  le  concours  auquel 
les  huit  départements  de  la  région  du  Sud-Est  se  prépa- 
rent, et  l'administration,  dans  sa  généreuse  sollicitude 
pour  les  intérêts  scientifiques  du  Midi,  a  décidé  que  des 
médailles  d'or,  d'argent  et  de  bronze  seraient  décernées, 
suivant  le  mérite,  aux  exposants  dont  les  envois  offriront 
le  plus  d'intérêt. 


TABLE   DES  MATIERES. 

Page.^ 

0.  des  Murs.  —  Sur  l'adénisation  de  M.  le  docteur  Cornay.  49 
H.  de  Saussure.  —  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. 53 
A.  Moquin-Tandon.— Considérations  sur  les  œufs  des  Oiseaux.  57 
Ch.  F.  Dubois.  —  Notes  nido-oologiques.  62 
J.  R.  Bourguignat.  —  Aménités  malacologiques.  65 
A.  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  75 
D.   S.   Hartlaub,   —  Nouvelle  espèce  d'Oiseau  de  l'Afrique 

occidentale.  82 

Académie  des  sciences .  83 

Analyses.  85 

Mélanges  et  nouvelles.  94 


PARIS.  —  1MP.    DE  *me  Ve   BOUCHARD-HUZARD,   RUE   DE  L'ÉPERON,     5. 


VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.   —    MARS  1860. 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 


Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 

par  M.  H.  de  Saussure. 

Troisième  article.  (Voir  p.  53.) 

FAMILLE  DES   MURIDES. 

Tribu  des  Hespéromyens,  ou  Rats  du  nouveau  continent. 
(Sigmodontes,  Baird.) 

Molaires  f,  diminuant  de  grandeur  de  la  Ve  à  la  3% 
munies  de  racines,  à  lames  compliquées,  offrant,  avant  d'être 
usées,  deux  rangées  longitudinales  de  tubercules  (1). 

Le  Mexique  nourrit,  comme  les  parties  plus  septentrio- 
nales de  l'Amérique,  de  nombreuses  espèces  de  Rats  indi- 
gènes. Celles  de  ces  espèces  que  nous  faisons  connaître 
ici  rentrent  toutes  strictement  dans  les  genres,  tels  que 
Sp.  Baird  les  a  définis  (2),  qui  servent  à  classer  les  Hes- 
péromyens des  États-Unis.  Sous  le  rapport  des  petits  Mam- 
mifères, la  Faune  du  Mexique  offre,  en  général,  une  analo- 
gie remarquable  avec  celle  des  États-Unis,  tandis  que  par  les 
grands  elle  rappelle  plutôt  celle  de  l'Amérique  méridionale. 
G.  Hesperomys,  Waterh. 

Les  espèces  que  nous  a  fournies  le  Mexique  rentrent 
toutes  dans  le  sous-genre  Hesperomys  proprement  dit  de 
Baird  (1.  c,  p.  458),  qui  est  caractérisé  par  la  longueur  de 
la  queue,  par  des  ongles  peu  propres  à  fouir,  et  par  l'ab- 

(i)  Chez  les  Rats  de  l'ancien  continent,  on  trouve  trois  rangées 
longitudinales  de  tubercules. 

(2)  Explorations  a  Surveys  for  a  railroad  route  from  Missis- 
sipi  riv.  to  the  Pacific  oçean,  etc.,  VIII,  445. 

2*  sérib.  t.  xu.  Année  1860.  7 


98         REV.    ET    MAG.    DE  ZOOLOGIE.  [Mars  1860.) 

sence  de  crête  osseuse  au  bord  supérieur  des  orbites.  Le 
tableau  suivant  facilitera  la  détermination  de  ces  espèces. 

I.  Plante  des  pieds  postérieurs  nue;  queue  grêle,  écail- 
leuse,  peu  poilue,  de  la  longueur  de  la  tête  et  du  corps, 
ou  plus  courte;  poil  doux,  mais  long  et  hérissé,  couleur 
en  dessus  mélangée  de  brun  et  de  jaunâtre;  ventre  blanc 
ou  plombé  ;  moustaches  très-courtes.     .     .     toltecus. 

II.  Plante  des  pieds  garnie  de  poils  jus- 
qu'au dernier  tubercule,  queue  grêle,  écail- 
leuse,  peu  poilue,  ne  se  terminant  pas  par 
un  pinceau  de  longs  poils. 

1 .  Queue  plus  longue  que  la  tête  et  le  corps, 

ventre  jaunâtre fulvescens. 

2.  Poil  velouté,  gris,  avec  un  peu  de  roux 

sur  les  côtés meœicanus. 

3.  Poil  velouté,  roux-orangé,  avec  le  dos 
brunâtre aztecus. 

III.  Queue  assez  grosse,  plus  longue  que 
le  corps  et  la  tête,  terminée  par  un  pinceau 
de  poils  longs  et  abondants.  Couleur  ferru- 
gineuse, ou  brunâtre  sur  le  dos  ;  poils  du 

ventre  blancs  jusqu'à  la  base Sumichrasti. 

Chez  les  espèces  septentrionales,  on  remarque  la  ten- 
dance à  prendre  les  pieds  blancs,  et  souvent  même  les 
pattes  antérieures  tout  entières.  Celles  du  Mexique  offrent, 
au  contraire,  la  tendance  à  avoir  la  couleur  brune  du  dos 
prolongée  sur  la  face  externe  des  pattes  antérieures  et 
même  sur  les  pieds  jusqu'à  l'origine  des  doigts. 

Ier  Groupe.  Plante  des  pieds  postérieurs  nue;  queue  nue, 
peu  poilue.  Pelage  long.  Moustaches  très-courtes.  (Deile- 
mys(l).) 

H.  toltecus,  pi.  ix,  fig.  3a.— Subhispidus,  pilis  elongatis,  fusco-ni- 
grescentibus,  apice  flavesceatibus;  corpus  fuscum,  flavo  tessella- 
tum  ;  pedes  postici  supra  ejusdem  coloris  ;  venter  et  corpus  subtus 

(1)  Aê/XM,  nç,  crépuscule  ;  —  fj.vç,  Rat. 


TRAVAUX    INÉDITS.  99 

albicantia  ;  auriculae  parvae  ,  cxtus  subnudaj,  intus  valde  pilosœ  ; 

cauda  bicolor,  par  corpori  longitudiae;  myataces  brevissimi. 

Cette  espèce  est  plus  grande  que  Y  H.  mexicanus,  mais 
sensiblement  plus  petite  que  le  Rat  noir  (Mus  rattus). 
Elle  offre  exactement  les  mêmes  caractères  que  YH. 
mexicanus  pour  la  conformation  des  pieds  et  pour  la  ma- 
nière dont  le  museau  est  garni  de  poils.  Mais  les  oreilles 
sont  plus  petites,  non-seulement  à  proportion,  mais  même 
absolument  parlant;  elles  sont  beaucoup  plus  cachées 
dans  le  poil,  où  elles  disparaissent  en  grande  partie.  Les 
incisives  sont  aussi  beaucoup  plus  fortes  et  plus  larges 
que  chez  l'espèce  citée.  Tout  le  corps,  y  compris  la  tête, 
est  couvert  de  longs  poils  qui  lui  donnent  un  air  hérissé 
(hispidus).  Cependant  la  fourrure  n'est  pas  rude  au  tou- 
cher, mais  la  longueur  exceptionnelle  des  poils  fait  qu'ils 
ne  sont  pas  très-bien  couchés,  et  leurs  pointes  un  peu 
relevées  les  font  ressembler  à  des  soies  roides.  La  couleur 
est  un  brun-noiràtre  mêlé  de  jaunâtre  ou  de  brun-jaunâ- 
tre. Toutes  les  parties  supérieures,«y  compris  la  tête,  sont 
presque  bicolores;  la  couleur  générale  est  brune,  et  le 
jaunâtre  forme  un  tiqueté  plus  pâle  sur  le  brun.  Cette 
apparence  tient  à  ce  que  les  poils  sont  noirâtres,  avec  la 
pointe.assez  longuement  jaunâtre,  et,  comme  ils  sont  plus 
allongés  que  fournis,  les  pointes  jaunes  ne  suffisent  pas 
pour  masquer  le  noir  de  leur  base.  Sur  le  dos,  les  deux 
couleurs  se  balancent  presque,  quoique  le  noir  domine  ; 
sur  les  flancs,  le  jaunâtre  domine  beaucoup  et  devient 
pâle;  sur  les  fesses,  il  domine  et  devient  générale- 
ment plus  roux.  Le  ventre  et  les  parties  inférieures,  le 
menton  et  le  dessous  de  la  tête,  à  partir  de  l'angle  de  la 
bouche,  sont  blancs;  mais  ici  aussi  la  couleur  de  la  base 
des  poils  se  mêle  au  blanc,  parce  que  ceux-ci  sont  longs 
et  peu  abondants.  Ces  poils  sont  d'un  gris  peu  foncé, 
avec  la  pointe  longuement  blanche.  Du  mélange  de  ces 
deux  couleurs  il  résulte  un  blanc-grisâtre  peu  foncé  (vu  la 
teinte  peu  foncée  de  la  base  des  poils).  Le  blanc  du  ventre 


100      REV.    ET  MAG.    DE    ZOOLOGIE.    (Mars  1860.) 

ne  se  fond  nullement  avec  le  brun  des  flancs  ;  la  ligne  de 
démarcation  des  deux  couleurs  est,  au  contraire,  nettement 
accusée.  Les  pattes  de  devant  ont  toute  leur  face  externe 
brune,  mêlée  de  fauve  et  de  poils'  blancs  ;  mais  les  pieds 
en  dessus  sont  gris-brun  moucheté  de  jaunâtre  et  non 
blancs  comme  chez  la  plupart  des  Hesperomys.  Les  pattes 
postérieures  sont  fortes  ;  le»  pieds  sont  grisâtres  en  des- 
sus, garnis  de  poils  bruns,  par-dessus  lesquels  sont  des 
poils  blancs  longs  et  couchés.  La  queue  est  longue,  mais 
moins  à  proportion  que  celle  de  r/ST.  meœicanus  ;  sa 
longueur  est  égale  à  celle  du  corps  sans  la  tête  (ou  même 
un  peu  plus  considérable)  ;  elle  est  écailleuse  et  distincte- 
ment bicolore,  les  poils  de  sa  face  dorsale  étant  bruns  et 
ceux  de  la  face  inférieure  gris.  Les  moustaches  sont  très- 
courtes;  elles  n'atteignent  que  jusqu'à  l'oreille,  et  sont 
composées  de  poils  bruns  très-fins.  A  leur  face  interne,  les 
oreilles  paraissent  nues,  sauf  près  de  leur  bord  antérieur, 
où  elles  sont  revêtues  de  poils  noirâtres  distincts  ;  leur  face 
externe,  au  contraire,  est  fortement  poilue,  garnie,  dans 
toute  son  étendue,  de  longs  poils  bruns,  à  pointe  fauve, 
assez  semblables  à  ceux  qui  couvrent  les  pattes  antérieures 
près  du  pied. 

Variétés.  Certains  individus  ont  les  poils  moins  longs, 
moins  roides  et  d'un  brun  plus  marron,  avec  une  teinte 
grise.  D'autres,  au  lieu  d'être  d'un  brun- noirâtre  mou- 
cheté de  jaunâtre,  passent  au  blond  un  peu  fauve  (1).  La 
face  supérieure  des  pieds  antérieurs  est  tantôt  de  la  cou- 
leur du  corps,  tantôt  parsemée  de  poils  blancs.  Parfois 
les  flancs  deviennent  gris-brun  clair,  ou  bjen  ils  tirent  au 
fauve,  mais  sans  aucune  teinte  rougeâtre,  comme  celle  qui 
se  voit  chez  Y  H.  meœicanus. 

Voici  les  mesures  comparatives  de  quatre  individus 
empaillés  : 

(1)  Le  crâne  que  j'ai  étudié  appartient  à  un  de  ces  individus  qui 
ne  me  paraissent  pas  différer  spécialement. 


TRAVAUX 

INÉDITS. 

1( 

N°» 

Tête  et  corps. 

Queue. 

Pied  postérieur. 

Portion   libre 
de 

l'oreille  (1). 

1 

0n',130 

0m,094 

0m,035 

0ra,011 

2 

0  ,123 

0  ,090 

0  ,030 

0  ,010 

3 

0  ,120 

0  ,095 

0  ,027 

0  ,010 

4 

0  ,107 

0  ,027 

Habite  la  Cordillère  de  la  province  de  Véra-Cruz. 

Cet  Hesperomys  me  semble  devoir  se  rapprocher  du 
sous-genre  Oryzomys,  Baird,  par  la  longueur  de  ses  poils, 
la  petitesse  de  ses  oreilles,  et  la  plante  presque  nue  des 
pieds  postérieurs  ;  mais  le  bord  des  orbites  ne  forme  pas 
de  crête  ;  les  tubercules  des  pieds  antérieurs  sont  grands, 
et  je  n'ai  pas  trouvé  le  très-grand  sixième  tubercule  des 
pieds  postérieurs,  qui  est  un  des  caractères  des  Oryzomys. 

Il  se  distingue  facilement  de  VH.  mexicanus  et  de  la 
plupart  des  autres  espèces  :  1°  par  ses  oreilles  petites  et 
très- poilues  en  dedans;  2°  par  ses  poils  très-longs,  son 
aspect  hérissé  et  les  deux  couleurs  de  son  pelage,  qui  for- 
ment une  espèce  de  moucheture  vague  sur  le  corps  et  sur 
toute  la  tète  ;  3°  par  sa  plus  grande  taille  ;  4°  par  la  couleur 
de  ses  poils,  qui  ne  sont  ardoisés  qu'à  la  base,  puis  noi- 
râtres et  enfin  jaunâtres  au  bout;  5°  par  ses  moustaches 
beaucoup  plus  courtes;  6°  par  ses  pattes  antérieures  moins 
blanches  en  dessus;  7°  par  la  teinte  assez  uniforme  de 
ses  parties  supérieures,  sans  trace  de  ferrugineux  et  sans 
bande  fauve  ou  ferrugineuse  sur  les  flancs.  — La  brièveté 
des  moustaches  de  ce  Rat  suffirait,  du  reste,  pour  le  faire 
distinguer  de  toutes  les  espèces  suivantes. 

II0  Groupe.  Plante  des  pieds  garnie  de  poils  jusqu'au  tu- 
bercule postérieur.  Queue  grêle,  écailleuse,  peu  poilue,  ne  se 
terminant  pas  par  un  pinceau.  Moustaches  Ipngues .  (Hespe- 
romys.) 

Chez  toutes  les  espèces  de  ce  groupe,  la  longueur  des 
doigts  se  gradue  comme  chez  YH.  leucopus.  Le  3e  est  le 

(1)  Mesurée  à  sa  face  postérieure. 


102     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Mars  1860.) 

plus  long,  puis  vient  le  4e,  puis  le  2e.  Aux  pieds  posté- 
rieurs, l'ordre  de  grandeur  des  orteils  est  le  même  ;  tou- 
tefois les  orteils  2-4  sont  presque  d'égale  longueur,  surtout 
le  3e  et  le  4e.  Le  premier  orteil  est  très-petit  ;  il  n'atteint 
pas  la  2e  phalange  du  2e  orteil.  La  paume  de  la  main  a 
cinq  tubercules,  et  la  plante  du  pied  postérieur  est  munie 
de  tubercules  disposés  comme  Y  H.  leucopus.  Le  dessous 
du  pied  postérieur  est  garni  de  poils  jusqu'au  niveau  du 
tubercule  postérieur  et  même  au  delà.  —  Le  pouce  de  la 
main  est  rudimentaire,  et  porte  un  ongle  plat  assez  sem- 
blable à  celui  de  l'homme,  comme  cela  se  voit  chez  tous 
les  Hesperomys  de  l'Amérique  septentrionale. 
H.  fulvescens.  —  Fulvescens;  supra  fusco-fulvescens,  in  lateribus 

fulvescens,  subtus    albido-fulvescens  ;    caput   subtus    albidura. 

Cauda  corpore  et  capite  longior.  Pedes  albidi,  subfulvescentes  ; 

postici  graciles,  elongati,  cake  fusca. 

Seulement  de  la  grandeur  de  la  Souris  d'Europe.  For- 
mes grêles;  pattes  postérieures  très-longues;  pieds  posté- 
rieurs grêles  et  allongés,  ainsi  que  les  doigts.  Queue  très- 
longue,  plus  longue  que  le  corps  et  la  tête  pris  ensemble. 
—  Le  pelage  de  cette  petite  espèce  est  long,  doux,  mais 
un  peu  hérissé,  non  velouté,  comme  chez  les  H.  leucopus 
et  meœicanus.  Sa  couleur  est  un  brun-fauve  roussâtre  sur 
le  dos,  et  cette  couleur  résulte  d'un  mélange  de  brun  et 
de  roux-fauve.  Sur  les  côtés,  la  teinte  devient  graduelle- 
ment plus  pâle  et  plus  fauve  et  finit  par  passer  à  la  couleur 
fauve-pâle  qui  couvre  toutes  les  parties  inférieures.  II  n'y 
a  pas  de  ligne  de  démarcation  entre  la  couleur  du  ventre 
et  celle  des  flancs  ;  ces  couleurs  se  fondent.  Le  dessous 
de  la  tête  seul  est  blanchâtre.  Le  dessus  de  la  tête  tire  lé- 
gèrement au  grisâtre.  Les  pattes  sont  d'un  fauve  pâle,  tant 
en  dehors  qu'en  dedans,  et  les  pieds  sont  blanchâtres, 
tout  en  conservant  une  teinte  fauve.  La  plante  des  pieds 
est  garnie  de  poils  jusqu'au  tubercule  postérieur,  mais  le 
talon  est  gris-brun.  La  queue  est  grise,  écailleuse,  peu 
poilue,  et,  pour  cette  raison,  indistinctement  bicolore  ; 


TRAVAUX   INÉDITS.  103 

néanmoins  on  voit  que  les  poils  de  la  face  inférieure  sont 
blanchâtres.  Les  moustaches  sont  assez  longues,  noirâtres, 
avec  quelques  poils  gris.  Les  oreilles,  assez  petites,  sont 
garnies  de  poils  bruns  peu  abondants.  La  base  de  tous  les 
poils  du  corps  est  ardoisée,  mais  la  pointe  devient  longue- 
ment rousse  ou  fauve.  —  Longueur  du  corps  et  de  la  tête, 
0m,071;  de  la  queue,  0m,092;  des  pieds  postérieurs, 
0m,021. 

Habite  le  Mexique. 

Cette  espèce  sera  facile  à  reconnaître  à  la  couleur  fauve 
de  ses  parties  inférieures.  Pour  la  couleur,  elle  se  rappro- 
che beaucoup  de  i'H.  Nuttali,  Harl.,  mais  elle  a  la  queue 
plus  longue  ;  ses  oreilles  ne  sont  pas  ferrugineuses  et  la 
couleur  du  poil  paraît  être  un  peu  plus  foncée. 

H.  mexicancs,  pi.  ix,  fig.  1,  la.  —  Velutinus,  griseus,  murinus;  in 
lateribus  paulum  fulvescens,  fréquenter  subferrugineus  ;  subtus 
albidus,  pectore  et  mento  fulvescentibus  ;  pedes  antici  albidi  ;  au- 
culae  permagnae;  cauda  corpore  lonjgior  ;  mystaces  elongati. 

Cette  espèce  est  d'une  taille  intermédiaire  entre  celle 
de  la  Souris  et  du  Rat  noir.  Elle  est  couverte  d'une  four- 
rure bien  fournie,  dont  les  poils  sont  doux  et  veloutés.  La 
tête  est  conique,  allongée  ;  la  lèvre  supérieure  est  fendue 
jusqu'au  nez  ;  le  museau  est  pointu  et  garni  de  poils  jus- 
qu'au bout  du  nez,  en  sorte  qu'il  ne  reste  de  nu  que  le 
septum.  Les  oreilles  sont  très-grandes,  très-larges,  mais 
plus  hautes  que  larges,  arrondies,  quoique  le  milieu  de 
leur  bord  supérieur  fasse  un  peu  saillie.  La  queue  est 
longue  ;  elle  a  presque  la  longueur  du  corps  et  de  la  tête 
pris  ensemble  (quelquefois  elle  est  seulement  plus  longue 
que  le  .corps).  Les  pattes  sont  très-longues,  surtout  les 
postérieures,  et  l'animal  est  haut  sur  jambes.  Le  pelage 
est  d'un  gris  de  Souris  brun-noirâtre,  avec  une  teinte  ar- 
gentée, très-légère,  sur  le  dos,  qui  tient  à  ce  que  Y  extrême 
pointe  des  poils  est  d'un  gris-fauve  (1).  La  tête  est  un  peu 

1)  Ce  u'est  que  l'extrême  bout  du  poil  qui  offre  cette  teinte. 


104      REV.    ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.   (Mars   1860.) 

moins  foncée  et  les  joues  deviennent  gris  ferrugineux.  La 
teinte  fauve  du  corps  devient  toujours  plus  prononcée  sur 
les  côtés.  Vus  par  leur  reflet ,  ceux-ci  paraissent  gris 
fauve;  ils  contiennent  aussi  plus  ou  moins  de  fauve.  Les 
pattes  sont  de  ce  même  gris-fauve  à  leur  face  externe. 
Les  lèvres  et  le  menton  sont  d'un  gris-fauve  pâle,  et  toutes 
les  parties  inférieures  sont  d'un  blanc  grisâtre,  qui  paraît 
plombé,  à  cause  de  la  couleur  ardoisée  de  la  base  des 
poils.  Le  blanc  du  ventre  est  assez  nettement  séparé  du 
gris-fauve  des  flancs.  La  poitrine  et  le  devant  de  l'épaule 
sont  lavés  de  fauve.  Les  pieds  antérieurs  sont  blancs  (ou 
grisâtres)  ;  les  postérieurs  sont  bruns,  avec  l'extrémité  et 
les  orteils  blancs.  —  Les  poils  du  corps  sont  tous  d'un 
gris-ardoisé  obscur  ;  ceux  du  ventre  se  terminent  par  une 
assez  longue  pointe  blanche;  ceux  des  flancs  deviennent 
obscurs,  puis  fauve  pâle  au  bout  ;  ceux  du  dos  deviennent 
bruns,  avec  l'extrême  pointe  d'un  fauve  argenté.  Dans  le 
nombre,  il  s'en  trouve  qui  sont  entièrement  bruns.  Les 
oreilles  sont  en  apparence  nues,  quoique  couvertes  de 
poils  ras.  Le  bord  antérieur  de  la  face  externe  n'offre  aussi 
si  que  des  poils  ras.  La  queue  est  écailleuse,  fort  peu  garnie 
de  poils;  ceux-ci  sont  noirs  à  la  face  dorsale,  blancs  à  la 
face  inférieure.  Les  moustaches  sont  très- longues,  noirâ- 
tres; elles  atteignent  ou  dépassent  l'épaule. 

Variétés.  D'autres  individus  offrent  un  pelage  plus  fauve. 
Les  côtés  du  corps  deviennent  ferrugineux,  et  cette  cou- 
leur est  très-prononcée  sur  les  flancs  à  la  séparation  du 
blanc  et  du  brun,  où  elle  forme  presque  une  bande  oran- 
gée, pâle.  Les  côtés  et  le  dessous  de  la  tête,  ainsi  que  la 
poitrine  et  l'épaule,  sont  fortement  lavés  de  fauve  ferru- 
gineux. Chez  d'autres,  au  contraire,  la  couleur  ferrugi- 
neuse est  très-peu  prononcée. 

Mesures  de  deux  individus. 

Tête  et  corps 0m,109  0m,097 

Queue 0,108  0,077 

Pied  postérieur 0  ,026  0  ,025 


TRAVAUX   INÉDITS.  105 

Hauteur  des  oreilles  à  leur  face  externe. ...  0  ,015  0  ,013 
Habite  les  mêmes  régions  que  les  précédents. 
Cet  Hesperomys  est  facile  à  distinguer  de  Y  H.  toltecus. 
Il  en  diffère  :  1°  par  sa  plus  petite  taille  ;  —  2°  par  son 
pelage  doux,  à  poils  courts  et  serrés;  —  3°  par  la  couleur 
ferrugineuse  dont  ses  flancs  sont  lavés  et  qui ,  parfois, 
forme  presque  une  bande;  —  4°  par  la  grandeur  de  ses 
oreilles  qui  paraissent  être  nues  en  dedans  ;  —  5°  par 
la  longueur  des  moustaches,  par  ses  pieds  antérieurs 
blancs,  etc. 

Il  diffère  de  Y  H.  aztecus  par  son  pelage  beaucoup 
moins  roux,  car,  quoique  ses  flancs  soient  un  peu  lavés  de 
ferrugineux,  cette  couleur  est  très-peu  apparente.  La  cou- 
leur générale  est  assez  celle  de  la  Souris,  c'est  elle  qui 
domine,  et  le  fauve  des  flancs  lui  est  très-subordonné. 
H.  aztecus,  pi.  ix,  fig.  4.  —Supra  fusco-ferrugineus,  dorso  medio 
fuscesceote,  lateribus  ferrugineis,  capite  fusco-rufescente;  subtus 
albidus;  pedes  albidi,  postici  grisescentes,  basi  fusci  ;  cruscula  an- 
tica  extus  rufescentia,  postica  rufo-fusca,  apice  fuscescentia;  cauda 
perlooga;  obscure-bicolor  ;  auriculae  magnae. 
De  la  taille  de  Y  H.  leucopus.  Un  peu  plus  petit  que  Y  H. 
meœicanus  et  lui  ressemblant  par  ses  oreilles  grandes  et 
nues.  —  Le  pelage,  en  dessus,  d'un  brun  lavé  de  roux, 
assez  brun  au  milieu  du  dos  et  devenant  toujours  plus 
roux  sur  les  côtés.  Les  joues,  les  épaules  et  les  flancs  d'un 
roux-cannelle  un  peu  orangé  ;  le  dessus  de  la  tête  passant 
au  roux.  La  lèvre  supérieure,  et  toutes  les  parties  infé- 
rieures d'un  blanc  pur,  paraissant  plombé,  vu  la  couleur 
grise  de  la  base  des  poils.  La  séparation  entre  le  blanc  et 
le  roux  formant  une  ligne  parfaitement  nette.  Face  externe 
des  pattes,  ferrugineuse  ;  aux  pattes  antérieures  cette  cou- 
leur s'arrêtant  un  peu  avant  le  pied,  lequel  est  blanchâtre 
(quelquefois  gris).  Les  pattes  postérieures  plus  brunâtres; 
le  pied  blanchâtre,  avec  le  premier  tiers  brun-gris  en 
dessus.  La  plante  du  pied  postérieur  fortement  garnie  de 
poils  jusqu'au  premier  tubercule.  Le  bord  des  yeux  sou- 
vent plus  brun  que  lesjoues.  La  queue  longue,  écailleuse, 


106      REV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.    [MùTS  1860.) 

garnie  de  poils  couchés,  bruns  en  dessus,  blanchâtres  en 
dessous.  Les  moustaches  longues,  brunes.  —  Tous  les 
poils  du  corps  sont  ardoisés  à  la  base,  avec  la  pointe 
brune,  ferrugineuse  ou  blanche,  selon  la  région  qui  les 
porte.  Souvent  la  couleur  brune  du  dos  est  assez  pronon- 
cée pour  dessiner  presque  une  bande  ;  souvent  aussi  le 
pied  postérieur  est  gris-brun  jusqu'aux  doigts  et  mêlé  de 
poils  blancs.  —  Longueur  de  la  tète  et  du  corps,  0m,095; 
de  la  queue,  au  moins  (1)  0m,090;  du  pied  postérieur, 
0m,022  ;  des  oreilles  mesurées  en  dehors,  0m,01:2. 

Même  patrie  que  les  précédents. 

Var.  Le  roux  des  flancs  est  quelquefois  très-vif;  d'autres 
fois  il  est  plus  pâle  et  plus  gris. 

Sur  une  simple  description  cette  espèce  pourrait  être 
confondue  avec  Y  H.  mexicanus,  mais  elle  s'en  distingue 
par  sa  plus  petite  taille,  par  son  pelage  d'un  brun  roux  et 
non  d'un  brun-marron  noirâtre  ;  par  ses  flancs  qui  sont 
d'un  ferrugineux  cannelle  ainsi  que  la  face  externe  des 
pattes  antérieures.  Cette  couleur  est  très-prononcée  :  elle 
s'étend  jusque  sur  le  dos,  sur  les  joues,  et  se  mêle  au  brun 
du  crâne  ,  tandis  que  chez  Y  H.  mexicanus  la  teinte  rousse 
n'est  qu'un  simple  lavé. —  L'H.  mexicanus  est  un  Rat  gris, 
tandis  que  Y  H.  aztecus  est  plutôt  un  Rat  roux. 

IIIe  Groupe.  —  Plante  des  pieds  garnie  de  poils,  jusqu'au 
tubercule  postérieur.  Queue  très  longue,  épaisse,  poilue  et 
terminée  par  un  pinceau  de  longs  poils.  Le  4e  orteil  le  plus 
long  [Nyctomys]  (2). 

Cette  section  a  été  indiquée  par  Baird,  et  comprend 
déjà  deux  espèces  septentrionales  qui  ont  la  queue  bico- 
lore. 

Il  n'en  est  pas  ainsi  chez  le  représentant  mexicain  de  ce 
groupe,  dont  je  donne  ici  la  description  : 

Celui-ci  a  la  queue  très-poilue  et  distinctement  unicolore. 
De  plus,  il  offre  ce  caractère  remarquable  que  le  4e  orteil 

(1)  Elle  a  perdu  son  extrémité  terminale  chez  nos  trois  individus. 

(2)  Nvg,  vvktqç,  nuit;  —  pïç,  Rat. 


TRAVAUX   INÉDITS.  107 

est  un  peu  plus  long  que  le  3%  et  que  le  5e  est  très-grand, 
aussi  long  que  le  3e.  La  queue  est  très-grosse  (1). 
H.  Sumichrasti,  pi.  ix,  fig.  2,  3.  —  Rufus,  subtus  albus;  auriculœ 
elongatae;  mystaces  elongati,  nigresceutes  ;  cauda  perlonga,  cor- 
pore  cum  capite  lougior,  uuicolor,  fusco-rufopilosa,  apice  hirsuta, 
peniculo  pilorum  elongatorum  ;  pedes  antici  albidi,  postici  obscu- 
riores,  digito  4°  maximo,  5°  elongato. 

La  taille  de  cette  espèce  est  un  peu  inférieure  à  celle  de 
Y  H.  mexicanus.  La  tête  est  large,  mais  le  museau  est  très- 
pointu.  Les  moustaches  sont  très-longues  ;  elles  dépassent 
l'épaule.  Les  oreilles  sont  longues,  mais  pas  très-larges  ; 
leur  hauteur  est  bien  plus  considérable  que  leur  largeur. 
La  queue  est  assez  grosse,  cylindrique,  plus  longue  que  la 
tête  et  le  corps.  Les  pieds  postérieurs  sont  courts,  larges, 
et  leur  plante  est  garnie  de  poils  dans  leur  première  moi- 
tié ou  leur  premier  tiers.  Les  orteils  sont  longs,  le  4e  est  le 
plus  long;  puis  viennent  le  3e  et  le  5e,  puis  le  2e,  et  enfin  le 
premier,  qui  est  très-court.  Les  pieds  de  devant  sont  con- 
formés comme  chez  les  autres  Hesperomys.  Le  poil  est 
doux  et  bien  fourni  ;  sa  couleur  est  un  roux-bai  isabelle, 
ou  orange  pâle  uniforme,  seulement  un  peu  plus  clair  sur 
les  flancs  et  au  museau.  Toutes  les  parties  inférieures,  ainsi 
que  le  menton  et  le  bas  des  joues,  en  arrière  des  mous- 
taches, sont  d'un  blanc  pur.  Ce  blanc  ne  se  fond  pas  avec 
le  roux,  mais  les  deux  couleurs  se  terminent  brusquement. 
Le  museau  est  d'un  roux  pâle,  garni  d'un  duvet  blanchâtre, 
mais  tout  ce  qui  dépend  de  la  mâchoire  inférieure  est 
blanc.  Le  roux  descend  le  long  de  la  face  antérieure  des 
pattes  de  devant,  et  devient  toujours  plus  étroit  jusqu'à 
l'origine  de  la  main ,  où  il  s'arrête.  Les  mains  ainsi  que 
(1)  Le  faciès  de  l'espèce  qui  suit  rappelle  beaucoup  celui  des  Pe- 
rognathus,  à  cause  de  la  queue  poilue,  terminée  par  un  pinceau  de 
poils  hérissés.  Le  pelage  lui-même  ressemble  à  celui  des  Rongeurs 
de  ce  groupe,  car  les  poils  du  ventre  sont  blancs  jusqu'à  la  base,  sans 
aucune  teinte  ardoisée,  comme  cela  se  voit  chez  plusieurs  Perogna- 
thus.  Il  semble  donc  qu'il  y  ait,  chez  les  Hesperomys  du  3«  groupe, 
une  certaine  tendance  vers  ce  genre,  quoique  leur  dentition+j  de  mol. 
leur  assigne  incontestablement  leur  place  parmi  les  Hespéromyens. 


108       REV.    ET    MAG.    DE   ZOOLOGUE.    (Mars  1860.) 

les  orteils  sont  gris  blanc  ;  mais  le  pied  postérieur  est,  en 
dessus,  d'un  brun-roux  pâle.  Les  poils  des  parties  infé- 
rieures sont  entièrement  blancs  jusqu'à  la  racine  ;  ceux  des 
parties  dorsales  sont  couleur  d'ardoise,  avec  la  pointe 
assez  longuement  rousse.  La  queue  est  assez  abondam- 
ment garnie  de  poils  bruns,  ou  brun  roux  ;  ces  poils  sont 
plus  rares  et  plus  couchés  à  la  base;  ils  deviennent  de  plus 
en  plus  abondants  et  plus  longs;  dans  le  dernier  tiers,  ils 
sont  hérissés,  et,  au  bout,  ils  forment  une  espèce  de  pin- 
ceau allongé,  qui  rappelle  le  faciès  des  Perognathus  et  des 
Loirs  (  Myoxus  ).  Les  oreilles  sont,  comme  la  queue,  d'un 
brun  roux,  en  apparence  nues,  surtout  en  dedans  ;  à 
leur  face  externe,  leur  tiers  antérieur  est  tapissé  de  poils 
soyeux.  Les  moustaches  sont  noirâtres. 

Variété.  Un  second  individu  a  le  pelage  brun-roux,  tant 
sur  la  tête  que  sur  les  parties  dorsales  ;  ce  n'est  que  sur  les 
flancs  qu'il  offre  une  teinte  franchement  rousse  ou  orangée. 
La  queue  est  un  peu  plus  brune.  La  face  dorsale  des  pieds 
est  d'un  brun-grisâtre  ;  les  doigts  de  la  main  et  la  dernière 
phalange  des  orteils  sont  seuls  blancs.  La  lèvre  supérieure 
est  blanche.  On  voit  devant  et  derrière  l'œil  une  tache 
brune  qui  borde  l'orbite.  Voici  les  mesures  de  deux  indi- 
vidus :  n°  1.        N°  2. 

Tête  et  corps  environ 0m,100        0m,088 

Queue  avec  ses  poils  terminaux 0  ,130       0  ,106 

Pied  postérieur 0  ,023        0  ,023 

Hauteur  de  l'oreille  à  sa  face  externe 0  ,013       0  ,012 

Largeur 0,010        0,010 

Habite  le  versant  oriental  de  la  Cordilière. 
Pour  la  grandeur  et  le  faciès ,  cette  espèce  ressemble 
beaucoup  à  Y  H.  aztecus,  mais  elle  s'en  distingue  facile- 
ment par  les  poils  entièrement  blancs  de  son  ventre,  par  la 
grosseur  de  sa  queue,  etc. 

G.  Reithrodon,  Waterh. 
Ce  type,  très-intéressant  parmi  les  Rats  du  nouveau 
continent,  est  caractérisé  par  ses  incisives  supérieures, 


TRAVAUX   INEDITS.  109 

dont  la  face  antérieure  est  partagée  par  un  sillon  longi- 
tudinal. —  Comme  l'a  bien  montré  Baird,  on  peut  diviser 
les  espèces  de  ce  groupe  en  deux  catégories,  savoir  : 
1°  celles  de  l'Amérique  méridionale  ayant  un  faciès  de 
lapin;  —  2°  celles  de  l'Amérique  septentrionale  ressem- 
blent plutôt  aux  Rats,  quoiqu'elles  offrent  une  tête  plus 
bombée.  L'espèce  qui  suit  vient  confirmer  cette  distinc- 
tion, car,  quoique  vivent  sous  un  climat  tropical,  elle  a 
des  formes  murines,  comme  les  espèces  propres  aux  Etats- 
Unis.  Ce  Reithrodon  est  le  plus  grand  de  ceux  que  l'on 
connaît  déjà  dans  l'Amérique  septentrionale  (1);  il  se  rap- 
proche surtout  du  R.  longicauda,  mais  il  a  la  queue  encore 
plus  longue  à  proportion. 

R.  mexic4nus.  —  Mûris  silvalici  staturœ;  supra  griseo-fulvescens, 
subtus  albicans;  auriculœ  permagnae;  cauda  nigrescens,  perlonga, 
corpore  longior,  apice  valde  pilosa ,  attamea  nullomodo  hirsuta  ; 
pedes  uutici  et  digiti  postici  albidi. 

La  taille  de  cet  animal  est  assez  exactement  celle  du 
Mulot  d'Europe  (  Mus  sihaticus  ),  quoique  ses  formes 
soient  un  peu  plus  trapues.  Les  sillons  des  incisives  supé- 
rieures partagent  leur  face  antérieure  en  deux  parties 
égales.  Les  oreilles  sont  très-grandes,  très-élevées,  arron- 
dies, plus  hautes  que  larges,  et  elles  sont  revêtues  de  poils 
ras  ;  mais,  dans  la  portion  antérieure  de  leur  face  externe, 
elles  sont  couvertes  de  poils  plus  longs.  Le  museau  est 
pointu,  entièrement  garni  de  poils  jusqu'aux  narines.  La 
lèvre  supérieure  est  fortement  fendue.  Le  pouce  est  rudi- 
mentaire,  armé  d'un  ongle  plat,  comme  chez  les  espèces 
du  Nord.  Les  pattes  ressemblent  à  celles  des  Hesperomys  ; 
la  plante  des  pieds  postérieurs  est  garnie  de  poils  jusqu'au 
niveau  des  tubercules.  La  queue  est  très-longue,  car  elle 
dépasse  la  longueur  du  corps  et  de  la  tête.  La  couleur  du 
pelage  est  un  brun-fauve,  qui  devient  tout  à  fait  fauve  sur 
les  côtés,  ou  même  fauve-orangé.  Plus  bas,  le  fauve  dé- 
fi) Sa  longueur  a  été  indiquée  plutôt  trop  faible,  car  elle  a  été 
prise  sur  un  individu  empaille  placé  dans  une  position  ramassée. 
Etendu,  le  corps  atteindrait  ou  dépasserait 0œ,083. 


110     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

vient  pâle,  là  où  il  est  en  contact  avec  le  blanc  du  ventre. 
Les  lèvres,  le  bas  des  joues,  le  menton,  la  gorge  et  toutes 
les  parties  inférieures  sont  d'un  blanc  assez  pur,  un  peu 
lavé  de  fauve  par  places,  surtout  à  la  poitrine  et  à  la  gorge. 
Le  pelage  est  doux,  assez  fourni.  Les  poils  sont  d'un  gris 
ardoise,  avec  le  bout  seulement  roux  ou  blanc.  Les  oreilles 
sont  brunes;  les  moustaches  longues  et  abondantes,  brunes 
avec  quelques  poils  gris  à  la  rangée  inférieure.  Les  pieds 
antérieurs  sont  blancs,  sauf  en  dessus,  jusqu'à  l'origine 
des  doigts,  où  ils  sont  gris.  Les  pieds  postérieurs  sont 
obscurs,  avec  les  orteils  blancs.  La  queue  est  noirâtre, 
écailleuse,  unicolore  et  garnie  de  poils  gris  assez  obscurs; 
elle  est  surtout  poilue  vers  le  bout;  à  sa  base,  les  poils 
sont  rares  et  très-courts  ;  mais  ils  deviennent  plus  longs 
vers  son  extrémité. 

Longueur  du  corps  et  de  la  tête,  0m,068  ;  de  la  queue, 
0m,092;  du  pied  postérieur,  0m,019. — Hauteur  des  oreilles 
à  la  face  externe,  0m,011  ;  —  largeur  des  oreilles,  0m,010. 

Habite  les  montagnes  de  la  province  de  Véra-Cruz. 

Nota.  —  Dans  la  pi.  i,  qui  accompagne  le  premier  article,  le  pe- 
lage du  Bassaris  est  sensiblement  trop  moucheté. 

Observations  au  sujet   des  Considérations  sur   les  œufs 

des  Oiseaux,  de  M.  Moquin-Tandon,  par  M.  O.  des 

Murs. 

Première  observation.  —  15  février  1860. 

M.  Moquin-Tandon  vient  satisfaire,  en  partie,  au  vœu 
que  nous  émettions,  à  son  insu,  en  imprimant  notre  Traité 
d'Oologie,  à  propos  de  «  ses  descriptions  si  minutieuse- 
«  ment  exactes  des  oeufs  des  Oiseaux  d'Europe  (1).  »Nous 
y  disions  en  effet  :  «  Nous  ne  lui  dissimulons  pas  cepen- 
«  dant  que  nous  eussions  mieux  aimé,  avec  l'autorité 
«  que  lui  donne  sa  haute  position  scientifique,  lui  voir 
«  employer  tout  le  temps  qu'il  y  a  consacré,  et  qu'il  y 
«  consacrera  sans  doute  encore,  à  une  application  de  ses 

(1)  Lesquelles  sont  réduites  à  quelques  espèces  du  midi  de  la 
France. 


TRAVAUX    INÉDITS.  111 

«  connaissances  oologiques,  plus  sérieuse  et  plus  profita- 
«  ble  à  la  science  (1).  » 

Certes,  si  nous  nous  sommes  exprimé  ainsi  il  y  a  un  an 
à  peine,  M.  Moquin-Tandon  n'ayant  encore  publié  sa  des- 
cription qu'en  1857  et  1858,  c'est  que  nous  avions  foi  en 
ses  lumières  venues  de  si  haut,  et  en  un  savoir  et  une  in- 
dépendance d'opinion  dont  l'honneur  de  siéger  au  sein 
de  l'Institut  paraissait  comme  le  gage  et  la  consécration. 

Il  ne  s'étonnera  donc  pas  aujourd'hui  qu'il  reprend  en 
sous-œuvre,  et  une  à  une,  chacune  des  divisions  et  des 
propositions  de  notre  premier  travail,  qui  remonte,  comme 
publication,  à  1842  et  1843  (et  par  conséquent  est  loin 
d'être  récent,  puisqu'il  date  de  dix-huit  ans),  que  nous  le 
suivions  pas  à  pas  dans  cette  voie  que  nous  essayons  d'ou- 
vrir à  une  science  encore  à  ses  débuts,  et  qui  ne  peut  se 
constituer  qu'à  l'aide  d'études  et  d'observations  sérieuses, 
et  aussi  d'une  critique  calme  et  éclairée. 

Notre  Livre  ne  serait  pas  imprimé,  à  l'heure  qu'il  est, 
que  nous  nous  empresserions  de  l'enrichir  de  quelques-uns 
des  aperçus  de  M.  Moquin-Tandon,  quoiqu'à  notre  grand 
regret  il  ne  s'attache  exclusivement  qu'aux  œufs  des  Oi- 
seaux d'Europe,  bien  insuffisants  pour  établirtdes  considé- 
rations générales  en  oologie. 

Il  lui  arrive  cependant,  parfois,  d'exposer  nos  proposi- 
tions, ou  celles  de  nos  prédécesseurs,  en  mettant  les  uns 
et  les  autres  en  présence,  sans  conclure  et  sans  faire  con- 
naître son  opinion  personnelle,  lorsqu'elle  n'est  pourtant 
pas  indifférente  en  pareille  matière,  ou  même  de  contes- 
ter ici  ce  qu'il  aura  admis  ou  paru  admettre  plus  loin. 
Nous  n'en  citerons  qu'un  exemple  entre  autres. 

Signalant  la  relation  que  nous  avons  tenté  d'établir  et 
de  démontrer  entre  la  forme  de  l'œuf  et  celle  de  l'Oiseau  : 
«  Je  ne  chercherai  pas,  dit  M.  Moquin-Tandon,  à  en 
«  expliquer  la  véritable  cause.  »  Mais  pourquoi,  lorsque 

(1)  Traité  général  (Zoologie  ornithologiquey  p.  54  et  5(>,  et  que 
nous  avons  renouvelé  p.  491* 


112     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Mars  1860.) 

l'on  annonce  à  ses  lecteurs  vouloir  traiter  de  ces  considé- 
rations générales  si  importantes,  selon  nous,  d'oologie, 
ne  pas  oser  donner  une  explication ,  et  se  faire,  de  la 
moindre  exception,  un  argument  de  doute  ou  de  néga- 
tion? ou,  si  on  trouve  apparemment  la  chose  trop  oiseuse, 
pourquoi  s'en  occuper?  Noblesse  oblige. 

«  Aussi,  continue-t-il,  je  ne  dirai  pas,  avec  un  auteur  mo~ 
«  derne,  que  la  longueur  des  pattes  de  l'embryon  influe 
a  sur  la  figure  de  l'œuf  de  YEchasse,  et  que,  chez  d'autres 
«  espèces,  cette  forme  est  déterminée  par  l'extension  du 
«  cou,  ou  par  la  saillie  du  sternum,  parce  qu'au  moment 
«  de  la  formation  de  Vœuf  l'embryon  (ou  la  cicatricule)  ne 
«  présente  ni  pattes,  ni  cou,  ni  sternum  (1).  » 

L'objection  paraîtrait  puérile,  si  elle  n'était  faite  sérieu- 
sement; car,  d'habitude,  entre  hommes  de  science  comme 
entre  hommes  de  lettres,  on  se  comprend  à  demi-mot. 
Qu'est-ce  à  dire?  Aperçoit-on  dans  l'ovule  d'une  semence 
la  tige,  la  feuille  et  les  racines  de  la  plante  qui  en  doit 
sortir?  C'est  une  idée  qui  n'est  jamais  venue  et  ne  vien- 
dra jamais  en  tête  à  personne. 

Nous  pensons,  à  cet  égard,  que  M.  Moquin-Tandon, 
avec  un  peu  de  complaisance,  et  venant  par  son  esprit  en 
aide  à  la  lettre,  devait,  ainsi  que  nous  l'avons  constam- 
ment pratiqué,  voir  dans  ce  passage,  comme  dans  toutes 
les  démonstrations  analogues  du  même  auteur,  tout  autre 
chose  que  ce  qu'il  a  l'air  d'y  avoir  vu,  et  qui  se  réduit  à 
une  simple  manière  ou  habitude  de  raisonner,  ou  de  tour- 
nure de  phrase,  substituant  le  plus  souvent  l'image  à 
l'exactitude  et  la  cause  à  l'effet,  mais  n'en  trouvant  pas 
moins  son  explication  toute  naturelle  et  dans  les  dévelop- 
pements qui  précèdent  et  dans  ceux  qui  suivent. 

Qu'a  voulu  dire,  après  tout,  cet  auteur  moderne  ?  et 
que  soutenons-nous  encore  nous-mème  jusqu'à  preuve  con- 
traire ,  sinon  qu'en  général  la  forme  de  l'œuf,  ou  du  moins 
de  son  tégument  calcaire,  lui  était  donnée,  non  en  vue, 

(1  )  Rev.  et  mag.  de  zoologie,  j aimer  "1860. 


TRAVAUX    INÉDITS.  113 

directement,  des  organes  qu'il  renferme,  puisqu'ils  n'y 
existent  qu'à  l'état  de  germe  ,  mais  en  vue  du  développe- 
ment et  de  la  forme  que  devront  y  prendre  ces  mêmes  organes  ? 

Ce  qui,  du  reste,  est  conforme  à  deux  des  lois  établies, 
dès  1818,  par  Buhle  :  «  1°  que  la  grosseur  de  l'œuf  est  en 
«  rapport  avec  le  degré  de  développement  que  le  fœtus 
«  acquiert  dans  l'œuf;  2°  que  la  forme  de  l'œuf  est  en  rap- 
«  port  avec  la  configuration  de  l'Oiseau  qui  se  développe  dans 
«  l'œuf,  nommément  avec  la  longueur  du  tronc,  avec  la 
«  grosseur  de  la  tête,  et  avec  la  longueur  et  la  vigueur  des 
«  jambes,  par  exemple  la  forme  ronde  des  Hiboux,  le 
«  corps  long  et  étendu  et  le  cou  allongédes  Grèbes,  etc.  (1):  » 
lois  que  n'a  pas  encore  détruites  l'honorable  contradic- 
teur, et  que  rien  ne  pourra  infirmer  à  l'avenir. 

Toute  notre  théorie,  en  un  mot,  justifiée  par  l'observa- 
tion des  faits,  se  réduit  à  cet  axiome  :  que  de  la  forme  de 
l'Oiseau,  dans  son  ensemble  comme  dans  ses  détails  orga- 
niques principaux,  s'induit  nécessairement  celle  de  son  œuf, 
et  de  la  forme  de  l'œuf  celle  de  l'Oiseau.  Tel  a  été  le  fonde- 
ment de  toutes  les  Considérations  oologiques  que  nous  avons 
publiées,  et  que  nous  publions  encore,  depuis  près  de 
vingt  ans  ;  considérations  que,  loin  de  les  en  isoler,  nous 
avons  toujours  fait  marcher  de  pair  avec  l'étude  la  plus 
approfondie  de  l'ornithologie. 

Mais  alors,  pourquoi,  dans  le  chapitre  précédent,  le 
second,  p.  V76  (2),  avoir  dit  :  «  M.  des  Murs  donne  pour 
«  raison  de  la  grosseur  des  œufs  la  forme  de  l'Oiseau. 
«  Je  suis  bien  loin  de  ne  pas  admettre  cette  cause;  mais  je  ne 
«  repousse  pas,  pour  cela,  celle  du  volume  des  organes. 
«  Ainsi ,  chez  les  Gallinacés ,  l'épaisseur  du  corps  et  la 
«  grandeur  du  sternum  doivent  s'ajouter  au  développe- 
«  ment  avancé  de  toutes  les  parties.  Chez  les  Échassiers, 
«  la  longueur  des  jambes,  celle  du  cou,  la  forme  du  sternum 
«  y  sont  pour  beaucoup,  comme  l'avance  M.  des  Murs...» 

(1)  Eier  der  Vogel  Deutschlands,  etc. 

(2)  Hev.  et  mag.  de  zoologie,  novembre  1859. 

2e  série,  t.  xu.  Aimée  1860.  8 


114      REV.    ET   MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (Mars  1860.) 

Disons  d'abord  que  M.  Moquin-Tandon  a  mal  saisi 
l'exposé  de  notre  système.  Nous  avons,  en  effet,  toujours 
distingué  deux  choses  :  le  volume  relatif  de  l'œuf  dans  cer- 
tains ordres  ou  sous-ordres  seulement,  tels  que  celui  de 
nos  Urinatores,  ou  Plongeurs  ;  et  sa  forme  dans  tous.  A  la 
grosseur  de  Vœuf,  nous  avons  assigné  pour  cause  le  volume 
ou  la  masse  des  organes  ;  à  la  forme  de  l'œuf,  au  contraire, 
nous  avons  assigné  pour  cause  la  forme  même  de  l'Oiseau 
et  de  ses  éléments  organiques. 

A  part,  toutefois,  cette  rectification  de  fait,  ou  nous  nous 
trompons  fort,  ou  il  nous  semble  qu'il  existe,  entre  ies 
deux  passages  que  nous  venons  de  citer,  sinon  une  con- 
tradiction, du  moins  l'apparence  d'une  contradiction  fla- 
grante, dont  il  est  permis  de  demander  ou  la  conciliation, 
ou  l'explication  à  l'auteur.  Ou  il  partage  notre  opinion, 
ou  il  en  conteste  le  fondement.  Nous  sommes  loin,  assuré- 
ment, de  prétendre  qu'en  elle  repose  la  seule  cause  de  ce 
rapport  ;  mais  enfin  c'est  celle  à  laquelle  nous  nous  sommes 
le  plus  attaché  et  nous  avons  reconnu  le  plus  d'impor- 
tance. Il  n'en  demeure  pas  moins  évident  que  la  conces- 
sion faite,  et  l'adhésion  restreinte  donnée  par  M.  Moquin- 
Tandon  à  notre  système,  en  1859,  sont  complètement  dé- 
truites, en  1860,  par  son  argumentation  contre  ïauteur 
moderne. 

Quels  changements  ont  donc  subis  son  esprit  et  sa  logi- 
que dans  l'intervalle  de  novembre  1859  à  janvier  1860? 
Pourquoi  refuser,  comme  source  de  la  forme  de  l'œuf,  l'in- 
fluence des  organes,  sur  ce  motif  qu'ils  ne  sont  pas  encore 
développés,  et  admettre  cette  même  influence  comme 
cause  de  la  grosseur ,  alors  que  l'une  et  l'autre  proposition 
procèdent  du  même  mode  de  raisonnement  ou  de  rédac- 
tion, et  qu'il  n'y  a  pas  plus  de  raison  d'admettre  ou  rejeter 
l'une  que  l'autre? 

Et  nous  nous  demandons  encore  laquelle  des  deux  pro- 
positions exprime  le  mieux  l'opinion  du  savant  auteur  des 
Considérations  sur  les  œufs  des  Oiseaux.  Car,  dans  l'ordre 
1 


TRAVAUX    INEDITS.  115 

d'idées  môme  où  il  se  place  :  de  conclure  à  la  grosseur  de 
l'œuf  d'après  le  volume  des  organes,  il  n'y  a  pas  loin  de 
conclure,  d'après  la  forme  de  ces  organes,  à  la  forme  de 
l'œuf,  et  réciproquement  ;  ce  que  nous  croyons  être  la 
vérité  et  ce  qui  fait  la  base  de  toute  notre  théorie. 

Si  nous  insistons  autant  sur  ce  point  et  de  cette  ma- 
nière, ce  n'est  pas  par  un  vain  sentiment  d'amour-propre, 
puisqu'ici  nous  prenons  encore  plus  la  défense  de  l'auteur 
moderne  cité  que  celle  de  nos  propres  opinions,  et  que 
d'ailleurs  nous  avons  professé  de  tout  temps  et  proclamé 
ce  principe,  que  la  discussion  amène  toujours  la  lumière  ; 
mais  uniquement,  nous  l'avouons  en  toute  naïveté,  parce 
que  nous  avons  vécu  sans  cesse  sur  cette  idée  et  dans 
cette  conviction,  que  les  corps  savants  n'étaient  constitués 
que  pour  faire  progresser  la  science;  qu'en  eux  résidait 
ou  devait  résider  la  source  de  toutes  les  connaissances  que 
l'on  refuse  assez  ordinairement  à  ceux  qui  s'en  occupent 
ou  la  cultivent  en  dehors  de  leur  influence  ou  de  leur  di- 
rection. Et  il  nous  en  coûterait  de  déchoir  d'une  opinion 
qui  a  longtemps  été  comme  notre  religion  ou  article  de 
foi  scientifique. 

Deuxième  observation. 

En  examinant  la  question  de  savoir  par  laquelle  de  ses 
deux  extrémités,  aiguë  et  obtuse,  l'œuf  sortait  du  corps  de 
la  femelle  chez  les  Oiseaux,  nous  nous  étions  cru  fondé, 
dans  le  temps  (1) ,  d'après  quelques-uns  des  faits  que 
nous  avions  été  à  même  d'observer  au  milieu  de  nos 
études  expérimentales,  à  admettre  que  l'œuf  sortait  par 
son  bout  obtus  (ainsi  que  vient  de  le  rappeler  fort  exacte- 
ment M.  Moquin-ïandon)  (2).  Toutefois  la  presque  una- 
nimité des  auteurs  à  établir  le  contraire  (MM.  Duméril 
père,  le  Dr  John,  H.  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  Gerbes,  sans 
parler  de  Thieneniann  et  de  de  Blainville)  nous  avait  fait 
recourir  à  de  nouvelles  expériences,  et  nous  rencontrâmes 

(1)  1842-1843. 

{*)  Rev.  et  mag.  de  zoologie,  janvier  1860. 


116      REV.  ET  MACr.    DE   ZOOLOGIE.   (Mars  1860.) 

en  effet  alors,  en  grande  partie,  le  fait  contraire  à  celui 
que  nous  avions  pensé  pouvoir  établir,  c'est-à-dire  que 
c'est  par  le  bout  aigu  que  sort  l'œuf  :  cas  offert  depuis  à  nos 
yeux,  en  1857,  dans  le  corps  d'une  femelle  de  Pie-Griè- 
che-Écorcheur  (Lanius  collurio),  dont  l'œuf  figure  dans 
notre  collection. 

Si,  dès  ce  temps-là  comme  après,  nous  n'avons  pas 
ajouté  le  mot  toujours^  ce  n'est  pas  sans  intention ,  nos 
travaux  ne  discontinuant  pas  ;  c'était  également,  avouons- 
le,  parce  qu'il  nous  en  coûtait  quelque  peu  de  renoncer  à 
une  observation  basée  sur  des  expériences  personnelles 
auxquelles  nous  pensions  avoir  apporté  tout  le  soin  dési- 
rable. Aussi  bien  avons-nous  fait,  le  temps  étant  venu  ré- 
compenser notre  persévérance  et  nos  efforts.  Car,  dans  le 
cours  de  1858  et  de  1859,  et  par  conséquent  au  milieu  de 
notre  travail,  nous  avons  rencontré  plusieurs  cas  faisant 
exception  et  rentrant  dans  notre  manière  de  voir,  dont 
(en  mettant  de  côté,  comme  beaucoup  moins  concluants , 
puisqu'il  s'agissait  d'œufs  unicolores,  ceux  qui  regardent 
la  Poule)  l'un  chez  la  femelle  d'un  Merle  commun,  l'autre 
chez  une  de  Serin  de  volière.  Dans  les  deux  cas,  la  masse 
colorée  des  taches  distinctives  de  ces  œufs,  tout  prêts  à' 
sortir  du  vagin  et  s'y  présentant  par  leur  bout  obtus, 
était  reportée  vers  le  bout  aigu.  Ce  qui  rentre  complète- 
ment, en  la  rendant  plus  facile,  dans  l'explication  que 
nous  avons  donnée  de  l'inégale  répartition  de  la  couleur  à 
la  surface  de  la  coquille.  Il  devient  évident,  dès  lors,  que,  si 
la  couronne  de  taches,  chez  les  œufs  maculés,  se  présente 
plus  souvent  au  gros  bout,  c'est  que  le  plus  ordinaire- 
ment l'œuf  sort  par  la  pointe ,  et  que  si  cette  couronne  ou 
ceinture  se  trouve  reportée  vers  la  pointe,  ce  qui  est  le 
cas,  nous  ne  dirons  pas  le  plus  rare  (ce  qui  serait  trop 
dire),  mais  le  moins  ordinaire,  c'est  qu'alors  l'œuf  est 
sorti  par  son  bout  obtus. 

Le  fait  a  été,  au  surplus,  affirmé  de  la  façon  la  plus 
claire,  la  plus  nette  et  la  plus  positive  bien  avant  nous, 


TRAVAUX    INÉDITS.  117 

puisqu'il  y  a  aujourd'hui  trente  ans,  par  Purkinje,  qui  a 
fait  un  si  complet  et  si  beau  travail  sur  la  formation  et  les 
développements  de  l'œuf  en  ces  termes  : 

«  Situm  oviy  dum  adhuc  in  utero  recens  est,  semper  talem 
«  inveni,  ut  pars  acutior  vaginan,  obtusior  basin  spectaret ; 
«  in  ovo  vero  penitus  formato,  ubi  jam  nisum  ad  partum 
«  expertum  est,  nunc  obtuso,  nunc  acuto  fine  vaginœ  oribus 
«  appositum  referi.  Fors  tune  sub  nisu  ad  partum  ovum  sœ- 
«  pius  volvitur  donec  situm  commodum  ncquirat  (1).  » 

Ce  qui  semble  indiquer,  en  effet,  que  l'œuf,  prêt  à  sortir, 
chez  l'Oiseau,  est  soumis  ou  exposé,  comme  l'enfant  chez 
la  femme,  à  plusieurs  évolutions  sur  lui-même. 

Il  en  résulte  que  la  conclusion  tirée  par  les  divers  au- 
teurs que  nous  avons  cités  à  cet  égard  pour  et  contre  doit 
être  prise  et  adoptée,  non  d'une  manière  générale  et  abso- 
lue, mais  relativement  seulement  à  l'époque  du  dévelop- 
pement de  l'œuf  et  de  sa  marche  dansl'oviducte,  à  laquelle 
chacun  d'eux  a  fait  ses  observations. 

Nous  réservions  cette  notice  pour  l'insérer  dans  un  au- 
tre travail  devant  faire  suite  à  celui  que  nous  publions  en 
ce  moment  (2),  sous  le  titre  d'Oogénèse  des  Oiseaux,  que 
nous  nous  décidons  à  lui  retirer,  et  auquel  nous  renon- 
çons quant  à  présent,  le  pensant  mieux  applicable  au  der- 
nier qu'au  premier.  Mais  les  Considérations  de  M.  Mo- 
quin-Tandon  nous  l'ont  fait  sortir  prématurément  de  nos 
cartons,  pour  la  faire  profiter  delà  publicité  et  de  l'actua- 
lité qu'elles  reçoivent,  en  y  apportant  un  élément  nouveau 
de  discussion  et,  par  conséquent ,  un  supplément  de  lu- 
mières. 

Nous  terminons  par  une  simple  réflexion  toute  person- 
nelle. 

Pour  donner,  sans  doute,  à  ses  savantes  Considérations 
une  apparence  de  nouveauté,  il  a  plu  à  M.  Moquin-ïan- 
don,  quand  il  a  bien  voulu  citer  notre  nom,  de  se  servir 

(1)  Symbolœ  ad  ovi  Avium  historiam  ante  incubalionem. 

(2)  Traité  général  d'Oologie  ornithologique,  etc. 


118      REV.    ET    MAG.    DE    ZOOLOGIE.    [MafS  1860.) 

de  ces  termes  :  «  Tout  récemment  (1),  M.  des  Murs  a  cher- 
ce  ché  à  démontrer,  etc.,  etc.  »  Or  comment,  en  bonne 
conscience  et  en  saine  critique,  donner,  en  janvier  1860, 
la  qualification  de  tout  récent  à  des  Mémoires  d'oologie 
qui  remontent  à  1842  !  Ce  serait  induire  en  erreur  les 
nombreux  lecteurs  de  la  Revue;  et  il  nous  importe,  en  re- 
levant cette  expression  inexacte,  de  les  prévenir  que  ces 
Mémoires  ont  paru  dans  le  Magasin  de  Zoologie  que  diri- 
geait alors  l'honorable  M.  Guérin-Méneville»  et  dont  peu 
des  abonnés  de  la  Bévue  actuelle,  dans  laquelle  est  venu 
se  confondre  cet  ancien  recueil,  doivent  avoir  connais- 
sance. 


Observation  d'un  mode  particulier  de  parasitisme  offert 
par  un  Mollusque  gastéropode  du  genre  St>jlifer,  par 
M.  Hupé,  aide- naturaliste  au  muséum  d'histoire  natu- 
relle de  Paris. 

Ayant  eu  l'occasion,  tout  récemment,  d'examiner  un 
Echinoderme,  du  genre  Gidaris,  le  C.  imperialis,  Lamarck, 
nous  remarquâmes  que,  parmi  les  épines  ou  baguettes 
dont  le  corps  de  ces  espèces  est  ordinairement  pourvu,  il 
y  en  avait  deux  qui  présentaient  un  développement  tout  à 
fait  anormal,  et  différaient  beaucoup,  par  leur  forme  et 
leur  aspect,  de  toutes  les  autres;  ces  dernières,  en  effet, 
sont  longues,  cylindriques,  un  peu  acuminées  vers  leur 
extrémité  libre,  et  leur  surface  est  couverte  de  stries  lon- 
gitudinales, plus  ou  moins  rugueuses,  tandis  que  les  deux 
épines  en  question  se  présentent  avec  une  forme  globu- 
leuse, irrégulièrement  sphéroïdale,  ressemblant,  jusqu'à 
un  certain  point,  à  de  petites  noisettes,  et  rappelant  aussi, 
par  leur  aspect  ces  galles  produites  par  lesCynips  sur  les 
feuilles  de  certains  végétaux. 

Après  avoir  examiné  avec  soin  la  surface  extérieure  de 
ces  ^3ingulières  épines,  nous  vîmes  qu'elle  était  plus  lisse 
que  celle  des  mêmes  organes  à  l'état  ordinaire  ;   puis  nous 
(1)  Rev.  et  may.  de  zoologie,  janvier  1800,  p.  10. 


TRAVAUX     INÉDITS.  119 

aperçûmes,  à  leur  base,  deux  petites  fentes  verticales,  en 
forme  de  boutonnières,  parfaitement  circonscrites  et  pla- 
cées de  chaque  côté,  sur  les  faces  opposées.  La  présence 
de  ces  ouvertures,  dont  on  ne  voit  aucune  trace  sur  les 
épines  ordinaires,  jointe  à  la  forme  toute  particulière  de 
ces  deux  baguettes,  nous  fit  penser  qu'il  y  avait  là  quelque 
mystère  à  dévoiler.  Nous  fîmes  alors  une  section  de  l'une 
d'elles,  à  l'aide  d'un  instrument  tranchant  et  d'un  petit 
coup  de  marteau.  Quel  ne  fut  pas  notre  étonnement 
de  trouver  logées,  dans  une  cavité  intérieure,  deux  petites 
coquilles,  que  nous  reconnûmes  aussitôt  appartenir  au 
genre  Stylifer. 

La  cavité  qui  renfermait  ainsi  ces  deux  coquilles  a 
environ  un  centimètre  de  diamètre  ;  ses  parois  sont  lisses, 
et  on  aperçoit,  vers  la  base,  les  deux  ouvertures  en  bou- 
tonnières, dont  nous  avons  déjà  parlé  ;  seulement  leur 
pourtour  est  lisse  de  ce  côté  interne,  tandis  que,  du  côté 
opposé,  il  est  comme  rugueux,  et  participe,  jusqu'à  un 
certain  point,  de  l'ornementation  extérieure  des  épines. 

Encouragé  par  ce  résultat,  nous  résolûmes  de  tenter  une 
nouvelle  épreuve  sur  la  deuxième  épine  que  nous  avions 
à  notre  disposition;  nous  répétâmes  donc  la  petite  opéra- 
tion, et  nous  trouvâmes  le  même  fait,  absolument  dans 
les  mêmes  conditions,  c'est-à-dire  deux  individus  de  la 
même  espèce,  renfermés  également  dans  une  cavité  inté- 
rieure de  la  baguette  ;  nous  y  trouvâmes  même  quelque 
chose  de  plus  significatif,  car  avec  eux  existaient  un  cer- 
tain nombre  de  petites  coquilles  embryonnaires  à  peine 
formées.  Nous  avions  là  sous  les  yeux  toute  une  génération 
nouvelle  de  ces  petits  Mollusques.  Cette  observation,  qui 
nous  paraît  entièrement  nouvelle,  permet,  ce  nous  semble, 
de  tirer  les  conséquences  suivantes  :  1°  que  les  Stylifers 
vivaient  en  parasites  dans  l'intérieur  de  ces  épines  du 
Ciduris  imperialis,L.;  —  2°  qu'ils  étaient  arrivés  à  leur 
état  adulte  ;  —  3°  qu'ils  paraissent  dioïques;  —  4°  enfin 
qu'ils  sont  très-probablement  vivipares. 


120     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

Ce  fait,  d'une  espèce  du  genre  Stylifer,  vivant  en  para- 
site sur  un  Echinoderme,  est,  d'ailleurs,  assez  conforme  à 
ce  que  l'on  connaît  déjà  des  mœurs  et  des  habitudes  de  ces 
petits  Gastéropodes.  On  sait,  en  effet,  que  plusieurs  es- 
pèces du  même  genre  ont  été  trouvées,  soit  sur  des  Our- 
sins, soit  sur  des  Astéries  ou  Etoiles  de  mer;  seulement, 
chez  ces  dernières,  c'est  dans  la  cavité  buccale  elle-même, 
ou  dans  l'épaisseur  des  membranes  qui  l'enveloppent, 
qu'elles  ont  été  rencontrées  :  il  y  a  donc  là  une  différence 
très-notable,  et  cette  condition  particulière  ,  dans  leur 
mode  d'existence,  soulève  plus  d'une  difficulté  pour  bien 
concevoir  et  expliquer  de  quelle  manière  le  phénomène 
se  produit.  Et  d'abord,  comment  ces  animaux  peuvent-ils 
ainsi  pénétrer  ou  se  trouver  enfermés  dans  l'intérieur  des 
épines?  Puis,  par  quels  moyens  peuvent-ils  y  continuer 
leur  existence? 

Pour  répondre  à  la  première  question,  il  est  nécessaire 
de  se  rappeler  le  mode  de  développement  de  ces  épines, 
et  surtout  la  forme  qu'elles  affectent  dans  certaines  espè- 
ces, et  notamment  chez  les  Cidaris  annulifer,  Lamck. ,  Cida- 
ris tubaria,  Lamck.,  et  enfin  le  Cidaris  geranioides,  Lamck. 
(Goniocidaris,  Agassiz),  ainsi  que  dans  quelques  espèces 
que  l'on  ne  trouve  plus  qu'à  l'état  fossile. 

Le  développement  des  épines,  chez  les  Echinodermes, 
paraît  avoir  lieu  par  l'addition  de  couches  successives  de 
matière  calcaire,  se  recouvrant  les  unes  les  autres,  de 
telle  sorte  qu'en  faisant  une  section  transversale  de  ces 
épines  on  voit  que  les  couches  forment  des  zones  con- 
centriques plus  ou  moins  épaisses,  se  distinguant  souvent 
entre  elles  par  une  coloration  un  peu  différente  et  plus  ou 
moins  intense. 

D'autre  part,  nous  remarquons  que,  dans  les  diverses 
espèces  que  nous  venons  de  citer,  on  voit  souvent  un 
certain  nombre  de  leurs  baguettes  terminées,  à  leur  extré- 
mité, soit  par  une  partie  plane,  soit  par  une  dépression 
ou  sorte  de  cupule  plus  ou  moins  prononcée.  On   peut 


TRAVAUX   INÉDITS.  121 

donc  très-bien  concevoir  la  possibilité  que  certains  ani- 
maux s'établissent  dans  ces  dépressions;  on  voit,  en  effet, 
assez  souvent  des  Huîtres  de  petite  dimension  ainsi  fixées 
sur  ces  parties.  Or,  lorsque  ces  Huîtres  ou  autres  espèces 
se  sont  ainsi  établies  avant  le  développement  complet 
des  épines,  on  remarque  que  celles-ci  ont  une  tendance 
à  les  envelopper  par  suite  de  leur  accroissement,  de  telle 
sorte  que  le  parasite  ne  tarde  pas  à  être  débordé  et  que 
son  extension  se  trouve  limitée  et,  pour  ainsi  dire,  arrêj 
tée  ;  nous  avons  surtout  constaté  ce  fait  sur  une  espèce 
fossile,  le  Cidaris  cyathifera,  Agassiz,  dont  on  trouve  les 
épines  dans  les  terrains  crétacés  supérieurs,  laquelle,  peut- 
être,  ne  doit  son  nom  spécifique  qu'à  une  particularité  de 
forme  déterminée  par  la  présence  du  parasite  qui  en  oc- 
cupe l'extrémité,  et,  de  même  que  pour  le  Cidaris  impe- 
rialis  dont  nous  nous  occupons  plus  particulièrement  ici, 
nous  avons  constaté  que  la  présence  du  corps  parasite 
détermine  une  modification  notable  dans  l'ornementation 
de  la  surface  de  la  baguette,  car,  au  lieu  de  continuer  à 
se  couvrir  de  saillies  et  d'aspérités,  ainsi  que  cela  se  voit 
dans  leur  partie  inférieure,  elles  deviennent  plus  lisses, 
ou  du  moins  ne  portent  plus  que  des  stries  longitudinales, 
mais  sans  aspérités. 

Enfin  le  Cidaris  clavigera,  Kœnig,  du  même  étage  géo- 
logique, vient  encore  nous  offrir  une  particularité  qui 
peut,  jusqu'à  un  certain  point,  nous  venir  en  aide  dans 
l'explication  du  phénomène  que  nous  cherchons;  chez  ce 
Cidaris,  en  effet,  lorsque  les  épines  sont  encore  peu  déve- 
loppées, elles  sont  comme  tronquées  à  leur  extrémité,  et 
même  un  peu  concaves  ;  mais  à  mesure  qu'elles  s'accrois- 
sent, elles  se  comblent,  pour  ainsi  dire,  vers  cette  partie, 
et  deviennent  tout  à  fait  arrondies. 

De  tous  ces  faits,  il  nous  paraît  résulter  que  les  Mollus- 
ques dont  il  est  ici  question  ont  dû  s'établir,  alors  qu'ils 
étaient  encore  jeunes,  dans  une  dépression  de  l'extrémité 
de  l'épine  du  Cidaris  ;  puis  que  cette  dernière,  continuant 


132       REV.  ET    MAG.    DE    ZOOLOGIE.    (  ?*«r*  1860.) 

à  se  développer  par  couches  successives  et  superposées,  a 
peu  à  peu  fini  par  envelopper  les  parasites,  lesquels  gros- 
sissaient et  se  développaient,  pour  ainsi  dire,  simultané- 
ment. 

Nous  avons  dit  que  la  présence  des  Stylifers,  dans  les 
épines  du  Cidaris,  soulevait  une  autre  difficulté  relative  à 
l'explication  des  moyens  à  l'aide  desquels  ils  pouvaient 
vivre  dans  ces  conditions  toutes  particulières.  C'est  ici  le 
lieu  de  rappeler  les  deux  petites  ouvertures  en  forme  de 
boutonnières,  dont  nous  avons  constaté  la  présence  à  la 
base  de  chaque  épine;  on  nepeut  douter,  en  effet,  qu'elles 
ne  fussent  destinées  à  assurer  l'existence  de  ces  petits  êtres 
en  permettant  soit  l'accès  des  matières  alimentaires,  qui, 
dans  ce  cas,  doivent  consister  en  particules  d'un  volume 
peuconsidérable,  soit  l'expulsion,  au  dehors,  des  matières 
excrémentitielles,  ainsi  que  des  produits  de  la  génération; 
seulement,  tout  cela  admis,  il  reste  à  expliquer  comment 
ces  ouvertures  si  essentielles  sont  établies.  Le  sont- elles 
parles  animaux  eux-mêmes?  cela  est  plus  que  probable  : 
mais,  dans  ce  cas,  quels  sont  les  organes  ou  les  instru- 
ments qui  concourent  à  leur  exécution  ?  Enfin  sont-elles 
le  résultat  d'un  travail  actif  de  la  part  de  l'animal,  ou 
bien,  au  contraire,  n'y  concourt-il  que  d'une  manière 
passive  ? 

Rien,  dans  l'organisation  générale  des  Mollusques,  ne 
nous  autorise  à  penser  que  c'est  par  une  action  directe 
et  active  que  le  Stylifer  pratique  ainsi  deux  ouvertures 
aussi  régulières,  si  ce  n'est  peut-être  à  l'aide  de  son  appareil 
lingual.  On  sait,  en  effet,  que  certains  Mollusques  gasté- 
ropodes pratiquent  des  trous  par  ce  moyen  dans  des 
corps  assez  durs,  tels  que  des  coquilles.  En  est-il  de  même 
pour  celui  qui  nous  occupe  en  ce  moment?  c'est  ce  que  le 
défaut  de  certains  détails  sur  l'organisation  de  l'animal 
du  Stylifer  ne  nous  permet  pas  de  décider.  Pour  nous, 
d'ailleurs,  en  présence  de  ces  ouvertures  d'une  forme  si 
complètement  différente  de  celles  auxquelles  nous  faisions 


TRAVAUX    INÉDITS.  123 

allusion  ci-dessus,  nous  avouons  pencher  pour  la  négative, 
et  nous  croyons  plus  volontiers  qu'elles  sont  bien  le  fait 
de  l'animal  lui-même,  mais  qu'il  ne  concourt  à  leur  for- 
mation que  d'une  manière  passive.  Ainsi,  de  même  que  le 
fait  seul  de  la  présence  des  jeunes  Mollusques  à  l'extré- 
mité d'une  épine  est  l'occasion  de  la  formation  d'une 
cavité  propre  à  les  renfermer,  par  suite  d'un  développe- 
ment anormal  de  cet  organe,  de  même  nous  croyons  que 
la  présence  de  quelque  partie  de  l'animal  vers  le  lieu  où 
se  formera  l'ouverture  servira  de  détermination,  ou  plu- 
tôt sera  la  cause  occasionnelle  de  celle-ci.  Il  resterait 
maintenant  à  dire  quelle  est  cette  partie,  ou  plutôt  quel 
est  l'organe  qui  joue  ce  rôle  passif:  est-ce  le  pied?  11  y 
aurait,  en  effet,  quelque  motif  de  le  supposer,  car  on  sait 
que  cet  organe,  chez  les  Stylifers,  est  pourvu,  à  la  partie 
antérieure,  d'une  languette  assez  prolongée.  Ou  bien  en- 
core serait-ce  quelque  appendice  du  manteau,  lequel,  for- 
mant une  sorte  de  prolongement,  serait  destiné  à  mettre 
l'organe  respiratoire  de  l'animal  en  communication  plus 
directe  avec  le  milieu  ambiant?  Ici  cependant  l'analogie 
nous  ferait  défaut,  car  les  Mollusques  qui  possèdent  ainsi 
ces  gouttières  ou  tubes  respiratoires  ont,  sur  leur  coquille, 
des  indices  de  ces  organes  :  ils  s'y  traduisent  ordinaire- 
ment, soit  par  une  échancrure,  soit  par  un  canal.  Nous  le 
répétons  de  nouveau,  le  peu  que  nous  connaissons  de 
l'organisation  des  Stylifers  ne  nous  permet  pas  d'aller  au 
delà  dans  l'interprétation  de  ces  faits  aussi  étranges  que 
nouveaux. 

L'observation  que  nous  venons  de  faire  connaître  nous 
paraît  avoir  un  certain  intérêt,  d'abord  au  point  de  vue 
de  l'organisation  générale  et  de  la  physiologie  des  Mol- 
lusques, puis  à  celui  de  leurs  mœurs  et  habitudes. 

Mais  il  en  est  encore  un  autre  qui  nemanquepas d'impor- 
tance, c'est  qu'elle  peut  venir  en  aide  dans  la  détermina- 
tion des  corps  vivants  et  surtout  fossiles  qui,  en  devenant 
ainsi  l'habitation  parasitiquedecertainsanimaux,  prennent 


124     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

une  apparence  et  des  caractères  qui  les  font  souvent  mé- 
connaître; il  n'est  pas  rare,  en  effet,  de  trouver  des  épines 
de  Cidaris,  à  l'état  fossile,  dont  les  formes,  plus  ou  moins 
bizarres,  ne  se  rapportent  que  très-imparfaitement  à  celles 
des  épines  ordinaires;  peut-être  sont-elles  le  résultat  de 
modifications  analogues  ;  nous  avons  déjà  cité  le  Cidaris 
cyathifera  comme  étant  dans  ce  cas. 

Après  avoir  fait  connaître  les  particularités  de  l'habitat 
de  nos  Stylifers,  il  nous  reste  maintenant  à  les  déterminer 
spécifiquement. 

Le  genre  Stylifer  ne  renferme,  jusqu'à  présent,  qu'un 
petit  nombre  d'espèces;  c'est  à  peine  si  l'on  en  compte 
cinq  décrites  ou  défigurées  par  les  différents  auteurs; 
parmi  elles,  il  en  est  une  établie,  par  M.  Petit  de  la 
Saussaye,  dans  le  journal  de  conchyliologie,  1851,  p.  25, 
pi.  2,  f.  8-9,  sous  le  nom  de  S.  Mittrei  Petit,  à  laquelle 
nous  avions  tout  d'abord  songé  à  rapporter  notre  espèce, 
tellement  elle  en  est  voisine  ;  mais  un  examen  plus  appro- 
fondi nous  a  bientôt  révélé  qu'il  existe  entre  elles  des  dif- 
férences assez  notables  pour  légitimer  l'établissementd'une 
nouvelle  espèce, 

Comme  le  Cidaris  sur  lequel  vivait  notre  Stylifer  fait 
partie  de  la  belle  collection  paléontologique  de  feu  M.  d'Or- 
bigny,  acquise  par  l'Etat  pour  le  muséum  d'histoire  natu- 
relle de  Paris,  nous  nous  faisons  un  devoir  et  un  plaisir 
de  la  consacrera  la  mémoire  de  ce  savant  illustre,  dont  la 
science  regrette  la  perte. 

Stylifer  Orbignyanus  (1).  Testa  ovato-abbreviata,  inflata,  pellu- 
cida,  nitidissima,  albido-ci trina;  anfractibus  septis,  rotundatis, con- 
vexioribus  primis,  exiguis,  prominentibus,  suturisprofundis;  spira 
mucrooata-exserta  ;  apertura  subrotundata  ;  columella  regula- 
riter  arcuata,  labro  dextro  tenui  acuto.  PI.  x,  fig.  1,  2,  3. 

Coquille  ovale,  raccourcie,  renflée,  formée  de  sept  tours, 
dont  les  premiers,  très-petits,  constituent  une  sorte  de  pe- 
tite pointe  qui  termine  la  spire  ;  les  deux  derniers  tours 

(1)  Voyez  journal  [Institut  du  28  décembre  1859,  p.  417. 


TRAVAUX    INÉDITS.  125 

sont  très  -  développés  ,  très -convexes  ,  principalement 
auprès  de  la  suture  ;  celle-ci  est  profonde  et  bien  mar- 
quée. 

L'ouverture  est  arrondie  ;  la  columelle  est  arquée  et  se 
continue  inférieurement,  sans  interruption,  avec  le  bord 
droit,  lequel  est  mince  et  tranchant. 

Dimension  :  1.,  6;  1.,  5  mill. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  cette  espèce  est 
très- voisine  du  Stylifer  Mittrei  Petit  ;  mais  elle  s'en  dis- 
tingue par  une  forme  plus  raccourcie,  plus  ventrue  ;  l'ex- 
trémité de  la  spire  forme  une.  pointe  moins  saillante  en 
même  temps  que  les  tours  sont  plus  convexes  ;  enfin  l'ou- 
verture est  également  plus  circulaire.  —  Habite  la  Nou- 
velle-Hollande. 


Note  sur  un  genre  nouveau  de  Gastéropode  :  G.  Galé- 
ropside,  par  M.  Hupé,  aide-naturaliste  au  muséum. 

Malgré  la  répugnance  extrême  que  nous  ressentons  pour 
une  multiplicité  trop  grande  des  coupes  génériques,  voie 
dans  laquelle  on  paraît  vouloir  entrer  beaucoup  trop  de 
nos  jours,  nous  avons  dû  nous  décider  à  instituer  celle-ci, 
dans  l'impossibilité  où  nous  sommes  de  rapporter  la  co- 
quille qui  fait  le  sujet  de  cette  étude  à  aucun  genre  déjà 
existant.  Nous  croyons,  en  effet,  que,  dans  ce  cas  particu- 
lier, il  y  aurait  plus  d'inconvénient  à  forcer  les  rapports 
qui  doivent  nécessairement  exister  entre  toutes  les  espèces 
d'un  même  genre,  en  y  introduisant  une  forme  qui  ne  s'y 
rallie  que  très-imparfaitement,  qu'il  n'y  en  a  de  former 
une  coupe  générique  nouvelle  ;  car  la  première  méthode  a 
nécessairement  pour  résultat  d'infirmer  les  genres  déjà 
acceptés  de  tout  le  monde,  et  d'en  dénaturer  les  carac- 
tères, en  affaiblissant  leur  valeur  par  une  extension  arbi- 
traire et  forcée.  C'est  là,  en  effet,  ce  qui  arriverait  certaine- 
ment pour  la  coquille  dont  il  est  ici  question.  On  ne  peut 
nier,  à  la  vérité,  qu'elle  n'ait  quelque  affinité  avec  cer- 


126      REV.    ET  MAG.   DE   ZOOLOGIE.    (Mars  1860.) 

taines  espèces  du  genre  Pourpre,  telles  que  P.  Monodon, 
P.  Madieporarium,  lesquelles,  par  suite  de  leurs  habitudes 
de  vivre  enfoncées  dans  les  Madrépores,  contractent  des 
apparences  et  des  déformations  insolites.  C'est  avec  elles  et 
quelques  autres  plus  ou  moins  semblables,  que  MM.  Adams 
ont  formé  leur  genre  Coralliophagc,  mais  si,  d'une  part, 
une  étude  approfondie  et,  pour  ainsi  dire  philosophique, 
nous  permet  d'arriver  à  constater  ces  affinités,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai,  d'autre  part,  que  la  somme  des  différences  est 
telle,  qu'il  y  aurait  une  sorte  de  témérité  à  consacrer  ces 
affinités  par  une  assimilation  aussi  complète.  D'ailleurs  , 
ainsi  que  le  prouvera  surabondamment  cette  étude,  l'ana- 
logie que  nous  indiquons  à  l'égard  des  Pourpres  peut 
être  invoquée  avec  autant  de  raison  à  l'égard  des  Galyp- 
trées,  Cabochons  et  groupes  voisins  ;  c'est  cette  dilution  ou 
plutôt  cette  divergence  dans  les  rapports  signalés  ci-des- 
sus qui  nous  semble  le  plus  militer  en  faveur  de  l'opinion 
que  nous  exprimons  ici,  à  savoir  la  nécessité  de  l'établis- 
sement d'une  nouvelle  coupe  générique. 

La  coquille  typique  de  notre  genre  Galéropside  se  trouve 
à  l'état  fossile  :  malheureusement  nous  n'en  connaissons 
pas  exactement  le  gisement;  mais  nous  avons  tout  lieu 
de  croire  qu'elle  provient  des  terrains  tertiaires,  proba- 
blement de  l'étage  des  faluns,  du  bassin  de  la  Gironde. 

Son  aspect  général  est  celui  d'un  Cabochon ,  c'est-à- 
dire  qu'elle  est  piléiforme,  très-convexe  en  dessus,  con- 
cave en  dessous.  Seulement,  si  l'on  examine  la  première 
portion  de  la  spire,  on  voit  qu'à  cette  époque  de  la  vie  de 
l'Animal  la  coquille  avait  une  forme  plus  régulière,  qui 
se  rapprochait  évidemment  de  Celle  des  Pourpres.  On  y 
trouve  même  des  traces  de  côtes  transversales,  sorte  d'or- 
nementation que  l'on  trouve  dans  la  plupart  des  espèces 
de  ce  genre  ;  mais,  au  delà  de  cette  première  partie,  la 
coquille  s'évase  ou  se  dilate  extrêmement,  et  les  stries  d'ac- 
croissement, qui  témoignent  de  la  forme  de  l'ouverture, 
montrent  que  les  bords  de  celle-ci  offraient  une  irrégula- 


TRAVAUX     INKDITS.  127 

rite  qui  n'a  fait  que  persister  en  s' exagérant  même,  puisque 
les  bords  actuels  du  péristome  sont  fortement  flexueux  ; 
circonstance  qui  tient  très-probablement  à  l'habitude 
qu'avait  l'Animal  de  vivre  fixé  sur  des  corps  étrangers, 
irréguliers  dans  leur  forme. 

Il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que  la  place 
des  Galéropsides,   dans  la    nombreuse  série    des   Gas- 
téropodes,   paraît   devoir   être    dans    le  voisinage   du 
genre   Pourpre ,    dans   la    petite    famille   instituée   par 
MM.  Adams,  sous  le  nom  de  Coralliophagides,  en  com- 
pagnie des  genres  Rhyzocheilus,  Coralliophila  et  Pedicu- 
laria.  Cette  famille,  bien  entendu,  rentre  dans  celle  des 
Purpuridées  ;  car  il  ne  nous  paraît  pas  démontré  qu'il  y 
ait  nécessité  d'en  créer  une  particulière  pour  les  quelques 
genres  que  nous  venons  d'énumérer.  En  indiquant  ainsi 
les  rapports  de  notre  nouveau  genre,  nous  sommes  heu- 
reux de  pouvoir  invoquer  l'opinion  de  M.  Deshayes,  à 
l'examen  duquel  nous  l'avons  soumis  ;  nous  saisissons  cette 
occasion  pour  remercier  ce  savant  illustre  de  ses  conseils 
aussi  bienveillants  que  désintéressés. 
Caractères  génériques. 
Coquille  capuliforme,  à  spire  courte,  à  peine  distincte; 
dernier  tour  très-grand,  convexe  en  dessus  ;   ouverture 
très-ample  et  très-dilatée,  à  bords  continus,  flexueux; 
columelle  large,  aplatie,  un  peu  concave  au  milieu,  pour- 
vue, à  sa  base,  d'une  saillie  dentiforme  ;  point  de  canal, 
mais  un  simple  sinus  à  peine  marqué. 
Galeropsis  Lavenayanus.   Testa  capuliformi ,  subconica,   superoe 
couvexa,  inferue  eoucava;  spira  brevissima,  obtusa,  ultimo  anfractu 
ampliori,  trausversim  obsolète  subcostato,  striis  tenuioribus  om-, 
nine  lirato.  Apertura  subovata,  valde  dilatata;  peristomate  inlegro, 
flexuoso;  columella  excavata,  basi  leviter  siouosaque  uoideutata. 
PI.  x,  fig.  4. 

Coquille  capuliforme,  subconique,  convexe  en  dessus, 
formée  de  deux  tours  de  spire,  dont  le  premier,  extrême- 
ment petit,  constitue  un  tortillon  à  peine  marqué;  le 
dernier  tour,  au  contraire,  très-grand,  forme  à  lui  seul 


128     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

presque  toute  la  coquille;  sa  surface  est  couverte  de  stries 
transversales,  extrêmement  fines  et  rugueuses  ;  il  porte, 
vers  sa  partie  moyenne,  deux  côtes  transversales  obtuses, 
qui  s'effacent  en  approchant  de  la  périphérie.  Des  stries 
longitudinales  d'accroissement  sont  fortement  indiquées 
de  distance  en  distance  par  des  sillons  irréguliers  et 
flexueux.  L'ouverture  est  très-grande,  évasée  ;  les  bords 
en  sont  continus  et  très-sinueux. 

La  columelle  est  légèrement  arquée  dans  sa  longueur, 
concave  au  milieu,  et  relevée  extérieurement  en  un  bord 
gauche,  lequel  se  confond,  sans  interruption,  avec  celui 
du  côté  opposé,  soit  en  haut,  soit  en  bas.  Cette  columelle 
est,  d'ailleurs,  pourvue,  à  sa  base,  d'une  saillie  denti- 
forme,  auprès  de  laquelle  existe  un  léger  sillon  vertical, 
qui  est  comme  l'indice  d'un  canal. 

Dimension  hauteur  de  la  coquille,  35  millimètres  ;  h.  de 
l'ouverture,  34  ;  largeur,  30  millim. 

Localité.  — Fossile  des  terrains  tertiaires,  probablement 
de  l'étage  des  faluns  de  Bordeaux. 

Cette  coquille  nous  a  été  communiquée  par  M.  Léon 
de  Lavenay,  amateur  distingué  de  conchyliologie,  qui 
met  à  profit  les  loisirs  que  lui  laisse  une  carrière  adminis- 
trative, pour  former  une  collection  de  coquilles  soit  vi- 
vantes ,  soit  fossiles,  qu'il  a  su  rendre  intéressante,  en 
s' occupant  plus  particulièrement  des  espèces  de  petite  di- 
mension. 

Nous  nous  faisons  un  plaisir  d'attacher  son  nom  à  cette 
nouveauté  malacologique,  en  le  priant  d'accepter  cette  dé- 
dicace comme  un  faible  témoignage  de  notre  haute  con- 
sidération. 


Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie  (  Curcu- 
lionites)  ;  par  M.  A.  Chevrolat. 

31.  Rhynchites  cuprinus,  affinis  certe  R.  megacephalo,  G.  (con- 
stricto,  Schr.),  alatus,  eupreus,  crebre  et  minute  punctatus,  pube 
fulva  leniter  pilosus;  rostro  breviter  arcuato,  autenuis,  oculis, 


TRAVAUX   INÉDITS.  129 

pectore,  abdomiue  pedibusque  nigris  ;  capito  quadrato,  subconvexo; 
thorace  elongato,  sulcato  longitudine;  elytris  amplius  punctato- 
striatis.  —  L.,2  3/4;  1.,  1 1/4. 

Même  forme  que  le  R.  megacephalus,  G.,  d'un  vert  cui- 
vreux, finement,  densément,  assez  profondément  ponctué 
et  revêtu  d'une  légère  pubescence  grise  un  peu  inclinée. 
Trompe,  antennes,  yeux,  poitrine,  abdomen  et  pattes 
noirs.  Ces  dernières  ont  une  teinte  verdàtre  sur  les  côtés. 
Tête  carrée,  ou  peu  convexe,  comprimée  transversalement 
en  arrière,  à  points  moyens,  rapprochés,  assez  profonds. 
Trompe  de  la  longueur  du  corselet,  subitement  arquée  à 
partir  de  l'insertion  des  antennes,  ponctuée,  verte  unica- 
rénée  au  milieu  sur  sa  base.  Yeux  ronds,  situés  sur  les 
côtés  antérieurs  de  la  tête.  Corselet  étroit,  allongé,  droit 
aux  extrémités,  un  peu  aminci  en  avant,  arrondi  sur  les 
côtés  postérieurs,  finement  ponctué,  marqué  d'un  sillon 
longitudinal  assez  large,  interrompu  vers  le  haut.  Ecusson 
petit.  Elytres  une  fois  1/2  aussi  larges  que  le  corselet, 
2  fois  3/4  aussi  longues,  arrondies  et  un  peu  élargies  au 
sommet,  offrant  chacune  onze  stries  formées  de  gros  points, 
celle  près  de  l'écusson  courte  ;  interstices  4e,  5e  et  latéraux 
relevés  en  côtes  étroites.  La  massue  antennaire  est  com- 
posée de  3  gros  articles. 

Des  environs  d'Alger,  envoi  de  M.  J.  Poupillier. 
32.  Auletes  subplumbeus,  alatus,  crassiusculus,  nigro-plumbeus,  seu 
virescens,  subnitidus  pube  brevi  subtiliore  canescente,  creberrime 
punctatus  amplius  in  capite  et  in  thorace  ;  antennis  versus  et  ante 
médium  rostri  insertis  j  oculis,  rostro  pedibusque  nigris  (rostrum 
longius  est  quam  caput  et  thorax  conjuncta).—  L.,  4  5/6,  4  1/3;  J., 
1  1/2,  2  1/4  m. 

c?  D'un  noir  plombé  ou  verdàtre  P ,  un  peu  brillant, 
couvert  d'une  ponctuation  serrée,  assez  profonde,  un  peu 
réticulée  sur  ses  bords  et  d'une  courte  pubescence  blan- 
châtre. Tête  en  carré  transverse,  convexe.  Trompe  noire, 
à  peu  près  de  la  longueur  de  la  tête  et  du  corselet  réunis 
chez  le  cf ,  un  quart  plus  longue  chez  la  £> ,  à  peu  près 
d'égale  grosseur,  cependant  un  peu  élargie  au  sommet, 

2e  skrib.  t.  xii.  Aunée  1860.  9 


130     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

faiblement  arquée,  transversalement  sillonnée  et  aplatie  à 
sa  base,  avec  quelques  rides  fines  sur  le  milieu.  Chez  la 
JP  sa  base  offre  une  petite  côte  longitudinale,  qui  devient 
sillonnée  au-dessous  de  l'insertion  des  antennes  et  s'étend 
un  peu  au  delà.  Antennes  noires,  massue  triarticulée.  Cor- 
selet coupé  droit  aux  extrémités,  un  peu  rétréci  et  étroi- 
tement atténué  en  avant,  arrondi  sur  les  côtés,  convexe 
sur  le  disque  ,  plus  étroit  et  plus  allongé  chez  la  p . 
Ecusson  petit,  semi-arrondi.  Elytres  une  fois  1/2  aussi 
larges  que  le  corselet  à  la  base,  presque  quatre  fois  aussi 
longues,  un  peu  plus  élargies  et  conjointement  arrondies 
au  sommet  (n'offrant  qu'une  strie  suturale).  Pattes  entiè- 
rement noires. 

Alger,  mars,  d"  et  £>  envoyés  par  M.  J.  Poupillier. 
Elle  a  la  forme  et  la  dimension  des  A.  Ilicis,  basilaris  et 
politus;  mais  ces  3  espèces  sont  noires,  tandis  que  la  nou- 
velle est  de  couleur  plombée  à  courte  pubescence  cendrée  ; 
la  vP  a  la  trompe  mince  et  plus  longue,  et  son  corselet  est 
beaucoup  plus  étroit  qu'aucune  des  trois  ci-dessus  dési- 
gnées. 

33.  Sciaphilus  sulcirostris  punctatus,   niger,  squamulis  viridi- 
uitentibus  tectus;  rostro  lateribus  compresso,  antice  dilatato,  sulco 
longitudinali  impresso  ;  thorace  paululum  latiore  quam  longiore, 
extremitatibus  recto,  lateribus  modice  rotuudato;  elytris  subglo- 
bosis,  siugulatim  ad  apicem  obtuse  rotuudatis,  punctato-striatis  ; 
anteunis,  tibiis,  tarsisque  ferrugineis.  —  L.,  3  3/4;  1.,  1  1/2  m. 
Très-finement  ponctué,  noir,  couvert  de  petites  écailles 
rondes  d'un  beau  vert  brillant.  Têle  arrondie,  convexe. 
Trompe  courte,   comprimée  sur  les  côtés,  relevée  sur  ses 
bords,  dilatée  à  l'extrémité,   impressionnée   d'un   sillon 
étroit,  profond  à  la  limite  qui  a  lieu  entre  et  au-dessus  des 
yeux  :  ceux-ci  sont  arrondis,  noirs.  Antennes  assez  épais- 
ses, plus  longues  que  le  corselet,  ferrugineuses,  à  massue 
oblongue  brunâtre.  Corselet  court,  un  peu  plus  large  que 
long,  faiblement  arrondi  sur  le  milieu  des  côtés,  ordinai- 
rement, mais  faiblement  dénudé  sur  le  disque,  et  offrant 
une  ligne  marginale  assez  large,  veile  ;  le  milieu  longitu- 


TRAVAUX    WKDFTS.  131 

dînai  paraît  un  peu  élevé?  El  y  1res  suborbiculaires,  con- 
jointement arrondies  au  sommet,  présentant  chacune  neuf 
séries  également  distantes  de  points  rapprochés,  relative- 
ment gros  et  profonds;  interstices  larges,  convexes,  char- 
gés d'un  poil  court  d'un  gris  verdâtre,  en  forme  de  soies. 
Corps  en  dessous  et  cuisses  renflées,  de  couleur  verte. 
Jambes  et  tarses  ferrugineux. 

De  toutes  les  espèces  décrites  jusqu'à  présent,  c'est 
peut-être  l'une  des  plus  petites.  On  la  rencontre  aux  en- 
virons d'Alger,  et  je  l'ai  reçue  de  MM.  Poupillier,  Pro- 
phette  et  Gehin. 
M.Tanymechusbrevisà\âtus,latxisf  plamusculus,griseo-tomentosus; 

rostro  subconico,  piano,  antice  medio  breviter  costato,  punctulato; 

thorace  confertim  punctato,  denudato,  lateribus  rotundatis,  cine- 

reis,  medio  subcarinato,  aotice  arcte  constrieto  posticeque  recto  ; 

elytris  ad  apicem  pone  suturam  angulose  productis,  striato-punc- 

tatis.  —  L.,  8  1/2;  1.,  3  2/3  m. 

Court,  large,  déprimé,  peu  convexe,  d'un  gris  tomenteux, 
très-finement  et  serrement  ponctué.  Tête  convexe.  Rostre 
large,  conique,  plan,  ponctué,  offrant  en  avant  une  petite 
côte  médiane.  Antennes  moliniformes,  brunâtres.  Corselet 
un  peu  plus  long  que  large ,  transversalement  comprimé 
en  avant,  droit  aux  extrémités  ,  arrondi  et  grisâtre ,  ou- 
vert sur  les  côtés,  dénudé,  légèrement  convexe,  couvert 
d'une  ponctuation  serrée  et  finement  tuberculeuse  en  des- 
sus, milieu  longitudinal,  élevé  en  forme  de  carène.  Ecusson 
petit,  allongé.  Elytres  plus  larges  que  le  corselet,  évasées 
en  cintre  sur  la  base,  2  fois  1/2  aussi  longues,  élargies  aux 
2/3,  prolongées  en  angle  près  de  la  suture  ;  leur  surface  est 
faiblement  convexe  ;  chaque  étui  offre  10  stries  étroites, 
assez  profondes,  ponctuées,  les  2-3e%  4-5e%  6e  et  7e  sont 
géminées  ;  le  calus  est  situé  entre  les  3e  et  7e  sur  leur 
jonction.  Cuisses  assez  renflées,  comprimées  circulaire- 
ment  au  sommet,  évasées  en  dessous  ;  elles  sont,  ainsi  que 
le  corps,  densément  poilues. 

Unique.  Des  environs  d'Alger. 
35.  Tanymechus  submaculatus,  alatu^,  elongatus,  minute  punctatus, 


132      REV.    ET   MAG.    DE  ZOOLOGIE.   (Mars   1860.) 

cretaceo-obscuroque  varius  ;  rostro  fere  latitudine  capitis  (utroque 
aequali),  antice  barbato,  carinula  média;  thorace  in  lateribus  an- 
ticis  rotunde  ampliato,  liueis  tribus  brunneis,  duabus  basi  ad- 
nexis  média  subintegra  antice  arcuatim  ampliata,  scutello  albido 
parvo.  Elytris  débiliter  nebulosis,  cretaceo-maculatis,  striato- 
punctatis,  ad  apicem  conjunctim  rotundatis.  Antennis  oculisque 
nigris.  —  L.,  6  1/3;  1.  2  1/2  m. 

Cette  espèce  a  la  taille,  la  forme  du  T.  sparsus,  S.;  mais 
elle  est  plus  étroite,  plus  déprimée  et  surtout  plus  allongée 
que  cette  dernière,  d'un  gris  crétacé,  mélangé  de  nébu- 
leux. Tête  convexe,  couverte  de  petits  tubercules,  à  peine 
plus  large  que  la  trompe  :  celle-ci  est  en  carré  long,  poilue 
en  avant,  marquée  d'une  carène  médiane  qui,  entre  les 
yeux,  est  traversée  d'un  étroit  sillon.  Antennes  noires, 
annelées  de  blanc.  Yeux  noirs.  Corselet  un  peu  plus  long 
que  large,  arrondi  et  élargi  aux  côtés  antérieurs,  droit  en 
avant,  faiblement  cintré  en  dehors  et  en  arrière,  offrant 
trois  lignes  obscures,  2  vont  de  la  base  jusqu'au  delà  du 
milieu,  médiane  presque  entière  dilatée  en  demi-cercle 
près  du  bord  antérieur.  Ecusson  ponctiforme,  blanc. 
Elytrcs  près  du  double  plus  larges  que  le  corselet  à  sa 
base,  2  fois  1/2  aussi  longues,  coupées  obliquement  sur  le 
dehors  de  l'épaule,  parallèles  et  conjointement  arrondies 
à  l'extrémité,  à  stries  ponctuées  légères,  à  fond  faiblement 
obscur  avec  taches  allongées  d'un  gris  blanchâtre.  Corps 
en  dessous  et  pattes  crétacés.  Cuisses  ornées,  vers  le  som- 
met, d'un  anneau  blanc. 

Des  environs  d'Alger.  Envoi  de  M.  J.  Poupillier. 
36.  Cleonus  fimbriatus  affinis  Cl.  costato  sed  major,  oblongus,  cras- 
sus,  convexus,  griseus,  rubiginosus  vel  fusco-niger  ;  rostro  cari- 
nato,  utrinque  sulcato,  oculis  nigris,  supra  et  infra  albo  vel  flavo 
limbatis  ;  thorace  subconico,  lateribus  albidis,  costa  média  aliquo- 
ties  albo-limbata  ;  elytris  saepe  unicoloribus,  basi  subcostatis  albi- 
doque  liueolatis,  margine  cinereo-irroratis,  tenue  vel  fortius  punc- 
tato-striatis  j  abdomine  maculis  nigris  adsperso.  —  L.,  12  1/2,  17; 
L,  3  3/4,  6  1/2. 

Cette  espèce,  qui  se  trouve  sur  toute  la  côte  de  Barbarie 
(au  Maroc,  en  Algérie  et  à  Tunis),  représente  nos  C.  costa- 


TRAVAUX   INÉDITS.  133 

tus  et  cinereus  ;  elle  est  plus  forte,  de  couleur  fauve,  cen- 
drée ou  rouille,  très-finement  rugueuse.  Tête  arrondie. 
Trompe  deux  fois  aussi  longue,  tricarénée  et  bissillonnée  ; 
un  trait  blanc  ou  jaune  existe  au-dessus  et  au-dessous  des 
Yeux  :  ceux-ci  sont  noirs.  Antennes  brunes,  à  massue  en 
partie  cendrée.  Corselet  coupé  droit  en  avant,  largement 
lobé  en  dessous  et  bordé  d'un  duvet  jaune  ou  blanc, 
échancré  en  demi-cintre  en  dehors  de  la  base,  subconi- 
que, marqué  latéralement  d'une  ligne  étroite,  blanche  ou 
jaune,  qui  s'abaisse  en  se  courbant  sur  le  devant;  les  côtés 
inférieurs  sont  couverts  de  gros  points  excavés  ;  le  milieu 
offre  en  dessus  une  côte  longitudinale  lisse,  épaisse  en 
avant,  qui  n'atteint  pas  la  base  :  elle  est  quelquefois  étroi- 
tement frangée  de  blanc.  Elytres  oblongues,  plus  ou  moins 
élargies  vers  le  milieu,  à  séries  de  points  obsolètes,  ou 
moyens,  assez  profonds  et  régulièrement  espacés  ;  la  base 
a  de  chaque  côté  3  petites  côtes  entremêlées  de  lignes 
blanches  raccourcies,  la  marge  est  tiquetée  de  gris.  Le 
corps,  en  dessous,  reproduit  d'une  manière  plus  vive  la 
couleur  du  dessus,  et  Yabdomen  est  chargé  de  mouche- 
tures noires,  ponctuées  et  grises  au  centre- 
Cette  espèce  doit  se  retrouver  aussi  dans  le  midi  de 
l'Espagne.  Je  possède  une  variété  très-remarquable,  pro- 
venant des  environs  de  Tanger,  dont  le  corselet  est  chargé, 
en  dessus,  de  fortes  nervures  longitudinales,  transversales 
en  dessous  et  très-excavées  au  centre. 

37.  Phytonomus  carinirostris,  apterus,  niger,  pube  brevi  griseo- 
nigra,  umbriua,  infra  aureo-mixtus ;  rostro  longitudine  ihoracis, 
subcylindrico,  modice  arcuato,  oigro  ;  cariaa  média,  antice  bifida, 
intus  foveata  ;  thorace  eloagato,  lateribus  anticis  subito  obliquis, 
dein  rectis,  obscuro,  crebre  ruguloso  in  disco  retis  subtubercu- 
latis,  lineis  tribus  cinereis ,  média  angusta  canaliculata  ;  elytris 
obovalibus ,  singulo  striis  decem  punctatis  fere  geminatis ,  inter- 
stitiis  seriatim  fusco,  griseo  et  cervioo  maculatis,  convexis,  5°  ebasi 
ad  médium  subcostato.  —  L.,  10;  1.,  5  m. 
Cette  espèce  a  la  taille  et  la  même  forme  que  le  P.  philan- 
thus  et  est  noire,  doucement  ponctuée  et  cor iacée, revêtue 


134     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

d'un  poil  ras,  serré,  noirâtre,  mélangé  de  brun,  de  fauve, 
et  quelque  peu  doré  en  dessous  et  sur  les  pattes.  Tête  ar- 
rondie, convexe,  grise.  Trompe  delà  longueur  du  corselet 
sur  le  côté,  noire,  cylindrique,  faiblement  arquée,  un  peu 
épaissie  au  sommet,  présentant  au  milieu  une  carène  lon- 
gitudinale, bifide  en  avant  avec  un  petit  canal  en  dedans. 
Antennes  noires,  base  du  scapus  faiblement  ferrugineuse. 
Yeux  noirs.  Corselet  allongé,  évasé  cylindriquement,  vu 
en  avant,  à  peine  lobé  près  des  yeux,  largement  arqué 
sur  le  dehors  de  la  base,  subitement  coupé  en  oblique  au 
côté  antérieur,  droit  ensuite,  noirâtre,  inégal,  fovéolé, 
trois  lignes  longitudinales  grises  :  médiane  étroite,  canali- 
cuîée,  chaque  latérale  du  double  plus  large,  arquée  et  im- 
pressionnée en  avant,  quelques  gros  points  épars  en  des- 
sous. Ecusson  très-petit,  triangulaire.  Ely  très  obo  val  aires, 
arrondies,  offrant  chacune  10  séries  de  points,  rapprochées 
par  deux,  interstices  convexes,  3e  et  5e  surtout,  relevés  en 
côte  à  partir  de  la  base  vers  le  milieu  ;  leur  surface  est 
d'un  gris  noirâtre  avec  des  taches  plus  ou  moins  bien 
formées,  blanchâtres,  noires,  fauves;  la  suture  sur  le  quart 
apical  et  les  côtés  sur  la  partie  qui  forme  la  courbure  la- 
térale sont  d'un  blanc  grisâtre.  Cuisses  transversalement 
comprimées  vers  le  sommet  et  comme  annelées  de  gris  et 
de  noir.  Tarses  d'un  cendré  bleuâtre,  poilu. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  aux  environs  de  Philippeville, 
par  M.  L.  Lethierry,  et  je  lui  dois  l'exemplaire  que  je  pos- 
sède. 

38.  Otiorhynchus  aquilus,  affinis  Ot.  hirsuticorni,  Hst,  brunneo- 
rufus,  obJongus,  punctatus;  rostro  inaequali  usque  ad  verticem 
profonde  sulcato.  lateribus  earinato;  thorace  rotundato,  rugose  vel 
munde  puuctato,  Jinea  média  laevi  ;  elytris  elongato-oblongis,  sub- 
parallelis,  anticc  posticeque  rotuudatis,  obscuro  fuscoque  uebu- 
losis,  punctato-striatis,  pube  brevi  inflexa  dense  hirsutis.  Femori- 
bus  clavatis,  simplicibus  albido  biannulatis.  —  L.,  5-7;  1.,  2  1/2, 
3  m. 

Roux.  Trompe  saillante,  comme  sciée  à  sa  base,  profon- 
dément sillonnée  au  milieu  jusqu'à  l'occiput,  relevée  de 


TRAVAUX      INÉDITS.  135 

chaque  côté,  du  double  plus  longue  que  la  tête  :  celle-ci 
est  couverte  d'écaillés  hérissées  rousses  et  grises,  son  con- 
tour supérieur  est  noir,  glabre,  ruguleux  au  milieu,  lisse 
en  arrière  des  yeux  et  tuberculeux  en  dessous.  Sa  mandi- 
bule gauche  est  brune,  avancée,  presque  droite,  quoiqu'un 
peu  arquée.  Antennes  assez  épaisses,  brunes,  à  1er  art. 
du  funicule  conique,  suivants  moniliformes.  Massue  ova- 
laire  aiguë,  de  4  articles,  1er  et  2e  étroitement  au  sommet, 
et  les  2  derniers  entièrement  cendrés.  Yeux  petits,  arron- 
dis, enfoncés,  noirs.  Corselet  aussi  large  au  milieu  que  haut, 
droit  en  avant,  mais  un  peu  cintré  sur  le  milieu,  avancé 
en  cintre  sur  le  dehors  de  la  base,  côtés  régulièrement  ar- 
rondis sur  le  milieu,  à  ponctuation  peu  nette,  inégale  et 
légèrement  réticulée  sur  ses  bords  ;  une  ligne  médiane 
lisse  part  du  sommet  jusqu'aux 2/3  delà  longueur. Elytres 
en  ovale  long,  subparallèles  à  la  hauteur  des  pattes  inter- 
médiaires jusqu'aux  3/4,  arrondies  sur  l'épaule  et  conjoin- 
tement sur  le  sommet,  offrant  chacune  dix  séries  de  points 
moyens,  réguliers,  assez  profonds  et  un  peu  allongés;  sur- 
face d'un  roux  mélangé  d'obscur  et  de  fauve.  Pattes  gra- 
nuleuses, recouvertes  d'écaillés  poilues,  Cuisses  simples, 
assez  renflées,  comprimées  circulairement  et  biannelées 
de  blanc  vers  l'extrémité.  Jambes  élargies  des  deux  côtés 
à  leur  terminaison,  antérieures  cambrées.  Tarses  d'un 
brun  de  poix,  revêtus,  en  dessus,  de  poils  grisâtres. 

Je  possède  un  individu  <^  plus  petit  qui  présente  les 
différences  suivantes  :  trompe  moins  saillante,  n'étant  pas 
sciée  sur  la  base,  à  sillon  plus  raccourci,  à  tête  transver- 
salementconvexe,  finement  coriaeée,  à  corselet  plus  aplati, 
plus  arrondi  sur  le  côté,  ayant  une  ponctuation  nette  à 
surface  plane,  la  ligne  unie  du  milieu  plus  prolongée  en 
arrière.  Enfin  la  place  scutellaire  est  noire. 

Le  &  et  la  p  m'ont  été  donnés  par  M.  Lethierry,  qui  a 
trouvé  cette  espèce  aux  environs  de  Bone. 
39.  Oliorhynchus  furinus,  similis  Ot.  affabro,    Bhn.,  eloDgatus, 

uigro-ciuereus,  bruimco  vel  griseo  setulosus  ;  rostro  lougitudine 


136     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

capitis,  recto,  usque  ad  frontem,  posticeque  transverse  sulcato  ; 
thorace  oblongo,  supra  convexo,  antice  recto,  postice  oblique  truo- 
cato,  anterius  angustiore,  lateribus  augulose  rotundatis,  punctis 
irregularibus,  in  interstiis  dorsalibus  punctato;  elytris  dorso  planis, 
profunde  punctato-striatis  ,  interstitio  tertio  5°que  elevato  ;  pe- 
dibus  scabris  fuscis  ;  femoribus  simplicibus  albo  biannulatis. — 
L.,  5;  1.,  1  2/3  m. 

Allongé,  noir,  couvert  de  petites  écailles  rondes  d'un 
gris  noirâtre  terreux.  Trompe  droite  de  la  longueur  de  la 
tête,  sillonnée  au  milieu  jusque  sur  le  front  et  transversa- 
lement entre  les  yeux  et  en  avant.  Antennes  brunes,  poi- 
lues; scapus  droit,  faiblement  renflé,  atteignant  le  milieu 
du  corselet,  chargé  de  petites  soies  cendrées,  funicule  à 
1er  article  conique,  2°  moitié  plus  court,  suivants  monili- 
formes;  massue  oblongue,  de  4  art.,  1er  luisant,  suivants 
grisâtres.  Corselet  aussi  large  au  milieu  que  long,  convexe, 
droit  et  aminci  en  déclivité  sur  la  tête,  coupé  obliquement 
de  chaque  côté  de  la  base  sur  le  milieu,  arrondi  subangu- 
leusement  sur  le  milieu  latéral  couvert  de  points  moyens, 
assez  profonds,  plus  espacés  sur  le  disque  ;  les  intervalles, 
vus  avec  une  forte  loupe,  paraissent  pointillés.  Elytres 
ovalaires,  planes  sur  la  région  dorsale,  convexes  sur  la 
déclivité  postérieure,  coupées  obliquement  sur  le  dehors 
de  l'épaule,  parallèles  au  delà  et  arrondies  conjointement 
sur  le  sommet  ;  chaque  étui  présente  8  stries  formées  de 
points  réguliers  assez  profonds  :  ces  stries  sont  réunies  par 
deux  en  dessus,  mais  la  lre  se  joint  à  la  dernière  sur  le 
sommet,  et  toutes  suivent  la  mêrçe  marche  :  les  5e  et  6e 
en  forment  le  centre  et  sont,  par  conséquent,  plus  courtes  ; 
les  2  stries  suturales  ont  les  points  plus  forts;  les  interstices 
ont  des  séries  de  poils  noirs  et  de  soies  grises;  le  2e  sur- 
tout, le  3e  et  le  5e  sont  élevés.  Pattes  écailleuses,  brunes, 
couvertes  de  soies.  Cuisses  épaisses,  simples,  circulaire  - 
ment  comprimées  et  biannelées  de  blanc  près  du  sommet. 
Jambes  antérieures  élargies  et  crochues  au  sommet. 

Un  exemplaire  m'a  été  envoyé  par  M.  Lethierry,  qui  a 
rencontré  cette  espèce  près  deBone. 


TRAVAUX     INÉDITS.  137 

40.  Dryophthorus  brevirostris,  alatus,  eloogatus,  rufo-branneus, 
rostro  longitudine  capitis,  in  mare  breviori  et  crassiusculo,  in  fe- 
miua  subterete,  plauiusculo,  ambo  rugulosis ,  vix  distincte  punc- 
tatis,  sulco  loogitudinali  et  transversali  ioter  et  supra  oculos; 
thorace  longiore  quam  latiore,  antice  posticeque  recto,  sccundum 
marginem  antcriorem  acute  constricto  et  late  marginato,  tuberculis 
spinulosis  comprrsso,  sulco  basali  lato;  elytris  parallelis,  costatis 
et  inter  costas  seriatira  tuberculatis,  ad  apicem  rotuadatis  et  re- 
flexis.  —  L.,  3;  1.,  1  m. 

Plus  petit  que  le D.  lymexylon^Y^  d'un  brun  rougeâtre. 
Tête  et  rostre  scabreux  et  peu  distinctement  ponctués, 
égaux  en  longueur,  turbines  dans  leur  ensemble,  plus 
courts,  plus  arrondis,  et  ordinairement  sillonnés  en  travers 
chez  le  d" ,  un  peu  plus  longs,  un  peu  aplatis  et  sillonnés  au 
milieu  chez  la  femelle.  Antennes  à  scapus  court,  funicule 
à  articles  serrés,  massue  à  peine  plus  épaisse.  Yeux  en- 
foncés, étroits,  oblongs,  bruns.  Corselet  un  peu  plus  long 
que  large,  droit  aux  extrémités,  fortement  resserré  et  lar- 
gement rebordé  en  avant,  faiblement  et  régulièrement 
arrondi  sur  le  côté  et  comme  denticulé,  couvert  de  petits 
tubercules  aigus.  Elytres  à  peine  plus  larges  que  le  corse- 
let, 2  fois  aussi  longues,  parallèles,  arrondies  et  légère- 
ment relevées  sur  l'extrémité,  offrant  chacune  10  côtes,  y 
compris  la  suturale  et  la  marginale  ;  chaque  interstice 
offre  une  rangée  de  petits  tubercules  modérément  dis- 
tants. Pattes  scabreuses.  Cuisses  assez  épaisses.  Jambes 
plus  courtes.  Tarses  étroits,  resserrés,  dernier  article  al- 
longé. Crochets  excessivement  petits  et  courts. 

Un  exemplaire,  des  environs  de  Béziers,  m'a  été  donné 
dans  le  temps  par  M.  le  cape  Gaubil,  et  5  autres  m'ont  été 
envoyés  par  M.  J.  Poupillier,  comme  ayant  été  pris,  au 
mois  de  mars,  aux  environs  d'Alger,  sur  le  bois  de  figuier 
qu'il  perce  en  état  parfait.  Sa  larve  se  nourrit  du  même 
bois. 


138       REV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (Mars  1860.) 

II.     SOCIÉTÉS     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  5  mars  1860.  —  M.  Milne-Edwards  présente 
la  2e  partie  du  5e  volume  de  son  ouvrage  sur  la  Physiolo- 
gie comparée  de  l'homme  et  des  animaux.  Dans  ce  fascicule, 
l'auteur  traite  des  organes  de  la  digestion  chez  les  ani- 
maux invertébrés. 

M.  Flourens  lit  un  remarquable  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  Nouvelles  expériences  sur  la  formation  du  cal. 

M.  Lacaze-Duthiers  lit  un  Mémoire  sur  la  Pourpre.  — 
L'auteur  ayant  remarqué  le  peu  de  précision  qui  existe 
dans  la  détermination  de  l'organe  qui  fournit  la  matière 
tinctoriale  et  l'incertitude  où  sont  laissés  les  peintres 
quand  il  s'agit  de  fixer  la  nuance  des  draperies  pourpres, 
s'est  livré  à  des  recherches  qui  l'ont  conduit  à  mieux  pré- 
ciser, anatomiquement,  l'organe  de  la  matière  colorante. 

Ses  études  ont  porté  sur  des  espèces  bien  définies,  et  il 
démontre  que  la  matière  à  pourpre  est  primitivement  une 
substance  incolore,  produite  par  une  partie  assez  res- 
treinte du  manteau  des  Rochers  et  des  Pourpres. 

Après  avoir  décrit  avec  soin  cet  appareil  et  avoir  établi 
qu'il  se  trouve  dans  la  plupart  des  Gastéropodes,  il  dit 
que  le  liquide  qu'il  sécrète,  incolore  dans  tous,  n'est  in- 
fluençable par  le  soleil  que  chez  les  vrais  Mollusques  à 
pourpre.  Par  des  expériences  variées  il  a  vu  que  l'influence 
du  soleil  développe  les  couleurs  dans  l'ordre  suivant  : 
jaune,  bleu  et  rouge  produisant  ensuite  le  vert  et  le 
violet,  résultat  du  mélange.  En  faisant  l'expérience  à 
la  lumière  diffuse ,  c'est-à-dire  lentement,  on  observe 
très-nettement  la  succession  des  couleurs.  Mais,  tandis 
que  le  jaune  disparait  quand  l'action  se  prolonge,  le  bleu 
reste  toujours  en  quantité  notable,  ce  qui  fait  que  jamais, 
naturellement  du  moins,  le  rouge  ne  se  trouve  seul;  aussi 
la  nuance  de  la  pourpre  est  toujours,  au  fond,  plus  ou 
moins  violette. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  139 

Si,  primitivement,  la  pourpre  fut  violette,  ses  tons  et 
ses  nuances  changèrent  avec  les  exigences  de  la  mode  et 
des  goûts;  ainsi  l'on  teignit  deux  fois  les  étoffes  pour  avoir 
une  couleur  plus  riche,  plus  vive  :  ce  fut  la  pourpre  di- 
baphe  [purpura  dibapha).  Les  mélanges  des  espèces  con- 
tribuaient aussi  à  modifier  les  tons.  Avec  le  Murex  trun- 
culus,  on  obtient  du  bleu  seul  presque  sans  rouge,  comme 
aussi  du  violet.  Tant  que  la  matière  animale  des  Mollus- 
ques fut  employée,  la  pourpre  dut  être  certainement  d'un 
violet  plus  ou  moins  foncé,  toujours  cependant  plus  voi- 
sin du  rose  que  du  bleu. 

Ajoutons,  en  terminant,  que  cette  intéressante  question 
de  la  pourpre  a  été  traitée  d'une  manière  remarquable 
dans  cette  Revue,  1856,  p.  34,  par  M.  Grimaud  de  Caux, 
à  qui  l'on  doit  aussi  d'avoir  appelé  l'attention  sur  les 
beaux  travaux  que  le  savant  docteur  Bizio,  de  Venise,  a 
publiés  sur  ce  sujet. 

M.  Béclard  présente  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  De 
la  chaleur  produite  pendant  le  travail  de*  la  contraction 
musculaire. 

Séance  du  12  mars  1860.  —  M.  I.  Geoffroy  Saint-Hi- 
laire  présente,  de  la  part  de  M.  E.  Blanchard,  aide  d'en- 
tomologie au  muséum ,  des  Recherches  sur  le  système 
dentaire  des  Oiseaux. 

En  présentant  ce  travail,  M.  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
rappelle  que  son  illustre  père  avait  démontré  la  présence 
des  dents,  sur  le  fœtus  d'un  Perroquet,  dès  1806,  et  qu'il 
avait  admis,  à  cette  époque,  qu'il  existait  chez  les  Oiseaux 
un  système  dentaire  temporaire. 

M.  Blanchard  a  confirmé  cette  découverte  en  trouvant 
aussi  des  traces  de  dents  à  l'état  rudimentaire  chez  une 
très-jeune  Perruche  ondulée,  et,  comme  le  grand  zoolo- 
giste dont  il  ambitionne  de  suivre  les  traces,  il  a  trouvé 
aussi  que  ces  rudiments  de  dents  étaient  en  nombre 
impair. 

En  choisissant  ce  sujet  d'étude,  M.  Blanchard  n'a  pas 


140      REV.   ET  MAC    DE   ZOOLOGIE.  (Mars  1860.) 

seulement  prouvé  qu'il  était  un  habile  zoologiste,  il  a 
montré  encore  qu'il  était  plein  de  cœur,  et  qu'il  gardait 
un  pieux  souvenir  des  travaux  du  grand  naturaliste  dont 
nous  nous  glorifions  tous  d'avoir  été  les  disciples.  Il  ne 
pouvait  ainsi  que  mériter  toutes  nos  sympathies,  et  sur- 
tout celles  du  digne  fils  du  célèbre  naturaliste  dont  il  ve- 
nait confirmer  l'une  des  plus  intéressantes  découvertes. 

Séance  du  19  mars  1860.  —  M.  de  Quatrefages  commu- 
nique une  Lettre  de  M.  J.  B.  Dufour  sur  la  culture  du 
mûrier  sauvageon  en  Turquie. 

Ce  mode  de  culture  consiste  à  planter  de  jeunes  mûriers 
de  deux  ans  et  non  greffés.  A  trois  ou  quatre  ans  d'âge,  ces 
mûriers  sont  recepés  au  moment  de  l'éducation,  et  l'on 
donne  ces  rameaux  aux  vers,  comme  nous  l'avons  vu  pra- 
tiquer dans  quelques  localités  de  l'Italie,  et  particulière- 
ment près  de  Montebelluno  ,  chez  M.  Guillion,  le  21  juin 
1852.  M.  Dufour  pense  que  cette  manière  de  cultiver  les 
arbres  produit,  à  superficie  égale,  25  p.  0/0  de  feuille  de 
plus  que  par  le  système  européen. 

M.  Dufour  cherche  ensuite  à  démontrer  la  supériorité 
de  la  feuille  de  sauvageon  sur  celle  du  mûrier  greffé. 
Nous  ne  le  suivrons  pas  dans  son  raisonnement,  attendu 
que  tout  le  monde  est  de  son  avis  depuis  plus  de  cent  ans. 
Toute  la  question  est  de  savoir  si  l'on  pourrait,  en  France, 
dans  les  locaux  restreints  où  Ton  élève  les  vers  à  soie, 
employer  la  méthode  de  la  nourriture  par  rameaux,  qui 
prend  beaucoup  plus  de  place,  ainsi  que  je  l'ai  remarqué 
en  Italie. 

M.  de  Quatrefages  ajoute  qu'il  a  déjà  préconisé  l'éle- 
vage par  rameaux,  ainsi  que  l'avait  fait  M.  Dumas,  dans 
son  très-remarquable  rapport.  Suivant  lui,  nos  séricicul- 
teurs (déjà  si  forts  dans  leur  spécialité)  devraient  adopter 

la  méthode  turque Alors  ils  seraient  tous  forts  comme 

des  Turcs. 

Le  même  académicien  présente  les  conclusions  de 
Notes  et  observations  sur  les  vers  à  soie  en  1859,  par  M,  Ma- 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  141 

rès.  Cet  agriculteur  distingué  annonce  que  la  même  mala- 
die s'est  rencontrée  dans  toutes  ses  éducations,  soit  que 
ses  graines  aient  été  saines,  soit  qu'elles  aient  été  plus  ou 
moins  attaquées.  Il  a  remarqué,  entre  autres,  que  sur  les 
vers  provenant  de  graines  malades  l'effet  des  matières 
étrangères  à  la  feuille ,  répandues  sur  elle  et  entrant 
dans  l'alimentation  des  vers,  est  à  peu  près  nul  ;  un  effet 
favorable  de  ces  matières  (sucre,  fécule,  soufre,  charbon) 
ne  se  fait  remarquer  que  sur  les  vers  issus  de  graines 
saines  ou  peu  attaquées. 

Les  moyens  de  combattre  la  pébrine  manquent  encore, 
ajoute-t-il.  Les  règles  hygiéniques,  suffisantes  pour  mener 
à  bien  les  Vers  des  graines  saines  dans  les  pays  placés  sous 
l'influence  de  la  pébrine,  sont  insuffisantes  pour  les  sous- 
traire à  l'influence  de  cette  maladie,  puisqu'ils  en  portent 
les  signes,  et  il  est  à  présumer  que  les  œufs  qui  en  pro- 
viendront donneront  encore  de  mauvais  produits  en  1860. 

Depuis  une  série  d'années,  poursuit-il,  j'observe  le 
Bombyx  dispar ,  qui  fait  de  grands  dégâts  dans  certaines 
parties  de  nos  bois  de  chênes  verts  ;  c'est  une  larve  très- 
vigoureuse  et  très-vorace,  d'aussi  grande  taille  parfois 
que  le  Bombyx  mori,  et  sur  lequel  j'ai  vu  de  nombreuses 
maladies,  quoiqu'il  vive  à  l'état  sauvage.  Vous  voyez, 
cette  année,  que  je  mentionne  qu'il  a  été  atteint  de  gras- 
serie;  cette  maladie  était  même  intense,  car  certains  pe- 
tits arbres  étaient  couverts  de  Vers  pendus  et  décompo- 
sés ;  mais  jusqu'à  présent  je  n'ai  pas  vu  qu'il  ait  été 
attaqué  d'une  maladie  qui  se  communiquât  à  ses  œufs. 

M.  de  Quatrefages  fait  observer  que  les  faits  cités  par 
M.  Mares  et  les  conclusions  qu'en  a  tirées  ce  séricicul- 
teur éclairé  concordent  de  tout  point  avec  les  faits  expo- 
sés par  lui  à  diverses  reprises  devant  l'Académie  et  avec 
les  conséquences  qu'il  en  avait  déduites. 

Nous  devons  ajouter  aussi  que  l'observation  de  la  ma- 
ladie des  chenilles  sauvages  concorde  de  tout  point  avec 
les  faits  que  nous  avons  exposés  depuis  trois  ou  quatre 


142    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

ans,  quand  nous  disions  que  l'épidémie  s'est  portée  sur 
tous  les  insectes  phytophages,  et  que,  depuis  quelques 
années,  les  entomologistes  collecteurs  ont  remarqué  que 
les  Lépidoptères,  surtout,  ne  se  montraient  pas  en  quan- 
tités aussi  grandes  qu'antérieurement.  Du  reste,  Mme  Bour- 
nay,  directrice  de  la  filature  de  la  Société  d'agriculture  de 
Lyon,  a  fait  la  même  remarque  à  peu  près  à  la  même 
époque. 

En  présentant,  de  la  part  de  M.  Millet,  député  de  Vau- 
cluse,  des  cocons  vivants,  nous  avons  adressé  à  M.  Geof- 
froy Saint-Hilaire  une  Lettre  dont  il  a  été  inséré  un 
extrait  aux  comptes  rendus  sous  ce  titre  :  Educations  hâ- 
tives de  Vers  à  soie;  extrait  d'une  Lettre  de  M.  Guérin-Mé- 
neville. 

Malheureusement,  les  suppressions  et  changements  faits 
à  notre  Lettre  portent  juste  sur  ce  qu'elle  contenait  de 
neuf  et  d'utile  et  en  changent  complètement  le  sens  et  la 
portée  pratiques,  car  il  n'y  a  rien  de  miraculeux  à  pré- 
senter des  cocons  vivants,  et  nous  ne  nous  serions  pas 
permis  d'écrire  à  l'Académie  pour  cela  seulement.  Il  im- 
porte donc  de  rétablir  cette  trop  longue  Lettre  dans  son 
véritable  sens  pratique  en  la  donnant  ici  en  entier  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser,  de  la  part  de  M.  Mil- 
let, député  de  Vaucluse,  des  échantillons  vivants  de  Co- 
cons du  Ver  à  soie  du  mûrier  provenant  des  éducations 
hâtives  de  l'établissement  de  MM.  Jouve,  Chabaud  et  Mé- 
riton  de  Cavaillon,  où  l'on  fait  l'essai  des  graines  de  Vers 
à  soie,  afin  de  distinguer  à  l'avance  celles  qui  doivent  être 
considérées  comme  de  bonne  qualité.  Dans  cet  établisse- 
ment, subventionné  par  la  chambre  de  commerce  de  Lyon, 
on  a  des  mûriers  en  serre  pour  avancer  leur  végétation, 
comme  dans  les  cultures  forcées,  en  sorte  qu'ils  sont  cou- 
verts de  feuilles  dès  le  mois  de  février.  On  peut  élever  avec 
ces  feuilles  les  Vers  à  soie,  de  nombreux  échantillons  de 
graines  dont  on  a  hâté  l'incubation,  et  l'on  sait,  dès  le 
commencement  de  mars,  assez  longtemps  avant  l'époque 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  143 

de  la  mise  des  graines  à  l'incubation  dans  la  grande  cul- 
ture, quelles  sont  celles  qui  offrent  des  chances  de  réus- 
site et  celles  qu'il  conviendrait  peut-être  de  rejeter. 

«  En  admettant  que  les  phénomènes  qui  ont  lieu  dans 
ces  éducations  hâtées,  et  pour  ainsi  dire  contre  nature, 
soient  semblables  à  ceux  qui  se  produisent  à  l'époque 
normale  de  la  végétation  des  arbres  et  de  l'éclosion  des 
Vers  à  soie,  ce  qui  est  loin  d'être  démontré,  il  est  à  crain- 
dre que  cet  établissement  ne  puisse  rendre  tous  les  ser- 
vices qu'on  en  attend.  En  effet,  les  négociants  en  graines, 
qui  fournissent  la  majorité  de  celles  qu'on  emploie  dans 
la  grande  culture ,  voudront-ils  s'exposer  à  des  pertes  con- 
sidérables sur  ces  indications,  dont  on  peut  toujours  con- 
tester l'exactitude  et  la  portée?  Je  ne  le  crois  pas.  Des. 
faits  positifs  du  refus  de  s'exposer  à  une  telle  chance  se 
sont  produits  récemment  devant  moi  et  viennent  à  l'ap- 
pui de  mes  doutes. 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  intéressant  de  constater 
qu'au  moyen  de  ces  mûriers  forcés  en  serres  l'on  peut 
avoir  des  cocons  dès  le  commencement  de  mars. 

«  Si  les  négociants  qui  font  le  commerce  des  graines  de 
Vers  à  soie,  même  les  plus  honnêtes,  ne  peuvent  raison- 
nablement s'exposer  à  de  grandes  pertes  en  se  soumet- 
tant à  ces  essais,  les  agriculteurs  qui  ont  fait  leur  provi- 
sion de  graines  feront  peut-être  bien  de  s'en  servir  pour 
avoir,  au  moins,  des  indications  qui  les  engagent  à  s'en 
procurer  d'autres,  ou  qui,  s'ils  n'y  sont  plus  à  temps,  les 
détermineront  à  ne  pas  employer  leurs  feuilles  et  l'énorme 
main-d'œuvre  que  nécessite  l'éducation  des  Vers  à  soie, 
s'ils  sont  à  peu  près  certains  d'avoir  de  la  mauvaise 
graine. 

«  Les  papillons  qui  se  trouvent  dans  une  case  de  la  boîte 
que  je  vous  prie  de  faire  passer  sous  les  yeux  des  honora- 
bles membres  de  l'Académie  étaient  vivants  quand  cette 
boîte  est  arrivée  à  Paris  le  8  mars,  ce  qui  montre  que 
l'établissement  de  Cavaillon  a  eu  des  cocons  vers  le  mi- 


144    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Mars  1860.) 

lieu,  peut-être,  du  mois  de  février.  Ce  sont  des  femelles 
non  fécondées,  car  les  œufs  pondus  n'ont  même  pas  la 
couleur  jaune  franche  des  premières  heures.  Cette  cou- 
leur, passant  par  l'orangé ,  le  vineux  et  le  violet  obscur, 
devient  gris  bleuâtre,  pour  demeurer  ainsi  jusqu'aux  ap- 
proches de  l'éclosion,  comme  on  peut  le  voir  dans  les  fi- 
gures ci-jointes,  qui  sont  demeurées  inédites  avec  les  autres 
dessins  relatifs  à  mes  observations  de  onze  ans  sur  les  Vers 
à  soie  en  santé  et  en  maladie,  à  cause  des  dépenses  que 
nécessiterait  leur  publication.  » 

III.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Nos  abonnés  se  rappellent  qu'une  souscription  a  été 
ouverte,  par  les  zoologistes  de  tous  les  pays,  pour  faire 
frapper  une  médaille  en  l'honneur  du  grand  naturaliste 
dont  la  science  déplore  la  mort  prématurée,  du  prince 
Ch.  Bonaparte.  Cette  médaille  a  été  distribuée  aux  sous- 
cripteurs, et  il  en  a  été  tiré  quelques  exemplaires  en  plus 
pour  les  savants  qui  n'auraient  pas  été  informés  à  temps 
de  cette  souscription.  On  peut"  s'adresser  (franco)  pour 
en  faire  la  demande  au  bureau  de  la  Revue.  —  La  médaille 
de  bronze  est  de  la  valeur  de  5  fr.;  celle  d'argent,  de  20  fr. 

Un  portrait  du  prince,  propre  à  être  placé  en  tête  de  ses 
ouvrages,  soit  in-4,  soit  in-8,  a  été  fait  d'après  nature  par 
un  de  nos  plus  habiles  dessinateurs,  M.  Bocourt,  et  il  a 
été  photographié.  Ce  portrait,  le  plus  ressemblant  que 
nous  connaissions,  se  trouve  chez  M.  Potteau,  au  muséum 
d'histoire  naturelle  de  Paris. 


TABLE    DES  MATIERES. 

Page,. 

H.  de  Saussure.  —  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. 97 
0.  des  Murs.   —   Observations  au  sujet  des  Considérations 

sur  les  œufs  des  Oiseaux,  de  M.  Moquin-Tandou.  110 

Hupé. —  Observation  d'un  mode  particulier  de  parasitisme  offert 

par  un  Mollusque  gastéropode  du  genre  Sty lifer .  118 

Hupe.  —  Note  sur  un  genre  nouveau  de  Gastéropode  :  G.  Galé- 

ropside.  125 

A.  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  128 

Académie  des  sciences .  138 

Mélanges  et  nouvelles.  144 

PARIS.  —  IMI».   DE  Mme  Ve   ROUCHARD-HUZARD,   RUE  DE  L'ÉPERON,    5. 


VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.  —  AVRIL  1860 


I.  TRAVAUX  INEDITS. 


Notes  sur  Y  Antilope  Addax  —  le   Meh'a  des  Arabes , 
par  M.  H.  Aucapitaine. 

L'historien  Berber  Ben  Khaldoun  (1),  Jean  Léon  dit 
l'Africain ,  le  compilateur  Dappert ,  l'Espagnol  Marmol 
Carvajals,  parlent  d'un  animal  nommé  Lam't*  dont  ce  der- 
nier donne  une  description  exacte  sous  quelques  rapports, 
et  qui  mérite  surtout  d'être  reproduite  parce  qu'elle  relate 
une  fable  répandue  par  l'esprit  crédule  et  fantastique  des 
Arabes,  récit  qui  a  contribué  sans  doute  pour  beaucoup 
à  accréditer  les  croyances  de  quelques  érudits  à  l'exis- 
tence de  la  licorne  (2).  « Le  Dantey  que  les  Africains 

«  nomment  Lampt,  est  de  la  forme  d'un  petit  bœuf;  mais 

(1)  «  Lorsque  Zein  ben  'Atia  fut  devenu  maître  de  Tlemcen  et  des 
«  États  environnants,  il  annonça  sa  conquête  à  son  maître  par  un  ca- 
«  deau  de  deux  cents  Chameaux  de  race,  cinquante  Chameaux  m'hara 
«  d'une  vitesse  extraordinaire,  mille  boucliers  en  peau  de  Lam't, 
«  quelques  Civettes,  une  Girafe  (Djemel  el  R'al,  zerafa),  quelques 
«  Larri'ts,  et  plusieurs  autres  Animaux  sauvages  du  désert.  » 

Ben  Khaldoun,  Histoire  des  Berbers  et  des  dynasties  musulmanes, 
t.  III,  p.  263.  C'est  un  curieux  spécimen  des  cadeaux  fréqueuts  de  ce 
genre  que  s'adressaient  entre  eux  les  princes  et  émirs  de  l'Afrique 
septentrionale. 

(2)  Voyage  au  Dâr-foûr  du  chiq'r  Moh'ammed-et-Tounci,  tra- 
duction du  docteur  Perron,  édité  et  annoté  par  les  soins  érudits  de 
M.  Jomard,  consul.  Introduction.  —  Lettre  sur  certains  Quadrupèdes 
réputés  fabuleux,  Journal  asiatique,  mars  1844.  —  Deuxième  lettre, 
journal  V Institut,  mars  1845  (travail  de  Fulgeuce  Fresnelj;  et  une 
Lettre  de  M.  Ed.  Ruppel,  t.  XI,  p.  270  de  la  Correspondance  astro- 
nomique du  baron  de  Zach.  Partout  la  description  de  la  Licorne  se 
rapporte  au  Lam't  ou  Meh'a,  sauf  une  corne  de  moins. 

2e  sème.  t.  xn.  Année  1860.  10 


146       REV.    ET  MAG.    DE    ZOOLOGIE.    (Avril  18G0) 

«  il  a  les  jambes  courtes  et  le  col  fort  long.  Ses  oreilles 
«  ressemblent  à  celles  des  chèvres  ;  il  a  une  corne  noire  au 
«  milieu  de  la  tête,  qui  se  courbe  en  rond  comme  un 
«  anneau  et  est  façonnée.  Il  est  blanchâtre  et  a  les  ongles 
«  des  pieds  fort  noirs  et  fendus.  Du  reste,  il  est  si  vite, 
«  que  nul  animal  ne  peut  l'atteindre,  si  ce  n'est  peut-être 
«  un  barbe.  On  les  prend  plus  aisément  en  été,  qu'il  use 
«  ses  ongles  sur  les  sablons  brûlants  à  force  de  courir, 
«  et  la  douleur  les  arrête  tout  court,  comme  elle  fait  les 
«  cerfs  et  les  daims  de  ces  déserts.  Il  y  a  quantité  de  ces 
«  animaux  dans  les  déserts  de  Numidie  et  de  Libye,  parti- 
ce  culièrement  aux  terres  des  Morabitains,  et  Ton  fait  de 
«  leurs  peaux  de  belles  rondaches,  dont  les  meilleures 
«  sont  à  l'épreuve  des  flèches  ;  aussi  sont-elles  fort  chères, 
«  et  on  les  blanchit  avec  du  lait  aigre.  La  chair  de  cet 
«  animal  est  très-bonne,  et  les  Maures  en  emplissent  des 
«  saloirs  ;  elle  a  le  goût  de  chair  de  bœuf,  hormis  qu'elle 

«  est  un  peu  plus  douce (1)  » 

Cet  animal  est  l' Antilope  Àddax  de  d'Orbigny,  signalé 
dans  les  déserts  de  la  Nubie;  il  caractérise  la  faune  toute 
spéciale  de  cette  large  zone  saharienne  qui,  partant  de  la 
Nubie,  s'étend  au  sud  des  États  barbaresques  jusqu'aux 
sables  de  l'océan  Atlantique  (2).  Les  Arabes  le  connais- 
sent sous  le  nom  d'El  Meh'a;  il  n'est  foule  de  récits  exa- 
gérés qu'ils  ne  débitent  sur  son  compte.  Voici  le  plus  ré- 
pandu :  le  chasseur  qui  se  laisse  tomber  à  la  chasse  est 
perdu,  car  le  Meh'a  revient  sur  lui  avant  qu'il  n'ait  pu  se 
relever,  le  transperce  de  ses  cornes  et  promène  ainsi  le 
cadavre  jusqu'au  moment  où  il  tombe  en  putréfaction.  Le 

(1)  V Afrique  de  Marmol  Carvajas,  1. 1,  p.  52,  édit.  in-4.  Paris, 
1667.  On  doit  avoir,  dans  le  pays  des  Morabitains,  l'oasis  des  Beni- 
M'zabs,  et  celles  du  Touat  et  du  Gourara,  si  riches  en  Animaux  de 
tous  genres. 

(2)  Avec  le  Rhinolophus  tridens  d'Isidore  Geoffroy,  le  Vulpes 
Fennec,  si  commun  entre  Touggourth  et  R'damès,  le  Lepus  isabel- 
linus,  trouvé,  par  MM.  Mares  et  de  Colomb,  dans  le  Sahara  oranais, 
et  le  F  élis  Margaritœ,  des  dunes  d'Ouargla. 


TRAVAUX    INÉDITS.  147 

Meh'a  en  agit  ainsi  avec  ses  rivaux  au  moment  des  luttes 
amoureuses.  C'est  ce  môme  ruminant  que  les  noirs  du 
Soudan  désignent  sous  le  nom  de  Klaboy  et  les  Touàrêgs 
sous  celui  d'Ezcm.  Sa  peau,  très-épaisse,  est  fort  recher- 
chée pour,  étant  appliquée  sur  des  moules,  confectionner 
des  grands  plats  (guessâ),  des  outres.  Les  Berbers  Imou- 
char'  viennent  en  acheter  dans  les  k'sours  pour  se  con- 
fectionner des  tentes,  et,  comme  au  temps  de  Marmol,  de 
larges  boucliers.  La  viande  de  cet  animal,  coupée  et  des- 
séchée, se  vend  au  détail  sous  le  nom  de  Khelea  ou  Ka- 
dyd  :  c'est  un  aliment  d'un  grand  secours  pour  les  cara- 
vanes qui  se  rendent  des  k'sours  sahariens  au  pays  des 
noirs.  Aussi  la  chasse  du  Meh'a  est-elle  une  véritable  res- 
source pour  les  pasteurs  nomades  qui  errent  dans  les 
rares  pâturages  de  ces  mystérieux  pays.  Beaucoup  de 
Chaamba  n'ont  pas  d'autre  profession  que  celle  de  chas- 
seurs de  Meh'a. 

On  le  trouve  surtout  dans  la  région  saharienne,  où  il 
vit  en  famille  sur  les  dunes  sablonneuses  au  sud  d'Ouar- 
gla,  de  Touggourth,  du  pays  des  Béni  M'zabs,  régions 
désolées,  constamment  remuées  par  les  vents,  et  dont  il 
partage  les  vastes  steppes  avec  quelques  Touaregs  er- 
rants. 

Le  commandant  supérieur  de  Geryville  (1),  M.  de  Co- 
lomb, vient,  dans  une  récente  tournée  d'exploration,  de 
rapporter  un  magnifique  Antilope  Addax,  qui  est,  en  ce 
moment,  préparé  et  monté  au  musée  Bab-Azoun. 

Cet  officier  a  donné  les  curieux  détails  suivants  sur  cet 

animal «  Il  vit  en  troupes  nombreuses  sur  les  1,500 

«  lieues  carrées  de  sables  qui  s'étendent  de  l'Oued  Zer- 

«  goun  à  l'Oued  Messaoura Il  est  rare  qu'il  s'aventure 

«  au  loin  sur  les  terrains  rocailleux  que  les  Arabes  appel- 
ce  lent  El  Hemed  et  qui  se  partagent  avec  les  Arêgs  les 

(1)  Dernier  poste  français  à  la  lisière  du  Sahara,  dans  la  province 
d'Oran. 


148      REV.   ET  MAC.   DE   ZOOLOGIE.  [Âwil   18C0.) 

«  immenses  solitudes  sahariennes  (1).  Lacorne  trop  molle 
«  de  ses  pieds  ne  lui  permet  pas  d'y  courir  pendant  long- 
«  temps.  Il  doit  vivre  sans  boire;  car,  pendant  l'été,  sur 
«  une  surface  d'environ  20,000  lieues  carrées,  au  centre 
c(  de  laquelle  se  trouvent  les  sables  qu'il  habite,  il  serait 
«  impossible  de  trouver  une  goutte  d'eau  autrement  que 
«  dans  des  puits  profonds  ou  sous  les  murs  des  oasis » 

Les  zoologistes  nous  sauront  peut-être  quelque  gré 
d'avoir  reproduit  ces  remarquables  particularités. 

La  faculté  possédée  par  le  Meh'a  de  passer  un  long  es- 
pace de  temps  sans  boire,  faculté  commune  à  plusieurs 
autres  animaux  de  ces  contrées,  trouve  une  explication 
plausible  dans  la  flore  locale,  exclusivement  composée  de 
hautes  plantes,  grasses  et  aqueuses,  nourriture  spéciale 
des  Antilopes  et  des  Gazelles  du  Sahara  (2). 

Description  de  deux  nouvelles  espèces  d'Alouettes  dé- 
couvertes dans  le  Sahara  algérien  par  le  commandant 

(1)  Disons,  en  passant,  que  le  Sahara  est  loin  d'être,  comme  on  se 
le  figure  généralement,  une  vaste  surface  plane;  c'est,  au  contraire, 
un  pays  déchiré  et  profondément  raviné,  qui  présente,  comme  aspect 
général,  un  réseau  inextricable  de  torrents  desséchés,  dont  les  hautes 
falaises  se  dressent  à  pic  en  dessinant  parfois  de  véritables  chaînes 
de  montagnes. 

On  marche  des  jours  entiers  dans  les  lits  de  ces  fleuves,  qui  ne  rou- 
lent plus  d'eau,  mais  dont  le  dessèchement  semble  se  rapporter  à 
une  époque  peu  éloignée.  Certaines  traditions  sahariennes  racontent 
des  faits  indubitablement  récents  sur  la  ruine  de  quelques  osasis  et 
l'époque  où  les  sables  n'avaient  pas  «ncore  recouvert  la  sombre  ver- 
dure des  palmiers  dont  on  voit,  çà  et  là,  les  troncs  desséchés. 

(2)  Cette  flore,  étudiée  récemment  avec  le  plus  grand  soin  par 
MM.  les  docteurs  Cosson  et  Reboud,  comprend  principalement  les 
espèces  suivantes  : 

Certhraterumpungens,  —  Caroxylon  articulalum,  —  Troganum 
nudalum,  -—  Salsola  vermiculata,  —  Limonastrum  Guyonanum, 
—  Genista  Saharœ,  —  Helianthemum  sessiflorum,  —  Anabasis 
articulala. 

Toutes  plantes  grasses  propres  aux  diverses  régions  sahariennes  de 
Tripoli,  Tunis,  l'Algérie  et  le  Sahara  marocain. 


TRAVAUX    INÉDITS.  149 

Loche,    directeur    du    muséum    d'histoire    naturelle 

d'Alger. 

1°  Calandrella  Reboudia,  Loche  (pi.  xi,  f.  1),  Catalo- 
gue des  mammifères  et  des  oiseaux  de  l'Algérie  (1858), 
p.  83,  sp.  158.  —  Bec  court,  un  peu  conique,  comprimé 
sur  les  côtés,  légèrement  arqué  en  dessus;  tarses  médio- 
cres, doigts  courts,  ongle  du  pouce  de  la  longueur  de  ce 
doigt;  taille,  14  centimètres. 

Parties  supérieures  d'un  roussâtre- clair  varié  de  brun 
au  centre  des  plumes  ;  gorge  et  haut  du  cou  d'un  blanc 
pur  formant  une  espèce  de  demi-collier;  bas  du  cou  et 
poitrine  d'un  blanc  teinté  de  roussâtre  et  marqué  de  nom- 
breuses taches  longitudinales  brunes,  flancs  lavés  de  fauve 
et  variés  de  longues  stries  brunâtres;  bas  de  la  poitrine, 
abdomen  et  sous-caudales  blancs;  une  bande  étroite  d'un 
roussâtre  pâle  recouvre  la  base  du  bec,  les  yeux  et  le  méat 
auditif;  joues  blanchâtres,  circonscrites  par  un  trait  bru- 
nâtre qui,  descendant  des  commissures  du  bec,  se  rend  à 
l'occiput;  rémiges  brunâtres,  bordées  de  roux  clair;  pennes 
caudales  brunes;  les  médianes,  brunes  au  centre,  sont  lar- 
gement bordées  et  terminées  de  roussâtre;  la  plus  latérale 
est  d'un  blanc  pur  extérieurement,  la  suivante  est  seule- 
ment lisérée  de  cette  couleur  en  dehors;  bec  brun  en 
dessus  et  à  la  pointe ,  jaunâtre  en  dessous  et  sur  les  côtés; 
pieds  jaunâtres,  ongles  bruns,  iris  brun  clair. 

Très-voisine  de  la  Calandrella  brachydactyla ,  Temm.; 
l'espèce  qui  nous  occupe  en  diffère  par  la  coloration  du 
dessus  de  la  tête,  qui,  chez  cette  dernière,  est  parsemée  de 
taches  brunes  beaucoup  plus  étendues;  toute  la  poitrine 
de  la  C.  reboudia  est,  en  outre,  variée  de  taches  longitudi- 
nales brunes  fort  distinctes  les  unes  des  autres  et  non 
confluentes,  et  seulement  placées  sur  les  côtés  du  cou  et  de 
la  poitrine,  comme  chez  la  Calandrella  brachydactyla;  la 
penne  externe  de  la  queue  est,  chez  cette  dernière,  d'un 
roussâtre  sale,  tandis  que  chez  notre  espèce  elle  est  d'un 
blanc  pur  et  brunâtre  seulement  sur  les  barbes  internes.. 


150      REV.   ET  MAC.    DE   ZOOLOGIE.    (Avril  1860.) 

Cette  espèce  est  assez  répandue  dans  tout  le  Sahara 
algérien,  où,  après  les  nichées,  elle  se  réunit  en  petites 
bandes;  elle  affectionne  les  terrains  nus  et  arides,  et, 
comme  elle  est  très-farouche,  elle  s'y  laisse  difficilement 
surprendre  ;  sa  nourriture  consiste  en  insectes  et  en  pe- 
tites graminées. 

Elle  niche  à  terre,  dans  un  petit  enfoncement,  à  l'abri 
d'une  pierre  ou  d'une  petite  touffe;  sa  ponte  est  de  quatre 
à  cinq  œufs  arrondis,  d'un  blanc  roussâtre,  recouverts 
d'une  multitude  de  petites  taches  et  de  points  brunâtres. 

Grand  diamètre,  1  cent.  7  mill.;  petit  diamètre,  1  cent. 
6  millimètres. 

Nous  avons  dédié  cette  nouvelle  espèce  de  Calandrelle 
à  notre  ami,  le  docteur  Reboud,  dont  le  concours  actif  et 
dévoué  nous  a  si  souvent  secondé  dans  nos  recherches. 

2°  Galerida  Randoni,  Loche  (pi.  xi,  f.  2),  Catalogue  des 
Mammifères  et  des  Oiseaux  de  l'Algérie  (1858),  p.  85,  sp.  168. 
Bec  de  la  longueur  de  la  tête ,  assez  fort ,  un  peu  fléchi 
vers  la  pointe  ;  tête  surmontée  d'une  huppe  ;  tarses  longs, 
ongles  courts;  celui  du  pouce  plus  long  que  ce  doigt; 
taille,  21  centimètres. 

Parties  supérieures  d'un  roussâtre-clair  varié  de  taches 
brunâtres  plus  ou  moins  apparentes  ;  la  huppe,  peu  four- 
nie, est  composée  de  quelques  plumes  allongées,  acumi- 
nées,  d'un  brun-noirâtre  bordé  de  roussâtre;  gorge  blan- 
che; cou  et  poitrine  d'un  blanchâtre  fauve  semé  de  taches 
brunes  ;  flancs  roussâtres  variés  de  longues  stries  longitu- 
dinales brunâtres  peu  apparentes;  abdomen  et  sous-cau- 
dales d'un  blanc  sale;  un  petit  trait  d'un  blanc  roussâtre 
part  de  la  base  du  bec ,  passe  au-dessus  des  yeux,  et  s'é- 
tend au  delà  du  méat  auditif;  région  auriculaire  brunâtre; 
rémiges  et  rectrices  brunes,  bordées  de  roussâtre;  bec  brun 
en  dessus,  jaunâtre  en  dessous  ;  tarses  et  pieds  rougeâtres; 
iris  brun. 

Presque  semblable  à  la  Galerida  cristata,  Boie  ex  Linn., 
par  son  système  de  coloration.  Il  est  néanmoins  impossi* 


TRAVAUX    INÉDITS.  151 

ble  de  rapporter  à  cette  dernière  l'espèce  qui  nous 
occupe;  sa  grande  taille  et  l'énorme  développement  de 
son  bec  qui  rappelle  celui  des  Sirlis,  Certhilauda,  Sw.,  nous 
auraient  même  porté,  n'était  notre  extrême  répugnance 
à  multiplier  les  genres,  à  le  considérer  comme  le  type 
d'un  genre  intermédiaire  aux  Galerida  et  aux  Certhilauda, 
des  caractères  desquelles  elle  participe  également;  tous 
les  nombreux  sujets  que  nous  avons  été  à  même  d'exami- 
ner nous  ont  présenté  cette  remarquable  conformation 
du  bec  qui  est  aussi  apparente  chez  le  jeune  que  chez 
l'adulte.  Nous  avons  fait  hommage  au  muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris  de  deux  exemplaires  de  ce  magnifique 
oiseau  ;  l'un  est  mâle  adulte,  l'autre  un  jeune  sujet  en  pre- 
mier plumage;  le  bec  de  ce  dernier,  presque  aussi  étendu 
que  celui  du  mâle  adulte,  est  si  sensiblement  plus  long  que 
celui  des  Galerida  cristata,  chez  lesquelles  cet  organe  a 
acquis  le  plus  grand  développement,  qu'à  la  plus  simple 
inspection  il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  cette 
dissemblance. 

La  Galerida  Randoni  est  d'un  naturel  farouche  et,  dans 
les  localités  où  se  rencontre  aussi  la  Galerida  cristata,  elles 
se  livrent  de  furieux  combats.  C'est  dans  le  Sahara  algé- 
rien, dans  des  plaines  où  croît  abondamment  le  Stipa  tena- 
cissimay  Linn.,  que  se  plaît  cette  singulière  espèce;  son 
nid,  qu'elle  cache  sous  des  touffes  d'Alpha,  est  difficile  à 
découvrir;  sa  ponte  est  de  quatre  à  cinq  œufs  allongés, 
d'un  blanc  verdâtre,  recouverts  d'une  multitude  de  petites 
taches  d'un  brun  roussàtre. 

Grand  diamètre,  2  centimètres  10  millimètres;  petit 
diamètre,  1  centimètre  11  millimètres. 

C'est  à  M.  le  maréchal,  comte  Randon,  gouverneur  gé- 
néral de  l'Algérie ,  à  la  bienveillance  duquel  nous  avons 
du  de  pouvoir  explorer  fructueusement  le  sud  de  l'Algérie, 
que  nous  avons  dédié  cette  belle  espèce. 


152     rev.    et  mag.  de  zoologie.  (Avril  1860.) 

Notice  sur  un  nouveau  Poisson  du  groupe  des  Cténolabres^ 
par  M.  Al.  Guichenot. 
L'examen  comparatif  que  nous  avons  fait  des  espèces 
de  Cténolabres  nous  a  conduit  à  parler  du  poisson  que 
M.  Valenciennes  a  considéré  comme  une  espèce  distincte 
qu'il  décrit,  dans  1 'Histoire  naturelle  des  Poissons  (qu'il  a 
publiée  avec  Cuvier,  t.  XIII,  p.  240),  sous  le  nom  de  Cte- 
nolabrus  flagellifer,  et  à  reconnaître  aussi  que  cette  es- 
pèce devait  constituer  un  groupe  particulier,  comme  l'a- 
vait déjà  pressenti,  du  reste,  le  savant  ichthyologiste  que 
nous  venons  de  nommer. 

Nous  appellerons  ce  nouveau  genre  Labrastre  (expres- 
sion destinée  à  rappeler  les  affinités  marquées  du  Poisson 
qu'elle  sert  à  désigner  avec  les  vrais  Labres),  en  conser- 
vant toutefois  à  l'espèce  la  dénomination  que  M.  Valen- 
ciennes a  cru  devoir  lui  consacrer. 

Des  caractères  particuliers  justifient  pleinement,  il  nous 
semble,  la  séparation  générique  que  nous  établissons 
entre  ce  genre  et  celui  des  Cténolabres.  En  effet,  le  La- 
brastre est  un  poisson  singulier,  reconnaissable  aux  pro- 
longements ou  appendices  filiformes  de  la  membrane  qui 
unit  les  premiers  rayons  de  la  nageoire  du  dos.  Les 
très-grandes  écailles  qui  recouvrent  l'opercule,  l'intero- 
percule  et  le  sous-opercule,  et  qui  dépassent,  comme  une 
membrane  festonnée,  comme  s'exprime  M.  Valenciennes, 
le  bord  de  la  fente  des  ouïes,  ne  sont  pas  moins  caracté- 
ristiques. La  forme  très-comprimée  du  corps,  assez  haute 
et  ovale ,  et  aussi  très-particulière  au  Poisson  dont  nous 
parlons,  sert  à  le  distinguer  du  groupe  dans  lequel  on 
l'avait  d'abord  placé. 

Néanmoins,  si  les  Labrastres  et  les  Cténolabres  sont  sé- 
parés les  uns  des  autres  par  plusieurs  particularités  nota- 
bles de  leur  organisation  extérieure,  ils  se  rapprochent 
pourtant  entre  eux  de  la  manière  la  plus  évidente  par 
leurs  lèvres  épaisses  et  charnues,  leur  dorsale  unique, 
soutenue  en  avant  par  des  rayons  épineux,  et  leur  ligne 


TRAVAUX    INÉDITS.  153 

latérale  non  interrompue  :  les  Poissons  de  ces  deux  gen- 
res se  ressemblent  encore  par  leurs  pièces  operculaires 
sans  épines  et  couvertes  d'écaillés,  ainsi  que  la  joue;  par 
leurs  mâchoires  qui  portent  de  grandes  dents  coniques  et 
fortes  qui  bordent  une  bande  de  dents  en  velours,  par  les 
dentelures  en  peigne  de  leur  opercule,  et  aussi  par  les 
trois  rayons  épineux  de  leur  anale.  Ces  deux  derniers  ca- 
ractères surtout  les  rapprochent  des  Crénilabres,  près  des- 
quels il  convient  de  les  placer  dans  la  grande  famille  des 
Labroïdes,  ainsi  qu'a  cru  devoir  le  faire  M.  Valen- 
ciennes. 

Maintenant  que  nous  avons  fixé  les  caractères  généri- 
ques du  Poisson  auquel  nous  réservons  le  nom  de  La- 
brastre,  rappelons,  pour  l'espèce  unique  qui  lui  a  servi  de 
type,  notre  Labrastrum  flagelliferum,  ou,  pour  les  ichthyo- 
logistes  qui  voudraient  conserver  le  nom  de  M.  Valen- 
ciennes,  le  Ctenolabrus  flagellifer,  que  sa  forme  est,  comme 
nous  l'avons  déjà  indiqué  plus  haut,  ovalaire,  assez  haute, 
courte,  comprimée,  ce  qui  donne  une  physionomie  toute 
particulière  à  ce  poisson  et  différente  de  celle  des  vrais  Cté- 
nolabres.  Il  a  le  museau  pointu,  la  nuque  relevée  :  son  œil 
est  grand  ;  l'orbite  est  creusé  sous  l'angle  fait  par  le  mu- 
seau avec  la  ligne  ascendante  de  la  nuque.  La  crête  surci- 
lière  est  assez  élevée.  La  bouche  est  largement  fendue, 
mais  non  protractile.  Les  dents  de  ce  Poisson  rappellent,  à 
la  forme  près,  ce  que  l'on  observe  chez  les  Ctènolabres. 
La  mâchoire  supérieure  porte  en  avant  quatre  dents  for- 
tes, saillantes,  en  crochets,  dont  les  deux  mitoyennes  sont 
les  plus  petites,  et  de  chaque  côté  de  celles-ci  en  sont 
d'autres  coniques  et  droites,  mais  plus  petites  et  qui  dé- 
croissent de  grandeur  à  mesure  qu'elles  sont  plus  près  de 
l'angle  de  la  bouche,  où  il  y  a  des  dents  plus  fortes  et  di- 
rigées en  avant.  La  mâchoire  inférieure  est  également  ar- 
mée de  quatre  dents  en  crochets,  mais  les  deux  intermé- 
diaires sont  beaucoup  plus  petites,  et  de  chaque  côté  il  y 
a  une  rangée  de  petites  dents  coniques  et  droites,  sem- 


154     iiev.  et  mag.  de  zooi.og[E.  (Avril  1860.) 

Diables  à  celles  de  la  mâchoire  inférieure  qui  leur  corres- 
pondent. Les  dents  du  rang  interne  sont  un  peu  mousses. 
La  dorsale,  pour  nous  servir  des  expressions  de  M.  Valen- 
ciennes,  a  de  fortes  épines  assez  longues,  et  la  membrane 
qui  unit  les  trois  premiers  rayons  se  prolonge,  près  du 
premier  et  du  second,  en  un  filet  mou  plus  long  que  le 
rayon.  La  hauteur  des  autres  prolongements  membraneux, 
bien  que  notable  encore,  est  cependant  moins  considé- 
rable; la  portion  épineuse  de  cette  nageoire  se  termine 
en  pointe  aiguë.  L'anale  offre  une  disposition  semblable. 
Les  ventrales  sont  très-pointues.  La  pectorale  est  petite  et 
arrondie  au  bout,  ainsi  que  l'anale,  dont  les  rayons  sont 
assez  allongés.  La  ligne  latérale  est  fortement  courbée 
sous  la  fin  de  la  dorsale.  Les  écailles  du  corps  sont  plus 
grandes  et  plus  larges  dans  cette  espèce  que  dans  les  Cté- 
nolabres. 

Nous  ne  savons  rien  de  la  couleur  de  ce  curieux  Poisson, 
dont  le  muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  ne  possède 
encore  qu'un  seul  individu  décoloré.  —  On  ignore  quelle 
est  sa  patrie.  Il  est  long  de  12  centimètres. 

AMÉNITÉS  MALACOLOGIQUES; 
par  M.  J.  R.  Bourguignat. 
Suite  de  l'article  LXXXIII,  —  Catalogue  des  coquilles 
européennes  appartenant  au  groupe  des  Hélix  pomatia,  li- 
gatat  etc....  —  (Voyez  ci-dessus,  p.  71  et  suivantes.) 

Hélix  lucorum. 
Hélix  lucorum,   Linnœus,  Syst.   nat.  (Ed.  X),  p.   773. 

1758. 
.    —        —  MiMer,  Verm.  Hist.,  II,  p.  46.  1774. 

Hélix  mutata  (pars),  Lamarck,  An.  s.  vert.  t.  VI  (2e  partie), 
p.  67.  1822. 
Cette  espèce  se  rencontre  typique  en  Italie  aux  environs 
de  Rome,  de  Florence,  etc. 

Habite  également  dans  la  Turquie  d'Europe,  dans  la 
Russie  méridionale. 


TRAVAUX   INÉDITS.  155 

Hélix   straminea. 
Hélix  straminea,  Uriganti  (père),  Descriz.   di   duo  nuovi 
Elici,  etc..  in  :  atti  reale  Accad.  délie 
scienze,  etc.,  Borbonica,  etc...,  vol.  11 
(2e  partie),  p.  172,  pi.  2.  1825. 
Testa  subobtecte  imperforata,  magna,  globosa,  vel  couica;  —  irregu- 
lariter  sordideque  striatula.  zonulis  2,  vel  3  aut  4  castaneis  cingu- 
iata  ;  —  spira  obtusa,  vel  laoceolato-cooica  ;  -—  aufractibus  5  1/2 
convexis,  celeriter  crescentibus  ;  ultimo  ac  penultimo  veatricosis 
ac  globulosis;  —  ultimo  ad  aperturam  paululum  descendente; 
—  apertura  magoa,  lunato-rotundata  ;  peristomate  simplice,  pau- 
lulum rellcviusculo;  —  columellari  reflexo,  perforationem  obte- 
geute. 

Coquille  grande,  globuleuse  ou  d'une  forme  conique, 
suivant  les  variétés.  Test  irrégulièrement  et  grossièrement 
strié,  d'une  couleur  blanchâtre,  orné  de  2,  3  ou  k  zones 
plus  ou  moins  larges,  d'une  teinte  marron.  Spire  plus  ou 
moins  conique,  à  sommet  lisse  et  obtus.  Tours  convexes 
au  nombre  de  5  1/2,  s'accroissant  rapidement.  Avant-der- 
nier tour  excessivement  ventru  et  globuleux.  Dernier  tour 
également  globuleux  et  descendant  doucement  vers  l'ou- 
verture. Celle-ci  est  grande,  à  peine  oblique,  échancrée 
et  arrondie.  Le  péristome  est  simple,  peu  réfléchi,  si  ce 
n'est  vers  la  partie  columellaire,  où  il  recouvre  la  perfora- 
tion ombilicale. 

Hauteur,  —  50  millimètres  ; 

Diamètre,  —  53        id. 

Nous  avons  vu,  dans  la  collection  de  M.  Oronzio  Costa, 
de  Naples,  un  individu  de  cette  espèce  possédant  62  mil- 
limètres en  hauteur  et  68  en  diamètre. 

Cette  espèce  varie  beaucoup  dans  sa  forme  et  sa  taille. 
Ainsi  l'on  rencontre  assez  souvent  dans  les  montagnes  des 
Abbruzzes  une  variété  assez  conique,  à  bandes  plus  fon- 
cées. Nous  avons  donné  la  représentation  de  cette  variété 
dans  les  planches  qui  accompagnent  ce  travail  sous  l'ap- 
pellation d'Hélix  straminea,  variété  Elongata. 

L'Hélix  straminea  n'a  été  recueillie  jusqu'à  présent  que 


156      REV.  ET   MA(T.    DE    ZOOLOGIE,    (,4m/  18C0.) 

dans  les  montagnes  des  Abbruzzes  (royaume  de  Naples), 
où  elle  est  assez  commune. 

Confondue  jusqu'à  ce  jour  avec  Y 'Hélix  lucorum,  lastra- 
minea  s'en  distingue  par  sa  taille  plus  considérable  ;  par  sa 
forme  plus  ventrue  et  plus  globuleuse;  par  ses  tours  de 
spire  s' accroissant  avec  moins  de  rapidité  que  ceux  de  la 
lucorum  ;  par  son  sommet  plus  obtus  ;  par  son  péristome 
moins  réfléchi  ;  surtout  par  son  ouverture  plus  haute  que 
large,  ce  qui  est  l'inverse  chez  la  lucorum;  enfin  princi- 
lement  par  son  avant-dernier  tour,  qui  est  démesurément 
globuleux  par  rapport  aux  autres,  proportion  gardée. 

Hélix  Mahometana. 
Hélix  castanea  (1) ,  Olivier ,  Voy.  dans  l'emp.    ott.,  I, 

p.  22k,t.  XVII,  f.  1.  1801. 
Hélix  muta  ta  (2)  (pars),  Lamarck,  An.  s.  vert.,  IV  (2«  par- 
tie), p.  67.  1822. 
Hélix  lucorum,  Bourguignatt  Cat.    rais.  Moll.    orient, 
p.  13.  1853.  —Et  in:  Amén.  malac, 
tom.  I,  p.  108.  1855. 

Tous  les  conchyliologues  ont  confondu  cette  espèce 
avec  Y  Hélix  lucorum  de  Linnaeus.  Nous-même,  en  1853 
et  1855,  dans  deux  de  nos  travaux,  nous  avons  commis  la 
même  faute  que  nos  maîtres  et  devanciers. 

Depuis  nous  avons  reconnu  que  l'espèce  de  Constanti- 
nople  était  une  coquille  spéciale  et  toute  différente;  c'est 
pour  ce  motif  que  nous  l'inscrivons  maintenant  sous  la 
nouvelle  appellation  de  Mahometana. 

Si  nous  avons  créé  ce  nouveau  vocable  pour  cette  Hé- 
lice, c'est  que  nous  n'avons  pu  adopter  celui  créé  par 

(1)  Non  Hélix  castanea,  Millier,  Verm.  Hist.,  II,  p.  67,  1774,  qui 
est  une  espèce  de  l'île  de  Sumatra;  —  Hélix  castanea,  Muhlferldt 
(d'après  Anton),  qui  serait  une  espèce  à  rapporter  à  l'Hélix  arbusto- 
rum  de  Linnœus,  Syst.  nat.  (éd.  X),  p.  771.  1758. 

(2)  Non  Hélix  mutata  de  Hartmann,  in  Sturm's  fauna,  1829,  qui 
est  une  espèce  à  rapporter  à  la  véritable  Lucorum  de  Linnœus.  Nec 
Hélix  mutata  de  Gould,  Exped.  Shells,  p.  19, 1846,  qui  est  une  espèce 
du  Brésil. 


TRAVAUX    INKD1TS.  157 

Olivier,  attendu  qu'il  existait  un  autre  Mollusque  (Hélix 
eastanea  do  Mùller),  décrit  en  1774  sous  cette  même  dé- 
nomination. 

Nous  avons  indiqué,  avec  un  point  do  doute,  la  syno- 
nymie de  Lamarck  (Hélix  mutata),  attendu  qu'il  nous  pa- 
raît plus  que  douteux  que  cet  auteur  ait  eu  en  vue  l'espèce 
d'Olivier.  Lamarck  cite  bien,  il  est  vrai,  Olivier,  mais  il 
indique  également  des  figures  de  Férussac,  qui  repré- 
sentent toute  autre  chose.  Quant  à  la  description  de  son 
Hélix  mutata,  eïïe  convient  à  Y  Hélix  lucorum  par  les  ca- 
ractères qui  y  sont  signalés. 

Le  nom  de  mutata  de  Lamarck  n'a  donc  pu  non  plus 
être  adopté  par  nous. 

L'Hélix  Mahometana  vit  dans  les  environs  de  Constan- 
tinople,  à  Ghemleck  (Olivier),  et  notamment  dans  la  car- 
rière de  Daoud-Pacha  (Raymond,  de  Saulcy). 

Voici  la  description  de  cette  espèce  : 
Testa  imperforata,  globosa,  solida,  irregulariter  striata,  albidula, 
zonulis  2,  vel  3,  aut  4  uniformiter  castaneis,  vel  irregulariter  fusco- 
nigris,  cingulata;  —  anfractibus  6  convexiusculis ,  rcgulariter 
crescentibus;  —  ultime-  parum  inflato,  antice  ad  aperturam  sat 
descendente  ;  — apertura  obliqua,  lunato  subtetragooa,  parvula; 
peristomatc  castaneo,  ad  insertionem  labri  eiterni  acuto,  recloque, 
—  basali  subincrassato  ac  valide  reflexiusculo,  —  columellari  in- 
crassato,  perdilatato,  adspresso  ;  —  margiuibus  sat  approximatis  ac 
tenui  callo  castaneo  juoetis. 

Coquille  imperforée ,  globuleuse,  à  test  solide,  assez 
grossièrement  strié,  d'une  couleur  blanchâtre  et  orné  or- 
dinairement de  2,  3  ou  k  zones  plus  ou  moins  larges,  d'une 
teinte  marron  assez  prononcée  (1).  6  tours  convexes  s'ac- 
croissant  avec  régularité.  Le  dernier  est  plus  ventru,  et 
descendant  d'une  façon  assez  forte  vers  l'ouverture.  Celle- 
ci  est  oblique,  échancrée,  subtétragone,  petite,  comme  res- 
serrée. Péristome  simple,  aigu  vers  l'insertion  du  labre 
extérieur,  devenant  un  peu  épaissi  et  réfléchi  vers  sa  base, 

(1)  Quelquefois  ces  zoues  se  trouvent  interrompues  et  irrégulière- 
ment fasciées. 


158     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Avril  1860.) 

tandis  que  sa  partie  columellaire  est  plus  épaissie  et  for- 
tement réfléchie  et  recouvre  entièrement  la  partie  ombi- 
licale. Bords  marginaux  assez  rapprochés,  réunis  par  une 
faible  callosité,  d'une  teinte  marron  foncé. 

Hauteur,  —  40  millimètres  ; 

Diamètre,  —  49  id. 

L'Hélix  Mahometana  ne  peut  être  rapprochée  que  des 
Hélix  lucorum  et  straminea. 

Cette  espèce  se  distingue  de  la  lucorum  par  son  test  plus 
épais,  par  ses  stries  plus  saillantes  et  plus  irrégulières,  par 
ses  tours  de  spire  s'accroissant  régulièrement,  par  son 
dernier  tour  moins  ventru,  moins  globuleux  et  descen- 
dant plus  vers  l'ouverture;  surtout  par  son  ouverture  plus 
oblique,  subtétragone  et  non  ovale-arrondie  ;  par  son  pé- 
ristome  plus  réfléchi  vers  la  base,  et  plus  épaissi,  plus 
droit  vers  la  columelle  ;  enfin  par  son  ouverture  plus  pe- 
tite, plus  rétrécie,  et  ses  bords  marginaux  plus  rapprochés. 

L'Hélix  Mahometana  se  distingue  également  de  la  stra- 
minea par  sa  taille  moindre  ;  par  son  test  plus  épais, 
moins  globuleux,  moins  ventru  dans  toutes  ses  parties  ; 
par  ses  tours  de  spire  plus  réguliers;  par  son  dernier  tour 
prenant  une  marche  descendante  très-prononcée  vers 
l'ouverture  et  beaucoup  moins  ventru  ;  par  son  ouverture 
plus  petite  ;  par  son  péristome  plus  épaissi  et  plus  réfléchi 
vers  sa  partie  basale  et  columellaire  ;  enfin  par  son  ouver- 
ture oblique  et  non  presque  droite  comme  chezla  straminea. 

Hélix  ligata. 
Hélix  ligata,  Millier,  Verm.  Hist  ,  II,  p.  58.  1774. 

—       —     Itossmasslcr,  Iconog.,  V,  p.  3,  f.  289.  1837. 
Pomatia  ligata,  Beck.,  Ind.  Moll.,  p.  43.  1837. 
Hélix  cincta  (1),  L.  Pfeiffer,  in  :   Chemnitz  et   Martini, 

Conch.  Cab.  (2e  éd.),  Hélix,  p.  38. 
Cœnatoria  ligata,  Held.,  in  :  Isis,  p.  910.  1837. 
Hélix  secernenda,  Rossmassler,  in  :  Zeitschr.  f.  Malack., 
p.  164.  1847. 

(1)  Non  Hélix  cincta  de  Millier,  qui  est  la  Grisea  de  Linnœus. 


TRAVAUX    INEDITS.  159 

Cette  Hélice  habite  la  Dalmatie,  la  Turquie  d'Europe, 
la  Russie  méridionale,  l'île  de  Chypre  et  l'Anatolie. 
Hélix  asemnis. 

Hélix  solida,  Ziegler,  Mss.  (1). 
Testa  imperforata,  solida,  crctacea,  albida  vcl  zonulis  castaneis  2-3 

obscure  cingulata,  sordide  striata;  —  anfractibus  5  couvexius 

culis,  celeriter  crescentibus;  —  ultimo  magno,  dilatato;  —  aper- 

tura  albida,  lunato-rotundata,  parum  obliqua  ;  peristomate  sim- 

plice,  acuto,  candido,  columellari  reflexo,  adspresso;  marginibus 

sat  approximatis,  callo  albido  teiiui  junctis. 

Coquille  imperforée,  solide,  crétacée,  blanchâtre  quel- 
quefois, ceinte  de  2  ou  de  3  zones,  d'une  teinte  marron 
pâle  presque  effacée.  Test  irrégulièrement  et  grossière- 
ment strié.  5  tours  convexes  s'accroissant  rapidement. 
Dernier  tour  très-grand,  descendant  un  peu  vers  l'ouver- 
ture. Celle-ci  est  blanche,  peu  oblique,  échancrée,  arron- 
die, à  péristome  blanc,  simple  et  aigu,  et  seulement  réflé- 
chi sur  la  perforation  ombilicale.  Bords  marginaux  assez 
rapprochés,  réunis  par  une  faible  callosité  blanchâtre. 

Hauteur,  —  40  millimètres  ; 

Diamètre,  —  40        id. 

Habite  le  mont  Taurus,  dans  l'Anatolie. 

Cette  espèce,  voisine  de  la  ligata,  se  distingue  de  cette 
Hélice  par  son  test  plus  épais,  plus  crétacé,  d'une  teinte 
ordinairement  blanchâtre  uniforme  ;  par  son  sommet  plus 
obtus  ;  par  son  péristome  plus  fort  ;  par  son  ouverture 
moins  haute,  un  peu  plus  oblique  ;  enfin  par  ses  tours 
de  spire  s'accroissant  avec  moins  de  rapidité. 

Hélix  albescens. 
Hélix  albescens,    Jan. ,  in  :  Rossrnassler,  ïconogr.,  IX, 
p.  10,  fig.  585-586,  1839. 

Habite  le  nord  de  l'Italie. 

Cette  espèce,  classée  à  tort  jusqu'à  présent  parmi  les 
variétés  de  YHelix  ligata,  s'en  distingue  sous  tous  les  rap- 
ports. 

(1)  Non  Hélix  solida  de  L.  Pfeiffer,  in  :  Proceed.  zool.  Soc,  1851, 
qui  est  une  espèce  différente  de  TOctanie. 


160      REV.    ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.   (Avril   1860.) 

Hélix  grisea. 
Hélix  grisea  (1),  Linnœus,  Syst.   nat.  (éd.  X),  p.  773. 
1758. 

—  cincta  (2),  Millier,  Verm.,  Hist.  II,  p.  58.  1774. 
Pomatia  cincta,  Beck.,  Ind.  Moll.,  p.  43,  1837. 
Cœnaloria  cincta,  Ileld., in  :  Isis,  p.  910,  1837. 

Espèce  très-commune  en  Lombardie ,  en  Turquie,  en 
Grèce,  ainsi  que  dans  la  plupart  des  îles  de  l'Archipel,  etc. 

Se  trouve  également  dans  l'île  de  Chypre  et  jusqu'en 
Syrie. 

Hélix  obtusalis. 
Hélix  obtusalis,  Ziegler,  Mss. 

—  obtusata  (3),  Ziegler,  in  :  Rossmassler,  Iconogr.,  V, 

f.  288.  1837. 

—  Philibinensis  (4),  Parreyts,  in  :  Rossmassler,  Icon., 

IX,  f.  582.  1839. 
Espèce  assez  commune  en  Grèce  et  dans  la  Turquie 
d'Europe. 

Hélix  vulgaris. 
Hélix  vulgaris,  Parreyss,  in  :  Rossmassler,  Iconogr,  IX, 
f.  581.1839. 

—  bicincta,  Dubois,  in  :  Mousson,  Coq.  Bell,  orient., 

p.  21.  1854. 

Cette  hélice,  remarquable  par  le  renflement  insolite  de 
son  sommet,  se  rencontre  dans  la  Russie  méridionale, 
surtout  en  Crimée. 

Habite  également  les  contrées  situées  au  sud  du  Cau- 
case. 

(1)  Non  Helit  grisea  de  Gmelin. 

(2)  Non  Hélix  ciucta  de  Lea,  Perry,  Sheppard,  Hartmann  (teste 
Charpentier),  etc. 

(3)  Non  Hélix  obtusata  de  Marcel  de  Serres,  in  :  Ann.  se.  nat.,  I. 
1824.  —  C'est  par  erreur  que,  dans  la  planche  qui  accompagne  ce 
travail,  nous  avons  laissé  à  cette  espèce  le  nom  d'obtusata,  c'est  ob- 
tusalis qu'il  faut  lire. 

(4)  Non  Hélix  philibensis  de  Frivaldsky,  qui  est  une  espèce  dif- 
férente. 


TRAVAUX   INEDITS.  ICI 

Cette  espèce  est  ordinairement  ornée  de  cinq  zones 
brunes,  qui  quelquefois  se  réunissent  pour  n'en  former 
qu'une  seule.  Lorsque  les  zones  intermédiaires  manquent, 
c'est  alors  la  variété  nommée  Hélix  bicincta. 

Hélix  Pollini. 
Hélix  Pollini,  Da  Campo,  in  :  Mem.  Accad.,  XXIII, 
p.  113. 

—  cincta,  var.  Albina,  De  Betta,  sulla  Hélix  Pollinii, 

p.  4.  1852. 

—  grisea,  var.  D.  L.  Pfeiffer,  Monogr.  Hel.  viv.,  III, 

p.  181. 1853. 
Habite  aux  environs  de  Vérone  en  Italie. 
Espèce  complètement  distincte  de  la  grisea,  avec  la- 
quelle elle  a  été  confondue  jusqu'à  présent. 

Hélix  Gussoneana. 
Hélix  Gussoneana,  Shutlleworth,  Mss.  in   :  L.  Pfeiffer, 
Symb.  Helic,  III,  p.  71.  1846. 

—  melissophaga ,  Or.  Costa ,  fauna  di  Napoli ,  Hélix, 

p.  12,  tav.  1,  f.  3,  A.  B.  C.  (1). 
1848. 
Coquille  commune  aux  environs  de  Naples.  —  Nous 
avons  recueilli  également  cette  espèce  à  la  cascade  de 
Terni,  dans  les  États  romains. 

Cette  Hélix  est  celle  qui  sert  de  nourriture  à  tous  les 
lazzarones  de  Naples. 

Hélix  lutescens. 
Hélix  lutescens,  Ziegler,  in  :  Rossmassler,  Iconogr.,  V, 

p.  4,  f.  292.  1837. 
Pomatia  lutescens,  Beck.,  Ind.  Moll.,  p.  43,  1837. 
Cœnatoria  lutescens,  Held.y  in  :  Isis,  p.  910.  1837. 
Hélix  cinerascens,  Âudrzejski,   teste  Krynicki,  in  :  Bull. 
Moscou,  IX,  p.  153. 
Habite  en  Gallicie. 


(1)  Figures  des  plus  mauvaises  et  exécutées  d'après  un  échantillon 
non  adulte. 

2e  gKRiE.  t.  m.  Année  1860.  Il 


162      REV.    ET  MAG.  DE  ZOOLOGIE.    (Avril  1860.) 

Hélix  Nordmanni. 

Hélix  Nordmanni,  Parreyss,  in  :  Mousson,  Coq.  Bell.,  etc., 

or.,  p.  20.  1854. 

—  —        L.  Pfeiffer,    Monogr.  Hel.  viv.,  IV, 

p.  167.  1859. 

Habite  en  Asie  dans  le  Somketh,  l'Imereth  et  l'Arménie. 

Cette  espèce  se  distingue  surtout  par  le  bord  columel- 

laire,  non  coloré,  qui  s'applique  en  large  cône,  très  en 

avant  sur  l'avant-dernier  tour.  Ce  qui  laisse  apercevoir 

un  ombilic  assez  large. 

Hélix  pathetica. 
Hélix  pathetica,  Parreyss,  Mss. 

—  —        Mousson,  Coq.  Bell,  or.,  p.  20.  1854. 

L.  Pfeiffer  (Monogr.  Hel.  viv.,  IV,  p.  167.  1859)  a  tort 
de  rapporter  cette  espèce  à  l'Hélix  Gussoneana  de  Shuttle- 
worih. 

U  Hélix  'pathetica,  d'après  Mousson  ,  est  une  coquille 
Réprimée.  Le  dernier  tour  est  renflé  en  travers.  Le  bord 
columellaire,  toujours  blanc,  se  réfléchit  sur  la  perforation 
sans  s'y  appliquer  complètement.  —  Le  test  est  blanchâ- 
tre, orné  de  zones  faiblement  tracées. 
Cette  espèce  habite  l'Asie  Mineure. 

Hélix  Philibensis  (1). 
Hélix  Philibensis ,  Frivaldszky ,  Mss.    in  :  L.  Pfeiffer* 
Monogr.  Hel.  viv.,  IV,  p.  161.  1859. 
Habite  la  Roumélie. 

Hélix  Engaddensis. 
Hélix  Engaddensis,  Bourguignat,  Test,  nov.,  p.  11,  1852, 
et  Cat.  rais.  Moll.  or.,  p.  15,  t.  1, 
f.  42-43.  1853. 
Habite  aux  environs  de  la  mer  Morte  en  Syrie. 
La  variété  blanche  dont  nous  donnons  la  représenta- 
tion se  trouve  aux  environs  de  Nazareth  et  de  Jérusalem. 

Hélix  pachya. 
Testa  imperforata,  globosa,  crassa,  ponderosa,  cretacca,  candida,  vel 
(1)  Non  Hélix  Philibinensis  de  Parreyss. 


TUA  VAUX    INÉDITS.  103 

zonulis  castaueis  obscuro  eingulala,  striata; —  spira  conica,  apicc 
levi,  obtusiusculo  ;  —  anfractibus  5  convexiusculis,  ccleritcr  cres- 
centibus;  ultimo  sordide  striato,  ventricoso,  crasso,  ad  aperturana 
vix  vel  non  descendente;  —  apertura  parura  luuata,  rotundata  ;  — 
<  peristomate  intus  candido-incrassato,  simplice  non  reflexo;  colu- 
mella  calloso-incrassata  ;  —  marginibus  sat  approximatis ,  callo 
valido,  crasso,  candidoque  junctis. 
Var.  B.  —  Elongala.  —  Testa  majore,  spira  clato-conica  ;  zonulis 
castaneis  5  cingulatis. 

Coquille  imperforée,  globuleuse,  épaisse,  pesante,  cré- 
tacée, régulièrement  striée  ou  ornée  çà  et  là  de  rides  gros- 
sières et  irrégulières.  Test  blanchâtre,  ou  quelquefois 
présentant  une  surface  ceinte  de  3  à  5  bandes,  d'une  teinte 
marron ,  presque  effacée.  —  Spire  assez  développée,  à 
sommet  lisse  et  un  peu  obtus.  5  tours  peu  convexes,  s'ac- 
croissant  avec  une  grande  rapidité.  Dernier  tour  assez 
grossièrement  strié,  ventru,  épais,  ne  descendant  pas  ou 
à  peine  vers  l'ouverture.  —  Celle-ci  est  peu  échancrée, 
arrondie ,  à  péristome  blanc ,  intérieurement  épaissi, 
simple  et  non  réfléchi.  Columelle  calleuse.  Bords  margi- 
naux assez  rapprochés ,  réunis  par  une  callosité  blanche 
et  épaisse. 
Hauteur,  30  —  35  millimètres  ; 
Diamètre,  28  —  32        id. 

Espèce  commune  dans  les  contrées  arides  de  la  Syrie, 
notamment  dans  les  environs  du  lac  de  Tibériade.  —  Cette 
Hélice  habite  aussi  en  Egypte,  dans  la  régence  de  Tunis, 
ainsi  qu'en  Algérie,  dans  les  environs  de  Constantine. 

L'Hélix  pachya  offre  quelques  variétés  de  forme  ;  l'une 
des  plus  intéressantes  (voy.  fig.  8)  diffère  du  type  par  les 
caractères  suivants  : 

Var.  B.  Elongata.  —  Coquille  plus  grande,  à  spire  plus 
élevée,  plus  conique,  et  dont  le  test  se  trouve  orné  de 
3  zones  d'une  teinte  marron  assez  bien  prononcée.  — 
Haut.,  44;  —  diam.,  38  millimètres. 
Cette  variété  se  trouve  aux  environs  de  Tibériade. 


164     REV.  ET  MAC  DE  zoologie.  (Avril  1860.) 

Hélix  figulina. 
Hélix  ligata,  Var.  £  Fcrussac,  Hist.  Moll.,  t.  XX,  f.  3. 
Pomatia  orientalis  (1),  Beck.,  Ind.  Moll.,  p.  43.  1837. 
Hélix  figulina,  Parreyss,  in  :  Rossmassler,  Iconogr.,  IX, 
p.  9,  f.  580.  1839. 

—  —      (excl.  Var.  B.)  L.  Pfeiffer,  Monogr.  Hel. 

viv.,  I,  p.  237,  1848. 

—  —      Bourguignat ,   Cat.  rais.  Moll.  d'Orient, 

p.  15  (exclus.  Var.  B.).  1853. 
Cette  espèce  se  rencontre  dans  les  îles  de  Rhodes,  de 
Chypre,  etc.,  dans  presque  toute  la  Grèce  et  la  Turquie 
d'Europe,  enfin  surtout  en  Syrie. 

Hélix  cavata. 
Hélix  figulina,  var.  B,  Bourguignat,  Cat.  rais.  Moll.  d'O- 
rient, p.  15,  tab.  I,  fig.  44-45.  1853. 
Hélix  cavata,  Mousson,  Coq.  d'Orient,  p.  21.  1854. 

—  —      Roth,  Spicileg.  Moll.  or.,  p.  15.  1855. 

—  —       L.  Pfeiffer,  Monog.  Hel.  viv.,  IV,  p.  160. 

1859. 
Très-abondante  sur  les  collines  qui  avoisinent  la  mer 

Morte,  notamment  à  Mar-Saba. 
MM.  Mousson  et  Roth  indiquent  également  cette  espèce 

des  environs  de  Jérusalem. 

Hélix  pycnia. 

Testa  imperforata,  ventricoso-globosa,  crassa,  cretacea,  albida,  irre- 
gulariter  striata  ;  anfractibus  4  1/2  convexis,  celeriter  crescentibus; 
ultimo  ac  penultimo  raaxirais ,  globosis  ;  ultimo  ad  aperturam 
paululum  descendente;  apertura  lunata,  fere  rotundata  ;  peristo- 
mate  caadido,  incrassato,  non  reflexo,  acuto;  columellaincrassata; 

—  marginibus  callo  crasso  albidoque  junctis. 

Coquille  imperforée,  ventrue,  globuleuse,  crétacée, 
épaisse ,  blanchâtre  ,  irrégulièrement  et  grossièrement 
striée.  4  tours  1/2  convexes,  s'accroissant  avec  la  plus 
grande  rapidité.  Les  2  premiers  tours  sont  petits  et  exigus, 
tandis  que  les  2  derniers  sont  énormes  et  très-ventrus.  Us 
forment  à  eux  seuls  presque  la  totalité  de  la  coquille. 

(1)  Non  Hélix  orientalis  de  Gray,  1825. 


TRAVAUX     INÉDITS.  165 

Dernier  descendant  un  peu  vers  l'ouverture;  celle-ci  est 
échancrée  et  presque  arrondie.  Le  péristome  est  blanc , 
intérieurement  épaissi,  aigu,  non  réfléchi.  Bords  margi- 
naux réunis  par  une  forte  callosité  blanche. 
Hauteur,    —  32  millim.; 
Diamètre,  —  33      id. 
Habite  en  Syrie,  aux  environs  de  Nazareth. 
Hélix  pomacella. 
Hélix  pomacella,  Parreyss,  in  :  Mousson,  Coq.  d'Orient, 
p.  19.  1854. 
Charmante  espèce,  un  peu  plus  globuleuse  que  la  figu- 
lina,  à  test  un  peu  plus  fragile,  et  orné  de  stries  fines  et 
élégantes.  Ouverture  presque  circulaire.  Péristome  forte- 
ment réfléchi  vers  la  columelle,  et  cachant  la  perforation 
qui  existe  toujours  au  jeune  âge. 

Nous  connaissons  deux  variétés  de  cette  espèce.  L'une 
est  ornée  de  5  zones  brunes,  dont  les  3  premières  sont 
presque  nulles  ;  l'autre  est  entièrement  blanche. 

La  première  variété  habite  les  environs  de  Galipoli  ;  la 
seconde  provient  de  l'île  de  Rhodes. 

L'Hélix  pomacella  est  assez  commune  dans  toutes  les  lo- 
calités voisines  du  Bosphore. 

Hélix  Cyrtolena. 
Hélix  ambigua  (1),  Parreyss,  Mss. 
— -      —  Mousson,  Coq.  Schlœfli,  p.  5  et  28. 

1859. 
Habite  en  Grèce,  en  Thessalie,  dans  l'île  deCorfou,  etc. 
Hélix  melanostoma. 
Hélix  melanostoma,   Draparnaud,  Tab.   Moll.,  p.  77. 
1801.  —  Et  Hist.  Moll.  France, 
p.  91,  t.  V,  f.  25.  1805. 
Pomatia  melanostoma,  Beck.,  Ind.  Moll.,  p.  43.  1837. 
Cœnatoria  melanostoma,  Held.,  in  :  Isis,  p.  910.  1837. 
Hélix  rugosa  (2),  Anton,  Verz.  conch.,  34.  1839. 

(1)  Non  Hélix  ambigua,  Adams,  Cont.  to  Conch.,  n°  3,  p.  35. 1849. 

(2)  Nou  Helk  rugosa  de  Chcmnilz,  Ziegler,  Aradas,  etc. 


166     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Avril  1860.) 

Cette  Hélice  se  rencontre  dans  presque  toutes  les  con- 
trées du  bassin  méditerranéen,  aussi  bien  en  Asie,  en  Afri- 
que, qu'en  Europe,  où  elle  est  assez  commune. 

Hélix  nucula. 
Hélix  nucula,  Parreyss,  Mss. 
Hélix  figulina,  var.  nucula,  Mousson,  Coq.  Bel.  or.,  p.  21. 

1854. 
Hélix  nucula,  L.  Pfeiffer,  Monogr.  Hel.  viv.,  IV,  p.  161. 
1859. 
Commune  en  Egypte  aux  environs  d'Alexandrie,  ainsi 
que  sur  toute  la  côte  africaine  jusqu'à  Tunis. 

Se  rencontre  également  dans  la  partie  méridionale  de 
l'Anatolie,  ainsi  que  dans  l'île  de  Chypre. 
Espèce  voisine  de  l'Hélix  melanostoma. 


Observations  sur  les  Tychius  qui  se  trouvent  aux  envi- 
rons de  Paris,  et  description  d'une  nouvelle  espèce  et 
d'un  Sibijnes,  par  M.  Henri  Brisout  de  Barneville. 
Outre   les   Tychius  5  punctatus,   venustus ,   sparsutus, 
hœmatocephalus ,  tomentosus ,  on  trouve,  aux  environs  de 
Paris,  d'autres  espèces  qui  n'y  ont  pas  encore  été  signa- 
lées, \esjunceus,  fîavicollis,  hœmatopus,  Mdiloti,  lineatulus, 
tibialis,  et  une  nouvelle  espèce  que  je  décris  sous  le  nom 
de  pygmœus,  c'est  la  plus  petite  de  nos  espèces  connues. 

Le  Junceus,  pris  à  Paris,  Schonh.,  vu,  303, 20>  aies  squa- 
mules  d'un  jaune  d'ocre  assez  dense,  bordées,  à  la  suture 
et  latéralement,  de  blanchâtre  :  cette  coloration  disparaît 
parfois  à  la  suture;  il  varie  au  jaune  cendré.  Le  bec  est  peu 
à  peu  rétréci  de  la  base  à  l'extrémité,  chez  la  femelle  plus 
visiblement  encore  que  chez  le  mâle  ;  les  cuisses  posté- 
rieures sont  munies  d'un  fascicule  dentiforme. 

Le  Fîavicollis,  Schonh.,  vu,  304,  21,  ne  se  distingue  du 
précédent  que  par  un  bec  généralement  plus  long  et  des 
squamules  généralement  jaune  cendré  ou  d'un  blanchâtre 
argenté,  moins  épaisses,  mais  cachant  le  fond  ;  les  cuisses, 
même  les  antérieures,  sont  munies  d'une  petite  dent  ré- 


TItÀVAUX   INÉDITS.  167 

duite  parfois  au  fascicule.  Du  reste,  il  offre  des  différences 
si  peu  essentielles  avec  le  Junceus,  qu'on  peut  à  bon  droit 
le  regarder  comme  une  variété  de  cette  espèce. 

Si  l'on  s'en  rapporte  à  un  type  envoyé  par  Schonherr  à 
M.  Chevrolat,  on  trouverait  dans  nos  environs  YHœmato- 
pus,  Schonh.,  111,  302,  14;  il  vit  principalement  sur  le 
Lotus  comiculatus  et  n'est  pas  rare.  Le  bec  est  brusque- 
ment atténué  à  partir  de  l'insertion  des  antennes,  plus 
atténué  dans  la  femelle  que  dans  le  mâle.  Les  squamules 
des  élytres  sont  assez  denses,  ocracées  ou  jaunâtres  ou 
même  blanchâtres,  offrant  les  mêmes  variations  de  colo- 
ration que  le  Junceus;  les  cuisses  offrent  aussi  quelquefois 
un  fascicule  dentiforme.  Son  bec,  brusquement  atténué,  le 
fera  aisément  distinguer  du  Junceus  ;  il  est  de  la  taille  du 
Tomentosus. 

Les  mâles  des  T.  lineatulus,  Schonh.,  vu,  311,  42,  et 
tibialis,  Schonh.,  vu,  310,  41,  ont  les  jambes  antérieures 
munies  d'une  petite  dent  au  côté  interne,  comme  dans  le 
Meliloti.  Le  Lineatulus  se  trouve  à  Paris  sur  le  Trifolium 
rubens;  la  suture  des  élytres  est  souvent  seule  visiblement 
blanchâtre,  leurs  stries  sont  distinctes  et  percent  la  pu- 
bescence  qui  est  d'un  gris  soyeux  ;  les  antennes  sont  ferru- 
gineuses, la  massue  obscure  ;  le  bec  est  assez  épais,  à  peine 
atténué  à  l'extrémité  ;  les  pieds  sont  testacés,  avec  la  base 
des  cuisses  noire.  » 

Le  T.  Meliloti  se  reconnaît  à  son  bec  rétréci,  presque  en 
forme  d'alêne,  à  ses  cuisses  noires,  à  sa  coloration  cen- 
drée ou  jaune  cendré,  et  au  caractère  particulier  au 
mâle  ;  les  stries  des  élytres  percent  la  pubescence  comme 
dans  le  Tomentosus;  il  est  soumis  aux  mêmes  variations  de 
coloration. 

Tychius  pygmœus.  —  L.,  1/2  à  2  m.  —  Angustus,  Miccotrogo  pici- 
rostri  simillimus,  at  minor,  supra  cinereo-pubescens,  rostro  tenui 
linoari,  non  atteuuato,  apice  vix  rufescente,  prothorace,  ut  iu  Mic- 
cotrogo picirostri,  constructo,  sed  minus  convexo,  antennarum 
basi,  tibiis»  tarsisque  ferrugineis,  tibiis  auterioribus  in  mare  intus 


168      REV.    ET   MAG.    DE   ZOOLOGIE.  (Av/7  1860.) 
denticulo  armatis,  nonnuDquam   solum  dilatatis.  —Habit,  tota 
Gallia. 

Très-semblable  au  Miccotrogus  picirostris ,  s'en  distin- 
gue par  le  funicule  de  sept  articles,  le  bec  un  peu  plus  fin, 
et  surtout  par  sa  taille  beaucoup  plus  petite;  il  ressemble 
aussi  au  Tibialis;  mais  celui-ci  est  plus  grand  et  a  le  bec 
beaucoup  plus  long. 

Sibynes  cretaceus.  -  L.,  2  1/2  à  3  m.  -  Elongatus,  indumento 

cretaceo  albo,  nonnunquam  brunnescente  immixto,  tectus,  rostro 

longo,  prothorace  loogiore,  ferrugiaeo,  subtiliter  striato,  protho- 

race  antice  constricto,  basi  bisinuato,  lobo  scutellari  mediocriter 

producto,  elytris  prothorace  triplo  longioribus,  abdomen  non  te- 

gentibus,  apice  dehiscentibus  ibique  intus  truncatis ,  setis  brevis- 

simis  albis  seriatis,  sutura  albicante,  antennis,  tibiis  tarsisque  fer- 

rugineis.  —  Mas  rainor,  rostro  breviore  distinguitur.  —  Habit. 

Lutetia,  in  genista  scoparia,  in  locis  apricis. 

Cette    espèce   doit  ressembler  beaucoup  au  Sibynes 

sodalis,  Schonh.,  vu,  327,  28;  mais  la  diagnose  qu'il  en 

donne  est  tellement  courte,  qu'il  est  impossible  d'avoir 

sur  son  identité  une  certitude  complète. 


IL     SOCIETES     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  26  mars  1860.  —  M.  Aucapitaine  adresse  une 
Note  sur  la  question  de  V existence  d'Ours  dans  les  montagnes 
de  V Afrique  septentrionale. 

«  Les  naturalistes  ont  longtemps  discuté  sur  l'exis- 
tence de  l'Ours  brun  [Ursus  arctos,  Lin.)  dans  les  monta- 
gnes de  l'Afrique  septentrionale. 

«  Hérodote  et  Strabon,  plus  tard  Virgile,  Juvénal  et 
Martial,  ont  affirmé  la  présence  de  ce  mammifère  dans  le 
Tell  africain.  Aussi  la  science  moderne  accueillit-elle  avec 
une  certaine  confiance  les  relations  de  plusieurs  voyageurs, 
tels  que  Dappert  et  Shaw  qui  confirmaient  l'opinion  des 
anciens,  tout  en  avouant  que  cet  animal  devait  être  fort 
rare. 

«  De  tous  les  témoignages,  celui  de  l'abbé  Poiret  est  ce- 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  169 

lui  qui  a  été  le  plus  fréquemment  invoqué,  car  il  dit  avoir 
vu...  Voici  ce  passage  :  «  Pendant  mon  séjour  chez  Ali- 
ce Bey,  à  la  Mozoule,  un  Arabe  apporta  la  peau  d'un 
«  Ours  qu'il  avait  tué  à  la  chasse  ;  il  me  montra  une  bles- 
«  sure  qu'il  avait  reçue  à  la  jambe,  poursuivi,  disait-il, 

«  par  cet  Ours »  C'est  véritablement  énigmatique.  Si 

Poiret  n'affirmait,  quelques  lignes  plus  loin,  que  ces  ani- 
maux sont  carnassiers,  on  pourrait  admettre  (et  je  le  sup- 
pose quand  même)  qu'il  n'a  vu  qu'un  morceau  de  la  peau 
d'un  de  ces  grands  et  vieux  Singes  si  communs  dans  les 
montagnes  boisées  de  l'Algérie  et  surtout  de  la  région 
moyenne  de  la  Kabylie.  L'indigène  poursuivi  et  blessé 
justifierait  assez  mon  hypothèse... 

«  Cuvier  rejeta  formellement  ce  fait,  qui  n'en  resta  pas 
moins  à  l'état  de  doute  pour  beaucoup  de  zoologistes  ; 
puisque  dans  les  Instructions  pour  les  voyageurs,  rédigées 
par  MM.  les  professeurs-administrateurs  du  muséum,  la 
question  de  l'existence  de  l'Ours  dans  les  régions  monta- 
gneuses de  l'Afrique  est  très-spécialement  recommandée 
aux  explorateurs. 

«  On  avait  encore  pu  observer  quelques  doutes  jusqu'à 
la  conquête  de  la  haute  Kabylie.  La  soumission  du  pays 
djurjurien  donne  raison  à  l'opinion  de  Cuvier. 

«  J'ai  parcouru  en  tout  sens  et  à  plusieurs  reprises  cet 
âpre  pays;  j'ai  exploré  les  cimes  neigeuses  du  Djurjura  et 
longtemps  séjourné  dans  les  hameaux  perchés  sur  les  der- 
nières limites  habitables  de  cette  plus  haute  chaîne  mon- 
tagneuse de  l'Algérie.  J'y  ai  acquis,  non-seulement  par 
moi-même,  mais  en  interrogeant  les  gens  du  sol,  la  certi- 
tude que  l'Ours  n'existe  pas  dans  les  vastes  et  difficiles 
massifs  composant  les  grande  et  petite  Kabylies. 

«  Les  Berbers  ont  des  noms  spéciaux  pour  tous  les  Mam- 
mifères, les  Oiseaux  et  même  les  animaux  les  plus  infimes. 
Le  Lion,  qui  n'existe  plus  que  dans  les  régions  circon- 
voisînes,  se  nomme  Izem.  La  Panthère,  rencontrée  assez 
souvent  dans  les  plaines  étroites  et  accidentées  de  cet 


170      REV.   ET   MAG.   DE   ZOOLOGIE.    [Avi'U   1800.) 

abrupt  pays,  est  connue  sous  le  nom  d'Ar'ilas  jusque  chez 
les  montagnards  du  haut. 

«  Seul  l'Ours  n'a  pas  sa  dénomination  dans  cet  idiome 
mille  fois  séculaire  ;  on  doit  en  conclure  que  non-seulement 
il  n'existe  pas,  mais  encore  qu'il  n'a  jamais  existé;  car, 
dans  ce  dernier  cas,  son  nom  s'y  trouverait  comme  celui 
de  bien  d'autres  animaux  moins  remarquables  qui  ne  vi- 
vent plus  dans  le  pays.  » 

Séance  du  2  avril  1860.  —  M .  Milne-Edwards  présente 
le  troisième  et  dernier  volume  de  son  Histoire  naturelle 
des  Coralliaires.  Cet  ouvrage  contient  la  description  et  la 
classification  des  espèces  récentes  et  fossiles  de  Polypes 
et  de  Polypiers  appartenant  à  la  classe  des  Coralliaires, 
d'après  la  méthode  adoptée  par  l'auteur  et  feu  Jules  Haime 
dans  une  série  de  mémoires  spéciaux  communiqués  à 
l'Académie  de  1848  à  1852. 

Communication  de  M.  Dumèril  concernant  son  Ento- 
mologie analytique  : 

«  Je  dépose  sur  le  bureau,  afin  qu'il  en  soit  fait  men- 
tion dans  les  Comptes  rendus,  une  notice  historique  impri- 
mée, qui  est  relative  à  mon  dernier  ouvrage  sur  les 
insectes  formant  le  tome  XXXI  de  nos  Mémoires. 

ce  C'est  aux  membres  de  la  Société  entomologique  de 
France,  dont  j'ai  l'honneur  d'être  le  président  honoraire, 
que  j'ai  cru  devoir  m'adresser,  comme  aux  juges  les  plus 
compétents  pour  cette  branche  spéciale  de  la  zoologie , 
afin  qu'il  soit  bien  établi  et  bien  reconnu,  comme  j'ai 
cherché  à  le  démontrer,  que  je  suis  le  premier  zoologiste 
qui  aie  distribué  en  familles  naturelles  toute  la  série  des 
insectes. 

«  Les  principaux  classificateurs,  par  ordre  de  date,  étant 
Geoffroy,  de  Degéer,  Linné  et  Fabricius,  il  résulte  des 
faits  consignés  dans  la  notice  mise  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie que  mes  travaux ,  dans  cette  série  chronologique, 
doivent  prendre  rang  après  ceux  de  ces  entomologistes. 

«Je  n'insisterais  pas  sur  ces  faits  tout  personnels,  si  les 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  171 

naturalistes  qui  ont  écrit  l'histoire  de  la  science  n'avaient 
négligé  de  les  rappeler.  » 

Nous  n'avons  pas  le  temps  de  faire  les  recherches  né- 
cessaires pour  rétablir  les  faits  relatifs  à  la  réclamation  du 
vénérable  et  savant  doyen  actuel  des  entomologistes; 
nous  nous  bornerons  donc  à  dire  que  notre  premier  maî- 
tre, le  célèbre  Latreille,  a  appliqué  la  méthode  naturelle 
aux  insectes,  dès  l'année  1793,  et  qu'il  termine  ainsi  la 
préface  de  cet  ouvrage,  devenu  fort  rare  aujourd'hui. 

« Vous  qui  m'avez  communiqué  si  généreuse- 
ment vos  richesses  entomologiques,  G.  C.  Bosc,  Cuvier, 
Duméril,  je  vous  regarderai  toujours  comme  mes  colla- 
borateurs. » 

Séance  du  9  avril  1860.  —  M.  Hollard  lit  un  Mémoire 
étendu  ayant  pour  titre  :  Des  caractères  fournis  par  l'étude 
du  squelette  des  Plectognathes  et  des  conséquences  qu'on  peut 
en  déduire  pour  la  classification  de  ces  Poissons, 

«  Je  me  suis  appliqué,  dans  une  série  de  travaux  mono- 
graphiques, à  rechercher  et  à  faire  ressortir  l'intérêt  que 
présente  l'étude  du  squelette  des  Poissons  pour  détermi- 
ner la  place  encore  douteuse  d'un  grand  nombre  de  ces 
vertébrés  dans  la  classe  dont  ils  font  partie.  Mes  recher- 
ches ont  porté  successivement  sur  ces  familles  plus  ou 
moins  étranges  dont  Artedi  avait  formé  son  ordre  des 
Branchîostéges,  que  de  Blainville  nommait  Hétérodermes, 
en  considération  du  caractère  exceptionnel  de  leur  écail- 
lure,  et  que  Cuvier,  en  limitant  leur  nombre,  réunissait 
sous  le  nom  ordinique  de  Plectognathes,  pour  exprimer 
le  fait  de  la  soudure  du  maxillaire  au  prémaxillaire.  Le 
travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à 
l'Académie  complète  et  résume  l'ensemble  de  mes  études 
sur  l'ostéologie  de  cette  série  de  groupes  qui  comprend 
les  Balistides,  les  Ostracionides  et  les  Gymnodontes.  Les 
squelettes  de  ces  familles  que  j'ai  comparés  soit  avec  ceux 
de  types  plus  ordinaires,  soit  entre  eux,  m'ont  conduit, 
comme  les  caractères  fournis  par  l'écaillure,  à  conserver 


172     rev.  et  mag.  DE  zoologie.  (Avril  1860.) 

le  groupe  créé  par  Cuvier,  malgré  les  objections  dont  il  a 
été  l'objet  ;  mais  en  même  temps  cette  comparaison  m'a 
permis  de  déterminer  la  place  de  ce  groupe,  en  complé- 
tant sa  caractéristique,  et  d'en  coordonner  les  éléments 
avec  quelque  précision,  en  faisant  ressortir  les  distances 
relatives  qui  les  séparent  les  uns  des  autres  et  les  analo- 
gies qui  les  enchaînent  dans  un  ordre  sériai. 

ce  Cet  ordre  sériai,  qui  exprime  les  véritables  relations 
zoologiques  des  Plectognathes,  comme  on  va  le  voir,  achève 
de  nous  mettre  à  l'aise  sur  la  question  de  la  réunion  de 
ces  Poissons  en  un  même  groupe.  Il  nous  donne  des  ter- 
mes subordonnés,  composés  eux-mêmes  d'autres  termes 
subordonnés,  qui  se  décomposeraient  à  nos  yeux  jusqu'à 
la  série  des  genres,  si  nous  en  poursuivions  l'analyse, 
comme  nous  l'avons  fait  précédemment  pour  les  ïétrodo- 
niens.  En  définitive,  le  mot  groupe  exprime  mal  la  rela- 
tion des  familles  Plectognathes.  Elles  représentent  sous 
une  caractéristique  générale  et  typique  un  ensemble  de 
types  de  divers  degrés,  des  séries  générales  composées 
de  séries  partielles.  Le  tableau  suivant  résume  cette  coor- 
dination, mais  il  ne  saurait  en  donner  que  l'aspect  le  plus 
extérieur. 


Distribution  des  Plectognathes. 


Sous-ordres. 


Sclérodermes. 


Familles. 


Balistides. 


Tribus. 

Triacanthieus. 


Plectognathes. 


Ostracionides. 


Gymnodontes./  Sphérosomes. 


Balistiens. 

Monacanthiens. 

Aracaniens. 

Ostraciens. 
Loganiocomes  ou  Triodoniens. 

Tétrodoniens. 

Diodoniens. 
Ellipsosomes  ou  Ortbagoriscieos.  » 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  173 

M.  de  Quatrefages  présente  à  l'Académie  un  certain 
nombre  de  capsules  envoyées  par  M.  Mitifiot,  et  fait  res- 
sortir ce  que  le  procédé  de  ce  sériciculteur,  fondé  sur  le 
principe  de  la  ponte  solitaire,  présente  de  rationnel  et  de 
pratiquement  utile. 

M .  P.  Montegazza  envoie  de  Milan  une  indication  des 
parties  sur  lesquelles  il  désire  appeler  l'attention  dans  un 
travail  sur  la  vitalité  des  zoospermes  de  la  Grenouille  et  la 
transplantation  des  testicules  d'un  animal  à  l'autre. 

L'ouvrage  qu'il  analyse  dans  sa  lettre  n'est  pas  encore 
parvenu  à  l'Académie. 

M.  E.  Blanchard  adresse  une  note  intitulée  :  De  la  fé- 
condation et  du  liquide  séminal  chez  les  Arachnides. 

«  Depuis  une  quinzaine  d'années  que  je  poursuis  des 
recherches  sur  l'anatomie  et  la  physiologie  des  Arach- 
nides, j'ai  eu  l'honneur  d'en  présenter  successivement  à 
l'Académie  les  principaux  résultats.  Aujourd'hui  j'appro- 
che du  terme  d,e  la  tâche  que  je  me  suis  imposée  relati- 
vement à  l'étude  des  animaux  de  cette  classe,  dont  l'orga- 
nisation si  complexe  et  si  variée  à  certains  égards  m'a 
paru  offrir  un  véritable  intérêt  à  plus  d'un  point  de  vue. 
Certains  faits  concernant  les  types  les  plus  dégradés, 
d'autres  touchant  les  dispositions  du  système  nerveux 
dans  les  Holètres  et  les  Acariens,  et  quelques  remarques 
sur  les  organes  de  la  génération  et  la  fécondation ,  me 
semblent  avoir  encore  assez  d'importance  pour  en  faire 
l'objet  d'une  mention  spéciale.  Ces  remarques  sur  la  fé- 
condation forment  le  sujet  de  la  présente  note. 

«  Les  organes  de  la  génération  sont  constitués  dans  les 
Arachnides  d'après  un  plan  particulier  que  nous  voyons 
se  reproduire,  avec  des  modifications  médiocres,  chez 
presque  tous  les  types  de  cette  classe  d'animaux. 

«  Les  organes  femelles  se  composent  de  tubes  membra- 
neux présentant,  sur  leur  trajet,  des  vésicules  ou  loges,  en 
quantité  plus  ou  moins  considérable,  dans  lesquelles  se 
développent  les  œufs.   Ces  tubes,   terminés  en  cœcum, 


174      REV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.  [Awil  1860.) 

ordinairement  au  nombre  de  deux,  ont  généralement  une 
grande  ampleur;  c'est  le  cas  pour  les  Aranéides  et  pour 
les  Tétracères  {Galeodes).  Chez  les  Holètres  [Phalangium 
et  Chelifer),  ils  se  réunissent  par  leur  partie  postérieure  de 
manière  à  former  un  cercle.  Chez  les  Scorpionides ,  ils 
ont  une  disposition  propre,  assez  connue  pour  que  je  ne 
m'y  arrête  pas.  Mais,  dans  tous  les  cas,  ils  servent  à  la 
fois  d'oviductes  et  de  réservoirs  du  liquide  séminal.  C'est 
une  observation  de  ce  genre  et  diverses  expériences  qui 
m'ont  permis,  en  une  autre  circonstance,  de  montrer  que 
c'était  à  la  conservation  de  la  semence  du  mâle  dans  les 
conduits  ovariques  qu'il  fallait  attribuer  la  faculté  signa- 
lée à  l'égard  d'Araignées  captives,  de  demeurer  fécondes 
pendant  plusieurs  années  sans  accouplement,  et  non  pas 
à  une  parthogénèse,  comme  on  l'avait  supposé.  Les  œufs 
se  développent  dans  les  vésicules  ou  loges  constituées  par 
des  expansions  des  conduits  ovariques;  les  vésicules 
étant  comme  étranglées  à  leur  origine,  le  liquide  séminal 
n'y  pénètre  point;  c'est  seulement  lorsque  les  œufs,  par- 
venus à  maturité,  vont  passer  dans  l'oviducte  qu'ils  se 
trouvent  imprégnés.  Chez  les  Arachnides  vivipares,  comme 
les  Scorpions,  où  les  embryons  se  développent  dans  les 
loges  ovariques,  l'imprégnation  n'a  lieu  encore  qu'à  un 
moment  déterminé  ;  c'est  celui  où  l'œuf  est  devenu  assez 
gros  pour  dilater  suffisamment  les  parois  de  sa  loge  et  li- 
vrer ainsi  passage  au  liquide  fécondateur.  Chez  les  Holè- 
tres [Phalangium  et  Chelifer),  l'appareil  femelle  se  com- 
plique davantage  ;  il  existe  un  véritable  -utérus  dans 
lequel  les  œufs  doivent  séjourner  avant  d'être  expulsés 
au  dehors. 

«  L'appareil  femelle  de  beaucoup  d'Aranéides,  des 
espèces  notamment  dont  la  vie  ne  dure  pas  au  delà  d'une 
saison,  consiste  simplement  dans  les  tubes  ovariques  réu- 
nis près  de  l'orifice,  de  façon  à  former  un  court  oviducte 
commun  ;  mais  chez  les  Aranéides  dont  l'existence  se  pro- 
longe durant  plusieurs  années  et  dont  la  fécondité  doit 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  175 

persister  après  un  seul  accouplement  (Ségestries,  Dysdè- 
res,  etc.),  il  y  a  un  réservoir  spécial,  une  sorte  de  poche 
copulatrice  à  parois  fibreuses,  s'ouvrant  au  dehors  avec 
l'oviducte  commun  et  disposée  ainsi  pour  recevoir  direc- 
tement la  liqueur  du  mâle  pendant  la  copulation. 

«  Chez  ces  mêmes  Aranéides,  le  liquide  séminal  m'a 
offert  un  caractère  remarquable.  Tandis  que  dans  les 
Arachnides  en  général,  Aranéides,  Scorpionides,  Phalan- 
giides,  on  [voit,  nageant  dans  ce  liquide,  des  spermato- 
zoïdes filiformes  et  les  petites  vésicules  dans  lesquelles 
se  constituent  les  spermatozoïdes,  comme  on  le  sait  de- 
puis les  observations  de  MM.  Kolliker,  Rud,  Wagner  et 
de  divers  autres  micographes,  on  trouve,  chez  les  Séges- 
tries, les  Dysdères,  etc.,  des  corps  en  forme  de  sphère 
aplatie,  très-réguliers  et  d'une  grosseur  telle,  qu'en  répan- 
dant sur  une  lame  de  verre  une  gouttelette  de  liquide  on 
aperçoit  à  la  vue  simple  une  foule  de  petits  grains.  Ces 
grains  ou  plutôt  ces  capsules  dont  je  viens  de  donner  une 
représentation  dans  l'ouvrage  que  je  publie  sous  le  titre 
de  Y  Organisation  du  règne  animal  (Arachnides,  PI.  XX, 
fig.  10)  ont  de  1/100  à  1/50  de  millimètre.  Sous  un  gros- 
sissement de  300  à  400  diamètres,  on  distingue  nettement 
dans  leur  intérieur  une  immense  quantité  de  spermato- 
zoïdes filiformes  disposés  régulièrement  du  centre  à  la 
circonférence.  En  comprimant  une  de  ces  capsules  à 
l'aide  d'une  lame  de  verre  mince,  on  la  fait  éclater,  et 
alors  les  spermatozoïdes  se  répandent  animés  de  mouve- 
ments qui  ne  peuvent  laisser  aucune  incertitude  sur  leur 
nature. 

«  Les  petites  vésicules  ordinaires  dans  lesquelles  se 
forment  les  spermatozoïdes  continuent  ici  à  se  développer 
en  augmentant  considérablement  de  volume  et  deviennent 
en  quelque  sorte  des  spermatophores. 

«  Ces  corpuscules  se  rencontrent  tous  dans  le  même  état 
durant  une  grande  partie  de  l'année,  dans  les  réservoirs 
séminaux  des  femelles  aussi  bien  que  dans  les  testicules  et 


176      REV.   ET    MAG.  DE  ZOOLOGIE.  [Avril  1860.) 

que  dans  l'article  des  palpes  des  mâles,  conformé  en  or- 
gane copulateur.  A  l'époque  où  les  œufs  doivent  être  fé- 
condés, les  petites  capsules  spermatophores  se  rompent, 
et  alors,  les  spermatozoïdes  devenus  libres,  le  liquide  sé- 
minal présente  son  aspect  ordinaire.  » 

Séance  du  16  avril  1860.  —  M.  Pouchet  adresse  un  tra- 
vail ayant  pour  titre  :  Moyen  de  rassembler,  dans  un  espace 
infiniment  petit,  presque  tous  les  corpuscules  normalement 
invisibles  contenus  dans  un  volume  d'air  déterminé. 

«  L'instrument  imaginé  par  M.  Pouchet  consiste  en  un 
tube  de  cristal  fermé  hermétiquement,  à  ses  deux  extré- 
mités, par  des  viroles  en  cuivre.  La  virole  supérieure,  qui 
est  fixe,  reçoit  un  tube  en  cuivre  terminé,  à  l'extérieur,  par 
un  très-petit  entonnoir,  et,  à  l'intérieur,  par  une  extré- 
mité très-finement  étirée  et  dont  l'ouverture  n'a  pas  plus 
de  0,50  de  diamètre.  —  Par  la  virole  inférieure  on  intro- 
duit dans  l'appareil  un  verre  plan  circulaire,  que  Ton 
place  à  0m,001  de  la  pointe  effilée  du  tube  ;  on  ferme  l'ap- 
pareil, et  l'on  met  ensuite  son  intérieur  en  communication 
avec  un  aspirateur,  à  l'aide  d'un  tube  qui  traverse  la  vi- 
role inférieure. 

«  Lorsque  l'aspirateur  agit,  l'air  environnant,  étant  as- 
piré, passe  par  le  tube  et,  en  sortant  de  l'extrémité  effilée 
de  celui-ci,  vient  frapper  la  lame  de  verre  et  dépose,  à  sa 
surface,  tous  les  corpuscules  atmosphériques  qu'il  con- 
tient, absolument  parle  même  mécanisme  que  l'appareil 
de  Marsh  étend  sur  une  lame  de  porcelaine  les  particules 
de  métal  qui  en  sortent.  Les  corpuscules  les  plus  volumi- 
neux s'amassent  tous  en  un  petit  tas  central,  qui  n'a  guère 
plus  de  0m,001  de  diamètre,  et  les  autres  seulement  rayon- 
nent un  peu  plus  loin.  » 

III.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Traité  général  d'oologie  ornithologique  au  point  de  vue 
de  la  classification,  par  M.O.  des  Murs,  1  vol.  in-8,  1860. 
Nous  avons  lu  avec  le  plus  vif  intérêt  le  nouveau  livre 


ANALYSES    DOUVRAGES    NOUVEAUX.  177 

que  vient  de  publier  M.  des  Murs.  Après  ua  examen  at- 
tentif de  ce  travail,  nous  nous  sommes  demandé  comment 
l'idée  d'un  ouvrage  si  utile  au  point  de  vue  qui  nous 
occupe  ne  s'est  point  déjà  présentée  à  l'esprit  du  grand 
nombre  de  savants  qui  se  sont  livrés  à  l'étude  et  à  la  des- 
cription des  œufs  des  oiseaux.  Suppléant  à  l'indulgence 
de  l'auteur,  qui,  se  faisant  la  même  question,  ne  se  l'est 
expliquée  que  par  l'indifférence  dont  ce  produit  ovarien 
était  frappé  (ne  l'a-t-on  pas  considéré  pendant  longtemps 
comme  un  simple  objet  de  curiosité?),  nous  dirons  que  le 
véritable  motif  de  cet  abandon  est  que  tous  ceux  qui  se 
sont  occupés  d'oologie  ne  l'ont  fait  qu'en  dehors  de 
toutes  connaissances  nécessaires  et  de  toute  étude  anté- 
rieure sérieuse  et  spéciale  en  ornithologie,  et  même  n'ont 
pu  en  faire  qu'au  point  de  vue  étroit  de  l'ornithologie 
européenne. 

Il  fallait,  comme  M.  des  Murs,  avoir  fait  de  l'étude  des 
Oiseaux  l'objet  constant  de  ses  travaux  et  de  ses  plus  chères 
distractions  pendant  sa  longue  carrière  studieuse,  pour 
entreprendre  avec  fruit  cet  important  traité  d'oologie; 
important,  disons-nous,  plus  encore  par  la  valeur  des 
notions  et  des  observations  neuves  qu'il  renferme  que  par 
son  étendue,  car  il  est  impossible  d'être  en  même  temps 
plus  concis  et  plus  substantiel.  En  lisant  M.  des  Murs,  on 
retrouve  l'homme  qui,  après  avoir  conçu  une  idée,  après 
l'avoir  envisagée  sous  toutes  ses  faces,  l'avoir  approfon- 
die dans  ses  détails  les  plus  intimes  et  les  plus  minutieux, 
maître  enfin  de  lui-même  et  de  son  sujet,  n'a  qu'à  présen- 
ter le  simple  exposé  de  ce  sujet  pour  être  compris,  et  qu'à 
soumettre  l'application  de  ses  idées  pour  convaincre  de 
la  réalité  de  ses  aperçus  et  de  la  justesse  de  ses  proposi- 
tions ;  ceux  qui  liront  l'œuvre  de  M.  des  Murs  verront, 
comme  nous,  qu'il  a  complètement  réussi. 

Nous  croyons  qu'un  des  grands  mérites  de  M.  des  Murs, 
c'est  de  continuellement  s'effacer  devant  la  priorité  des 
écrits  tout  en  citant  les  auteurs.  Ainsi  il  pouvait,  sans  eon- 
V  sKttiE.  t.  xii.  Auucc  1800.  12 


178     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Avril  1860.) 

teste,  se  donner  l'avantage  et  l'honneur  d'avoir  su  décou- 
vrir, dans  l'œuf  des  oiseaux,  de  nouveaux  caractères,  carac- 
tères assez  importants  pour  être  pris  en  considération  par 
les  ornithologistes;  eh  bien,  il  répudie  cette  pensée!  il  lui 
suffit  d'avoir  trouvé,  dans  ses  longues  et  pénibles  recher- 
ches, le  germe,  même  informe,  de  la  même  idée  chez  un 
autre  pour  qu'il  s'empresse  de  le  faire  connaître  et  de 
citer  les  termes  dans  lesquels  cette  idée  a  été  exposée,  par- 
fois même  entrevue. 

C'est  d'après  ces  principes  que  M.  des  Murs  a  établi 
son  intéressante  Bibliographie  ornithologique,  qui  n'existe 
dans  aucun  pays,  et  qui  lui  a  demandé  la  traduction  d'une 
infinité  d'ouvrages  étrangers,  principalement  allemands 
et  anglais  ;  son  but  avoué  étant  de  faire ,  avec  la  plus 
grande  impartialité,  l'historique,  en  quelque  sorte,  delidée 
d'utilité  des  caractères  oologiques,  cette  idée  à  laquelle 
il  a  si  heureusement  réussi  à  donner  un  corps  en  l'élevant 
au  rang  de  science. 

Le  nouvel  ouvrage  de  M.  des  Murs  nous  paraît  con- 
courir à  faire  sortir  l'ornithologie  de  l'ornière  dans  la- 
quelle elle  s'est  constamment  traînée  depuis  son  origine, 
en  dépit  même  du  talent  de  ceux  qui  l'enseignent  sur  les 
caractères  morphologiques  externes,  sans  penser  à  secouer 
le  joug  de  l'habitude  et  du  préjugé. 

11  est  donc  évident  que  l'on  doit  s'affranchir  mainte- 
nant de  cette  règle  insuffisante  qui  faisait  ressortir  la  place 
d'une  espèce  dans  le  genre  (1),  ou  celle  du  genre  dans  la 
série,  de  la  forme  du  bec,  de  celle  des  pieds,  et  des  carac- 
tères exclusivement  extérieurs. 

Nous  reconnaissons  pour  notre  part,  et  nous  le  profes^ 
sons  depuis  bien  des  années,  qu'avant  tout  le  fondement 
le  plus  solide  de  la  classification  naturelle  est  l'étude  et  la 

(1)  Genre  (ou  progression  spécifique  du  docteur  J.  E.  Cornay, 
voyez  l'article  de  V acceptation  du  mot  genre  en  physiologie,  par  J. 
E.  Cornay,  Journal  mensuel  des  travaux  de  V Académie  nationale 
agricole,  etc.  (1858),  cahier  de  mai  et  juin,  p.  342  à  347). 


ANALYSES  1)  OUVRAGES  NOUVEAUX.       179 

connaissance  des  mœurs  des  oiseaux,  ce  dont  nous  avons 
convaincu,  en  l'aidant  dans  le  travail  de  son  Conspectus 
avium,  le  savant  et,  par  cela,  si  regrettable  Charles  Bona- 
parte. 

Cependant  nous  admettons  que  le  sternum,  trop  vanté 
par  de  Blainville,  peut  donner  quelques  caractères  secon- 
daires (1821,  Journal  de  jj/ujsiquc),  (l'Herminier,  idem),  que 
l'os  palatin  antérieur  (1),  au  contraire,  dont  les  caractères 
ont  été  si  habilement  développés  par  le  docteur  J.  E.  Cor- 
nay,  est  réellement,  comme  il  le  dit,  un  os  important  de 
contrôle.  M.  Cornay  divise  cet  os  en  corps  proprement 
dit,  en  extrémité  et  en  lames  ;  la  configuration  du  corps 
et  des  lames  nasales,  palatine  et  latérale  fournit  à  la  clas- 
sification ,  comme  tous  les  anatomistes  peuvent  s'en  con- 
vaincre, et  avant  tous  les  autres  os  du  squelette,  les  carac- 
tères les  plus  utiles  de  contrôle  vis-à-vis  des  autres  carac- 
tères tirés  des  organes  chez  les  Oiseaux  ;  voici  ce  que 
M.  Cornay  a  parfaitement  démontré. 

Il  en  sera  de  même  des  œufs  des  Oiseaux,  dont  les  carac- 
tères vont  devenir  un  nouveau  Critérium  omithologique, 
c'est-à-dire  une  nouvelle  marque  apportée  à  la  connais- 
sance de  la  vérité  pour  la  classification  naturelle,  ainsi 
que  l'a  si  bien  dit  M.  des  Murs,  auquel  la  science  doit  la 
révélation  des  caractères  oologiques. 

Désormais,  il  existe  donc  un  lien  indissoluble  qui  rat- 
tache l'étude  de  l'oologie  à  celle  de  l'ornithologie;  c'est  ce 
que  l'auteur  démontre  avec  une  merveilleuse  évidence. 

Les  éléments  principaux  de  ce  travail  nous  étaient  con- 
nus, depuis  longtemps,  par  les  mémoires  si  intéressants 
publiés  d'abord  par  M.  des  Murs,  dès  1842,  dans  le  Maga- 
sin de  zoologie,  avec  planches,  puis  dans  la  Revue  zoologi- 
que de  la  Société  Cuvierienne,  et  enfin  dans  la  Revue  et  Ma- 
il) Revue  zoologique,  novembre  18*7,  Considération  sur  la  classi- 
fication des  Oiseaux  fondée  sur  l'o$  palatin  antérieur,  par  le  doc- 
teur J.  F..  Cornay. 


180     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Avril  1860.) 

gasiti  de  zoologie  d'aujourd'hui,  journal  qui  n'est  que  la 
réunion  et  la  continuation  des  deux  premiers.  Nous  de- 
vons dire,  à  ce  propos,  que  ce  n'est  pas  sans  un  vif  senti- 
ment de  surprise  que  nous  avons  vu  certaines  personnes 
traiter  les  mêmes  matières  alors  qu'elles  connaissaient  les 
travaux  si  persistants  de  M.  des  Murs  sur  l'oologie  des 
Oiseaux.  Si  encore,  nous  voyions  les  résultats  de  M.  des 
Murs  mis  en  relief  et  en  lumière;  mais  non,  il  semble 
qu'il  y  ait  parti  pris  de  taire  la  valeur  de  ces  travaux,  ou 
de  n'en  parler  qu'avec  une  discrétion  calculée  en  omettant 
quelquefois  le  nom  des  travailleurs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  Traité  d'oologie  ornithologique,  tout 
en  reproduisant  les  divers  mémoires  de  M.  des  Murs,  en 
est  l'intelligent  développement;  ce  qui  ne  retire  rien  de 
leur  mérite  particulier  comme  idée  première  et  comme 
invention. 

La  partie  incontestablement  la  plus  curieuse  est  celle 
où  l'auteur  fait  l'application ,  à  la  classification,  de  ses 
connaissances  oologiques  spéciales.  Nous  ne  saurions  aussi 
trop  recommander  à  ses  lecteurs ,  entre  autres  passages, 
le  résumé  historique  des  mœurs  des  Coucous.  Là  tout  est 
nouveau,  les  inductions  les  plus  intelligentes,  les  aperçus 
les  plus  vrais  se  font  jour,  sur  ce  sujet  connu,  que  M.  des 
Murs  a  cependant  su  rajeunir,  en  posant  d'utiles  jalons 
aux  observateurs  pour  les  découvertes  à  faire  sur  les 
mœurs  mystérieuses,  et  peut-être  si  simples,  de  cette  tribu 
des  Cuculidés. 

Après  ce  juste  hommage  rendu  à  la  conception  d'utiliser 
les  caractères  oologiques,  ce  que  nous  appelons  Vidée  mère 
du  livre  de  M.  des  Murs,  nous  allons  examiner  rapidement 
l'application  pratique  qu'il  a  le  premier  su  faire  de  ces 
caractères  oologiques  à  la  classification. 

Pour  ce  qui  est  de  l'œuvre  en  elle-même,  l'auteur  l'a 
divisée  en  trois  parties.  Dans  la  première,  consacrée  à  la 
Bibliographie  oologiquc,  il  fait  voir,  par  l'énumération  des 


ANALYSES    d'OUVKAGES    NOUVEAUX.  18t 

ouvrages  et  des  auteurs  qu'il  analyse  et  qu'il  cite,  que 
l'œuf  des  Oiseaux  a  toujours  été  l'objet  d'observations 
plus  ou  moins  scientifiques,  et  a  sans  cesse  attiré  sur  lui 
la  curiosité.  «Or,  dit  M.  des  Murs,  de  la  curiosité  à  la 
science  il  n'y  a  qu'un  pas;  c'est  l'histoire  de  la  boîte  de 
Pandore.  » 

La  bibliographie,  cette  partie  toute  neuve  du  livre,  et 
qui  manquait  à  la  science,  est  complète;  elle  pourra  en 
apprendre  aux  savants  du  monde,  comme  aux  savants 
officiels,  puisque  ces  mots  sont  consacrés. 

Dans  la  seconde  partie,  réservée  à  l'exposé  des  carac- 
tères oologiques,  l'auteur  prouve,  par  l'indication  et  par 
l'étude  des  caractères  particuliers  à  l'œuf  dans  son  tégu- 
ment calcaire ,  qu'il  en  découle  effectivement  des  règles 
assez  fixes  pour  servir  de  base  à  toute  une  série  de  pro- 
positions scientifiques  dont  les  principales  sont  les  sui- 
vantes, qu'il  formule  ainsi  : 

«  1°  Si  la  forme  des  œufs  est  plus  généralement  ovée, 
elle  subit  cependant  des  modifications  qui  se  retrouvent 
constantes  dans  certains  groupes  :  par  exemple,  1°  la 
forme  ovalaire  chez  les  Tinamous  ;  2°  la  forme  elliptique 
chez  les  Grèbes,  les  Cormorans  et  les  Pélicans  ;  3°  la  forme 
ovoïconique  chez  les  Pingouins,  les  Guillemots  et  la  plu- 
part des  Gralles  ;  et  4°  la  forme  cylindrique  chez  les  Méga- 
podes  et  les  Gangas.  » 

Nous  répétons  ici,  en  passant,  que  cette  division  et  ces 
dénominations  de  la  forme  oologique  appartiennent  pres- 
que toutes  à  M.  des  Murs ,  et  que  c'est  en  vain  que  quel- 
ques critiques  intéressés  chercheront  à  l'en  déposséder,  en 
y  apportant  de  prétendues  modifications  qui  sentent  plus 
la  logomachie  que  la  science. 

«  2°  Les  oiseaux  aquatiques  ou  nageurs  ont  généralement 
la  surface  de  leurs  œufs  peu  luisante  et  lustrée,  cette  qua- 
lité n'étant  propre,  dans  des  degrés  infiniment  variés, 
qu'aux  œufs  des  Oiseaux  terrestres,  chez  les  Passereaux  et 
les  Gallinacés  par  exemple. 


182     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Avril  18G0.) 

«  3°  La  couleur  des  œufs  ne  varie  en  aucune  manière, 
dans  la  même  espèce ,  d'un  climat  à  un  autre,  ce  qui  est 
loin  de  ce  que  soutient  encore  de  nos  jours  un  auteur 
dans  des  publications  récentes. 

«  4°  Le  mode  de  coloration,  tout  en  variant  indéfini- 
ment d'une  espèce  à  une  autre,  est  cependant  constant 
dans  plusieurs  groupes,  chez  les  espèces  qui  les  compo- 
sent; ainsi,  blancs  chez  les  Pigeons,  les  œufs  sont  unis  et 
sans  taches  chez  les  Faisans  et  chez  les  Tinamous,  quelle 
que  soit  la  couleur  de  ces  œufs. 

«  5°  Enfin  la  forme  générale  des  taches,  à  part  la  cou- 
leur de  celles-ci,  est  également  constante  dans  plusieurs 
groupes,  par  exemple  chez  les  Bruants,  les  Quiscaies  et 
la  plupart  des  ïctéridés.  » 

Dans  la  troisième  partie  l'auteur  fait  l'application  des 
caractères  oologiques  à  la  classification  des  Oiseaux;  il 
traduit  les  faits  et  les  indications  en  les'amenant  à  figurer 
un  nombre  positif  d'éléments  sur  lesquels  s'appuie  la  mé- 
thode pour  arriver  au  classement. 

Cette  dernière  partie  de  son  livre  a  été,  pour  M.  des 
Murs,  l'occasion  d'accumuler  des  notions  neuves  sur  les 
mœurs  de  certaines  familles  ornithologiques ,  qui  lui  sont 
toutes  personnelles,  et  il  a  exposé,  dans  un  chapitre,  des 
considérations  des  plus  savantes;  ce  travail  vraiment 
original  est  l'œuvre  de  l'auteur,  il  lui  appartient  donc  en 
entier  et  paraît  devoir  fixer  les  incertitudes  et  les  opinions 
flottantes  qui  se  sont  fait  jour  jusqu'à  présent  au  sujet  des 
Cuculidés. 

II  en  est  de  même  du  chapitre  relatif  aux  Calaos,  à  la 
Huppe,  au  Cincle,  aux  Furnaridés,  et,  en  dernier  lieu,  aux 
Ptiloptères. 

Ces  principaux  passages  font  voir,  en  effet,  tout  le  parti 
que  l'ornithologiste  ami  du  progrès  est  appelé  à  tirer  de 
l'étude  du  produit  ovarien  ;  mais  pour  obtenir  cet  avantage 
il  faut,  comme  M.  des  Murs,  réunir  à  cette  étude  la  con- 
naissance approfondie  des  mœurs  des  Oiseaux,  et  ne  pas 


ANALYSES    d'OUVUAGES   NOUVEAUX.  183 

se  borner,  à  l'instar  de  certains  auteurs,  à  couver  amou- 
reusement les  œufs  qu'on  possède. 

Une  grande  qualité  que  nous  nous  plaisons  à  reconnaître  ' 
à  M.  des  Murs,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  pressentir, 
c'est  qu'il  est  impartial,  qu'il  sait  s'effacer  devant  toute 
antériorité  ou  toute  priorité,  au  risque  même  de  s'amoin- 
drir, et  par  conséquent  il  sait  loyalement  discuter;  nous 
le  disons  exprès  en  songeant  à  ces  critiques  plus  ou  moins 
directement  adressées  à  l'auteur  sur  ses  premiers  Mémoires 
d'orographie  ornithologique,  qui  font  la  base  et  le  point  de 
départ  de  l'ouvrage  dont  nous  nous  occupons. 

Nous  ne  saurions  entrer  plus  avant  dans  l'examen  des 
mérites  du  Traité  d'oologie  ornithologique,  sans  dépasser 
les  limites  qui  nous  sont  fixées  pour  les  travaux  de  la  Revue 
et  Magasin  de  zoologie  ;  nous  nous  réservons  cependant 
d'y  revenir  à  l'occasion. 

Tout  ce  que  nous  voulions  constater  aujourd'hui, 
comme  l'ont  déjà  proclamé,  avant  nous,  MM.  le  docteur 
l'Herminier  de  la  Guadeloupe ,  Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  et  M.  Hardy  de  Dieppe,  c'est  que  M.  des  Murs  a 
bien  mérité  de  la  science.  J.  P.  Verreaux. 


Malacologie  terrestre  de  l'île  du  château  d'If,  près  de 
Marseille,  par  M.  J.  II.  Bourguignat.— In-8,  fig.  Paris, 
1860. 

Comme  le  dit  l'auteur  en  débutant,  voici  un  travail  qui 
va  bien  étonner  certains  malacologistes  ;  je  parle  de  ceux 
qui  connaissent  Marseille  et  ses  environs.  Il  existe  donc 
des  Mollusques  au  château  d'If  !  —  Mais  cette  île  n'est 
qu'un  rocher  sur  lequel  s'enlacent  d'immenses  fortifica- 
tions  Il  ne  se  trouve  là  qu'un  seul  endroit  où  les  mu- 
railles forment  un  petit  retrait  et  laissent  ainsi  à  décou- 
couvert  un  petit  coin  de  terre  de  80  pieds  de  long  sur  20 
de  large  tout  au  plus.  Cet  espace  exigu,  que  les  ingénieurs 
n'ont  point  jugé  utile  de  comprendre  dans  le  périmètre 


184-     rev.  et  mag.  de  zoologie.   {Avril  18G0.) 

des  constructions,  est  donc  cette  localité,  ajoute  M.  Bour- 
guignat, où,  le  10  janvier  1858,  pendant  trois  heures  envi- 
ron, je  me  suis  livré  à  quelques  recherches  malacologiques. 

Il  serait  difficile,  ajoute-t-il,  de  se  faire  une  idée  exacte 
de  mon  lieu  d'exploration,  si  je  ne  disais  que  le  sol  y  est 
des  plus  tourmentés.  Là  un  rocher  se  dresse  abrupt  et  dé- 
nudé ;  ici  une  large  fente,  une  profonde  fissure  où  crois- 
sent quelques  graminées,  quelques  choux  maritimes;  enfin 
çà  et  là  des  débris  de  briques  et  de  poteries,  des  frag- 
ments de  cailloux,  voire  même  de  nombreux  immondices 
que  les  gardiens  du  fort  ne  se  font  pas  faute  de  lancer  du 
haut  des  murailles. 

Hé  bien  !  dans  ce  petit  coin  isolé,  desséché  et  salé, 
M.  Bourguignat  a  trouvé  18  espèces  différentes,  apparte- 
nant à  6  genres ,  et ,  qui  le  croirait?  2  espèces  nou- 
velles, et  il  a  pu  en  faire  le  sujet  d'une  belle  brochure 
accompagnée  de  deux  excellentes  planches  dues  au  crayon 
si  exact  de  M.  Levasseur,  l'un  de  nos  plus  habiles  dessina- 
teurs et  lithographes. 

Les  espèces  observées  par  M.  Bourguignat  sur  ce  petit 
coin  de  terre  sont  les  suivantes  : 

1,  Zonites  lucidus  ;  2,  Blauneri;  3,  Hélix  melancstoma  ; 
4,  vermiculata;  §,pisana;  6,  catocyphia,  espèce  nouvelle 
ainsi  caractérisée  :  testa  parvula,  rimato  perforata,  supra 
planulata,  subtus  conveœa,  carinata;  omnino  albida,  cre- 
tacea,striata;  anfractibus  k  1/2  sat  celeriter  et 'es centibus, su- 
pra planulatis,  sutura  lineari  separatis; — ultimo  magnoy 
acutd  carinato,  supra  piano,  subtus  dilatato,  convexo,  ad 
aperturam  non  descendente  ;  apertura  lunala,  subangulata, 
in  ventre  penultimi,  tuberculo  cretaceo,  ornata;  peristomate 
simplice ,  acuto,  intus  paulum  incrassato;  labro  columel- 
lari  reflexiusculo,  perforationem  subobtegente  :  —  haut.,  6  ; 
diam.,  lOmill.;  7,  Hélix  apicina  ;  8,neglecta;  9,  pseuden- 
halia,  espèce  nouvelle  ainsi  caractérisée  :  testa  anguste 
umbilicata,  semiglobosa,  crctacca,  solida,  sordide  candida, 


ANALYSES    1)' OUVRAGES    NOUVEAUX.  185 

striatula;  —  spira  convcxo-turbinata,  apice  obtuso,  lœvi, 
corneo;  —  anfractibus  6  convcxis,  rcgulariter  crescentibus, 
sutura  mediocri  separalis;  ultimo  rotundato,  vix  descendente; 
aperlura  obliqua,  vix  lunata ,  exacte  rotundata;  peristo- 
mate  recto,  acuto,  in  tus  valide  rosaceo  vel  luteolo,  incrassato; 
marginibus  approximatis  :  haut.,  8-9;  diam.,  10-11  mill.; 
10,  IJelix  numidica  ;  11,  conoidea  ;  12,  Bulimus  decollatus  ; 
13,  Ferussacia  Gronoviana  {regularis,  folliculus,  Vescoi, 
ajoutées  comme  terme  de  comparaison,  mais  non  prises 
dans  l'île);  14,  Clausilia  solida;  15,  Pupa  quinquedentata ; 
16,  amicta;  17,  granum;  18,  umbilicata. 

Ce  mémoire  curieux  n'a  été  tiré  qu'à  100  exemplaires, 
et  va  devenir  certainement  une  rareté  bibliographique. 
_____  (G.  M.) 

Filum    amadneum  ,  methodus    conckyliologicus  denomina- 

tionis  sine  quo  chaos,  par  M.  J.  R.  Bourguignat.  (In-8. 

Paris,  1860.) 

Voilà  un  ouvrage  qui  est,  dès  son  apparition,  une- 
rareté  bibliographique,  car  M.  Bourguignat  ne  Ta  fait 
tirer,  comme  le  précédent,  qu'à  cent  exemplaires. 

Il  a  d'abord  traité  une  question  capitale  de  zoologie,  la 
nomenclature  et  les  règles  qui  doivent  guider  les  malaco- 
logistes  dans  son  application  ,  et  il  a  suivi  celles  qui  ont 
été  tracées  par  l'immortel  JLinné,  ce  dont  on  ne  saurait 
trop  le  louer. 

Pour  donner  une  idée  suffisante  de  son  travail  et  de 
l'esprit  dans  lequel  il  est  fait,  il  nous  suffira  de  reproduire 
les  quelques  phrases  qui  en  forment  l'introduction. 

«  La  science  malacologique  repose  sur  une  double  base  : 
la  disposition  et  la  dénomination  (Linnaeus). 

«  La  disposition  a  pour  but  les  divisions  et  les  rapports 
des  Mollusques  les  uns  à  l'égard  des  autres. 

«  La  dénomination  a  pour  objet  les  appellations  scienti- 
fiques. 

«  Celte  seconde  partie  fondamentale  de  la  science,  la 


186      REV.    ET  MAG.    DE    ZOOLOGIE.    (Avril  1860.) 

seule  dont  nous  allons  nous  occuper,  a  été  de  tout  temps 
une  des  plus  négligées,  une  de  celles  qui  ont  été  le  plus 
soumises  à  l'arbitraire. 

«  Depuis  l'immortel  Linnaeus,  le  père  de  la  science,  s'il 
s!est  rencontré  des  ignorants  et  des  charlatans,  il  s'est 
trouvé  heureusement  de  ces  savants  consciencieux  pour 
qui  les  règles  scientifiques  avaient  force  de  loi,  et  qui,  par 
l'observance  des  principes,  ont  retiré  la  nomenclature  du 
désordre  et  de  la  confusion  où  l'avaient  plongée  l'igno- 
rance et  le  charlatanisme.  Ces  savants  ont  bien  compris 
qu'une  science,  avant  tout,  devait  s'appuyer  sur  des  rè- 
gles, et  que,  sans  elles,  toute  méthode  n'était  que  chaos, 
filum  ariadneum,  methodus  sine  quo  chaos  (Linn.). 

«  Or  ces  règles,  reconnues  et  sanctionnées  par  ces 
hommes  intègres  et  ennemis  de  l'arbitraire,  ont  été  réu- 
nies, par  nous,  dans  ce  volume.  » 

Entrant  en  matière,  M.  Bourguignat  examine,  "dans 
14  chapitres,  les  règles  qui  doivent  guider  dans  la  forma- 
tion des  noms  de  classes  et  d'ordres,  de  familles,  de  genres 
et  d'espèces;  il  traite  des  noms  de  fausses  localités,  mal 
latinisés,  des  désinences,  des  mots  pseudo  et  sub,  de  la 
désinence  en  oides,  de  la  variété,  des  noms  de  sections  ou 
de  groupes,  des  doubles  emplois,  de  l'antériorité  et  de  la 
synonymie,  et ,  à  la  fin  d'une  note  additionnelle  très- 
curieuse,  il  termine  ainsi  : 

«  Nous  croyons  utile  d'avertir  que  les  citations  em- 
pruntées à  Linnaeus,  et  qui  se  trouvent  en  notes  dans  le 
cours  de  cet  ouvrage  ,  sont  exactes ,  bien  que  l'on  y  ren- 
contre les  mots  de  concha,  maiacologia  ou  conchyliologi- 
cus,  etc.,  à  la  place  as  planta,  botanica  ou  botanicus,  etc. 

«  Nous  avons  cru  devoir  faire  subir  aux  phrases  lin- 
néennes  ces  petites  modifications  de  forme  qui  ne  déna- 
turent en  rien  le  sens  fondamental,  afin  d'approprier  d'une 
manière  plus  convenable  les  règles  de  Linnaeus  au  sujet 
traité  dans  ce  volume.  » 

Ce  travail,  destiné  à  servir  de  règle  aux  naturalistes  qui 


ANALYSES    D'OUVRAGES   NOUVEAUX.  187 

s'occupent  de  Mollusques,  pourra  tout  aussi  bien  servir  à 
ceux  qui  traitent  des  autres  branches  de  la  zoologie,  cl 
nous  regrettons  que  M.  Bourguignat  en  ait  fait  tirer  un  si 
petit  nombre  d'exemplaires.  (C.  M.) 


A  Catalogue  of catalogue  des  Insectes  Lépidoptères 

du  musée  de  la  compagnie  des  Indes  ;  par  MM.  Th. 

Housfield,  directeur  de  ce  musée,  et  Frédéric  Moore, 

assistant.  —  Vol.  1er,  in-8°,  1857. 

Ce  magnifique  ouvrage,  imprimé  par  ordre  de  la  cour 
des  directeurs,  nous  a  été  adressé,  de  la  part  de  ces  hono- 
rables fonctionnaires,  par  les  auteurs,  et  nous  ne  saurions 
trop  remercier  les  uns  et  les  autres  de  la  satisfaction  qu'ils 
nous  ont  procurée  en  nous  donnant  ce  témoignage  de  leur 
estime.  Ce  catalogue  forme  un  beau  volume  in-8°  de  plus 
de  300  pages,  accompagné  de  18  excellentes  planches 
coloriées,  représentant  une  foule  de  Chenilles,  de  Chry- 
salides et  de  Lépidoptères  des  Indes  orientales  ,  observés 
et  dessinés,  d'après  le  vivant,  par  le  savant  M.  Horsfield 
et  par  d'autres  entomologistes. 

Après  avoir  donné  une  liste  systématique  des  genres  et 
des  espèces  contenus  dans  ce  premier  volume,  les  auteurs 
offrent,  dans  le  catalogue  proprement  dit,  la  synonymie 
des  genres  et  des  espèces,  en  suivant  la  méthode  que  nous 
avons  introduite  le  premier  dans  notre  Gênera  et  Species 
des  Insectes  dès  1843,  de  placer  la  date  de  la  publication 
de  tous  les  genres  et  espèces  à  la  suite  de  la  citation  des 
ouvrages.  Les  premiers  états  de  beaucoup  de  Lépidoptères 
indiens,  dont  on  ne  connaissait  que  le  Papillon,  sont  dé- 
crits et  figurés ,  et  l'on  est  étonné  des  formes  singulières 
et  des  couleurs  variées  offertes  par  ces  insectes.  Beaucoup 
d'espèces  nouvelles  sont  décrites  et  figurées  par  M.  Moore. 

Ce  premier  volume  contient  les  Diurnes  et  les  Crépus- 
culaires. Dans  les  premiers,  il  y  a  595  espèces  mention- 
nées ou  décrites;  dans  les  Crépusculaires,  on  en  compte 
50  :  ce  qui  fait  pour  ce  volume  un  total  de  6V5  espèces 


188     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Avril  18G0.) 

indiennes ,  composant  actuellement  le  musée  de  la  com- 
pagnie. 

Il  est  probable  que  le  second  volume  complétera  la 
série,  ce  qui  formera  un  très-utile  et  très-bel  ouvrage  dû 
à  la  munificence  éclairée  des  honorables  directeurs  de  la 
compagnie,  qui  ont  toujours  montré  un  grand  zèle  pour  les 
progrès  des  connaissances  humaines.  G.  M. 


IV.  MELANGES  ET  NOUVELLES. 

Les  lettres  que  nous  adresse  le  savant  docteur  Sacc,  de 
Wesserling,  sont  toujours  pleines  d'intérêt  non-seulement 
pour  nous  personnellement,  mais  pour  la  science  et  ses 
applications.  Nous  voudrions  pouvoir  les  publier  toutes, 
car  elles  intéresseraient  au  même  degré  nos  abonnés. 
Nous  croyons  donc  leur  être  agréable  en  prenant  à  l'une 
de  ces  lettres  un  passage  relatif  à  la  Poule  de  Nankin  (an- 
cienne Poule  cochinchinoise),  sur  laquelle  M.  Sacc  nous 
promet  un  article  qui  paraîtra  dans  un  de  nos  prochains 
numéros. 

«  La  question  des  Poules  a  toujours  été  importante  pour 
l'alimentation  des  villes;  elle  est  devenue  très-grande  de- 
puis que  l'industrie  a  utilisé  l'albumine  pour  la  fixation 
des  couleurs.  Cela  a  décuplé  la  consommation  des  œufs 
et  en  rend  le  prix  de  plus  en  plus  élevé,  et  cela  à  tel  point, 
que  nous  payons,  en  ce  moment,  16  fr.  le  kilog.  d'albu- 
mine, que  l'on  ne  cotait,  l'an  dernier,  que  10  fr.  50  c.  à 
11  fr.  au  maximum.  Pondeuse  régulière  autant  que  fé- 
conde, la  Poule  de  Nankin  répondra  seule  aux  besoins 
domestiques  et  industriels.  Telle  a  été  la  conviction  qui  a 
guidé  mon  travail.  » 

Dans  cette  même  lettre,  M.  Sacc  ajoute  : 

«  Vous  apprendrez  avec  plaisir  que  le  Kanguroo  de 
Bennet  vient  de  mettre  bas  au  jardin  zoologique  de  Franc- 
fort ,  où  cette  robuste  espèce  est  restée  toute  l'année  en 
plein  air.  Le  petit  est  resté  trois  mois  entiers  dans  la  poche 


MÉLANGES    ET    NOUVELLES.  189 

abdominale,  qu'il  refuse  toujours  de  quitter,  mais  au  de- 
hors de  laquelle  il  passe  quelquefois  sa  tête  encore  nue.  » 

K  La  plante  dont  les  faisans  mangent  la  racine 

pendant  l'hiver  est  la  Ficaria  ranunculoides. 


M.  Grimaud  de  Caux  donne  dans  Y  Union  les  détails 
suivants  concernant  une  des  plus  grandes  magnaneries  du 
Midi  :  Elle  se  trouve  dans  la  vallée  de  l'Ergue,  où  nous 
comptons  déjà  des  éducateurs  distingués,  tels  que  MM.  Ben- 
jamin et  Victor  Rouquet,  Mareoud,  Fortanier,  Rouch  et 
Lavit,  qui  tous  élèvent  des  Vers  à  soie  sur  une  assez  grande 
échelle. 

Les  observations  faites  par  M.  Grimaud  de  Caux  méri- 
tent toute  la  confiance  des  sériciculteurs,  non-seulement 
parce  que  c'est  un  observateur  éclairé  et  indépendant,  en 
même  temps  qu'un  écrivain  consciencieux  et  renommé 
dans  la  presse  scientifique,  mais  surtout  parce  qu'il  a  étu- 
dié de  près  les  questions  de  sériciculture  et  qu'il  a  souvent 
pris  la  parole  avec  autorité  toutes  les  fois  que  ces  ques- 
tions ont  été  portées  devant  l'Académie  des  sciences. 

«  Il  y  a  quelques  jours  à  peine ,  le  1er  avril,  je  visitais 
sur  les  bords  de  l'Ergue ,  à  Brignac ,  dans  la  vallée  de 
l'Hérault,  une  magnanerie  où  l'on  fait  40  onces  de  graines. 
Cette  magnanerie  a  été  fondée,  en  1843,  par  mademoi- 
selle Santy,  et  inaugurée  par  une  éducation  de  25  onces. 
En  1852,  on  en  mettait  à  l'éclosion  45.  Les  années  suivan- 
tes, le  chiffre  de  40  onces  a  été  adopté  comme  le  plus  en 
rapport  avec  la  proportion  de  la  feuille  que  la  localité 
peut  fournir.  J'ai  compulsé  le  journal  de  17  années  tenu 
par  la  jeune  et  habile  fondatrice;  c'est  dune  exactitude, 
d'une  netteté,  d'une  sagacité,  d'un  discernement  qui  fe- 
raient honneur  à  des  observateurs  de  profession  :  rien 
de  futile  et  rien  de  négligé,  les  circonstances  notées  sont 
toutes  dignes  d'attention  et  parfaitement  caractéristiques. 
En  parcourant  cette  histoire  de  17  années  et  en  y  suivant 


190     iiev.  et  MAf,.  de  zoologie.  [Avril  1860.) 

avec  attention  les  phases  diverses  de  chaque  éducation 
annuelle,  on  ferait  un  cours  complet  de  magnanerie  pra- 
tique, plus  utile  cent  fois  que  tous  les  traités  théoriques, 
les  rapports  académiques  et  les  dissertations  qui  me  sont 
passés  sous  les  yeux. 

«  Sur  ces  17  années,  3  seulement  ont  été  improductives. 
En  1849-50-51,  la  feuille  manquant  complètement,  made- 
moiselle Santy  ne  fit  point  d'éducation.  Les  14  années 
restantes  ont  toujours  donné  un  produit  rémunérateur, 
dont  la  somme  constituerait  dans  le  pays  une  belle  dot. 

«  Mais  voici  qui  est  digne  d'attention  ,  et  que  je  recom- 
mande à  M.  Guérin-Méneville,  et  même  à  M.  de  Quatre- 
fages,  sur  qui  me  paraît  porter  maintenant  tout  le  poids 
des  destinées  de  l'infortunée  commission  séricicole  de 
l'Académie  des  sciences.  En  1852,  la  feuille  ayant  reparu, 
mademoiselle  Santy  mit  à  l'éclosion  45  onces.  Un  violent 
orage  fit  périr  la  plus  grande  partie  de  ces  intéressantes 
petites  bêtes.  En  1853,  la  gattine  et  la  muscardine  enva- 
hissent les  chambrées. 

«  Le  mal  est  là,  quelle  en  est  la  cause?  Le  journal  n'hé- 
site pas,  mademoiselle  Santy  s'aperçoit  que  la  feuille  est 
rouillée  ;  elle  appelle  cette  rouille  l'oïdium  du  mûrier. 
Plus  tard,  en  résumant  les  faits  de  la  saison,  elle  signalera 
aussi  l'humidité  qui  a  régné  pendant  toute  la  durée  de 
l'éducation. 

ce  L'année  suivante  (1854),  grâce  à  un  redoublement  de 
bons  soins  et  à  un  choix  scrupuleux  de  la  feuille,  l'éduca- 
tion réussit  et  donne  un  résultat  rémunérateur  qui  dépasse 
celui  de  toutes  les  années  précédentes. 

«  L'année  1857  donne  le  plus  gros  bénéfice. 

«  L'année  1858  peut  servir  de  contrôle .  Des  circonstances 
particulières  empêchent  mademoiselle  Santy  de  diriger 
l'éducation  ;  elle  afferme  pour  la  saison  sa  magnanerie  et 
ses  mûriers  ;  un  produit  des  plus  médiocres  est  le  résultat 
d'une  recrudescence  de  la  muscardine  et  d'une  mauvaise 
direction. 


MÉLANGES    ET    NOUVELLES.  191 

«  Enfin,  en  1859,  la  magnanerie  de  Brignac,  reprise  et 
dirigée  par  sa  fondatrice ,  enregistre  un  succès  unique 
là,  où,  dans  l'espace  de  quelques  kilomètres  carrés,  j'ai 
pu  signaler  au  moins  sept  grands  éducateurs. 

«  J'ai  hâte  de  tirer  de  ces  faits  quelques  conclusions 
pratiques. 

«  1°  Il  est  maintenant  hors  de  doute  que  la  feuille  du 
mûrier  a  été  malade.  Le  journal  de  mademoiselle  Santy, 
pour  l'année  1854,  signale  le  fait  dans  toute  sa  simplicité. 
Depuis,  l'opinion  à  cet  égard  s'est  si  bien  accréditée  dans 
le  Midi,  qu'un  éducateur  de  Lunel,  M.  Nourrigat,  propose 
maintenant  de  soufrer  le  mûrier  comme  on  soufre  la 
vigne,  sans  s'inquiéter  des  analogies.  M.  de  Quatrefages 
avait  soutenu  l'avis  contraire  dans  son  rapport  du  21  mars 
de  l'année  dernière.  S'il  ne  revient  pas  à  de  meilleurs 
sentiments,  c'est  qu'il  est  résolu  à  mourir  dans  l'impéni- 
tence  finale. 

«  2°  On  a  donné  le  conseil  de  faire  des  éducations  sur 
une  petite  échelle  et  d'élever,  par  exemple,  4  onces  de 
graines  au  plus,  afin  d'éviter  les  résultats  pernicieux  de 
l'encombrement.  J'avoue  qu'en  voyant  les  grands  ateliers 
de  mademoiselle  Santy  j'ai  pensé  tout  de  suite  aux  effets 
de  l'accumulation.  Je  n'ai  été  rassuré  qu'en  parcourant 
son  journal,  et  en  y  remarquant  que  les  alternatives  de 
réussite  et  d'insuccès  s'expliquent  parfaitement  :  les  unes, 
par  les  orages,  la  feuille  rouillée  et  l'absence  de  soins; 
les  autres,  par  une  direction  des  plus  intelligentes  et  une 
expérience  consommée.  D'où  je  conclus  que  les  éduca- 
teurs habiles  peuvent  très-bien  tenir  moins  compte  du 
précepte  qui  condamne  les  grandes  éducations  et  en 
retenir  seulement  cette  circonstance  qui  en  constitue  toute 
la  valeur,  savoir  qu'il  ne  faut  pas  accumuler  les  élèves 
dans  des  locaux  relativement  trop  petits. 

«  3°  Enfin ,  pour  ce  qui  concerne  la  culture  des  arbres, 
on  a  dit  qu'il  faut  abandonner  les  mûriers  greffés  pour 
recourir  aux  sauvageons.  Il  n'y  a  pas  un  seul  sauvageon 


19*2     kev.  et  mag.  de  zoologie.  (Avril  1860.) 

parmi  les  milliers  de  mûriers  étalant  leurs  branches  dans 
la  belle  plaine  de  l'Ergue  qui  fait  face  à  Brignac,  et  dans 
laquelle  mademoiselle  Santy  fait  cueillir  la  nourriture  de 
ses  Vers  à  soie.» 


M.  L.  W.  Schaufuss,  négociant  d'histoire  naturelle  de 
Dresde  (Saxe),  se  rend  en  Espagne  pour  y  faire  des  ré- 
coltes d'animaux  de  toutes  les  classes.  Il  s'occupe  surtout 
d'ornithologie,  de  malacologie  et  d'entomologie,  et  les 
catalogues  d'objets  qu'il  offre  aux  amateurs  nous  ont  paru 
fort  riches  en  espèces,  et  celles-ci  nous  semblent  cotées  à 
des  prix  très-modérés. 

Il  nous  a  remis  un  échantillon  d'un  intéressant  Lépi- 
doptère espagnol  du  genre  Polyommate,  découvert  depuis 
peu  en  Espagne,  et  publié  en  1857-1858  sous  le  nom  de 
Lycœua  Mieggii,  par  M.  Vogel  (naturhistoriche  zeitung 
der  gesellschaft  Isis).  C'est  une  espèce  encore  fort  rare 
dans  les  collections  et  que  l'on  peut  lui  demander  par 
lettres  affranchies,  à  cette  adresse  :  MM.  Schaufuss  et 
E.  Klocke,  naturalistes  à  Dresde  (Saxe). 


TABLE   DES  MATIERES. 

Page,. 

H.  Aucapitaine.  —  Notes  sur  l'Antilope  addax, — le  Meh'a  des 

Arabes.  145 

Loche.  —  Description  de  deux  nouvelles  espèces  d'Alouettes 

découvertes  dans  le  Sahara  algérien.  148 

A.  Guichenot.—  Notice  sur  un  nouveau  Poisson  du  groupe  des 

Cténolabres.  152 

J.  R.  Bourguignat.  —  Aménités  malacologiques.  154 

H.  Brisout  de  Barneville.  —  Observations  sur  les  Tychius 
qui  se  trouvent  aux  environs  de  Paris,  et  description 
d'une  nouvelle  espèce  et  d'unSibynes.  166 

Académie  des  sciences.  168 

Analyses.  176 

Mélanges  et  nouvelles  (31.  Sacc,  sériciculture,  etc.).  188 

TARIS.  —  IMP.    DE   M""8   Ve    BOUCHARD-HUZARD,    RUE   DE  L'ÉPERON,     5. 


VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.  —  MAI  1860. 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 


Considérations  sur  les  oeufs  des  oiseaux  , 
par  A.  Moquin-Tandon. 

Voir  le  commencement  de  ce  travail,  vol.  XI,  1859, 
p.  414  et  469,  et  vol.  XII,  1860,  p.  11,  57. 

Chapitre  V.  —  De  la  couleur  des  oeufs. 

§  1.  —  OEufs  blancs.  —  Parmi  les  Oiseaux  d'Europe,  il 
en  est  un  certain  nombre  qui  pondent  des  œufs  d'un  blanc 
pur  (1).  La  statistique  de  ma  collection  m'a  donné  (31  dé- 
cembre 1845)  45  espèces  sur  319,  par  conséquent  un  peu 
plus  du  septième.  En  calculant  avec  les  figures  des  œufs 
d'Europe,  publiées  par  M.  Thienemann  (2),  j'avais  trouvé 
le  huitième  (3).  Ce  calcul  est  opposé  à  la  loi  signalée  par 
Buffon.  Ce  grand  naturaliste  a  posé  en  principe  que  le 
blanc  est  toujours  la  couleur  dominante  des  œufs;  que  c'est 
celle  que  la  nature  y  a  répandue  avec  le  plus  de  profusion  (4) . 

Le  rapport  de  1  à  7  ou  de  1  à  8  s'applique,  bien  en- 
tendu, aux  Oiseaux  d'Europe  seulement.  Je  suis  tenté  de 
croire  que,  pour  l'ensemble  des  Oiseaux,  la  proportion 
des  œufs  blancs  se  trouve  un  peu  moins  forte.  Voici  sur 
quoi  j'établis  cette  présomption  :  le  nombre  des  Oiseaux 
connus  est  de  8,850,  suivant  le  prince  Charles  Bonaparte. 
Or  nous  savons  que  les  Colibris,  les  Perroquets  et  les  Pi- 

(t)  Quœdam  sunt  albi  coloris  sicut  ova columbarum,  Albert 

Magn.,  Opéra,  t.  VI,  p.  189. 

(2)  System.  Darst.  VôgelEuropas.  Leipzig,  1825,  in-4. 

(3)  Ma  collection  s'est  beaucoup  augmentée  depuis  1845.  J'ai  refait 
le  calcul  ci-dessus,  et  je  suis  arrivé  à  peu  près  au  même  résultat. 
Je  n'ai  pas  cru  devoir  changer  mes  chiffres  (1er  septembre  1859). 

(4)  Hisl.  nat.,  article  Coq. 

2e  skrib.  t.  xii.  Année  1860.  13 


194     REV.  ET  MaG.  de  zoologie.  (Mai  18G0.) 

geons  décrits  jusqu'à  ce  jour  s'élèvent,  les  premiers  à  322, 
les  seconds  à  330,  et  les  troisièmes  à  300.  En  tout,  952.  Si 
nous  supposons  que  les  Rapaces  nocturnes,  les  Martinets, 
les  Pics,  les  Guêpiers,  les  M ar  tins -Pêcheur s,  les  Pétrels  et 
les  autres  Oiseaux  à  œufs  blancs  donnent  un  chiffre  à  peu 
près  égal,  nous  aurons  1,800  espèces,  par  conséquent  un 
peu  moins  du  cinquième  du  nombre  total.  Ce  résultat  sera 
encore  plus  éloigné  de  la  loi  formulée  par  Buffon. 

On  a  remarqué  que  les  œufs  blancs  des  Oiseaux  euro- 
péens sont  généralement  déposés  et  cachés  dans  des  trous 
de  muraille  ou  de  rocher,  ou  d'arbre.  En  effet,  ces  œufs 
appartiennent  aux  Oiseaux  de  proie  nocturnes  (1),  aux  Pics, 
au  Torcol,  au  Grimpereau  de  muraille,  au  Rouge-Queue,  au 
Rollier,  au  Guêpier,  au  Mar  tin-  Pêcheur,  à  Y  Hirondelle  de 
rivage,  aux  Martinets,  aux  Pigeons 

Le  Cincle  et  le  Remitz  semblent  faire  exception  à  cette 
règle;  mais  leurs  œufs  sont  enfermés  dans  des  nids  cou- 
verts, et  par  conséquent  aussi  bien  cachés  que  s'ils  étaient 
dans  un  tronc  d'arbre  ou  dans  un  mur. 

Il  n'y  a  d'exception  vraie  que  pour  la  Tourterelle,  le 
Flamant  et  plusieurs  Oies. 

Les  Grèbes  doivent  la  teinte  blanche  de  leurs  œufs  à 
l'enduit  particulier  qui  les  recouvre;  ils  sont,  en  réalité, 
verdâtres.  (La  teinte  roussâtre  ou  rousse  qu'ils  présentent 
quelquefois  est  étrangère  à  la  coquille.) 

M.  de  la  Fresnaye  pense  que  cette  uniformité  de  blanc, 
dans  les  œufs  cachés,  leur  a  été  attribuée  par  la  nature, 
afin  qu'ils  puissent  être  aperçus  plus  facilement  par  la  cou- 
veuse, dans  un  lieu  obscur,  où  ils  eussent  été  moins  invisi- 
bles et  susceptibles  d'être  cassés  par  elle-même,  s'ils  eussent 
été  d'une  couleur  foncée  (2).  M.  l'abbé  Vincelot  a  émis, 

(1)  Klein  voudrait  savoir  pourquoi  le  Créateur  a  donné  aux  Hiboux 
et  aux  Chouettes  une  coque  très-blanche ,  symbole  de  Yinnocence 
(innocentiœ  signum)\ 

(2)  Lapierre  avait  déjà  soutenu,  relativement  aux  Oiseaux  de  nuit, 
que  le  blanc  est  plus  facile  à  distinguer  pour  des  Oiseaux  qui 
couvent  et  vivent  dans  l'obscurité. 


TRAVAUX    INÉDITS.  195 

tout  récemment,  une  opinion  semblable.  Ne  pourrait-on 
pas  renverser  cette  proposition  et  dire  que  les  Oiseaux 
dont  les  œufs  sont  d'un  blanc  pur  ont  généralement  l'in- 
stinct de  les  cacher  ?  Du  reste,  quelle  que  soit  l'explica- 
tion de  ce  fait,  la  Tourterelle,  le  Flamant  et  plusieurs 
Oies  feront  toujours  une  exception! 

J'ai  montré  ailleurs  que  la  Perdrix  de  mer  ne  produisait 
pas  des  œufs  blancs,  ainsi  qu'on  l'a  supposé  dans  plu- 
sieurs ouvrages. 

Tous  les  œufs  même  les  plus  colorés  commencent  par 
être  blancs. 

La  face  intérieure  de  la  coque  (1)  offre  toujours  la  teinte 
blanche,  excepté  cependant  chez  les  Aigles  et  les  Buses, 
où  elle  paraît  très-légèremetit  verdàtre.  (Vincelot.) 

Dans  un  genre  donné,  peut-il  exister  en  même  temps 
des  œufs  blancs  et  des  œufs  colorés?  On  doit  répondre 
que  non  généralement.  En  effet,  sauf  un  très-petit  nom- 
bre d'exceptions,  tous  les  œufs  d'un  même  groupe  natu- 
rel sont  ou  tous  blancs  ou  tous  colorés.  Ainsi  les  œufs 
sont  blancs  dans  tous  les  Strix,  les  Picus,  les  Columba,  les 

Puffinus,  les  Thalassidroma Les  genres  à  une  seule 

espèce,  en  Europe,  qui  pondent  des  œufs  blancs,  sont 
Coracias,  Yunx,  Merops,  Âlcedo,  Phœnicopterus,  Pelecanus; 
mais  plusieurs  de  ces  genres  ont  des  représentants  à 
l'étranger,  et  ces  représentants  nous  offrent  des  œufs 
exactement  semblables,  quant  à  leur  livrée,  à  ceux  de  nos 
espèces  indigènes. 

Quelques  Oiseaux  à  œufs  blancs,  qui  faisaient  partie 
anciennement  de  groupes  à  coquille  plus  ou  moins  colo- 
rée, en  ont  été  retirés  par  les  progrès  de  la  science  ;  tels 
sont  les  Cypselus,  les  Cinclus,  le  Tichodroma 

Des  exceptions  nous  sont  offertes  par  le  Rouge-Queue 
dans  les   Rubiettes,  par  Y  Hirondelle  de  rivage   dans  les 

(1)  Ova  autem  omnium,  si  exterior  cortex  delibretur ,  alba 
sunt,  Willughb.,  Ornith.,  p.  8. 


196      REV.    ET  MAC.    DE  ZOOLOGIE.   (Mai   1860.) 

Hirondelles,  et  par  la  Penduline  dans  les  Mésanges  (1). 

§2.  —  Œufs  unicolores.  —  Les  œufs  unicolores,  c'est- 
à-dire  uniformément  colorés  ou  sans  taches,  sont  un  peu 
plus  nombreux  que  les  œufs  blancs.  J'en  ai  compté,  dans 
ma  collection  européenne  (1845),  65  sur  319;  ce  qui 
ne  donne  pas  tout  à  fait  le  cinquième.  Si  l'on  ajoute  à 
ces  œufs  les  45  blancs  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  on  aura 
110  œufs  non  tachetés,  ce  qui  est  un  peu  moins  du  tiers. 

Les  œufs  unicolores  pourraient  être  groupés  en  cinq 
séries  : 

1°  Les  œufs  très-légèrement  jaunâtres.  (Fuligula  his- 
trionica,  Degl.) 

Les  jaunâtres.  (Perdix  cinerea,  Briss.) 

Lesjaunes  d'ocre  plus  ou  moins  vif.  (Podiceps  auritus  (2), 
Lath.) 

2°  Les  œufs  couleur  de  chair.  (Certains  Canards.) 

Les  rougeâtres  pâles.  (Certaines  variétés  de  Falco  pere- 
grinuSy  Briss.) 

Les  rouges  de  brique.  (Ceîtia  Cetti,  Degl.) 

3°  Les  œufs  très-faiblement  olivâtres.  (Fuligula  ferrinat 
Keys.  et  Blas.) 

Les  café  au  lait  clair.  (Fuligula  marila,  Bp.) 

Les  olive  foncé  ou  couleur  de  bronze.  (Erithacus  Lusci- 
nia,  Degl.) 

4°  Les  œufs  très-légèrement  verdâtres.  (Phalacrocorax 
cristatus,  Bp.) 

Les  verdâtres.  (Fuligula  glacialis,  Degl.) 

Les  Verts.  (Otis  tetrax,  Linn.) 

5°  Les  œufs  très-faiblement  azurés.  (Circaetus  Gallicus, 
Vieill.) 

Les  azurés.  (Saxicola  œnanthe,  Mey.  et  Wolf.) 

Les  bleus.  (Accentor  modularis,  ïemm.) 

Parmi  ces  œufs,  les  jaunâtres  sont  les  plus  nombreux  ; 

(1)  Ces  exceptions  n'existent  plus,  si  l'on  admet  les  genres  Eri- 
thacus, JEglthalus  et  Cotyle. 

(2)  Cette  couleur  n'eiiste  qu'après  un  certain  temps  d'incubation. 


TRAVAUX    INÉDITS.         •  197 

ils  forment  à  peu  près  la  moitié  des  œufs  unicolores  de 
l'Europe  (1).  Puis  viennent  les  œufs  olivâtres  ou  verdâ- 
tres  ;  puis  les  bleus,  et  enfin  les  rougeâtres. 

Les  œufs  bleus  sont  certainement  les  plus  remarqua- 
bles et  les  plus  jolis  parmi  les  unicolores.  Il  y  en  a  une 
quinzaine  d'espèces  en  Europe.  Les  plus  brillants  sont 
ceux  des  Accenteurs,  du  Rossignol  de  muraille  et  du  Merle 
bleu. 

La  teinte  de  certains  œufs  unicolores  se  montre  si  pâle, 
que  la  coquille  diffère  à  peine  des  œufs  blancs.  Lorsqu'elle 
a  été  exposée  quelque  temps  à  la  lumière,  sa  nuance  s'af- 
faiblit graduellement  et  finit  par  disparaître.  C'est  ainsi 
que  les  œufs  des  Cigognes,  du  Blongios,  de  certaines  Oies 
ont  été  décrits  comme  blancs,  parce  qu'ils  avaient  été 
étudiés  dans  des  collections  où  ils  étaient  depuis  long- 
temps. 

L'influence  de  la  lumière  sur  l'affaiblissement  des  cou- 
leurs a  été  constatée  par  tous  les  ornithologistes.  Les 
œufs  qui  ne  sont  pas  enfermés  perdent  peu  à  peu  la  viva- 
cité de  leurs  nuances.  Ce  sont  surtout  les  espèces  à  teintes 
légèrement  azurées  qui  éprouvent  cette  modification.  Les 
œufs  bleus  [Mouchet]  deviennent  d'un  azuré  très-pâle.  Les 
œufs  lilas  clair  ou  gris  léger  de  certains  Tinamous  se  dé- 
colorent avec  une  rapidité  remarquable.  (F.  Prévost.) 
Mais  ce  qui  est  digne  d'être  cité,  c'est  que  l'œuf  du  Ca- 
soar,  qui  est  d'un  vert  intense  assez  brillant  au  moment 
de  la  ponte,  devient  foncé,  presque  noirâtre,  au  bout  d'un 
certain  temps. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  les  couleurs  des  œufs.  Fabrice 
d'Aquapendente  imaginait  qu'elles  étaient  produites  par 
le  tempérament  des  oiseaux.  Mais  pourquoi  le  tempéra- 
ment donne-t-il  des  coques  tantôt  rougeâtres  ou  jaunâtres, 
tantôt  roses  ou  bleu  de  ciel  ?  D'autres  ont  fait  dépendre  la 

(1)  Quœdam  sunt  viridia  declinantia  ad  cUrinUatem,  sicut 
ova ,  Anatum.,  Albert  Magu.,  Opéra,  t.  VI,  p.  189. 


198      REV.  ET   MaG.    DE    ZOOLOGIE.    (Mai  1860.) 

couleur  de  l'alimentation.  Buhle  croit  que  les  excréments 
et  l'urine  y  sont  pour  quelque  chose  ! 

Les  couleurs  uniformes,  celles  dont  il  s'agit  présente- 
ment, sont  des  couleurs  sécrétées  par  des  organes  spé- 
ciaux. (Manesse  (1),  Carus)  (2).  Ces  organes  sont  des  pa- 
pilles ou  glandules,  variables  par  le  nombre  et  par  le 
volume,  qui  tapissent  la  surface  interne  de  la  partie  de 
l'oviducte  qui  avoisine  le  cloaque. 

Quelques  auteurs  pensent  qu'il  ne  serait  pas  impossible 
qu'une  petite  quantité  de  sang  décomposé  ou  délayé  ne 
fournît  à  certains  œufs  l'élément  ou  une  partie  de  l'élé- 
ment de  la  coloration.  Cette  proposition  est  fort  dou- 
teuse. 

M.  Florent  Prévost  a  examiné  l'oviducte  d'une  femelle 
de  Casoar  morte  à  l'époque  de  la  ponte  ;  il  a  trouvé  les  pa- 
rois de  ce  canal  tapissées,  dans  une  partie  de  son  étendue, 
de  cryptes  nombreux,  gorgés  d'une  matière,  colorante, 
d'un  vert  pâle.  M.  Prévost  a  recueilli  des  portions  de  cette 
matière ,  et  a  remarqué  qu'elle  devenait  foncée  par  l'ex- 
position à  l'air. 

Les  œufs  unicolores  sont  couverts,  au  moment  de  la 
formation  de  la  coque,  d'un  enduit  comme  gélatineux, 
qui  donne  à  la  matière  calcaire  une  plus  grande  soli- 
dité ;  voilà  pourquoi ,  suivant  la  remarque  récente  (3)  de 
M.  Thienemann,  les  coquilles  non  tachetées  sont  généra- 

(1)  L'abbé  Manesse  a  laissé  en  mauuscrit  un  ouvrage  assez  étendu 
sur  les  œufs  des  Oiseaux ,  intitulé  Oologie  (2  vol.  in-4 ,  avec  un  atlas 
de  même  format  composé  de  38  planches  peintes  à  l'huile).  Cet  ou- 
vrage, important  sous  beaucoup  de  rapports,  se  trouve  aujourd'hui 
dans  la  riche  bibliothèque  du  muséum  d'histoire  naturelle;  j'aurai 
l'occasion  de  le  citer  plusieurs  fois. 

(2)  «  Les  couleurs  uniformes  semblent  tenir  à  une  sécrétion  par- 
ticulière qui  a  lieu  pendant  la  formation  de  la  coquille.  »  Carus. 

(3)  Je  dois  rappeler  que  ce  mémoire  de  M.  Moquin-Tandon  a  été 
rédigé  en  grande  partie,  comme  le  précédent,  pendant  l'hiver  de 
1817,  de  manière  que  plusieurs  ouvrages  ou  faits  cités  comme  récent» 
remontent  au  delà  de  treize  années.  (G. M.) 


TRAVAUX    INÉDITS.  199 

lement  plus  dures  que  celles  des  œufs  pourvus  de  taches; 
elles  sont  aussi  plus  lisses  et  plus  lustrées. 

La  couleur  déposée  pénètre  plus  ou  moins  profondé- 
ment. Dans  un  œuf  de  Tinamou  que  j'ai  sous  les  yeux,  elle 
atteint  presque  la  moitié  de  l'épaisseur;  dans  celui  du 
Casoar,  elle  dépasse  un  peu  cette  limite. 

La  matière  colorante  semble  sécrétée  avec  rapidité,  et 
chaque  œuf  paraît  l'objet  d'une  sécrétion  particulière. 
J'ai  ouvert  un  Merle  femelle ,  quelques  instants  après  la 
ponte  du  premier  œuf  de  sa  couvée  ;  je  n'ai  trouvé,  dans 
son  oviducte,  aucune  trace  de  couleur  bleuâtre  ni  rous- 
sâtre.  Dans  la  partie  supérieure  de  cet  organe,  on  voyait 
un  second  œuf,  assez  gros,  mais  encore  sans  coquille. 

J'ai  prié  mon  ami,  M.  Ch.  Leconte,  professeur  agrégé  à 
la  faculté  de  médecine,  d'examiner  la  nature  chimique  de 
la  couleur  de  plusieurs  coquilles.  Je  lui  ai  remis  des  frag- 
ments d'œuf  de  Casoar  et  un  certain  nombre  d'œufs  de 
Grive  et  de  Mouchet.}  'étais  tenté  de  croire,  d'après  l'ori- 
gine de  la  teinte  verte  ou  bleue  de  ces  coquilles,  que  les 
couleurs  sécrétées  devaient  offrir  un  principe  immédiat. 
L'analyse  est  venue  confirmer  cette  supposition.  M.  Le- 
conte a  découvert,  en  effet,  dans  les  œufs  dont  il  s'agit, 
une  matière  organique  particulière  très-curieuse. 

Voici,  du  reste,  en  entier  le  mémoire  de  M.  Leconte. 
Je  saisis  cette  occasion,  pour  remercier  cet  habile  et  con- 
sciencieux chimiste  du  concours  qu'il  a  bien  voulu  me 
prêter,  avec  une  obligeance  parfaite ,  dans  mes  travaux 
oologiques. 

Recherches  chimiques  sur  la  couleur  de  quelques  œufs 
d'Oiseaux,  par  M.  Ch.  Leconte. 

Ces  recherches  ont  été  faites  principalement  avec  l'œuf 
du  Casoar.  Cet  œuf  a  fourni  une  quantité  de  matière  colo- 
rante verte  suffisante  pour  en  étudier  les  propriétés.  Les 
réactions  obtenues  avec  les  coquilles  bleues  de  la  Grive  et 
du  Mouche t  permettent  de  conclure  que,  dans  les  trois 
cas  désignés,  la  matière  colorante  est  de  même  nature. 


200      UEV.   ET    MAG.   DE   ZOOLOGIE.  (Mai  1860.) 

Pourtant  il  est  bon  de  noter  que  toutes  les  expériences 
qui  suivent  ont  été  faites  avec  l'œuf  du  Casoar. 

Extraction  de  la  matière  colorante.  —  Après  avoir  essayé 
en  vain  d'enlever  la  matière  colorante  à  l'aide  de  l'alcool 
et  de  l'éther,  je  m'arrêtai  au  procédé  suivant  qui  m'a  tou- 
jours donné  de  bons  résultats  :  50  grammes  de  coquilles 
d'oeufs  de  Casoar  furent  introduits  dans  une  fiole  avec  une 
certaine  quantité  d'eau  distillée;  puis  j'y  versai  peu  à  peu 
de  l'acide  chlorhydrique,  ayant  soin  d'attendre  que  l'effer- 
vescence ait  presque  cessé,  avant  d'ajouter  d'autre  acide. 
Je  n'avais  ainsi  qu'une  petite  quantité  d'acide  libre,  dont 
la  chaux  du  carbonate  s'emparait  rapidement. 

Dans  ces  conditions,  la  liqueur  ne  prend  qu'une  teinte 
colorée  insignifiante,  et  l'on  ne  perd  que  des  traces  de 
matière  colorante.  Chose  remarquable,  à  mesure  que  cette 
dernière  abandonne  la  chaux ,  avec  laquelle  elle  semble 
former  une  combinaison,  elle  se  fixe  sur  les  parties  orga- 
niques de  la  coquille  et  vient  colorer  en  beau  vert  la  mem- 
brane interne.  On  sait  que  cette  membrane,  à  l'état  nor- 
mal, est  d'un  blanc  éclatant. 

Lorsque  l'acide  chlorhydrique  ne  produit  plus  d'effer- 
vescence, je  rejette  la  liqueur  contenant  le  chlorure  de 
calcium,  et,  après  avoir  lavé  plusieurs  fois  les  matières 
organiques  colorées,  je  les  traite,  à  l'aide  d'une  douce 
chaleur,  par  l'acide  acétique  cristallisable ,  qui  dissout  la 
matière  colorante  en  donnant  une  liqueur  d'un  très-beau 
vert.  En  même  temps  l'acide  attaque  un  peu  les  matières 
organiques  dont  la  majeure  partie  reste  à  peine  colorée 
après  quelques  traitements  par  l'acide  acétique. 

En  abandonnant  à  Tévaporation  spontanée  la  liqueur 
acétique,  on  obtient  des  écailles  sèches  d'un  vert  telle- 
ment foncé,  qu'elles  semblent  presque  noires.  La  face  en 
contact  avec  la  capsule  prend  l'éclat  d'un  miroir;  la  face 
supérieure  est  terne. 

La  matière  colorante  ainsi  obtenue  constitue  un  mélange 
assez  complexe  et  suriout  fort  peu  homogène.  Les  parties 


TRAVAUX    INÉDITS.  201 

déposées  sur  les  bords  de  la  capsule  sont  presque  pures  ; 
les  parties  du  fond  renferment  une  quantité  notable  de 
matières  grasses  et  de  substances  organiques  étrangères. 
On  enlève  facilement  les  matières  grasses,  en  faisant 
bouillir  à  plusieurs  reprises  le  principe  colorant,  préalable- 
ment pulvérisé,  avec  de  l'éther  rectifié.  Il  faut  s'assurer 
que  cet  éther  ne  renferme  pas  d'acide  et  que  la  substance 
colorante  elle-même  a  été  bien  privée  d'acide  acétique 
par  la  dessiccation  ;  car,  s'il  en  était  autrement,  l'éther  dis- 
soudrait une  quantité  de  couleur  d'autant  plus  considé- 
rable que  la  dose. d'acide  serait  plus  grande. 

Lorsqu'on  prend  les  précautions  que  je  viens  de  signa- 
ler, l'éther  ne  dissout  que  les  matières  grasses,  demi-soli- 
des et  non  cristallisables,  qu'il  abandonne  par  l'évapora- 
tion  spontanée. 

La  poudre,  ainsi  débarrassée  des  matières  grasses,  est 
traitée  par  l'eau  distillée  acidulée  par  l'acide  acétique,  à 
l'aide  d'une  douce  chaleur.  On  obtient  de  cette  manière 
des  liqueurs  dont  la  teinte  va  en  diminuant,  à  mesure  que 
le  nombre  des  lavages  augmente,  et  il  reste,  à  la  fin ,  des 
matières  qui  ne  conservent  qu'une  légère  teinte  verte.  Les 
liqueurs  filtrées  et  réunies  sont  additionnées  d'un  mélange 
d'alcool  et  d'éther,  puis  agitées  fortement  à  diverses  re- 
prises. L'éther  vient  surnager  en  entraînant  la  matière 
colorante  de  l'alcool  et  de  l'acide  acétique.  On  sépare  la 
liqueur  éthérée,  et  l'on  traite  de  la  même  manière  la 
liqueur  aqueuse,  si  le  premier  traitement  ne  l'a  pas  com- 
plètement décolorée. 

Les  liqueurs  éthérées ,  abandonnées  à  l'évaporation 
spontanée,  laissent  la  matière  colorante  avec  des  proprié- 
tés analogues  à  celles  qui  ont  été  décrites  plus  haut. 

Propriétés.  —  La  matière  colorante  des  coquilles  d'oeufs 
de  Casoar  est  d'un  vert  excessivement  foncé,  vue  en  masse. 
Elle  représente  à  peu  près  un  demi-millième  du  poids  de 
la  coque.  Bien  sèche,  elle  n'offre  ni  odeur  ni  saveur. 
Chauffée  dans  un  tube,  elle  se  boursoufle  et  dégage  de 


202      REV.  ET    MÀG.   DE    ZOOLOGIE.    (Mai  1860.) 

l'ammoniaque.  La  présence  de  cet  alcali  devient  très- 
facile  à  constater,  si  avant  de  chauffer  on  a  mêlé  la  ma- 
tière avec  de  la  chaux  sodée. 

L'eau,  l'éther  et  l'alcool  ne  la  dissolvent  pas  sensible- 
ment à  froid  ;  mais  l'eau  et  l'alcool  se  colorent  légèrement 
à  l'ébullition.  Lorsqu'on  verse  dans  les  liquides  précédents 
un  peu  d'acide  acétique,  ils  dissolvent  alors  facilement  la 
matière  colorante.  Il  en  est  de  même  pour  l'acide  chlor- 
hydrique. 

Si  nous  ajoutons  à  ces  faits  que  l'alcool,  l'éther  et  l'eau 
n'enlèvent  pas  à  la  coquille  sa  couleur,  nous  sommes  con- 
duit à  conclure  que  cette  substance  forme  avec  la  chaux 
une  combinaison  insoluble,  tandis  qu'avec  les  acides 
elle  donne  naissance  à  des  combinaisons  solubles.  Ainsi 
cette  matière  colorante  semble  jouer  le  rôle  d'acide  avec 
les  bases  et  celui  de  base  avec  les  acides.  Cette  double 
propriété  nous  permettra  d'expliquer  le  rôle  de  ce  corps 
dans  l'organisme  des  Oiseaux. 

Les  réactifs  chimiques  ne  se  comportent  pas  tout  à  fait 
de  la  même  manière  avec  la  matière  colorante  pure  et 
avec  la  combinaison  de  cette  substance  avec  la  chaux. 

1°  Réactions  sur  la  matière  colorante  pure,  c  est- à-dire 
isolée  de  la  coquille. —  Toutes  les  réactions  suivantes  ont  été 
exécutées  à  l'aide  d'une  solution  de  matière  colorante 
dans  l'eau  distillée  légèrement  acidulée  par  l'acide  acé- 
tique. 

La  potasse,  la  soude  et  l'ammoniaque  communiquent  à 
la  matière  colorante  une  teinte  jaune  terne  qui  disparaît 
rapidement  et  laisse  un  liquide  incolore. 

Les  carbonates  alcalins  se  comportent  de  la  même  ma- 
nière. 

Les  acides  chlorhydrique,  sulfurique  étendu  et  acétique 
ne  modifient  pas  sa  couleur. 

L'acide  azotique  lui  fait  prendre  une  teinte  violette  qui 
passe  bientôt  au  rouge,  lequel  persiste  à  froid,  si  l'on  a 


TRAVAUX     INÉDITS.  203 

employé  une  quantité  convenable  d'acide.  Mais  toutes  ces 
teintes  disparaissent  sous  l'influence  de  la  chaleur. 

Les  acides  sulfureux  et  sulfhydrique  (  en  dissolution  ) 
font  passer  la  liqueur  du  vert  au  jaune-citron.  La  nuance 
fournie  par  le  premier  de  ces  acides  est  surtout  remarqua- 
ble par  sa  vivacité  qui  rappelle  celle  des  plumes  du  Serin 
des  Canaries  domestique.  Un  excès  de  cet  acide  ne  déco- 
lore pas  la  liqueur. 

L'hypochlorite  de  soude ,  ajouté  au  liquide,  préalable- 
ment saturé  par  la  potasse,  le  décolore  rapidement. 

2°  Réactions  sur  la  matière  colorante  fixée  à  la  coquille. 
—  L'alcool,  l'éther  et  l'eau  ne  dissolvent  pas  la  combinai- 
son calcique.  Il  en  est  de  même  du  sulfure  de  carbone  et 
du  chloroforme. 

L'acide  chlorhydrique,  étendu  d'eau,  dissout  le  carbo- 
nate de  chaux,  tandis  que  la  matière  colorante  reste  non- 
seulement  adhérente  aux  parties  externes  des  membranes, 
mais  vient  encore  s'appliquer  à  la  surface  interne  de  ces 
dernières.  La  liqueur  acide  ne  prend  qu'une  teinte  insi- 
gnifiante. 

L'ammoniaque,  étendue  d'eau,  ne  dissout  ni  ne  modifie 
la  couleur. 

La  potasse,  plus  ou  moins  concentrée,  ne  dissout  pas  la 
matière  colorante,  mais  lui  donne  une  teinte  jaune  assez 
vive. 

L'hypochlorite  de  soude,  très-concentré,  ne  décolore  pas 
la  coquille  sur  laquelle  a  agi  la  potasse ,  même  lorsqu'on 
porte  le  liquide  à  l'ébullition,  il  lui  rend,  au  contraire,  la 
belle  couleur  verte  que  la  potasse  avait  fait  passer  au 
jaune. 

L'acide  sulfureux  agit  assez  énergiquement  ;  en  un  quart 
d'heure  il  communique  à  la  couleur  verte  une  teinte  d'un 
jaune  vif. 

L'acide  sulfhydrique,  en  solution  saturée,  n'influe  que 
lentement  sur  la  matière  colorante  de  la  coquille,  il  lui 
donne  cependant  peu  à  peu  une  teinte  jaune  analogue  à 


204      REV.    ET  MAG.  DE   ZOOLOGIE.    (Mai  1860.) 

celle  que  produit  l'acide  sulfureux.  Je  reviendrai  un  peu 
plus  loin  sur  ce  sujet  qui  présente  un  intérêt  tout  spécial. 

On  voit  donc  que ,  si  la  plupart  des  réactifs  se  compor- 
tent de  la  même  manière  sur  la  matière  colorante  dont  il 
s'agit,  soit  libre,  soit  combinée  avec  la  chaux,  il  en  est  cepen- 
dant quelques-uns,  tels  que  la  potasse  et  l'hypochlorite  de 
soude,  qui  se  conduisent  d'une  manière  bien  différente, 
puisque  la  potasse,  qui  décolore  la  matière  pure  en  disso- 
lution, fait  seulement  virer  sa  teinte  au  jaune  lorsqu'elle  est 
combinée  avec  la  chaux,  et  que  l'hypochlorite,  qui  déco- 
lore la  substance  pure,  n'altère  pas  la  teinte  de  sa  combi- 
naison. 

Considérations  générales.  —  Avec  M.  Moquin-Tandon, 
je  proposerai  de  nommer  chromine  la  matière  colorante 
dont  je  viens  de  tracer  l'histoire.  Ce  nom,  qui  n'implique 
aucune  propriété  colorante  spéciale,  nous  semble  très- 
convenable  pour  désigner  une  substance  qui  paraît  être 
l'origine  de  la  plupart  des  couleurs  que  présentent  les 
Oiseaux. 

Cette  substance,  d'un  vert  foncé  dans  le  Casoar,  passe 
au  bleu  clair  dans  la  Grive  et  dans  le  Mouchet.  Ce  pas- 
sage a  lieu  par  simple  transformation  isomérique,  puisque 
j'ai  pu  constater  plusieurs  fois  une  belle  teinte  bleue  dans 
des  solutions  acétiques  de  cette  matière  fournie  par  l'œuf 
du  Casoar ,  amenées  à  un  certain  degré  de  concentration. 

Je  n'ai  pu,  du  reste,  séparer  par  aucun  moyen  la  matière 
verte  dont  il  est  question  en  substance  bleue  et  en  sub- 
stance jaune. 

La  couleur  jaune  dérive  de  la  chromine  par  l'action  des 
corps  réducteurs,  comme  l'indique  l'action  des  acides  sul- 
fureux et  sulfhydrique. 

La  couleur  rouge,  au  contraire,  résulte  de  l'action  de 
certaines  substances  oxydantes,  ainsi  que  le  démontrent 
les  réactions  de  l'acide  azotique. 

D'après  cette  manière  de  voir,  les  substances  désignées 
sous  les   noms   de  zooxanthinc  et  de  zooérythrine ,  par 


TRAVAUX    INEDITS.  205 

M.  Bogdanow,  dans  son  intéressant  travail  sur  les  causes 
de  la  coloration  des  Oiseaux,  ne  seraient  que  des  dérivés, 
par  réduction  ou  par  oxydation,  de  notre  chromine,  la- 
quelle, comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  possède  la  propriété  de 
fournir  les  trois  couleurs  primitives  et,  par  suite,  toutes  les 
teintes  des  œufs  uniformément  colorés.  On  a  vu,  ailleurs, 
que  M.  Moquiri-Tandon  distingue  quinze  nuances  princi- 
pales, qu'il  groupe  sous  cinq  types  généraux.  Je  ferai  ob- 
server que,  parmi  ces  nuances,  on  ne  trouve  pas  de  jaune 
brillant  ni  de  rouge  vif. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  pour  faire  comprendre  que 
la  nature  n'emploie  pas  des  procédés  de  réduction  ou 
d'oxydation  semblables  à  ceux  dont  jai  fait  usage;  mais 
les  faits  ont,  depuis  longtemps,  démontré  que  des  phéno- 
mènes du  même  ordre  s'accomplissaient  constamment  dans 
l'organisme. 

Je  n'ai  pas  cru  devoir  faire  l'analyse  élémentaire  de  la 
chromine,  car  aucun  caractère  un  peu  important  ne  m'a 
pu  permettre  de  la  considérer  comme  une  substance  bien 
définie. 

Malgré  les  soins  apportés  à  sa  préparation,  l'acide  acé- 
tique dont  j'étais  obligé  de  faire  usage  a  toujours  dissous 
une  certaine  quantité  de  matières  étrangères  qui  n'ont 
pas  été  complètement  éliminées  par  l'éther. 

En  résumé,  la  couleur  verte  ou  bleue  des  coquilles,  dans 
les  œufs  des  Oiseaux,  n'est  pas  due  à  des  substances  miné- 
rales telles  que  le  phosphate  de  fer,  comme  l'ont  avancé 
quelques  auteurs,  ni  à  du  sang  modifié,  comme  l'ont  pré- 
tendu plusieurs  autres;  elle  résulte  d'une  matière  orga- 
nique azotée  particulière.  Cette  matière  est  la  source  des 
différentes  teintes  que  présentent  les  œufs  colorés;  elle 
paraît  être  aussi  l'origine  des  couleurs  variées  qu'on  ob- 
serve dans  les  plumes. 


206      REV.  ET  MAG.  DE  ZOOLOGIE.    [Mai  1860.) 

Description  d'un  Oiseau  nouveau,  par  M.  J.  Verreaux. 

Micropalama  tacksanowskia.  —  Supra  rufa  :  scapulo  rufo-nigres- 
cctite  ;  uropygio  albo  nigro-fasciato.  Subtus  rufo-dealbata  :  rachidc 
alarum  candido;  crisso  albido  nigro-liaeato.  —  (PI.  xiv.) 
Dessus  de  la  tête  et  du  cou  d'un  roux  clair,  avec  des 
raies  longitudinales  d'un  brun  foncé  au  centre  des  plumes, 
plus  étroites  sur  l'occiput  et  le  haut  du  cou  ;  haut  du  dos 
et  scapulaires  d'un  brun  noirâtre,  chaque  plume  bordée 
latéralement  de  roux  et  de  blanchâtre  ;  bas  du  dos  et  cou- 
vertures sus-caudales  d'un  blanc  pur  avec  des  bandes 
transversales  noires;  un  trait  brun  varié  de  roux  entre  le 
bec  et  l'œil  ;  reste  de  la  tête ,  cou,  poitrine  et  flancs  du 
même  roux  clair  que  le  reste  ;  quelques  zébrures  brunes 
sur  le  thorax  et  les  flancs  ;  ventre  et  bas-ventre  roux  plus 
pâle,  mélangé  de  blanc  ;  couvertures  sous-caudales  blan- 
ches, lavées  de  roux  et  barrées  de  noir;  ailes  brunes, 
petites  tectrices  légèrement  bordées  de  plus  clair  et  de 
blanchâtre  :  les  plus  grandes  bordées  de  blanc  plus  pur, 
rémiges  primaires  brun  noirâtre  avec  le  rachis  blanc,  les 
plus  courtes  bordées,  sur  les  deux  tiers  de  leur  longueur, 
de  blanc  chiné  de  brun  ;  toutes  les  secondaires  bordées 
de  blanc  à  l'extérieur,  et  largement  traversées  de  la  même 
couleur  sur  les  barbes  internes  ;  tectrices  inférieures  blan- 
ches ,  ainsi  qu'une  grande  partie  des  rémiges  à  partir  de 
leur  base;  celles  qui  bordent  le  contour  de  l'aile  marquées 
d'un  vert  noirâtre  ;  rectrices  brun  noirâtre,  traversées  par 
des  bandes  blanches.  Bec  très-long,  plus  haut  que  large, 
comprimé  au  centre  et  dilaté  vers  le  bout,  qui  en  est  obtus. 
Cette  partie  en  est  réticulée ,  et  offre,  en  cela ,  beaucoup 
d'analogie  au  bec  des  Bécassines;  il  est  sillonné  le  long  de 
la  mandibule  supérieure.  Tarses  aussi  longs  que  dans  la 
Barge  rousse,  avec  laquelle  cet  oiseau  a  beaucoup  de  res- 
semblance quant  au  port  et  au  plumage.  Doigts  :  médian 
plus  long  que  dans  celle-ci;  palmés  à  leur  base,  et  cette 
palme  un  peu  plus  étendue  sur  la  partie  externe.  —  Ailes 
longues,  atteignant  presque  l'extrémité  de  la  queue,  à  pre- 


TRAVAUX   INÉDITS.  207 

mière  et  seconde  rémiges  les  plus  longues,  les  scapulaires 
descendant  très-loin,  ne  laissant  que  8  millimètres  de  dis- 
tance jusqu'au  bout  :  queue  moyenne,  presque  carrée. 

Long,  tôt.,  0,38  cent.;  du  bec,  0,086;  de  l'aile  fermée, 
0,172;  de  la  queue,  7;  du  tarse,  5;  du  doigt  médian  sous 
l'ongle,  3. 

Nous  dédions  cette  intéressante  espèce  à  notre  ami  et 
savant  collègue,  M.Tacksanowski,  attaché  au  musée  d'his- 
toire naturelle  de  Varsovie,  comme  un  témoignage  de 
reconnaissance,  non-seulement  pour  l'amitié  qui  nous  lie, 
mais  encore  pour  la  part  active  qu'il  prend  à  tout  ce  qui 
se  rattache  à  l'étude  de  l'histoire  naturelle,  et  principale- 
ment à  l'ornithologie;  aussi  nous  empressons-nous  de 
relater  ici  les  détails  qu'il  nous  communique  sur  cet 
Oiseau. 

<c  II  vient,  dit-il,  de  la  Daourie,  partie  orientale  de  la 
Sibérie,  située  de  l'autre  côté  de  la  chaîne  des  montagnes 
Jabtonne,  et  qui  touche  par  sa  limite  méridionale  au  Pays 
d'Amour  :  ce  dernier  est  moitié  montagneux,  moitié  step- 
pes; il  est  très-différent  de  toute  la  Sibérie  en  fait  de  ses 
productions ,  aussi  la  flore  en  est-elle  toute  particulière. 
Au  reste,  le  pays  est  très- bien  décrit  par  Gmelin  aîné, 
Pallas,  ainsi  que  les  divers  auteurs  qui  l'ont  visité.  Un  de 
mes  amis ,  comme  moi  attaché  au  musée  de  Varsovie,  et 
qui  a  passé  dix-neuf  ans  dans  le  pays,  a  tué  cette  espèce; 
il  m'assure  qu'elle  fréquente  les  prairies  qui  bordent  les 
eaux,  là  où  il  y  a  de  la  verdure ,  mais  qu'elle  ne  s'y  cache 
jamais.  Le  mâle  ne  diffère  en  rien  de  la  femelle  en  ce  qui 
concerne  la  coloration  de  son  plumage  ;  la  seule  différence 
qui  soit  particulière  au  premier  est  l'extrême  dilatation 
du  cou,  comme  cela  s'observe  dans  l'Outarde.  Elle  se  nour- 
rit de  vermisseaux  et  de  petits  mollusques  fluviatiles.  » 


208      REV.   ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.    (Mai  1860.) 

Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie, 
par  A.  Chevrolat  (1). 
41.  Julodis  chrysœsthes,  alata,  brevis,  chrysea,  crebre  punctulata, 
retis  aeneis,  laevibus,  saepe  punctatis  ornata;  capite  postice  rugato, 
costula  média  ;  clypeo  anguloseproducto,  acuto;  thorace  tricostato; 
costa  média  elc-Qgata,  duabus  basalibus  brevibus,  externe  foveatis; 
in  singulo  elytro  seriebus  4"  foveolarum  oblongarum  intus  aureis, 
crebre  punctatis,  costa  submarginali  hinc  inde  nervosa;  corpore 
infra  lanugine  flava  pedibusque  crebre  punctatis  ,  viridi-aeneis.  — 
L.,  27;  L,  12  1/2  m. 

Cette  espèce  viendra  se  placer  près  du  /.  speculifer  et 
proxima,  Gy.,  Lap.;  courte,  large,  subcylindrique,  do- 
rée, couverte  d'un  pointillé  serré  et  rehaussé  de  fortes 
nervures  et  de  réseaux  bronzés  ,  polis  et  quelque  peu 
ponctués.  Tête  arrondie,  déprimée  en  avant,  chargée,  sur 
le  vertex,  de  rides  longitudinales  et  au  milieu  d'autres 
illégales  et  dont  la  centrale  est  allongée.  Chaperon  étroit, 
anguleux  et  avancé  en  pointe.  Antennes  un  peu  plus  lon- 
gues que  le  corselet,  à  articles  triangulaires  et  serrés,  d'un 
blanc  sale,  avec  la  hanche  supérieure  noirâtre.  Yeux  d'un 
blanc-verdâtre  étroitement  cerclé  de  noir.  Corselet  trans- 
verse, droit,  déprimé  en  avant,  un  peu  avancé  vers  les 
angles  antérieurs  qui,  sur  ce  bord  et  aussi  sur  le  côté, 
sont  excavés  et  remplis  d'une  poussière  jaune  ;  la  base  est 
fortement  sinueuse  et  s'arrondit  carrément  sur  les  élytres; 
les  côtés  sont  modérément  arrondis  et  un  peu  plus  étroits 
en  avant  ;  leur  fond  est  doré,  finement  pointillé  ;  de  fortes 
nervures,  quelque  peu  ponctuées,  glabres  et  bronzées  en 
ressortent,  ainsi  que  3  côtes  :  première  médiane  allongée, 
2e  et  3e  basales,  excavées  en  dehors.  Élytres  un  peu  plus 
larges  que  le  corselet,  2  fois  3/4  aussi  longues,  un  peu 
élargies  au-dessous  des  genoux  postérieurs,  offrant  cha- 
cune quatre  séries  de  taches  arrondies  ou  oblongues, 
ayant  leur  fond  doré  et  finement  ponctué,  de  plus  une 
côte  près  de  la  marge  quelque  peu  ramifiée;  rehaussées 

(1)  Voir  la  Rev.  et  mag.  zoologique,  1859,  p.  298  à  304 ,  380  à 
389  ;  1860,  p.  75  à  82 ,  182  à  137. 


TRAVAUX    INKDITS.  .    209 

d'un  réseau  quelque  peu  ponctué  et  transverse.  Corps,  en 
dessous,  bronzé,  à  légère  pubescence  jaune,  grossière- 
ment réticulé  sur  le  corselet,  grossièrement  ponctué  sur 
la  poitrine ,  grossièrement  tuberculeux  sur  l'abdomen, 
à  segments  glabres  sur  leurs  bords  postérieurs;  bords  la- 
téraux finement  pointillés.  Pattes  à  ponctuation  profonde 
et  rapprochée,  d'un  vert  foncé.  Tarses  couverts  d'un  poil 
blanchâtre  un  peu  plus  épais. 

Cette  belle  espèce  est  propre  au  Sahara  algérien 
oriental,  et  m'a  été  donnée  par  M.  Laurent  Degousée. 
42.  Julodis  chalcosligma.  —  iEueo-obscuro-metallica,  albo-vilJosa  ; 
capite  cupreo,  minute  tuberculato;  tuberculis  elongatis,  costula 
ceutrali  bifida  iulus  strigosa  ;  thorace  longe  piloso,  retis  aliquot 
dorsalibus  interruptis,  glabris  et  cupreis;  in  singulo  elytro  serie- 
bus  quinque  (  marginali  parva  )  foveolarum  elongatarum,  intus 
aereo-cupreis,  alboque  villosis;  abdomine  cupreo  micanti,  minute 
punctato,  plagis  glabris  et  melallicis  undique  teeto;  pectore,  pedi- 
bus  albo-villosis.  —  L.,  23;  1.,  10. 

D'un  bronzé  obscur  un  peu  brillant,  revêtu  d'une  lon- 
gue villosité  blanche.  Tête  cuivreuse,  marquée  de  petites 
rides  longitudinales  presque  en  forme  de  tubercules.  Au 
centre  existe  une  côte  bifide  ridée  à  l'intérieur.  Antennes 
ayant  les  4  premiers  articles  d'un  métallique  noirâtre, 
suivants  assez  épais,  resserrés,  dentés,  de  couleur  de 
boue  et  n'offrant  qu'une  bordure  supérieure  métallique. 
Yeux  d'un  brun  clair.  Corselet  cuivreux,  longuement  pu- 
bescent,  présentant  sur  le  milieu  du  disque  quelques  ner- 
vures lisses,  plus  brillantes,  une  longitudinale  au  milieu 
plus  forte,  et  d'autres  arrondies  ou  brusquement  inter- 
rompues. Elytres  un  peu  plus  larges  que  le  corselet, 
3  fois  1/2  aussi  longues,  régulièrement  ovalaires,  d'un 
bronzé  obscur,  à  points  presque  disposés  en  lignes,  or- 
nées chacune  de  cinq  séries  de  fossettes  allongées,  cui- 
vreuses et  finement  pointillées  au  fond  et  remplies,  la  plu- 
part surtout,  vers  les  côtés  et  l'extrémité,  d'un  duvet  co- 
tonneux blanc;  la  série  marginale  est  interrompue  à  la 
base  et  formée  de  petites  taches.  Pattes,  poitrine  et  bord 
2'  skrie.  t.  m.  Année  1860.  14 


210      REV.  ET  MACx.    DE   ZOOLOGIE.  (Mai  18G0.) 

latéral  de  Yabdomen  revêtus  de  poils  blancs;  le  dernier  est 
d'un  cuivreux  métallique  brillant,  glabre  en  partie.  Cha- 
cun des  segments  présente  une  plaque  latérale  assez  po- 
lie, assez  grande,  et  le  5e  est  fortement  déprimé  sur  la 
longueur  ;  toutes  sont  précédées  d'un  point  blanc.  Ces 
segments  ont,  en  outre,  d'autres  élévations  irrégulières, 
glabres  et  polies,  et  les  intervalles  sont  cuivreux  et  fine- 
ment ponctués.  P 

Cette  espèce  devra  se  placer  près  du  J.Onopordi,  Linné 
(Sommeri,  Kust.)  ;  elle  m'a  été  adressée  par  M.  Lejeune 
comme  ayant  été  trouvée  à  Lalla  Maghrnia  (Maroc). 

43.  Anthicus  OEdipus  punctatus,  niger,  nitidus;  thorace  elongato,  la- 
teribus  anticis  rotunde  ampliato;  elytris  pube  tenui  ciuerca  ves- 
titis;  tibiis  melleis,  tarsis  fuscis.  —  L.,  3;  1.,  1  1/3  m. 

Noir,  densément  ponctué.  Tête  large,  arrondie,  con- 
vexe, tronquée  en  arrière.  Col  mince.  Corselet  une  fois 
et  demie  aussi  long  que  large,  arrondi  et  élargi  sur  le 
bord  antérieur,  rétréci  au  delà,  droit  sur  la  base.  Ecusson 
semi-arrondi.  Elytres  trois  fois  aussi  larges  que  le  corselet 
à  la  base,  quatre  fois  aussi  longues,  arrondies  rectangu- 
lairement  sur  l'épaule,  allant  en  s'amincissant  à  partir 
des  hanches  postérieures  jusqu'au  sommet,  couvertes  d'une 
légère  pubescence  grise.  Jambes  d'un  jaune  miel,  posté- 
rieures renflées,  arquées,  évasées  en  dedans  avec  un  an- 
gle au  sommet  de  l'échancrure.  Tarses  brunâtres. 

Femelle  inconnue.  Le  mâle  de  cette  intéressante  espèce 
m'a  été  envoyé  par  M.  J.  Poupillier,  qui  l'a  trouvé  dans 
la  saison  d'hiver,  en  février,  aux  environs  d'Alger. 

44.  Anthonomus  Juniperi  alatus,  cervinus,  pube  tenue  prostrata 
grisea  tectus;  rostro  cyliadrico,  modice  arcuato ,  nitido;  oculis 
nigris  albo  cinctis;  thorace  triangulari  couvexo  ;  elytrorum  fascia 
abbreviata  média  alba,  fusco  limbata,  postice  angulata,  striis  obso- 
letis.  —  L.,  3;  1.,  1  1/4  m. 

Ailé,  testacé,  revêtu  d'une  légère  pubescence  d'un  gris 
blanchâtre  qui  est  abaissée  et  plus  épaisse  sur  la  tête  et 
sur  le  corps  en  dessous.  Rostre  de  la  longueur  de  la  tête 
et  du  corselet  réunis,  mince,  cylindrique,  arqué,  luisant, 


TRAVAUX    INÉDITS.  211 

obscur  sur  le  sommet.  Antennes  pâles.  Tête  convexe,  ar- 
rondie, amincie  en  avant,  finement  ridée  au  milieu  et  en 
avant  des  yeux.  Ceux-ci  sont  assez  rapprochés,  ronds, 
noirs  et  entourés  d'un  poil  blanc  plus  épais  en  dessous. 
Corselet  subconique,  convexe  au-dessus,  droit  en  avant  et 
en  arrière,  ayant  les  angles  postérieurs  aplatis,  un  peu 
avancés  et  coupés  obliquement  en  dedans.  Elytres  ova- 
laires,  subparallèles  quoique  un  peu  élargies  au  delà  du 
milieu,  convexes,  arrondies,  conjointement  à  l'extrémité, 
à  stries  fines  et  minces,  marquées,  au  milieu,  d'une  bande 
blanche  assez  large,  oblique,  anguleuse  en  arrière  et  qui 
est  limitée  à  la  4e  strie  suturale.  Cuisses  antérieures  ar- 
mées, en  dedans,  de  3  épines,  et  dont  l'interne  est  la  plus 
ongue. 

Trouvé  aux  environs  d'Alger,  dans  le  courant  de  mars, 
en  battant  des  Juniperus  Phœnicœ  en  fleurs,  par  M.  J. 
Poupillier. 

45.  JEraphilus  nasutus,  aflinis  videtur  JE.  elongato,  Ghl.,  et  flli- 
formi,  Rhr.,  sed  latior,  minus  elongatus,  paruin  convexus,  alatus, 
subdeprcssus  ;  fuscus ,  setis  parvis  griseis,  tectus;  capite  valde 
protenso,  angulato,  conico,  piano,  lateribus  rcflexo ,  rugis  elon- 
gatis;  thorace  asperato,  setuloso,  ovali,  antice  posticeque  recto, 
lateribus  rotundato,  serrato;  elytris  pilosulis,  oblongis,  raulti- 
costatis,  transverse  rugatis  ;  antennis  versus  apicem  subelevatis, 
art.  ultimo  piriformi,  fulvo;  pedibusque  brunneis.  —  L.,  3;  1., 
1/2  m. 

Intermédiaire  entre  les  JE.  elongatus  etfiliformis,  plus 
large,  moins  allongé,  plus  régulièrement  arrondi  et  mo- 
dérément convexe;  brun,  rugueux  et  hérissé  de  petites  soies 
grises.  Tête  prolongée  en  pointe  brusque,  plane,  dépri- 
mée et  relevée  ensuite  sur  les  côtés,  scabreuse  avec  des 
plis  longitudinaux  sétifères.  Antennes  grossissant  un  peu 
vers  le  sommet;  dernier  article  piriforme  plus  pâle.  Cor- 
selet ovalaire,  coupé  droit  aux  extrémités,  régulièrement 
arrondi  vers  le  milieu  latéral  et  offrant,  sur  son  bord,  de 
fines  dents  dues  à  l'agglomération  de  petits  tubercules 
dont  est  chargée  sa  surface.  Elytres  oblongues,  marquées 


212      REV.    ET   MACr.    DE   ZOOLOGIE.  (J/fl/18G0.) 

de  petites  côtes  bien  séparées,  lesquelles  sont  traversées 
de  nervures.  Tarses  pâles. 

Cette  espèce  a  été  prise  dans  la  saison  d'hiver,  aux  en- 
virons d'Alger,  et  m'a  été  envoyée  par  MM.  Poupillier  et 
Prophette. 

[La  suite  prochainement.) 

Échinides  nouveaux  ou  peu  connus,  par  M.  G.  Cotteau. 

3e  article. 

13.  Hemicidaris  pulchella,  Cot;,  1860  (pi.  xii,  fig.  1,  4).  — 

Haut.,  7  mill.;  diam.,  13  mill. 

Espèce  de  petite  taille  ,  circulaire  ,  renflée  en  dessus, 
plane  en  dessous.  Interambulacres  larges,  garnis  de  deux 
rangées  de  tubercules  principaux ,  très-gros  à  la  face  su- 
périeure et  vers  l'ambitus,  presque  nuls  près  du  sommet, 
diminuant  insensiblement  de  volume  aux  approches  de 
la  bouche.  Ces  tubercules,  au  nombre  de  cinq  par  série, 
ont  le  mamelon  perforé  et  à  la  base  quelques  traces  de 
crénelures.  Les  plus  gros  sont  espacés,  entourés  d'un  scro- 
bicule  distinct  et  d'un  cercle  très-régulier  de  granules 
mamelonnés;  l'espace  intermédiaire  est  occupé  par  d'au- 
tres granules  plus  fins ,  homogènes ,  épars.  Ambulacres 
très-flexueux,  étroits  au  sommet,  s'élargissant  un  peu  vers 
l'ambitus,  garnis,  à  la  base,  de  deux  rangées  de  petits  tu- 
bercules perforés  et  à  peine  crénelés ,  au  nombre  de  cinq 
à  six  par  série,  et  qui,  à  la  face  supérieure,  diminuent 
brusquement  de  volume  et  cessent  d'être  perforés,  sans 
cependant  se  confondre  avec  les  granules  qui  les  accom- 
pagnent. Pores  simples ,  se  dédoublant  un  peu  vers  la 
bouche.  Appareil  apicial ,  subcirculaire  ,  solide,  saillant, 
granuleux;  plaques  génitales  largement  développées;  pla- 
ques ocellaires  étroites,  subtriangulaires,  les  unes  et  les 
autres  visiblement  perforées.  Péristome  grand,  circulaire, 
médiocrement  entaillé,  relevé  sur  les  bords,  s'ouvrant  à 
fleur  de  test. 

Rapports  et  différences.  —  V Hemicidaris  pulchella,  re- 


TRAVAUX    INÉDITS.  213 

marquable  par  sa  petite  taille,  ses  ambulacres  très-flexueux 
et  sa  face  supérieure  dégarnie  de  gros  tubercules,  offre, 
au  premier  aspect,  beaucoup  de  ressemblance  avec  YHemi- 
pedina  minor  que  nous  décrivons  plus  loin  ;  mais  il  s'en 
distingue  par  ses  ambulacres  plus  étroits  et  plus  flexueux, 
par  ses  granules  moins  nombreux,  moins  serrés  et  moins 
homogènes,  et  surtout  par  ses  tubercules  crénelés.  Il  se 
rapproche  également  des  Ilemicidaris  Sarihacensis  de  la 
grande  volite  et  Meryaca  du  Coral-rag  ;  il  diffère  cepen- 
dant du  premier  par  ses  ambulacres  plus  étroits  et  plus 
flexueux,  ses  tubercules  beaucoup  moins  fortement  créne- 
lés et  ses  granules  interambulacraires  plus  rares.  Quant  à 
YHemicidaris  Meryaca,  il  sera  toujours  facilement  recon- 
naissable  à  ses  tubercules  plus  serrés  et  plus  nombreux, 
à  ses  ambulacres  très-étroits  près  du  sommet  et  garnis,  à 
la  base,  de  tubercules  relativement  très-développés. 

Loc.  —  Valfin  (Jura).  Rare.  Coral-rag.  Coll.  Guiraud. 

ExjjL  des  fig.  — PI.  xn,  fig.  1,  Hemicidaris  pulchella, 
vu  de  côté;  fig.  2,  le  même  vu  sur  la  face  sup,;  fig.  3,  le 
même  vu  sur  la  face  inf.  ;  fig.  4,  ambulacre  et  interambu- 
lacre  grossis. 

14.  Cidaris  Martini,  Cot.,  1860  (pi.  xn,  fig.  5). 

Radiole  grêle,  très-long,  cylindrique,  marqué  de  gra- 
nules allongés,  serrés,  le  plus  souvent  épars,  quelquefois 
disposés,  notamment  vers  le  sommet  du  radiole,  en  séries 
régulières,  s'atténuant  et  disparaissant  aux  approches  de 
la  collerette.  Ces  granules,  comme  l'espace  qui  les  sépare, 
sont  partout  recouverts  de  stries  fines,  longitudinales,  vi- 
sibles seulement  &  la  loupe.  Collerette  distincte,  médiocre- 
ment développée,  un  peu  étranglée,  séparée  du  corps  du 
radiole  par  un  petit  bourrelet  oblique,  et  garnie  également 
de  stries  fines  et  longitudinales.  Bouton  plus  gros  que  la 
collerette;  anneau  saillant,  finement  strié;  facette  articu- 
laire fortement  crénelée. 

Rapports  et  différences.  —  Celte  espèce  a  quelques  rap- 
ports avec  les  radioles  de  notre  Rhabdocidaris  Moraldina 


214      REV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.   (Mai  1860.) 

du  lias  moyen  d'Avallon,  mais  elle  s'en  distingue  par  des 
granules  plus  nombreux,  plus  serrés  et  affectant  une 
forme  et  une  disposition  toutes  différentes. — L'aspect  grêle 
et  aciculé  de  ce  radiole  aurait  pu  faire  penser  qu'il  appar- 
tient à  l'une  des  espèces  d'Hemipedina  qu'on  rencontre  au 
même  horizon ,  mais  les  ornements  qui  le  recouvrent  et 
surtout  les  fortes  crénelures  de  sa  facette  articulaire  s'op- 
posent à  ce  rapprochement  et  le  placent  certainement 
parmi  les  Cidaris.  C'est  la  première  fois  que  ce  genre  est 
signalé  dans  les  assises  inférieures  du  lias. 

Loc.  —  Semur  (Côte-d'Or).  Très-rare.  Étage  sinému- 
rien,  zone  à  Ammonites  Burgundiœ.  Coll.  Martin. 

Expl.  des  fig. —  PI.  xn,  fig.  5,  radiole  du  Cidaris  Mar- 
tini. 
15.  Cidaris  Schmidlini,  Desor,  1855  (pi.  xn,  fig.  6,7).  — 

Cidaris  Schmidlini,  Des.,  Synopsis  des  Ech.  foss.y  p.  29, 

pi.  iv,  fig.  4,  1854. 

Radiole  assez  gros ,  renflé ,  glandiforme  ,  arrondi  au 
sommet,  garni,  sur  toute  sa  surface,  de  granules  inégaux, 
aplatis  et  épars,  présentant  cependant  souvent,  aux  appro- 
ches du  bouton,  une  disposition  linéaire  très-prononcée. 
Ces  granules  servent  de  centre  à  de  petites  côtes  subondu- 
leuses  qui  s'unissent  transversalement  les  unes  aux  autres, 
et  sont,  en  outre,  partout  marqués  de  stries  longitudinales 
fines,  serrées,  régulières,  visibles  seulement  à  la  loupe. 
Collerette  tout  à  fait  nulle.  Bouton  court,  épais;  anneau 
saillant,  garni  de  sillons  très-prononcés;  facette  articu- 
laire lisse  ou  à  peine  crénelée. 

Rapports  et  différences.  —  M.  Desor,  qui  le  premier  a 
signalé  cette  espèce,  l'a  figurée  dans  le  Synopsis,  mais  les 
ornements  si  curieux  et  si  compliqués  qui  la  recouvrent 
lui  ont  échappé.  Ayant  à  notre  disposition,  grâce  à  l'obli- 
geance de  M.  Jaubert,  des  échantillons  parfaitement  con- 
servés, nous  avons  jugé  utile  d'en  donner  de  nouveau  la 
description  et  la  figure.  —  Nous  connaissons  déjà,  parmi 
les  radioles  glandiformes,  une  espèce  appartenant  à  ce 


TRAVAUX   INÉDITS.  215 

type  :  c'est  le  Cidaris  Roissyi,  Desor,  si  remarquable  par 
les  côtes  rayonnantes  qui  entourent  chacun  de  ses  granu- 
les; mais  les  deux  espèces,  bien  qu'on  les  rencontre  à  peu 
près  au  même  horizon,  sont  très-distinctes,  et  le  Cidaris 
Schmidlini  sera  toujours  reconnaissable  à  ses  granules  plus 
irrégulièrement  disposés  et  entourés  de  petites  côtes  hori- 
zontales et  onduleuses ,  aux  stries  fines  et  longitudinales 
qui  les  recouvrent,  à  l'absence  complète  de  collerette  et  à 
la  structure  toute  différente  du  bouton. 

Loc.  Le  Puget  (Var).  Oolithe  inférieure.  Vésulien  de 
Frickthal  (Argovie).  Abondant.  Coll.  Jaubert,  Schmidlin,  ma 
collection. 

ExpL  des  fig. — PI.  xn,  fig.  6,  radiole  du  Cidaris  Schmid- 
lini, fig.  7,  granules  grossis. 

16.  Cidaris 'Guirandi,  Cot.,  1860,  pi.  v,  fig.  8. 

Radiole  épais,  court,  trapu,  cylindrique,  subglandi- 
forme,  étroit  à  la  base,  évasé  au  sommet,  garni  de  stries 
longitudinales  nombreuses,  fines,  régulières,  apparentes 
sans  le  secours  de  la  loupe.  Les  stries  longitudinales  abou- 
tissent jusqu'au  bouton,  aussi  la  collerette  est-elle  tout  à 
fait  nulle.  Bouton  court,  relativement  peu  développé; 
anneau  saillant,  fortement  strié  ;  facette  articulaire  cré- 
nelée. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce  appartient  à  la 
division  des  radioles  glandiformes;  son  aspect  général  la 
rapproche  un  peu  de  certaines  variétés  des  Cidaris  ovifera 
et  piriformis,  mais  elle  s'en  distingue  par  sa  forme  plus 
courte  et  plus  épaisse,  les  stries  fines  et  longitudinales  qui 
garnissent  la  tige,  la  collerette  nulle,  le  bouton  relative- 
ment petit  et  cependant  surmonté  d'un  anneau  très-sail- 
lant. Elle  offre  également  quelque  ressemblance  avec  le 
Cidaris  conoidea,  Quenstedt,  duCoral-rag  de  Nicolsburgen 
Moravie.  Cependant  cette  dernière  espèce  me  paraît  con- 
stituer un  type  à  part  que  caractérisent  sa  forme  conoïde 
brusquement  tronquée  au  sommet  et  son  bouton  excessi- 
vement petit. 


216      REV.    ET  MAG.    DE    ZOOLOGIE.    [Mai  1860.) 

Loc.  —  Valfin  (Jura).  Coral-rag  inf.  Rare.  Coll.  Guirand, 
ma  collection. 

Expl.  des  fig. —  PI.  xii,  fig.  8,  radiole  Cidaris  Guirandi. 
17.  Pseudopedina  Babeaui,  Cot.,  1860  (pi.  xii,  fig.  9,  10). 
—  Haut.,  13mill.;  diam.,  29mill. 

Espèce  de  taille  moyenne,  subcirculaire,  légèrement  pen- 
tagonale,  un  peu  renflée  en  dessus,  presque  plane  en  des- 
sous. Test  fragile ,  peu  épais.  Interambulacres  garnis  de 
deux  rangées  de  tubercules  principaux  saillants,  perforés 
et  non  crénelés,  au  nombre  de  huit  à  neuf  par  série,  espa- 
cés et  médiocrement  développés  à  la  face  supérieure,  plus 
petits  et  plus  serrés  aux  approches  de  la  bouche.  Tuber- 
cules secondaires,  beaucoup  moins  gros  que  les  tuber- 
cules principaux,  encore  plus  espacés,  sensiblement  alter- 
nes, formant,  au  milieu  des  interambulacres,  deux  rangées 
apparentes,  surtout  vers  l'ambitus,  et  qui  disparaissent  à  la 
face  supérieure.  Granules  intermédiaires  peu  abondants, 
inégaux ,  épars,  parfois  mamelonnés ,  se  confondant ,  aux 
approches  de  la  bouche,  avec  quelques  petits  tubercules 
secondaires  placés  sur  le  bord  des  zones  porifères.  Ambu- 
lacres  étroits  près  du  sommet,  s' élargissant  un  peu  à  l'am- 
bitus, garnis  de  deux  rangées  de  tubercules  très-espaces, 
alternes,  plus  petits  que  les  tubercules  principaux,  et  plus 
gros  cependant  que  les  tubercules  secondaires  qui  occu- 
pent le  milieu  des  interambulacres.  Zones  porifères  com- 
posées de  pores  rangés  par  triples  paires  fortement  obli- 
ques vers  l'ambitus  et  à  la  face  inférieure,  mais  qui  se 
redressent  d'une  manière  sensible  en  se  rapprochant  du 
sommet.  Appareil  apicial  pentagonal.  Péristome  assez 
grand,  décagonal,  marqué  d'entailles  profondes,  s'ouvrant 
à  fleur  du  test.  Radioles  inconnus. 

Rapports  et  différences.  —  Par  sa  taille  et  la  disposition 
de  ses  tubercules  cette  espèce  se  rapproche  de  notre  Pseu- 
dopedina Nodoti;  elle  s'en  distingue  bien  nettement  par  la 
petitesse  de  ses  tubercules  secondaires;  ce  même  carac- 
tère sert  également  à  la  distinguer  du  Pseudopedina  Smithii 


TRAVAUX     INÉDITS.  217 

(Pedina  Forbes),  figuré  par  M.  Wright  dans  sa  Monogra- 
phie des  Échinides  oolithiques  d'Angleterre  (pi.  lin,  fig. 2). 

Le  genre  Pseudopedina,  lorsque  nous  l'avons  établi,  ne 
renfermait  que  deux  espèces;  aujourd'hui  nous  en  con- 
naissons cinq  :  les  Pseudopedina  Nodoti  et  Divionensis  de 
la  Côte-d'Or,  l'espèce  que  nous  venons  de  décrire,  et  deux 
autres  d'Angleterre  ,  les  Pseudopedina  Smilhii  et  Bakeri. 
Cette  dernière  espèce  avait  été  placée  par  M.  Wright  dans 
les  Hemipedina;  mais,  depuis,  l'auteur  ayant  eu  à  sa  dispo- 
sition des  échantillons  beaucoup  plus  gros  et  mieux  con- 
servés, a  reconnu  que  ses  pores  ambulacraires  étaient  tri- 
géminés  comme  ceux  des  Pédines;  elle  appartient  dès  lors, 
au  genre  Pseudopedina.  Ces  cinq  espèces  sont  propres  à  la 
grande  oolithe,  et  bien  qu'elles  présentent  des  caractères 
distincts,  toutes  sont  remarquables  par  l'identité  de  leur 
physionomie  et  confirment  pleinement  la  valeur  d'un  genre 
voisin,  il  est  vrai,  des  Pédines,  mais  qui  s'en  distingue  cer- 
tainement par  la  grandeur  de  son  ouverture  buccale,  le 
développement  et  la  disposition  de  ses  tubercules. 

Loc.  —  Mandres  (Haute-Marne).  Partie  inférieure  de 
l'étage  bathonien.  Très-rare.  Collection  Babeau. 

Exp.  des  fig. — PI.  xn,  fig.  9,  Pseudopedina  Babcauif  vu 
de  côté  ;  fig.  10,  le  même  vu  sur  la  face  sup. 
18.  Rhabdocidaris  crassissima,  Cot.,  1860  (pi.  xm,  fig.  1). 

Modèle  en  plâtre,  C.  7. 

Radiole  de  grande  taille,  cylindrique,  très-épais,  clavi- 
forme,  arrondi  au  sommet,  orné,  sur  toute  sa  surface,  de 
granules  nombreux,  inégaux,  tantôt  épars,  tantôt  disposés 
en  séries  longitudinales  assez  régulières.  A  la  base  du 
radiole,  quelques-uns  de  ces  granules  se  changent  en 
épines  très-grosses,  inégales,  allongées,  subtriangulaires. 

Rapports  et  différences.  —  Par  les  ornements  qui  la  re- 
couvrent, cette  espèce  rappelle  le  Rhabdocidaris  copeoides; 
mais  elle  en  diffère  par  son  épaisseur  énorme ,  sa  tige  cy- 
lindrique, claviforme,  arrondie  au  sommet.  Nous  avons  eu 
sous  les  yeux  plusieurs  centaines  de  radiolcs  appartenant 


218      REV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (Mai  1860.) 

au  Rhabdocidaris  copeoides,  et  parmi  les  nombreuses  va- 
riétés de  cette  espèce  nous  n'en  avons  trouvé  aucune 
qu'on  puisse  rapprocher  du  Rhabdocidaris  qui  nous 
occupe. 

Loc.  —  Environs  de  Lons-le-Saulnier  (Jura),  Tramayes 
(Saône-et-Loire).  Étage  bajocien.  Rare.  Coll.  du  frère  Ogé- 
rien,  ma  collection. 

Expl.  des  f,g.  —  PI.  xm,  fig.  1,  radiole  Rhabdocidaris 
crassissima. 

19.  Hemipedina  Ferryi,  Cot.,  1860  (pi.  vi,  fig.  2,  5). 
Haut.,  6  mill.;  diam.,  12  mill.  1/2. 

Espèce  de  petite  taille,  circulaire,  très-légèrement  renflée 
en  dessus,  presque  plane  en  dessous.  Interambulacres 
garnis  de  deux  rangées  de  tubercules  perforés  et  non  cré- 
nelés, au  nombre  de  six  à  sept  par  série,  scrobiculés  et 
largement  développés  à  la  face  supérieure,  beaucoup  moins 
gros  et  plus  serrés  en  se  rapprochant  du  péristome.  Quel- 
ques tubercules  secondaires  très-petits,  mais  cependant 
visiblement  mamelonnés  et  perforés  forment,  au  milieu  de 
l'interambulacre,  une  rangée  subsinueuse.  Granules  inter- 
médiaires assez  abondants,  inégaux,  se  confondant  avec 
les  plus  petits  des  tubercules  secondaires  et  disposés  en 
cercles  réguliers  autour  des  tubercules  principaux  de  la 
face  supérieure.  Ambulacres  étroits ,  garnis  de  deux  ran- 
gées de  petits  tubercules  perforés  et  non  crénelés,  s'espa- 
çant  et  diminuant  de  volume  à  la  face  supérieure.  Gra- 
nules intermédiaires  rares,  épars,  inégaux.  Pores  simples, 
formant  une  ligne  subflexueuse  et  se  multipliant  un  peu  vers 
la  bouche.  Péristome  médiocrement  développé,  subdéca- 
gonal,  marqué  de  légères  entailles ,  s'ouvrant  à  fleur  du 
test. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce  nous  paraît  se 
distinguer  de  ses  congénères  par  ses  tubercules  interam- 
bulacraires  très-gros  à  la  face  supérieure,  par  la  présence 
de  quelques  tubercules  secondaires  au  milieu  de  l'inter- 
ambulacre, et  par  la  structure  de  ses  ambulacres  qui  rap- 


TRAVAUX    INEDITS.  219 

pellent  ceux  de  YHemipedina  Guerangeri  du  Coral-rag,  de 
la  Sarthe.  C'est  un  type  de  plus  à  ajouter  aux  espèces  déjà 
si  nombreuses  et  si  variées  qui  composent  le  genre  Hcmi- 
pedina. 

Loc.  —  Mandres  (Haute-Marne).  Partie  inférieure  de 
l'étage  bathonien.  Très-rare.  Collection  Babeau. 

Eœpl.  des  fig. — PI.  xm,  fig.  2,  Hemipedina  Ferryi,  vu  de 
côté;  fig.  3,  le  même  vu  sur  la  face  sup.  ;  fig.  4,  le  même 
vu  sur  la  face  inf.  ;  fig.  5,  plaques  ambulacraires  et  inter- 
ambulacraires  grossies. 

20.  Hemipedina  minor,  Cot.,  1860  [Hemicidaris,  Ag., 
1840).  —  PL  vi,  fig.  6,  7. 

Hemicidaris  minor,  Agassiz ,  Catal.  syst.  Echin.  foss., 
p.  9,  1840.  —  Id.,  Agassiz  et  Desor,  Cat.  rais,  des  Ech. 
Ann.  se.  nat.,  3e  sér.,  t.  VI,  p.  339,  1846.  —  Acrosalenia 
rarispina,  M'  Coy,  on  some  new  mesozoic  radiata  (Ann.  of 
nat.  hist.,  2e  sér.,  vol.  II,  p.  411).  —  Hemicidaris  minor, 
Ag.,  Wright,  on  New  spec.  of  Echin.,  p.  5,  pi.  xi,  fig.  3, 
1852.  —  Acrosalenia  rarispina,  M'  Coy,  Morris,  Catal.  of 
Brit.  foss.,  2e  éd.,  p.  70,  1854.  —  Hemicidaris  minor,  Ag., 
Desor,  Synops.  des  Ech.  foss.,  p.  56,  1855.  —  Id.,  Morris, 
Catal.  of  Brit.  foss.,  2e  éd.  Add.  sp.  of  Echinod.  —  Id., 
Wright,  Monog.  Brit.  foss.  Echin.,  p.  80,  pi.  m,  fig.  5, 
1856. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  l'ensemble-  des  caractères 
de  cette  espèce  mentionnée  pour  la  première  fois  avec  une 
simple  diagnose  dans  le  catalogue  raisonné  de  MM.  Agas- 
siz et  Desor,  mais  décrite  et  figurée  depuis  avec  le  plus 
grand  soin  par  M.  Wright.  Elle  sera  toujours  facilement 
reconnaissable  à  sa  petite  taille,  à  sa  forme  hémisphérique, 
à  ses  ambulacres  flexueux  et  garnis,  à  la  base,  de  petits  tu- 
bercules qui  ne  dépassent  pas  l'ambitus,  à  ses  tubercules 
interambulacraires  fortement  mamelonnés,  scrobiculés, 
rares ,  espacés  à  la  face  supérieure  et  accompagnés  de 
granules  serrés  et  homogènes.  Si  nous  avons  fait  figuier 
cette  espèce,  c'est  afin  d'appeler  l'attention  sur  un  carac- 


220      REV.    ET    MAG.    DE  ZOOLOGIE.   (Mai  18G0.) 

tère  important  relatif  à  la  structure  des  tubercules,  et  qui  a 
échappé  jusqu'ici  à  l'observation  :  placée  dans  l'origine 
parmi  les  Hemicidaris,  elle  y  a  été  maintenue  par  tous  les 
auteurs,  et  aucun  de  ceux  qui  l'ont  étudiée  ne  semble 
douter  que  les  tubercules  ne  soient  pourvus  de  crénelures 
comme  ceux  des  véritables  Hemicidaris.  Ayant  eu  tout  ré- 
cemment à  notre  disposition  des  échantillons  parfaite- 
ment conservés,  recueillis  par  M.  Babeau  dans  les  assi- 
ses supérieures  de  la  grande  oolithe  de  Perrogney  (Haute- 
Marne),  nous  les  avons  soumis  à  un  fort  grossissement,  et 
nous  avons  acquis  la  certitude  que  tous  les  tubercules  de 
cette  espèce,  aussi  bien  que  ceux  qui  garnissent  la  base, 
que  ceux  qui  se  montrent  à  la  face  supérieure ,  sont  cer- 
tainement dépourvus  de  crénelures.  Le  mamelon,  très-dé- 
veloppé,  repose  sur  une  base  relativement  étroite,  mais 
que  nous  croyons  parfaitement  lisse.  Cette  opinion  est 
contraire  à  celle  de  M.  Wright,  qui  considère  les  tuber- 
cules de  cette  espèce  comme  légèrement  crénelés,  faintly 
marked   crenulations  (1).  Ne  serait -il  pas  possible    que 
M.  Wright  ait  pris  pour  des  traces  naturelles  de  créne- 
lures quelques-unes  de  ces  stries  accidentelles  qui  mar- 
quent parfois  le  col  des  tubercules?  Ce  qui  nous  porterait 
à  le  penser,  c'est  que,  dans  toutes  les  figures  qu'il  donne 
de  cet  Hemicidaris  dans  les  Annales  des  sciences  natu- 
relles, comme- dans  la  Monographie  des  Echinides  oolithi- 
ques,  les  tubercules  grossis,  vus  de  face  ou  de  profil,  sont 
représentés  comme  dépourvus  de  crénelures. -Pour  nous, 
cette  structure  des  tubercules  nous  a  paru  constante  dans 
tous  les  exemplaires  que  nous  avons  étudiés,  et  ne  permet 
plus  de  laisser  cette  curieuse  espèce  parmi  les  Hemicidaris , 
dont  les  tubercules  sont  toujours  crénelés  :  nous  la  plaçons 
parmi  les  Hemipédines,  tout  en  reconnaissant  qu'elle  forme 
un  type  spécial ,  remarquable  notamment  par  ses  ambu- 
lacres  flexueux ,  garnis,  à  la  base,  de  semitubercules,  et 
(1)  Monograph  of  the  lirilish  foss.  Echinod.,  p.  82. 


TRAVAUX     INEDITS.  221 

pour  lequel  il  serait  peut-être  nécessaire  d'établir  une 
<*oiipe  générique  à  part. 

Loc.  —  Langrune  (Calvados),  Perrogney  (Haute-Marne), 
Hampton  près  Bath.  Étage  bathonien.  Assez  rare.  Coll. 
Babeau,  ma  collection. 

Eœpl.  des  fig.  —PI.  xm,  fig.  6,  Hemipedina  minor  vu  de 
do  côté  ;  fig.  7,  plaque  grossie. 

21.  Pseudodiadema  Trigeri,  Cot.,  1860  (pi.  xm,  fig.  8,  10). 
Haut.,  12  mill.  ;  diam.,  30  mill. 

Espèce  de  taille  moyenne,  sensiblement  pentagonale, 
subdéprimée  à  la  face  supérieure ,  presque  plane  en  des- 
sous. Interambuîacres  garnis  de  deux  rangées  de  tuber- 
cules principaux,  saillants,  crénelés  et  perforés,  au  nom- 
bre de  neuf  ou  dix  par  série.  Scrobicules  subcirculaires, 
se  touchant  par  la  base.  Tubercules  secondaires  très-petits, 
crénelés  et  perforés ,  formant  à  la  face  inférieure,  dans 
chaque  interambulacre,  quatre  rangées  irrégulières,  deux 
sur  le  bord  des  zones  porifères  et  deux  au  milieu  des  ran- 
gées principales.  Ces  tubercules  secondaires  disparaissent 
complètement  vers  l'ambitus  et  à  la  face  supérieure,  et  sont 
remplacés  par  une  granulation  fine ,  abondante ,  serrée, 
homogène,  qui  remplit  la  zone  miliaire  et  donne  au  test 
un  aspect  chagriné.  Ambulacres  larges,  un  peu  renflés, 
garnis  de  tubercules  à  peu  près  identiques  à  ceux  des 
interambuîacres.  Seulement  ces  tubercules  au-dessus  de 
l'ambitus  diminuent  brusquement  de  volume  et  sont  ré- 
duits à  de  très-petits  mamelons  crénelés  et  perforés,  mais 
presque  microscopiques.  Quelques  tubercules  secondaires 
se  montrent  ordinairement  à  l'angle  des  plaques  de  la  face 
inférieure,  et  sont  remplacés,  aux  approches  du  sommet, 
comme  dans  les  interambuîacres,  par  des  granules  fins, 
abondants  et  homogènes.  Pores  simples,  séparés  par  un 
petit  renflement  granuliforme.  Appareil  apicial  très-déve- 
loppé,  pentagonal  à  en  juger  par  les  trous  qu'il  a  laissés. 
Péristome  grand,  décagonal,  médiocrement  entaillé,  Cou- 
vrant à  fleur  du  test. 


222     REV.  ET  MAC    DE  zoologie.  (Mai  1860.) 

Rapports  et  différences.  —  Ce  Pseudodiadème  présente 
quelque  ressemblance  avec  les  Pseudodiadema  Lucœ  et 
Rhodani,  Desor;  il  paraît-surtout  voisin  du  premier,  qu'on 
rencontre  également  dans  l'étage  aptien  ;  il  s'en  distingue 
cependant  assez  nettement,  par  sa  forme  plus  déprimée, 
plus  pentagonale ,  par  ses  tubercules  secondaires  plus 
abondants  à  la  face  inférieure ,  par  son  péristome  plus 
grand  et  marqué  d'entailles  plus  profondes,  et  surtout  par 
ses  ambulacres  garnis,  vers  le  sommet,  de  petits  tubercules 
microscopiques.  Quant  au  Pseudodiadema  Rhodani-,  qui 
caractérise,  du  reste,  un  horizon  plus  élevé,  il  sera  toujours 
facilement  reconnaissable  à  sa  forme  plus  épaisse  et  plus 
renflée ,  à  ses  tubercules  principaux  plus  nombreux  et 
moins  saillants. 

Loc.  —  La  Clape.  Rare.  Étage  aptien.  Coll.  Triger. 

Expl.  des  figures,  —  PI.  xm,  fig.  8,  Pseudodiadema  Tri- 
geriy  vu  de  côté;  fig.  9,  le  même  vu  sur  la  face  sup.; 
fig.  10,  ambulacre  grossis. 

22.  Salenia  Pellati,  Cot,  1860.  —  PL  xm,  fig.  11-14. 
Haut.,  3  mill.  1/2;  diam.,  6  mill. 

Espèce  de  très-petite  taille,  circulaire,  peu  élevée,  légè- 
rement renflée  en  dessus,  presque  plane  en  dessous.  Inter- 
ambulacres  larges,  garnis  de  deux  rangées  de  tubercules, 
au  nombre  de  quatre  à  cinq  par  série,  fortement  crénelés 
et  surmontés  d'un  mamelon  saillant  et  imperforé.  Ces  tu- 
bercules sont  très-inégaux  ;  un  ou  deux  seulement  par 
série,  placés  au-dessus  de  l'ambitus,  sont  largement  dé- 
veloppés. Granules  peu  abondants,  inégaux,  épars,  quel- 
quefois mamelonnés,  formant  au  milieu  de  l'interambu- 
lacre  une  double  ligne  subsinueuse.  Ambulacres  très- 
étroits,  non  flexueux ,  garnis  de  deux  rangées  de  petits 
granules,  au  nombre  de  onze  à  douze  par  série,  alternes, 
un  peu  espacés  et  accompagnés  de  quelques  verrues  inter- 
médiaires. Pores  simples,  s'ouvrant  à  la  base  d'un  petit 
renflement  granuliforme.  Appareil  apicial,  relativement 
très- étendu,  composé,  comme  dans  toutes  les  Salénies,  de 


TRAVAUX   INÉDITS.  223 

cinq  plaques  génitales  et  de  cinq  plaques  ocellaires  per- 
forées et  d'une  plaque  sous-anale  imperforée;  ces  plaques 
sont  marquées  de  sillons  nombreux  et  rayonnants  qui  leur 
donnent  un  aspect  digité  très- remarquable.  Anus  excen- 
trique en  avant,  triangulaire,  légèrement  renflé  sur  les 
bords.  Péristome  déprimé,  un  peu  moins  grand  que  l'ap- 
pareil apicial,  subdécagonal,  assez  fortement  entaillé. 

Rapports  et  différences.  — *  Cette  Salénie  se  rapproche  de 
quelques-unes  des  espèces  qu'on  rencontre  dans  le  terrain 
crétacé,  et  notamment  du  Salenia  scutigera;  elle  s'en  distin- 
gue cependant  par  sa  taille  plus  petite ,  ses  tubercules 
ambulacraires  plus  saillants,  son  disque  apicial  plus  large 
et  marqué  de  sillons  plus  apparents  et  plus  allongés,  son 
péristome  relativement  plus  grand.  Sa  petite  taille  lui 
donne,  au  premier  aspect,  quelque  ressemblance  avec  le 
Salenia  minima  de  la  craie  supérieure  de  Maestricht  et  de 
Ciply;  cependant  cette  dernière  espèce  est  plus  renflée, 
ses  tubercules  sont  moins  saillants,  son  disque  apicial 
presque  lisse  et  son  péristome  moins  ample. 

La  présence  d'une  Salénie  dans  des  couches  tertiaires 
parfaitement  caractérisées  est  un  fait  d'une  grande  impor- 
tance au  point  de  vue  zoologique.  La  famille  des  Saléni- 
dées,  si  remarquable  par  la  structure  de  son  appareil  api- 
cial et  l'excentricité  de  son  anus,  commence  à  se  montrer 
avec  le  terrain  jurassique  ;  elle  y  est  représentée  par  deux 
genres  à  tubercules  perforés ,  les  Àcrosalenia  et  les  Pseu- 
dosalenia.Eïïe  atteint  un  grand  développement  dans  le  ter- 
rain crétacé  et  y  compte  quatre  genres,  les  Goniophorus,  les 
Peltastesy  les  Hyposalenia  et  les  Salenia ,  tous  à  tubercules 
imperforés;  mais  elle  n'avait  offert  jusqu'ici  aucune  espèce 
dans  les  terrains  tertiaires.  La  découverte  de  la  Salénie  de 
Biarritz  modifie  nos  idées  sur  ce  point  et  nous  démontre, 
une  fois  de  plus,  combien  il  est  difficile,  dans  l'état  actuel 
de  la  science,  de  préciser  les  règles  que  la  nature  organi- 
que, à  ces  époques  reculées,  a  suivies  dans  le  développe- 
ment de  ses  types. 


224     rev.  et  mag.  de  ZOOLOGIE.  (Mai  18G0.) 

Nous  sommes  heureux  de  dédier  cet  intéressant  Echi- 
nide  à  M.  Pellat,  qui  a  recueilli  lui-même  et  nous  a  com- 
muniqué les  deux  seuls  exemplaires  que  nous  connaissons. 

Loc.  —  Biarritz  (rocher  du  Goulet)  ;  associé  au  Cidaris 
serrata,  à  YHemiaster  verticalis,  aux  Pygorhynchus  ellipsoi- 
dalis,  SopitiamiS)  etc.  Très- rare.  Terrain  nummulitique 
inf.  Coll.  Pellat. 

Expl.  des  fig.->-V\.  xm,  fig.  11,  Salenia  Pellati  vu  de 
côté;  fig.  12,  le  même  vu  sur  la  face  sup.;  fig.  13,  le  même 
vu  sur  la  face  inf.;  fig.  14,  ambulacre  et  interambulacre 
grossis. 

II.     SOCIÉTÉS     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  23  avril  1860.  —  M.  de  Quatrefages  présente 
de  Nouvelles  recherches  sur  les  maladies  actuelles  du  Ver  à 
soie. 

Nous  ne  reproduisons  pas  la  longue  analyse  de  ce  tra- 
vail qui  a  paru  aux  comptes  rendus.  Il  en  résulte  deux 
conclusions  capitales,  qui  consistent  à  recommander  les 
moyens  hygiéniques  et  à  confirmer  ce  que  nous  avons  an- 
noncé depuis  trois  ans,  alors  qu'il  était  plus  difficile  de  le 
discerner  qu'aujourd'hui,  que  l'épidémie  est  entrée  dans 
sa  période  décroissante. 

M.  F.  de  Castelnau  adresse  une  Note  sur  les  Poissons  de 
l'Afrique  australe. 

L'auteur  a  constaté  déjà  que  la  faune  ichthyologique  des 
côtes  et  des  eaux  douces  de  ce  pays  se  compose  de  157  es- 
pèces de  Poissons  osseux,  parmi  lesquelles  il  y  en  a  38 
d'eau  douce;  sur  ce  nombre,  il  pense  qu'il  y  en  a  69  qui 
n'avaient  pas  encore  été  signalées,  parmi  lesquelles  6  for- 
ment des  genres  nouveaux. 

M.  Valade-Gabel  adresse  une  Note  intitulée,  Distribu- 
tion des  insectes  en  familles  naturelles;  remarques  à  l'occa- 
sion d'une  communication  récente  de  M.  Duméril. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  225 

M.  Valade-Gabel,  neveu  et  héritier  de  notre  illustre 
maître  Latreille,  montre,  par  des  dates  certaines,  que  c'est 
en  1795  qu'il  a  commencé  à  classer  les  Insectes  suivant  un 
ordre  naturel.  Il  cite  un  passage  de  la  Zoologie  analytique 
de  M.  Duméril,  dans  lequel  ce  savant  parle,  en  1806,  des 
travaux  de  Latreille  sur  la  classification,  ce  qui  implique 
qu'ils  étaient  antérieurs  à  un  Mémoire  sur  le  même  sujet 
lu  par  M.  Duméril  à  la  Société  philomathique  en  1800. 

M.  Lartet  adresse  une  Addition  à  la  Note  sur  l'ancien- 
neté géologique  de  l'espèce  humaine  présentée  le  19  mars  1860. 

M.  Max-Schultze  adresse  un  travail  intitulé,  Sur  une 
nouvelle  espèce  d' Eponge  (Hyalonema)  prise  pour  un  Polype. 

M.  Gray  a  décrit  cette  production,  qui  provient  des 
mers  du  Japon,  sous  le  nom  de  Hyalonema  Sieboldii 
(Proceed.  Zool.  Soc,  Lond.,  1835),  et  l'a  rangée  dans  les 
Zoophytes.  M.  Brandt  a  publié  nn  travail  complet  sur  ce 
sujet  à  Saint-Pétersbourg  en  1858.  Il  distingue  plusieurs 
espèces  qu'il  considère  comme  de  nature  polypeuse  et  en 
fait  une  famille  des  Byalochactides.  M.  Schultze,  ayant  pu 
examiner  un  certain  nombre  de  ces  productions  au  musée 
de  Leyde,  s'est  assuré  que  ce  sont  des  Éponges  et  non  des 
Polypes,  et  il  propose  de  les  classer  à  côté  des  Alcyoncel- 
lum  de  Quoy  et  Gaimard. 

Séance  du  30  avril  1860.  —  M.  Duméril  lit  une  Réponse 
à  des  remarques  de  M.  Valade-Gabel  sur  la  Notice  concernant 
l'Entomologie  analytique. 

L'éminent  zoologiste  soutient  que  Latreille  n'ayant  pas 
donné  de  noms  aux  familles  qu'il  avait  établies  dans  le 
Précis  des  caractères  génériques,  publié  en  1796  ou  1797 
(an  V),  c'est  à  lui  qu'appartient  l'initiative  de  la  dénomi- 
nation de  ces  groupes  naturels  en  1799,  et  depuis  dans  la 
Zoologie  analytique. 

Nous  n'avons  pas  le  temps  de  faire  les  recherches  néces- 
saires pour  établir  l'histoire  de  cette  question;  mais  nous 
pensons  que  l'application  de  la  méthode  naturelle  à  la 
classification  des  animaux  articulés  a  été  faite  à  peu  près 

2«  8ÉRIB.  t.  xu.  Année  1860.  15 


226      REV.  ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.   (Mai  1860.) 

à  la  même  époque  par  trois  grands  zoologistes,  Cuvier, 
Latreille  et  Duméril.  Ils  étaient  tous  les  trois  sous  l'in- 
fluence des  idées  de  Jussieu,  et  il  n'est  pas  étonnant  qu'ils 
aient  songé,  chacun  de  leur  côté,  à  les  appliquer  aux  ani- 
maux dont  ils  s'occupaient.  Quel  a  été  le  premier  à  publier 
le  premier  essai  de  cette  application,  sans  oser  encore 
donner  des  noms  aux  familles?  C'est,  évidemment,  La- 
treille, ainsi  que  l'établit  M.  Duméril  dans  ses  Considéra- 
tions générales  sur  la  classe  des  Insectes  (1823),  page  259, 
quand  il  dit  de  Latreille  :  «  L'auteur  a,  le  premier,  eu  l'idée 
de  ranger  les  insectes  par  familles  auxquelles  il  n'avait 
pas  donné  de  noms,  etc.  » 

Quant  à  Cuvier,  ainsi  que  le  dit  M.  Duméril  [id.t  p.  262), 
«  il  a,  le  premier,  indiqué  un  grand  nombre  de  familles, 
4  en  considérant  les  genres  de  Linnaeus  comme  types  primi- 
tifs et  en  ayant  le  plus  grand  égard  aux  métamorphoses 
d'après  Swammerdam,  et  aux  organes  de  la  mastication  et 
de  la  déglutition  d'après  Fabricius. 

«  Dans  son  premier  ouvrage,  publié  en  l'an  VI  (1798), 
les  Crustacés,  etc.,  etc.  » 

Quant  à  M.  Duméril,  il  dit  encore  (id.,  p.  264)  :  «  J'ai 
inséré  dans  le  premier  volume  de  YÀnatomie  comparée  de 
M.  Cuvier,  en  1800,  les  premières  tentatives  que  j'ai  faites 
de  la  classification,  par  familles  naturelles,  des  genres 
d'Insectes;  etc.,  etc.  » 

M.  P.  Gratiolct  lit  une  Note  sur  l'encéphale  du  Gorille. 

Le  savant  anatomiste  rappelle  que,  dans  un  Mémoire 
sur  les  plis  cérébraux  des  Singes,  il  y  a  dix  ans,  il  avait 
déjà  établi  que  le  Gorille  est  très-inférieur  au  Chimpanzé 
et  plus  semblable  aux  Cynocéphales  qu'à  tout  autre  groupe 
de  Singes. 

Aujourd'hui,  l'étude  qu'il  vient  de  faire  d'un  cerveau  de 
Gorille,  donné  au  muséum  par  M.  le  lieutenant  de  vais- 
seau de  Sennal,  vient  confirmer  ce  qu'il  avait  établi  d'a- 
près l'examen  d'empreintes  de  la  cavité  crânienne. 

M.  Gratiolet  donne,  à  l'appui  de  ses  idées,  une  de  ces 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  227 

descriptions,  comme  il  sait  les  faire,  et  de  bons  dessins 
de  ce  cerveau,  qu'il  compare  à  celui  de  l'homme,  de  l'O- 
rang-Outang,  des  Gibbons,  etc.,  etc.,  et  il  termine  l'ex- 
trait de  ce  travail  par  ces  paroles  :  «  Or  ces  caractères 
font  du  Gorille,  malgré  sa  taille  et  sa  force,  le  dernier,  le 
plus  dégradé  de  tous  le3  Singes  anthropomorphes,  et  les 
faits  anatomiques,  éclairés  par  l'idée  féconde  des  séries  pa- 
rallèles, nous  conduisent  à  voir  en  luil'Orang  des  Cynocé- 
phales, de  même  que  le  Troglodyte  nous  semble  être  celui 
des  Macaques,  et  le  Satyrus  celui  des  Gibbons,  des  Sem- 
nopithèques  et  même  des  Guenons.  » 

M.  de  Quatrefages  présente,  au  nom  de  M.  le  maréchal 
Vaillant,  une  Note  de  M.  Porro  sur  la  maladie  des  Vers  à 
soie  en  Lombardie. 

Séance  du  1  mai  1860.  —  M.  Pasteur  y  présente  un  Mé- 
moire ayant  pour  titre,  De  l'origine  des  ferments*  wo«- 
velles  expériences  relatives  aux  générations  dites  spontanées. 

M.  Osimo  s'étonne  du  silence  gardé  par  la  commission 
des  Vers  à  soie  relativement  à  la  manière  de  reconnaître 
si  les  œufs  sont  malades  et  à  quel  degré. 

Séance  du  14  mai  1860.  —  M.  Jules  Cloquet  lit  d'inté- 
ressantes observations  sur  l'existence  d'un  calcul  salivaire 
chez  un  nouveau-né. 

Séance  du  21  mai  1860.  —  M.  Seguin  aîné  a  renfermé,  il 
y  a  dix  ans,  des  Crapauds  vivants  dans  du  plâtre,  et  il  de- 
mande à  l'Académie  si  elle  voudrait  l'autoriser  à  lui  en- 
voyer deux  de  ces  blocs  pour  les  faire  ouvrir  en  présence 
d'une  commission.  Cette  proposition  est  acceptée. 

M.  CL  Bernard  communique,  de  la  part  de  M.  Botkine, 
des  expériences  sur  les  matières  colorantes  des  globules 
du  sang  et  de  la  bile. 

M.  Eschricht,  professeur  à  l'université  de  Copenhague, 
lit  un  Mémoire  sur  les  Baleines  franche*  du  golfe  Biscayen, 

On  sait  que,  dans  le  moyen  âge,  les  Baleines  franches 
furent  très-communes  dans  l'Atlantique  septentrionale  ;  la 
pêche  de  ces  animaux,  à  l'aide  du  harpon,  a  même  pri? 


228      REV.    ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.  (Mai  1860.) 

origine  dans  le  golfe  Biscayen.  Dans  les  deux  derniers  siè- 
cles, cependant,  ce  n'est  que  très-rarement  qu'on  en  a 
trouvé  des  individus  dans  ces  parages,  et  enfin,  de  nos 
temps,  les  Baleines  franches  y  ont  paru,  soit  exterminées, 
soit  chassées,  aux  mers  boréales.  De  quelle  espèce  furent 
ces  Baleines  franches  de  l'Atlantique  septentrionale?  Cu- 
vier  et  ses  successeurs  se  sont  déclarés  en  faveur  du  Mys- 
ticetus,  mais  M.  Eschricht  s'est  persuadé  que  cette  hypo- 
thèse doit  être  erronée,  puisque  le  Mysticetus,  d'après  les 
renseignements  que  M.  Eschricht  et  M.  le  professeur  Rein- 
hardt,  de  Copenhague,  ont  reçus  des  colonies  danoises,  en 
Groenland,  sur  les  mœurs  et  les  migrations  de  cette  es- 
pèce, est  un  animal  exclusivement  boréal,  qui  ne  quitte 
et  n'a  jamais  quitté  les  mers  encombrées  de  glace.  Aux 
yeux  des  anciens  Islandais  et  des  pêcheurs  de  Baleines  des 
siècles  précédents,  en  un  mot  de  tous  ceux  qui  avaient  eu 
l'occasion  d'observer  la  Baleine  de  l'Atlantique  à  côté,  pour 
ainsi  dire,  du  Mysticetus,  elle  fut  toujours  un  animal  diffé- 
rent. Les  marins  hollandais  l'appelèrent  Nordkaper,  et, 
tout  en  opposition  de  l'hypothèse  de  Cuvier,  ils  crurent  la 
retrouver  dans  les  Baleines  australes,  de  sorte  que  celles-ci 
aussi  furent,  pour  eux,  des  Nordkapers.  M.  Eschricht  avait 
été  frappé  de  voir  qu'en  effet  toutes  les  descriptions  plus 
ou  moins  exactes  qui  ont  été  données  de  quelques  indivi- 
dus isolés  observés  dans  l'Atlantique  septentrionale,  encore 
dans  le  xvme  siècle,  sont  assez  applicables  à  la  Baleine  du 
Cap,  jamais  au  Mysticetus.  M.  Eschricht  avait  même  in- 
cliné, il  y  a  vingt  ans,  à  adopter  l'hypothèse  des  pêcheurs 
hollandais  en  opposition  de  celle  de  Cuvier,  mais  il  avait 
dû  en  revenir,  par  suite  des  observations  recueillies  par 
M.  le  capitaine  Maury  aux  États-Unis  sur  les  mœurs  et  les 
migrations  des  Baleines  australes.  Il  en  était  résulté  que 
ces  Baleines  n'entrent  jamais  dans  les  mers  tropicales,  de 
sorte  que  toute  la  zone  entre  les  tropiques  reste  toujours 
dépeuplée  de  Baleines  franches,  et  il  serait  contre  toute 
analogie  de  présumer  que  des  animaux  tellement  séparés 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  229 

les  uns  des  autres  fussent  de  même  espèce.  Ainsi  il  n'était 
resté  pour  M.  Eschricht  qu'une  troisième  hypothèse,  sa- 
voir que  les  anciennes  Baleines  franches  de  l'Atlantique 
septentrionale  aient  différé ,  en  espèce ,  de  la  Baleine  du 
Cap  aussi  bien  que  du  Mysticetus. 

Un  accident  de  1854  avait  présenté  une  occasion  très- 
favorable  pour  mettre  en  épreuve  ces  trois  hypothèses  sur 
la  nature  des  Baleines  franches  de  l'Atlantique  septentrio- 
nale. Une  Baleine  franche  s'était  hasardée,  avec  son  balei- 
neau, dans  le  port  de  Saint-Sébastien,  et  le  Baleineau 
avait  été  pris,  son  squelette  apporté  au  muséum  da  Pam- 
pelune.  Pour  l'examiner,  M.  Eschricht  s'y  rendit  en  1858, 
et  le  résultat  de  son  examen  du  squelette  fut  parfaitement 
en  faveur  de  la  troisième  hypothèse.  Le  squelette  du  Ba- 
leineau de  Saint-Sébastien  n'appartient  ni  à  un  Mysticetus 
ni  à  une  Baleine  du  Cap,  mais  à  une  troisième  espèce  que 
M.  Eschricht  proposa  d'appeler  Balœna  biscayensis.  Ce- 
pendant cette  espèce  nouvelle  de  Baleine  franche  se 
rapproche  beaucoup  plus  de  la  Baleine  du  Cap  que  du 
Mysticetus,  et  voilà  comment  s'expliquent  les  idées  des  an- 
ciens pêcheurs  hollandais. 

M.  Eschricht,  ayant  reçu  le  fœtus  d'une  Baleine  franche 
capturée  aux  côtes  du  Kamstchatka,  en  a  profité  pour 
comparer  aussi  les  Baleines  franches  de  la  Pacifique  sep- 
tentrionale avec  la  baie  du  Cap,  et  le  résultat  de  cet  exa- 
men a  été  parfaitement  en  accord  avec  celui  de  l'examen 
précédent.  Dans  cette  Baleine  des  parages  duKamtschatka, 
M.  Eschricht  a  aussi  reconnu  une  espèce  distincte,  mais 
appartenant  toujours  au  même  groupe  que  l'Australis  et 
que  la  Biscayensis,  en  opposition  au  Mysticetus.  Voilà 
donc  que  la  distribution  géographique  des  Baleines  fran- 
ches se  présente  d'une  manière  tout  autre  que  jusqu'ici. 
Les  deux  espèces  cuviériennes,  le  Mysticetus  et  la  Baleine 
du  Cap,  resteront  comme  types  de  deux  groupes  diffé- 
rents ;  mais,  au  lieu  de  faire  du  Mysticetus  le  représentant 
des  Baleines  en  deçà,  et  de  la  Baleine  du  Cap  celui  de 


230      REV.    ET   MAG.    DE   ZOOLOGIE.   (Mai  1860.) 

celles  au  delà  de  Téquateur,  le  Mysticetus,  dorénavant, 
sera  le  représentant  des  Baleines  franches  dans  les  mers 
glaciales,  la  Baleine  du  Cap  sera  celui  des  Nordkapers, 
c'est-à-dire  des  Baleines  franches  dans  les  mers  tempérées, 
soit  au  nord,  soit  au  sud,  soit  à  l'ouest  ou  à  l'est. 

MM.  Joly  et  Musset  adressent  de  Toulouse  de  nouvelles 
expériences  sur  les  générations  spontanées. 


III.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

ErçusiEBATio  specierum  Piscium  hucusque  in  Archipelago 

indico  observatarum  adjectis  habitationibus  citationi- 

busque,  ubi  descriptione  earum  recentiores  reperiun- 

tur,  nec  non  speciebus  musei  Bleekeriani  Bengalensi- 

bus,  Japonicis,  Capensibus  Tasmanicisque ,   auctore 

Petro  Equité  a  Bleeker.,  1  vol.  in-4°,  Batavia,  1859. 

La  publication  de  ce  grand  ouvrage  enrichit  la  Zoologie 

d'une  manière  notable  et  fera  époque  en  Ichthyologie.  On 

peut  dire  que  c'est  une  espèce  de  monument  dans  son 

genre,  car  il  contient  l'énumération  la  plus  complète  et  la 

mieux  faite  des  nombreuses  richesses  des  pays  les  plus 

riches  en  Poissons  remarquables. 

Pour  donner  une  idée,  en  peu  de  mots,  de  l'importance 
de  ce  grand  et  savant  catalogue,  il  nous  suffira  de  dire 
qu'il  contient  2,199  espèces,  dont  1,168  sont  nouvelles  et 
ont  été  décrites  par  M.  Bleeker  dans  diverses  publica- 
tions. 

Dans  sa  préface,  le  savant  zoologiste  donne  d'abord  le 
détail  de  ces  résultats,  et  il  indique  le  plan  qu'il  a  adopté 
dans  sa  publication.  Il  présente  ensuite  un  tableau  com- 
plet de  sa  classification  qu'il  a  combinée  avec  celle  du  cé- 
lèbre zoologiste  français,  le  prince  Charles  Bonaparte.  Ce 
tableau  synoptique  occupe  26  pages  et  conduit  le  lecteur 
jusqu'à  l'indication  des  genres.  Vientensuite  l'énumération 
de  toutes  les  espèces,  accompagnée  de  la  synonymie  com- 
plète de  chacune,  de  tous  les  lieux  où  elle  a  été  prise  et 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  231 

des  divers  noms  de  pays  sous  lesquels  elle  est  connue,  ce 
qui  facilitera  beaucoup  les  recherches  des  voyageurs  qui 
voudront  se  procurer  ces  mêmes  espèces. 

M.  Bleeker  a  divisé  ce  catalogue  en  deux  parties  dis- 
tinctes. Dans  l'une  (p.  1  à  238),  il  s'occupe  des  Poissons  de 
l'Archipel  indien  seulement,  et  dans  l'autre,  intitulée  Ap- 
pendice (p.  239  à  272),  il  examine  les  espèces  appartenant 
aux  mers  et  aux  eaux  douces  du  Bengale,  de  la  Chine,  du 
Japon,  de  Diemen,  etc.,  à  l'exclusion  de  celles  qui  se  re- 
trouvent dans  l'Archipel  indien. 

A  la  fin  de  chacune  de  ces  grandes  divisions  l'on  trouve 
de  grands  tableaux  faisant  connaître,  pour  chaque  genre, 
le  nombre  d'espèces  contenues  dans  le  musée  de  M.  Blee- 
ker et  le  nombre  d'espèces  connues,  avec  d'autres  rensei- 
gnements non  moins  intéressants,  et  un  autre  tableau 
intitulé  Synopsis  specierum  contractior,  terminé  par  des 
totaux  qui  donnent  immédiatement,  pour  chaque  famille, 
des  renseignements  précis  sur  le  nombre  de  genres  dont 
elle  est  composée,  le  nombre  d'espèces,  etc.,  etc.  Enfin 
l'ouvrage  est  terminé  par  un  index  generum  adoptorum 
catalogo  enumeratorum,  qui  renvoie  aux  pages  où  chaque 
genre  est  traité  dans  les  deux  parties. 

On  ne  saurait  trop  féliciter  M.  Bleeker  pour  l'achève- 
ment d'un  aussi  long  et  aussi  difficile  travail,  qu'il  a  effec- 
tué avec  le  plus  grand  talent  et  présenté  dans  un  ordre 
remarquable.  Il  est  évident  qu'en  donnant  au  monde  sa- 
vant un  livre  aussi  utile  il  a  bien  mérité  de  la  science. 

G.  M. 


Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  naturelle  du  Mexique, 

des  Antilles  et  des  États-Unis ,  par  M.  H.  de  Saussure. 

1er  livre  Crustacés  (in-4<>,  fig.,  Genève  et  Paris,  1858). 

Dans  ce  travail,  M.  de  Saussure  décrit  5i  espèces  de 
Crustacés  présumées  nouvelles,  et  dont  il  a  donné  de  trop 
courtes  phrases  diagnostiques,  en  1857,  dans  cette  Revue. 

Nous  n'avons  pas  le  temps  de  comparer  ses  descriptions 


232      REV.   ET  MAC    DE   ZOOLOGIE.   [Mai  1860.) 

et  ses  figures  aux  espèces  de  Cuba,  que  nous  avons  fati 
connaître  dans  le  grand  ouvrage  de  M.  de  la  Sagra  [His- 
toire naturelle,  t.  VII,  1857).  Mais  nous  craignons  des  dou- 
bles emplois ,  car  nous  remarquons  que  M.  de  Saussure 
semble  n'avoir  pas  connu  notre  travail.  Ce  qui  nous  fait 
craindre  qu'il  ait  procédé  avec  un  peu  trop  de  précipita- 
tion ,  c'est  de  voir  que  M.  Stimpson  a  reconnu  que  son 
Pagurus  cubensis  n'est  que  le  Clibanarius  sclopelarius  de 
Herbst.,  et  qu'il  n'a  pas  non  plus  connu  notre  Porcellio 
Poeyi,  publié  et  figuré  il  y  a  longtemps  dans  divers  ou- 
vrages (Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  1837, 
p.  132  ).  Il  en  résulte  que  M.  de  Saussure,  voulant  dédier 
une  espèce  au  savant  zoologiste  de  la  Havane ,  a  donné 
son  nom  à  une  espèce  différente  de  celle  à  laquelle  nous 
l'avions  donné  nous-même  dix  ans  auparavant,  et  qu'une 
autre  espèce ,  qu'il  a  publiée  et  figurée  sous  le  nom  de 
Porcellio  Cotillœ,  est  notre  vrai  Poeyi. 

Du  reste,  nous  devons  ajouter  que  les  diagnoses  que 
M.  de  Saussure  a  données  dans  cette  Revue  étaient  trop 
abrégées  pour  faire  reconnaître  ses  espèces,  et  que  les 
descriptions  qu'il  y  a  jointes  dans  le  fascicule  que  nous 
annonçons  ne  nous  semblent  pas  de  nature  à  les  compléter 
suffisamment.  Heureusement  que  des  figures  viennent 
aider  dans  les  recherches  qu'il  faudra  faire  pour  établir  la 
synonymie  de  toutes  ces  espèces ,  dont  cinq  portent  le 
nom  d'Aztecus  et  six  celui  dAmericanus.  G.  M. 


Notes  on  the Notes  sur  les  Crustacés  de  l'Amérique, 

par  M.  Williams  Stimpson,  in-8°,  1859.  Nev-York.  Eœtr. 
des  Annals  ofthe  Lyceum  ofnat.  History.  March,  1858. 
Dans  ce  travail ,  dont  les  principaux  matériaux  ont  été 
puisés  dans  le  musée  de  l'Institution  Smithsonienne , 
M.  Stimpson  passe  en  revue  un  certain  nombre  de  Crusta- 
cés déjà  décrits  par  d'autres  ou  par  lui  dans  un  travail 
qu'il  a  publié  antérieurement.  (Crust.  and  Echinod.  Pacific 
coast  of  N.  Am.) 


ANALYSES  û' OUVRAGES  NOUVEAUX.       233 

Beaucoup  d'espèces  nouvelles  y  sont  décrites  pour  la 
première  fois  avec  un  grand  soin  ,  plusieurs  genres  son  t 
fondés  et  caractérisés  par  lui ,  et  nous  remarquons  qu'il 
fait  connaître  une  nouvelle  espèce  de  notre  singulier 
genre  Hypoconcha,  provenant  de  la  Caroline  du  Sud  et  de 
l'île  Saint-Thomas. 

L'intéressant  travail  de  M.  Stimpson  est  accompagné 
d'une  bonne  planche  lithographiée,  dans  laquelle  sont  re- 
présentés son  genre  Speocarcinus,  et  plusieurs  autres  espè- 
ces décrites  par  lui.  G.  M. 

On  the Sur  le  développement  des  Crustacés  Décapo- 
des; par  C.  Spence  Bâte,  communiqué  par  M.  W.  Snow 
Harris.  (In-4°,  fig.,  Extr.  des  Trans.  de  la  Soc.  royale 
de  Londres.  Lu  le  18  juin  1857,  publié  en  1858.) 
C'est  un  excellent  travail ,  dans  lequel  le  savant  zoolo- 
giste anglais  démontre,  en  étudiant  les  nombreuses  formes 
par  lesquelles  le  Carcinus  mœnus  passe  depuis  sa  sortie  de 
l'œuf,  que  ces  singuliers  Crustacés,  publiés  sous  le  nom  de 
Zoés,  ne  sont  que  les  premiers  états  de  ces  vulgaires  Déca- 
podes. 

Dans  une  série  de  très-belles  planches  qui  accompa- 
gnent son  texte,  l'auteur  fait  suivre  au  lecteur  les  diverses 
métamorphoses  de  ces  Zoés,  ayant  d'abord  un  grand  rostre 
et  une  longue  épine  sur  le  dos,  avec  une  plus  longue 
queue,  puis  le  rostre  et  l'épine  du  dos  de  plus  en  plus  rac- 
courcis ;  puis  tout  cela  disparaît  en  passant  par  la  forme 
dont  on  a  fait  le  genre  Megalopa,  muni  encore  d'une  queue 
étendue,  mais  diminuée  déjà  considérablement,  et  se  re- 
pliant ensuite  sous  le  corps  dans  la  forme  qui  suit,  et 
dans  laquelle  on  commence  à  discerner  quelque  ressem- 
blance avec  les  Décapodes  brachyures.  Plus  tard,  enfin, 
la  forme  du  Carcinus  se  manifeste  de  plus  en  plus  par  l'é- 
largissement de  la  carapace,  les  dents  de  ses  bords  anté- 
rieurs, etc. 
Ce  beau  mémoire  complète  ce  que  l'on  avait  entrevu 


234      REV.    ET   MAG.   DE  ZOOLOGIE.  (Mai  1860.) 

relativement  aux  métamorphoses  si  remarquables  des  Dé- 
capodes macroures,  et  fait  le  plus  grand  honneur  à  son 
auteur  ;  nous  ne  saurions  trop  le  recommander  à  l'étude 
des  carcinologistes.  G.  M. 

Coléoptères  du  gouvernement  Jakoutsk,  recueillis  par 
M.  Pavlofski  ;  par  M.  Victor  de  Motschoulski. — In-8°, 
Extrait  des  Mélanges  biologiques,  t.  III.  Avril,  1859. 
C'est  un  catalogue  des  espèces  capturées  dans  ce  gou- 
vernement par  le  savant  voyageur,  lesquelles   sont  au 
nombre  de  120.  Parmi  ces  Coléoptères  19  espèces  sont 
décrites  comme  nouvelles  par  des  diagnoses  assez  éten- 
dues et  en  français. 


Études  entomologiques,  par  Gustave  Levrat, 
in-8°,  Lyon,  1859.  —  1er  cahier. 

Ce  fascicule  se  compose  de  plusieurs  notices  présentées 
à  la  Société  Linnéenne  de  Lyon  et  extraites  du  recueil 
publié  par  cette  société. 

La  lre  a  pour  titre ,  De  l'utilité  de  la  science  entomolo- 
gique  ;  —  la  2e,  Souvenir  du  mont  Pilât;  -—  la  3e,  Descrip- 
tion d'une  nouvelle  espèce  du  genre  Pimelia  ;  —  la  4e,  Stro- 
phes prononcées  au  banquet  de  la  Société  Linnéenne  du 
28  décembre  1852  ; —  la  5e,  Descript.  de  3  Coléoptères  nou. 
veaux;  —  la  6e,  Descript.  d'un  Pœcilus;  —  la  7e,  Descript- 
de  quelques  Coléoptères  nouveaux;  —  la  8e,  Descript.  d'un 
Longicorne  nouveau;  —  la  9e,  Descript.  d'un  Buprestide  nou- 
veau;— la  10e,  Descript.  d'une  Pimelia;  —  la  11e,  Descript. 
d'un  Carabique;  —  la  12e,  Note  sur  le  Dryops  femorata;  — 
la  13e,  Causes  de  détérioration  chez  les  Coléoptères  ;  —  la  14e, 
Emploi  de  Véther  comme  moyen  de  dissoudre  l'oléine  irans- 
sudante  chez  les  Coléoptères  ;  —  la  15e,  Enumération  des 
insectes  Coléoptères  du  mont  Pilât. 

Toutes  ces  notices  sont  écrites  avec  élégance  et  les  des- 
criptions d'espèces  paraissent  très-bien  faites. 


ANALYSES   D'OUVRAGES   NOUVEAUX.  235 

Memorias,  etc Mémoires  de  la  commission  de  la  carte 

géologique  d'Espagne,  année  1855. —  Partie  zoologique, 
par  le  docteur  D.  Mariano  de  la  Paz  Grills.  — Petit 
in-folio  avec  pi.  col.  Madrid,  1858. 
Le  savant  zoologiste  espagnol,  rendant  compte  des  tra- 
vaux de  la  section  sur  la  faune  espagnole ,  arrive  à  ceux 
qui  ont  plus  particulièrement  trait  aux  animaux  articulés, 
dont  il  s'est  spécialement  occupé  dans  ce  travail ,  qui  se 
compose  d'un  catalogue  méthodique  des  insectes  Coléop- 
tères de  l'Espagne,  et  de  travaux  relatifs  aux  métamor- 
phoses de  certaines  espèces  et  à  la  description  de  celles 
qui  lui  ont  paru  nouvelles,  Le  commencement  du  catalo- 
gue se  compose  de  l'énumération  des  Cicindélides  et  des 
Carabides.  Les  autres  travaux  sont  des  études  sur  les  mé- 
tamorphoses des  Mordelles,  de  la  Lagria  lata.  Il  décrit  un 
genre  nouveau  de  Mélyrides  sous  le  nom  (XAllotarsus 
et  53  espèces  de  Coléoptères  appartenant  à  presque  tous 
les  groupes  de  l'ordre. 

A  la  fin  de  ce  fascicule ,  composé  de  111  pages  et  de 
7  planches,  on  trouve  la  description  du  mâle  de  la  magni- 
fique Saturnia  Isabellœ,  que  M.  Grsells  a  décrite  pour  la 
première  fois  en  1849  dans  cette  Revue;  celle  de  la  larve 
de  YAcontia  Grœllsii,  Lépidoptère  décrit  en  1837  par 
M.  Feisthamel,  laquelle  vit  sur  la  Lavateça  arborea,  et 
aussi  sur  YÂlthœa  officinalis  et  les  Malva  silvestris  et  rotun- 
difolia,  et  enfin  les  divers  états  d'une  Carpocapsa  qu'il 
nomme  Gallarum,  parce  que  sa  larve  vit  dans  l'intérieur 
des]  galles  du  Quercus  tozzai  formées  par  le  Diplolepis 
penicillata.  G.  M. 


Nouvelles  excursions  dans  les  grandes  Landes,  3e  lettre 
adressée  à  M.  Mulsant  par  M.  Ed.Perris.  (Eœtr.  desAnn. 
de  la  Soc.  Linnéenne  de  Lyon,  nouv.  série,  t.  IV,  1857). 
Grand  in-8°  de  100  pages. 
Quoique  ce  travail  date  déjà  d'assez  loin,  nous  ne  pou- 


236      REV.   ET    MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (  Mai  1860») 

vons  résister  au  désir  de  le  signaler  au  moins  à  nos  lec- 
teurs, car  c'est  un  modèle  dans  son  genre,  et  il  sera  lu  avec 
un  vif  intérêt  par  tous  les  Entomologistes  qui  auront  la 
bonne  fortune  de  se  le  procurer.  Écrite  avec  verve  et 
beaucoup  d'esprit,  comme  tout  ce  que  l'on  doit  à  M.  Per- 
ris,  cette  relation  vous  fait  assister  aux  sensations  si  vives 
de  chasseurs  échappés  de  leur  cabinet  de  Paris ,  étudiant 
sur  place  ces  Insectes  aux  mœurs  si  merveilleuses,  et  fai- 
sant des  captures  qui  les  comblent  de  joie. 

Nous  voudrions  pouvoir  citer  de  nombreux  passages  de 
cette  relation ,  mais  ils  perdraient  de  leur  originalité  par 
leur  isolement.  Nous  nous  bornerons  donc  à  dire  que  cette 
attachante  relation  est  suivie  d'un  catalogue  des  Insectes 
observés  dans  les  Landes,  dans  lequel  on  trouve  de  bonnes 
descriptions  des  espèces  que  M.  Perris  a  reconnues  nou- 
velles. On  trouve  aussi,  dans  ce  travail,  d'intéressantes 
observations  sur  les  métamorphoses  de  plusieurs  espèces 
dont  les  premiers  états  étaient  inconnus.         (G.  M.) 


The  Transactions,  etc.  Transactions  de  la  Société 
entomologique  de  Londres.  Nouvelle  série,  t.  IV,  1858. 

Nous  avons  reçu,  il  y  a  peu  de  temps,  les  livraisons  7,  8 
et  9  complétant  le  volume  V,  et  nous  pouvons  dire  que 
ce  riche  recueil  des  travaux  des  Entomologistes  les  plus 
distingués  de  l'Angleterre  continue  de  mériter  les  éloges 
que  nous  lui  avons  toujours  donnés  dans  cette  Revue. 

C'est  une  riche  mine,  dans  laquelle  on  trouve  les  docu- 
ments les  plus  variés  et  les  plus  utiles  à  l'étude  de  ces 
innombrables  Insectes  répandus  à  profusion  dans  toutes 
les  contrées  du  globe.  Comprenant  bien  qu'une  société 
scientifique  aussi  renommée  ne  doit  pas  se  borner  au  seul 
enregistrement  des  espèces,  plusieurs  membres  se  sont 
occupés,  comme  nous  ne  cessons  de  le  faire,  à  la  Société 
entomologique  de  France,  de  l'étude  des  Insectes  utiles  et 
nuisibles,  afin  de  montrer  que  l'Entomologie  aussi  est  sus- 


ANALYSES  D  OUVRAGES  NOUVEAUX.        237 

ceptible  de  rendre  des  services  réels  aux  intérêts  maté- 
riels des  populations. 

Il  serait  impossible  de  donner  une  idée  des  excellents 
travaux  consignés  dans  ce  volume,  qui  est  plein  des  ob- 
servations de  MM.  Westwood,  Lubbock,  Stainton,  Pascœ, 
Newman,  Saunders,  Wollaston,  Smith,  Walker,  Wallace, 
Baly,  etc.,  etc.  Ajoutons,  en  terminant,  qu'il  est  enrichi 
de  belles  et  nombreuses  planches ,  dont  plusieurs  sont 
dues  à  l'habile  pinceau  de  notre  savant  ami  Westwood , 
ce  qui  en  garantit  l'élégance  et  surtout  l'exactitude  scien- 
tifique. G.  M. 


Description  d'une  série  d'Hyménoptères  nouveaux  de  la 

tribu  des  Scoliens,  par  H.  de  Saussure,  in-8°,  pi.  col. 

(Extr.  de  la  Gazette  entomologique  de  Stettin,  1859,  p.  171 

à  192,  et  p.  260  à  269.) 

Ce  petit  travail  fait  suite  à  un  autre,  que  l'auteur  a  pu- 
blié dans  les  Annales  de  la  Société  entomologique  de  France 
sur  le  même  sujet  :  il  y  donne  la  description  de  42  espèces 
appartenant  à  divers  pays,  et  représente,  dans  une  jolie 
planche  coloriée,  des  Liacos  Sichelii,  Scolia  nigripennis  et 
Walbergii,  et  Y  Elis  Suelleni. 


[onograp.  of,  etc.  Monographie  du  genre  Adolias,  de  la 
famille  des  Nymphalides;  par  M.  Fréd.  Moore,  aide- 
naturaliste  au  musée  de  la  compagnie  des  Indes.  [Extr< 
des  Trans.  entom.  Soc.  Lond.,  vol.  5,  1859). 
C'est  un  travail  complet  sur  ce  groupe  de  Lépidoptères 
liurnes,  appartenant  tout  entier  aux  Indes  orientales. 
M.  Moore,  qui  s'est  si  honorablement  fait  connaître  par 
magnifique  travail  qu'il  a  fait,  en  collaboration  avec 
[.  Thomas  Horsfield,  sur  les  Lépidoptères  de  la  collection 
du  muséum  de  la  compagnie  des  Indes  (vol.  1er,  Lond., 
1857),  avait  déjà  mentionné  ou  décrit  dans  ce  catalogue 
32  espèces  de  ce  groupe.  Aujourd'hui,  grâce  aux  coramu. 


238     REV.  ET  MAG.  DE  zoologie.   [Mai  1860.) 

nications  qui  lui  ont  été  faites  par  les  musées  et  les  divers 
Entomologistes,  il  a  porté  ce  nombre  à  52  espèces,  appar- 
tenant au  continent  et  aux  îles  de  l'Inde,  sauf  5  dont  l'ha- 
bitat lui  est  inconnu,  mais  qui  ne  peuvent  appartenir  qu'à 
cette  grande  région. 

Toutes  les  descriptions  d'espèces  nouvelles  sont  en  an- 
glais et  nous  semblent  d'une  étendue  suffisante.  Les  figures, 
contenues  dans  neuf  planches,  sont  parfaites  et  représen- 
tent le  plus  souvent  le  mâle  et  la  femelle.  On  ne  saurait 
trop  encourager  M.  Moore  à  passer  ainsi  en  revue  tous  les 
groupes  de  ce  bel  ordre  des  Lépidoptères.  G.  M. 


IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Ver  a  soie  du  vernis  du  Japon. 

Depuis  la  fin  de  l'année  dernière,  je  poursuis  des  expé- 
riences sur  cette  nouvelle  espèce  de  Ver  à  soie  pour  obte- 
nir des  matériaux  susceptibles  de  guider  les  agriculteurs 
qui  se  livrent  déjà  ou  vont  se  livrer  à  la  culture  de  ce  nou- 
vel insecte  domestique. 

Il  résulte  de  ces  expériences ,  faites  dans  mon  appar- 
tement et  dans  la  ménagerie  des  Reptiles  du  muséum, 
qu'on  peut  avancer  ou  reculer  l'éclosion  des  Papillons, 
soit  de  pur  sang,  soit  des  métis,  en  tenant  les  cocons,  pen- 
dant l'hiver,  dans  des  milieux  plus  ou  moins  échauffés. 
Dans  mon  appartement,  les  métis  qui  avaient  passé  l'hiver 
dans  le  cabinet,  chauffé,  le  jour  seulement,  jusqu'à  16  à 
18  degrés  centigrades,  ont  donné  leurs  premiers  Papillons 
au  commencement  de  mai,  tandis  que  les  mêmes,  tenus 
dans  une  pièce  sans  feu,  n'ont  commencé  à  éclore  que  le 
11  du  même  mois. 

Les  premiers  pur  sang,  dans  le  cabinet  chauffé,  ont  ap- 
paru le  23  mai,  tandis  que  ceux  des  cocons  gardés  dans  la 
salle  sans  feu  ne  se  montrent  pas  encore  (28  mai). 

Dans  la  ménagerie  du  muséum,  qui  est  échauffée,  nuit  et 
jour,  pour  les  Reptiles,  et  dont  la  température  est  mainte- 


MÉLANGES    ET    NOUVELLES.  239 

nue,  tout  l'hiver,  entre  18  et  22  degrés  centigrades,  il  y  a  eu 
des  éclosions  beaucoup  plus  tôt,  tant  dans  les  métis  que 
dans  les  pur  sang  ;  mais  cela  est  inutile  pour  la  grande  pra- 
tique, attendu  que  les  feuilles  des  allantes  n'apparaissent 
que  dans  les  premiers  jours  de  mai. 

Actuellement,  j'ai  organisé  quelques  expériences  pure- 
ment scientifiques,  pour  continuer  les  recherches  que  j'ai 
commencées,  l'année  dernière,  sur  le  croisement  de  l'es- 
pèce à  2  générations  du  Ver  chinois  de  l'ailante ,  avec 
l'espèce  à  5  ou  6  générations  du  Ver  indien  du  ricin.  Les 
premiers  résultats  de  ce  croisement  avaient  été  très-cu- 
rieux en  ce  que  tous  les  produits  tenaient  beaucoup  plus 
du  Ver  de  l'ailante  (le  moins  civilisé  ,  le  plus  fort)  que  de 
celui  du  ricin.  Depuis,  ces  métis,  accouplés  entre  eux,  ont 
donné  des  produits  très-variables,  tenant  tantôt  des  deux 
espèces,  tantôt  de  ceux  du  vernis,  tantôt  de  ceux  du  ri- 
cin, mais  dont  la  majorité  tenait  plutôt  du  Ver  du  vernis. 

Dans  ce  moment,  après  3  ou  4  générations  de  métis 
entre  eux,  je  fais  des  essais  tendant  à  retourner  à  chaque 
type.  Ainsi  j'ai  allié  des  femelles  métisses,  possédant 
presque  tous  les  caractères  du  Ver  du  vernis  pur  sang , 
avec  des  mâles  pur  sang,  afin  de  voir  si  leurs  descendants 

I reprendront  le  caractère  pur  de  l'espèce  du  vernis.  Je  fais 
l'expérience  contraire  sous  diverses  formes,  et  je  pense 
qu'il  sortira  de  là  quelques  faits  utiles  pour  l'avancement 
de  la  physiologie. 
Des  expériences  semblables  sont  instituées  aussi  à  la 
ménagerie  des  Reptiles  et  dans  la  serre  de  mon  confrère, 
M.  Année,  à  Passy.  Chez  M.  Année,  les  résultats  obtenus 
me  sont  fidèlement  conservés,  et  je  n'ai  pas  à  craindre 
qu'il  se  laisse  jamais  pousser  à  regarder  comme  siennes 
des  recherches  pour  lesquelles  il  veut  bien  me  prêter  un 
concours  amical  et  dévoué  depuis  que  je  les  ai  commen- 
cées en  1858. 


240      BEV.    ET  MAG.    DE    ZOOLOGIE.    (Mai  1860.) 

Jardin  zoologique  de  Rotterdam. 

Il  y  a  trois  ans  à  peine,  le  jardin  zoologique  de  Rotter- 
dam, qui  fait  à  juste  titre  l'admiration  des  étrangers,  ne 
présentait  qu'une  surface  de  marais  incultes  ou  inondés. 
Aujourd'hui,  des  constructions  d'un  bon  style,  des  massifs 
de  verdure,  des  kiosques  bien  dessinés,  des  allées  déli- 
cieuses, les  plantes  exotiques  les  plus  rares,  un  lac,  des 
bassins,  forment  un  ensemble  où  le  regard  s'arrête  en- 
chanté et  surpris.  Ce  phénomène  de  création  rapide  est 
une  des  gloires  de  Rotterdam  ;  tous  les  règnes  de  la  nature 
y  sont  largement  représentés. 

Pour  les  Mammifères,  c'est  un  Lion  d'Afrique,  le  plus 
remarquable  que  j'aie  vu  par  sa  taille  et  la  beauté  de  sa 
crinière.  Viennent  ensuite  trois  Tigres  royaux,  l'un  des- 
quels ,  tiré  de  l'amphithéâtre  du  dernier  roi  d'Oude,  n'a 
pas  son  pareil,  des  Panthères,  des  Léopards,  un  Éléphant, 
des  Lamas,  des  Kanguroos  et  une  trentaine  de  Singes 
appartenant  aux  espèces  qui  s'acclimatent  le  plus  diffici- 
lement dans  nos  zones  tempérées. 

Parmi  les  Oiseaux,  je  citerai  l'Ara  noir  des  Moluques, 
le  seul  vivant  qui  soit  peut-être  en  Europe. 

Enfin  une  Salamandre  du  Japon  ajoute  encore  à  tous 
ces  trésors  si  variés  de  la  science.  de  Saussure. 


TABLE   DES  MATIERES. 

Page». 

A.  Moquin-Tandon.—  Considérations  sur  les  œufs  des  Oiseaux.    193 

J.  Verreaux.  —  Description  d'un  Oiseau  nouveau.  206 

A,  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  208 

G.  Cotteau.  —  Échinides  nouveaux  ou  peu  connus.  212 

Académie  des  sciences.  224 

Analyses.  230 

Mélanges  et  nouvelles  (Ver  à  soie  du  vernis  du  Japon).  238 

PARIS.  —  1MP.   DE   Mmt  Ve   EOUCHARD-HUZARD,   RUE   DE  L'ÉPERON,    5. 


VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.  —  JUIN  1860 


Il  TRAVAUX  I\EDITS. 


Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 
par  M.  H.  de  Saussure. 

Quatrième  article  (1).  (Voir  p.  97.) 

Famille  des  Cervidés. 

Genre  Cervus. 

Jusqu'à  présent  on  avait  bien  constaté  au  Mexique 
l'existence  d'un  seul  Cerf  seulement,  savoir  du  C.  mexi- 
canus,  qui  n'est  probablement  lui-même  qu'une  variété 
du  C.  virginianus.  On  trouvera  ci-dessous  la  description 
d'une  seconde  espèce  et  l'indication  de  deux  autres  présu- 
mables  dans  ce  pays.  Comme  je  ne  supposais  pas  que  ces 
Cerfs  fussent  nouveaux,  j'ai  négligé  d'en  conserver  les 
peaux,  que  leur  volume  rendait  fort  embarrassantes.  Du 
reste,  la  tête  suffit,  à  la  rigueur,  pour  faire  reconnaître  les 
espèces,  sinon  pour  en  donner  une  description  complète. 

En  cherchant  à  comparer  ces  types  avec  ceux  déjà  con- 
nus et  consignés  dans  l'excellent  travail  de  M.  Pucheran 
sur  le  genre  Cervus  (2),  j'ai  regretté  de  ne  pas  trouver, 
dans  cette  monographie,  des  détails  plus  nombreux,  rela- 
tifs aux  caractères  différentiels  des  espèces,  particulière- 
îent  pour  ce  qui  concerne  les  squelettes  et  surtout  les 
crânes.  Les  caractères  que  l'on  peut  tirer  des  pièces 
osseuses  sont  d'une  importance  supérieure  à  ceux  que 

(1)  Errata  du  précédent  article.  —  Page  98,  Hesperomys  tollecus, 
la  citation  des  figures  est  incomplète:  la  fig.  3,  pi.  ix,  représente  les 
molaires  supérieures  d'un  individu  très-adulte  ;  la  fig.  3a  les  mêmes 
molaires  d'un  individu  vieux,  à  dents  très-usées.  —  Page  107,  H.  Su- 
michrasli,  retranchez  de  la  citation  la  fig.  3. 

(2)  Archives  du  muséum,  VI.  1852. 

V  16111.  t.  m.  Année  1860.  16 


242     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juin  1860.) 

fournissent  les  apparences  extérieures  du  pelage,  et  il  au- 
rait été  utile  de  les  faire  entrer  en  ligne  de  compte.  Une 
exacte  comparaison  des  crânes  des  Cerfs  daguets  de 
l'Amérique  serait  d'un  grand  secours  pour  arriver  à  la 
séparation  précise  de  ces  espèces,  encore  mal  connues  et 
peut-être  plus  nombreuses  qu'on  ne  l'a  soupçonné  jus- 
qu'ici. 

Voici  maintenant  l'énumération  des  Cerfs  que  j'ai  ren- 
contrés au  Mexique  et  aux  Antilles.  Les  deux  premiers 
appartiennent  au  sous-genre  Elaphus,  Smith,  et  au  groupe 
des  Mazames  de  Smith  et  de  Sundevall  (1)  (ou  du  C.  virgi- 
nianus),  caractérisé  ainsi  que  suit  : 

Bois  n'étant  pas  bifurques  dès  la  base;  à  perches  courbées 
en  avant,  portant  un  ou  plusieurs  andouillers  sur  leur  con- 
vexité; pas  de  canines. 

N°  1.  Cervus  mexicanus.  Ce  Cerf  est  très -commun  dans 
toutes  les  parties  boisées  du  Mexique. 

Voici  les  mesures  de  la  tête  osseuse  prises  sur  deux 
crânes  qui  ont  appartenu  à  des  sujets  d'un  et  de  deux 
ans. 

Longueur  du  crâne  mesuré  en  dessous 0m,245  à  0m,250 

Sa  largeur,  mesurée  entre  les  orbites  et  les 

prolongements  frontaux 0m,086 

Sa  plus  grande  largeur 0m,105 

Distance  du  bout  de  l'incisif  à  l'angle  interne 

de  l'orbite 0»,130 

La  suture  des  frontaux  forme  dans  ses  deux  tiers  pos- 
térieurs une  crête  marquée. 

Les  jeunes  individus  d'un  an  portent  de  simples  dagues 
assez  longues  (0m,140),  bien  divergentes,  fortement  ar- 
quées dans  les  deux  sens  (à  double  courbure)  et  à  cou- 
ronne forte  et  noueuse.  Le  crâne  de  ces  jeunes,  comparé 
à  celui  d'individus  âgés  de  deux  et  trois  ans,  offre  une 

(l)Dans  le  travail  de  J.  E.  Gray,  intitulé  Synopsis  of  the  species 
of  Deer  (Ceryina),  etc.  (Annah  a  Magaz.  of  nat.  hist.,  IX,  1852, 
p.  413),  et  qui  a  vu  le  jour  la  même  année  que  celui  de  Pucheran, 
le  groupe  des  Mazames  porte  le  nom  de  Cariacus. 


TRAVAUX    INÉDITS.  243 

identité  presque  parfaite,  si  ce  n'est  qu'il  est  un  peu  plus 
petit. 

Il  me  semble  évident  que  le  premier  des  Cerfs  figuré 
par  Hernandez  (pag.  324),  et  auquel  Sundevall  a  donné 
le  nom  de  Mazama,  est  bien  le  C.  mexicanus  avec  ses  bois 
de  seconde  année,  et  point  le  Guazuti  d'Azara,  comme 
le  veut  F.  Cuvier,  que  tous  les  auteurs  ont  copié.  C'est  ce 
qu'a  fort  bien  montré  M.  Pucheran  par  l'analyse  patiente 
des  synonymes  dont  il  a  donné  le  résultat  dans  sa  belle 
monographie  des  Cerfs  (1).  Je  ferai  observer,  en  passant, 
que  le  nom  de  Mazama  a  été  fort  mal  choisi,  attendu 
que  ce  mot  n'est  que  le  terme  aztèque  par  lequel  les  In- 
diens désignent,  d'une  manière  générale,  tous  les  rumi- 
nants indigènes  du  Mexique,  et  que,  par  conséquent,  les 
naturels  l'appliquent  indifféremment,  non-seulement  à 
tous  les  Cerfs  du  pays,  mais  même  aux  ruminants  à  cornes 
creuses,  comme  le  prouve  l'analyse  des  noms  (2).  Le  nom 
de  Mazame  a  donc  une  signification  plus  que  générique, 
et  Sundevall  aurait  mieux  fait  de  prendre  celui  de  Ma- 
zatl,  qui  paraît  s'appliquer  exclusivement  aux  Cerfs  (3). 

(1)  Ce  travail  est  malheureusement  très-laborieux  à  consulter, 
faute  d'une  table  des  matières.  Une  table  analytique  des  espèces  et 
de  leurs  synonymes  aurait  beaucoup  ajouté  à  son  utilité.  J.  E.  Gray 
a  copié  l'erreur  de  F.  Cuvier,  et  a  fait  plusieurs  autres  fautes  syno- 
nymiques;  ainsi  il  décompose  en  deux  espèces  le  C.  {macrotis,  Say) 
columbianus,  Rich.,  et  il  méconnaît  les  C.  nemoralis,  Smith.,  et 
gymnoiis ,  Wiegm.,  espèces  très-distinctes  qu'il  place,  avec  le  C. 
mexicanus,  en  synonymes  du  C.  virginianus. 

(2)  Ainsi  le  teuhllal  Mazame,  nom  dont  la  traduction  est  le  Ma- 
zame des  déserts  poudreux,  des  prairies,  ne  peut  être  qu'une  Antilo- 
capra  ou  un  Aplocerus.  (Voyez  la  note  3,  relative  au  n°  4.) 

Rafinesque  a  employé  le  nom  de  Mazame  pour  les  geures  AplO' 
cerus  et  Anlilocapra  (American  monthly  Magaz.,  II,  44.  1817),  et 
il  a  été  imité,  en  cela,  par  Ogilby.  On  aurait  pu  conserver  ce  nom, 
attendu  que  certaines  Mazames  sont  certainement  des  Antilopes. 

(3)  Parce  qu'il  appartient  à  la  langue  azetèque,  que  l'on  ne  parle  que 
dans  les  districts  qui  ne  nourrissent  aucun  Ruminant  à  cornes  creuses 
indigène. 


2U     rkv.  et   mag.  de  zoologie.  (Juin  1860.) 

Hernandez  donne  les  noms  spécifiques  d'un  grand 
nombre  de  Cerfs  ou  ruminants  qu'il  dit  peupler  le  Mexi- 
que, par  exemple  le  Quauhtlamazame,  le  Tlalhuicama- 
zame,  etc.  La  faculté  dont  jouissent  les  langues  mexi- 
caines de  former  des  mots  composés  fait  qu'on  ajoute,  en 
général,  au  nom  spécifique  de  chaque  objet  le  nom  géné- 
rique de  la  catégorie  auquel  il  appartient.  Ainsi  chaque 
mot  renferme  une  définition  complète  du  genre  et  de 
l'espèce,  et  le  nom  spécifique  devient,  pour  ainsi  dire, 
le  qualificatif  du  nom  générique. 

Ainsi  le  mot  Quauhtlamazame  signifie  le  ruminant 
QuaukUa, 'l'espèce  est  donc  désignée  parle  nom  Quauhtla, 
et  non  par  celui  de  Mazame.  Il  est,  du  reste,  naturel,  une 
fois  qu'on  a  choisi  celui  de  Mazama  comne  nom  spécifi- 
que, de  l'appliquer  à  l'espèce  la  plus  commune  du  Mexi- 
que, et  la  seule  connue  des  auteurs  modernes  qui  se  sont 
les  premiers  servis  de  ce  nom,  c'est-à-dire  au  Cervus  mecci- 
canus.  Ces  explications  suffiront,  je  pense,  pour  montrer 
que  le  Cerf  Mazame  d'Hernandez  ne  peut  être  que  le  C. 
meœicanus,  car  ce  nom,  tiré  de  la  langue  mexicaine,  ne 
saurait  s'appliquer,  à  un  Cerf  du  Paraguay,  mais  seule- 
ment à  un  animal  du  Mexique. 

Hernandez  a  évidemment  trop  multiplié  le  nombre  des 
Cerfs  mexicains.  Il  est  probable  qu'il  a  compulsé  plu- 
sieurs des  noms  locaux  que  les  Indiens  donnaient  aux 
ruminants  peu  nombreux  du  pays  : 

a  Les  plus  grands,  dit-il,  sont  ceux  que  l'on  nomme 
Aculliames  (1),  et  qui  ressemblent  à  ceux  d'Espagne;  puis 
viennent  les  Quauhtlamazame  (2),  qui  attaquent  l'homme 
lorsqu'ils  sont  blessés;  puis  les  Tlalhuicamazame  (3),  qui 
sont  tout  à  fait  semblables,  si  ce  n'est  qu'ils  sont  plus  ti- 

(1)  Nom  dont  j'ignore  Tétymologie. 

(2>  Ou  Mazames  des  forêts;  évidemment  des  Cerfs.  C'est  le  Cervus 
mexicanus  par  excellence. 

(3)  Ce  devrait  être  probablement  tlalhuia  Mazame,  ou  le  Mazame 
qui  lauce  la  terre  (soit  avec  les  pieds  en  courant,  soit  avec  les  cornes)? 


TRAVAUX   INÉDITS.  245 

mides  ;  enfin  les  Temamrizame  (J),  qui  sont  les  plus  petits.  » 
Les  trois  premières  de  ces  prétendues  espèces  rentrent 
probablement  dans  le  C.  mexicanus,  car  l'auteur  ajoute 
que  ces  animaux  portent  des  cornes  renflées  à  leur  sortie, 
rondes  et  divisées  en  rameaux  aigus.  Du  reste,  Hernan- 
dez  ayant  rédigé  son  livre  d'après  les  récits  des  Indiens , 
plus  encore  que  d'après  ses  propres  observations,  il  est 
naturel  que  cet  ouvrage  soit  plein  d'erreurs  et  de  confu- 
sion (2).  Il  faut  cependant  prendre  en  considération  sa 
variété  albine  ou  les  Yztacs  Mazames  (Cerfs  blancs),  que 
les  Indiens  nomment  Tlamacazquemazalt  (3),  et  qu'ils  di- 
sent être  le  roi  des  Cerfs  (4). 

N°  2.  C.  Cariacus  (le  Cariacou,  Buff.) 

J'ai  rapporté  de  Trie  de  Cuba  des  bois  assez  semblables 
à  ceux  du  Cervus  mexicanus,  ne  possédant  qu'un  andouiller 
supérieur,  mais  de  taille  plus  grande  et  surtout  beaucoup 
plus  massifs.  La  partie  inférieure  de  ces  bois,  les  perches 
et  les  andouillers  sont  presque  deux  fois  plus  épais  que 
chez  les  bois  de  même  âge,  de  l'espèce  qui  habite  la  côte 
ferme  (Mexique).  La  partie  de  bois  comprise  entre  la  cou- 
ronne et  le  maître  andouiller  n'est  pas  cylindrique,  mais 
assez  comprimée  transversalement,  quoique  très-noueuse. 
Le  maître  andouiller,  au  lieu  d'être  dirigé  en  haut  comme 
chez  le  C.  mexicanus,  où  les  deux  maîtres  andouillers  sont 
à  peu  près  parallèles,  est  ici  très-grand  et  gros,  dirigé  en 
hant,  en  dedans  et  eu  avant.  Il  naît  aussi  plus  en  avant  que 
chez  l'espèce  citée,  étant  demi-antérieur.  La  partie  de  la 
perche  située  entre  cet  andouiller  et  la  fourche  est  beau- 
coup plus  droite  et  plus  épaisse  que  chez  l'espèce  du 

(1  )  Le  Mazame  qui  se  baigne,  dont  nous  parlerons  plus  bas. 

(2)  Ainsi,  plus  bas,  il  dit  que  la  Nouvelle-Espagne  abonde  en  Cerfs 
et  eu  Chamois  identiques  à  ceux  de  l'Espagne;  il  confond,  sans  doute, 
les  Aniilocapra  avec  des  Isars,  ne  les  connaissant  que  pour  en  avoir 
entendu  parler.  Il  s'occupe,  du  reste,  bien  plus  des  boules  que  con- 
tient l'estomac  de  ces  auimaui  que  de  la  distinction  des  espèces. 

(3)  Ce  mot  signifie  le  Cerf  qui  a  des  serviteurs. 

(4)  Hernandcz  parle  encore  des  Mazames  que  1rs  Espagnols  nom 


246      REV.    El   MAG.   DE   ZOOLOGIE.    (Juin  1860.) 

Mexique  ;  l'empaumure  est  moins  aplatie,  la  perche  est 
beaucoup  moins  courbée;  la  partie  qui  dépasse  l'an- 
douiller  supérieur  est  de  même  grandeur  que  ce  dernier, 
et  elle  est  bien  moins  longue  et  moins  recourbée;  elle  re- 
garde beaucoup  plus  en  haut,  tandis  que  chez  le  C.  mexi- 
canus  le  bout  de  la  perche  revient  en  avant,  de  façon  à 
surplomber  ou  à  dépasser  les  couronnes  des  bois,  ce  qui 
est  loin  d'avoir  lieu  chez  le  Cariacou. 

L'épaisseur  et  la  pesanteur  de  ces  bois,  ainsi  que  le 
morceau  du  crâne  auquel  ils  sont  attachés,  indiquent  qu'ils 
appartenaient  à  un  animal  de  taille  supérieure  au  C.  mexi- 
canus,  et  le  Cariacou,  savons-nous,  est,  en  effet,  plus 
grand.  Ce  sont ,  sans  doute,  des  bois  de  4e  année,  aussi 
grands  qu'ils  peuvent  devenir  avant  de  prendre  le  second 
andouiller  supérieur.    , 

Comme  le  Cariacou  n'a  pas  été  bien  distingué  du  Mazame 
ou  Cerf  mexicain,  jusqu'au  moment  où  M.  Pucheran  en 
eut  débrouillé  la  synonymie,  il  ne  sera  pas  inutile  de  don- 
ner ici  les  dimensions  des  bois  que  j'ai  sous  les  yeux. 

Distance  de  la  couronne  au  bout  de  la  perche, 
en  ligne  droite. 0œ,190  à  O^IO 

Distance  de  la  couronne  au  bout  du  maître 
andouiller,  environ 0m,130 

Distance  de  la  couronne  à  la  naissance  du 
maître  andouiller 0œ,050  à  0ffl,055 

Longueur  de  la  perche  entre  le  maître  an- 
douiller et  la  fourche  mesurée  dedans 0m,098  à  O^US 

Longueur  du  maître  andouiller 0m,075  à  0m,080 

Largeur  du  bois  entre  la  couronne  et  le  maître 
andouiller 0m,045 

Largeur  de  la  perche  au-dessus  du  maître  an- 
douiller     0m,038 

J'ajouterai,  en  terminant,  qu'il  me  paraît  tout  à  fait 
probable  que  le  C.  nemoralis,  H.  Smith,  soit  le  même  que 

ment  bigarrés  (berrendos),  qui  sont  couverts  de  poils  blancs  et  de 
fauves,  mais  avec  le  ventre  et  les  côtés  blanchâtres.  Selon  Berlandier, 
les  Mexicains  modernes  appelleraient  encore  ainsi  ÏAnlilocapra  ame 
ricana  (Baird.  loc.  cit.). 


TUAVAUX    1NKDITS.  247 

le  Cariacou  de  Buffon.  Cette  identité  semble  d'autant  plus 
évidente  que  H.  Smith  nous  apprend  que  son  C.  nemoralis 
vit  dans  le  Honduras,  portion  de  la  côte  ferme  très- 
voisine  de  Cuba.  Comme  Baird  ne  parle  pas  de  ce  Cerf 
dans  sa  faune  des  Mammifères  des  États-Unis  (R.  R.  Rep. 
I.  c),  il  est  bien  probable  que  les  individus  que  H.  Smith 
croyait  venir  de  Virginie  ne  venaient  pas  de  là,  quoiqu'il 
n'y  ait  rien  d'impossible  à  ce  que  l'espèce  se  continue  de 
Cuba  en  Floride,  et  même  plus  loin. 

N°  3.  Cervus  toltecus  (pi.  15  fig.  1). 
Rami  minuti  récurrentes,  vix  divergentes,  vit  arcuati  ;  prope  coro- 
nam  ex  interno  margine  surculum  triaugularem ,  valde  compla- 
uatum,  et  prope  apicem,  alterum  surculum  acuminatum,  margine 
externo  emittentes. 

La  taille  de  cet  animal  doit  être  à  peu  près  la  même 
que  celle  du  Cervus  rufus,  ou  même  un  peu  inférieure,  à 
en  juger  par  la  comparaison  des  crânes.  Le  crâne  est 
plus  petit  que  celui  du  C.  rufus  et  sa  portion  antérieure 
est  moins  étroite. 

Comparé  à  un  autre  crâne,  que  je  crois  être  celui  du 
C.  nemorivagus,  il  est  plus  court  et  plus  large,  point 
comprimé  comme  celui  dont  il  est  question.  Les  prolon- 
gements frontaux  qui  supportent  les  bois  sont  forts  et 
assez  courts,  comme  chez  le  C.  mmoravigus  ;  non  grêles 
comme  chez  le  C.  rufus.  La  symphyse  des  frontaux  forme- 
une  ligne  élevée  dans  sa  moitié  postérieure.  L'ouverture 
placée  entre  l'os  lacrymal  et  les  nasaux  est  grande,  large 
et  prolongée  en  bas  à  son  angle  antérieur.  On  trouve  entre 
le  pariétal  et  l'occipital  un  grand  os  vormien  en  carré 
large  (ayant  22  millim.  de  largeur  et  12  de  longueur).  Les 
bois  sont  courts,  presque  droits,  assez  aplatis  et  dirigés 
obliquement  en  arrière,  mais  cependant  moins  incliné» 
que  chez  le  C.  rufus,  car  ils  ne  continuent  pas  la  ligne 
du  chanfrein,  mais  se  relèvent  un  peu  plus.  Ils  ne  diver- 
gent presque  pas  vers  le  bout.  Leur  couronne  est  très- 
forte,  renflée,  très-noueuse  et  découpée.  Les  perches,  au 


2^8      REV.   ET  MAC.    DE  ZOOLOGIE.  '[Juin  1860.) 

contraire,  sont  lisses,  seulement  avec  quelques  arêtes  en 
dessous.  La  perche  gauche,  qui  est  la  seule  bien  déve- 
loppée, est  fortement  aplatie,  presque  palmée,  et  elle  émet 
au  quart  de  sa  longueur  à  son  bord  interne  un  andouiller 
aplati,  en  forme  de  dent  triangulaire,  presque  perpendi- 
culaire à  la  perche  et  placé  dans  le  plan  des  bois  [a).  La 
perche  est  ensuite  légèrement  arquée  en  dedans,  tordue, 
puis  tronquée,  et  se  termine  subitement  par  une  palmure 
rudimentaire  qui  regarde  en  dedans  et  offre  deux  saillies, 
dans  lesquelles  on  pourrait  voir  les  vestiges  d'une  bifurca- 
tion (b).  Immédiatement  avant  cette  terminaison,  la  perche 
émet,  par  son  bord  externe,  un  petit  andouiller  conique 
qui  continue  la  direction  de  la  perche  et  qui  termine  le 
bois  par  une  pointe  (c).  La  perche  droite  est  anomale;  elle 
n'est  pas  aplatie  et  n'offre  que  des  vestiges  d'andouiller  ; 
c'est  une  simple  dague  un  peu  arquée,  aplatie,  obtuse  et 
mamelonnée  au  bout.  Il  est  probable  que  l'individu  que 
nous  décrivons  n'était  arrivé  qu'à  ses  deuxièmes  bois. 
Peut-être  ceux-ci  prennent-ils  une  plus  grande  empau- 
mure  près  du  bout  chez  les  vieux  individus  ;  mais  il  me 
semble  assez  douteux  qu'il  puisse  en  être  ainsi,  attendu 
que  la  direction  presque  parallèle  des  deux  perches  fait 
que  les  andouillers  se  rencontreraient  s'ils  acquéraient 
quelque  grandeur.  C'est  peut-être  pour  cette  raison  que 
l'un  des  bois  est  mal  développé  ;  en  effet,  si  le  maître 
andouiller  du  bois  droit  était  aussi  grand  que  celui  du 
gauche,  ils  se  toucheraient  par  leurs  pointes,  ou  se  croi- 
seraient même.  L'étroitesse  de  l'espace  qui  reste  entre  les 
bois  fait  que,  durant  la  période  de  croissance,  les  bran- 
ches d'arbre  qui  s'introduisent  entre  eux  doivent  léser 
ou  détruire  facilement  la  peau  de  l'un  ou  de  l'autre,  ce 
qui  doit  amener  l'avortement  de  l'andouiller  de  l'un  des 
côtés. 

Longueur  totale  du  crâne 0m,i73 

Longueur  jusqu'à  l'origine  des  bois 0a,148 

Longueur  jusqu'à  l'angle  interne  de  l'orbite. . .    0m,088 


TRAVAUX     INEDITS. 


249 


Distance  entre  les  deux  orbites  (angle  interne).     0œ,0i3 
Distance  entre  les  prolongements  frontaux  . . .     0m,034 

Distance  entre  le  bout  des  deux  perches Om,055 

Longueur  des  frontaui 0B,070 

Largeur  du  crâne  en  arrière  des  orbites 0,n,060  à  0,061 

Longueur  des  bois 0",i20 

Largeur  des  bois  avec  l'andouiller  inférieur. . .    0m,030 
Ce  petit  Cerf  habite  le  Mexique.  Je  n'en  ai  entendu  par- 
ler que  dans  la  Cordillère,  voisine  du  golfe.  Je  l'ai  vu  à 
Cordova,  et  le  crâne  provient  des  environs  d'Orizaba. 

Il  appartient,  sans  doute,  à  la  catégorie  des  Élaphus 
qui  ne  prennent  pas  plus  d'un  ou  deux  andouillers,  mais  il 
semble  former  un  petit  groupe,  caractérisé  par  le  fait  que 
l'andouiller  supérieur  naît  sur  le  bord  externe  du  mer- 
rain  (1)  et  par  l'aplatissement  palmaire  du  maître  an- 
douiller.  A  en  juger  d'après  (es  descriptions,  il  me  semble 
se  rapprocher  beaucoup  du  C.  gymnotis,  mais  il  en  diffère 
par  la  forme  spéciale  des  bois,  plus  aplatis  et  tout  droits, 
nullement  recourbés  en  avant. 
Ce  Cerf  ne  rentre  dans  aucun  des  sous-genres  de  M.  Gray. 
Explication  de  la  figure.  —  Bois  gauche  du  C.  toltecus  vu  com- 
plètement par  devant  et  montrant  son  unique  courbure.  (Vu  de  profil, 
ce  bois  paraîtrait  tout  droit.) 

N°  4.  Le  Tema.  —  Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Sarto- 
rius,  planteur  au  Mirador,  près  Huatasco  (province  de 
Véra-Cruz),  un  autre  crâne,  très-voisin  de  celui  qui  vient 
d'être  décrit  (n°  3),  mais  qui  ne  porte  que  de  simples 
dagues. 

Plus  tard,  des  chasseurs  de  la  Cordilière  m'en  ont  pro- 
curé un  second.  Ce  crâne  peut  être  celui  du  Cervus  tolte- 
cus, jeune  d'un  an,  quoique  ses  dagues  soient  parfaitement 
droites;  mais  il  ne  serait  pas  impossible  qu'il  appartînt  à 
une  autre  espèce,  daguette  même  à  l'état  parfaitement 
adulte,  comme  les  C.  rufus  et  nemorivagus.  Les  Indiens 
distinguent  ce  Cerf  daguet  du  précédent,  et  ils  le  pren- 
nent, à  tort  ou  à  raison,  pour  un  autre  animal. 

(1)  Comme  chez  les  C.  hippelaphus  et  Pcronii,  mais  le  maître 
andouillcr  n'a  aucun  rapport  avec  celui  de  ces  espèces. 


250     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juin  1860.) 

Les  différences  que  Ton  remarque  sur  son  crâne,  com- 
paré à  celui  du  C.  toltecus,  sont  les  suivantes  : 

Le  crâne  n°  4  est  plus  court  et  plus  large.  Le  front  est 
bombé  et  convexe  dans  ses  deux  tiers  postérieurs,  et  la 
symphyse  des  frontaux  ne  forme  pas  une  ligne  saillante. 
Il  n'y  a  pas  d'enfoncement  à  la  partie  postérieure  du  pa- 
riétal, et  l'on  ne  voit  pas  trace  de  l'os  vormien  pariéto- 
occipital.  L'ensemble  du  crâne  est  plus  court  et  plus  large. 
Les  crêtes  latérales  de  l'occipital  sont  moins  fortes,  etc. 
Les  prolongements  frontaux  sont  dirigés  plus  en  haut,  en 
sorte  que  les  dagues  sont  un  peu  moins  couchées  que  les 
bois  du  C.  toltecus,  par  conséquent  moins  aussi  que  les 
dagues  du  C.  rufus.  De  plus,  elles  sont  très-courtes,  nul- 
lement divergentes,  grosses  et  fortement  noueuses,  pres- 
que jusqu'au  milieu  ou  même  au  delà,  ensuite  fines  et 
grêles.  La  grosseur  et  la  nature  noueuse  de  leur  moitié 
inférieure  font  qu'il  n'y  a  pas  de  couronne  bien  dessinée. 
Toutes  ces  différences  rentrent  dans  celles  que  produit 
l'âge  ;  mais  ce  qui  me  frappe  surtout,  c'est  d'abord  la  lar- 
geur du  crâne,  puis  le  fait  que  les  deux  têtes  du  n°  4  sont 
parfaitement  identiques  ;  qu'elles  n'offrent  pas  trace  du 
grand  os  vormien  si  net  chez  le  n°  3  (C.  toltecus),  et  enfin 
que  leurs  dents  sont  plus  usées,  •  ou  pour  le  moins  plus 
obtuses  que  celles  de  ce  dernier,  tandis  que  le  contraire 
devrait  avoir  lieu  si  le  n°  4  était  le  jeune  du  n°  3.  L'ouver- 
ture lacrymale  est  plus  large  chez  le  n°  4,  en  forme  de  tra- 
pèze ou  de  carré  arrondi,  et  son  angle  antérieur  ne  se 
prolonge  pas  en  bas  d'une  manière  aussi  marquée. 

Longueur  des  frontaux. 0m,063 

Largeur  du  crâne  derrière  les  orbites. ......    0m,060  à  0n,061 

Longueur  de  la  tête  osseuse 0m,165 

Longueur  jusqu'à  l'angle  interne  des  orbites.     0m,082 

Longueur  jusqu'à  l'origine  des  bois 0m,140 

Longueur  des  dagues 0m,068  et  0Œ,061 

Distance  entre  l'angle  interne  des  deux  or- 
bites      0B,040 

Distance  entre  les  bouts  des  deux  perches 0B,050 


TRAVAUX   INÉDITS.  251 

Distauce  eutre  les  prolongements  frontaux. . .     0B,038 
Largeur  du  crâne  aux  arcades  zygomatiques.    0ffl,081 
La  largeur  du  crâne,  mesurée  derrière  les  orbites,  à 
l'origine  des  bourrelets  des  prolongements  frontaux,  est 
presque  équivalente  à  la  longueur  des  frontaux,  comme  le 
montrent  les  mesures  qui  suivent  : 
Largeur  du  crâne  immédiatement  eu  arrière  des  orbites.    0m,064 

Longueur  des  frontaux O^OôS 

tandis  que  chez  le  n°  3  ce  rapport  est  comme  6  : 7.  (Voyez 
les  mesures.) 

Notre  Cerf  n°  4  est  très-probablement  le  Temama- 
zame (1),  aussi  nommé  Mazatl  chichiltic  (*2),  qu'Hernan- 
dez  a  figuré  page  325  de  son  ouvrage,  et  qu'il  décrit 
comme  ayant  des  cornes  très-courtes  et  très-pointues,  un 
pelage  brun  fauve,  blanchâtre  en  dessous;  en  ajoutant 
qu'il  le  classerait  plutôt  parmi  les  Chevreuils  (3),  ainsi  que 

(1)  Ou  plutôt  le  Tema,  puisque  Mazame,  qui  forme  la  seconde 
partie  du  mot,  est  seulement  un  nom  de  famille.  Temamazame  si- 
gnifie le  Mazame  qui  aime  à  se  baigner  (Cerf  des  marais  ou  aqua- 
tique). 

(2)  Ce  qui  signifie  Cerf  rougeâtre. 

(3)  lnter  capreos ,  cela  pourrait  devoir  être  inler  capreas, 
parmi  les  Chèvres  sauvages  (Antilopes).  En  effet,  selon  Berlandier,  le 
Teuhtlamazame  serait  YAntilocapra  americana,  Ord.  (Baird.,  R. 
R.  Rep.,  666),  ce  qui  coïncide  bien  avec  la  signification  du  nom 
mexicain,  dont  la  traduction  serait  Mazame  des  steppes  ;  donc,  évi- 
demment, un  des  Ruminants  à  corne  creuse  qui  peuplent  les  prairies 
du  Mexique  septentrional.  Rafinesque  a  même  fait  du  Temamazame 
une  nouvelle  espèce  d'Antilope,  qu'il  décrit  ainsi  que  suit,  unique- 
ment d'après  les  quelques  mots  qu'en  a  dit  Hernandez  :  Mazama 
tema,  brun  fauve  en  dessus,  blanchâtre  en  dessous,  cornes  cylin- 
driques, droites  et  lisses.  —  Mais  il  n'est  pas  douteux  qu'il  se  soit 
trompé,  attendu  que  la  figure,  aussi  bien  que  le  second  nom  de  cet 
animal,  montre  suffisamment  qu'il  s'agit  d'un  Cerf,  le  mot  mazatl 
servant  toujours  à  désigner  des  Cerfs  ou  des  Chevreuils.  Si  Hernandez 
a  voulu  classer  ce  Cerf  daguet  parmi  les  Chèvres,  c'est  sans  doute  à 
cause  de  la  ressemblance  de  ses  dagues  avec  les  cornes  des  jeuues 
Chèvres.  Ceci  est  d'autant  plus  probable  que  les  Espagnols  ont  établi 
la  même  comparaison  à  propos  de  notre  n»  5,  qu'ils  ont  nommé  Cerf 
corne  de  Chèvre.  Voyez  ci-dessous. 


252      REV.  ET   MAC.  DE   zoologie.   (Juin  1S60.) 

le  Feuhilamazame.  Ce  dernier  est  évidemment  un  Rumi- 
nant à  cornes  creuses;  mais  le  premier  ne  peut  être  que 
notre  daguet,  vu  l'extrême  brièveté  de  ses  cornes. 

Si  le  Cerf  dont  il  vient  d'être  question  était  reconnu 
comme  espèce,  je  proposerais  de  lui  donner  le  nom  de 
Cl  Sartorii,  en  l'honneur  de  la  personne  qui  m'en  a,  en 
premier  lieu,  révélé  l'existence  en  m'en  donnant  le  crâne. 

N°  5.  J'ai  encore  rencontré  au  Mexique  un  Cerf  de  la 
taille  du  C.  meœicanus,  ou  même  plus  grand,  rougeâtre 
en  dessus,  blanchâtre  en  dessous,  et  armé  de  grandes  da- 
gues arquées,  mais  je  n'ai  pu  le  voir  qu'à  la  course  et  n'ai 
pu  réussir  à  l'abattre.  Au  moment  où  je  l'aperçus,  je  le 
pris  pour  un  daguet  de  Cerf  mexicain,  mais  sa  taille 
m'ayant  frappé,  aussi  bien  que  la  longueur  de  ses  bois, 
j'en  parlai  aux  chasseurs  du  pays,  et  j'appris  par  eux  qu'il 
ne  s'agissait  pas  d'un  jeune  Daguet,  mais  que  ce  Cerf  était 
bien  connu,  et  qu'on  le  désignait  du  nom  de  Venado 
cuernicabra ,  ou  Chevreuil  cornes  de  Chèvre.  On  le  dit 
rare,  et  l'on  prétend  qu'il  ne  prend  jamais  d'andouiller. 

Comme  les  bois  de  ce  Cerf  sont  petits  et  qu'ils  par- 
lent peu  à  la  vue,  on  ne  les  conserve  pas  pour  en  faire  des 
ornements  ou  des  trophées.  Aussi  le  seul  débris  de  cet 
animal  que  j'aie  pu  me  procurer  est  un  bois  de  droite, 
attaché  à  un  morceau  du  crâne,  et  qui  trahit  des  diffé- 
rences sensibles  avec  les  mêmes  pièces  du  C.  meœicanus 
encore  daguet  (1).  Ce  bois  est  beaucoup  plus  long  (il  me- 
sure 0m,200,  selon  la  corde  de  sa  courbure)  ;  il  est  très- 
divergent,  très-arqué,  et  n'a  qu'une  seule  courbure  qui 
regarde  en  haut  et  en  dedans;  sa  base  est  très-noueuse,  sa 
couronne  médiocre,  et  la  seconde  moitié  de  la  corne  est 
comprimée,  assez  épaisse.  De  plus,  ce  bois  n'est  pas  grêle, 
comme  les  dagues  des  jeunes;  il  a  plutôt  le  caractère  de  la 
vieillesse.  Le  trou  supra-orbitaire  est  grand,  et  la  fossette 
située  en  arrière  du  trou  est  longue  et  très-profonde,  ce 
qui  semble  indiquer  un  animal  vieux.  Si  cette  espèce  était 

(1)  Cette  pièce  a  été  déposée  au  musée  de  Genève. 


TRAVAUX    INÉDITS.  523 

reconnue,  je  proposerais  qu'on  lui  appliquât  le  nom  tra- 
duit de  l'espagnol,  de  Cervus  capricornis. 

Peut-être  quelques  naturalistes  voudront-ils  voir  dans 
ce  Cerf  un  état  anomal  du  C.  mexicanus.  En  'effet,  on  a 
observé,  dans  les  ménageries,  quelques  cas  où  le  C.  virgi- 
nianus,  arrivé  à  un  âge  avancé,  reprenait  de  simples  da- 
gues, au  lieu  de  bois  à  andouillers,  et  Ton  suppose  que 
cette  anomalie  se  produit  aussi  à  l'état  sauvage,  parce 
qu'on  a  observé,  aux  États-Unis,  de  vieux  daguets  dont 
les  chasseurs  font  une  espèce,  qu'ils  désignent  sous  le  nom 
de  Spring  Buck  deJersay  (1),  et  qui  ne  sont  probablement 
que  des  individus  anomaux  du  C.  virginianus.  Il  y  a  donc 
une  certaine  chance  pour  que  notre  n°  4  ne  soit  qu'un 
vieux  C.  mexicanus  sur  le  retour. 


La  station  des  Cerfs  dans  le  Mexique  est  une  question 
qui  n'a  pas  même  été  abordée.  C'est  dans  les  forêts  de  la 
côte  et  dans  la  Cordilière,  qui  forme  le  versant  oriental 
du  plateau,  que  j'ai  vu  ces  animaux  le  plus  communément. 
En  d'autres  termes,  ils  m'ont  paru  surtout  abondants  dans 
toute  la  zone  à  climat  tropical.  La  Cordilière  chaude 
nourrit  les  quatre  types  mexicains  dont  il  est  parlé  ci- 
dessus;  ils  habitent  les  mêmes  forêts.  Dans  la  région  cô- 
tière,  je  n'ai  jamais  rencontré  que  le  C.  mexicanus  bien 
caractérisé,  mais  il  est  tout  à  fait  probable  que  les  autres 
types  y  vivent  également.  Le  C.  mexicanus  est  si  com- 
mun dans  les  forêts  de  ces  contrées,  qu'on  en  voit  des 
troupes  dans  presque  toutes  les  clairières  un  peu  isolées. 
J'ai  aussi  rencontré  le  C.  mexicanus  au  mont  Jorullo,  dans 
une  vallée  très-chaude,  située  sur  le  versant  occidental 
du  plateau,  à  25  lieues  de  l'océan  Pacifique.  Le  plateau 
étant  un  pays  nu  et  sablonneux,  les  Cerfs  n'y  ont  point 
élu  domicile,  mais  on  les  retrouve  dans  les  collines  boi- 
sées, situées  plus  haut  encore,  et  à  une  altitude  de  7  à 
9,000  pieds,  dans  les  forêts  des  conifères  qui  ombragent 

(1)  Pucheran,  l.c,  p.  315. 


254     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juin  18G0.) 

le  pied  des  montagnes  élevées.  Quoique  ayant,  à  plusieurs 
reprises,  vu  courir  ces  animaux  au  milieu  des  forêts  des 
grands  volcans,  je  n'ai  jamais  eu  l'occasion  d'en  abattre 
dans  ces  régions,  et  comme  les  habitants  du  plateau  ne  sont 
pas  chasseurs,  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  me  procurer 
les  bois  du  Cerf  des  montagnes.  Néanmoins  je  ne  mets 
pas  en  doute  que  celui-ci  ne  soit  le  C.  mexicanus,  car  il  est 
tout  à  fait  probable  que  des  animaux  du  genre  des  Cerfs 
vivent  également  bien  sur  la  côte  et  sur  le  plateau,  et  qu'ils 
supportent  aussi  bien  le  froid  que  la  chaleur.  Humboldt 
dit,  il  est  vrai,  qu'il  n'a  rencontré  les  grands  Cerfs  de  l'Amé- 
rique du  Sud  que  jusqu'à  une  altitude  de  2,000  pieds  (1); 
mais  il  est  probablement  dans  l'erreur,  lorsqu'il  suppose 
que  ceux-ci  ne  s'élèvent  pas  plus  haut,  car  sous  la  zone  tor- 
ride,  les  régions  qui  n'ont  que  2,000  pieds  d'altitude  sont 
encore  tout  à  fait  tropicales  et  ne  modifient  en  rien  les 
conditions  biologiques  des  grands  animaux.  D'ailleurs  le 
C.  mexicanus  est  une  espèce  si  voisine  du  C  virginianus 
(sinon  une  simple  variété  de  celui-ci),  qu'il  n'y  a  rien 
d'étonnant  à  ce  qu'il  supporte  le  climat  relativement  tem- 
péré des  montagnes  du  plateau.  Toutefois  il  serait  inté- 
ressant de  bien  étudier  la  question  des  Cerfs  du  Mexique 
et  de  leur  station,  car  il  pourrait  se  faire  que  l'espèce  qui 
habite  les  forêts  des  collines  du  plateau  et  des  montagnes 
froides  fut  le  Cervus  virginianm,  ou  une  variété  intermé- 
diaire entre  lui  et  le  mexicanus,  qui  "fournirait  la  preuve 
de  l'identité  des  deux  espèces,  et  qui  expliquerait  les  dif- 
férences de  ces  deux  types  par  de  simples  influences  lo- 
cales et  physiques. 


Description  de  nouvelles  espèces  de  Mélanies,  par  M.  A. 
Brot,  docteur-médecin.  — (PI.  16-17.) 
Le  genre  Melania  a  pris  depuis  Lamarck,  et  surtout 
dans  ces  dernières  années,  une  telle  extension,  qu'il  riva- 

(1)  Tableaux  de  la  nature  I.  —  L'espèce  de  Cerf  en  qnestion  est 
très-problématique. 


TRAVAUX    INÉDITS.  255 

lise  presque,  pour  la  richesse,  avec  le  genre  Hélix,  et,  au 
lieu  d'une  douzaine  d'espèces  (vivantes)  qu'il  renfermait 
dans  l'origine,  il  en  compte  aujourd'hui  plus  de  600.  Ces 
espèces  sont  malheureusement  assez  difficiles  à  obtenir, 
au  moins  des  échantillons  authentiques,  et,  d'un  autre 
côté,  les  descriptions  sont  disséminées  dans  une  foule  de 
publications  diverses,  revues  scientifiques ,  comptes  ren- 
dus de  sociétés  savantes,  voyages,  etc.,  qui  ne  se  rencon- 
trent pas  habituellement  dans  les  bibliothèques  particu- 
lières. Elles  sont,  d'ailleurs,  généralement  très-courtes  et, 
rarement  accompagnées  de  figures.  Il  en  résulte  une  très- 
grande  incertitude  dans  la  détermination,  ce  dont  on  peut 
aisément  se  convaincre  en  visitant  les  collections  publi- 
ques et  particulières,  et  il  devient  assez  difficile  de  déci- 
der, dans  un  cas  donné,  si  une  espèce  est  nouvelle  ou 
non.  Cependant,  comme  je  me  suis  occupé  spécialement 
de  la  famille  des  Mélaniens  de  Lamarck,  et  cela  depuis 
plusieurs  années,  et  que,  outre  une  collection  de  plus  de 
300  espèces  de  Mélanies  proprement  dites,  j'ai  pu  réunir 
une  bibliographie  assez  étendue,  puisqu'elle  comprend  la 
description  ou  les  figures  de  près  de  550  espèces.  Je  crois 
être  bien  placé  pour  présenter  comme  nouvelles  les 
espèces  suivantes.  Elles  sont,  pour  la  plupart,  depuis 
longtemps  dans  ma  collection,  et  je  n'ai  pu  les  identifier 
avec  aucune  des  espèces  qui  me  sont  connues  ;  elles  m'ont 
paru,  du  reste,  bien  caractérisées,  et  j'ai  d'autant  moins 
hésité  à  les  faire  connaître  que  je  pouvais  joindre  à  ma 
description  des  figures  exactes  qui  seront  toujours  les  bien- 
venues dans  un  genre  dont  les  espèces  sont  aussi  difficiles 
à  définir  d'une  manière  claire  et  intelligible. 
1.  Hippocastànum  (pi.  16,  fig.  1).  Testa  turrita,  spinosa,  subcrassa, 
castanea,  strato  nigro  tenui  induta,  apice  truncata. 

Anfractus  incolumes  6  ;  supremi  inermes  convexi,  subsquales , 
sequentes  superne  angulati,  angulo  spinis  subtriquetris,  divergeu- 
tibus  instructo  (  6  in  ultimo  anfractu  ).  Spinae  in  costas  obliquas 
deorsum  productœ;  anfractus  omnes  lineis  spiralibus  undulatis, 


25G       KEV.    ET  MAC.    DE  ZOOLOGIE.    (Juin    18G0.) 

elevatis,  cxilissimis,  ornati,  in  basi  anfractus  ullimis,  magts  coa- 

spicuis,  geminatis.  Sutura  impressa,  undulata. 
Aperturasubquandrangula,  basi  late  effusa,  intus  fusca;  margo  dexter 

haud  sinuatus,  intus  leviter  crenulatus;  columella  incrassata, 

aJba  tortaque.  —  Opercul.  ? 
Long.,  33mill.;  lat.,  15  mill.— Apert.  long.,  13  mill.;  lat.,  5  1/2  nriill. 

—  Diamet.  truncat.,  2  mill.  (1). 
Patria.  —  Nouvelle-Calédonie  (Petit). 

Très -caractérisée  par  le  contraste  entre  les  tours  supé- 
rieurs, lisses,  convexes,  subcylindriques,  et  les  suivants 
anguleux  et  épineux.  Les  épines  sont  fortes,. pointues, 
subtrigones,  toutes  dirigées  régulièrement  en  dehors,  et  se 
prolongent  en  côtes  saillantes  jusqu'à  la  base  du  tour.  Les 
stries  décurrentes  sont  peu  apparentes  à  l'œil  nu  sur  les 
tours  supérieurs,  mais  à  la  base  du  dernier  elles  deviennent 
très-marquées,  et  sont  accouplées  deux  à  deux.  Les  épines 
se  correspondent  assez  exactement  d'un  tour  à  l'autre,  ce 
qui  donne  à  la  coquille  l'apparence  d'une  pyramide  hexa- 
gonale. 

Cette  espèce  a  les  plus  grands  rapports  avec  le  M.  Win- 
teri.  Elle  en  diffère  par  la  coloration ,  par  la  forme 
des  tours  supérieurs  qui  semblent  indiquer  dans  notre 
espèce  une  spire  très-atténuée,  enfin  par  la  forme  de  l'ou- 
verture qui  est  moins  allongée,  et  dont  le  bord  droit  ou 
de  profil  est  sinué  dans  le  Winteri  et  parfaitement  verti- 
cal dans  notre  espèce.  La  base  de  l'ouverture  est  exacte- 
ment la  même  dans  les  deux  espèces. 
2.  Chocolatum  (fig.  2).  Testa  elato-turrita,  solida,  tuberculato-pli- 

cata,  intense  castanea,  decollata  ;  anfractus  incolumes  5,  convexi, 

sutura  undulata,  impressa  divisi  ;  omnes  longitudinaliter  plicati, 

transversi  iuaequaliter  et  grosse  sulcati,  superne  série  uniea  tuber- 

culorum  promincntium  ornati. 
Apertura  ovata,  fusca,  basi  effusa  ;  margo  dexter  sinualus,  versus 

basin  late  productus,  intus  crenulatus;  columella  subrecta,  sub- 

truncata.  —  Opercul.  ? 

(1)  Diameler  truncalurae.  J'entends  par  là  le  diamètre  de  la  coquille 
à  l'endroit  où  elle  est  tronquée. 


TRAVAUX    INEDITS.  257 

Long.,  27  m.;  lat.,  13.  —  Apert.  long.,  11;  lat.,  6  m.  —  Diamot. 
truucat.,  3  1/2  m. 

Patria.  —  Ceylan  (Bcrnardi). 
Cette  espèce  est  couverte  de  grosses  cordelettes  saillan- 
tes, noueuses,  au  nombre  de  quatre  sur  l'avant-dernier  tour, 
entre  lesquelles  on  en  découvre  deux  ou  trois  plus  fines. 
Elles  sont  croisées  par  des  côtes  onduleuses  grossières,  ce 
qui  fait  paraître  la  surface  tuberculeuse.  La  seconde  des 
cordelettes  tranverses,  à  partir  du  haut  des  tours,  est  plus 
proéminente,  caréniforme  et  garnie  de  tubercules  accou- 
dés très-saillants.  Il  y  a  environ  dix  côtes  longitudinales 
sur  les  derniers  tours. 

Mon  ami  M.  Dohru,  auquel  j'avais  communiqué  cette 
espèce  il  y  a  quelques  années,  m'écrit  qu'il  Ta  baptisée 
M .  Brotiy  Dohrn.,  et  qu'elle  est  connue  sous  ce  nom  en  An- 
gleterre depuis  trois  ans.  Cette  dénomination,  n'étant  ap- 
puyée par  aucune  description,  ne  me  paraît  pas  devoir 
être  acceptée. 

3.  Myurus  (fig.  3).  Testa  elato-convexo-turrita,  tenuis,  spinulosa, 
virescens,  sparsim  et  indistincte  fusco-maculata,  sub  strato  nigro 
tenui  adhaerente,  apice  truncâta. 

Anfractus  incoluines  7,  convexi,  superni  angulati,  supra  angulum 
concayi  ;  plicati,  plicis  rectis,  versus  basin  anfractuum  evauidis, 
superne  ad  angulum  in  spinas  brèves,  angustas,  incurvas,  pro- 
ductis  ;  striis  spiralibus  et  incrementi  subaequalibus  decussatis. 

Apertura  ovata,  intus  caerulescens,  inferne  eflusn.  Marge-  dexter 
superne  sinuatus,  deinde  regulariter  convexus,  inferne  productus. 
Columella  subtorta ,  incrassata ,  alba.  Marge-  basalis  oblique  re- 
tusus.  —  Opercul.    ? 

Long.,  25  m.;  lat.,  9  m.  —  Apert.  long.,  10  m.;  lat.,  4  m.— 
Diamet.  truncat.,  1  1/2  ru. 
Patria.  —  Java  (Petit). 
Spire  élevée,  convexe,  garnie  de  plis  verticaux  termi- 
nés par  de  petites  épines  recourbées  vers  la  spire,  très- 
régulières  ;  environ  douze  sur  l'avant-dernier  tour.  La 
sculpture  rappelle  la  M.  spinulosa;  elle  consiste   en  des 
stries  alternantes  fines  plus  développées  à  la  base  des 
tours.  Elles  sont  en  partie  masquées  par  la  croûte  noire 
qui  recouvre  toute  la  coquille,  sauf  le  dernier  tour.  Celui- 
2«  série,  t.  xii.  Aunée  1860.  17 


•258    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juin  1860.) 

ci  n'offre  que  des  traces  rudimentaires  de  plis  et  d'épines, 
et  des  stries  fines,  irrégulièrement  alternantes,  croisées  par 
des  stries  d'accroissement. 

Le  M.  cochlea,  Léa  est  l'espèce  la  plus  voisine  ;  elle  a 
également  uue  spire  élevée,  convexe,  et  des  côtes  épi- 
neuses qui  disparaissent  sur  le  dernier  tour,  mais  les  côtes 
sont  obliques,  terminées  par  des  épines  aiguës.  Quant  à  l'ou- 
verture, elle  est  trop  brièvement  décrite  pour  qu'on  puisse 
établir  une  comparaison.  Cependant,  si  j'en  juge  d'après 
des  échantillons^d'une  collection,  que  je  considère  comme 
étant  la  M.  cochlea,  et  qui  présentent  exactement  les  carac- 
tères de  la  spire  indiquée  par  M.  Lea,  elle  serait  toute 
différente  de  la  nôtre,  analogue  à  celle  de  la  M.  spinulosa, 
Lam.,  subcanaliculée  à  la  base,  à  columelle  droite  sub- 
tronquée et  à  bord  droit  non  dilaté  inférieurement;  tandis 
que  dans  la  M.  Myurus  le  bord;  droit  descend  plus  bas 
que  la  columelle,  et  cette  dernière  est  tordue  et  épaissie, 
ce  qui  rend  le  bord  basai  largement  échancré  et  rétréci. 
4.  Litigiosa  (  fig.  4  ).  Testa  elevato-turrita,  clavœfbrmis,  solida, 
ponderosa,  transverse  sulcata,  olivacea,  sub  strato  nigro. 

Anfractus  10  (apex  ipse  deest),  superni  planulati,  pallidiores, 
nonnunquam  maculis  fusco-rubris  seriatim  picti  ;  sequentes  sub- 
convexi,  sulcis  spiralibus  exarati,  ultimus  magous  inflatus,  minus 
regulariter  sulcato-striatus,  striis  incrementi  variciformibus,  irre- 
gularibus,  distantibus  prœditus. 

Apertura  ovato-acuta,    intus  caerulesccns ,  basi  effusa;  margo 
dexter  regulariter  areuatus,  versus  basiu  sensim  productus.  Colu- 
mella  haudtorta,  arcuata,  iocrassata,  alba.  —  Opercul.    ? 
Long.,  52  m.;  lat.  17  m.— Apcrt.  long.,  18  m.;  lat.  (intus),  8  m. 
Patria.  —  ? 
Les  tours  supérieurs  sont  subitement  atténués,  ce  qui 
donne  à  la  coquille  une  forme  de  massue  ;  ils  sont  dépour- 
vus d'épiderme,  lisses,  de  couleur  claire  quelquefois  avec 
des  rangées  de  points  bruns.  Les  trois  tours  qui  précè- 
dent le  dernier  sont  régulièrement  et  profondément  sil- 
lonnés de  manière  à  présenter  environ  six  cordelettes 
élevées,  de  largeur  égale  à  celle  des  sillons  qui  les  sépa- 
rent. Sur  le  dernier  tour,  les  sillons  sont  beaucoup  plus 


TRAVAUX   INÉDITS.  259 

nombreux  et  moins  profonds  (environ  28);  ils  s'étendent 
jusqu'à  la  base  ;  les  stries  d'accroissement,  invisibles  sur  les 
premiers  tours,  sont  assez  fines  et  serrées  sur  les  suivants, 
très-marquées  et  éloignées  sur  le  dernier,  où  elles  sont  la 
trace  des  péristomes  successifs  de  la  coquille.  L'ouverture 
est  grande,  assez  aiguë  au  sommet.  Sur  un  échantillon 
imparfait,  les  cordelettes  saillantes  se  prolongent  jusque 
sur  le  dernier  tour  et  sont  élégamment  articulées  de  rouge 
brun  sur  un  fond  vert  olive. 

J'ai  vu  souvent  dans  la  collection  cette  espèce  sous  le 
nom  de  M.  aculeus,  Lea  ;  mais  elle  n'appartient  pas  à  ce 
groupe,  à  cause  de  la  forme  de  sa  columelle.  Ses  proches 
voisines  sont  M.  albescens,  Lea,  et  mindorensis,  Léa.  La 
M.  albescens,  Lea,  est  à  peu  près  lisse,  et  sa  spire  est  régu- 
lièrement atténuée;  son  ouverture  est  beaucoup  plus 
allongée,  plus  aiguë  au  sommet,  moins  élargie  à  la  base  ; 
enfin  elle  est,  en  général,  moins  solide.  —  La  M.  mindo- 
rensis ressemble  davantage  à  notre  espèce.  Cependant 
elle  me  paraît  moins  épaisse,  moins  ventrue  au  dernier 
tour,  et  elle  ne  présente,  pas  plus  que  la  M.  albescens,  la 
spire  subitement  atténuée,  qui  donne  un  faciès  particulier 
à  la  M .  litigiosa. 
5.  Semiornata   (  fig.  5  ).  Testa  conico-turrita ,  subsolida  ,  superne 

costata,  fusco-comea,  nitida,  maculis  rubris  passim  et  praesertim 

ad  suturam  ornata. 
Anfractus  9  (apei  ipse  deest)  convexi,  sutura  impressa  et  margi- 

nata  divisi ,  superni  regulariter  costati ,  liucis  impressis',  regula- 

ribus,  crebris  decussati,  ultimus  laevigatus  politus. 
Apertura  ovata,  basi  latc  effusa,  intus  cajrulesccns,  submargari- 

tacea;  margo  dcUcr  leviter  sinuatus,  inferuc  late  productus;  colu- 

mella  subtorta,  alba.  —  Opercul.    ? 
Long.,  35  in.;  lat.,  12.  —  Apert.  long»,  11  1/2  m.;  lat.,  7  m. 
Patria.  —  Java  (relit). 
Cette  espèce  est  remarquable  par  le  poli  de  son  épi- 
derme,  les  côtes  élégantes  qui  ornent  ses  6  ou  7  pre- 
miers tours ,  croisées  par  des  stries  délicates  régulières. 
Cette  sculpture  disparaît  vers  le  dernier  tour;  les  côtes 
deviennent  d'abord  des  plis  réguliers  bornés  à  la  partie 


460      REV.    ET   MAG.    DE   ZOOLOGIE.   (Juin  1860.) 

supérieure  des  tours,  puis  s'effacent  entièrement.  Les  stries 
décurrentes  se  perdent  à  l'avant-dernier  tour,  et  le  der- 
nier tour  n'en  présente  plus  qu'une  qui  borde  la  suture, 
outre  quelques  lignes  très-distinctes  autour  de  la  base.  Je 
ne  connais  pas  d'autre  espèce  à  laquelle  je  puisse  la  com- 
parer. 

6.  Dcmorpha  (  fig.  6  ).  Testa  ovato-conica,  subsolida,  lœvigata,  oli- 
vacco-viridis ,  strato  nigro  tenuissimo  obscurata/intus  saepius 
brunneo-fasciata,  apice  erosa  vel  truncata. 

Anfractus  incolumes  3-4  (circa  4  1/2  in  speciminibus  integris), 
planulati,  sutura  appressa ,  filiformis,  sublacera,  divisi  ;  ultimus 
maguus  inferue  subangulatus,  inflatus,  superne  subconslrictus. 

Apertura  magna,  ovato-biangulata,  intus  caerulescens,  fasciis 
brunneis  latis  ornata.  Margo  dexter  acutus,  haud  productus,  regu- 
lariter  arcuatus;  columella  subrecta  incrassata,  alba;  margo  ba- 
salis  inangulum  obtusum  productus,  subcanaliculatus. 

Operculum  (6c)  ovato-piriforme,  profunde  intrans,  unispiratum, 
radiatim  striatum,  nucleo  basali,  marginali,  sinistro. 
Long.,  20  m.;  lat.,  12.  —  Apert.  long.,  12  m.;  lat.,  5  1/2  m. 
Patria.  —  Gabon  (Verreaux). 
Cette  espèce  se  présente  sous  deux  formes  assez  diffé- 
rentes au  premier  coup  d'oeil,  mais  inséparables  si  on  les 
examine  avec  attention.  J'ai  figuré  les  deux  extrêmes. 
L'une  (6  a)  est  carrément  tronquée  à  l'extrémité;  l'autre 
(6  b)  est  seulement  rongée  et  laisse  voir  la  suture  jusqu'au 
sommet,  de  sorte  qu'on  peut  compter  les  tours  au  nom- 
bre de  4  et  1/2.  Ces  deux  échantillons,  qui,  vus  de  face, 
paraissent  assez  différents,  présentent,  vus  de  dos,  la  plus 
complète  identité  pour  la  forme  du  dernier  tour,  la  colo- 
ration, la  nature  de  l'épiderme.  L'opuscule  est  identique 
dans  les  deux  formes.  La  troncature  de  la  spire  n'est  donc 
ici,  comme  dans  beaucoup  d'autres  espèces,  qu'un  cas 
accidentel  dépendant  uniquement  des  circonstances  dans 
lesquelles  les  individus  ont  vécu. 

La  M.  dimorpha  est  lisse,  et  seulement  à  la  loupe  on 
distingue  des  lignes  spirales  excessivement  fines  et  ser- 
rées, visibles  surtout  sur  les  tours  supérieurs,  où  l'épiderme 
est  plus  à  découvert.  La  base  est  lisse  sans  aucune  strie 


TRAVAUX    INÉDITS.  261 

crculaire.  Le  haut  des  tours  est,  en  général,  de  couleur 
plus  claire.  L'ouverture  laisse  voir,  à  l'intérieur,  des  fascies 
brunes  qui  n'atteignent  pas  le  bord  droit.  Il  y  en  a,  en 
général  une  large  au  milieu  du  tour,  une  plus  étroite  près 
de  l'angle  supérieur,  et  une  troisième  étroite  aussi  près 
du  bord  basai.  Ces  fascies  sont  quelquefois  décomposées 
en  linéoles  fines,  quelquefois  elles  ne  sont  visibles  qu'au 
fond  de  l'ouverture. 

La  M.  dimorpha  appartient  au  groupe  de  la  M.  nigri- 
tina,  Morelet.  Elle  a  tout  à  fait  la  même  ouverture  que  cette 
espèce  ;  la  forme  des  tours  est  analogue,  ainsi  que  les  fas- 
cies intérieures  qui  ornent  quelquefois  la  M.  nigritina. 
L'opercule  doit  être  semblable,  à  en  juger  par  la  descrip- 
tion qu'en  donne  M.  Petit  dans  son  journal  de  conchylio- 
logie. Notre  espèce  diffère  par  son  petit  nombre  de  tours, 
ses  proportions  toutes  différentes  et  son  épiderme  uni  et 
non  finement  granuleux  comme  dans  la  M.  nigrilina.  En 
outre,  elle  ne  présente  point  de  traces  de  lignes  saillantes 
à  la  base. 

7.  Vittata  (pi.  17,  fig.  7).  Testa  turrita,  elongata,  lœvigala,  subte- 
nuis,  brunneo-violacea,  sub  epidermide  olivacea,  luto  atro  tenuis- 
simo  obscurato. 

Anfractus  novem  (apex  ipse  deèst)  convexi,  sutura  profunda  di- 
visi;  ultimus  ad  peripheriam  compressus,  fascia  alba  intus  con- 
spicua  ornatus;  apertura  arapla  ovata,  basi  effusa  ;  margo  deiter 
tenuis,  inferne  late  productus;  columella  alba  tortaque.  —  Oper- 
cul.    ? 

Long.,  37;  lat.,  11m —  Apert.  long.,  11  m.;  lat.,  7  m. 

Patria.  —  Philippines  (Edmuller). 

Cette  espèce  est  bien  caractérisée  par  ses  tours  convexes, 
à  l'exception  du  dernier  qui  est  aplati  à  la  périphérie,  par 
sa  columelle  très-tordue  et  la  large  fascie  blanche  qui  se 
trouve  au  tiers  inférieur  du  dernier  tour.  Elle  paraît  lisse 
à  l'œil  nu  ;  mais  vue  à  la  loupe,  elle  présente  quelques  li- 
gnes imprimées  décurrentes,  irrégulières,  croisées,  çàetlà 
par  des  stries  d'accroissement  simulant  une  sorte  de  fron- 


262      HEV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (Jlltn  1860.) 

cernent  de  la  surface.  Ces  lignes  disparaissent  complète- 
ment sur  les  deux  derniers  tours. 

Par  sa  forme  élevée  et  sa  columelle  tordue,  elle  se  rap- 
proche du  groupe  de  la  M\  aculeus,  Léa,  et  en  particulier 
de  la  M.  lancea,  Léa. 
8.  Beryllina  (pi.  17,  tig.  8).  Testa  turrita-subulata,  stria  ta,  tenuis, 

subpellucida,  lœte  viridis,  maculis  rubris,  raris,  indistinctis  or- 

nata,  apice  pallida. 
Anfractus  12  (apex,  ipse  deest)  convexi,  sutura  impressa  divisi, 

striis  spiralibus  regularibus  ornati,  superiores  longitudinaliter 

plieati,  plicis  versus  parteni  inferiorem  anfraetum  evauidis. 
Apertura  ovata,  intus  caerulesceus,  basi  effusa  ;  margo  dexter 

siuuatus,  ad  basin  late  productus;  columella  crassa,  torta,  alba, 

—  Opercul.    ? 
Long.,  36  m.;  lat.,  10.  —  Apcrt.  long.,  10  m.;  lat.,  6  m. 
Patria.  —  Pondichéry  (Petit). 

Cette  espèce  offre,  au  premier  coup  d'oeil,  les  plus 
grands  rapports  avec  la  M.  tuberculata,  Mull.  (fasciolala, 
Oliv.).  Elle  a  la  même  forme  générale  et  une  sculpture 
analogue.  Elle  s'en  distingue  par  la  forme  de  l'ouverture 
très-évasée  à  la  base  et  la  forte  torsion  de  la  columelle, 
caractères  qui  semblent  la  rapprocher  plutôt  du  groupe 
de  la  M.  aculeus,  Léa  ou  de  la  M.  lancea,  Léa. 

Les  premiers  tours  de  la  coquille  sont  très-régulièrement 
treillissés  par  des  lignes  élevées  décurrentes  et  longitudi- 
nales qui  forment  un  petit  tubercule  à  leur  point  de  croise- 
ment ,  et  laissent  entre  elles  des  enfoncements  réguliers. 
Les  stries  longitudinales  deviennent,  sur  le  cinquième  ou 
sixième  tour,  des  plis  longitudinaux  qui  n'occupent  que 
les  deux  tiers  de  la  hauteur  des  tours.  Les  derniers  tours 
en  sont  complètement  dépourvus  et  ne  présentent  plus 
que  les  stries  décurrentes  et  quelques  stries  d'accroisse- 
ment irrégulières. 

La  coloration  de  cette  coquille  est  assez  spéciale  ;  elle 
est  d'un  vert  qui  rappelle  la  couleur  du  Béryl. 
9.  Obscura  (pi.  17,  fig.  9).  Testa  turrita,  elongata,  striata,  striis  in- 

crementi  irregularibus  decollata,  olivacea,  sub  strato  tenui  fusco- 

ferrtigineo. 


TRAVAUX   INÉDITS.  263 

Anfractus  11  (apex  ipsc  deest),  rapide  crescentes,  couvexiusculi, 
sutura  impressa  divisi,  ultimus  basi  subangulalus  ,  superui  striis 
spiralibus  elevatis,  coufertis  oruati,  interstitiis  sub  lente  impresso- 
puuctatis  ;  inlermedii  striis  impressis  decrescentibus  in  ultimo  an- 
fractus distantibus,  basi  nullis,  ornati. 

Apertura  ovata  basi  effusa,  intus  fuscescens.  Margo  dexter  le- 
viter  siuuatus,  iuferne  late  produclus.  Columella  alba,  subtorta.— 
Opercul.    ? 
Long.,  32  m.;  lat.,  10  1/2  m.  —  Apert.  long.,  10;  lat.,  5. 
Patria.  —    ?  (vend.  Landaner). 
Le  caractère  distinctif,  de  cette  espèce  consiste  dans  sa 
sculpture.  Les  tours  supérieurs  présentent  des  lignes  dé- 
currentes,  élevées,  très-régulières,  dont  les  intervalles  sont 
très-élégamment  guillochés  par  des  stries  d'accroissement 
bien  marquées,  simulant  des  points  enfoncés  ;  sur  les 
tours  suivants,  on  ne  trouve  que  des  lignes  imprimées  dé- 
currentes,  serrées,  qui,  devenant  graduellement  plus  écar- 
tées, finissent  par  n'occuper  que  le  dernier  tour  et  le  voi- 
sinage de  la  suture,  ce  qui  donne  à  cette  dernière  une 
apparence  marginée  ;  la  base  du  dernier  tour  en  est  com- 
pltéement  dépourvue  et  n'offre  que  les  stries  d'accrois- 
sement. 

La  M.  luzoniensis,  Lea,  semble  présenter  une  sculpture 
analogue,  mais  ses  dimensions  sont  différentes.  —  Cette 
espèce,  par  sa  forme  subulée  et  sa  columclle  peu  tordue, 
appartient  au  même  groupe  que  la  M.  Newcombii,  Léa, 
avec  laquelle  elle  a  quelques  rapports  de  forme  générale  ; 
mais  elle  en  diffère  tout  à  fait  par  la  suture  qui  n'est  pas 
canaliculée,  par  ses  tours  moins  convexes  et  par  sa  sculp- 
ture. 

10.  Petechialis  (pi.  17,  fig.  10).  Testa  turrita,  lœvigata,  crassa,  oli- 
vaceo-lutea,  maculis  rufo-fuscis  irregulariter  aspersa,  apice  trun- 
cata.  —  Anfractus  8  incolumes,  subconvexi,  sutura  appressa  sub- 
marginate  divisi,  sub  lente  striis  spiralibus  exilissimis,  creberrimis, 
et  striis  incremeuti  parum  conspicuis  sculpti,  superne  ad  sutu- 
ram  tenuissime  plicatuli;  ultimus  iuflatus,  ascendens,  basi  lineis 
subimpressis  undulatis  circa  6  circumdatus. 

Apertura  ovata,  fusco-ferrugiueo-tincta,  fauces  cajrulcscentes, 
maculis  fusco-rubris  pallesceutibus.  Margo  dexter  inferue  oblique 


264     rev.  et  mag.   de  zoologie.  (Juin  1860.) 

procédons,  incrassatus,  augulus  superior  aperturae  perincrassatus, 
callosus,  anguste  canaliculatus;  columella  incrassata,  subtorta,  in 
margiuem  basalem  productum  angulatim  transiens. —  Opercul.  ? 
Long.,  46  m.;  lat.,  17  m.— Apert  intus  long.,  13  m.;  lat.,  8  1/2  m. 
Patria.  —    ?  (vend.  Edmuller). 
Cette  espèce  fait  évidemment  partie  du  groupe  remar- 
quable de  Mélanies  de  l'Amérique  du  Sud,  que  MM.  H.  et 
A.  Adams  nomment  Donjssa  dans  leur  Gênera,  et  qui  com- 
prend les  espèces  suivantes  : 

M.  atra,  Rich.;  brevior,  Trosch;  chlori*,  Trosch;  rnacaya, 
J.  Moris;  ventricosa,  J.  Moris;  circumsulcata,  Hohmackeri, 
Phil.;  bullata,  Léa;  tuberculata,  Wagn.  (?).  Ce  groupe  est 
nettement  caractérisé  par  l'épaisseur  des  bords  de  l'ouver- 
ture, la  présence  d'une  callosité  à  l'angle  droit  supérieur 
de  l'ouverture,  la  direction  ascendante  du  dernier  tour,  et 
l'angle  prononcé  que  forme  la  columelle  avec  le  bord  ba- 
sai avancé.  —  La  M.  petechialis  est  la  seule  qui  soit  lisse 
dans  toute  sa  surface.  M.  Hohmackeri,  Phil.,  qui  paraît  être 
très-voisine,  en  diffère  par  la  présence  de  seize  sillons  sur 
le  dernier  tour,  la  disposition  imbriquée  des  tours,  des  di- 
mensions inférieures,  et  une  ouverture  blanche  intérieu- 
rement. 

L'épiderme  a  un  aspect  gras  qui  est  dû  à  la  présence  de 
stries  fines  et  visibles  seulement  à  la  loupe. 
11.  Saussurei  (pi.  17,  fig.  11).  Testa  pyraniidata,  laevigata,  subso- 
lida,  cornea  vel  fusco-cornea,  strato  calcareo  praesertim  apud  api- 
cem  obtecta.  —  Anfractus  10  (apex  ipse  deest)  convexi,  sutura  im- 
pressa, undulata  divisi,  ad  partem  superiorem  plicati  et  lineis 
volventibus,  elevatis  tribus  cincti.  Anfractus  superiores  lœvigati, 
ultiraus  basi  lineis  3  vel  4  parum  conspicuis  circumdatus  ;  aper- 
tura  ovata,  basi  angulatim  producta,  intus  concolor;  margo  dexter 
subincrassatus,  fusco-limbatus,  haud  sinuatus  ;  columella  torta 
violaceo-rubra. 

Operculum  ovatum,  quadrispiratum,  spiris  rapide  crescentibus, 
nucleo  subcentrali,  columellae  subapproximato. 
Long.,  26  m.;  lat.,  9  m.  —  Apert.  long.,  8  m.;  lat.,  5  m. 
Patria.  —  Mexique,  route  de  Tampico  à  Mexico,  bois  du  Rio 
Grande  (de  Saussure,  mus.  Gen.). 

Cette  espèce  a  été  rapportée  par  M.  de  Saussure  de  son 


TRAVAUX    INÉDITS.  265 

voyage  au  Mexique.  Elle  appartient  évidemment  au  groupe 
des  Pachychilus  et  se  rapproche  surtout  de  la  Schicdeana, 
Phil.  La  forme  générale  et  l'ouverture  sont  identiques; 
mais  le  M.  Saussurei  est  moins  solide  et  présente  constam- 
ment (sur  20  individus  que  j'ai  pu  examiner)  ses  trois 
lignes  noduleuses  à  la  partie  supérieure  des  tours,  la 
partie  moyenne  et  inférieure,  ainsi  que  les  quelques  pre- 
miers tours  de  spire  restant  parfaitement  lisses.  M,  plu- 
ristrîata  Say.,  également  de  Mexico,  paraît  être  aussi 
très-voisine,  mais  elle  est  complètement  couverte  de  lignes 
élevées,  nombreuses. 

La  coquille  est  revêtue  d'un  encroûtement  calcaire  gri- 
sâtre, qui  est  particulièrement  épais  à  l'apex,  où  il  forme 
un  renflement  notable  (comme  cela  se  voit  aussi  dans  la 
M.  nigrata,  Poey);  la  spire  s'y  trouve  exactement  conser- 
vée, mais  elle  se  brise  toujours  quand  on  veut  la  dégager. 
Je  crois  que  la  coquille  intacte  aurait  13  tours  environ. 
La  base  du  dernier  tour  présente  quelquefois  une  vague 
indication  de  deux  ou  trois  lignes  saillantes. 
12.  Bicolor  (pi.  17,  fig.  12).  Testa  turrita,  castanea,  infra  suturam 
pallidior,  decollata.  —  Anfractus  incolunaes  5,  convexiusculi,  infra 
suturam  leviter  coarctati,  striis  incrementi  crebris,  tenuissimis  or- 
nati.  Specimina  juniora,  jam  decollata,  lineas  impressas,  irregu- 
lares,  spirales  praebens.  Sutura  canaliculata.  —  Apertura  ovato- 
piriformis,  basi  subeffusa,  intus  fusca.  Margo  dexter  simplex,  ad 
basin  late  subproductus.  Columella  subtorta,   arcuata,   pallide 
fusca.  Margo  parietalis  in  adultis  callo  nitido  caerulescenti  obtec- 
tus.   —  Operculum   oblongo-piriforme ,   unispiratum ,  radiatim 
striatum  ;  nucleus  basalis  submarginalis  siuistrorsus. 

Long.,  40  m.;  lat.,  16.— Apert.  long.,  16  m.;  lat.,  8  m.— Diamet. 
truncat.,6m. 

Patria.  —  Taïti  (Petit,  coll.  mea.). 
Je  possède  de  cette  espèce  une  série  d'individus  de  dif- 
férents âges,  qui  tous  sont  tronqués  à  l'extrémité.  Les  plus 
jeunes,  qui  comptent  de  i  à  5  tours  (long.,  17  m.;  larg., 
8  m.;  diamètre  troncat.,  2  m.),  présentent  tous  des  stries 
décurrentes,  imprimées,  distantes,  plus  ou  moins  régulières, 
prononcées.  Un  échantillon  plus  grand  de  7  tours  et  1/2 


266     rev.  et  mag.  de  zoologie,  (Juin  1860.) 

(long.,  34  m.;  larg.,  11  m.,  diam.  truncat,  2  m.)  est  cou- 
vert de  stries  imprimées,  distinctes,  régulièrement  espa- 
cées, dans  l'intervalle  desquelles  la  surface  de  la  coquille 
est  comme  froncée  par  places.  Tous  ont  une  suture  cana- 
liculée  et  une  coloration  bleu-verdâtre  clair.  —  Les  indi- 
vidus adultes,  tels  que  celui  que  j'ai  figuré,  sont  couleur 
marron,  et  présentent  quelquefois  des  lignes  imprimées  au 
tour  supérieur,  point  sur  les  suivants.  Ils  portent,  le  long 
de  la  suture,  des  érosions  semi-lunaires  assez  particulières. 
La  coquille  est  franchement  entamée  comme  avec  un  em- 
porte-pièce ,  de  manière  à  découvrir  une  partie  du  tour 
précédent  avec  son  épiderme  intact.  La  cassure  est  blan- 
che. Il  y  a,  à  la  base ,  quelques  lignes  spirales  saillantes 
très-indistinctes. 

Cette  espèce,  que  j'ai  rencontrée,  dans  presque  toutes  les 
collection,  sous  toutes  sortes  de  noms  qui  ne  peuvent  pas 
lui  convenir,  ne  me  paraît  p^s  avoir  été  décrite  et  surtout 
figurée.  Elle  est  très-voisine  de  »a  M.  divisa,  Phil.  [Zeitschr. 
Malac,  1851,  p.  81).  Il  ne  serait  pas  impossible  que  ce 
fût  la  même.  Dans  ce  cas,  je  crois  qu'il  faudrait  lui  réunir 
aussi  la  M.  humilis,  Phil.,  décrite  immédiatement  après. 
Les  trois  espèces  ne  diffèrent  que  par  la  coloration  et  la 
présence  ou  l'absence  des  lignes  imprimées.  Or,  comme 
on  le  voit  dans  ma  description,  mon  espèce  en  possède 
dans  le  jeune  âge  et  en  est  dépourvue  à  l'état  adulte. 

Depuis  que  ces  lignes  ont  été  écrites,  j'ai  pu  me  procu- 
rer la  description  de  la  M.  corporosa,  Gould  (Proc.  Boston 
S.  N.  H.  1847),  qui  provient  également  de  Taïti.  Cette 
espèce  a  les  plus  grands  rapports  avec  la  M.  bicolor,  et 
pourrait  bien  être  la  même.  Cependant  l'auteur  ne  men- 
tionne pas  la  stricture  que  présente  le  haut  des  tours,  et 
de  plus  sa  phrase  caractéristique  renferme  les  expres- 
sions «  striis  minimis  decussata,  apertura  angusta,  colu- 
mella  albida,  sutura  marginata,  »  qui  ne  paraissent  pas 
s'accorder  avec  notre  espèce. 
13.  Cerea  fpl.  17,  fi£.  13),  Testa  ovato-turrita,  subcrassa,  spiuulosa, 


TRAVAUX     INÉDITS.  2G7 

lutesccns.  —  Anfractus  7  (apex  ipsc  dccst),  sutura  profuuda  caua- 
liculata  divisi,  supcruc  angulali,  supra  angulum  coneavi,  iufra 
convexiusculi,  angulo  spinis  brcvibus  deorsum  in  costas  obliquas 
usque  ad  suturam  infcriorera  productas,  oruati.  —  Anfractus  ul- 
timus  spinis  destitutus,  magnus,  inflatus,  superne  ad  suturam 
constrictus;  anfractus  omncs  spiraliter  et  inaequaliter  striati,  lineis 
incrcmeuti  deaissati.— Apertura  elongato-clliptica,  basi  subcanali- 
culata,  ad  angulum  superiorem  angustata;  margo  dexter  tcnuis, 
superne  sinuatus;  columella  subtruncata,  alba,  incrassata,  sub- 
torta.  —  Opercul.    ? 
Long.,  24  m.;  lat.,  12  m.  —  Apert.  long.,  11  1/2  m.;  lat.,  6 1/2  m. 
Hab.    ? 
Toute  la  coquille  est  couverte  de  lignes  saillantes,  ser- 
rées, inégales,  de  sorte  qu'il  s'en  trouve  deux  ou  trois  plus 
fines  entre  deux  fortes,  comme  cela  s'observe  dans  presque 
toutes  les  espèces  du  groupe  de  la  M.  spinulosa,  Lam.  Ces 
lignes  sont  croisées  par  des  stries  d'accroissement  serrées 
de  manière  à  former  sur  le  dernier  tour  un  réseau  assez 
régulier.  Cette  espèce  ressemble  un  peu,  au  premier  abord, 
à  la  M.  Herklotzi,  Petit,  mais  elle  se  rapproche  réellement 
de  la  M.  Scabra,  Fér.  Elle  se  distingue  également  de  la 
première  par  des  stries  serrées,  et  de  la  seconde  par  son 
épaisseur  plus  considérable,  sa  couleur  jaune  clair  uni- 
forme et  la  forme  de  sa  suture. 


COLEOPTERA  CHILENSIA    A   L.  FaIRMAIRE  et  GERMAIN 

descripta. 

Modialis.  —  N.  G.  Rutelidarum,  sed  Anoplognathis 
affine.  Caput  magnum,  clypeo  maximo,  reflexo,  antennis 
10  articulatis,  6°  et  7°  minimis,  clava  elongata  ;  scutellum 
médiocre;  elytra  striata,  postice  deplanata;  clava  pro- 
sterni  elongata  ;  pedes  sat  elongati,  sat  graciles. 

M.  prasinella. — Long.,  22  mill. —  Oblongo-ovata,  antice 
attenuata,  supra  fulvo-virescens,  nitida,  subtus  viridis; 
tibiis  tarsisque  rufis;  clypeo  antice  fere  truncato,  reflexo; 
prothoracc  fere  laevî,  linea  média  impressa;  elytris  obso- 
lète sulcatis,  interstitiis  alterne  angustis,  L'éviter  elevatis; 


268     REV.  ET  MAG.  DE  zoologie.   (Juin  1860.) 

abdomine  vitta  marginali  aîbido-villosa.    —   Valdivia. 

Lacris.  — N.  G.  Macrophyllis  proximum.  Caput  médio- 
cre, clypeo  transverso,  sat  fortiter  reflexo,  antennis  8  ar- 
ticulâtes, 1°  magno,  5°  brevi,  elongato,  clava  valde  elon- 
gata,  recta  ;  scuteilum  sat  magnum  ;  elytra  convexa  ;  pedes 
médiocres  ;  mento  leviter  convexo,  utrinque  valde  sul- 
cato.  — L.  dilutipes.  —  Long.,  10  mill.  —  Supra  nigro- 
brunnea,  nitida,  capite  prothoraceque  metallico-micanti- 
bus;  subtus  brunnea,  longe  griseo-villosa,  antennis,  palpis 
pedibusque  pallide  flavo-testaceis.  —  Chillan. 

Tribostethus  punctatus. —  Long.,  17  mill. —  Brunneo- 
viridi-aeneus,  subtus  cum  antennis  pedibusque  pallide 
castaneo-rufus  ;  capite  prothoraceque  grosse  punctatis; 
scutello  dense  lanoso  ;  elytris  striatis,  interstitiis  leviter  ru- 
goso-punctatis.  —  Valdivia. 

Aphodius  fulviventris.  —  Long.,  10  à  11  mill.  —  Niger, 
sat  nitidus,  elytris  sericeis,  tenuiter  striatis  ;  abdomine 
rufo;  capite  prothoraceque  punctatis,  hoc  lateribus  valde 
rotundato  et  reflexo,  angulis  posticis  obtusis,  margine 
postico  utrinque  valde  sinuato  ;  scutello  punctato. — Chili. 

Anthaxia  Paulsenii. — Long.,  5  mill. —  Cylindro-conica, 
cupreo-aenea,  parum  nitida,  variolosa,  pilis  brevibus  sor- 
dide vestita  ;  prothorace  antice  incrassato,  medio  subsul- 
cato,  basi  tripunctato  ;  elytris  profunde  striato-punctatis, 
utrinque  vittis  2  luteis,  apice  conjunctis,  apice  oblique 
truncato.  —  Santiago. 

Adelocera  vitticollis.  —  Long.,  15  mill.  — Elongata, 
subparallela,  antennis  prothorace  haud  brevioribus,  fusco- 
nigra,  supra  opaca;  capite  sulcato  et  prothoracis  lateri- 
bus cinereo-fulvo-sericeis,  angulis  posticis  rufescentibus; 
elytris  densissime  punctatis  ac  parce  sericeis  ;  infra  punc- 
tatissima,  nitidior;  tarsis  rufescentibus.  — Conception. 

Elater  insignitus.  —  Long.,  19  à  20.  —  Oblongus,  ater, 
subopacus,  grosse  punctatus;  elytris  tenuiter  punctatis,  ru- 
bris  macula  magna  apicali,  communi,  nigra;  prothorace 
convexo,  antice  tantum  angustato  ;  tarsis  simplicibus,  bre- 


TRAVAUX     INÉDITS.  269 

vibus,  unguibus  haud  serratis;  genus  dubium,  G.  Elaleri 
facie  simile,  sed  antennis  prothorace  valde  brevioribus, 
coxis  posticis  angustioribus  abhorrens.  —  Santiago. 


Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie, 
par  A.  Chevrolat  (1). 

46.  Phytœcia  grisescens,  affiois  P.  virescenli.  Alata,  griseo-vires- 
cens,  punctulata,  pilis  albidis  dense  tecta;  palpis,  mandibulis,  la- 
bro,  oculisquc  nigris;  antennis  corporis  longitudine,  nigricantibus, 
infra  cinereis  ;  thorace  antice  recto,  postice  biarcuato  et  sulcato, 
lineis  tribus  obsolète  albidis,  média  subelevata  ;  scutello  lato,  seri- 
caute-albido  ;  elytris  planiusculis,  unicostatis,  intus  dcpressis,  ad 
apicem  anguste  rotundatis,  mas.  —  L.,  11  1/2;  1.,  3  m 
Très-voisine  de  la  P.  virescens,  d'un  gris  lavé  de  ver- 
dàtre,  couverte  d'une  pubescence  épaisse  en  dessous  et 
sur  les  côtés  et  qui,  sur  le  dessus,  est  abaissée  et  mélan- 
gée de  poils  noirs,  bien  moins  nombreux  et  non  hérissés 
comme  on  le  remarque  dans  la  P.  virescens.  Tête  d'un 
gris  noirâtre,  étroitement  sillonnée  au  milieu.  Palpes, 
mandibules  et  yeux  noirs  ;  ceux-ci  sont  entourés  de  poils 
blancs.  Antennes  noirâtres  sur  leur  tranche  supérieure, 
grises  en  dessous;  le  1er  article  est  presque  conique,  d'un 
gris  noirâtre  un  peu  métallique  pour  le  fond.  Corselet 
un  peu  plus  long  que  large,  à  peine  plus  étroit  que  la  tête 
en  arrière,  droit  et  marginé  en  avant,  légèrement  biarqué 
et  transversalement  sillonné  en  arrière,  un  peu  avancé 
en  pointe  sur  l'écusson;  côtés  modérément  arrondis  sur  le 
milieu,  trois  lignes  longitudinales  blanchâtres  faiblement 
indiquées.  Médiane  élevée.  Ecusson  grand,  presque  carré, 
d'un  blanc  soyeux.  Elytres  une  fois  1/2  aussi  larges  que  le 
corselet,  quatre  fois  aussi  longues,  allant  en  s'amincissant 
de  l'épaule  au  sommet;  lre  saillante,  obtusément  rectan- 
gulaire, 2e  étroitement  arrondi  ;  une  côte  longitudinale 
externe,  avec  toute  l'étendue  de  l'étui  depuis  cette  der- 
nière jusqu'à  la  suture,  déprimée.   Corps  en  dessous,  et 

(1)  Voir  la  Rev.  et  mag.  de  zoologie,  1859,  p.  298  à  304,  380  à 
389  ;  1860,  p.  75  à  82, 128  à  137,  208  à  212. 


270      REV.    ET  MAC   DE   ZOOLOGIE.   (Juin  1860.) 

cuisses  d'un  blanc  gris  soyeux.  Jambes  et  tarss  noirâtres. 

Crochets  assez  forts,  recourbés  en  dedans,  doubles. 
Deux  mâles  m'ont  été  envoyés  par  M.  L.  Lethierry,  qui 

a  trouvé  cette  espèce  dans  les  environs  de  Blidah  ;  elle  a 

des  rapports  de  forme  avec  la  P.  Cobaltina. 

47.  Pylhœcia  cobaltina,  alata,  sat  valida,  vage  punctata,  plumbea, 
pube  albida  brevi,  dense  aut  longiori  sparse  vestita,  palpis,  man- 
dibulis,  oculisque  nigris;  antennis  pedibusque  cinereo-nigris  ; 
thorace  subcylindrico,  antice  recto,  posticc  biarcuato  et  transverse 
sulcato,  pube  albaiuduto,  in  medio  longitudinis  subcostato;  scu- 
tello  lato  albido;  elytris  planiusculis,  parallelis,  ad  apicera  anguste 
rotundatis.  Fœm.  —  L.,  10;  1.,  3  m. 

Forme  de  la  P.  cylindrica,  F.,  assez  forte,  d'un  noir 
bleuâtre  plombé,  à  pubescence  cendrée,  courte,  dense  ou 
longue,  à  ponctuation  au-dessous  de  la  moyenne,  plus  ou 
moins  espacée.  Tête  assez  grande,  arrondie,  noirâtre,  pu- 
bescente,  vaguement  et  finement  ponctuée,  sillonnée  au 
milieu.  Palpes,  mandibules, chaperon  et  yeux  noirs;  ceux- 
ci  sont  entourés  de  poils  recourbés,  blanchâtres.  Anten- 
nes un  peu  plus  courtes  que  le  corps,  noirâtres,  recouver- 
tes d'un  poil  court,  grisâtre.  Corselet  à  peine  plus  long  que 
large,  droit  en  avant,  bicintré  et  transversalement  sil- 
lonné en  arrière,  avancé  en  pointe  sur  l'écusson,  légère- 
ment arrondi  sur  le  côté,  et  coupé  en  oblique  sur  sa  partie 
postérieure ,  élevé  en  carène  sur  le  milieu  longitudinal  ; 
sa  surface  offre  une  pubescence  d'un  blanc  grisâtre  qui 
est  courbée  et  assez  épaisse,  de  petits  points  apparaissent 
à  travers  cette  villosité.  Ecusson  grand,  arrondi,  blan- 
châtre, un  peu  déprimé  et  obscur  au  centre.  Elytres  plus 
larges  que  le  corselet,  3  fois  3/4  aussi  longues,  planes, 
parrallèles,  un  peu  atténuées  sur  l'extrémité  même  qui  est 
arrondie  et  seule  frangée  d'une  légère  bordure  blanche. 
Corps  en  dessous  et  pattes  d'un  bleu  noirâtre  et  brillant, 
à  fine  pubescente  grise;  son  fond  est  couvert  d'un  poin- 
tillé serré  peu  distinctement  granuleux ,  il  est  un  peu 
plus  fort  et  plus  espacé  sur  la  poitrine.  Jambes  et  tarses 
un  peu  plus  obscurs. 


TRAVAUX   INÉDITS.  271 

Une  seule  femelle  m'a  été  donnée  par  M.  L.  Lethierry, 
qui  a  découvert  cette  espèce  aux  environs  de  Bone  ;  elle 
vit  sur  un  Echium. 


Observations  sur  les  Busileras  ou  Fourmis  à  miel  du 
Mexique  (Myrmecocystus  melligcrus)  ;  par  M.  H.  Lucas, 
aide-naturaliste  au  muséum  d'histoire  naturelle. 

Nous  ne  recherchons  pas  avec  assez  de  soin  en  France, 
et  généralement  en  Europe,  les  ouvrages  scientifiques  qui 
se  publient  à  l'étranger  et,  par  suite,  de  cette  sorte  d'in- 
différence que  je  condamne,  quoique  je  m'en  reconnaisse 
franchement  coupable,  il  nous  arrive  de  signaler  des 
espèces  et  même  d'établir  des  coupes  génériques  avec  des 
insectes  que  l'on  a  déjà  décrits  longtemps  avant  nous. 
C'est  ce  qui  a  lieu  pour  un  genre  de  Formicide  que  le  sa- 
vant M.  Wesmaèl  a  fait  connaître,  en  1838,  sous  le  nom 
de  Myrmecocystus  mexicanus,  et  qu'un  entomologiste  mexi- 
cain, le  docteur  don  Pablo  de  Llave,  avait  décrite,  en 
1832,  sous  celui  de  Formica  melligera.  Le  titre  de  l'ou- 
vrage dans  lequel  cette  curieuse  espèce  a  été  décrite  pour 
la  première  fois  porte  le  nom  de  Registro  trimestre  o  col- 
lection de  Memorias  de  Historia  litteratura ,  ciencias  y 
artes  (Mexico  1832).  Comme  ce  travail  renferme  des  obser- 
vations très -curieuses  sur  la  Formica  melligera,  j'ai  cru 
devoir  faire  traduire  ce  mémoire,  qui  m'a  été  obligeam- 
ment communiqué  par  M.  Salle,  afin  d'en  extraire,  pour 
la  Revue  et  Magasin  de  Zoologie,  les  faits  les  plus  intéres- 
sants touchant  les  mœurs  de  cette  Formicide. 

C'est  en  juillet  1832  que  le  docteur  don  Pablo  de  Llave 
publiait  son  travail,  et  c'est  en  octobre  de  la  même  année, 
c'est-à-dire  cinq  ans  avant  la  publication  de  celui  de 
M.  Wesmaël,  qu'a  paru  le  mémoire  de  l'entomologiste 
mexicain,  ayant  pour  titre  :  Sur  les  Busileras  ou  Fourmis 
mellifères.  Le  docteur  don  Pablo  de  Llave  s'exprime  ainsi 
au  sujet  de  la  Formica  melligera  : 


272     REV.  ET  MAC  DE  zoologie.  (Juin  18G0.) 

Ayant  entendu  dire,  il  y  a  quelques  années,  qu'il  existait, 
aux  environs  de  Mexico,  des  Fourmis  produisant  du  miel, 
je  formai  le  projet  que  si  ces  hyménoptères  venaient  un 
jour  à  être  découverts  par  moi,  j'en  ferais  le  sujet  de  mes 
observations.  Ayant  acquis  un  certain  goût  pour  l'histoire 
naturelle  pendant  mon  séjour  en  Europe,  je  me  mis  à  la 
recherche  de  ces  insectes,  excité,  et  par  tout  ce  que  j'en 
avais  entendu  dire,  et  parce  qu'il  ne  me  paraissait  pas 
possible  que  ces  hyménoptères  pussent  appartenir  au 
genre  Formica. 

Une  personne  habitant  la  ville  de  Dolores,  observant 
parfaitement,  et  dans  les  environs  de  laquelle  se  trouvent 
de  ces  fourmilières,  me  dit  que,  par  curiosité,  elle  avait  fait 
fouiller  quelques-uns  de  ces  nids,  que  l'on  désigne,  dans 
le  pays,  sous  le  nom  de  Ensileras.  Elle  m'assura  que  les 
habitants  de  ces  nids  étaient  une  espèce  de  petite  Fourmi 
qui  ne  formait  pas  un  amas  de  terre  à  l'entrée  de  son  habi- 
tation, et  qu'en  suivant  la  mine  et  en  extrayant  la  terre  on 
arrive  à  une  espèce  de  galerie  à  la  voûte  de  laquelle  on 
rencontre  des  Busileras  suspendues,  serrées  les  unes  contre 
les  autres,  couvrant  cette  voûte,  ainsi  que  les  parois  de  la 
galerie.  Elle  me  dit  aussi  que  les  femmes  et  les  enfants  de 
la  campagne  connaissent  parfaitement  ces  nids;  qu'ils  les 
recherchent  avec  soin,  dans  le  but  d'en  recueillir  le  miel; 
et  que  si  c'était  pour  faire  quelques  cadeaux,  ils  les  pre- 
naient avec  délicatesse,  en  ayant  soin  de  leur  enlever  la 
tête  et  le  thorax,  et  les  plaçaient  ensuite  sur  une  assiette  ; 
mais  que  si  c'était  seulement  dans  le  but  de  manger  le 
miel,  à  mesure  qu'ils  s'en  emparaient,  ils  en  suçaient  la 
partie  sucrée  et  rejetaient  ensuite  le  reste.  En  leur  enle- 
vant la  tête  et  le  thorax,  c'était,  à  ce  qu'on  m'a  assuré, 
pour  empêcher  que  ces  Fourmis  ne  se  blessassent;  car, 
quoiqu'elles  ne  puissent  plus  marcher,  à  cause  du  volume 
prodigieux  de  leur  abdomen,  en  les  plaçant  sur  une  as- 
siette, elles  se  remuent,  s'accrochent  les  unes  aux  autres, 
se  déchirent  et  finissent  ensuite  par  se  dégonfler.  En  effet, 


TRAVAUX    INÉDITS.  273 

Ja  peau  de  l'abdomen  qui  lie  les  segments  entre  eux  est  si 
mince  et  surtout  si  distendue,  à  cause  de  la  prodigieuse 
quantité  de  miel  qu'elle  renferme,  que  la  moindre  bles- 
sure suffit  pour  les  faire  dégorger.  On  ajouta  que  quand 
on  ne  fait  pas  cette  opération,  c'est-à-dire  d'enlever  la  tête 
et  le  thorax,  le  miel  diminue  et,  comme  disent  les  habi- 
tants de  la  campagne,  les  Fourmis  le  mangent. 

Un  ouvrier  de  la  ville  de  Dolores,  à  qui  je  demandais 
des  renseignements  sur  ce  sujet,  m'a  répondu  qu'étant  en- 
fant et  se  trouvant  dans  une  ferme  il  se  réunissait  à  d'au- 
tres enfants  de  son  âge,  et  qu'ils  s'exerçaient  à  fouiller  les 
fourmilières,  afin  de  manger  le  miel  contenu  dans  l'ab- 
domen de  ces  hyménoptères.  Lui  ayant  fait  différentes 
questions,  je  remarquais  que  ses  réponses  étaient  sembla- 
bles, et  qu'elles  confirmaient  toutes  les  informations  que 
l'on  m'avait  données.  Cependant,  de  mon  côté,  et  mal- 
gré tous  ces  renseignements,  j'étais  plus  que  jamais  con- 
vaincu que  cet  insecte  ne  pouvait  pas  appartenir  au  genre 
Formica;  car,  ce  que  je  trouvais  étrange,  c'étaient  l'obésité 
et  l'immobilité  de  ces  insectes  qui  seulement  peuvent  être 
suspendus,  anomalie  qui  ne  peut  même  s'expliquer,  en 
supposant  que  ce  fussent  de  vraies  Fourmis. 

En  effet,  quand  arrive  cette  replétion  énorme?  Est-ce 
avant  de  monter  sur  les  parois  et  à  la  voûte  de  la  galerie  ? 
Mais  cela  ne  peut  pas  être  ainsi,  parce  que  le  volume  de 
l'abdomen  et  sa  forme  orbiculaire  les  empêchent  de  se  ser- 
vir de  leurs  organes  de  la  locomotion  et  leur  enlèvent,  par 
conséquent,  tout  mouvement.  Elles  ne  montent  peut-être, 
où  elles  ne  se  suspendent,  que  quand  leur  abdomen  n'est 
pas  encore  très-développé,  ce  qui  leur  permet  de  mar- 
cher. Mais  alors  qui  produit  cette  superabondance  de 
matière  sucrée?  Seraient-ce  des  Pucerons?  Mais,  en  outre 
de  cela,  suivant  les  informations  que  j'ai  prises,  on  ne  ren- 
contre jamais  de  Pucerons  dans  les  nids.  Dans  tous  les 
cas,  il  se  présente  toujours  une  autre  difficulté,  c'est  que 
les  Fourmis  qui  se  nourrissent  de  la  liqueur  sucrée  des 
2*  série,  t.  xii.  Année  1860.  18 


274      REV.   ET  MAC.    DE  ZOOLOGIE,    (Juin  1860.) 

Pucerons,  ce  n'est  pas  parce  que  ceux-ci  viennent  cher- 
cher la  Fourmi  pour  lui  procurer  la  nourriture,  mais,  au 
contraire,  parce  que  la  Fourmi  excite  le  Puceron,  par  le 
mouvement  de  ses  antennes,  à  laisser  couler  la  liqueur 
sucrée.  Quelquefois  je  pensais  que  les  insectes  suspendus 
aux  galeries  et  à  la  voûte  étaient  des  femelles  à  l'état  de 
gestation,  mais  des  nids  ne  renfermant  que  des  femelles 
et  en  si  grand  nombre  ne  pouvaient  pas  être  une  habita- 
tion ou  un  essaim  dans  lequel  les  neutres  sont  ordinaire- 
ment en  plus  grande  quantité. 

Telle  était  ma  manière  de  voir  au  sujet  de  ces  nids, 
quand  Son  Exe.  M.  le  comte  del  Penasco  m'envoya  des 
Busileras  dans  l'alcool  avec  deux  individus  desséchés  con- 
tenus dans  du  coton.  On  distinguait  dans  ces  flacons  des 
Busileras  à  différents  états,  les  unes  ayant  l'abdomen  pro- 
portionné au  reste  du  corps  et  les  anneaux  s'emboîtant 
les  uns  dans  les  autres,  comme  cela  a  lieu  chez  les  insectes; 
d'autres  ayant  la  région  abdominale  plus  renflée  et  les 
segments  désemboîtés  et  distendus  ;  d'autres  encore  dans 
lesquelles  on  reconnaissait  seulement  de  petites  ceintures, 
derniers  vestiges  des  segments;  et  d'autres  enfin  qui  sont 
celles  qui  se  suspendent  ayant  l'abdomen  sphérique,  et 
sur  lequel  il  ne  reste  plus  aucune  trace  de  segments;  dans 
cet  état,  cet  organe  est  transparent  comme  du  cristal,  et 
à  travers  la  membrane  abdominale  on  ne  distingue  ni 
intestin  ni  vaisseaux  biliaires,  sinon  une  transparence 
uniforme.  Le  liquide  contenu  dans  l'abdomen  varie  du 
blanc  cristallin  à  la  couleur  du  vin  de  Xérès,  et  on  m'a 
assuré  que  le  miel  de  cette  dernière  couleur  est  d'un  sucré 
net,  tandis  que  dans  l'autre  on  distingue  une  saveur  acide 
bien  accusée,  mais  dont  je  n'ai  pu  m'assurer,  parce 
qu'ayant  peu  d'individus  à  ma  disposition,  je  n'ai  pas 
voulu  en  sacrifier  un,  et  aussi  parce  que  j'étais  convaincu 
que  l'alcool  devait  altérer  ou  modifier  la  saveur  du  miel. 
Un  des  points  sur  lequel  je  désirais  me  fixer  était  le  genre 
auquel  appartenait  cet  insecte,  et,  malgré  ma  prévention 


TRAVAUX     INÉDITS.  275 

contraire,  il  me  fut  impossible  de  ne  pas  le  considérer 
comme  étant  une  Fourmi. 

La  grandeur  des  individus  qui  sont  à  l'état  normal  rap- 
pelle celle  de  la  Fourmi  loca,  ou  tient  le  milieu  entre 
celles  que  l'on  appelle  en  terre  chaude  Formica  soldado  et 
viscochera,  c'est-à-dire  d'une  grandeur  moins  que  moyenne. 
Sa  couleur  dans  l'alcool  est  d'un  gris  noirâtre.  Les  yeux 
sont  petits;  les  antennes  entre  les  yeux  forment  une  espèce 
de  coude  ou  do  cassure;  de  l'angle  vers  la  base,  elles 
paraissent  lisses;  mais  de  là  à  l'extrémité,  elles  sont  arti- 
culées. 

L'abdomen  est  pédicule,  de  cinq  segments  et  terminé  en 
pointe.  Chez  les  Busileras  que  l'on  trouve  suspendues, 
l'abdomen  est  de  plusieurs  fois  plus  grand  que  la  tête 
et  le  thorax  réunis.  Dans  l'alcool,  ces  Fourmis  ressem- 
blent à  de  petites  bouteilles  dont  le  goulot  serait  repré- 
senté par  la  tête  et  le  thorax.  L'abdomen  est  de  la  gros- 
seur d'une  groseille  ou  d'un  petit  grain  de  raisin.  Je  lui  ai 
donné  le  nom  de  Formica  melligera. 

Pour  ce  qui  reste  à  résoudre  de  ce  problème  entomolo^ 
gique ,  il  sera  nécessaire  que  d'autres  observations  le  dé- 
veloppent, et  un  des  motifs  que  j'ai  eu  pour  parler  de  ce 
fait,  c'est  afin  d'exciter  ceux  qui  auront  l'occasion  d'étu- 
dier cette  espèce  à  éclaircir  son  histoire  et  à  faire  connaî- 
tre les  mœurs  de  cette  Formicide,  qui  mérite,  à  tous  égards, 
d'attirer  l'attention  des  entomologistes  hyménoptéro- 
philes. 

Voici  l'énumération  abrégée  des  caractères  spécifiques 
de  cette  nouvelle  espèce  de  Formicide  : 

Formica  melligera,  Llave.  —  Corpore  orizae  grano  subaequali  :  ca- 
pite,  thoracc  pedibusque  rufidulis,  abdomine  nigrescenti,  aotennis 
capiti  concoloribus,  fractis  mcdietate  superion  articulatis;  abdo- 
mine in  quodam  statu,  corpore  multoties  majori,  globoso,  pellu- 
cido,  mêle  repleto. 

Habitat  sub  terra,  ditione  Guanajuatcasi,  ubi  uominc  busilera  dis- 
tinguer, et  multis  aliis  in  locis. 
Mexico,  julio  21  de  1832.  —  Ll, 


276      REV.    ET    MAC    DE  ZOOLOGIE.  (Juin  1860.) 

Dans  la  séance  du  13  juin  1855,  j'ai  communiqué  à  la 
Société  entomologique  (3e  série,  tom.  3,  Bullet.  p.  liv), 
plusieurs  individus  de  cette  espèce,  et,  ne  sachant  pas 
que  cette  Formicide  avait  été  l'objet  d'un  mémoire  tout 
spécial  qui  a  été  publié  au  Mexique  dans  un  journal  scien- 
tifique, je  l'ai  rapportée  au  genre  Myrmecocystus  de 
M.  Wesmaël,  et,  adoptant  la  dénomination  spécifique  du 
savant  entomologiste  belge,  je  l'ai  désignée  sous  le  nom 
de  meœicanus. 

Cinq  ans  après  cette  communication,  notre  collègue, 
M.  Salle,  me  montra  un  journal  dans  lequel  se  trouvait 
décrit  le  Myrmecocystus  meœicanus  de  M.  Wesmaël,  et  cet 
entomologiste  voyageur  ayant  eu  la  complaisance  de  me 
traduire  les  principaux  passages  de  ce  travail,  j'ai  cru  de- 
voir, dans  l'intérêt  de  la  science,  en  donner  un  extrait  à 
la  Revue  et  Magasin  de  Zoologie. 

Malheureusement  M.  le  docteur  don  Pablo  de  Llave  n'a 
pas  étudié  lui-même  sur  place  cette  Formica,  et  tous  les 
faits  que  j'ai  rapportés  touchant  les  mœurs  de  cette  cu- 
rieuse espèce  ne  proviennent  que  de  renseignements.  Ce- 
pendant, comme  elle  est  commune  et  surtout  très-connue 
des  habitants  de  la  campagne,  à  cause  de  la  quantité  de 
miel  assez  grande  fournie  par  l'abdomen  de  certains  indi- 
vidus, aucun  doute,  je  crois,  ne  doit  être  émis  sur  la  va- 
leur des  divers  faits  excessivement  intéressants  rapportés 
par  le  docteur  don  Pablo  de  Llave. 

En  1838,  M.  Wesmaël,  bien  connu  des  entomologistes 
par  ses  excellents  travaux  sur  les  Hyménoptères,  a  publié 
sur  cette  Formicide  un  mémoire  ayant  pour  titre  :  Sur  une 
nouvelle  espèce  de  Fourmi  du  Mexique,  travail  qui  est 
accompagné  d'une  planche. 

M.  Wesmaël,  comme  le  docteur  don  Pablo  de  Llave, 
n'a  connu  que  des  ouvrières  :  chez  les  unes,  l'abdomen 
était  conforme  comme  d'ordinaire;  chez  les  autres,  cette 
partie  du  corps  a  la  forme  d'une  grosse  sphère  presque 
diaphane,  résultant  d'une  distention  énorme  de  la  por- 


TRAVAUX    INÉDITS.  277 

lion  membraneuse  tics  segments,  tandis  que  leur  portion 
écailleuse  restée  dans  les  dimensions  normales  apparaît 
sous  forme  d'autant  de  petites  bandes  transversales  brunes 
diminuant  successivement  d'étendue. 

D'après  la  description  que  je  viens  de  donner,  on  voit 
que  M.  Wesmaèl  a  eu  à  sa  disposition  des  individus  nor- 
maux et  des  individus  à  abdomen  excessivement  dilaté. 

M.  de  Normann,  qui  a  communiqué  ces  individus  à 
M.  Wesmaèl,  a  étudié  lui-même  cette  Fourmi,  et  il  dit 
que  cette  espèce  se  construit  des  habitations  souterraines, 
d'où  ne  sortent  jamais  les  individus  à  abdomen  vésicu- 
leux.  Là,  condamnés  à  une  immobilité  presque  complète, 
leur  unique  fonction  serait  d'élaborer  une  sorte  de  miel, 
qui  serait  ensuite  dégorgée  dans  des  réservoirs  spéciaux 
analogues  aux  alvéoles  en  cire  des  abeilles. 

Malheureusement  M.  de  Normann  n'a  pu  voir  qu'un 
fragment  de  ces  espèces  de  gâteaux  et  trop  déformé  pour 
qu'il  pût  s'en  faire  une  idée  bien  exacte. 

D'après  ce  passage ,  on  voit  que  M.  de  Normann  a 
poussé  beaucoup  plus  loin  ses  recherches  que  le  doc- 
teur don  Pablo  de  Llave;  il  a  observé  la  construction 
de  ces  singulières  habitations,  et  il  est  le  premier  qui  ait 
signalé  des  réservoirs  rappelant  les  alvéoles  en  cire  des 
abeilles,  et  dans  lesquels  est  déposé  le  miel  par  les  ou- 
vrières à  abdomen  vésiculeux.  Cette  observation,  excessi- 
vement curieuse,  qui  vient  compléter  celles  faites  par  le 
docteur  don  Pablo  de  Llave,  est  une  conséquence,  dit 
M.  Wesmaèl,  presque  nécessaire  de  la  conformation  de 
ces  singulières  Fourmis.  Comment,  en  effet,  supposer  les 
habitudes  actives  de  leurs  congénères,  à  des  individus 
dont  tous  les  mouvements  seraient  entravés  par  le  volume 
et  le  poids  de  leur  abdomen,  et  qui,  à  la  rencontre  des 
moindres  aspérités,  risqueraient  d'en  déchirer  les  minces 
parois.  D'un  autre  côté,  ces  Fourmis,  en  leur  qualité  d'ou- 
vrières, ayant  les  ovaires  oblitérés,  le  volume  de  l'abdo- 
men ne  peut  être  attribué  qu'à  un  développement  excessif 


278     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Juin  1860.) 

des  organes  digestifs  qu'il  renferme,  développement  qui 
doit  avoir  sa  source  dans  une  surabondance  de  nourri- 
ture apportée  à  ces  Fourmis  sédentaires  par  les  autres 
ouvrières;  or  celles-ci  ne  dépenseraient  pas  leur  temps 
et  leurs  peines  à  fournir  une  copieuse  quantité  d'aliments  à 
leur  compagnes  ventrues,  s'ils  ne  devaient  pas  tourner  au 
profit  de  toute  la  société.  Ainsi  les  individus  à  abdomen 
très  -  développé  ne  doivent  être  considérés  en  quelque 
sorte  que  comme  remplissant  les  fonctions  de  nourrices. 

On  serait  assez  porté,  dit  M.  Wesmaël,  à  se  demander 
si,  dans  ces  populations  de  Fourmis  mexicaines,  les  indi- 
vidus à  abdomen  développé  sont  déjà  tels  au  moment  oit 
ils  quittent  l'état  de  nymphe  :  en  l'absence  de  rensei- 
gnements positifs  à  cet  égard,  on  pourrait  croire  qu'il  ne 
serait  pas  impossible  que  le  développement  excessif  de 
l'abdomen  fût  uniquement  le  résultat  d'une  suralimenta- 
tion jointe  à  une  inactivité  non  interrompue.  On  sait  que, 
chez  notre  propre  espèce,  certains  individus,  arrivés  à 
l'âge  où  les  organes  sexuels  ont  perdu  leur  activité,  ga- 
gnent, au  sein  du  repos  et  de  l'abondance,  une  ampleur 
abdominale  quelquefois  énorme;  on  sait  encore  que  les 
mêmes  causes  produisent  les  mêmes  effets  chez  les  ani- 
maux domestiques  que  nous  engraissons  après  les  avoir 
soumis  à  la  castration.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  bon  de 
remarquer  que,  chez  nos  Fourmis,  cet  abdomen  vésiculeux 
ne  contient  aucun  organe  ;  ou  plutôt  il  n'est  lui-même 
qu'un  vaste  sac  stomacal  qui  commence  au  second  seg- 
ment et  se  termine  à  la  partie  anale. 

Chez  celles  de  ces  Fourmis  dont  l'abdomen  est  intact, 
et  que  je  n'ai  pu  observer,  n'en  ayant  pas  eu  à  ma  dispo- 
sition, on  aperçoit,  dans  l'intérieur,  une  matière  solide, 
qui  y  change  de  place  selon  la  position  de  l'abdomen,  de 
manière  à  en  occuper  toujours  la  partie  la  plus  déclive. 
C'est  une  substance  pulvérulente,  d'un  gris  blanchâtre, 
que  l'alcool  n'a  pu  dissoudre  ou  qu'il  aura  précipitée.  Ne 
connaissant  ni  les  mâles  ni  les  femelles  de  ces  Fourmis,  on 


TRAVAUX    INÉDITS.  279 

ne  peut  fixer  que  d'une  manière  bien  incomplète  les  ca- 
ractères de  l'espèce.  Cependant  les  dimensions  et  la 
forme  des  palpes  maxillaires,  qui  sont  au  moins  aussi 
longs  que  la  tête,  avec  le  troisième  et  le  quatrième  arti- 
cle, très-allongés  et  arqués,  sont  des  caractères  qui  les 
éloignent  du  genre  Formica  proprement  dit  de  Latreille, 
et  si,  à  cette  considération  on  joint  celle  de  l'état  vésicu- 
leux  de  l'abdomen  chez  certains  individus,  on  comprend 
que  M.  Wesmaël  a  eu  raison  de  créer  avec  ces  singulières 
Fourmis  une  nouvelle  coupe  générique  qu'il  a  désignée 
sous  le  nom  de  Myrmecocystus. 

Je  propose  donc,  pour  ce  genre,  qui  doit  être  adopté, 
la  synonymie  chronologique  suivante  au  sujet  de  l'unique 
espèce  représentant  cette  remarquable  coupe  générique. 

Genus  Myrmecocystus ,   Wesmaël ,   Bullet.  de  VÂcad. 
roy.  des  se.  et  belles-lettres  de  Bruxelles,  tome  V,  p.  770 
(1838). 
Palpi  maxillares  capite  toto  fere  lingiores,  subsetacei,  hirti,  articule 

tertio  et  quarto  praelongis,  arcuatis;  abdomen  operariorum  quo- 

rumdam  maximum,  globosum,  pcllucidum. 

Myrmecocystus  [Formica)  melligerus,  Llave,  colleccion 
de  Memorias  de  Hist.  litt.,  cienc.  y  art.,  n°  4,  p.  463  (octo- 
bre 1832). 

Myrmecocystus  mexicanus,  Wesmaël,  Bullet.  de  VAcad. 
roy.  des  se.  et  belles-lettres  de  Bruxelles,  tome  V,  p.,  770, 
pi.  19,  fig.  1  à  4  (1838).  Lucas,  Ànn.  de  la  Société  entom., 
3e  série,  tom.  III,  Bullet.,  p.  lix(1855). 
M.  testaceus,  fronte  vertice  et  thoracis  dorso  plus  minus  fuscis. 

Individua  agilia,  vagabunda. 

Longit.  7  mill. 
Abdomine  sericeo-fusco,  corneo,  forma  et  magnitudine  normalibus. 

Individua  inertia,  reclusa. 

Longit.,  13  mill.;  lat.,  8  mill. 
Abdomine  maximo,  globoso,  membranaceo,  pellucido,  albido,  basi  et 

ano,  fasciisque  tribus  dorsalibus  valde  remotis  corneis,  totidern- 
.    que  ventralibus,  fuscis. 

Les  individus  neutres  qui  m'ont  servi  à  faire  ces  di- 
verses observations  appartiennent  aux  riches  collections 


280      REV.    ET    MAC.    DE   ZOOLOGIE.   (Jllin  1860.) 

entomologiques  du  muséum.  Au  Mexique,  où  cette  espèce 
a  été  rencontrée  par  M.  Dugès ,  ces  singuliers  hymé- 
noptères sont  désignés  sous  les  noms  de  Fourmis  à  miel 
(Hormigas  mieleras),  ou  à  poche  [Mochileras).  Le  miel  con- 
tenu dans  l'abdomen  de  ces  Fourmis,  et  qui  doit  leur  être 
apporté  par  des  individus  neutres,  agiles,  est  assez  agréa- 
ble. Elles  vivent  dans  la  terre  et  habitent  les  environs  de 
Guanajuato. 


Oiseaux  de  la  Nouvelle-Calédonie  ;  espèces  nouvelles 
décrites  par  MM.  J.  Verre  aux  et  O.  des  Murs. 

1.  Cyanoramphus  Saisseti. — 2.  Trichoglossus  Deplanchii. 
— 3.  Eopsaltria  flavigastra. — 4.  Pachycephala  Morariensis. 
—  5.  Pachycephala  assimilis.  —  6.  Campephaga  analis.  — 
7.  Lalage  Montrosieri. — 8.  Leptornis  Aubryanus. — 9.  Gai- 
lirallus  Lafresnayanus.  —  10.  Rhynochetos  jubatus. 

•Genre  nouveau  d'Ardéidé. 

Nous  donnerons  les  diagnoses  et  les  descriptions  de  ces 
espèces  dans  le  numéro  prochain. 


TABLE   DES  MATIERES. 


Ta 


S'- 


il, de  Saussure.  — -  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. 241 
A.  Brot.  —  Description  de  nouvelles  espèces  de  Mélanies.  254 
L.  Fairmaire  et  Germain. —  Coleoptera  chîlensia.  267 
A.  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  269 
H.  Lucas.  —  Observations  sur  les  Busileras  ou  Fourmis  à  miel 

du  Mexique.  271 


PARIS.  —  UIP.   DE  M™  Ve  BOUCHARD-HUZARD,  RUE  DE  L'ÉPERON,  5. 


VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.  —  JUILLET  1860, 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 


Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 
par  M.  H.  de  Saussure. 
Cinquième  article.  (Voir  p.  241.) 
Famille  des  Vespertilionides. 
Tribu  des  Vespertilioniens  (1). 
Pouce  libre,  queue  longue,  enveloppée  jusqu'au  bout, 
ou  dépassant  à  peine  la  membrane  fémorale. 
Genre  Vespertilio,  Lin. 
L'espèce  qui  suit,  envisagée  d'après  ses  parties  molles, 
rentrerait  bien  dans  le  sous-genre  Vesperugo,  Kaiserl. 
et  Blas.,  caractérisé  comme  suit  : 

Bord  inférieur  de  l'oreille  prolongé  en  avant  jusqu'au  delà 
de  l'oreillon  ;  bord  supérieur  bifurqué  à  sa  base ,  le  feuillet 
interne  se  dirigeant  vers  Vœil.  Le  dernier  article  rudimentaire 
de  la  queue  seul  libre.  Plante  des  pieds  ridée,  dépourvue  de 
bourrelets. 

Mais  son  système  dentaire  le  classe  dans  les  Vesperti- 
lions  murinoïdes,  Fr.  Cuv.,  qui  sont  caractérisés  par  la 
présence  de  38  dents  ;  peut-être  faudrait-il  le  placer  dans 
le  sous-genre  Myotis,  Kamp.  Gerv.,  auquel  il  serait  bon 
de  conserver  le  nom  de  genre  Vespertilio,  car  ce  nom  a 
fini  par  être  totalement  banni  de  la  tribu. 
Le  système  dentaire  de  notre  espèce  se  formule  ainsi 

(1)  Comprenant  les  Nycticiens  et  les  Vespertilionins  de  M.  Ger- 
vais.  Les  premiers  ne  se  distinguent  des  seconds  que  par  le  fait  qu'ils 
ne  possèdent  que  deux  incisives  supérieures  au  lien  de  quatre  ;  mais, 
chez  certains  Phyllostimidesy  on  observe  le  même  fait  lors  de  la 
seconde  dentition,  où  ces  très-petites  incisives  latérales  supérieures 
tombent  ou  sont  expulsées  par  les  grandes  médianes. 

2e  SKiiiE.  t.  m.  Année  1860.  19 


282    rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Juillet,  18C0.) 

que  suit  :  38  dents.  Incisives,  f-f  ;  prémolaires,  f-f;  mo- 
laires, H .  En  haut  et  en  bas,  les  deux  premières  prémo- 
laires sont  rudimentaires  ;  la  troisième  est  longue  et  poin- 
tue, surtout  en  haut.  —  Le  crâne  est  court,  moins  large 
entre  les  canines  qu'entre  les  orbites. 

Le  sous-genre  se  subdivise,  à  son  tour,  en  deux  sections 
de  la  manière  suivante  : 

1 .  Tragus  élargi  ;  membranes  des  ailes  s' étendant  jusqu' au 
tarse,  densément  poilues  en  dessous. 

2.  Tragus  étroit;  ailes  larges,  nues  en  dessous,  s' étendant 
jusquà  la  base  des  orteils.  —  C'est  dans  cette  section  que 
vient  se  placer  le  Vesperlilion  qui  suit  : 

V.  mexjcanus.  Parvulus  ;  supra  fusco-auratus,  subtus  albido-cine- 
rascens;  auricula;  ovatae,  elongatœ,  apice  subangustœ;  margine 
externo  supra  recto,  subtus  incurvo,  in  basi  in  lobum  crassum,  os 
versus  productum;  antitragus  elongatus,  apice  linearis;  cauda 
11-articulata. 

Tête  assez  aplatie.  Narines  regardant  latéralement. 
Oreilles  grandes,  assez  étroites  et  longues ,  mesurant 
0m,011  à  leur  face  postérieure,  presque  égales  aux  3/4  de 
la  longueur  de  la  tête  ;  de  forme  ovoïde  ;  leur  bout  ar- 
rondi, mais  étroit,  offrant  au  bord  externe,  avant  l'arron- 
dissement terminal ,  un  vestige  d'échancrure.  L'angle 
inférieur  du  bord  interne,  formant  un  lobe  subaigu,  mais 
arrondi  au  bout  et  séparé  du  repli  qui  va  s'insérer  au- 
dessus  de  l'œil.  Le  bord  externe,  presque  droit  dans  sa 
moitié  supérieure,  devenant  plus  convexe  dans  l'infé- 
rieure ;  —  au  bas,  il  est  séparé  par  une  fissure  d'un  lobule 
épais  (antitragus),  qui  s'étend  vers  la  bouche  et  qui  passe 
au-dessous  de  l'oreille.  On  voit  parallèlement  au  bord 
externe  de  l'oreille  un  pli  fibreux,  et  le  pavillon  offre  des 
stries  transversales.  L'oreillon  a  6-6  1/2  millim.  de  lon- 
gueur; il  est  très-grêle,  long  et  très-étroit,  et  il  s'élève 
jusqu'au  milieu  de  la  hauteur  du  pavillon  ;  son  bord  in- 
terne est  droit  ;  l'externe  est  convexe  et  porte  deux  petites 
crénelures  vers  le  bas  ;  le  tiers  supérieur  de  l'oreillon  est 


TRAVAUX    INÉDITS.  283 

en  forme  de  lanière.  La  queue  se  compose  de  onze  vertè- 
bres, les  deux  dernières  étant  rudimentaires.  L'aile  s'in- 
sère à  la  base  des  orteils.  La  couleur  du  pelage  est  peu 
distincte  (l'individu  ayant  séjourné  longtemps  dans  l'al- 
cool) ;  elle  paraît  être,  en  dessus,  d'un  brun  doré  ;  les  poils 
étant  bruns  à  la  base,  d'un  brun  plus  fauve  dans  le  reste 
de  leur  étendue  ;  en  dessous,  grisâtre  ou  pâle  ;  les  poils 
étant  gris  foncé,  presque  noirâtres  à  la  base,  blanchâ- 
tres dans  leur  quart  ou  leur  tiers  terminal. 

Longueur  du  corps  et  de  la  tête  étendue O^.OSO 

Longueur  jusqu'au  sommet  de  la  tête 0",140 

Longueur  de  la  tête 0m,014 

Longueur  de  l'avant-bras 0m,033 

Longueur  de  la  queue 0m,033 

Longueur  de  l'éperon 0m,015 

Habite  les  parties  chaudes  du  Mexique.  J'ai  pris  ce  Ves- 
pertilion  dans  les  terres  chaudes  de  la  province  de  Mexico. 
Tribu  des  Molossiens. 
Queue  dépassant  de  beaucoup  la  membrane  interfémo- 
rale. 

Genre  Molossus,  Geoffr. 
On  a  classé  les  espèces  de  ce  vaste  genre  en  deux  caté- 
gories, selon  que  les  oreilles  sont  ou  non  réunies  sur  le 
vertex.  Mais  le  système  dentaire  permet  aussi  d'y  établir 
deux  divisions,  et  j'ignore  si  celles-ci  correspondent  à 
celles  auxquelles  donne  lieu  le  plus  ou  moins  grand  déve- 
loppement des  oreilles  (1). 

Ire  division.  —  Nictinomus.  Prémolaires,  f-f-;  molaires, 

r-f  •   (Museau  large,   lèvres    renflées;  oreilles  très-grandes , 

soudées  ensemble  sur  le  milieu  de  la  tête.) 

M.  mexicanus.  (PI.  15.  fig,  2,  2a.)  Supra  fuscus,  subtus  fusco-cine- 

rascens;  auriculae  magnae,  nasum  superantes,  in  vertice  subsepa- 

ratae.  Caudae  longitudo,  13  1/3  lin.;  pars  libéra,  5  1/2  lin. 

Oreilles  grandes,  dépassant  le  nez  d'un  millimètre  lors- 

(1)  Pendant  que  cette  note  était  sous  presse,  j'ai  pu  consulter  le 

beau  travail  de  M.  Gervais  sur  les  Chéiroptères  américains  (voyage 

de  Castelnau).  —  Cette  division  correspond  parfaitement  à  son  genre 

yyciinomus. 


284     rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Juillet  1860.) 

qu'on  les  renverse  en  avant,  très-larges,  plus  ou  moins 
carrées,  quoique  très-largement  arrondies,  offrant  en  ar- 
rière de  l'œil  une  forte  crête  verticale  qui  se  termine  par 
une  ligne  arquée,  laquelle  va  rejoindre  le  bord  supérieur. 
En  dedans  de  cette  crête,  le  pavillon  se  prolonge  jusque 
sur  la  base  du  nez  et  du  front,  où  il  se  soude  à  son  con- 
génère en  dessinant  une  forte  échancrure,  de  sorte  que, 
vues  par  devant,  les  oreilles  n'ont  pas  l'air  d'être  soudées, 
tandis  que,  vues  par  derrière,  elles  le  sont  d'une  manière 
évidente.  Bord  inférieur  des  oreilles  très-développé,  garni 
de  replis  de  la  peau  et  se  prolongeant  presque  jusqu'à 
l'angle  de  la  bouche.  Nez  assez  large,  à  narines  latérales. 
Lèvre  supérieure  plissée  en  zigzag.  Oreillon  tronqué  car- 
rément, quadrangulaire.  Membrane  fémorale  et  pieds  lon- 
guement velus  ;  ces  derniers  surtout,  laineux  et  garnis  de 
longs  poils  gris,  ayant  une  forme  large  et  courte.  Éperons 
larges  et  très-longs,  occupant  presque  les  trois  quarts  du 
bord  inférieur  de  chaque  moitié  de  la  membrane  fémo- 
rale. Aile  s'insérant  à  2  ou  3  millimètres  au-dessus  du 
tarse,  en  devant  du  tibia.  Queue  enveloppée  dans  ses  cinq 
premières  vertèbres,  libre  dans  ses  cinq  dernières  (la  cin- 
quième rudimentaire).  Couleur,  en  dessus,  d'un  brun  uni- 
forme ;  en  dessous,  cendré  brunâtre.  Les  poils  sont  de 
couleur  uniforme  dans  toute  leur  étendue,  assez  longs  et 
bien  fournis.  Chez  ce  Molosse,  le  crâne  est  assez  allongé; 
sa  partie  faciale  est  aplatie,  dépourvue  de  crête,  et  offre 
même  un  enfoncement  longitudinal.  La  première  prémo- 
laire supérieure  est  rudimentaire  ;  la  deuxième  est  très- 
longue,  grande,  et  offre  un  fort  talon  ;  la  première  infé- 
rieure est  plus  petite  que  la  seconde. 

Longueur  du  corps  et  de  la  tête  étendue ....     0m,060 
Longueur  des  oreilles  à  leur  face  externe. .     0m,012 

Largeur  des  mêmes 0m,014 

Longueur  de  l'avant-bras 0œ,041-42 

Longueur  de  la  queue 0m,031 

Longueur  de  sa  portion  libre 0m,0125 

Longueur  de  l'éperon 0,n,014 


TRAVAUX    INÉDITS.  285 

Habite  le  plateau  du  Mexique  et  les  hautes  montagnes. 
J'en  ai  tué  un  individu  sur  le  Coffre  de  Perote,  à  13,000  pieds 
d'altitude;  d'autres  individus  ont  été  pris  à  Ameca,  au 
pied  du  Popocatepetl,  à  une  altitude  de  8,500  pieds. 

Un  très-jeune  individu  n'a  pas  de  poil  au  corps  ;  ses 
membres  sont  courts  et  trapus  ;  les  pieds  sont  plus  gros 
que  chez  l'adulte. 

IIe  division.  —  Molossus.  Prémolaires,  ~~\  molaires, 
-*—*.  (Lèvres  peu  renflées,  museau  triangulaire,  oreilles  sépa- 
rées et  médiocres.) 

M.  aztecus.  (PL  15,  fig.  3,  3a.)  Supra  obscure  fuscus,  subtuspal- 
lidior;  auricuJae  triangulares,  médiocres,  ia  fronte  coutiguae  at 
non  continuai,  antitrago  quadrato,  maximo,  trago  minimo,  vix. 
distincto;  os  haud  incrassatum  ;  cauda  elongata,  in  dimidia  libéra. 

Oreilles  assez  petites,  beaucoup  moins  grandes  que  chez 
le  D.  mexicanus,  à  peu  près  triangulaires,  quoique  arron- 
dies au  sommet,  arrivant  jusque  sur  la  ligne  médiane, 
mais  ne  se  soudant  pas.  Leur  pli  intérieur,  très-prononcé, 
offrant  au  bas,  à  l'entrée  du  méat,  un  très-petit  lobule 
étroit  qui  représente  le  tragus.  Le  pavillon  ne  se  prolon- 
geant pas,  au  bas,  vers  la  bouche,  mais  venant  se  souder 
à  la  base  d'un  grand  lobe  quadrangulaire,  qui  forme  l'an- 
titragus,  tout  en  ayant  la  forme  du  tragus  du  D.  mexica- 
nus. Museau  petit,  triangulaire,  n'offrant  pas  d'épaissis- 
sèment  prononcé,   n'étant  pas  large;   lèvres  peu  char- 
nues, point  prolongées  en  bas.  Avant-bras  très-arqué. 
Ailes  très-grêles,  poilues  en  dessous,  autour  du  corps,  et 
parallèlement  à  l'avant-bras,  mais  la  zone  poilue  séparée 
de  l'avant-bras  par  une  bande  glabre.  Queue  longue  et 
forte,  enveloppée  dans  sa  première  moitié,  libre  dans  la 
seconde.  Aile  s'insérant  le  long  du  tibia,  et  ne  s'en  sépa- 
rant guère  qu'au  milieu  de  ce  dernier. 

Le  pelage  est  en  dessus  d'un  brun  marron  foncé;  en 
dessous,  d'un  gris  brunâtre.  Les  poils  sont  plus  pâles  à  la 
base  qu'au  bout.  Comparée  au  D.  mexicanus,  cette  espèce 
est  notablement  plus  foncée. 


286     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

Longueur  du  corps  et  de  la  tète , 0m,065 

Longueur  de  la  queue 0m,037 

Longueur  de  l'avant-bras 0,n,036 

Hauteur  des  oreilles  mesurées  par  derrière.  0m,008 

Habite  le  plateau  du  Mexique.  Tué  à  Amecameca ,  au 
pied  du  Popocatepetl. 

Ce  Molosse  est  plus  grand  de  corps  que  le  Mexicanus, 
mais  ses  oreilles  sont  bien  plus  petites,  son  avant-bras 
plus  court,  etc. 

Le  crâne  est  plus  étroit  entre  les  orbites  que  la  dis- 
tance qui  sépare  le  bord  externe  des  deux  canines  supé- 
rieures; sa  partie  faciale  est  obtuse,  et  porte  entre  les 
orbites  une  crête  qui  se  prolonge  sur  le  front. 
Tribu  des  Noctilioniens. 

Membrane  interfémorale  grande,  dépassant  la  queue  ; 
l'extrémité  de  celle-ci  libre,  reposant  sur  la  membrane 
interfémorale.  Pouce  enveloppé  à  la  base. 

Cette  tribu  comprend  les  tribus  des  Noctilionins  et  des 
Emballonurins  de  M.  Gervais ,  auxquels  il  faut  ajouter  le 
groupe  des  Mormopsins.  La  réunion  de  ces  trois  types 
forme  un  groupe  naturel  (1)  qu'il  me  paraît  utile  de  con- 
server. 

Sous -tribu  des  Mormopsins. 

Face  couverte  de  nombreux  replis  membraneux.  Mo- 
laires offrant  des  replis  d'émail  en  forme  de  W.  Mem- 
brane interfémorale  très-grande.  Queue  longue,  envelop- 
pée, supère  à  l'extrémité,  et  de  beaucoup  dépassée  par  la 
membrane  interfémorale. 

Genre  Mormops,  Leach. 

Formes  grêles  ;  pattes  postérieures  très-longues,  enfer- 
mant une  membrane  interfémorale  très-grande  (2).  Tête 

(1)  11  le  serait  encore  plus  sans  la  nécessité  d'y  faire  rentrer  les  gen- 
res Mormops  et  Chilonycteris,  qui  ont  la  queue  disposée  de  la  même 
manière  et  qui,  à  cause  de  cela,  ne  peuvent  figurer  que  dans  cette 
tribu. 

(2)  Lorsque  les  membranes  sont  étendues,  l'étroitesse  des  ailes  et 


TRAVAUX   INÉDITS.  287 

grosse  et  globuleuse,  portant,  en  dessus,  des  replis  mem- 
braneux, appliqués  et  poilus  ;  au  menton,  un  écusson  ver- 
ruqueux,  et,  dessous,  d'autres  replis  nombreux  et  compli- 
qués. Oreilles  assez  courtes,  mais  à  très-grande  ouverture  ; 
oreillon  épais  et  difforme.  Ailes  insérées  au  tibia  et  sur 
l'éperon.  (PI.  15,  fig.  5.) 

Jusqu'à  présent,  le  genre  Mormops  n'a  pu  être  classé 
avec  précision,  et  cela  tient  à  ce  qu'il  est  un  de  ces  types 
intermédiaires  qui  servent  de  lien  entre  plusieurs  groupes, 
plutôt  qu'ils  ne  rentrent  bien  dans  aucun  d'eux. 

Après  l'excellent  travail  que  Peters  a  fourni  sur  ce 
genre,  il  serait  superflu  d'en  donner  une  description  dé- 
taillée ;  mais  comme  les  conclusions  que  nous  déduisons 
de  l'examen  de  nos  individus  ne  s'accordent  pas  avec  les 
siennes,  il  est  nécessaire  de  reprendre  brièvement  la  dis- 
cussion des  caractères,  dans  le  but  d'établir  les  affinités 
naturelles  de  ces  animaux. 

L'auteur  allemand  cherche  surtout  à  établir  que  les 
replis  membraneux  de  la  face  des  Mormops  sont  l'analo- 
gue de  la  feuille  nasale  des  Phyllostomes,  et  il  compare 
les  autres  caractères  pour  montrer  que  ceux-ci  ne  sont 
point  en  désaccord  avec  ceux  de  ces  animaux.  —  Les 
dents  des  Mormops  ont  la  plus  grande  analogie  avec  celles 
des  Chilonycteris  (genre  que  je  ne  connais  pas) ,  et  l'émail 
en  forme  de  W  des  grandes  molaires  rappelle  un  peu 
celles  des  Noctilio.  Le  crâne  ne  ressemble  point  à  celui 
des  Taphozous  et  des  Emballonura,  types  dont  on  avait 
rapproché  les  Mormops  ;  mais  il  rappelle,  au  contraire, 
celui  des  Phyllostomes,  des  Chilonycteris  et  des  Noctilio 
par  son  os  incisif,  qui  est  soudé  aux  maxillaires,  etc.  La 
face  très-courte,  le  front  élevé  subitement,  presque  à  an- 
gle droit ,  le  crâne  globuleux  et  séparé  de  la  face  par  une 
fossette,  ainsi  que  la  forme  des  arcades  zygomatiques,  rat- 
la  longue  saillie  de  la  membrane  interfémorale  donnent  à  l'animal 
une  ligure  tout  exceptionnelle;  le  patagium  caudal  ressemble  presque 
à  une  large  queue  d'oiseau. 


288     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

tachent  encore  les  Mormops  aux  Chilonycteris.  Le  reste  du 
squelette,  en  particulier  la  largeur  des  côtes,  rapproche- 
rait ce  type  des  Phyllostomes,  quoiqu'il  offre  cependant 
quelques  rapports  avec  celui  des  Noctilio.  La  langue  est, 
comme  chez  les  Phyllostomes,  verruqueuse  et  garnie  de 
papilles  découpées,  qui  se  terminent  par  deux  ou  trois 
pointes.  Les  organes  respiratoires  rappellent,  d'une  part, 
ceux  des  Chilonycteris  par  la  structure  de  la  trachée-ar- 
tère, dont  les  anneaux  intermédiaires  sont  soudés  en- 
semble postérieurement,  tandis  que  les  inférieurs  sont 
incomplets  en  arrière  ;  d'autre  part,  ceux  des  Phyllostoma, 
par  la  segmentation  du  poumon  droit  en  quatre  lobes. 

L'auteur  conclut  de  ses  recherches  que  le  genre  Mor- 
mops ne  peut  continuer  à  figurer  dans  la  famille  des 
Vespertilionides  (Gymnorina),  mais  qu'il  doit  être  classé, 
ainsi  que  le  genre  Chilonycteris,  son  proche  parent,  dans 
la  famille  des  Phyllostomides,  et  former  un  petit  groupe 
sous  le  nom  de  Mormopina.  Ce  groupe  serait  une  subdi- 
vision des  Vampiriens  (  Phyllostomes  dont  les  molaires 
offrent  un  double  repli  en  émail  qui  ressemble  à  un  W),  et 
il  formerait  la  transition  aux  Desmodus  et  aux  Brachy- 
phyllum. 

Il  ne  nous  est  pas  possible  d'adopter  ces  conclusions, 
basées  surtout  sur  le  fait  que  M.  Peters  considère  les  re- 
plis membraneux  de  la  face  comme  l'équivalent  de  la 
feuille  nasale  des  Phyllostomides,  en  supposant  que  cette 
feuille  est  ici  partagée  par  le  milieu.  En  effet,  ces  replis 
ne  sont  pas  nus  et  glanduleux  comme  chez  les  Phyllo- 
stomes, mais  couverts  de  longs  poils,  et  ils  s'appliquent 
sur  la  tête  de  façon  à  tapisser  et  à  couvrir  de  poils  la  par- 
tie supérieure  de  la  face,  qui  est  nue.  Ils  présentent,  il  est 
vrai,  la  tendance  à  former  une  feuille  nasale;  mais  il  ne 
s'agit  encore  que  d'une  tendance  à  cela,  en  sorte  que, 
sous  ce  point  de  vue,  les  Mormops  ne  sont  que  des  Ves- 
pertilionides, commençant  à  offrir  les  caractères  des  Phyl- 
ostomides. 


TRAVAUX    INÉDITS.  280 

Pour  ce  qui  concerne  le  crâne,  je  trouve  que  celui-ci 
est  bien  plutôt  un  crâne  de  Vespertilion  ou  de  Molosse 
que  de  Vampire,  vu  la  brièveté  du  museau,  le  relèvement 
du  front  et  l'aplatissement  de  sa  partie  maxillaire;  mais 
les  formes  du  crâne  sont  très  variables  et  peu  propres  à 
fournir  des  caractères  précis.  Quant  aux  dents,  je  ne  puis 
m'empècher  de  penser  que  M.  Peters  ne  se  soit  tout  à  fait 
mépris.  Les  dents  des  Mormops  n'appartiennent  nulle- 
ment au  type  des  Phyllostomes.  Ces  derniers  ont  toujours 
des  dents  assez  fortes  et  médiocrement  aiguës  (sauf  chez 
les  Glossophages),  tandis  que  chez  les  Vespertilionides  elles 
sont  très-aiguës  et  plus  insectivores.  Or,  chez  les  Mormops, 
le  faciès  des  dents  est  tout  à  fait  celui  des  dents  des  Ves- 
pertilionides. Ainsi  les  canines  sont  arquées  plutôt  au 
dehors  qu'au  dedans  et  ont  une  forme  tout  épineuse  que 
n'offrent  pas  les  Phyllostomes.  On  trouve,  de  plus,  chez 
les  Mormops,  le  vide  entre  la  canine  supérieure  et  l'inci- 
sive latérale  où  vient  se  loger  la  canine  inférieure,  ce  qui 
est  un  caractère  de  Vespertilionide,  jamais  de  Phyllosto- 
mide.  Enfin  l'émail  des  molaires,  disposé  en  forme  de  W, 
que  l'auteur  allemand  invoque  comme  ressemblant  à  une 
disposition  analogue  chez  les  Vampires,  est  encore  un  ca- 
ractère de  Vespertilionide  ;  il  se  retrouve  dans  presque 
tous  les  genres  de  cette  famille,  tandis  qu'il  ne  se  rencon- 
tre presque  que  comme  une  exception  dans  la  famille  des 
Phyllostomides,  qui  est  beaucoup  moins  insectivore  que 
celle  des  Vespertilionides,  plus  frugivore,  donc  moins 
sujette  à  offrir  des  dents  hérissées  de  pointes  compliquées. 

Les  membranes  compliquées  de  la  face  ne  sont  pas  un 
caractère  suffisant  pour  conclure  à  l'intime  parenté  des 
Mormops  et  des  Phyllostomides,  car  on  rencontre  des 
feuilles  nasales  chez  les  Rhinolophides  (Megaderma),  tan- 
dis qu'on  les  voit  manquer  chez  certains  Phyllostomides 
(Desmodus);  enfin  les  Molosses,  les  Nocti lions ,  etc., 
offrent,  parmi  les  Vespertilionides,  des  bourrelets  faciaux 
et  un  développement  des  membranes  auriculaires,   qui 


290      REV.    ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.  [JuilM  1860.) 

indiquent  une  tendance  à  cette  complication  de  la  face 
que  les  Phyllostomides  offrent  à  un  si  haut  degré. 

On  peut  ajouter  que  le  troisième  doigt  de  la  main  n'of- 
fre, chez  les  Mormops,  que  trois  phalanges,  comme  chez 
les  Vespertilionides,  non  quatre,  comme  chez  tous  les 
Phyllostomides,  et  que  la  quQue,  libre  au  bout,  quoique 
dépassée  par  la  membrane  interfémorale,  est  un  indice 
tout  naturel  que  ce  genre  appartient  à  la  tribu  des  Nocti- 
lioniens,  ce  qui  est  complètement  confirmé  par  l'analogie 
du  système  dentaire  avec  celui  du  genre  Noctilio. 

Il  nous  semble  donc  1°  que  sortir  le  genre  Mormops  de 
la  famille  des  Vespertilionides,  c'est  aller  contre  tous  ses 
caractères,  malgré  des  affinités  évidentes  ;  2°  que  le  réu- 
nir à  celle  des  Phyllostomides,  c'est  décaractériser  entiè- 
rement cette  dernière,  en  y  introduisant  un  élément 
étranger. 

Nous  pensons  donc  que  les  genres  Mormops  et  Chilo- 
nycteris  doivent  former  un  petit  groupe  dans  la  famille 
des  Vespertilionides,  groupe  qui  sert  de  transition  aux 
Phyllostomides,  mais  tout  en  restant  du  côté  des  Vesper- 
tilionides. On  pourrait,  à  la  rigueur,  en  former  une  tribu 
séparée,  mais  la  tribu  des  Noctilioniens  est  si  bien  indi- 
quée par  le  caractère  commun  à  tous  ses  représentants  de 
l'extrémité  de  la  queue  libre  et  reposant  sur  la  membrane 
interfémorale,  qu'on  éprouve  quelque  répugnance  à  la 
partager. 
Mormops  Blainvillii  ,  Leach,  Tram.  Lin.  Soc,  XIII,  77, 

tb.  7.  —  Peters,  Àbhandl.  de  K.  Acad.  de  W.  z.  Berlin, 

1857,  287,  tb. /.  (PI.  15,  f.  5.) 

Formes  grêles,  élancées  ;  pattes  postérieures  très-lon- 
gues et  grêles  ;  les  cuisses  surtout,  qui  sont  aussi  longues 
que  les  tibias.  Membrane  fémorale  très-grande,  soutenue 
par  de  très-grands  éperons.  Queue  atteignant  le  milieu 
de  cette  membrane  ;  son  petit  bout,  composé  de  trois  ver- 
tèbres rudimentaires,  libre  en  dessus;  la  partie  envelop- 
pée, composée  de  cinq  vertèbres.  Corps  grêle.  Tête  glo- 


TRAVAUX    INÉDITS.  291 

buleuse.  Poils  très-longs  et  très-abondants,  d'un  brun- 
bai  uniforme,  soyeux  et  couchés,  point  laineux  ;  ceux  du 
dos  ayant  la  pointe  brune.  Membranes  brunes,  longue- 
ment et  abondamment  poilues  le  long  des  flancs,  à  la  face 
inférieure.  Le  bas  de  l'aile,  enveloppant  le  bas  du  tibia, 
et  venant  s'insérer  le  long  de  l'éperon  jusqu'au  milieu  de 
sa  longueur.  —  Les  lèvres  supérieures  sont  bordées  de 
poils  très-longs  qui  forment  comme  des  moustaches,  les- 
quelles vont  en  augmentant  de  longueur  du  nez  à  l'angle 
de  la  bouche,  où  elles  se  terminent  par  une  espèce  de 
pinceau.  Les  membranes  très-compliquées  de  la  tête  exi- 
gent une  description  spéciale,  car  elles  sont  si  fortement 
garnies  et  bordées  de  longs  poils,  qu'elles  disparaissent 
chez  les  individus  desséchés,  et  la  tête  est  si  poilue,  tant 
en  dessus  qu'en  dessous,  qu'on  a  souvent  peine  à  les 
retrouver. 

Ces  replis  nombreux  de  la  ligure  correspondent,  chez 
nos  individus,  assez  exactement  à  ceux  que  Peters  a  figu- 
rés. Les  oreilles  sont  très-larges,  mais  le  pavillon  est  court; 
il  se  prolonge  sous  la  forme  d'un  large  repli  qui  contourne 
la  joue  en  dessous  et  qui  gagne  l'angle  de  la  bouche,  pour 
se  continuer  ensuite  le  long  de  la  lèvre  supérieure.  Sous 
l'œil,  il  donne  naissance  à  un  lobe  prononcé  qui  corres- 
pond à  l'antitragus.  Son  bord  est  tellement  enfermé  dans 
les  poils  qui  le  garnissent,  que  sa  forme  est  difficile  à  sai- 
sir. Le  bord  supérieur  interne  du  pavillon  est  échancré, 
de  façon  à  dessiner  un  petit  lobe  ;  un  peu  plus  bas  il  offre 
une  seconde  échancrure,  qui  est  suivie  d'un  grand  lobe 
très-poilu,  soudé  au  pavillon,  et  qui  se  continue  sous  la 
forme  d'un  feuillet  oblique  jusqu'à  la  base  du  nez.  Mais, 
avant  de  l'atteindre,  il  forme  un  lobule  transversal  qui 
s'en  détache  à  moitié,  et  qui  se  trouve  juxtaposé  au  lobule 
symétrique  situé  de  l'autre  côté  de  la  face.  Les  sinuosités 
de  cette  membrane  affectent  quelquefois  l'apparence  trom- 
peuse de  plusieurs  crêtes  successives.  On  voit  encore 
dans  le  pavillon  de  l'oreille  un  pli  oblique  qui  part  de 


292      REV.   ET    MAG.   DE   ZOOLOGIE.  [Juillet  1860.) 

l'angle  supérieur  interne  de  ce  dernier,  et  qui  se  dirige 
vers  le  tragus,  mais  sans  l'atteindre;  cette  membrane  est 
presque  nue.  L'oreillon  est  très-compliqué  :  étroit  à  sa 
base,  puis  très-dilaté  ;  il  se  termine  par  trois  lobes,  dont 
l'antérieur  petit;  le  mitoyen  plus  grand,  obtus  ;  le  posté- 
rieur allongé  (plus  que  sur  la  figure  citée).  Ces  lobes  ne 
sont  pas  placés  tout  à  fait  dans  le  même  plan.  Le  pavillon 
des  oreilles  est  passablement  nu,  ou  garni  de  poils  ras, 
ainsi  que  l'espace  situé  en  arrière  de  l'œil,  et  que  l'oreille 
peut  recouvrir  ;  mais  la  face  externe  des  oreilles,  sauf  leur 
extrémité  supérieure,  et  les  membranes,  sont  longuement 
poilues,  littéralement  cachées  sous  les  poils  qui  y  adhè- 
rent. Les  deux  prolongements  membraneux  qui  partent 
des  oreilles,  et  qui  s'étendent  jusqu'à  la  base  du  nez,  peu- 
vent ou  se  relever  ou  se  coucher,  et  s'appliquer  sur  la  face 
supérieure  de  la  tête;  en  se  couchant,  ils  se  touchent  par 
leur  bord  interne  (ou  supérieur).  La  portion  du  crâne  que 
ces  replis  poilus  tapissent,  lorsqu'ils  se  couchent,  est  com- 
plètement nue.  Les  appendices  du  menton  sont  comme 
chez  l'individu  figuré  par   Peters,   mais  un  peu  moins 
larges.  On  trouve  d'abord  un  écusson  verruqueux,  échan- 
cré  à  son  bord  inférieur  et  bilobé  ;  puis  un  grand  repli 
membraneux,  dépourvu  de  longs  poils,  fendu  au  milieu, 
largement  bilobé,  et  qui  se  soude  sur  les  côtés  avec  des 
lobules  multiples;  enfin,  en  dessous,  ou  en  arrière,  on 
trouve  encore  un  troisième  repli  médian  arqué,  point 
échancré  et  garni  de  longs  poils,  comme  le  reste  du  men- 
ton. Le  nez  porte  divers  petits  bourrelets  qui  sont  défor- 
més  chez  nos  individus  desséchés;  on  voit  seulement, 
chez  ceux-ci,  que  les  narines  sont  percées  dans  des  renfle- 
ments piriformes. 

Longueur  du  corps  et  de  la  tète 0m,066 

Longueur  de  l'avant-bras 0m,051 

Longueur  du  fémur 0m,025 

Longueur  de  la  queue , .     0m,024 

Longueur  de  l'éperon 0m,021 

Longueur  de  la  membrane  fémorale 0m,042 


TRAVAUX    INÉDITS.  293 

Habite  les  parties  chaudes  du  Mexique.  Nos  individus 
ont  été  tués  près  d'Uvero. 


Observations  au  sujet   des  Considérations  sur  les  œufs 

des  Oiseaux  de  M.  Moquin-Tandon,  par  M.  O.  des 

Murs. 

Troisième  observation  (J). 

Il  arrive  parfois  à  M.  Moquin-Tandon  de  faire,  soit  dans 
le  cours  de  ses  Considérations,  soit  en  note  ou  en  renvoi , 
à  ceux  dont  il  passe  en  revue  les  propositions,  des  ques- 
tions brusques,  telles  que  celle-ci  : 

«  Quel  rapport  peut-il  exister  entre  les  habitudes  et  la 
forme  ovoïde?  »  (Rev.  de  1860,  ch.  III,  §  1,  p.  12.) 

Rétablissons  la  vérité  des  termes  :  ovalaire,  avons-nous 
dit,  et  non  pas  ovoïde.  Car  c'est  au  début  d'une  science 
qu'il  faut  être  d'accord  sur  les  mots,  pour  parler  comme 
tout  le  monde  (ou  sur  la  glossologie,  pour  parler  comme  le 
savant  professeur),  et  ne  pas  en  laisser  refaire  le  langage 
par  chacun  de  ceux  qui  viendront  successivement  s'en 
occuper.  Rons  ou  mauvais ,  du  moment  qu'ils  existent  et 
ont  pris  date,  on  les  doit  conserver  :  c'est  une  règle  assez 
généralement  suivie  pour  qu'il  ne  soit  pas  nécessaire  de  la 
rappeler  à  un  botaniste  aussi  distingué  que  M.  Moquin- 
Tandon. 

Mon  Dieu!  la  réponse,  si  simple  qu'elle  soit,  est  assez 
difficile  à  faire  à  une  question  posée  de  la  sorte  ;  car  elle 
existe  plus  dans  la  pensée  et  dans  l'intelligence  que  dans 
les  mots,  aurait  dit  notre  regrettable  prince  Ch.  Rona- 
parte;  en  d'autres  termes,  ce  sont  de  ces  choses  qui  se 
comprennent  plus  aisément  qu'elles  ne  s'expriment. 

Ce  Rapport,  ainsi  tombé  de  notre  plume,  est  plutôt  un 
de  ces  rapprochements  qui  échappent  à  ceux  qui  traitent 
longtemps  le  même  sujet,  qu'un  rapport  réel  dans  le  sens 
logique  et  scientifique  du  mot. 

(1)  Rev.  et  Mag.  de  zoologie,  1860,  p.  110  et  115. 


294     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

Nous  devons  cependant  à  la  vérité  de  dire ,  en  répon- 
dant à  l'interpellation,  qu'en  signalant  cette  coïncidence 
au  courant  de  la  composition  elle  nous  paraissait  inté- 
ressante, en  ce  sens  que,  de  même  que  l'on  a  remarqué 
que  les  intestins,  surtout  les  appendices  cœcaux,  étaient 
conformés  en  raison  du  mode  ou  des  habitudes  de  vivre 
et  de  se  nourrir  des  Vertébrés,  notamment  les  Oiseaux  (1)  ; 
de  même  on  pouvait  supposer  une  conformation  relative 
et  harmonique  semblable  pour  l'oviducte  de  ces  derniers, 
ainsi  que  l'ont  fait  ressortir  d'une  manière  remarquable 
les  beaux  travaux  anatomiques  d'Eyton.  De  là  se  présen- 
tait naturellement  à  la  pensée,  pour  l'œuf,  le  rapport  de 
sa  forme,  si  essentiellement  soumise  aux  caprices  de  cet 
organe,  de  l'aveu  même  de  M.  Moquin-ïandon. 

Si  l'on  admet ,  en  effet ,  cette  relation  proportionnelle 
entre  les  dimensions  des  appendices  cœcaux  et  celles  de 
l'oviducte,  et  s'il  est  reconnu,  comme  l'admet  positive- 
ment M.  Moquin -Tandon,  «  que  ce  canal  est  très-court  ou 
«  très-lâche  chez  les  Oiseaux  dont  les  œufs  sont  sphériqucs,  » 
le  rapport  que  nous  avons  indiqué  entre  les  habitudes  de 
gloutonnerie  des  Rapaces  et  des  Palmipèdes,  dont  l'œuf 
se  trouve  être  également  ovalaire,  n'a  donc  rien  ni  de  si 
étrange  ni  de  si  incompréhensible,  et  en  devient  même, 
au  contraire,  une  conséquence  toute  naturelle. 

Mais,  et  sans  rien  infirmer  de  ce  que  nous  venons  de 
dire,  nous  le  répétons,  cette  relation ,  que  nous  qualifie- 
rions tout  au  plus  d'ingénieuse,  si  nous  parlions  d'un  autre 
que  de  nous-même,  n'a  jamais  été  qu'un  jeu  de  notre  es- 
prit ,  sorti  de  l'inspection  du  tableau  de  la  répartition  des 
formes  oologiques  dans  notre  système. 

(1  )  Ainsi,  très-longs  dans  les  Oiseaux  qui  vivent  de  substances  vé- 
gétales, comme  les  Poules,  les  Faisans,  les  Paons,  etc.,  les  Oies,  les 
Cygnes;  plus  courts  dans  les  Chouettes,  les  Grues,  les  Bécasses,  etc.; 
plus  courts  encore  dans  les  Pigeons,  les  Corbeaux,  les  Pies-Grièches, 
les  Moineaux,  etc.;  très-courts  enfin  dans  les  Accipitres,  etc.,  etc- 
(Tiedemann,  Oken,  Carus,  etc.). 


TRAVAUX    INEDITS.  295 

Quatrième  observation . 

Nous  venons  de  répondre  sérieusement  à  cette  question 
de  M.  Moquin-Tandon  :  «  Quel  rapport  peut-il  exister 
«  entre  les  habitudes  et  la  forme  ovoïde?  » 

Recourant  à  un  mode  de  raisonnement  ou  de  discussion 
qu'il  semble  affectionner,  nous  eussions  pu  nous  borner 
à  le  (aire,  en  lui  rétorquant  l'argument  par  cette  autre 
question  : 

Quel  rapport  peut-il  exister  entre  le  volume  de  l'œuf  et 
l'incubation  (1)  ? 

C'est  une  proposition  propre  à  M.  Moquin-Tandon ,  et 
elle  s'appuie  sur  un  raisonnement  si  laborieusement  ex- 
posé, que  ce  n'est  pas  sans  une  certaine  fatigue  d'esprit 
que  l'on  parvient  à  en  saisir,  sinon  le  véritable  sens,  du 
moins  le  sens  probable. 

Que  veut  prouver  l'auteur?  une  chose  toute  simple: 
que  les  œufs  les  plus  gros  sont  ceux  qui  offrent  le  moins 
de  surface  relativement  à  leur  volume ,  et  que  les  œufs  les 
plus  petits  sont  ceux  qui  en  offrent,  au  contraire,  le  plus. 
Proposition  paradoxale  en  apparence,  mais  reposant  sur 
une  vérité  mathématique  ou  géométrique  dont  il  ne  fau- 
drait cependant  pas  exagérer  la  portée. 

De  là,  de  la  part  de  l'auteur,  l'exemple  des  deux  ex- 
trêmes, en  fait  d'œufs  :  celui  des  œufs  de  Guillemots  et  de 
Pingouins,  et  celui  des  œufs  de  Passereaux,  notamment 
des  Colibris; 

Puis,  cette  démonstration  :  «  Qu'on  les  expose  (ces  œufs) 
«  à  la  même  chaleur,  on  verra  que,  dans  un  temps  donné, 
ce  le  plus  petit  tombera  à  une  température  plus  basse  que 
«  le  plus  grand;  » 

Et  enfin,  cette  conclusion  :  «  Par  conséquent,  les  œufs 
«  ont  d'autant  plus  besoin  d'être  protégés  contre  le  refroi- 
«  dissement  par  rayonnement,  qu'ils  ont  un  volume  plus 
«  faible.  » 

(1)  Rapport  du  volume  de  l'œuf  avec  l'incubation,  Rev.  et  Mag.  de 
zoologie,  1859,  chap.  H,  §  2,  p.  47fi. 


296     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

Si  vrai  que  soit  le  principe  posé  par  M.  Moquin-Tandon , 
il  ne  saurait  suffire  seul  à  la  démonstration  qu'il  en  pré- 
tend tirer,  et  ne  satisfait  à  aucune  des  conditions  les  plus 
indispensables  à  la  solution  de  la  question  oologique  qu'il 
soulève.  Il  oublie  de  faire  entrer  en  ligne  de  compte  deux 
éléments  importants,  qui  viennent  singulièrement  modi- 
fier son  principe  dans  l'application  :  d'une  part,  la  com- 
position intime  des  matières  organiques  renfermées  dans 
l'œuf,  lesquelles  varient  selon  les  divers  ordres  oologiques  ; 
d'autre  part ,  la  nature  et  la  constitution  de  la  coquille  ou 
du  test  calcaire  qui  renferme  ces  matières. 

Ce  raisonnement  si  subtil  peut  bien ,  en  effet,  être  invo- 
qué à  la  rigueur  pour  les  œufs  de  la  plupart  des  Passereaux. 

Mais  que  prouve-t-il  pour  les  œufs  des  Guillemots  et  des 
Pingouins?  Certes,  il  est  loin  de  se  prêter  à  expliquer  la 
facilité  avec  laquelle  leur  contenu  résiste  aux  rigueurs  de 
la  température  à  laquelle  ils  sont  exposés.  On  ne  peut  ad- 
mettre que  la  différence  relative  de  leur  surface  avec  leur 
volume  ait  seule  cette  influence ,  surtout  en  l'absence  de 
tout  nid. 

Reste,  sur  ce  point,  à  discuter  la  valeur  des  raisons  que 
nous  avons  données,  il  y  a  dix-huit  ans,  ce  que,  de  parti 
pris,  ne  fait  point  l'auteur,  puisque,  sur  deux  de  ces  rai- 
sons, l'une,  celle  relative  à  la  composition  des  matières 
organiques  que  renferment  ces  œufs ,  lui  paraît  sans  im- 
portance, et  l'autre,  relative  à  la  constitution  du  test  cal- 
caire, il  n'en  dit  mot. 

Nous  ne  voyons  donc  encore  ici ,  pour  en  revenir  à  notre 
point  de  départ,  rien  qui  implique  un  rapport  logique 
quelconque  du  volume  de  l'œuf  avec  Vincubation  ;  tout  au 
plus  y  trouverions-nous  un  rapport  entre  ce  volume  et  le 
calorique  de  l'air  ambiant. 

Nous  comprendrions  même  encore  mieux  ,  par  les  dé- 
veloppements que  lui  a  donnés  l'auteur,  et  la  conclusion 
qu'il  a  paru  vouloir  en  tirer,  que  cette  proposition  tendît 
à  établir  un  rapport  entre  le  volume  de  l'œuf  et  le  mode 


TRAVAUX     INÉDITS.  297 

do  nidification.  Car,  en  définitive,  c'est  à  quoi  il  semble 
conclure,  puisque,  dans  toute  sa  démonstration,  il  ne  fait 
rien  intervenir  qui  rappelle  en  quoi  que  ce  soit,  ou  l'acte 
de  l'incubation  en  lui-même,  ou  rien  qui  s'y  rapporte,  de 
près  ou  de  loin.  Nous  laisserons,  au  surplus,  selon  notre 
habitude,  s'exprimer  l'auteur,  car  nous  n'aimons  pas  à 
tronquer  nos  citations  : 

«  C'est  pourquoi  tous  les  œufs  petits,  à  latitude  égale, 
«  sont  généralement  placés  dans  des  lieux  bas  et  abrités, 
«  dans  des  trous  de  mur,  dans  des  creux  d'arbre  et  dans 
«  des  nids  ou  profonds  ou  épais,  composés  de  substances 
«  plus  ou  moins  chaudes.  » 

Ce  raisonnement ,  auquel  paraît  s'attacher  l'auteur,  ne 
lui  sera  assurément  contesté  par  personne.  Seulement 
c'est  y  mettre,  par  tout  ce  qui  le  précède,  une  forme  un 
peu  solennelle  pour  la  conclusion  fort  simple  qui  en  res- 
sort; à  savoir  :  que  les  œufs  ont  d'autant  plus  besoin  d'être 
protégés  contre  le  refroidissement  par  rayonnement,  qu'ils 
ont  un  volume  plus  faible.  Pour  nous,  c'est  la  question  par 
la  question.  Les  œufs  de  Pitpits  (Anthus),  qu'ils  soient 
couvés  dans  les  régions  boréales  ou  sous  les  latitudes  mé- 
ridionales, se  trouvent  constamment  déposés  dans  des 
nids  d'herbe  ou  de  mousse,  au  niveau  du  sol  ;  il  en  est  de 
même  des  œufs  de  Merles  (Turdus),  dont  les  nids  ne  chan- 
gent ni  de  forme  ni  de  façon,  sous  quelque  latitude  qu'ils 
se  trouvent  :  les  matériaux  seuls  varient,  en  raison  des 
ressources  de  la  localité ,  mais  le  nid  n'en  est  ni  moins  ni 
plus  chaudement  tapissé. 

Ce  qui  est  vrai  ici  pour  les  corps,  en  physique,  est  d'une 
importance  excessivement  secondaire,  pour  ne  pas  dire 
nulle,  en  oologie  ;  parce  que,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà 
dit,  en  18i2  et  1843,  la  nature  a  pourvu  aux  inconvénients 
de  ce  refroidissement  par  uue  modification  infinie  de  la 
structure  du  test  :  tantôt  en  le  revêtant  d'un  aspect  réfrac- 
taire,  tantôt,  au  contraire,  d'un  aspect  mat,  et  tantôt 
2°  srrik.  t.  xii    Année  1860.  20 


298     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Juillet  1860.) 

d'une  seconde  couche  plus  ou  moins  crétacée  ou  sédi- 
menteuse. 

Mais  cela  ne  prouve  aucunement  que  le  mode  de  pro- 
tection qu'emploient  les  Oiseaux  pour  préserver  les  œufs 
de  ce  refroidissement  varie  en  raison  de  l'abaissement  ou 
de  l'élévation  de  la  température  des  lieux  où  ils  couvent  : 
ce  qu'il  faudrait  prouver,  et  ce  à  quoi  ne  suffit  pas  cette 
assertion  de  l'auteur,  trop  vague  pour  la  généralité  qu'il 
lui  donne,  et  en  l'absence  de  tous  faits  ou  de  toute  preuve 
à  l'appui  : 

«  Que  l'on  a  remarqué  que  les  œufs  d'égale  grosseur 
«  sont  déposés  souvent  dans  des  nids  mieux  abrités  ou 
«  mieux  construits  dans  le  Nord  que  dans  le  Midi.  » 

Il  nous  est,  au  contraire,  bien  démontré,  quant  à  nous, 
et  c'est  là  un  de  nos  principes  les  plus  solidement  arrêtés 
en  ornithologie,  que  l'instinct  des  Oiseaux  ne  s'exerce  en 
aucune  façon,  au  profit  en  plus  ou  moins  de  développe- 
ment ou  de  conservation  de  chaleur  de  leurs  œufs  :  l'acte 
brut,  matériel  et  automatique  de  l'incubation,  dont  la- 
nature  de  leur  organisation  a  fait  tous  les  frais,  suffit,  et 
de  reste,  à  cet  égard. 

Leur  instinct  ne  s'exerce  véritablement,  et  n'est  admi- 
rable, qu'en  ce  qui  concerne  la  conservation  de  l'espèce. 
Tous  ont  conscience  de  l'ennemi  qui  menace  chacun  d'eux  ; 
et  c'est  en  cela  qu'ils  développent  une  richesse  d'imagina- 
tion ou  de  ruses,  à  peine  croyable,  pour  conjurer  le  dan- 
ger ;  et  c'est  alors  aussi  que,  selon  la  nature  du  pays,  plutôt 
que  sa  latitude  (qu'ils  ne  consultent  guère  que  pour  les  be- 
soins de  la  nourriture,  puisque  les  faunes  botaniques  va- 
rient en  raison  des  climats),  on  les  verra  prendre,  relati- 
vement, plus  ou  moins  de  précautions  au  midi  qu'au  nord, 
et  vice  versa.  Mais,  nous  le  répétons,  il  ne  s'agit  toujours 
pour  eux  que  d'une  question  de  conservation,  et  jamais 
d'une  question  de  température. 

Ce  serait  donc  une  erreur  de  croire  que  la  plupart  des 
Canards,  qui ,  comme  l'Eider,  enfouissent  leurs  œufs  dans 


TRAVAUX   INÉDITS.  299 

le  fin  duvet  dont  ils  les  recouvrent  pendant  leur  absence 
du  nid ,  agissent  ainsi  afin  de  les  empêcher  de  se  refroidir  : 
c'est  uniquement  pour  les  soustraire  à  la  vue  de  leurs  en- 
nemis, dont  les  plus  nombreux  et  les  plus  acharnés  sont 
les  Oiseaux  de  proie  et  les  Corbeaux. 

Pense-t-on  donc  que,  sans  les  quantités  de  Singes  et 
autres  Quadrumanes  grimpeurs,  ou  de  Reptiles  qui  peu- 
plent les  régions  chaudes  du  globe,  on  verrait  tant  de 
familles  diverses  de  Passereaux  employer  pour  leurs  nids 
le  mode  de  suspension,  si  ingénieux,  en  usage  chez  les 
Tisserins  et  les  Troupiales,  etc.,  etc.? 

Et  puis,  est-ce  que  l'Oiseau-Mouche,  qui  attache  d'une 
façon  tout  aérienne  la  coupe  du  sien  au  revers  ou  à  l'ex- 
trémité d'une  feuille,  aux  arbustes  des  régions  tropicales 
les  plus  basses,  ou  à  l'aspérité  d'un  rocher  des  cimes  nei- 
geuses du  Chimborazo  ou  du  Pichincha,  varie  le  mode  ou 
les  ressources  de  sa  délicate  architecture  en  raison  des 
différences  de  latitude  ou  d'altitude  où  il  demeure?  Non  : 
ce  ne  sera  jamais  qu'en  vue  de  son  ennemi  le  plus  redou- 
table ou  le  plus  habituel  de  ces  localités;  en  aucun  cas, 
en  vue  de  préserver  ses  œufs  du  refroidissement  par  rayon- 
nement. 

Catalogue  des  Poissons  recueillis  ou  observés  à  Cette, 
accompagné  de  notes  explicatives  et  de  quelques  idées 
sur  la  pisciculture  marine,  par  M.  Doumet. 

I-  ♦ 

L'ichthyologie,  nous  ne  craignons  pas  de  le  dire,  est,  et 
sera  probablement  encore  longtemps,  une  des  branches  les 
plus  obscures  de  la  science  zoologique  ;  pourtant,  dans  les 
temps  anciens  comme  de  nos  jours,  elle  n'a  pas  été  né- 
gligée des  naturalistes  :  les  œuvres  d'Aristofe,  de  Pline,  de 
Belon,  de  Salviani,  de  Rondelet,  d'Aldrovande,  deGouan, 
de  Willughby,  de  Linné  et  de  tant  d'autres  sont  là  pour 
témoigner  de  l'intérêt  que  ces  éminents  auteurs  y  ont  at- 
taché, et  si,  mettant  de  côté  tout  ce  qui  regarde  ces  ani- 


300     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

maux  fabuleux  que  l'ignorance  et  le  peu  de  moyens  de  vé- 
rification de  l'époque  forçaient  presque  à  admettre,  si,  dis- 
je,  nous  examinons  les  observations  personnelles  de  chacun 
d'eux,  nous  voyons  que  leurs  études  furent  si  sérieuses,  si 
consciencieuses,  que  beaucoup  sont  encore  aujourd'hui  à 
la  hauteur  de  la  science.  Plus  tard,  et  de  nos  jours,  Bloch, 
Lacépède,  Risso,  Bonnelli,  Rafinesque,  Delaroche,  Cuvier 
et  son  continuateur  Valenciennes,  Bonaparte,  etc.,  nous 
ont  donné  des  travaux  importants  par  lesquels  ils  ont 
cherché  à  déchirer  autant  que  possible,  le  voile  épais  qui 
couvre  encore  en  partie  l'histoire  de  cette  belle  branche 
du  règne  animal. 

La  cause  de  cette  obscurité  persistante  doit  donc  se 
trouver  dans  le  peu  de  facilités  que  l'on  a  généralement 
pour  étudier  les  êtres  de  cette  classe  :  en  premier  lieu,  en 
effet,  l'élément  qu'ils  habitent,  obstacle  insurmontable 
pour  l'homme ,  et  qui  lui  cache  le  plus  souvent  dans  des 
profondeurs  effrayantes,  les  trésors  qu'il  recèle.  Tel  est 
néanmoins  pour  l'homme,  le  besoin  de  pénétrer  les  se- 
erets  de  la  création,  que,  soit  pour  les  utiliser,  soit  par 
pure  curiosité,  il  ne  craint  pas  d'affronter  l'élément  terri- 
ble pour  lui  arracher  quelques  lambeaux  de  ses  richesses; 
de  frêles  esquifs  sur  lesquels  s'aventurent  quelques  débiles 
créatures,  des  filets,  des  hameçons,  des  engins  de  toutes 
sortes  ont  été  inventés  par  son  intelligence,  et  chaque  jour 
il  puise  à  pleines  mains  dans  cette  mine  de  trésors  incon- 
nus et  vient  étaler  aux  yeux  de  ses  semblables  le  résultat 
de  ses  luttes  contre  les  eaux. 

Parmi  les  êtres  divers  arrachés  ainsi  à  l'élément  liquide, 
les  Poissons  occupent  la  première  place  ;  les  masses  trou- 
vent en  eux  une  partie  de  leur  alimentation  ;  certains  y 
trouvent  des  mets  savoureux  qui  satisfont  leur  goût  diffi- 
cile et  usé  ;  le  naturaliste  cherche  à  y  découvrir  des  êtres 
nouveaux  ou  à  surprendre  quelque  secret  de  cette  nature 
infinie  dont  il  s'efforce  de  tracer  l'histoire  en  en  rassem- 
blant les  matériaux  épars.  Passons  sous  silence  la  perse- 


TRAVAUX    INÉDITS.  301 

vérance,  les  peines,  les  déceptions  qu'entraîne  inévitable- 
ment toute  étude  scientifique;  tout  cela  disparaît  pour  le 
naturaliste  passionné  devant  les  jouissances  que  lui  cause 
chaque  découverte  intéressante  qu'il  peut  faire  de  temps  à 
autre,  car  ce  n'est  souvent  qu'après  des  mois,  des  années 
même  de  recherches  assidues  et  infructueuses  qu'il  arrive 
à  un  résultat. 

L'ichthyologiste  surtout  trouve  de  la  difficulté  dans 
ses  études  :  les  Poissons,  auxquels,  en  les  arrachant  à  leur 
élément,  on  vient  de  faire  subir  une  mort  équivalente  à 
celle  d'être  noyés  pour  les  animaux  pulmonés,  en  un  mot, 
que  l'on  vient  de  noyer  dans  l'air,  perdent  en  mourant,  la 
majeure  partie  des  belles  couleurs  dont  ils  sont  parés. 
Peu  après,  leurs  formes  s'altèrent  aussi,  et  ils  sont  d'autant 
plus  difficiles  à  conserver  par  la  préparation,  que  beau- 
coup d'entre  eux  sont  munis  d'une  peau  infiniment  mince 
ou  recouverte  le  plus  souvent,  d'écaillés  qui  tombent  au 
simple  contact  des  doigts.  Bien  heureux  est  encore  celui 
qui  peut  étudier  les  Poissons  sur  l'animal  frais,  malgré  ces 
premiers  inconvénients,  car,  si  l'on  se  trouve,  comme 
tant  d'autres,  éloigné  des  bords  où  on  les  pêche,  on  se 
voit  obligé  de  se  contenter  d'exemplaires  soit  préparés, 
soit  conservés  dans  l'alcool,  et  qui,  les  uns  et  les  autres, 
ont  perdu  non-seulement  leurs  couleurs,  mais  aussi  la  plu- 
part de  leurs  caractères.  De  là  des  descriptions  incom- 
plètes, des  traits  caractéristiques  inaperçus,  des  mœurs 
passées  sous  silence,  des  dessins  inexacts,  des  couleurs 
renversées  ou  qui  n'existent  parfois  que  dans  l'imagina- 
tion du  peintre  auquel  on  n'a  donné  pour  guide  que  des 
indications  verbales  et  sans  précision  aucune.  Ajoutons  à 
cela  le  nombre  ordinairement  restreint,  des  sujets  que  les 
ichthyologistes  ont  à  leur  disposition,  et  nous  aurons  sans 
doute,  énuméré  les  causes  principales  du  peu  de  clarté  ré- 
pandue jusqu'à  présent  sur  la  classe  des  Poissons,  malgré 
les  importants  travaux  dont  elle  a  été  l'objet. 
[La  suite  au  prochain  numéro.) 


302     uev.  et  màg.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie, 
par  A.  Chevrolat  (1). 

48.  Phytœcia  Echii,  <?,  alata,  mgro-opaca,  subnitida,  vage  pnnctata, 
pilis  griseis  hirta;  capite  globoso ,  anguste  sulcato;  thorace  vix 
longior  latitudine,  subgloboso ,   antice  posticeque  recto;   elytris 
▼ersus  apicem  modicc  augustatis  singulatùn  obtuse  rotundatis  et 
bicostatis,  impressioue  punctorum  elongata. 
2  latiora,  plana,  indumento  cinereo   dense  vestita  ;   thorace  lineis 
tribus  albidis  antice  obsoletis  ;  elytris  planiusculis  ad  apicem  obli- 
que iutus  truncatis.  —  L.,  5  1/2,  6  1/2;  lat.,  1  1/3,  2  m. 
Hérissée,  dans  les  deux  sexes,  de  poils  gris  moyens  as- 
sez denses,  d"  d'un  noir  légèrement  teinté  de  grisâtre,  plus 
luisant  sur  la  tête  et  sur  le  corselet.  Tête  arrondie,  dé- 
primée sur  le  front,  vaguement  ponctuée,  étroitement  sil- 
lonnée. Mandibules  d'un  noir  profond  ;  la  gauche  est  plus 
grande,  régulièrement  allongée,  élargie,  droite,  arquée 
et  aiguë  au  sommet;  toutes  deux  ont  leur  côté  interne 
tranchant.  Yeux  ronds,  noirs.  Antennes  noirâtres,  à  courte 
pubescence  grise,  1er  article  subconique,  d'un  noir  verdâtre 
métallique  pointillé.  Corselet  un  pou  plus  long  que  large, 
globuleux,  droit  et  un  peu  rebordé  aux  extrémités;  un  petit 
sillon  au  milieu  rapproché  de  la  base.  Ecusson  aux  3/4  ar- 
rondi, d'un  blanc  grisâtre.  Elytres  plus  larges  que  le 
corselet,  trois  fois  1/2  aussi  longues,  subparallèles,  s'amin- 
cissant  très-légèrement  vers  le  sommet,  subarrondies,  un 
peu  anguleuses  près  de  la  marge  et  faiblement  tronquées 
sur  le  devant  de  la  suture,  offrant  des  points  allongés 
presque  disposés  en  lignes,  2  côtes,  et  dont  l'interne 
n'est  que  basale  et  l'externe  droite  un  peu  en  dedans  de 
l'épaule. 

Lafemellese  distinguede  l'autre  sexe  paruneindumenta- 
tion  grise  très-dense,  par  une  forme  plus  large,  plus  aplatie, 
une  ponctuation,  en  général,  plus  serrée  relativement.  Pal- 
pes, mandibules,  chaperon  et  yeux  noirs.  Corselet  plus  trapu, 
aussi  haut  que  large,  sillonné  et  rnarginé  aux  extrémités, 

(1)  Voir  la  Rev.  et  Mag.  de  zoologie,  1859,  p.  298  à  304,  380  à 
389  ;  1860,  p.  75  à  82  ,  128  à  137,  208  à  212. 


TUAVAUX    INÉDITS.  303 

offrant  3  1  ignés  blanchâtres  allant  de  la  base  an  milieu; 
médiane  plus  courte.  Elytres  plus  larges,  déprimées  entre 
la  côte  et  la  suture  sur  les  5/Gcs  de  la  longueur;  leur  tron- 
cature oblique,  un  peu  plus  large  et  plus  nette. Corps,  en 
dessous,  d'un  gris  blanchâtre  ,  cotonneux.  Pattes  révolues 
d'une  courte  villosité  grise. 

Le  c?  et  la  p  de  cette  espèce  m'ont  été  adressés  par 
M.  L.  Lethierry,  de  Lille,  qui  l'a  capturée  aux  environs  de 
Bone;  elle  vit  sur  un  Echium  :  nous  le  placerons  près  de 
i'uncinata  de  Redtenbacher. 

49.  Phytœcia  chlorizans,  alata,  angustata,  viridi-metallica ,  crebre- 
rime  punctata,  punctis  rugosis,  pilis  nigris  hirsuta  ;  palpis,  raandi- 
bulis  oculisquc  nigris  ;  thorace  subcylindrico,  costa  longitudinali 
subpilosa-alba  ;  scutello  leucophœo;  elytris  ad  apicem  anguste 
rotuudatis,  albido  vît  fimbriatis.  —  L.,  6  3/4,8;  L,  1  5/4  m. 

Ailée,  svelte,  d'un  vert  métallique  foncé  assez  brillant, 
revêtue  de  poils  noirs  entremêlés  de  blancs,  droits  ou 
inclinés,  et  d'une  ponctuation  profonde,  serrée,  rugu- 
leuse  sur  ses  bords.  Tête  vue  de  face,  arrondie,  marquée 
d'un  sillon  longitudinal,  étroit  et  profond.  Palpes,  mandi- 
bules et  yeux  noirs;  ces  derniers  ont  leurs  contours  gar- 
nis de  poils  blancs  recourbés,  plus  épais  à  leur  partie  in- 
férieure. Antennes  un  peu  plus  courtes  que  le  corps, 
noirâtres,  chargées  d'un  poil  ras  cendré,  frangées,  en  des- 
sous, de  poils  noirs; le  1er  article  à  teinte  verdâtre  est  fi- 
nement ponctué.  Corselet  cylindrique,  à  peine  plus  étroit 
que  la  tête,  droit  aux  extrémités,  impressionné  d'une  pe- 
tite côte  longitudinale,  légèrement  pubescente  et  blan- 
châtre. Ecusson  arrondi,  assez  large,  blanchâtre.  Ely- 
tres plus  larges  que  le  corselet,  3  fois  1/2  aussi  longues, 
planes,  légèrement  convexes  vers  le  bout,  parallèles,  étroi- 
tement arrondies  à  l'extrémité.  Marge  sillonnée  et  étroi- 
tement bordée,  ainsi  que  la  suture,  d'un  duvet  blanchâtre. 
Corps  et  pattes  à  villosité  cendrée,  plus  épaisse  sur  ces 
dernières. 

Trouvée  par  M.  L.  Lethierry  de  Lille  aux  environs  de 


304     rev.   eï  mao.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

Bone,  qui  a  bien  voulu  m'envoyer  2  exemplaires  de  cette 
nouvelle  espèce. 

Elle  est  très-voisine  de  la  P.  molybdena,  Gr.,  et  n'en 
est  peut-être  qu'une  variété.  Cependant  elle  est  d'une 
taille  un  peu  plus  grande,  plus  svelte  chez  le  d\  plus  élar- 
gie chez  la  P  ;  sa  couleur  est  verte  et  non  d'un  bleu  noi- 
râtre ou  verdâtre,  et  la  bordure  des  étuis  est  plus  nette- 
ment blanche. 

bO.Apalophysis toxotoides{i),  c?,toxotiformis,alatus,griseo-rubidus, 
punctulatus;  autennis  planis,  art.  7  ultimis  elongatis,  pedibusque 
pallidioribus  ;  oculis  lateralibus,  nigris;  thorace  utrinque  ante  mé- 
dium angulato,  nodulis  48r  dorsalibus  ;  elytris  usque  ad  apicem 
attenuatis  et  anguste  rotundatis. 
2,  prioniformis,  piceus,  rugulosus;  palpis,  antennis  brevioribus, 
tarsisque  ferrugineis;  elytris  amplioribus,  subparallelis,  ad  apicem 
latioribus  atque  rotundatis  ,  acutius  vage  punctatis,  singulatim 
bicostatis.  —  L.,  ô  ,  16;  1.,  5  m.  ? .  L.  19;  1.,  6  m. 
Le  c?  ressemble  au  Toxotus  meridianus.  Sa  couleur  est 
d'un  gris  cendré  avec  les  antennes,  et  les  pattes  légère- 
ment ferrugineuses.  Tête  étroitement  sillonnée  en  arceau 
sur  le  devant,  et  longitudinalement  au  milieu.  Palpes  fer- 
rugineux. Labiaux  de  4  art.,  les  3  premiers  subconiques, 
le  2e  est  grand,  4e  de  la  longueur  du  2e,  subcylindrique, 
aplati  en  dessus,  tronqué  au  sommet.  Mandibu les  moyennes, 
arquées,  assez  larges  à  la  base,  vues  de  côté,  tranchantes 
en  dedans,  noires  à  l'extrémité.  Lèvre  en  carré  trans- 
verse, ponctuée.  Chaperon  coupé  droit,  sillonné  et  relevé 
près  du  bord  antérieur.  Yeux  latéraux,  grands;  arrondis, 
noirs,  un  peu  plus  espacés  en  dessus  qu'en  dessous.  An- 
tennes un  peu  plus  longues  que  le  corps,  planes,  de  onze 
articles,  3e  et  4e  de  moitié  au  moins  plus  courts  que  les  7 
suivants.  Corselet  guère  plus  long  que  large,  avancé  sub- 
anguleusement  sur  le  milieu  du  bord  antérieur,  large- 
ment cintré  sur  le  dehors  du  postérieur,  étroitement  mar- 
giné  aux  extrémités,  transversalement  resserré  en  avant, 
muni  d'un   angle  latéral  noir  au  sommet,   situé  un  peu 
(1)  AVctT©,  je  trompe;  qveif,  sexe. 


TRAVAUX    INÉDITS.  305 

avant  le  milieu,  et  de  quatre  tubercules  dorsaux,  obliques, 
rapprochés  des  côtés.  Ecusson  semi-arrondi ,  incliné  en 
devant,  sillonné  au  milieu.  Elytres  à  épaules  saillantes  et 
arrondies,  s'atténuant  jusqu'au  sommet  :  celui-ci  est  étroi- 
tement arrondi,  pointillé  fin,  allongé,  obsolète  à  partir  du 
milieu.  Cuisses  de  la  longueur  des  jambes,  peu  épaisses, 
évasées  étroitement  à  leur  sommet  inférieur.  Jambes  droi- 
tes, minces,  terminées  par  deux  ergots  droits  d'égale  lon- 
gueur. Tarses  antérieurs  ayant  les  3  premiers  articles 
étroits;  le  1er  est  allongé,  le  2e  court,  tous  deux  presque 
coniques,  4e  très-petit,  5a  très-grand,  muni  de  deux  ongles 
grêles,  longs  et  aigus. 

La  fi  est  de  couleur  de  poix,  finement  coriacée.  Tête 
rougeâtre,  plus  large.  Antennes  à  articles  plus  étroits, 
moins  longs  et  n'atteignant  que  les  2/3  de  l'étui.  Corselet 
à  angle  latéral  plus  prononcé,  placé  vers  le  milieu;  bords 
antérieur  et  postérieur  droits;  peu  resserré  aux  extré- 
mités; seulement  deux  tubercules  postérieurs.  Ecusson 
plus  grand,  sillonné  transversalement  en  avant.  Elytres 
longues ,  subparallèles,  un  peu  plus  élargies  sur  le  tiers 
apical  et  régulièrement  arrondies  chacune  au  sommet,  à 
pointillé  mieux  indiqué  ,  offrant  3  côtes  longitudinales 
rapprochées,  limitées  aux  2/3.  Corps,  en  dessous,  brillant, 
très-finement  coriace.  Sternum  rougeâtre,  subtriangulaire, 
fendu  en  arrière,  plus  petit  chez  le  d* .  Pattes  assez  rap- 
prochées à  leur  insertion,  un  peu  plus  espacées  chez  lap  . 

Cette  espèce,  des  plus  intéressantes,  ressemble  assez  à 
un  Monodesmus;  mais,  comme  elle  n'a  que  onze  articles  et 
non  douze  aux  antennes,  je  pense  que  sa  place  doit  venir 
à  côté  des  Toxotus.  Le  rf  a  le  faciès  d'une  Lepturète  et 
la  p  celui  d'un  Prionite.  Originaire  du  Sahara  algérien 
oriental.  J'ai  reçu  le  d"  de  M.  Laurent  Degousée  et  la  & 
de  M.  H.  de  Bonvouloir. 


306      REV.  ET   MAG.  DE    ZOOLOGIE.   [J Utile l  1860.) 

II.     SOCIÉTÉS     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  28  mai  1860.  —  M .  Duméril  lit  une  Note  rela- 
tive aux  pluies  de  Crapauds  trouvés  vivants  dans  des  cavités 
closes;  Remarques  à  l'occasion  d'une  communication  ré- 
cente de  M.  Seguin. 

M.  Flourens  annonce,  à  cette  occasion,  que  les  blocs  de 
plâtre  envoyés  par  M.  Seguin  au  muséum ,  conformément 
à  la  proposition  qu'il  en  avait  faite,  ont  été  ouverts  en 
présence  d'une  commission  :  les  deux  animaux  renfermés 
dans  le  plâtre,  en  1852 ,  une  Vipère  et  un  Crapaud ,  étaient 
morts  et  depuis  longtemps. 

Séance  du  4  juin  1860.  —  M.  Valenciennes  lit  des  Obser- 
vations sur  les  espèces  de  Madrépores  en  Corymbes. 

M.  Flourens  lit  une  Note  sur  la  coloration  des  os  du  fœtus 
par  l'action  de  la  garance  mêlée  à  la  nourriture  de  la  mère. 

M.  Coste  expose  ses  Observations  relatives  à  l'hérédité, 
présentées  à  l'occasion  de  la  précédente  communication. 

M.  Chevandier  présente  V observation  d'un  fœtus  de  Vache 
mort  dans  l'utérus,  et  y  ayant  séjourné  huit  mois  après  sa 
mort. 

M.  Pucheran  adresse  un  travail  intitulé,  des  Caractères 
zoologiques  des  Mammifères  dans  leurs  rapports  avec  les 
fonctions  de  locomotion. 

Séance  du  11  juin  1860.  —  M.  J.  C loquet  lit  un  Rapport 
sur  un  Mémoire  de  M.  Peney  intitulé,  Études  sur  la  phy- 
siologie, l'anatomie  et  les  maladies  des  races  du  Soudan. 

M.  de  Quatrefagcs  entretient  l'Académie  de  la  couleur 
des  cicatrices  chez  les  hommes  de  race  blanche,  dans  les 
régions  tropicales  de  l'Afrique  et  de  l'Amérique.  Ces  re- 
marques sont  faites  à  l'occasion  du  Rapport  précédent. 

Madame  Maria  Henry,  de  Nîmes,  présente  des  considé- 
rations sur  la  maladie  des  Vers  à  soie,  et  sur  un  moyen 
qu'elle  a  imaginé  pour  en  arrêter  le  développement,  d'a- 
près la  cause  qu'elle  lui  supposait,  moyen  qui,  dans  un 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  307 

premier  essai,  a  semblé  réussir  pleinement,  et  qu'elle  dé- 
sirerait voir  soumis  à  des  expériences  faites  sur  une  plus 
grande  échelle. 

Séance  du  18  juin  1860.  —  M.  Lecoq  adresse  des  Obser- 
vations sur  une  grande  espèce  de  Spongille  du  lac  Pavin 
(Puy-de-Dôme). 

M.  Pouchet  adresse  des  Recherches  sur  les  corps  intro- 
duits par  Vair  dans  les  organes  respiratoires  des  animaux. 

M.  Joly  fait  connaître  un  nouveau  cas  de  polydactylie 
chez  un  Mulet. 

M.  F.  Anca  adresse  un  travail  très-intéressant  sur  deux 
nouvelles  grottes  à  ossements  fossiles  découvertes  en  Sicile 
en  1859. 

M .  Pappenheim  envoie  un  Mémoire  sur  la  part  des  Tri- 
chosomes  dans  la  production  de  la  tuberculose  des  poumons. 

M.  Sauvageon  adresse,  de  Valence,  une  Note  sur  les 
résultats  qu'il  a  obtenus  de  l'emploi  de  Vèlectricité  dans 
l'éducation  des  Vers  à  soie. 

C'est  une  expérience  intéressante  qu'il  sera  bon  de  re- 
nouveler, en  la  faisant  d'une  manière  comparative,  c'est- 
à-dire  qu'il  faudra  prendre,  dans  une  magnanerie  notoi- 
rement infectée,  un  assez  grand  nombre  de  vers  que  l'on 
divisera  en  deux  catégories  égales,  dont  l'une  sera  sou- 
mise à  l'électrisation  et  l'autre  laissée  dans  le  même  local, 
nourrie  des  mêmes  feuilles,  mais  non  électrisée. 

Dans  l'expérience  actuelle,  rien  ne  dit  que  les  53  vers 
retirés  de  la  grande  magnanerie,  placés  dans  un  autre  lo- 
cal et  nourris  à  part,  n'ont  pas  été  guéris  parce  fait  seul. 
On  a  vu  tant  d'exemples  de  guérison  de  vers  malades, 
placés  dans  des  circonstances  analogues,  jetés  dehors  et 
exposés  à  la  pluie,  etc.,  que  l'on  peut  penser  que  la  gué- 
rison de  ces  53  vers  pourrait  bien  ne  tenir  simplement 
qu'à  quelque  chose  de  semblable. 

M.  Bénard,  du  Havre,  adresse  des  remarques  sur  le 
même  sujet. 

Après  avoir  rappelé  ce  qu'a  dit  l'abbé  Bertholon,  dans 


308     iœv.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  4860.) 

son  livre  intitulé  V Electricité  des  végétaux,  concernant 
l'effet  favorable  de  l'électricité  sur  le  développement  des 
œufs  de  vers  à  soie,  et  rappelé  également  les  expériences 
de  M.  Achard,  consignées  dans  les  Mémoires  de  V Académie 
de  Berlin  pour  l'année  1779,  il  en  vient  à  celles  de  Chaus- 
sier, sur  lesquelles  il  donne  les  détails  suivants  : 

«  Ce  savant  a  soumis  à  l'électricité  des  graines  de  vers  à 
soie,  et  il  a  continué  ce  procédé  pendant  leur  accroisse- 
ment, leur  accouplement  et  la  ponte.  Des  vers  éclos  de  la 
même  graine,  élevés  dans  la  même  chambre,  à  la  même 
exposition,  avec  des  soins  égaux,  servaient  de  point  de 
comparaison ,  et  il  a  observé  :  1°  que  les  vers  à  soie  étaient 
plus  forts,  qu'ils  supportaient  les  mues  sans  être  languis- 
sants, qu'ils  ont  acquis  une  grosseur  plus  considérable, 
que  dans  leur  nombre  à  peine  y  en  a-t-il  eu  de  malades, 
tandis  que,  parmi  ceux  qui  n'avaient  pas  été  électrisés,  le 
nombre  des  malades  fut  assez  considérable  ;  2°  qu'ils  ont 
commencé  leur  soie  au  moins  trente-six  heures  avant  les 
autres;  3°  que  les  papillons  avaient  plus  d'activité  et  de 
force,  ce  qu'on  désigne  ordinairement  par  l'expression  de 
plus  vivaces;  4°  enfin  que,  l'année  suivante,  la  graine  pro- 
venant de  ces  vers  électrisés  est  éclose  spontanément  plus 
tôt,  que  les  vers  qui  en  sont  provenus  étaient  sensiblement 
plus  vigoureux,  plus  forts  et  plus  gros,  et  qu'il  y  en  a  eu 
très-peu  de  malades  dans  le  cours  de  la  seconde  géné- 
ration. » 

L'expérience  de  Chaussier,  rapportée  par  M.  Bénard , 
est  une  vraie  expérience  scientifique  et  comparative,  et 
ses  résultats  sont  de  nature  à  faire  penser  que  l'électricité 
a  pu  jouer  un  rôle  dans  celle  de  M.  Sauvageon.  Espérons 
que  ce  sériciculteur  la  recommencera  l'année  prochaine,  et 
qu'il  suivra  l'exemple  de  Chaussier. 

M.  Pouchet  adresse  des  Observations  sur  V épidémie  de  la 
peau  de  la  main  d'un  nègre. 

Séance  du  25  juin  1860.  —  M.  Lecoq  adresse  des  Obser- 


SOCIETES    SAVANTES.  309 

cations  sur  les  corps  reproducteurs  et  sur  l'état  d'agrégation 
d'une  grande  espèce  de  Spongille  du  lac  Pavin. 

M.  Balbiani  adresse  des  Observations  et  expériences  sur 
les  phénomènes  de  reproduction  fissipare  chez  les  infusoires 
ciliés. 

Séance  du  %  juillet  1860.  —  M.  Lecoq  présente  des  Obser- 
vations sur  le  degré  d'animalité  et  sur  les  espèces  de  Spon- 
gillesy  et  particulièrement  sur  la  grande  espèce  du  lac  Pavin. 

M.  Virchow  adresse  une  Note  sur  le  Trichina  spiralis. 
C'est  une  continuation  des  intéressantes  communications 
que  ce  savant  a  faites  sur  le  même  sujet. 

M.  Lemaire  présente  un  Mémoire  intitulé,  Emploi  du 
Coal-tar  saponiné  pour  la  destruction  des  insectes. 

Les  expériences  de  M.  Lemaire  sont  d'un  grand  intérêt 
pour  les  personnes  qui  font  des  collections  d'histoire  natu- 
relle et  pour  les  agriculteurs,  et  il  est  à  désirer  qu'elles 
soient  répétées.  Pour  ces  expériences,  il  s'est  servi  de 
boîtes  en  carton  de  6  centimètres  de  diamètre,  percées,  à 
l'aide  d'une  épingle,  de  nombreux  trous  sur  toutes  leurs 
faces.  L'intérieur  de  ces  boîtes  a  été  imprégné  de  teinture 
de  coal-tar  saponiné,  de  manière  à  ce  que  leur  surface  ne 
présentât  point  de  liquide  qui  pût  toucher  au  corps  de  ces 
animaux.  Quelques-uns  meurent  en  cinq  minutes,  d'autres 
un  peu  plus  tard;  enfin,  après  une  demi-heure  de  séjour, 
tous  étaient  morts.  J'ai  répété  ces  expériences  avec  de 
l'émulsion  de  coal-tar  au  cinquième,  avec  de  l'acide  pyro- 
ligneux chargé  des  principes  du  goudron,  et  avec  du  phé- 
nate  de  potasse.  Ces  deux  dernières  substances  les  tuent 
rapidement,  un  peu  moins  vite  cependant  que  la  teinture; 
mais  l'émulsion  agit  avec  beaucoup  moins  d'énergie.  J'ai 
déjà  expérimenté  sur  cinquante  de  ces  animaux,  au  moins, 
appartenant  aux  Mollusques,  aux  Insectes  et  aux  animaux 
rayonnes,  toujours  avec  le  même  succès. 

« J'ai  fait,  avec  la  terre  de  jardin  réduite  en 

poudre  grossière  et  le  goudron  de  houille,  une  sorte  de 
terreau  qui  contient  environ  k  pour  100  de  goudron,  et 


310      KEV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.   (Juillet  1860.) 

dont  le  prix  de  revient  serait  à  peu  près  celui  du  terreau. 
Mes  expériences  ont  été  faites  sur  deux  carrés  de  salades 
(romaine,  laitue),  sur  des  dahlias  et  des  reines-marguerites 
récemment  plantées,  en  tout  trente  pieds.  J'ai  entouré  ces 
plantes  d'une  couche  de  25  centimètres  d'étendue  et  2  cen- 
timètres d'épaisseur  de  terre  goudronnée,  et,  dans  l'inter- 
valle, je  laissai  de  ces  mêmes  plantes  dans  l'état  ordinaire, 
afin  de  pouvoir  comparer.  Aucun  de  ces  végétaux  entourés 
de  la  terre  protectrice  n'a  été  visité  par  les  limaces  ;  tandis 
que  les  autres,  depuis  six  jours  que  l'expérience  est  com- 
mencée, ont  été  constamment  attaqués  par  un  grand  nom- 
bre de  ces  animaux  et  par  des  insectes 

ce  La  terre  coal-tarée,  placée  sur  une  fourmilière  qui  avait 
plus  d'un  mètre  carré  à  son  centre,  a  fait  disparaître  en  une 
nuit  tous  ces  animaux.  Depuis  quatre  ans  mon  jardinier 
avait  essayé,  par  divers  moyens,  de  les  détruire,  sans  y  être 
parvenu.  C'était  la  fourmi  noire  ;  il  y  en  avait  certainement 
plusieurs  milliers. 

«  Pour  les  arbres,  je  me  suis  servi  de  pinceaux  propor- 
tionnés à  leur  volume  pour  les  débarrasser  des  pucerons. 
Pour  le  tronc  et  les  branches,  le  coal-tar  saponiné  réussit, 
mais,  pour  les  feuilles  et  les  boutons  de  fleurs,  ce  n'est  pas 
praticable;  l'action  de  cette  substance  les  colore  en  jaune 
et  les  rend  malades.  Le  phénate  de  potasse  et  le  goudron 
dissous  dans  l'acide  pyroligneux  exercent  une  action  ana- 
logue. Celle  de  l'émulsion  au  cinquième  n'a  pas  autant 
d'inconvénients,  mais  elle  est  beaucoup  moins  énergique. 
Pour  les  espaliers,  on  peut  appliquer  le  coal-tar  saponiné 
sur  le  mur. 

«  Pour  éloigner  le  charançon  ou  autres  insectes  des  gre- 
niers où  les  grains  sont  déposés,  je  pense  qu'il  suffira  d'é- 
tendre sur  le  sol  et  sur  les  murs  une  couche  de  coal-tar 
saponiné.  » 

M.  Pappenheim  envoie  une  Note  ayant  pour  sujet  la 
découverte  des  vaisseaux  lymphatiques  dans  les  oreillettes  du 
cœur  et  les  lymphatiques  de  la  dure-mère  du  cerveau. 


SOCIKTÉS    SAVANTES.  311 

Séance  du  9  juillet  1860.  —  M.  le  marèetial  Vaillant  pré- 
sente, au  nom  de  M.  le  colonel  Coffin,  une  Note  accompa- 
gnant une  collection  de  coquilles  recueillies  par  lui  dans 
la  Nouvelle-Calédonie. 

M.  Beaudouin  présente  des  Études  physiologiques  et  éco- 
nomiques sur  In  toison  du  mouton. 

Séance  du  16  juillet  1860.  —  M.  A.  Courbon ,  chirurgien 
de  la  marine,  fait  connaître  sommairement  les  résultats  re- 
latifs à  l'histoire  naturelle  obtenus  dans  le  cours  d'une  explo- 
ration de  la  mer  Rouge. 

M.  Courbon  s'est  occupé  de  géologie,  de  botanique,  de 
zoologie  et  de  médecine.  «  En  zoologie,  dit-il,  je  n'ai  pu, 
à  cause  du  temps ,  recueillir  que  peu  de  chose.  Toutefois 
je  rapporte  6  espèces  de  Poissons,  dont  deux  surtout  pré- 
sentent des  particularités  intéressantes  ;  2  Sauriens,  dont 
un  paraît  nouveau;  3  Arachnides,  dont  un  Scorpion  ;  une 
espèce  d'Iule,  et  284  Insectes,  représentant  101  espèces, 
qui  se  classent  dans  les  six  ordres  suivants  :  Coléoptères,  65; 
Orthoptères,  6;  Névroptères,  1;  Hyménoptères,  5;  Hémi- 
ptères, 23;  Diptères,  1. 

M.  Àlph.  Edwards  adresse  une  Note  sur  les  Crustacés 
fossiles  des  sables  de  Beauchamp. 

M.  Edwards  a  exploré  avec  soin  les  sables  de  Beauchamp, 
dans  la  sablière  de  Gué-à-Avesnes,  près  de  Meaux,  et,  en 
outre  du  Portunus  Hericarti  de  Desmarest,  il  y  a  trouvé  les 
débris  d'une  Callianassa  nouvelle,  qu'il  nomme  Heberti9 
d'un  nouveau  genre  de  la  famille  des  Ocypodiens,  inter- 
médiaire entre  les  Grapses  et  les  Métoplax,  et  qu'il  propose 
de  décrire  sous  le  nom  de  Psammograpsus  parisiensis;  et 
une  espèce  du  genre  Pagure,  à  laquelle  il  donne  le  nom 
de  Pagurus  arenarius. 

Séance  du  23  juillet  1860.  —  Nous  avons  donné  lecture 
de  la  Lettre  suivante,  adressée  à  M.  le  secrétaire  perpétuel  : 

«  J'ai  déjà  eu  l'honneur  d'entretenir  l'Académie  des  tra- 
vaux que  je  poursuis,  depuis  quatre  ans,  pour  introduire 
dans  la  grande  pratique  la  culture' de  l'Ailante  et  de  son 


312     rrv.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

ver  à  soie.  Grâce  à  une  auguste  protection,  aux  encoura- 
gements de  la  Société  impériale  zoologique  d'acclimata- 
tion et  au  concours  d'un  grand  nombre  de  propriétaires, 
j'approche  tous  les  jours  davantage  de  mon  but,  car  les 
essais  pratiques  se  multiplient  et  démontrent,  de  plus  en 
plus,  que  cette  culture  est  possible  sur  beaucoup  de  points 
de  la  France,  et  que  c'est  avec  juste  raison  que  ce  produc- 
teur d'une  matière  textile  (que  je  propose  de  nommer  ai- 
lantine  ou  cynthiane)  a  été  considéré  comme  une  nouvelle 
source  de  richesse  pour  la  France  et  l'Algérie  [Moniteur  du 
24  mars  1859). 

Désirant  montrer  aux  personnes  qui  ne  peuvent  s'éloi- 
gner de  Paris  la  facilité  avec  laquelle  on  peut  élever  ce 
ver  à  soie  en  plein  air  (malgré  les  orages  et  les  abaisse- 
ments de  température)  et  presque  sans  main-d'œuvre,  ce 
qui  le  distingue  de  celui  du  mûrier,  qui  nécessite  l'emploi 
de  nombreux  ouvriers,  j'ai  organisé  une  expérience  pra- 
tique dans  le  bois  de  Boulogne,  grâce  à  l'obligeance  de 
M.  Alphan,  autorisé  par  M.  le  préfet  de  la  Seine,  et  l'on 
peut  y  voir  cet  insecte  domestique  paissant  en  pleine  liberté 
sur  des  allantes  et  y  construisant  ses  cocons. 

Cette  expérience  est  certainement  dans  des  conditions 
moins  favorables  que  celles  qu'il  m'a  été  possible  d'orga- 
niser dans  les  départements,  et  notamment  chez  M.  le 
comte  de  Lamote-Baracé,  qui  possède,  dans  le  départe- 
ment d'Indre-et-Loire,  plusieurs  hectares  de  plantations 
d'ailantes  disposés  en  ligne  comme  des  vignes.  Mon  expé- 
rience est  placée  au  milieu  d'un  bois,  sur  des  rejetons  dis- 
persés çà  et  là  et  ne  se  touchant  pas.  Elle  est  exposée  aux 
attaques  de  nombreux  oiseaux,  et  nécessite  une  garde  dont 
la  dépense  ne  sera  pas  en  rapport  avec  la  petite  étendue 
de  cette  éducation;  mais  mon  but  n'est  pas  d'obtenir  là 
des  éléments  pour  apprécier  le  rendement  (par  hectare)  de 
cette  culture,  comme  le  fait  en  ce  moment  M.  de  Lamote- 
Baracé,  et  comme  je  le  ferai,  l'année  prochaine,  avec  la 
plantation  du  domaine  impérial  de  Lamotte-Beuvron. 


ANALYSES   D'OUVRAGES   NOUVEAUX.  313 

Je  crois  que  ce  fait  d'application  de  l'entomologie  est  de 
nature  à  intéresser  l'Académie,  qui  a  toujours  encouragé 
les  travaux  de  science  pure  et  appliquée,  et  j'ai  pensé  que 
ses  illustres  membres  accueilleraient  avec  bienveillance 
l'invitation  que  j'ai  l'honneur  de  leur  faire  de  visiter  mon 
expérience  dans  le  bois  de  Boulogne,  route  d'Auteuil  à 
Boulogne,  premier  chemin  à  droite  (chemin  à  angle  droit 
avec  la  route  de  Boulogne  et  allant  à  la  porte  des  Princes;. 
L'éducation  est  indiquée  par  une  tente  dressée  à  deux  ou 
trois  cents  pas  de  la  route  de  Boulogne,  après  la  pépi- 
nière d'arbres  verts. 

Guérin-Méneville. 

P.  S.  Ne  serait-il  pas  possible  de  renvoyer  ces  travaux 
à  la  commission  des  arts  insalubres,  comme  l'Académie 
l'a  fait  antérieurement  pour  des  recherches  ayant  pour 
objet  de  détruire  l'alucite  des  blés? 


III    ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Traité  d'Oologie  ornithologique ,  par  M.  O.  des  Murs.  — 
Réflexions  sur  cet  ouvrage,  par  le  docteur  Joseph-Emile 

CORNAY  (1). 

Livre  attachant,  phrase  facile,  doux  sujet.  Voici  l'ou- 
vrage de  M.  des  Murs  que  nous  venons  de  parcourir,  où 
tout  invite  à  la  méditation  ;  les  aperçus,  les  observations, 
les  moyens,  les  caractères,  l'application,  le  but  y  devien- 
nent des  êtres  qui  sollicitent  notre  jugement.  Les  œuvres 
de  la  nature  sont  si  belles  de  leur  harmonie,  si  sages  par 
leurs  lois,  si  cachées  dans  leur  évolution,  pour  notre  fai- 
ble esprit,  qu'elles  excitent  toujours  notre  intérêt,  qu'elles 
piquent  sans  cesse  notre  curiosité.  Mais,  lorsque  ces 
œuvres  jusqu'alors  indéfinies  se  trouvent  tout  à  coup  dé- 

(1)  Une  analyse  de  ce  remarquable  et  savant  traité  a  déjà  été  pu- 
bliée dans  cette  Revue,  p.  176  à  183.  Elle  occupe  7  pages  et  donne 
une  idée  suffisante  de  la  haute  portée  de  cette  œuvre,  qui  ne  saurait 
être  appréciée  convenablement  par  aucune  analyse,  quelque  étendue 
qu'elle  fût.  (Voir  p.  328.)  G.  M. 

2e  srrib.  t.  xn.  Année  1860.  21 


314       KEV.    ET   MAC*.    DE    ZOOLOGIE.    (Juillet  1860.) 

voilées,  notre  surprise  heureuse  augmente  encore  l'amour 
que  nous  avons  pour  elles.  Attrayante  étude,  qui  porte  à 
la  paix  du  cœur  et  au  délassement  de  l'esprit  ;  oologie  , 
nouveauté  qui  charme,  tu  es  sortie  en  pleine  puberté  des 
mains  sincères  de  ton  savant  fondateur  ! 

Admirons  la  sincérité  ! 

Lorsqu'on  se  fait  professeur,  soit  par  des  révélations 
écrites ,  soit  par  des  divulgations  orales,  de  faits  dans 
l'ordre  des  sciences,  la  loyauté  des  citations  est  le  plus  bel 
apanage  et  le  plus  saint  devoir  du  philosophe. 

A  l'exemple  de  M.  des  Murs,  loin  de  nous  tout  abus  de 
pouvoir  académique,  toute  omission  volontaire,  tout  mu- 
tisme littéraire  intéressé  ;  la  vulgarisation  de  l'œuvre 
même  du  plus  petit  et  sa  propre  élévation  ne  doivent- 
elles  point  glorifier  notre  patrie? 

Ayons  de  la  loyauté  ! 

Ne  considérons  point  les  sanctuaires  ouverts  aux  savants 
pour  la  controverse  de  la  science  comme  des  bourses  de 
trafiquants  destinées  à  la  satisfaction  de  nos  intérêts 
égoïstes  et  de  notre  misérable  orgueil  ;  cela  ne  pourrait 
durer.  La  tromperie  scientifique  et  littéraire  a  des  degrés 
dont  on  sera  forcé  de  codifier  les  punitions,  dans  un  but 
de  protection  de  la  propriété  intellectuelle. 

Mais,  en  attendant,  que  Dieu  fasse  que  l'invention  puisse 
fuir  de  la  cervelle  de  tous  les  forbans  et  qu'ils  soient  cou- 
lés bas  par  les  amis  de  la  vérité. 

Les  travaux  des  savants  laissés  comme  direction  à  de 
pareilles  mains  deviendraient  pour  l'aplatissement  intel- 
lectuel d'une  nation  ce  que  serait  pour  le  ventre  du  sol- 
dat l'administration  des  vivres  d'une  armée  abandonnée 
à  celles  de  misérables  sophistiqueurs. 

Ne  faut-il  pas  expliquer,  répandre  et  faciliter  de  son 
pouvoir  toutes  les  œuvres  nouvelles  de  ses  concitoyens? 
Pratiquons  donc  la  confraternité  scientifique. 

Le  1er  de  ce  mois,  jour  ordinaire  de  fausses  démarches 
que  l'on  fait  faire  aux  autres  sous  le  nom  de  poisson 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX*  31 5 

d'avril,  et  l'on  en  connaît  qui  se  le  font  courir  à  eux- 
mêmes,  fut  pour  nous  celui  d'une  surprise  si  agréable, 
par  la  réception  du  livre  de  M.  des  Murs,  que  nous  ne 
pûmes  rien  entreprendre  avant  d'en  avoir  terminé  la  lec- 
ture, c'est-à-dire  que  son  Oologie  est  une  étude  sérieuse 
et  forte,  qui  nous  a  d'autant  plus  intéressé  que  nous  nous 
occupons  de  la  physiologie  des  œufs  et  de  leur  couleur 
depuis  1845,  comme  le  témoignent  nos  vieux  manuscrits. 

Le  frontispice,  agréablement  dessiné  par  Ath.  Gard, 
représente  les  six  formes  primordiales  des  œufs,  ainsi  que 
les  Oiseaux  qui  les  produisent,  distribués  sur*  un  fond 
d'herbages  et  de  plantes  formant  un  délicieux  paradis, 
dont  le  calme  facilite  la  douce  méditation  sur  le  traité 
d'oologie  ornithologique,  de  la  gracieuse  personnification 
de  la  science,  dont  la  main  droite  tient  un  burin  qui  vient 
de  tracer  sur  la  banderole  dont  elle  est  enveloppée  le 
titre  des  trois  chapitres  du  livre  : 

Bibliographie  oologique.  —  Caractères  oologiques.  — 
Classification,  c'est-à-dire  application  des  caractères 
oologiques. 

Après  avoir  reconnu  que  la  nature  se  plaît  à  répandre 
dans  ses  ouvrages  une  diversité  originale,  et  même  dans 
le  produit  animé  des  Oiseaux,  l'œuf,  l'auteur  annonce 
qu'il  a  étudié  avec  soin,  toute  sa  vie,  ce  produit  si  délaissé 
jusqu'à  nous,  et  qu'il  a  révélé  à  la  science  depuis  1842, 
dans  la  Revue  Cuvierienne,  par  de  nombreux  mémoires, 
ses  observations,  destinées  à  faire  adopter  comme  moyens 
de  classification  les  caractères  qu'il  a  su  tirer  de  la  forme 
et  de  la  couleur  des  œufs.  C'est,  en  effet,  à  ses  publica- 
tions que  nous  devons  le  réveil  oologique  des  savants. 

Après  avoir  posé  que  ce  travail  lui  appartient,  nous 
pouvons  dire  que  ceux  des  oologistes  qui  ne  l'ont  point 
cité  nominativement  depuis  la  publication  de  ses  mé- 
moires ont  eu  le  tort  de  s'exposer  à  passer  aux  yeux  de 
tous  pour  des  plagiaires. 

A  l'introduction,  l'auteur  parle  de  ce  que  les  théogo- 


3l6       RF.V.    ET   MAG.   DE  ZOOLOGIE.    (Juillet    1860.) 

nies,  dans  leur  côté  idolâtre,  ont  tiré  de  l'existence 
aérienne  des  Oiseaux.  Il  semblait  aux  premiers  hommes 
que  l'appareil  de  vol  des  Oiseaux  faisait  participer  ces 
êtres  au  privilège  d'approcher  de  plus  près  la  Divinité, 
puisqu'ils  pouvaient  s'élever  jusqu'au  delà  des  régions  de 
la  foudre  ;  il  indique  les  symboles  matériels  de  l'Aigle  de 
Jupiter,  du  Paon  de  Junon,  de  la  Chouette  de  Minerve, 
du  Cygne  de  Léda,  et  l'Enfant  ailé,  symbole  de  l'amour, 
donc!  Il  fait  pressentir  que  l'œuf  chez  les  Égyptiens  était 
celui  de  l'univers. 

Ce  sont  les  connaissances  réelles  des  mystères  de  la  na- 
ture qui  détruisirent  ces  fables  ou  ces  habitudes  qui  em- 
barrassaient l'esprit  humain. 

Il  y  a  plus  de  vingt-cinq  années  que  M.  des  Murs  a 
entrepris  son  travail,  et,  comme  il  connaît  aussi  bien  que 
qui  que  ce  soit  Uornithologie ,  il  peut  bien  dire  que  les 
caractères  tirés  du  bec,  du  pied,  de  la  nourriture,  des 
organes  du  vol,  de  l'insertion  des  plumes,  de  la  précocité 
des  Oiseaux  à  courir,  du  parallélisme,  etc.,  sont  encore 
impuissants  à  établir  la  classification  ;  il  en  déduit  que 
ceux  que  fournissent  les  œufs  des  Oiseaux  ne  peuvent 
qu'être  favorables  et  que  devenir  de  bons  et  de  nouveaux 
renseignements,  et  il  a  raison  l 

Un  certain  nombre  d'auteurs  s'étant  occupés  des  œufs 
d'une  manière  relative,  il  est  bien  de  recueillir  les  notions 
qui  pourraient  être  utiles  dans  leurs  ouvrages  si  défec- 
tueux au  point  de  vue  de  l'oologie.  C'est  ce  qu'il  fait  dans 
son  tableau  bibliographique  raisonné  et  son  histoire  des 
progrès  de  l'oologie. 

Il  commence  à  Aristote  et  à  Pline,  cite  Belon  (1555), 
Gesner,  Aldrovande,  passe  au  xvine  siècle,  indique  que 
les  collections  d'oeufs,  objets  de  pure  curiosité  jusqu'à 
nous,  ne  se  font  jour  que  vers  la  première  moitié  du 
xviue  siècle.  Le  premier  ouvrage  important  est  de  Marsi- 
gli,  traité  tout  à  fait  local  des  Oiseaux  des  bords  du  Da- 
nube. Nous  ne  pouvons  entrer  dans  tous  les  détails  inté- 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  31? 

ressants  qu'il  nous  donne  ici  sur  la  bibliographie;  il  est 
nécessaire  de  les  lire  et  môme  de  les  étudier  attentive- 
ment. L'auteur  affectionne,  au  milieu  du  grand  nombre 
d'auteurs  qu'il  cite,  l'ouvrage  manuscrit  de  Manesse,  qui 
semble  avoir  été  fait  avec  conscience,  et  revient  souvent 
avec  intérêt  sur  ses  travaux.  Ce  sont  ensuite  Muller,  Nau- 
mann  et  Buhle,  Schinz  et  Thienemann. 

Quoique  Naumann  et  Buhle  aient  essayé,  sans  en  tirer 
de  déductions  pour  obtenir  des  caractères  oologiques,  de 
donner  quelques  dénominations  à  la  forme  des  œufs  (ainsi 
ils  disent  que  la  forme  ronde  est  la  principale,  que  toutes 
les  autres  formes  en  dérivent,  agissant,  sans  doute,  sui- 
vant des  idées  et  des  vues  trop  éloignées  de  géométrie  ; 
ils  indiquent  la  forme  ovée  ou  ovale,  la  forme  oblongue, 
la  forme  arrondie  ou  courte,  ou  bien  encore  les  formes 
ventrue  ou  transitoire  :  il  est  facile  de  comprendre  que 
toutes  ces  expressions  ne  sont  point  de  nature  à  servir  la 
science),  il  fallait  cependant  une  nomenclature  exacte  et 
très-expressive.  Nous  trouvons  que  M.  des  Murs  a  très- 
bien  exprimé  les  six  formes  primordiales  des  œufs  par  les 
dénominatifs  suivants  :  Formes  cylindrique,  sphérique , 
ovoïconique,  ovalaire,  ovée  et  elliptique;  en  sorte  que  la 
forme  ovée  de  Naumann  et  Buhle  ne  peut  point  à  elle  seule 
représenter  les  formes  ovalaire,  ovoïconique  et  elliptique 
de  M.  des  Murs,  qu'il  a  parfaitement  su  caractériser,  sui- 
vant la  physionomie  de  l'œuf,  des  progressions  d'Oiseaux 
correspondantes.  Enfin  la  nomenclature  oologique  posi- 
tive et  son  application  appartiennent  à  M.  des  Murs;  cette 
partie  de  la  morphologie  normale  de  l'œuf  restera  donc 
sa  propre  étude. 

Nous  avons  constaté  nous-même  que  les  œufs  variaient 
suivant  la  longueur  de  leurs  diamètres,  depuis  celui  du 
Trochilus  minimus  jusqu'à  celui  de  l'OEpyornis,  savoir  :  de 
11  millimètres  sur  7  (ïrochilus),  à  31  centimètres  sur  24 
(QEpyornis);  en  faisant  la  somme  de  ces  deux  diamètres, 
pour  le  Trochilus  18  millimètres,  pour  rOEpyornis  55  çen- 


318     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

timètres,  on  voit  que  l'œuf  de  l'OEpyomis  pourrait  conte- 
nir plus  de  8,000  œufs  de  Trochilus  minimus.  Entre  ces 
diamètres  extrêmes  du  plus  petit  et  du  plus  gros  des 
œufs  connus,  viennent  se  distribuer  les  diverses  séries  des 
œufs  qui  démontrent  la  variété  des  voies  et  des  moyens 
de  la  nature. 

On  conçoit  que  les  diamètres  de  l'œuf  variant  suivant 
la  conformation  future  de  l'Oiseau,  et  par  conséquent 
suivant  aussi  les  principes  constituants  et  formateurs  de 
l'œuf,  M.  des  Murs  soit  arrivé  avec  bonheur  à  découvrir 
des  étalons  ou  des  types  à  chacune  des  séries  de  formes 
oologiques.  La  forme  de  l'œuf,  de  même  que  les  autres 
formes  dans  l'espèce,  est  coïncidente  à  celles  de  l'espèce 
dont  elle  dérive;  loi  de  coïncidence  que  nous  avons  éta- 
blie dans  nos  éléments  de  morphologie.  C'est  donc  un 
beau  fait  d'application  de  notre  loi  trouvé  par  l'auteur. 
Tout  a  été  créé  avec  substance,  force  et  mesure  !  Voici 
les  principes  qui  nous  ont  servi  à  établir  nos  lois  physio- 
logiques d'ordre  universel  que  nous  avons  exprimées 
ainsi  : 

1°  Centralisation  et  décentralisation  des  espèces  et  dans 
les  espèces  ; 

2°  Progression  et  proportion  des  espèces  et  dans  les 
espèces  ; 

3°  Coexistence  et  coïncidence  des  espèces  et  dans  les 
espèces. 

Les  attributs  ou  plutôt  les  propriétés  physiques,  forme, 
couleur,  consistance,  saveur,  composition  intime,  contex- 
ture,  physionomie;  enfin  tout  ce  que  M.  des  Murs  a  si 
bien  étudié  chez  l'œuf,  découle  de  ces  lois,  dont  on  peut 
suivre  l'explication  dans  nos  ouvrages  sur  la  forme  nor- 
male ou  naturelle. 

Pour  contrôler  les  formes  semblables  et  les  formes  dis- 
semblables des  œufs  entre  elles,  formes  si  bien  caractéri- 
sées dans  leurs  types  par  la  nomenclature  de  M.  des  Murs,  il 
est  nécessaire,  suivant  nous,  d'en  connaître  exactement, 


ANALYSES    u'OUVRAGES   NOUVEAUX.  319 

par  centimètres  et  millimètres,  les  principaux  diamètres, 
savoir  :  le  grand  diamètre  pris  suivant  la  longueur  de 
l'œuf,  le  diamètre  oblique  obtenu  par  l'intermédiaire 
d'un  quadrilatère,  et  le  petit  diamètre  passant  par  le  point 
d'intersection  des  deux  premiers,  suivant  la  largeur  de 
l'œuf.  La  forme  de  l'œuf  est  coïncidente  avec  la  longueur 
des  trois  diamètres  et  s'en  déduit  toujours.  Les  diamètres 
longitudinal  et  oblique  doivent  être  tracés  sur  le  dessin 
avant  le  diamètre  transversal.  On  s'en  rendra  un  compte 
exact  en  dessinant  sur  le  papier  la  silhouette  de  l'œuf  à 
étudier  ;  on  enveloppera  cette  figure,  plus  ou  moins  ovoïde, 
d'un  quadrilatère  rectangulaire  ;  on  tracera  le  grand  dia- 
mètre dans  le  sens  de  la  longueur  de  l'œuf;  on  obtiendra 
le  diamètre  oblique  réel  en  tirant  une  ligne  oblique  de 
deux  angles  opposés  du  quadrilatère  ;  le  petit  diamètre 
sera  passé  par  le  point  d'intersection  du  grand  diamètre 
et  du  diamètre  oblique,  suivant  la  largeur  de  l'œuf.  On 
peut  se  servir,  pour  mesurer  les  diamètres  des  œufs,  d'un 
compas,  d'épaisseur  et  d'une  portion  du  mètre  gradué  en 
centimètres  et  millimètres,  ou  bien  encore  d'un  quadrila- 
tère rectangulaire  ou  oomètre,  formé  de  quatre  tiges  mé- 
talliques graduées,  et  pouvant  prendre  toutes  les  dimen- 
sions des  œufs  par  l'effet  de  curseurs  placés  aux  quatre 
angles.  Il  est  nécessaire  aussi  d'avoir  un  ootype  à  tiges 
mobiles  pour  prendre  l'ovoïde  exact  des  œufs  et  les  dessi- 
ner facilement  sur  le  papier. 

On  mesurera  les  différents  diamètres  sur  la  figure  de 
l'œuf,  et  l'on  aura  alors  leur  longueur  positive.  Les  lon- 
gueurs respectives  des  trois  diamètres  des  œufs  seront 
d'une  grande  importance  dans  les  comparaisons  oolo- 
giques. 

Nous  pensons  qu'il  serait  utile,  pour  établir  notre  ca- 
ractère oogéométrique  d'une  manière  simple,  d'exprimer, 
par  un  seul  chiffre,  la  somme  des  longueurs  des  trois  dia- 
mètres. Ce  caractère  oogéoinélrique  sera  la  source  d'une 
foule  d'observations  importantes,  que  M.  des  Murs  pourra 


320     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Juillet  1860.) 

faire  peu  à  peu,  et  que   nous  lui   avons  démontrées  (1). 

M.  des  Murs  nous  parle  de  la  mauvaise  définition  de 
l'œuf  par  Aristote,  et  de  celle  de  M.  Moquin-Tandon, 
qui  ne  peut  servir.  L'auteur,  il  faut  bien  le  dire,  approche 
lui-même,  autant  qu'il  est  possible,  de  la  vérité  dans  sa 
description  particulière. 

Quant  à  nous,  qui  avons  des  travaux  sur  cette  question, 
nous  donnons  à  l'ovule  fécondé  le  nom  de  zoomorphe,  et 
au  contenu  vivant  de  l'œuf  pondu  celui  d'oozoone;  ces 
distinctions  sont  des  plus  utiles  en  physiologie.  L'œuf  des 
Oiseaux  sera  donc  le  fruit  de  ces  animaux  qui,  après  avoir 
passé,  par  la  fécondation,  de  l'état  d'ovule  à  celui  de 
zoomorphe,  est  expulsé  de  l'oviducte  des  femelles  à  l'état 
d'oozoone,  sous  une  forme  particulière  à  l'espèce,  se  rap- 
prochant des  six  formes  types  de  M.  des  Murs,  recouvert 
alors  d'une  enveloppe  calcaire  glutineuse  blanche  ou  co- 
lorée, renfermant  un  rudiment  embryonnaire  muni  d'un 
vitellus,  le  tout  étant  baigné  de  fluides  électro-organiques 
vitaux  propres,  et  qui,  sous  l'influence  de  la  chaleur  et  de 
l'électricité  qu'il  polarise,  venant  de  cause  externe,  peut 
s'organiser  et  se  développer  en  un  animal  de  l'espèce 
dont  il  provient,  ou  qui,  sans  pouvoir  se  développer  en 
animal  par  le  manque  de  fécondation,  peut  encore  avoir 
sa  forme  et  sa  coquille  plus  ou  moins  ovoïdes  et  spéci- 
fiques. 

Les  trois  choses  principales  à  examiner  dans  l'œuf  con- 
sidéré au  point  de  vue  ornithologique,  dit  M.  des  Murs, 
sont  la  forme,  la  nature  et  la  couleur  de  la  coquille  qui 
le  distingue.  Il  se  borne  à  la  physiologie  de  l'enveloppe 
calcaire,  et  en  effet  cela  seul  peut  l'intéresser  pour  son 
gigantesque  travail.  Il  fait  une  étude  des  plus  instructives 
sur  la  forme  normale  et  sur  la  forme  anormale  de  l'œuf. 
Pour  l'auteur,  les  monstruosités  de  forme  proviennent  de 

(1)  Mes  caractères  oogéométriques  et  les  caractères  morphologi- 
ques de  M.  des  Murs  se  contrôlent  les  uns  par  les  autres. 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  321 

quatre  causes  différentes  qu'il  discute  avec  un  talent  dont 
on  doit  lui  tenir  compte. 

Nous  passerons  ses  monstruosités  de  forme  dues  à  une 
lésion  intérieure  de  l'oviducte,  ses  monstruosités  pédicu- 
laires-ovariennes,  ses  monstruosités  occasionnées  par  le 
contact  d'objets  extérieurs,  bien  qu'il  y  en  ait  qui  doivent 
se  produire  dans  le  cloaque  par  la  compression  de  corps 
étrangers  et  de  corps  non  digérés  sur  l'enveloppe  calcaire 
de  l'œuf  encore  molle.  Mais,  à  l'occasion  de  ses  monstruo- 
sités par  addition,  nous  dirons  que  les  oeufs  à  double 
jaune  sont  l'indice  et  le  produit  de  la  greffe  de  deux  zoo- 
morphes  ou  ovules  fécondés,  ce  qui  est  dû  probablement, 
comme  l'avance  fort  à  propos  M.  des  Murs,  à  la  nourri- 
ture trop  excitante.  A  l'article  des  monstruosités  en  moins, 
l'auteur  dit  de  très-bonnes  choses  sur  les  petits  œufs  nains, 
œufs  imparfaits,  nommés  œufs  de  Coq.  Nous  lui  ferons 
savoir  que  ces  petits  œufs,  trouvés  parfois  dans  des  amas 
de  branchages  ou  de  paille,  près  de  petites  Couleuvres, 
sont  appelés,  par  les  paysans  de  Rochefort-sur-Mer,  Co- 
quatrix  et  Coquards,  ou  œufs  de  Serpents.  Ces  hommes 
simples  prétendent  qu'ils  sont  le  produit  du  mariage 
malencontreux  d'une  Poule  et  d'un  Serpent,  comme,  au 
reste,  l'auteur  le  dit  lui-même. 

M.  des  Murs  fait  ressortir  avec  vérité  les  rapports  de  la 
forme  de  l'œuf  avec  celle  du  squelette  de  l'Oiseau  qu'il 
doit  contenir  ;  l'œuf  presque  ovoïconique  du  secrétaire 
lui  en  fournit  le  plus  évident  témoignage  parmi  tous  les 
œufs  ovalaires  des  rapaces  diurnes.  Mais,  comme  les  œufs 
des  Oiseaux  ont  bien  leur  forme  respective  avant  que  les 
Oiseaux  ne  soient  organisés,  ce  fait  est  pour  nous  une 
preuve  certaine  de  notre  loi  de  coïncidence  organique  ; 
tout  coïncide  donc  dans  l'espèce,  même  la  forme  de  l'œuf 
avec  celle  du  squelette. 

La  forme  de  l'œuf,  quelle  qu'elle  soit,  est  toujours  dis- 
posée d'après  les  règles  des  voûtes  en  cintre,  pour  résis- 
ter aux  chocs,  à  la  pesanteur  et  au  piétinement  des  Oi- 


322     rkv.  et  mag.  de  zoologie.  [Juillet  1860.) 

seaux,  et  il  affecte  la  disposition  plus  ou  moins  sphérique, 
afin  d'agir  intérieurement,  comme  un  miroir  réflecteur, 
en  concentrant  dans  le  vitellus,  pour  y  déterminer  un 
travail  de  circulation  vitale,  les  rayons  chimiques  de  la 
lumière  du  calorique  et  de  l'électricité  organiques.  L'en- 
veloppe de  l'œuf  est  sèche  et  calcaire,  et  obtient,  par  cela 
même,  un  effet  isolant  et  non  conducteur. 

Pour  nous  encore,  par  intussusception ,  le  jaune,  le 
blanc,  la  coquille  et  les  principes  de  sa  couleur,  tout  l'œuf 
enfin  est  sécrété  par  la  membrane  externe  à  la  membrane 
zoomorphale  par  l'intermédiaire  de  son  pédicule  ovarien 
et  de  la  circulation  qui  s'y  produit. 

A  la  manière  du  périoste  des  os,  cette  membrane 
externe  ou  caduque  sécrète  la  pâte  calcaire,  à  rayons  con- 
centriques, plus  ou  moins  colorée  de  la  coquille,  mêlée  de 
gluten,  qui  devient,  sans  être  celluleuse  comme  le  tissu 
des  os,  par  sa  dessiccation  et  sa  cristallisation,  la  cellule 
osseuse  de  l'œuf,  après  avoir  laissé  celte  membrane  ova- 
rienne, que  l'ovule  fécondé  a  de  plus  en  plus  distendue 
en  se  développant,  et  qui  constitue  une  sorte  d'alvéole, 
qui  reste  au  fond  de  l'oviducte,  attachée  à  l'ovaire  où  elle 
se  cicatrise.  La  pâte  calcaire  se  forme  donc  comme  le  dé- 
pôt métallique  dans  l'action  galvanoplastique,  par  la  cir- 
culation électro-vitale;  ce  qui  le  prouve,  ce  sont  les  petits 
tubercules  externes  analogues  à  ceux  du  dépôt  galvano- 
métallique  et  les  autres  incrustations  externes  que  l'on 
remarque  sur  certains  œufs,  dont  quelques-uns  présentent 
même  une  nouvelle  couche  calcaire  en  nappe  recouvrant 
la  coquille  colorée,  couche  nouvelle  qui  annonce  un  mou- 
vement alternatif  de  sécrétion  dans  la  membrane  externe 
à  la  membrane  zoomorphale. 

A  mesure  que  la  sécrétion  calcaire  se  produit,  la  cou- 
leur de  la  pâte  augmente  de  dedans  en  dehors,  la  mem- 
brane externe  ou  caduque  sécrète  donc  tout,  et  si  elle  se 
crève  par  la  fécondité,  ou  dans  une  poursuite  de  l'ani- 
mal, avant  que  ce  dernier  travail  soit  fait,  l'œuf  sort  sans 


ANALYSES    DOUVUAGES    NOUVEAUX.  323 

coquille.  Lorsque  la  rupture  de  la  membrane  arrive  à  sou 
temps,  la  pâte  calcaire  encore  molle  se  trouve  en  rapport 
avec  des  liquides.  Soit  dans  l'oviducte,  soit  dans  le  cloa- 
que, elle  se  durcit  alors  et  se  minéralisé,  d'après  les  prin- 
cipes des  sels  insolubles  dans  les  liquides,  et  la  dessiccation 
de  la  partie  glutineuse  à  l'air  complète  l'œuvre.  Les  sels 
des  urines  agissent  aussi  sur  le  principe  de  la  couleur.  De 
cette  manière,  les  secrets  de  l'oogénèse  sont  en  partie  dé- 
voilés. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  des  Murs,  lui  aussi,  nous  fournit 
sur  ce  point  ses  propres  observations  avec  un  talent  tou- 
jours en  rapport  avec  le  sujet  qu'il  traite  ;  il  discute  éga- 
lement celles  des  auteurs,  et  sa  dissertation  sur  tout  ce 
qui  se  rattache  à  l'incubation  des  Oiseaux  est  très-bien 
(étudiée. 

A  propos  des  monstruosités,  il  faut  se  pénétrer  que 
toutes  sont  le  résultat  de  la  cause  accidentelle  (Morpholo- 
gie, pages  7,  8,  9,  etc.);  qu'un  ovule  une  fois  fécondé  par 
le  sperme  devient  un  zoomorphe,  c'est-à-dire  une  forme 
de  la  matière  organique  qui  a  son  existence  propre,  et 
que  tout  zoomorphe  a  la  propriété  de  se  greffer  n'importe 
où  et  sur  quoi  dans  l'utérus,  pour  y  suivre  une  vie  para- 
sitique,  si  une  irritation  ne  l'en  empêche  pas  :  il  peut  se 
greffer  même  sur  un  autre  zoomorphe  déjà  greffé,  parce 
qu'il  y  a  là  déjà  aussi  une  circulation  sanguine.  Mainte- 
nant toutes  les  invaginations  d'oeufs  dans  les  oeufs,  les 
œufs  doubles  avec  ou  sans  jaune,  proviennent  de  la  greffe 
des  zoomorphes  et  de  leur  vie  parasitique.  Sont  exceptés 
les  œufs  à  double  coquille  qui  tirent  leur  origine,  à  n'en 
pas  douter,  d'un  double  et  même  travail,  fruit  de  l'acti- 
vité et  d'un  mouvement  alternatif  de  sécrétion  de  la  mem- 
brane externe  à  la  membrane  zoomorphe,  cette  membrane 
externe  de  tout  le  produit  ovarien. 

L'absence  de  jaune  démontre  l'absence  de  la  membrane 
et  des  vaisseaux  propres  producteurs  de  ce  corps  vi- 
tellin. 


324     rev.   et  mag.  de  zoologie.  {Juillet  1860.) 

On  trouvera  les  causes  de  la  coloration  de  la  coquille 
expliquées  dans  un  mémoire  (1)  que  nous  avons  publié,  le 
1er  mai  1860  (2),  à  l'occasion  de  la  publication  du  livre 
d'oologie  de  M.  des  Murs,  et  qui  renferme  toutes  les  expé- 
riences nécessaires  à  faire  connaître  la  contexture  de  la 
couche  calcaire  de  l'œuf,  que  nous  avons  soumise  à  l'ac- 
tion des  acides  au  foyer  même  du  microscope,  où  se  voit 
le  dégagement  du  gaz  carbonique,  la  disposition  plus  ou 
moins  granuleuse  du  mucus  coloré,  granulation  occasion- 
née par  l'acide  de  l'expérience ,  enfin  l'entre-croisement 
des  cristaux  calcaires  ;  mais  n'allons  pas  plus  loin  dans  nos 
observations  particulières,  et  revenons  au  livre  si  intéres- 
sant de  M.  des  Murs. 

Après  ses  nombreuses  considérations  sur  la  coquille  de 
l'œuf,  l'auteur  bien  inspiré  comprend  la  nécessité  où  il  se 
trouve  d'établir  un  systema  oologicum  qu'il  fonde  sur  l'or- 
dination suivante  des  principaux  groupes  d'Oiseaux,  sa- 
voir :  les  Rapaces,  les  Zygodactyles,  les  Passereaux,  les 

(1)  Nous  avions  fait  ce  travail  vers  1845;  oublié  dans  nos  cartons 
à  cause  des  publications  de  physiologie  que  nous  avons  faites,  ce  fut 
le  Traité  cToologie  de  M.  des  Murs  qui  nous  décida  à  le  publier.  Nos 
droits  spnt  établis  dans  son  ouvrage,  page  499  et  suivantes,  et  par  le 
permis  d'imprimer  du  ministère  du  27  avril  1860.  Les  idées  de  notre 
mémoire  ayant  été  usurpées,  sans  citation  d'auteur,  par  M.  Moquin- 
Tandon,  dans  le  n°  5, 1860,  de  la  Rev.  et  Mag.  de  zoologie,  nous  nous 
réservons  le  droit  de  défense  de  notre  propriété  littéraire,  ne  voulant 
pas  faire  saisir  le  numéro  de  la  Revue,  à  cause  de  la  banne  amitié  qui 
nous  lie  à  M.  Guérin-Méueville. 

(2)  Cette  question  d'antériorité  ne  nous  regarde  pas.  Nous  devons 
dire,  cependant,  que  le  manuscrit  du  travail  de  M.  Moquin-Taudon, 
qui  a  paru  dans  le  mois  de  mai  de  cette  Revue  (n°  5,  p.  193),  était 
entre  nos  mains  depuis  près  de  deux  mois.  Ces  retards  arrivent  con- 
stamment dans  ces  sortes  de  publications,  car  il  nous  est  impossible 
de  faire  paraître  immédiatement  tous  les  manuscrits  qui  nous  sont 
remis,  et  nous  pourrions  en  citer  qui  sont  demeurés  plus  de  six  mois 
dans  nos  cartons. 

Il  eût  donc  été  impossible  à  M.  Cornay  de  faire  opérer  la  saisie  de 
notre  numéro  pour  un  semblable  molif,  et  sous  le  prétexte  d'une 
usurpation  qui  n'existe  pas.  (Guérin-Méneville.) 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES.  325 

Gallinacés,  les  Struthiones,  les  Gralles,  les  Nageurs,  les 
Ptiloptères. 

Il  fournit,  sur  ses  ordres,  ses  tribus  et  les  espèces,  des 
observations  précieuses,  en  soumettant  toujours  ce  qu'il 
avance  et  ce  qu'en  ont  dit  les  auteurs  à  la  controverse  la 
plus  sévère,  de  laquelle  découlent  des  déductions  utiles. 
On  peut  juger  que  les  mœurs  privées  et  communes,  natu- 
relles et  accidentelles  ou  passagères  des  Oiseaux,  l'ensem- 
ble et  les  détails  de  leur  organisation  physique,  et  surtout 
la  forme,  la  nature  et  la  couleur  des  œufs,  lui  sont  entiè- 
rement connus. 

Il  faut  lire  les  280  pages  sur  Y  Application  des  caractères 
oologiquesy  et  l'on  verra  que  sous  ce  titre  modeste  l'auteur 
expose  toutes  les  connaissances  qu'il  a  puisées  dans  une 
pratique  longue  et  pénible,  comme  chasseur,  observateur 
et  travailleur  érudit  ;  non-seulement  les  habitudes  des 
Oiseaux  sont  dévoilées,  mais  les  mystères  de  leur  nidifica- 
tion et  de  leur  couche  nuptiale  sont  aussi  la  source  de 
bien  des  observations  exactes  que  nous  avons  nous-même 
parfois  vérifiées  dans  nos  études,  dans  nos  nombreuses 
chasses  et  nos  courses  fréquentes  d'histoire  naturelle. 

(La  suite  prochainement.) 


IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Le  Ver  à  soie  de  VAilante  au  concours  général  et  national 
d'agriculture  de  1860. 

Divers  naturalistes  et  des  agriculteurs,  qui  ont  compris 
l'utilité  de  cette  introduction  ,  ayant  été  étonnés  de  voir 
qu'elle  ne  nous  avait  valu  aucune  récompense  à  ce  grand 
concours,  il  est  utile  qu'ils  sachent  que  cela  tient  à  ce  que 
nous  avons  cru  prudemment  devoir  nous  abstenir  de  con- 
courir. En  effet,  étant  membre  du  jury,  avec  tous  nos 
confrères  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'agriculture 
de  France,  parmi  lesquels  nous  comptons  beaucoup  d'amis 


326     rev.  et  mag.  de  zoolocie.   [Juillet  18G0.) 

pleins  de  dévouement  et  pas  de  jaloux ,  nous  aurions  craint 
que  la  malveillance  u'attribuât  à  l'amitié  ou  à  la  confra- 
ternité la  haute  récompense  qu'ils  auraient  pu  nous  voter. 
C'est  dans  cette  crainte  que  nous  avons  adressé  la  lettre 
suivante  à  M.  le  président  du  jury  des  produits,  le  20  juin 
1860,  jour  du  vote  définitif. 

«  L'assentiment  unanime  que  mon  introduction  du  Ver 
à  soie  de  l'ailante  a  obtenu  du  public,  venant  se  joindre 
d'une  manière  éclatante  à  l'approbation  de  S.  M.  l'Empe- 
reur, juge  si  éclairé  et  si  impartial ,  a  comblé  tous  mes 
vœux  en  me  prouvant  que  j'ai  eu  le  bonheur  de  donner  à 
l'agriculture  et  à  l'industrie  une  source  de  richesse  [Moniteur 
du  2i  mars  1859).  Comme  ces  jugements  sont  la  plus  haute 
récompense  que  puisse  ambitionner  un  homme  qui  a  cher- 
ché toute  sa  vie  à  se  rendre  utile  au  pays,  je  vous  prie  de 
vouloir  bien  informer  le  jury  des  produits  que  je  me  retire 
du  concours. 

«  J'ai  l'honneur,  etc.  » 

En  présence  de  la  cruelle  épidémie  qui  fait  plus  ou  moins 
complètement  manquer  les  récoltes  de  cocons  du  mûrier, 
beaucoup  d'agriculteurs  ont  voulu  faire  des  expériences 
pour  s'assurer  de  la  possibilité  d'élever  en  plein  air  le  Ver 
à  soie  de  l'ailante.  Nous  nous  sommes  prêté  avec  empres- 
sement à  leur  désir,  en  leur  envoyant  des  œufs  de  cette 
espèce  produits  dans  notre  appartement  de  Paris,  ce  qui 
a  absorbé  tout  notre  temps  depuis  plus  de  deux  mois.  En 
leur  faisant  cet  envoi  gratuitement,  nous  leur  adressons 
une  instruction  et  une  circulaire  dont  voici  le  principal 
passage  : 

«  Pour  répondre  à  la  sollicitude  de  l'Empereur,  qui  m'a 
exprimé  le  désir  de  voir  cette  nouvelle  industrie  se  déve- 
lopper en  France,  je  vous  fais  don  de  cette  espèce,  et  ne 
vous  demande  qu'un  rapport  sur  les  résultats  que  vous 
obtiendrez  et  l'engagement  de  la  répandre  le  plus  que 
vous  pourrez. 

«  J'ai  l'honneur,  etc.  » 


MKL\Nf,ES    KT    NOUVELLES.  327 

Aujourd'hui,  après  avoir  satisfait  à  la  demande  de  plus 
de  150  agriculteurs,  tous  les  œufs  provenant  de  la  pre- 
mière génération  de  printemps  sont  expédiés,  et  nous  ne 
pourrions  plus  répondre  à  de  nouvelles  demandes  avant 
la  seconde  génération ,  celle  d'automne,  qui  va  commencer 
vers  le  milieu  d'août. 

Cependant,  comme,  dès  le  début,  nous  nous  sommes  em- 
pressé de  donner  des  reproducteurs  de  ce  Ver  à  soie  à  la 
Société  impériale  d'acclimatation ,  pour  qu'ils  soient  ré- 
pandus parmi  ses  nombreux  membres  de  tous  les  pays,  et 
que  nous  n'avons  cessé  d'en  faire  faire  des  éducations, 
d'après  la  mission  qu'elle  nous  en  a  donnée,  dans  la  mé- 
nagerie des  reptiles  du  muséum  d'histoire  naturelle,  de 
nombreux  envois  d'oeufs  sont  faits  par  les  soins  de  M.  A.  Du- 
méril  et  de  M.  Vallée,  l'habile  gardien  de  cette  ména- 
gerie, que  nous  avons  initié,  depuis  trois  ans,  à  la  pratique 
de  l'éducation  des  Vers  à  soie  domestiques  et  sauvages. 

Nous  ne  saurions  trop  remercier  la  Société  impériale 
zoologique  d'acclimatation  de  son  empressement  à  nous 
encourager  et  à  nous  seconder  dans  cette  importante 
circonstance,  et  nous  ne  devons  pas  oublier  de  témoigner 
notre  gratitude  à  MM.  A.  Duméril  et  Vallée,  qui  sont  allés 
au-devant  de  nos  vœux,  en  faisant,  même  sans  que  nous 
leur  en  ayons  adressé  la  demande,  une  large  et  active  distri- 
bution d'œufs  de  cette  espèce,  répondant  ainsi  à  notre  plus 
vif  désir,  la  rapide  propagation  d'un  insecte  domestique 
dont  l'introduction  et  l'acclimatation  nous  ont  coûté  déjà 
près  de  quatre  ans  de  travaux  incessants  et  des  plus  pé- 
nibles. (G.  M.) 

Papillons  exotiques  par  Cramer. 

Un  de  nos  abonnés  désirant  se  défaire  de  deux  exem- 
plaires du  bel  ouvrage  de  Cramer  sur  les  Papillons  exoti- 
ques, les  a  déposés  au  bureau  de  la  Revue,  où  l'on  pourra 
s'adresser  (franco)  pour  les  voir  ou  traiter. 


328     rev.  et  mac.  de  zoologie.  (Juillet  1860.) 

L'un  des  exemplaires  se  compose  de  4  vol.  in-4%  2  de 
texte  et  2  de  planches.  Il  y  a  juste  400  planches,  ce  qui 
constitue  l'ouvrage  complet  de  Cramer. 

Le  second  exemplaire,  semblable  au  premier,  est  ac- 
compagué  du  supplément  par  Stoll. 

Ce  supplément,  beaucoup  plus  rare,  est  composé  de 
42  planches,  représentant  surtout  beaucoup  de  Chenilles 
des  Papillons  exotiques.  Il  forme  2  petits  volumes  in-4°, 
texte  et  planches; 

Note  très-essentielle. 

L'étendue  limitée  de  notre  journal  ne  permettant  pas  de 
consacrer  un  grand  espace  aux  analyses  d'ouvrages  nou- 
veaux, nous  devons  nous  borner  à  les  signaler  le  plus  briè- 
vement possible.  Il  nous  faut  réserver  la  place  pour  des 
faits,  car  ceux-ci  avancent  plus  la  science  que  les  plus 
longues  dissertations  sur  des  traités  imprimés  que  chacun 
peut  lire  et  apprécier  comme  il  lui  convient. 

En  conséquence,  nous  ne  consacrerons  jamais  plus 
d'une  à  trois  pages,  au  maximum,  à  l'analyse  d'un  livre 
imprimé,  et  nous  n'admettrons  qu'une  seule  analyse  du 
même  ouvrage.  (Voir  p.  313.) 


TABLE   DES  MATIERES. 

Page». 

H.  de  Saussure.  —  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. 281 
0.  des  Murs.  —  Observations  au  sujet  des  Considérations 

sur  les  œufs  des  Oiseaux  de  M.  Moquin-Tandon.  293 

A.  Doumet.  —  Catalogue  des  Poissons  recueillis  et  observés 
à  Cette,  suivi  de  quelques  idées  sur  la  possibilité  de 
réempoissonner  le  golfe  de  Lyon.  299 

A.  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  302 

Académie  des  sciences.  (Verde  l'ailante.)  306 

Analyses.  313 

Mélanges  et  nouvelles  (Ver  à  soie  du  vernis  du  Japon).  325 

PARIS.  —  1MP.    DE   Mmo  V*    BOUCUARD-HUZARD ,    RUE    DE  l/ÉPERON,  5. 




VINGT-TROISIÈME    ANNÉE.  —  AOUT  1860. 


I.  TRAVAUX  INEDITS. 


Essai  sur  les  Poules  de  Nankin  dites  de  Cochinchine,  par 

le  docteur  Sacc.  (PL  18  et  19.) 

Origine. 

Cette  belle  et  grande  espèce,  qu'on  trouve  dans  les  par- 
ties chaudes  du  centre  de  la  Chine,  a  été  importée,  en 
184-4-,  en  Angleterre,  où  S.  M.  la  reine  Victoria  s'empressa 
de  la  répandre  avec  le  zèle  qu'elle  et  son  royal  époux  ap- 
portent à  tout  ce  qui  est  utile  à  l'humanité. 

En  1846,  M.  l'amiral  Cécile  en  importa,  en  France, 
quelques  paires  qui  furent  déposées  au  muséum  d'histoire 
naturelle,  et  dont  les  administrateurs  mirent  généreuse- 
ment les  œufs  à  la  disposition  de  beaucoup  d'amateurs,  en 
tète  desquels  se  trouve  l'habile  et  persévérante  Mme  Passy. 
C'est  à  elle  que  revient  tout  l'honneur  de  la  diffusion  des 
Poules  de  Nankin,  puisque  c'est  elle  qui,  la  première,  en  a 
fait  connaître  les  inappréciables  avantages  et  a  enseigné 
les  soins  à  leur  donner. 

Description. 

Le  plumage  est  d'un  jaune  plus  ou  moins  vif,  constam- 
ment plus  foncé  sur  le  dos  que  sous  le  ventre  ;  les  plumes 
effilées  du  cou  et  du  croupion  sont,  chez  le  Coq,  légère- 
ment dorées;  celles  de  la  queue  sont  courtes,  réunies  en 
un  bouquet  assez  touffu ,  et  noires  avec  des  reflets  d'un 
vert  très-brillant.  La  Poule  offre  une  coloration  analogue, 
mais  sa  queue  est  d'un  jaune  plus  foncé  que  celui  du  reste 
du  corps,  souvent  un  peu  lavée  de  noir,  et  on  remarque 
fréquemment  quelques  taches  noires  au  bout  des  plumes 
du  camail,  et  aux  grandes  pennes  des  ailes. 
La  crête  est  simple ,  profondément  dentelée  et  d  un 
2e  geais,  t.  xii.  Année  1860.  22 


330       REV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.   (Août  1860.) 

rouge  très-vif,  comme  les  barbillons,  énormément  déve- 
loppés et  flasques,  qui  s'allongent  sous  le  cou  du  coq,  en 
une  espèce  de  fanon  qui  descend  jusqu'au  milieu  de  la 
poitrine.  La  tête  est  remarquablement  petite,  les  yeux 
gros,  brillants  et  défendus  par  une  arcade  sourcilière 
assez  proéminente. 

Le  bec  est  fort,  assez  long  et  recourbé  ;  la  voix  rauque 
et  puissante.  Les  ailes  sont  attachées  très-haut;  faibles  et 
courtes,  elles  s'enfoncent  totalement  dans  les  plumes 
molles  et  laineuses  qui  garnissent  les  flancs  et  le  derrière 
d'un  volumineux  duvet  assez  relevé  pour  que,  vus  par 
derrière,  ces  Oiseaux  paraissent  aussi  larges  que  hauts, 
ainsi  que  le  montre  la  figure  jointe  à  ces  lignes. 

Les  jambes  sont  hautes,  grosses  et  fortes,  bien  garnies 
de  plumes  jusqu'au  bout  des  doigts,  qui  sont  très-allongés, 
sauf  l'externe,  et  garnis  d'ongles  forts  et  droits.  Comme 
ces  Poules  ne  grattent  que  peu  la  terre,  il  est  probable 
que  la  nature  ne  les  a  dotées  d'une  base  aussi  remarqua- 
blement large  que  pour  leur  permettre  de  courir  aisément 
sur  les  sables  mouvants  des  déserts  à  la  frontière  desquels 
on  les  rencontre. 

Les  Coqs  atteignent  une  hauteur  de  0m,70,  et  pèsent  de 
4  à  5  kilog.  au  moins  ;  nous  en  possédons  un  qui  pesait 
4  kilog.  à  huit  mois,  sans  avoir  été  engraissé.  Les  Poules 
n'ont  que0m,60  de  haut  et  pèsent  généralement  3  à  4  kilog. 
mais  elles  arrivent  au  double  quand  elles  sont  bien  en 
chair.  Une  poule  de  deux  ans  a  pesé,  après  avoir  été  plu- 
mée, 6\500,  et  a  fourni  760  gr.  de  graisse  accumulée  seu- 
lement autour  des  intestins. 

L'âge  est  facile  à  reconnaître  à  la  couleur  des  pattes,  dont 
le  devant  est  jaune  jusqu'à  deux  ans  et  passe  au  blanc 
sale  à  quatre  ans ,  à  mesure  que  les  écailles  des  jambes 
s'épaississent. 

La  taille  se  développe  jusqu'à  deux  ans,  où  elle  s'achève, 
les  éperons  des  Coqs  ont  alors  0m,03  de  long  sur  0,u,02  de 


TRAVAUX   INÉDITS.  331 

large;  ils  ne  s'allongent  jamais  autant  que  ceux  des  Coqs 
communs  et  sont  beaucoup  plus  épais. 

Les  Coqs  sont  en  pleine  valeur  jusqu'à  six  ans  et  les 
Poules  jusqu'à  quatre,  pourvu  qu'on  ne  les  fasse  pas 
couver  plus  de  deux  fois  par  an  ;  dans  le  cas  contraire, 
elles  sont  usées  à  deux  ans  déjà. 

Les  œufs,  parfaitement  elliptiques,  sont  d'un  beau 
nankin  foncé  tirant  sur  l'orange  :  il  arrive  souvent  qu'ils 
sont  marqués  de  taches  foncées  qui  les  font  ressembler 
aux  œufs  des  Dindes.  La  coquille  est  épaisse.  Les  œufs 
des  Poules  d'un  an  pèsent,  en  moyenne,  57  gr.,  et  ceux 
des  Poules  de  deux  ans  63  gr. 

La  constitution  molle,  lymphatique  de  ces  Oiseaux  les 
rend  éminemment  aptes  à  prendre  la  graisse  et  leur  fait 
craindre  tous  les  exercices  violents  ;  aussi  n'aiment-ils 
ni  à  courir  ni  à  percher;  on  les  voit  presque  constamment 
couchés  dans  le  sable  ou  sur  la  paille.  Leur  naturel  con- 
fiant et  doux  permet  d'en  tenir  beaucoup  dans  un  espace 
relativement  petit,  et  facilite  grandement  les  soins  qu'on 
leur  donne,  surtout  lorsqu'ils  sont  jeunes. 

Un  Coq  ne  suffit  qu'à  douze  Poules,  pour  lesquelles  il  est 
rempli  d'égards  et  qu'il  défend  avec  fureur,  en  frappant 
l'agresseur  du  bec  et  surtout  des  pieds,  avec  lesquels  il 
donne  de  véritables  coups  d'assommoir. 

Les  Poules  sont  si  excellentes  couveuses,  qu'elles  meu- 
rent de  faim  sur  leurs  œufs,  si  on  ne  les  en  enlève  pas 
chaque  jour,  pour  les  faire  boire  et  manger.  Elles  soignent 
fort  bien  leurs  petits  jusqu'à  deux  semaines,  époque  où 
elles  les  quittent  pour  recommencer  à  pondre  ;  il  faut  alors 
les  donner  à  une  autre  couveuse,  qui  les  adopte  aisément 
lorsqu'on  les  glisse  sous  elle  à  la  tombée  de  la  nuit.  Sans 
cette  précaution,  les  Poulets  prennent  une  faiblesse  des 
jambes  qui  les  fait  périr  les  uns  après  les  autres,  et  ne 
vient  que  du  froid  qu'ils  éprouvent. 

En  été,  les  Poules  pondent  tous  les.  jours  pendant  dix- 
sept  à  vingt  jours,  puis  demandent  à  couver  pendant  un 


332      REV.    ET    MAG.    DE   ZOOLOGIE.   {Août  1860.) 

temps  égal  ;  en  hiver,  elles  ne  pondent  que  de  deux  jours 
l'un,  et  ne  demandent  à  couver  que  tous  les  trente  ou 
quarante  jours. 

Avantages  et  inconvénients. 
Les  Poules  de  Nankin  sont  les  meilleures  pondeuses  qui 
existent;  elles  pondent  et  couvent  pendant  toute  l'année, 
sans  jamais  être  arrêtées  que  par  la  mue,  ou  par  des 
froids  très-vifs ,  ainsi  que  le  montre  le  tableau  suivant 
indiquant  la  ponte  de  cinq  Poules  pendant  l'année  1858  : 

Janvier 80  œufs. 

Février 76 

Mars 34  mue. 

Avril 75 

Mai 72 

Juin 55  incubation. 

Juillet 39  incubation. 

Août 63 

Septembre 62 

Octobre 70 

Novembre 38  mue. 

Décembre 68 

732  œufs. 

Soit  146  œufs  par  Poule  et  par  an. 

Elles  sont  faciles  à  engraisser  et  atteignent  plus  de  poids 
qu'aucune  autre  espèce  ;  enfin ,  grâce  à  leur  douceur 
elles  sont  très-faciles  à  garder,  même  dans  les  plus  petii 
enclos. 

Le  seul  et  véritable  défaut  de  cette  belle  espèce  est  si 
paresse,  qui  la  rend  peu  apte  à  chercher  sa  nourriture  el 
l'expose  au  croisement  avec  toutes  les  espèces  plus  forte 
et  plus  agiles  qu'elle,  ce  qui  explique  son  abâtardissemei 
partout  où  on  la  laisse  se  mêler  avec  les  Poules  communes. 

La  Poule  de  Nankin  ne  sera  donc  jamais  la  Poule  des 
paysans;  mais  elle  est  une  ressource  inappréciable  poui 
tous  les  petits  ménages  des  villes,  ainsi  que  des  villages, 
qui,  ne  disposant  que  d'un  espace  restreint,  ne  peu- 
vent loger  des  Poules  communes,  et  tiennent  cependant 


TRAVAUX    INÉDITS.  333 

à  avoir  une  alimentation  saine  et  abondante  qui  ne  leur 
manquera  jamais  avec  cette  précieuse  espèce. 

Les  Poules  de  Nankin  craignent  énormément  l'humidité 
et  redoutent  les  froids  vifs  ;  elles  succombent  rapidement 
dans  les  poulaillers  humides  et  périssent  lorsqu'on  ne  les 
défend  pas  contre  les  grandes  gelées;  mais  il  en  arrive  de 
même  aux  espèces  communes,  qui  sont  cependant  moins 
délicates  qu'elles. 

Enfin  cette  intéressante  espèce  est  d'une  pureté  de  sang 
telle  que  je  n'en  ai  jamais  eu  des  individus  malades,  et  que 
tous  leurs  œufs  éclosent,  pour  ainsi  dire,  au  même  instant, 
comme  ceux  des  Oiseaux  sauvages.  Aucune  espèce  n'est 
plus  robuste  que  la  Poule  de  Nankin,  qui  ne  redoute  abso- 
lument que  l'humidité  et  le  froid  vif. 
Logement. 

Pour  garantir  les  Poules  contre  l'humidité,  on  met  à 
leur  disposition,  dans  la  basse-cour,  un  hangar  couvert  en 
planches  et  garni  de  sable  fin  dans  lequel  elles  aiment  à 
se  plonger  jusqu'au  cou  pour  se  débarrasser  des  poux  qui 
se  multiplient  rapidement  dans  leurs  plumes  molles  et 
soyeuses.  Comme  on  les  enferme  dans  le  poulailler  toutes 
les  fois  qu'il  gèle,  il  faut  qu'il  soit  assez  vaste,  sec,  bien 
aéré  et  garni  de  planches. 

Pour  vingt-quatre  Poules  et  deux  Coqs,  le  poulailler  aura 
5  mètres  de  large  sur  3  de  haut  et  10  de  long  ;  il  sera  par- 
tagé, au  milieu  et  sur  toute  sa  hauteur,  par  une  cloison  en 
planches  munie  d'une  porte  à  claire-voie. 

La  partie  tournée  vers  la  basse-cour  est  le  poulailler 
proprement  dit,  servant  de  pondoir  et  de  juchoir,  tandis 
que  l'autre,  qui,  seule  est  bien  éclairée,  sert,  en  hiver,  de 
promenoir  et,  en  été,  de  couvoir  et  de  salle  d'éducation 
pour  les  Poulets.  Le  poulailler  s'ouvre  sur  le  sol  de  la 
basse-cour  par  un  guichet  haut  et  large  de  (V,75  et  garni 
d'une  forte  porte  en  chêne,  afin  d'empêcher  les  rats  d'y 
pénétrer.  A  droite  s'élève  le  perchoir  placé  sous  un  angle 
de  45  degrés  et  garni  de  planchettes  larges  de  0m,10  et 


33k       REV.    ET  MAG.    DE    ZOOLOGIE.   (AoÛl  1860.) 

épaisses  de  0m,03,  sur  lesquelles  les  Poules  se  couchent  à 
plat,  car  elles  ne  peuvent  pas  percher  sur  des  baguettes 
arrondies  et  étroites  comme  celles  qu'on  donne  aux  Poules 
communes. 

On  ne  fait  pas  de  nids;  mais  on  garnit  le  sol  du  pou- 
lailler d'une  couche  de  paille  molle  profonde  de  0m,30  à 
0m,40 ,  dans  laquelle  on  creuse ,  du  côté  opposé  au 
perchoir,  quelques  trous  arrondis  où  l'on  dépose  un  œuf 
de  craie  qui  attire  aussitôt  les  pondeuses.  En  hiver,  on 
garnit  le  sol  du  promenoir  d'une  couche  de  paille  épaisse 
de  0m,25,  dans  laquelle  les  Poules  aiment  à  se  tenir  enfon- 
cées quand  le  froid  est  vif,  ce  qui  les  garantit  des  rhuma- 
tismes qui  paralysent  les  jambes  de  celles  qu'on  laisse 
courir  dehors  lorsqu'il  gèle.  Deux  fois  par  semaine  on 
ajoute  de  la  paille  fraîche  à  la  première  pour  ne  l'enlever 
qu'au  printemps,  en  sorte  qu'il  s'y  établit  une  fermenta- 
tion douce  qui  tempère,  dans  le  poulailler,  l'influence  du 
froid  de  l'atmosphère.  En  été,  par  contre,  on  doit  changer, 
tous  les  trois  jours,  la  paille  du  poulailler,  afin  d'empêcher 
la  multiplication  de  la  vermine.  Dans  un  coin  du  prome- 
noir, on  place  une  caisse  de  2  mètres  carrés,  profonde  de 
0m,30,  qu'on  remplit  de  sable  fin  et  de  petits  graviers  dans 
lesquels  les  Poules  aiment  à  se  vautrer. 

Il  est  essentiel  d'aérer  le  poulailler,  toutes  les  fois  que 
le  temps  le  permet;  il  faut,  en  été,  y  maintenir,  pendant 
le  jour,  un  courant  d'air  continuel ;  en  substituant  aux 
fenêtres  du  promenoir  des  châssis  garnis  en  toiles  métal- 
liques. 

Une  cour  de  500  mètres  carrés  suffit  à  vingt-cinq  Poules; 
elle  doit  être  inclinée  vers  le  sud  ou  le  levant,  de  manière 
à  ce  que  l'eau  n'y  séjourne  jamais.  C'est  dans  la  partie 
basse  qu'on  établit  le  fumier  sur  lequel  les  Poules  se  tien- 
nent presque  constamment.  Les  arbres  ne  valent  rien 
dans  la  basse-cour,  à  laquelle  ils  enlèvent  l'air  et  la  lumière; 
de  plus,  ils  servent  de  logement  aux  moineaux  pillards,  et 
souvent  aussi  d'embuscade  aux  oiseaux  de  proie.  Il  est 


TRAVAUX   INÉDITS.  335 

essentiel  que  le  sol  de  la  basse-cour  reste  nu,  afin  que  ses 
habitants  puissent  le  gratter  et  y  courir  sans  se  faire  mal 
aux  pattes,  ce  qui  arrive  infailliblement  lorsqu'on  le  pave 
ou  qu'on  le  dalle. 

Nourriture. 

On  alimente  les  adultes  avec  de  l'avoine,  du  maïs,  du 
sarrasin ,  du  son  et  des  pommes  de  terre  cuites,  auxquels 
on  ajoute,  en  été,  de  la  verdure  en  abondance.  L'avoine 
seule  peut  tenir  lieu  de  toute  autre  nourriture ,  parce 
qu'elle  échauffe  et  fortifie  les  volailles  sans  les  déranger 
comme  le  maïs  et  surtout  l'orge. 

La  verdure  à  préférer  est  la  laitue  et  l'oseille,  puis  aussi 
le  mouron  blanc  ;  il  faut  éviter  avec  soin  les  épinards,  qui 
causent  une  diarrhée  difficile  à  arrêter.  En  hiver,  on  rem- 
place le  vert  par  quelques  poignées  de  regain ,  sur  lequel 
les  poules  se  jettent  avidement. 

Pour  vingt-cinq  Poules,  on  donne,  chaque  matin,  un 
grand  baquet  de  0m,35  de  diamètre  sur  0",15  de  profon- 
deur, plein  de  gros  son  et  de  pommes  de  terre  cuites 
broyées  avec  le  moins  d'eau  possible,  de  manière  à  faire 
une  pâte  épaisse  et  consistante.  A  midi,  on  donne  un  ba- 
quet de  même  grandeur  plein  d'avoine  et  cinq  ou  six  lai- 
tues, ou  un  poids  égal  de  feuilles  d'oseille  quand  il  fait 
chaud.  Aux  mêmes  heures,  on  renouvelle  l'eau  des  ba- 
quets, qu'on  a  soin  d'abriter  contre  la  chaleur  et  la  pous- 
sière, afin  qu'elle  reste  aussi  fraîche  et  aussi  pure  que  pos- 
sible. 

Dans  les  pays  où  le  sol  n'est  pas  calcaire,  on  donne  aux 
Poules  cette  terre,  indispensable  à  la  formation  de  leurs 
os,  ainsi  que  de  la  coquille  de  leurs  œufs  ;  il  leur  en  faut, 
pour  vingt-cinq  têtes,  t  kilog.  par  mois.  On  emploie,  dans 
ce  but,  de  la  craie,  qu'on  concasse  en  morceaux  de  la 
grosseur  d'une  lentille,  qu'on  jette  dans  le  sable,  d'où  elles 
les  tirent  avec  le  plus  grand  soin. 
Multiplication 

Dans  l'Europe  centrale,  il  n'est  pas  prudent  de  mettre 


336      REV.    ET    MAG.    DE  ZOOLOGIE.  (Août  1860.) 

couver  avant  le  mois  de  mai  ni  après  celui  de  juin,  parce 
que  les  Poulets  souffrent  du  froid  ;  ils  ne  se  développent 
jamais  aussi  bien  qu'au  milieu  de  l'été,  et  ne  donnent  pas 
des  adultes  robustes  et  bien  conformés.  Pour  l'incuba- 
tion ,  il  est  essentiel  de  choisir  des  œufs  de  la  semaine  ; 
tous  éclosenl  alors;  il  en  manque  un  tiers  au  moins  quand 
ils  ont  quinze  jours,  et  on  n'est  plus  sûr  de  rien  quand  ils 
sont  plus  âgés  ;  les  jeunes  qui  en  proviennent  restent,  d'ail- 
leurs, toujours  chétifs.  Chaque  Poule  est  posée  doucement 
sur  12  œufs  rangés  au  fond  d'une  large  corbeille  bien 
garnie  de  foin  tassé  et  dressé  de  manière  à  ce  qu'il  y 
forme  une  surface  bien  molle  et  presque  plane.  Tous  les 
jours,  à  midi,  on  enlève  les  couveuses  de  dessus  leurs 
œufs,  afin  qu'elles  boivent,  mangent,  se  vident,  et  sur- 
tout se  roulent  dans  le  sable ,  afin  de  se  débarrasser  des 
poux  qui  les  tourmentent  beaucoup,  aussi  longtemps  que 
dure  l'immobilité  provoquée  par  l'incubation.  Elles  rega- 
gnent le  nid  dix  à  quinze  minutes  après  qu'on  les  en  a 
enlevées. 

L'éclosion  a  lieu  du  dix-neuvième  au  vingt  et  unième 
jour;  elle  est  presque  instantanée  pour  les  œufs  de  la  se- 
maine; elle  commence  vers  le  soir  et  s'achève  pendant  la 
nuit.  On  enlève  les  coquilles  d'œufs  dès  qu'elles  sont  li- 
bres, et  on  évite  soigneusement  d'aider  les  Poulets  lors 
de  l'éclosion,  tant  dans  la  ciainte  de  les  blesser  que 
parce  que  ceux  qui  n'ont  pas  la  force  de  rompre  leur  co- 
quille trahissent  une  faiblesse  constitutionnelle  qu'ils  con- 
servent toute  leur  vie. 

Dès  le  lendemain,  on  dispose  à  terre  un  lit  de  foin  bien 
mou  et  très-plat,  sur  lequel  on  transporte,  aussi  délicate- 
ment que  possible,  la  Poule  et  ses  petits,  auxquels  on 
donne,  douze  heures  après  leur  naissance,  un  œuf  cuit 
dur  et  haché  fin,  auquel  on  ajoute,  dès  la  première  se- 
maine de  leur  vie,  de  la  mie  de  pain.  A  partir  de  la  troi- 
sième semaine,  on  supprime  peu  à  peu  l'œuf  dur,  qu'on 
remplace  par  du  millet,  du  pain  trempé  dans  du  lait,  et, 


TRAVAUX   INÉDITS.  337 

plus  tard,  par  une  épaisse  bouillie  de  son  et  de  pommes 
de  lerre,  accompagnée  de  froment  et  de  sarrasin,  ou 
d'avoine. 

Les  Poulets  grandissent  très-vite  ;  mais,  comme  ils  ne 
s'emplument  que  lentement,  on  ne  les  laisse  sortir  qu'à 
un  mois  accompli,  et  seulement  durant  les  beaux  jours. 
Nous  rappellerons  ici  qu'il  faut  changer  la  mère  au  quin- 
zième jour,  afin  qu'ils  ne  prennent  pas  cette  faiblesse  des 
jambes  qui  les  fait  périr. 

Variétés. 

Si  la  Poule  de  Nankin  pure  a  une  robe  jaune  nankin,  les 
faisandiers  ont  trouvé  moyen  d'offrir  aux  amateurs  des 
Poules  dites  de  cette  espèce,  de  toutes  couleurs;  il 
y  en  a  de  blanches,  de  maillées,  de  grises  et  de  noires  ; 
ces  dernières  sont  les  plus  belles  et  les  plus  fertiles  de 
toutes.  Toutes  ces  couleurs  n'appartiennent  pas  à  la  Poule 
de  Nankin  ;  elles  proviennent  de  croisements  ;  aussi  dégé- 
nèrent-elles rapidement.  C'est  avec  un  Coq  de  Nankin  pur 
sang  et  une  Poule  commune  blanche  qu'on  obtient  les 
nankins  blancs;  les  noirs  avec  une  Poule  de  la  Flèche,  les 
maillés  avec  une  Poule  maillée,  et  ainsi  de  suite.  Nous  ne 
saurions  trop  mettre  en  garde  les  amateurs  sérieux  con- 
tre ces  croisements  qui,  vendus  à  des  prix  fabuleux,  peu- 
plent les  basses-cours  de  Poules  dégénérées,  et  quelque- 
fois peu  fécondes. 

Maladies. 

Depuis  trois  ans  que  nous  étudions  ces  Poules,  nous  ne 
connaissions  que  cette  faiblesse  des  jambes,  qui  attaque 
les  Poulets  lorsqu'à  la  deuxième  semaine  la  mère  les 
quitte,  et  qu'on  n'a  pas  la  précaution  de  la  remplacer  par 
une  autre.  Quelquefois  cependant  il  arrive  qu'un  Poulet  a 
l'air  triste  et  abattu  ;  il  suffit  de  lui  faire  avaler  trois  grains 
de  poivre  pour  le  rétablir  aussitôt. 
Ennemis. 

Outre  les  Oiseaux  de  proie,  contre  lesquels  il  n'y  a  de 
remède  que  le  fusil,  les  Poules  de  Nankin  n'ont  d'ennemis 


338      REV.    ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.  [Août  1860.) 

que  les  Rats,  qui  font,  dans  les  basses-cours,  d'incalculables 
ravages  ;  aussi  ne  saurait-on  leur  faire  une  chasse  assez 
active.  Pour  donner  une  idée  de  leur  voracité,  nous  di- 
rons que  les  9  Poulets  qui  manquent  dans  notre  Balance 
ont  été  mangés  par  un  seul  Rat,  qui  en  enleva  une  nuit  1, 
la  nuit  suivante  3,  puis  3,  et  enfin  2.  Ce  brigand  fuyait  et 
les  chats  et  les  pièges;  qu'y  faire?  A  force  de  chercher, 
nous  découvrîmes  la  cachette  où  il  avait  entassé  le  corps 
des  9  Poulets  dont  il  n'avait  mangé  que  les  intestins;  nous 
en  ôtâmes  8  et  saupoudrâmes  l'intérieur  du  dernier  avec 
une  pincée  de  nitrate  de  strychnine  en  poudre  fine;  le 
lendemain  matin,  le  surmulot  était  étendu  roide  mort  sous 
le  bec  même  de  la  pauvre  mère,  à  laquelle  il  cherchait  à 
faire  un  nouveau  vol.  Les  Rats  sont  les  plus  terribles  en- 
nemis des  volailles ,  aussi  ne  saurait-on  trop  les  traquer  et 
les  détruire;  mais  l'usage  du  poison,  qui  en  est  le  plus 
sûr  et  le  plus  actif  moyen  de  destruction,  est  tellement 
dangereux,  que  je  n'oserais  jamais  le  conseiller  à  des 
hommes  peu  habitués  à  manier  d'aussi  terribles  sub- 
stances. 

Balance. 
Pendant  l'année  1858,  5  Poules  et  1  Coq  ont  consommé, 
avec  les  39  poulets,  ceux  ci  seulement  pendant  3  mois, 
soit  en  5,700  jours  : 

244  kilog.  de  son 39  fr.  05  c. 

378  kilog.  d'avoine 86        00 

22  kilog.  de  millet 17        60 

319  kilog.  de  sarrasin 60        50 

160  kilog.  de  pommes  de  terre 9        00 

84  œufs  (1) 4        20 

Loyer  du  poulailler 6       00 

Total 222       35 

Elles  ont  produit 

732  œufs  à  60  centimes  la  douzaine 36  fr.  60  c. 

39  poulets  à  5  francs  l'un 195        00 

Ensemble 231        60 

(1)  Sur  ces  84  œufs,  48  ont  été  couvés  et  36  out  servi  à  l'alimen- 
tation des  Poulets. 


TRAVAUX    INÉDITS.  339 

Ce  qui  laisse  un  bénéfice  net  de  9  fr.  25  c. 
Conclusion. 

Dans  son  excellent  Traité  de  la  Basse-cour,  M.  le  baron 
Peers  fixe  à  100  grammes  d'avoine,  par  tête  et  par  jour,  la 
ration  de  production  de  la  Poule  commune  ;  en  conver- 
tissant en  leur  équivalent  d'avoine  tous  les  aliments  four- 
nis à  nos  Poules,  nous  trouvons  que  la  ration  de  produc- 
tion des  Poules  de  Nankin  est  exactement  double,  c'est-à- 
dire  qu'elle  est,  en  moyenne,  de  200  grammes  par  tête  et 
par  jour. 

Considérations  sur  les  oeufs  des  oiseaux  , 
par  A.  Moquin-Tandon. 

Voir  le  commencement  de  ce  travail,  vol.  XI,  1859, 
p.  4-14  et  469,  et  vol.  XII,  1860,  p.  11,  57. 

Quand  on  examine  au  microscope  les  teintes  variées  des 
œufs  unicolores,  on  reconnaît  que  la  matière  colorante 
von  pure  est  composée  d'un  grand  nombre  de  cellules 
extrêmement  petites.  Ces  cellules  paraissent  un  peu  allon- 
gées. Elles  m'ont  offert,  dans  le  Héron  pourpré,  environ 
0,nm,i2  de  grand  diamètre,  et  dans  le  Rossignol,  environ 
0mm,28.  Leur  volume  est  donc  beaucoup  plus  grand  que 
celui  des  globules  sanguins  de  la  Poule  (1). 

On  voit  très-bien  ces  cellules  en  raclant  légèrement  un 
œuf,  en  plaçant  la  poussière  obtenue  sous  l'objectif  d'un 
bon  microscope  et  en  mettant  dessus  une  goutte  d'acétique. 
La  matière  calcaire  est  aussitôt  dissoute  et  les  cellules  se 
montrent  isolées. 

Dans  l'intérieur  des  cellules  dont  il  s'agit,  on  découvre 
des  granules  d'un  diamètre  extrêmement  petit.  N'ayant 
pas  de  micromètre  sous  la  main,  je  n'ai  pas  pu  les  mesurer. 

§  3.  Œufs  tachetés  (2).  —  Les  œufs  tachetés  sont  plus 
nombreux  que  les  blancs  et  les  unicolores  réunis.  On  l'a  vu 
plus  haut. 

(1)  Ces  globules,  dans  la  Poule,  présentent,  en  moyenne,  0m'",0i22. 

(2)  Quœdam  sunl  picta,  tel  ova  Pirarum  et  Cornicum,  Albert 
Magn.,  opéra,  t.  VI,  p.  189. 


340      REV.   ET    MAG.   DE   ZOOLOGIE.  (Août  1860.) 

La  quantité  de  taches  qui  les  couvrent  paraît  extrême- 
ment variable;  elle  n'est  en  rapport  avec  le  volume  de  la 
coque  que  d'une  manière  très-générale  ;  car  il  existe  des 
œufs  très-grands,  peu  tachetés,  et  des  œufs  petits  à  taches 
fort  nombreuses.  Par  exemple,  celui  du  Larus  argentatus, 
qui  a  près  de  8  centimètres  de  grand  diamètre,  ne  pré- 
sente quelquefois  qu'une  vingtaine  de  maculations;  tan- 
dis que  celui  du  Tetrao  lagopus,  qui  dépasse  à  peine  la 
moitié  de  ce  même  diamètre,  peut  en  offrir  plus  de  mille. 

La  grosseur  des  taches  augmente  ordinairement  avec  le 
volume  de  l'œuf;  cependant  il  existe  des  coques  grandes 
à  mouchetures  très-petites  (  Fulica  atra)  et  des  coques  pe- 
tites à  maculations  très-grandes  {Strepsilas  collaris). 

Tout  le  monde  sait  que  chez  les  Mammifères,  au  mo- 
ment de  la  reproduction,  le  sang  se  porte  en  si  grande 
abondance  vers  les  organes  génitaux,  qu'il  en  résulte  un 
suintement  ou  écoulement  plus  ou  moins  appréciable. 
Chez  les  Oiseaux,  à  la  même  époque,  il  y  a  aussi  un  afflux 
de  sang  très-prononcé.  Leur  oviducte  se  trouve  dans  une 
sorte  d'état  quasi  inflammatoire.  On  a  cru  que  l'excès  de 
ce  fluide,  déposé  sur  l'œuf,  dans  les  derniers  temps  de  sa 
formation  et  lors  de  sa  ponte,  produisait  les  taches  qui 
ornent  ce  dernier.  On  a  dit  que  ces  taches  n'étaient  autre 
chose  que  du  sang  veineux  devenu  inutile.  Voilà  pourquoi, 
a-t-on  ajouté,  elles  ne  présentent  que  des  teintes  qui 
naissent  toutes  soit  de  la  dessiccation  du  sang  ou  de  son 
mélange  avec  de  la  matière  calcaire  ou  de  la  mucosité, 
soit  de  sa  décomposition,  c'est-à-dire  de  sa  conversion  en 
humeur  putride,  en  ichor  et  même  en  véritable  pus  (Carus). 
Le  sang  dont  il  s'agit  passe  du  pourpre  au  brun-foncé, 
au  brun-noir,  au  brun-clair,  au  jaune-roux,  au  jaune  pâle, 
au  vert-jaunâtre,  au  vert-bleuâtre,  au  vert-obscur.  On  a 
expliqué  ainsi  comment  toutes  les  couleurs  primitives  sont 
exclues;  car  on  ne  trouve  jamais  de  taches  d'un  rouge 
pur,  d'un  jaune  pur,  ni  d'un  bleu  pur! 

Guettait!,  Manesse,  Parkinje  et,  plus  lard,  MM.  Carus, 


TRAVAUX   INÉDITS.  341 

Thienemann  et  des  Murs  ont  appelé  l'attention  des  orni- 
thologistes sur  cette  origine  de  la  coloration  des  œufs, 
laquelle,  du  reste,  paraît  fort  ancienne  ;  car  mon  savant 
ami  M.  J.  Geoffroy-Saint-Hilaire  me  Ta  montrée  dans 
Aristote.  Ce  grand  naturaliste  a  écrit  :  Color  (ovorum)  se- 
cernitur  à  sanguine  (1)  (!). 

Cette  théorie  de  la  maculation  des  œufs,  au  premier 
abord,  paraît  très-ingénieuse  et  très-vraisemblable.  Cepen- 
dant elle  ne  repose  que  sur  une  apparence.  Dans  l'état 
actuel  de  la  science,  on  ne  saurait  la  soutenir.  Déjà,  du 
reste,  on  avait  émis  quelques  doutes  à  son  égard  (Gerbe); 
on  l'avait  même  regardée  comme  une  hypothèse  (  Berge  ). 

1°  J'ai  examiné,  au  microscope,  plusieurs  taches,  parti- 
culièrement celles  dont  la  couleur  ressemble  le  plus  au 
sang  desséché.  Je  n'y  ai  point  trouvé  de  globules  sanguins! 
(Les  globules  des  Oiseaux  sont,  comme  on  sait,  asez  gros 
et  d'une  forme  ellipsoïde).  M.  Leconte,  qui  s'est  livré, 
dernièrement,  à  la  même  recherche,  n'a  pas  été  plus  heu- 
reux que  moi;  il  a  obtenu  aussi  un  résultat  négatif. 

Immédiatement  après  la  ponte,  on  voit,  parfois,  sur  les 
œufs  tachetés  ou  non  tachetés  (même  sur  les  blancs),  des 
impressions  linéaires  plus  ou  moins  sinueuses,  d'un  rouge 
pourpre  assez  vif.  Ces  dépôts  sont  formés  par  du  sang 
pur,  suivant  la  juste  remarque  de  M.  Thienemann;  ils 
ont  été  faits  au  moment  même  de  l'accouchement  et  par 
suite  des  efforts  de  l'organe  traversé.  J'ai  étudié  trois  de 
ces  stries  ;  la  première  sur  un  œuf  de  Guillemot^  la  seconde 
sur  un  œuf  de  Perdrix  et  la  troisième  sur  un  œuf  de  Poule. 
Dans  toutes,  j'ai  reconnu,  plus  ou  moins  nettement,  quoi- 
que déformés  parla  dessiccation,  les  globules  caractéristi- 
tiques  des  oiseaux. 

L'absence  des  globules  dont  il  s'agit  dans  les  taches 
ordinaires  suffirait  seule  pour  renverser  la  théorie  de  la 
maculation  par  du  sang  veineux  extravasé. 

2°  M.  Scriba  a  découvert  un  procédé  nouveau  très- 

(1)  De  generalione,  III.  1. 


34*2       REV.    ET   MAG.    DE    ZOOLOGIE.    (Août  1860.) 

simple,  publié  par  M.  Virschow,  pour  reconnaître  la  nature 
du  sang  desséché.  Ce  procédé  consiste  à  faire  bouillir  les 
taches,  supposées  sanguines,  avec  de  l'acide  acétique 
cristallisable  et  à  évaporer  ensuite  à  la  température  de 
-h  40°  à  50°.  On  obtient  ainsi  des  cristaux  d'une  matière 
colorante  particulière  (hémine)  dont  l'existence  est  un  des 
caractères  du  fluide  sanguin. 

M.  Leconte  a  bien  voulu,  à  ma  prière,  examiner  les 
taches  de  plusieurs  œufs;  il  n'a  jamais  réussi  à  obtenir  des 
cristaux. 

3°  M.  Leconte  a  traité  la  matière  colorante  des  taches 
comme  celles  des  œufs  unicolores.  Il  a  opéré  sur  des 
coques  de  Ganga,  de  Caille  et  de  Crécerelle. 

L'action  de  l'acide  acétique  sépare  d'abord  de  la  coque 
les  taches  grandes  et  petites  sans  les  déformer  ;  on  les 
voit  flotter  dans  le  liquide. 

Ces  taches,  soumises  ensuite  au  même  traitement  que  la 
couleur  des  œufs  unicolores ,  ont  donné  des  résultats 
identiques.  Le  principe  colorant  s'est  séparé  de  la  matière 
albuminoïde  avec  laquelle  il  est  combiné  et  s'est  présenté 
comme  un  corps  soluble,  dont  il  a  été  possible  de  modifier, 
de  changer  la  teinte  et  puis  de  la  rétablir  (Leconte  . 

Il  est  donc  permis  de  conclure  que,  comme  les  teintes 
unicolores,  les  taches  sont  composées  de  chromine,  mais 
d'une  chromine  plus  abondante,  plus  foncée  et  déposée 
par  portions  circonscrites,  plus  ou  moins  inégales. 

Cette  découverte  de  M.  Leconte  me  parait  d'une  grande 
importance. 

Lorsque  l'œuf  traverse  l'oviducte,  il  presse,  en  chemi- 
nant, les  cryptes  gorgées  de  matière  colorante  qui  tapissent 
ses  parois  et  détermine  ainsi  la  formation  des  taches.  On 
a  vu,  dans  le  paragraphe  précédent,  qu'un  enduit  comme 
gélatineux  s'oppose  à  ce  dépôt,  dans  les  œufs  unicolores 
(  du  moins  dans  une  grande  partie  ).  Les  gouttelettes  de 
substance  sécrétée  s'impriment  d'autant  mieux  sur  la  co- 


TRAVAUX    INÉDITS.  343 

r 

quille  que  celle-ci  est  plus  mate,  plus  poreuse  et  plus 
perméable  (des  Murs). 

La  grosseur  et  le  nombre  des  gouttelettes,  la  force  et 
l'inégalité  de  la  pression,  la  lenteur  ou  la  rapidité  du  pas- 
sage, le  mouvement  en  ligne  droite  ou  en  zigzag,  doivent 
exercer  une  influence  prononcée  sur  l'étendue  des  taches, 
sur  leur  quantité,  sur  leur  intensité  et  sur  leur  forme. 

La  figure  dominante  de  ces  maculations  est  la  figure 
irrégulièrement  arrondie.  On  dirait  une  goutte  ou  goutte- 
lette de  liqueur  colorée  un  peu  épaisse,  écrasée  et  souvent 
un  peu  refoulée  d'avant  en  arrière.  On  a  comparé  ces  dé- 
pôts tantôt  à  des  éclaboussures,  tantôt  à  des  larmes  dont 
la  pointe  serait  constamment  dirigée  vers  le  gros  bout 
(des  Murs).  Ces  deux  comparaisons  sont  fort  exactes 
dans  un  grand  nombre  de  cas.  M.  Leconte  a  remarqué 
que  les  bords  des  maculations,  dans  celles  qui  sont  fon- 
cées, comme  dans  les  pâles,  paraissent  presque  toujours 
nettement  accusés.  Ils  ne  sont  pas  effacés,  dans  un  sens 
ou  dans  un  autre,  comme  le  serait  une  goutte  de  liqueur 
colorée,  déposée  sur  un  corps  solide  qui  subirait  la  pres- 
sion et  le  frottement  d'un  autre  corps.  Sur  l'œuf  du  Pin- 
son, les  taches  semblent  souvent  fondues,  mais  tout  au- 
tour, c'est-à-dire  pas  plus  en  arrière  qu'en  avant.  Il  est 
aisé  de  reconnaître  que  le  frottement  n'y  est  pour  rien. 

M.  ïhienemann  distingue  trois  degrés  différents  de 
maculation,  les  taches  pâles,  les  taches  médiocrement  co- 
lorées et  les  taches  très-foncées.  Ce  savant  oologiste  re- 
garde ces  taches  comme  répondant  à  trois  périodes  dans 
le  dépôt  de  la  couleur. 

Les  taches  les  plus  faiblesont  été  déposées  les  premières. 
Leur  couleur  paraît  grisâtre,  cendrée,  bleuâtre  ou  viola- 
cée. Celte  teinte  est  due,  en  partie,  à  une  légère  couche 
de  matière  calcaire  qui  les  recouvre  et  les  affaiblit.  Aussi 
peut-on  rendre  ces  taches  plus  vives  et  plus  foncées  en 
les  grattant  légèrement,  c'est-à-dire  en  enlevant  l'enduit 
déposé  par-dessus  (Thienemann). 


34-4      REV.   ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.    (Août  1860.) 

Je  viens  de  racler  avec  un  canif,  sur  un  œuf  de  Draine, 
plusieurs  des  taches  pâles,  d'un  gris  violacé,  qui  le  carac- 
térisent ;  elles  ont  pris  la  teinte  marron  foncé  des  autres 
taches  du  même  œuf. 

Lors  de  l'apparition  des  secondes  taches,  la  matière  de 
la  coque  est  encore  assez  impressionnable  et  la  couleur  peut 
s'y  fixer  avec  solidité.  Celles-ci  ne  sont  pas  recouvertes 
par  un  enduit  calcaire;  aussi  conservent- elles  une  partie 
de  leur  vivacité. 

Quant  aux  troisièmes  taches,  elles  sont  produites  lors- 
que la  coque  a  acquis  tout  son  développement  et  toute  sa 
consistance  ;  elles  pénètrent  fort  peu  dans  la  substance  de 
la  coquille  ;  et,  sur  certains  œufs,  elles  sont  tellement  su- 
perficielles, qu'on  peut  les  enlever  en  les  frottant  légère- 
ment, surtout  si  l'on  agit  avec  un  linge  mouillé.  Ces  der- 
nières taches  sont  d'un  brun  plus  ou  moins  sombre,  tirant 
quelquefois  sur  le  noir  (1).  M.  Fairmaire  a  constaté  que 
les  petites  taches  assez  foncées  des  œufs  du  Loriot  sont 
fort  peu  adhérentes  à  la  coque.  L'abbé  Manesse  prétend 
que,  sur  les  échantillons  couvés,  les  taches  s'enlèvent  plus 
rapidement. 

On  peut  laver  ces  taches  avec  facilité  quand  l'œuf  vient 
d'être  pondu,  il  n'en  est  pas  de  même  lorsqu'il  est  déjà 
ancien;  mais  on  y  réussit  alors  en  employant  l'eau  chaude 
(  Guillemots,  Pingouins).  On  assure  que  les  grosses  taches 
presque  noires  de  la  Mouette  rieuse  et  du  Vanneau  dispa- 
raissent quand  on  les  frictionne  avec  de  l'eau  chaude  et 
du  sable  fin  (Berge). 

On  a  remarqué  que  les  taches  les  plus  faibles  sont  dues 
quelquefois  à  une  quantité  moins  abondante  et  plus  dé- 
layée de  matière  colorante  (des  Murs),  laquelle  produit 
de  fausses  taches.  D'où  il  résulte  que  certaines  empreintes 
fauves,  roussâtres,  jaunâtres  et  nankin  se  trouvent  à  la 
surface,  comme  les  noirâtres  ou  les  brunes.  Cela  est  très- 

(i)  Variis  pterumque  coloribus  vel  super ficiariis  vel  in  fundo 
subsidentibus  et  mixtis,  Klein,  Ova  avium,  p.  4. 


TRAVAUX     INÉDITS.  345 

exact.  Mais  les  taches  violacées,  les  bleuâtres,  les  cendrées, 
les  grises  et  les  grisâtres  sont  généralement  des  dépôts  de, 
matière  colorante,  recouverts  par  une  mince  couche  de 
chaux,  ou  bien  mélangés  avec  cette  dernière.  En  grattant 
plusieurs  de  ces  taches,  ainsi  que  je  l'ai  rapporté  plus 
haut,  on  fonce  leur  nuance.  D'un  autre  côté,  j'ai  réussi  à 
reproduire  artificiellement  ces  taches  faibles,  en  déposant, 
sur  du  papier  coloré  avec  du  bistre  ou  du  brun  rouge, 
une  certaine  quantité  de  plâtre  fin.  J'ai  mêlé  aussi  du 
blanc  de  plomb  ou  du  blanc  d'argent  avec  ces  mêmes  cou- 
leurs et  obtenu  des  résultats  exactement  semblables.  Je 
pense  donc  que  le  dépôt  de  la  matière  colorante  a  lieu 
généralement  en  plusieurs  périodes  ;  le  plus  souvent  en 
trois,  comme  l'admet  M.  Thienemann.  Je  reconnais  seule- 
ment que  ce  ne  sont  pas  uniquement  les  taches  très-fon- 
cées qui  appartiennent  au  dernier  dépôt.  Il  y  en  a  aussi 
de  faibles  ou  dégradées,  appliquées  en  même  temps  que 
les  brunes  ou  les  noirâtres  et,  par  conséquent,  superfi- 
cielles comme  ces  dernières. 

Dans  la  forme  des  taches  (1),  on  peut  signaler  trois  types 
principaux  :  les  maculations  ou  taches  larges,  les  traits  ou  ta- 
ches étroites,  et  les  points  ou  taches  extrêmement  petites. 

Les  maculations  sont  arrondies  ou  anguleuses,  le  plus 
souvent  irrégulières  et  groupées  confusément  (Mouettes  ). 
Quelques-unes  présentent  une  certaine  étendue.  Dans 
l'œuf  du  Pluvier  doré,  leur  grand  diamètre  atteint  déjà 
8  millimètres;  dans  le  Pingouin  ordinaire,  il  en  acquiert 
jusqu'à  10;  dans  le  Gypaète,  il  dépasse  12.  J'en  ai  mesuré 
une,  dans  un  œuf  de  ce  dernier  oiseau,  qui  en  offrait  près 
de  15.  J'en  ai  vu  une  autre,  dans  un  œuf  de  Grus  leuco- 
geranos,  qui  en  mesurait  24. 

Les  maculations  de  grandeur  moyenne,  du  moins  dans 
les  œufs  tachetés  d'Europe,  présentent  un  grand  diamètre, 
de  2  à  3  millimètres.  Quand  elles  sont  plus  grosses,  cela 

(1)  Mirabiliter  picta,  maculata,  marmorata,  lineata,  punc- 
lala,  Klein,  Ova  avium,  p.  4. 

2»  sérik.  t.  xii.  Année  1860.  23 


3kt)      REV.   ET  MAG.   DE  ZOOLOGIE.    (Août   1860.) 

tient  presque  toujours  à  ce  qu'il  y  en  a  deux  ou  trois  et 
même  quatre  de  fondues  ensemble. 

Les  traits  sont  des  lignes  plus  ou  moins  fines,  d'épais- 
seur égale  ou  inégale  dans  toute  leur  étendue.  Ces  lignes 
sont  rarement  droites,  mais  arquées,  sinueuses  ou  dispo- 
sées en  zigzag  [Bruants).  L'œuf  le  plus  remarquable,  à  ma 
connaissance,  sous  le  rapport  de  leur  nombre,  est  celui  du 
Jacana  commun,  oiseau  de  l'Amérique  australe,  particu- 
lièrement de  la  Guyane  et  du  Brésil.  Qu'on  se  figure  un 
lacis  inextricable  de  lignes  nombreuses  entortillées,  qui 
semblent  faites  à  la  plume. 

Les  traits  ne  paraissent  pas  fort  longs.  Il  est,  du  reste, 
assez  difficile  de  les  mesurer,  parce  que,  comme  je  viens 
de  le  dire,  ils  ne  sont  presque  jamais  en  ligne  droite. 
Chez  le  Proyer,  ils  atteignent  au  plus  5  ou  6  millimètres. 
Chez  YUria  Kringvia,  j'en  ai  trouvé  qui  en  avaient  une 
vingtaine.  M.  Thienemann  a  publié  la  figure  d'un  œuf 
de  ce  dernier  oiseau,  sur  laquelle  on  observe  une  ligne 
(peut-être  exagérée)  qui  en  offre  plus  de  30.  Dans  un  œuf 
de  grand  Pingouin,  qui  faisait  partie  de  la  collection  de 
feu  Thiébaut  de  Berneaud,  j'ai  remarqué  un  zigzag  bru- 
nâtre qui,  déroulé,  aurait  offert  près  de  50  millimètres. 
Dans  un  œuf  de  Plongeon  imbrim,  à  fond  très-clair,  re- 
présenté par  M.  Thienemann  (1),  on  voit  un  autre  trait 
qui,  étendu,  serait  plus  long  que  l'œuf. 

On  a  regardé  les  impressions  sinueuses  comme  les  traces 
des  vaisseaux  producteurs.  Cette  explication  ne  peut  être 
admise.  Je  suis  tenté  de  croire  qu'elles  sont  l'effet  de  la 
marche  tortueuse  de  l'œuf  dans  l'oviducte. 

Les  points  sont  plus  ou  moins  petits,  tantôt  pâles,  tan- 
tôt foncés;  quelquefois  si  rapprochés,  qu'ils  laissent  à  peine 
apercevoir  le  fond  de  la  coquille  (Alouette);  d'autres  fois, 
au  contraire,  si  distincts,  qu'ils  font  ressortir  la  coloration 
de  ce  dernier  [Foulque). 

(1)  Fortpflanzungsgesch.,  Vog.,  pi.  VIC,  tig.  3a. 


TRAVAUX   INÉDITS.  347 

Chez  certains  Oiseaux,  les  points  ressemblent  à  des 
taches  de  rousseur  (1)  ;  chez  plusieurs,  ils  sont  réduits 
à  un  quart  ou  à  un  cinquième  de  millimètre  de  diamètre. 
J'en  ai  vu  qui  pouvaient  passer  pour  microscopiques. 

Sur  quelques  œufs,  les  points  sont  produits  par  une 
certaine  quantité  de  matière  colorante,  qui  s'est  accumu- 
lée dans  les  pores  très-ouverts  de  la  coquille.  Je  citerai, 
comme  exemple,  l'œuf  de  la  Pintade.  Dans  un  échantillon 
de  cet  œuf,  de  taille  ordinaire,  un  de  mes  élèves  a  compté 
1,257  points.  Les  plus  gros  avaient  à  peu  près  un  demi- 
millimètre  de  diamètre. 

Les  trois  sortes  de  taches  que  je  viens  de  décrire  varient 
sons  le  rapport  du  nombre  et  de  la  distribution.  Elles  sont 
généralement  accumulées  vers  le  gros  bout,  où  elles  pro- 
duisent quelquefoisuneespècedeguirlande  ou  de  couronne. 
Cette  guirlande  forme  un  cercle  à  l'endroit  du  plus  grand 
diamètre  vertical.  La  partie  de  l'œuf  correspondante  a 
pressé  plus  fortement  dans  son  passage  les  parois  et  les 
cryptes  colorantes  del'oviducte  (2).  C'est  à  cause  de  cela 
que,  sur  les  œufs  allongés  ou  cylindroïdes(ceux  de  Gangas, 
par  exemple  (3)  ),  il  existe  si  rarement  une  couronne.  C'est 
pour  cela  encore  qu'on  ne  trouve  presque  jamais  de  taches 
aux  deux  pôles  de  l'œuf,  surtout  au  milieu  du  gros  bout. 

Les  maculations,  les  lignes  et  les  points  peuvent  exister 
simultanément  dans  le  même  œuf.  Sur  un  échantillon  de 
Larus  fuscus,  j'ai  compté  88  maculations  (de  2  à  10  milli- 
mètres de  grand  diamètre)  et  64  points  (de  1  millimètre  de 

(1)  Willughby  décrit  de  la  manière  suivante  les  œufs  de  la  Poule 
d'Inde  :  Ova  alba  sunt,  maculis  ex  flavo  sordide  rubentibus,  cre- 
brisvelut  lentigine  quadam  aspersa.  Ornith.,  p.  113. 

(2)  La  couronue  est  ordinairement  un  peu  en  arrière  de  la  partie 
bombée;  elle  s'est  appliquée,  par  conséquent,  non  pas  au  moment 
même  de  la  pression,  mais  immédiatement  après  qu'elle  a  eu  lieu. 

(3)  Sur  19  œufs  de  Plerocles  selarius ,  apportés  d'Algérie  par 
MM.  Hutin,  L.  Raymond  et  Mares,  un  seul  offrait  une  couronne  im- 
parfaite. Sur  29  de  la  même  contrée,  donnés  par  M.  Delage  à  M.  Flo- 
rent Prévôt,  on  n'en  voyait  aucune. 


348      REV.  ET   MAG.  DE    ZOOLOGIE.    (Août  1860.) 

diamètre  et  au-dessous).  Sur  un  œuf  de  Lumme,  il  y  avait 
49  maculations  (de  2  à  8  millimètres)  et  39  points  (de  1  mil- 
limètre et  au-dessous).  Dans  une  coque  de  Milan,  j'ai 
observé  46  maculalions  (de  3  à  5  millimètres),  11  traits 
un  peu  épais  (de  3  à  8)  et  27  points  (  de  1  millimètre  et  au- 
dessous).  Enfin,  dans  un  œuf  de  grand  Plongeon,  j'ai  vu 
49  maculations  (  de  2  à  15  millimètres),  36  lignes  assez 
grêles  (de  8  à  35)  et  5  points  (de  2  et  au-dessous). 

Les  maculations,  les  lignes  et  les  points  se  recouvrent 
plus  ou  moins,  surtout  quand  ils  sont  nombreux;  mais  on 
observe  alors,  presque  toujours,  qu'ils  appartiennent  à  des 
ordres  de  coloration  différents,  c'est-à-dire  que  ceux  du 
second  dépôt  empiètent  sur  ceux  du  premier,  et  que  ceux 
du  troisième  passent  par-dessus  ceux  du  premier  et  du 
second  (1);  souvent,  tous  ces  dépôts  sont  si  abondants  et 
les  taches  si  rapprochées,  que  ces  dernières  se  confondent 
et  que  la  coloration  tend  à  devenir  uniforme.  Je  possède 
un  œuf  de  Catharte,  orné  de  mouchetures  brunes,  fines, 
si  nombreuses  et  si  serrées,  que  l'œil  le  plus  exercé  aurait 
beaucoup  de  peine  à  les  compter.  Il  y  a  des  Oiseaux,  chez 
lesquels  cette  demi-fusion  est  à  peu  près  habituelle.  Tels 
sont  le  Hobereau,  YÉmerillon,  la  Crécerelle,  la  Crécerine, 
le  Geai,  la  Poule  d'eau  Bâillon... 

Les  taches  des  œufs  reposent  tantôt  sur  un  fond  blanc, 
tantôt  sur  un  fond  coloré.  Dans  le  premier  cas,  ces  taches 
sont  ordinairement  peu  nombreuses  et  assez  faibles  (Spa- 
tule). Parmi  les  Oiseaux  d'Europe,  nous  trouvons  cependant 
le  Loriot,  qui  présente  une  exception  à  cette  règle.  Ses 
œufs  sont  blancs,  avec  de  petites  mouchetures  d'un  brun 
noir. 

Dans  le  second  cas,  la  couleur  du  fond  ressemble  plus 
ou  moins  à  celle  des  œufs  unicolores  ;  elle  est  produite, 
comme  chez  ces  derniers ,  par  une  sécrétion  particulière 
et  non  par  du  sang  déposé  ;  mais  alors,  je  le  répète,  l'en- 

(1)  Cet  empiétement  confirme  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  sur  le  dépôt 
des  taches  en  plusieurs  périodes. 


TRAVAUX   INÉDITS.  349 

doit  glutineux  dont  j'ai  parlé  plus  haut  n'existe  pas,  et  la 
coque  est  toujours  plus  ou  moins  mate. 

Les  œufs  les  plus  foncés  des  oiseaux  d'Europe  sont  ceux 
des  Plongeons,  dont  le  fond  est  chocolat  (l). 

Les  derniers  œufs  d'une  ponte  présentent  des  taches 
plus  faibles  que  les  premiers,  la  matière  colorante  s'épui- 
sant  peu  à  peu.  Lapierre  fait  observer,  très-justement, 
que  les  œufs  des  Rapaces  qui  tirent  sur  le  rouge  dimi- 
nuent de  teinte  à  proportion  qu'ils  sont  pondus;  de  sorte 
que  quelquefois  le  dernier  est  simplement  roussàtre  ou 
bien  blanchâtre,  piqueté  de  rouge  clair.  Cela  est  très- vrai, 
surtout  pour  la  Crécerelle.  Ses  premiers  œufs  sont  rouges, 
maculés  de  brun,  à  taches  plus  ou  moins  confondues; 
ceux  qui  viennent  après  n'ont  plus  que  des  taches  cou- 
leur de  rouille,  déjà  moins  rapprochées  ;  enfin  ceux  qui 
suivent  sont  blanchâtres,  mouchetés  de  roussàtre.  J'ai  vu 
un  œuf  de  Catharte  presque  blanc.  On  sait  que  sa  livrée 
normale  est  à  peu  près  celle  de  l'œuf  de  la  Crécerelle. 

M.  des  Murs  a  reconnu  que,  chez  les  Oiseaux  qui  don- 
nent plusieurs  pontes  par  année,  les  œufs  de  la  dernière 
sont  moins  colorés  que  ceux  des  précédentes. 

Le  Moineau  femelle,  élevé  en  domesticité,  par  madame 
Guérin-Méneville,  dont  j'ai  parlé  ailleurs,  qui  a  pondu  dans 
quatre  saisons  147  œufs  clairs,  offrait  les  mouchetures  vio- 
lacées habituelles,  plus  petites  que  d'ordinaire.  Dans  un 
quart  de  ces  œufs,  dans  37,  le  nombre  de  ces  mouche- 
tures était  moins  considérable  et  leur  couleur  très-affaiblie. 

Dans  les  collections  un  peu  anciennes,  les  taches  se  mo- 
difient. Les  plus  rouges  deviennent  d'un  brun  sale,  plus  ou 
moins  grisâtre.  Ce  changement  est  très-remarquable  dans  les 
œufs  du  Catharte,  de  la  Crécerelle  (2)  de  YEmerillon,  du  Ho- 

(1)  Maculé  de  brun  noir. 

(2)  Les  œufs  de  la  Crécerelle  représentés  par  Polydore  Roux,  dans 
son  Ornithologie  provençale,  1. 1,  pi.  C,  fig.  4,  sont  des  œufs  auciens. 
Il  en  est  de  même  des  œufs  de  Balbuzard  et  d'Epervier  figurés  par 
M.  Thienemann,  System.  Darst.  Forlpfl.,  pi.  11,  fig.  3,  5. 


350     rev.  et  mâg.  de  zoologie.  (Août  1860.) 

bere.au,  du  Faucon  à  pieds  rouges.  Quand  ces  Oiseaux 
viennent  de  pondre,  leurs  coquilles  sont  d'un  brun  rouge 
assez  brillant.  Insensiblement  cette  nuance  se  ternit,  et, 
au  bout  d'un  certain  temps,  elle  passe  au  bistre  clair. 
C'est,  du  reste,  ce  qui  arrive  toujours  aux  gouttes  de  sang, 
sur  un  papier  ou  sur  un  linge;  circonstance  qui  semblait 
confirmer  la  fausse  idée  de  la  formation  des  taches  par 
exsudation  sanguine. 

Les  taches  sont  assez  constantes  dans  chaqueespèce, quant 
au  nombre,  à  la  grandeur,  à  la  figure  et  à  la  teinte,  pour 
qu'il  soit  possible,  le  plus  souvent,  de  déterminer  à  quel 
oiseau  appartient  un  œuf  donné.  Lorsqu'elles  s'éloignent 
du  type  ,  c'est  presque  toujours  dans  des  limites  assez 
restreintes.  Toutefois  il  est  des  œufs  dont  les  couleurs 
varient  assez  pour  embarrasser ,  dans  certains  cas,  les 
ornithologistes  les  plus  habiles.  Tels  sont  ceux  de  l' Huîtrier, 
du  Pierre  Garin,  du  Guillemot 

M.  Schinz  a  représenté  six  types  de  coloration  apparte- 
nant aux  œufs  de  la  Caille.  Ces  types  avaient  été  choisis  sur 
une  centaine  d'échantillons  des  environs  de  Montpellier. 
Comme  il  m'est  passé  par  les  mains  un  très-grand  nombre 
d'œufs  de  cet  oiseau,  j'ai  pu  étudier  presque  toutes  leurs 
variétés  de  coloration.  J'ai  distingué  les  onze  modes  prin- 
cipaux suivants  : 

1°  Toutes  les  taches  petites,  ponctiformes  ; 

2°  La  plupart  des  taches  arrondies  et  ponctiformes  ;  les 
autres  médiocrement  grandes; 

3°  La  plupart  des  taches  petites  et  irrégulières;  les 
autres  assez  grandes  ; 

4°  La  plupart  des  taches  grandes  et  irrégulières,  rap- 
prochées ;  les  autres  ponctiformes  ; 

5°  Toutes  les  taches  plus  ou  moins  grandes  et  irrégu- 
lières, presque  confondues  ; 

6°  Taches  peu  nombreuses,  très-grandes  et  irrégulières  ; 

7°  Deux  ou  trois  maculations  grandes,  généralement 
vers  le  gros  bout  ; 


TRAVAUX   INÉDITS.  351 

8°  Trois  ou  quatre  points  petits  et  pâles  ; 
9°  Ni  taches  ni  points;  fond  roussâtre  ; 

10°  Ni  taches  ni  points  ;  fond  jaunâtre  sale; 

11°  Ni  taches  ni  points;  fond  blanchâtre. 

Un  autre  oiseau  qui  présente  beaucoup  de  variations 
dans  la  couleur  de  ses  œufs,  c'est  le  Coucou.  Ici,  ce  sont 
non-seulement  les  taches  qui  se  modifient,  mais  encore 
le  fond.  Cet  oiseau  pond  des  œufs  blanc  verdâtre,  ver- 
dâtres,  bleuâtre  clair,  gris  sale,  gris  roussâtre,  brun  vi- 
neux. Us  sont  tantôt  unicolores,  tantôt  parsemés  de  pe- 
tits points  ou  de  traits  légers,  cendrés,  terreux,  violets, 
roussâtres,  bruns  et  même  noirâtres.  Quelques-uns  de  ces 
œufs  ressemblent  à  ceux  des  Alouettes  Calandre  ou  Co- 
chevis,  d'autres  à  ceux  du  Proyer  ou  delà  Rousserolle.  On 
s'est  demandé  si  la  nature  n'avait  pas  permis  ces  modifi- 
cations et  ces  ressemblances,  pour  que  la  femelle  du  Cou- 
cou pût  tromper  plus  facilement  les  mères  auxquelles  elle 
confie  ses  œufs  (Vincelot).  Cette  raison  est  malheureuse- 
ment une  cause  finale.  En  histoire  naturelle,  on  ne  doit 
pas  repousser  absolument  les  explications  de  ce  genre, 
mais  il  faut  les  employer  avec  beaucoup  de  réserve  ! 

La  matière  colorante  des  taches  non  pure,  c'est-à-dire 
avant  sa  séparation  de  la  sécrétion  albuminoïde,  paraît 
formée,  comme  celle  des  œufs  unicolores,  d'une  multitude 
de  petites  cellules.  M.  Leconte  a  découvert  cette  curieuse 
organisation  et  m'a  mis  sur  la  voie  de  trouver  des  cellules 
analogues  dans  les  œufs  du  Rossignol  et  du  Héron.  M.  Le- 
conte a  étudié  les  taches  de  la  Caille,  de  la  Draine  et  de 
YÈcorcheur.  Les  cellules  de  ces  taches  varient  de  2  à 
6  centièmes  de  millimètre  de  diamètre.  Les  granulations 
colorées  qui  les  remplissent  offrent  un  diamètre  de  2  à 
3  millièmes  de  millimètre. 

Quand  on  traite  les  cellules  par  l'acide  chlorhydrique, 
la  matière  colorante  brune  se  dissout,  en  donnant  une 
liqueur  verte,  dans  laquelle  on  voit  les  granulations  en 
partie  décolorées. 


352      REV.    ET  MAG.    DE  ZOOLOGIE.   (ÂOÛt   1860.) 

Dans  les  différents  œufs  examinés,  les  granulations 
dont  il  s'agit  ont  présenté  la  même  taille  (Leconte). 

Post-scriptum.  —  La  première  partie  de  ce  chapitre  sur 
la  coloration  des  œufs  était  imprimée  (mais  non  publiée), 
lorsque  M.  Lemercier,  sous-bibliothécaire  au  muséum 
d'histoire  naturelle,  m'a  remis  une  dissertation  toute  ré- 
cente, traitant  du  même  sujet,  composée  par  M.  le  doc- 
teur Joseph-Emile  Cornay,  intitulée,  Mémoire  sur  la  colo- 
ration des  œufs  des  oiseaux  et  des  parties  organiques  végé- 
tales et  animales  (Paris,  in-8°,  1er  mai  1860).  Cinq  jours 
après ,  M.  le  docteur  Cornay  lui-même  a  bien  voulu 
m'adresser,  à  l'Institut,  un  exemplaire  de  son  intéres- 
sante brochure. 

J'ai  lu,  avec  attention,  ce  nouveau  mémoire  oologique, 
mémoire  très-remarquable  à  beaucoup  d'égards. 

Au  premier  abord,  nous  paraissons,  M.  Leconte  et  moi, 
nous  être  rencontrés  sur  plusieurs  points  avec  M.  Cornay; 
mais,  en  comparant  attentivement  les  recherches  et  les 
conclusions  de  ce  savant  naturaliste  avec  les  nôtres,  on 
reconnaît  bientôt  qu'il  existe  entre  elles  une  complète  di  - 
vergence. 

Du  reste,  si  dans  mon  travail  ou  dans  celui  de  M.  Le- 
conte on  découvre  quelque  fait  ou  quelque  réflexion  qui 
se  trouve  en  même  temps  dans  la  dissertation  de  M.  Cor- 
nay, nous  nous  inclinons  l'un  et  l'autre  devant  la  loi  de 
l'antériorité  ;  car  la  date  des  découvertes  grandes  ou  pe- 
tites doit  être  toujours  invariablement  fixée  par  celle  de 
leur  publication. 

Le  mémoire  de  M.  Cornay  se  divise  très-nettement  en 
deux  parties,  l'une  de  détails  chimiques,  dans  laquelle 
l'auteur  examine  l'action  de  quelques  réactifs  sur  la  ma- 
tière colorante  des  œufs;  l'autre,  qu'on  pourrait  appeler 
spéculative,  dans  laquelle  il  établit  un  certain  nombre  de 
propositions. 

La  première  partie  présente  des  expériences  curieuses. 
M.  Cornay  a  employé  surtout  le  vinaigre,  comme  élé- 


TRAVAUX   INÉDITS.  353 

ment  d'analyse  ;  M.  Leconte  s'est  servi  de  l'acide  acétique 
concentré  (1).  L'un  et  l'autre  ont  vu  les  taches  soulevées, 
d'une  seule  pièce,  par  suite  de  la  combinaison  de  l'acide 
avec  le  calcaire  sous-jacent.  Tous  deux  ont  obtenu  un  cer- 
tain nombre  de  réactions  identiques,  et  il  ne  pouvait  guère 
en  être  autrement.  Mais  M.  Cornay  a  toujours  opéré  sur 
la  matière  colorante  fixée  à  la  coquille,  ou  détachée  et  res- 
tée insoluble;  il  ne  l'a  pas  séparée  ;  tandis  que  M.  Leconte 
est  parvenu  à  Visoler  complètement.  Il  l'a  séparée  non-seu- 
lement du  carbonate  de  chaux  et  des  membranes  de  la 
coque,  mais  encore  de  la  matière  albuminoïde  qu'elle  ren- 
ferme. Il  l'a  obtenue  ainsi  à  l'état  de  pureté.  Puis,  à  l'aide 
de  réactifs  oxydants  ou  réducteurs,  il  a  réussi  à  la  faire 
passer  du  vert  au  rouge,  au  bleu,  au  jaune...,  et  a  conclu  de 
ces  faits  que  les  différentes  couleurs  que  présentent  les 
Oiseaux  sont  dues,  sans  doute,  à  une  seule  et  même  matière, 
\achromine.  Ce  résultat  important  juge  donc,  d'une  manière 
complète  et  définitive,  une  question  débattue  sans  succès 
depuis  les  premiers  ornithologistes  jusqu'à  nos  jours. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  mémoire,  M.  Cornay  est 
arrivé  aux  conclusions  suivantes  : 

1°  La  matière  colorante  des  œufs  est  de  nature  orga- 
nique et  non  de  nature  minérale  (  p.  10  et  18  ). 

2°  Les  végétaux  préparent  la  chlorophylle,  et,  avec  la 
chlorophylle ,  le  foie  des  oiseaux  élabore  la  couleur  des 
œufs  (p.  6,  7  et  19). 

3o  La  couleur  des  œufs  est  sécrétée  par  la  membrane 
ovarienne,  qui  retient  l'œuf  attaché  à  l'ovaire  (p.  6). 

4°  Cette  couleur  et  celle  du  sang  ont  une  même  origine, 
Yhépatisme[p.  13,  14  et  18). 

5°    La  couleur  des  œufs  est  sans  granules  (  p.  10). 

6°  La  matière  glutineuse,  la  matière  colorante  et  la  pâte 
calcaire  proviennent  de  la  sécrétion  simultanée,  et  quel- 
quefois alternative,  de  la  membrane  ovarienne  (p.  12). 

La  première  conclusion  est  la  seule  sur  laquelle  nous 

(1)  Il  est  bon  de  remarquer  que  l'acide  acétique  cristallisante  jouit 
de  propriétés  bien  différentes  du  même  acide  étendu  d'eau. 


354      REV.  ET  MAG.  DE    ZOOLOGIE.   (ÂOÛt  1860.) 

nous  soyons  rencontrés  avec  M.  Cornay  ;  mais  cette  pro- 
position n'est  pas  nouvelle;  elle  appartient  à  tous  les  na- 
turalistes qui  ont  admis  ou  qui  admettent  que  la  couleur 
des  œufs  n'est  autre  chose  que  du  sang  desséché  ou  modifié. 

Sur  tous  les  autres  points  nos  conclusions  sont  tout  à  fait 
différentes  : 

Nous  n'avons  pas  parlé  une  seule  fois  de  la  chlorophylle. 

Nous  n'avons  rien  dit  ni  de  l'élaboration  du  foie  ni  de 
la  sécrétion  de  la  membrane  ovarienne. 

Suivant  nous,  la  matière  colorante  est  produite  par  des 
cryptes  qui  tapissent  l'oviducte,  à  une  grande  distance  de 
l'ovaire  (1). 

Nous  regardons  la  couleur  des  œufs  et  le  fluide  sanguin 
comme  d'origines  différentes;  nous  avons  déterminé  la 
nature  de  cette  couleur,  d'abord  micrographiquement, 
puis  physiquement  et  enfin  chimiquement. 

Nous  avons  vu  la  matière  colorante  composée  de  cel- 
lules et  de  granules. 

Nous  avons  trouvé  dans  cette  matière  un  principe  par- 
ticulier, qu'on  peut  isoler  et  obtenir  à  l'état  de  pureté,  et 
qui  offre  alors  des  propriétés  différentes  de  celles  qu'il 
avait,  lorsqu'il  adhérait  à  la  coquille. 

Enfin  nous  croyons  que  la  matière  colorante  n'est  pas 
sécrétée  par  les  mêmes  organes  qui  fournissent  les  autres 
éléments  de  la  coquille. 

D'après  ce  qui  précède,  on  voit  facilement  que  le  tra- 
vail de  M.  Cornay  et  le  nôtre  sont  bien  éloignés  d'être 
identiques,  et  que  si  M.  Leconte  s'est  occupé,  comme  ce 
savant  oologiste,  du  même  genre  d'analyse,  il  est  arrivé 
à  des  résultats  entièrement  différents  (2). 

Maintenant,  M.  Cornay  me  permettra-t-il  de  lui  adres- 
ser quelques  objections  ? 

Si  le  foie  des  oiseaux  herbivores  transforme  la  chlo- 

(1)  Nous  ne  donnons  pas  cette  opinion  comme  nouvelle. 

(2)  Je  me  plais  à  répéter  que  les  découvertes,  dans  la  matière  colo- 
rante des  œufs,  de  cellules  remplies  de  granulations  et  d'un  principe 
particulier  appartiennent  en  propre  à  M.  Leconte. 


TRAVAUX    INÉDITS.  355 

rophylle  en  matière  colorante,  comment  cette  fonction 
peut-elle  s'exercer  chez  les  Oiseaux  de  proie  qui  ne  man- 
gent pas  de  chlorophylle?  Faut-il  admettre  que  le  foie 
des  herbivores  dont  ces  derniers  se  nourrissent  a  déjà 
préparé  ce  changement  pour  leur  compte? 

Et  les  Invertébrés  privés  de  foie,  comment  font-ils? 
Quel  est  l'organe  des  Polypes  qui  modifie  la  chlorophylle 
et  qui  sécrète,  par  exemple,  la  couleur  rouge  du  corail? 

M.  Cornay  a  prévu  cette  dernière  difficulté,  puisqu'il 
dit,  dans  un  endroit  de  sa  dissertation  (page  8),  que  chez 
les  animaux  inférieurs  le  colorisme  est  produit  par  l'action 
chimico-vitale  seule  ;  mais  si  cette  action  peut  donner  seule 
la  couleur,  dans  une  classe  d'animaux,  pourquoi  n'opère- 
t-elle  plus  de  même  dans  une  autre  classe  ? 

Le  vitellus  est  donné  par  l'ovaire  et  la  coque  formée 
par  l'oviducte.  Tous  les  physiologistes  sont  d'accord  sur 
ces  deux  points.  Est-il  exact  de  dire  que  la  membrane 
ovarienne  qui  retient  Vœuf  attaché  à  V ovaire  sécrète  à  la 
fois  la  pâte  calcaire,  le  gluten  de  cette  pâte  et  la  couleur 
de  l'œuf? 


Catalogue  des  Poissons  recueillis  ou  observés  à  Cette, 
accompagné  de  notes  explicatives  et  de  quelques  idées 
sur  la  pisciculture  marine,  par  M.  Doumet.  (V.  p.  299.) 

II. 
Parmi  le  grand  nombre  de  faunes  marines  qui  ont  été 
plus  ou  moins  étudiées,  celle  de  la  Méditerranée,  et  sur- 
tout des  bords  septentrionaux  de  cette  belle  mer  inté- 
rieure, semble  de  tout  temps  avoir  eu  le  privilège  d'atti- 
rer particulièrement  l'attention  des  historiens.  La  raison 
de  cette  prédilection  apparente  s'explique  tout  naturelle- 
ment par  sa  proximité  de  la  plupart  des  observateurs,  plu- 
tôt que  par  sa  richesse  ;  car,  sans  aller  chercher  les  mers 
d'Amérique  et  d'Océanie,  celles  de  Bourbon  et  des  Indes, 
dont  les  faunes  ichthyologiques  étonnent  antant  par  le 
nombre  des  espèces  que  par  la  variété  et  le  brillant  de 


356       REV.    ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (Août  1860.) 

leurs  couleurs,  et  qui  étaient  du  reste  totalement  incon- 
nues des  anciens,  les  îles  Fortunées  et  la  côte  ouest  d'Afri- 
que avec  lesquelles  les  relations  datent  de  l'antiquité,  of- 
frent des  réunions  plus  nombreuses  et  plus  élégantes  que 
la  faune  méditerranéenne.  N'oublions  pas  non  plus  que  la 
Grèce  fut  la  patrie  d'Aristote,  que  les  sciences  naturelles 
se  propagèrent  de  là  en  Italie,  où  Pline  et  d'autres  les  fi- 
rent briller  d'un  nouvel  éclat ,  et  que  ces  pères  illustres 
ayant  étudié  tout  d'abord  les  êtres  qui  se  trouvaient  le 
plus  à  leur  portée,  c'est  la  faune  méditerranéenne  qui  est 
devenue  pour  leurs  commentateurs,  la  base  principale  de 
leurs  ouvrages. 

L'ichthyologie  paraît  pourtant  avoir  été  délaissée  avec 
toute  l'histoire  naturelle,  depuis  le  commencement  du 
christianisme  jusque  vers  le  xvie  siècle,  et  l'on  trouve 
à  peine  pendant  cette  longue  période,  deux  ou  trois 
auteurs,  au  premier  rang  desquels  on  doit  citer  Albert 
le  Grand  et  Vincent  de  Beauvais.  Mais  à  cette  époque, 
une  nouvelle  ère  semblant  s'ouvrir  pour  les  sciences, 
nous  voyons  les  poissons  reparaître  en  première  ligne, 
pour  ainsi  dire,  dans  les  ouvrages  qui  traitent  de  la  nature. 
Gyllius  d'abord,  Belon,  Salviani  et  Rondelet  ensuite,  les 
tirèrent  de  l'oubli  où  ils  étaient.  Rondelet  surtout,  auquel 
on  pourrait  donner  le  titre  de  père  de  l'ichthyologie,  en 
consacrant  plusieurs  livres  à  leur  description,  aida  puis- 
samment à  éclaircir  l'histoire  de  ceux  qui  nous  occupent. 
Le  nombre  des  espèces  qu'il  décrit,  bien  qu'inférieur  de 
beaucoup  à  celui  qu'on  en  connaît  aujourd'hui,  étonne 
comparativement  à  ses  devanciers,  et  beaucoup  de  ses  cha- 
pitres sont  d'une  si  frappante  vérité,  que  l'on  a  recours  à 
son  ouvrage  dans  tous  les  auteurs  modernes.  Pour  nous 
un  intérêt  plus  grand  s'attache  à  ce  précieux  document, 
en  ce  que  Rondelet,  comme  on  le  sait,  habitait  Montpel- 
lier où  il  était  attaché  à  la  faculté  de  médecine,  et  consé- 
quemment  la  plupart  de  ses  descriptions  ont  dû  être  faites 
sur  des  individus  provenant  des  mêmes  bords  où  s'effec- 


TRAVAUX     INÉDITS.  357 

tuent  nos  propres  recherches  depuis  bientôt  dix  années; 
il  était  donc  tout  au  moins  curieux  de  confronter  nos  ré- 
sultats à  ceux  de  cet  éminent  ichthyologiste. 

La  voie  nouvelle  ouverte  par  Rondelet  aux  amis  de  la 
nature,  fut  bientôt  suivie  par  beaucoup  d'entre  eux;  aussi 
les  écrits  sur  l'ichthyologie  méditerranéenne  abondent-ils 
depuis  lui,  et  nous  n'avons  pas  la  prétention  de  les  énu- 
mérer  ici.  Nous  arriverons  tout  de  suite  aux  derniers  au- 
teurs qui  ont  traité  ce  sujet  et  que  nous  avons  naturel- 
lement compulsés  pour  notre  travail.  Citons  donc  au  mi- 
lieu de  tant  d'autres,  Ylchthyologie  marseillaise  de  Brun- 
nich,  les  mémoires  de  Delaroche  et  de  Rafinesque  Schmaltz, 
les  ouvrages  de  Risso  qui  donna,  d'abord  dans  son  Ichthyo- 
logie  de  Nice  et  plus  tard  dans  son  Histoire  naturelle  des 
productions  méridionales,  une  grande  quantité  de  Poissons 
nouveaux;  malheureusement,  voulant  trop  en  étendre  le 
nombre,  ce  naturaliste  a  pris  beaucoup  de  variétés  pour 
des  espèces  et  conséquemment  apporté  une  grande  con- 
fusion dans  la  science,  quand  d'un  autre  côté  il  donnait 
des  indications  pleines  d'intérêt  sur  les  mœurs  de  certains 
d'entre  eux.  Viennent  ensuite  Cuvier  et  Valenciennes, 
qui  ont  placé  en  tête  de  leurs  genres,  dans  Y  Histoire  des 
Poissons,  ceux  de  la  Méditerranée;  enfin,  le  prince  Charles 
Bonaparte,  enlevé  trop  tôt  à  la  science,  et  qui,  dans  Y  Ico- 
nographie de  la  faune  italienne,  leur  a  consacré  deux  volumes 
ornés  d'excellentes  planches  :  il  est  à  regretter  que  ce  bel 
ouvrage  n'ait  pas  été  étendu  à  toutes  les  espèces,  ce  qui 
eût  donné  le  moyen  d'établir  une  bonne  nomenclature  des 
poissons  méditerranéens,  chose  impossible  tant  qu'on 
n'aura  que  des  descriptions  non  accompagnées  de  fi- 
gures. 

III. 

Malgré  ces  nombreux  et  importants  travaux,  l'ichthyo- 
logie de  nos  côtes,  il  faut  le  dire,  est  encore  trop  peu  con- 
nue pour  pouvoir  déterminer  les  espèces  avec  certitude 
sans  de  longues  recherches;  quant  aux  mœurs  du  plus 


358   RF.V.  ET  MAG.  DE  ZOOLOGIE.  (Août    1860) 

grand  nombre,  elles  sont  encore,  pour  ainsi  dire  incon- 
nues, et  il  serait  très -important  que  les  personnes  à  portée 
d'étudier  cette  faune  intéressante  missent  au  jour  leurs 
observations,  afin  de  combler  peu  à  peu  les  lacunes  qui 
peuvent  y  exister.  C'est  cette  pensée  qui  nous  conduit 
aujourd'hui  à  publier  un  premier  travail  sur  le  résultat 
des  recherches  auxquelles  nous  nous  livrons  assidûment  à 
Cette  depuis  dix  ans. 

Par  la  liste  que  l'on  va  voir,  nous  ne  prétendons  pas 
mettre  en  lumière  un  grand  nombre  de  faits  nouveaux;  ce 
n'est  pas  après  un  laps  de  temps  aussi  court  qu'il  est  pos- 
sible d'ajouter  beaucoup  à  une  science  sur  laquelle  on  a 
déjà  tant  fait;  nous  espérons  seulement  grossir  le  nombre 
des  documents  exacts,  et  nous  nous  estimerons  heureux 
si  nous  apportons  quelques  facilités  aux  ichthyologistes 
dans  leurs  études.  Plusieurs  d'entre  eux  nous  ayant  fait 
demander  déjà  la  liste  des  espèces  que  l'on  prend  sur 
notre  côte,  nous  pensons  leur  répondre  ainsi  plus  ample- 
ment que  par  une  simple  liste  faite  à  la  hâte,  de  mémoire 
ou  sur  une  collection.  Nous  le  répétons  encore,  ce  n'est 
pas  un  travail  complet  et  approfondi  que  nous  publions; 
nous  ne  nous  permettrions  pas  de  l'entamer  encore,  et 
d'ailleurs  il  serait  indispensable  de  l'accompagner  d'un 
nombre  de  figures  qui  dépasserait  de  beaucoup  le  cadre 
de  cette  publication;  c'est  seulement  une  liste  locale  pré- 
cédée de  quelques  notes  pour  lesquelles  nous  réclamons 
toute  l'indulgence  des  savants. 

Nous  avons  suivi  la  classification  de  Cuvier ,  telle 
qu'elle  se  trouve  dans  le  règne  animal  publié  par  les  pro- 
fesseurs du  muséum,  et  pour  la  nomenclature,  nous  avons 
cherché  à  nous  rapprocher  de  celle  de  Y  Histoire  des  Pois- 
sons de  Cuvier  et  Valenciennes.  Cependant,  pour  certaines 
familles  où  nous  avons  cru  remarquer  quelque  confusion 
dans  cet  ouvrage,  nous  avons  pris  dans  Risso  ou  Bona- 
parte le  nom  de  l'espèce  dont  la  description  se  rapportait 
le  plus  à  la  nôtre.  Dans  beaucoup  de  cas  du  reste  nous 


TRAVAUX    INÉDITS.  369 

avons  inscrit  à  côté  du  nom  adopté  par  les  premiers,  la 
synonymie  des  seconds ,  regardant  ces  deux  auteurs 
comme  ceux  qui  ont  fourni  les  meilleurs  renseignements 
sur  richthyologie  du  nord  de  la  Méditerranée,  et  sans  les 
ouvrages  desquels  il  est  presque  impossible  de  bien  étu- 
dier les  poissons  qu'elle  comprend. 

Nous  avons  fait  suivre  la  nomenclature  scientifique, 
des  noms  patois  donnés  dans  le  pays  par  les  pêcheurs 
ou  les  marchandes  ,  convaincu  de  rendre  plus  facile  par 
ce  moyen  la  recherche  de  nos  espèces ,  et  regardant 
comme  intéressante  la  comparaison  de  nos  noms  vulgaires 
avec  ceux  des  autres  parties  du  littoral.  On  y  trouvera  des 
écarts  souvent  considérables,  et  qui  vont  jusqu'à  donner 
le  même  nom  à  des  poissons  entièrement  différents,  ap- 
partenant même  à  des  familles  ou  des  genres  éloignés. 
Enfin,  nous  avons  désigné  par  une  abréviation  entre  pa- 
renthèses, le  degré  de  rareté  ou  de  vulgarité  de  chaque 
espèce,  de  façon  à  ce  qu'un  seul  coup  d'oeil  suffise  pour 
s'en  rendre  compte. 

IV. 

Peut-être  sera-t-on  surpris  de  voir  le  nombre  relative- 
ment restreint  des  espèces  portées  sur  notre  catalogue.  En 
effet,  nous  nous  arrêtons  au  numéro  231,  tandis  que  Risso 
arrive  au  chiffre  de  375,  et  que  Bonaparte  atteint  même 
celui  de  404.  Ceci  n'a  rien  d'étonnant,  vu  le  court  espace 
de  temps  qui  a  servi  à  nos  recherches,  et  tout  naturaliste 
habitué  lui-même  à  récolter  sur  les  côtes  de  la  mer  sait 
que  passé  un  certain  nombre  de  Poissons  qui  se  pren- 
nent habituellement,  les  autres  n'apparaissent  plus  que 
par  hasard,  à  des  intervalles  souvent  fort  éloignés.  Il  est 
donc  naturel  que  nous  n'ayons  pas  encore  rencontré 
toutes  les  espèces  signalées  par  Risso,  qui  avait  fait  des 
recherches  toute  sa  vie,  et  qui  d'ailleurs,  comme  nous  l'a- 
vons dit  plus  haut,  a  souvent  élevé  à  ce  rang  de  simples 
variétés,  ou  par  Bonaparte,  lequel  dans  son  énumération 
des  Poissons  de  la  Méditerranée,  paraît  en  avoir  inscrit 


360      REV.  ET    MAG.   DE   ZOOLOGIE.   (Août  1860.) 

beaucoup  qu'il  a  trouvé  mentionnées  dans  divers  auteurs, 
mais  qu'il  n'avait  pas  observées  lui-même.  Nous  ferons  re- 
marquer en  outre,  que  ce  dernier  dans  ses  404  espèces, 
en  comprend  un  nombre,  restreint  il  est  vrai,  dont 
l'habitat  paraît  ne  pas  s'étendre  au  dehors  de  la  mer 
Adriatique.  D'ailleurs,  à  côté  des  listes  de  ces  deux  au- 
teurs, nous  pouvons  mettre  celles  de  Brunnich  et  de  Ron- 
delet qui  se  rapportent  à  des  côtes  plus  voisines  de  la 
nôtre,  et  nous  aurons  le  tableau  suivant  : 

Rondelet 170  à  180. 

Brunnich 101. 

Risso 375. 

Bonaparte 404. 

Notre  liste 231. 

Cette  dernière  dépasse,  comme  on  le  voit,  celle  faite  à 
Marseille  par  Brunnich,  de  130  espèces,  et  celle  de  Ron- 
delet faite  en  partie  à  Montpellier,  d'une  cinquantaine 
environ.  Il  est  bon  d'insister  aussi  sur  le  fait,  qu'à  deux 
ou  trois  exceptions  près  nous  n'avons  inscrit  que  ce  que 
nous  avons  observé  réellement  par  nous-même.  Nous  ne 
prétendons  pas  pour  cela  être  à  l'abri  des  erreurs  que 
doit  entraîner  inévitablement  la  détermination  sur  des 
descriptions  sans  figures,  quelque  soin  du  reste  que  l'on 
y  apporte. 

Pour  certains  genres,  tels  que  les  Gobies  et  les  Blennies, 
nous  sommes  persuadé  que  beaucoup,  peut-être  même 
assez  communs,  nous  ont  échappé  jusqu'à  présent,  soit 
parce  que  leur  peu  de  valeur  les  fait  rejeter  à  la  mer  par  les 
pêcheurs  avant  de  débarquer,  soit  parce  que  leur  habitat 
le  long  des  rochers  ne  permet  de  les  prendre  qu'à  l'ha- 
meçon, après  quoi  ils  sont  presque  toujours,  par  mépris, 
jetés  à  l'eau  de  nouveau.  Mais,  si  dans  ces  deux  genres 
nous  sommes  encore  au-dessous  du  nombre  des  espèces 
qui  habitent  notre  côte,  il  en  est  d'autres  que  nous  regar- 
dons comme  complets  et  où  nous  avons  même  retrouvé 
des  types  dont  on  doutait  encore.  Nous  ferons  donc  pré- 


TRAVAUX   INÉDITS.  361 

céder  notre  liste  des  quelques  observations  qui  s'y  ratta- 
chent, en  passant  en  revue  chacune  des  familles. 

V. 

Les  Percoïdes  nous  offrent  en  première  ligne,  le  La- 
braœ  Lupus,  très-commun  dans  nos  étangs  salés,  et  l'un 
des  meilleurs  Poissons  de  table  ;  c'est  le  Bar  des  côtes  de 
l'Océan,  mais  nous  croyons  qu'il  offre  quelques  différences 
avec  celui-ci,  lequel  nous  paraît  plus  plat  et  plus  élevé  en 
proportion  de  sa  longueur.  Les  Âpogons  ne  nous  ont  pas 
encore  apparu,  pas  plus  que  le  singulier  Pomatomus  teles- 
copium. 

Viennent  ensuite  les  Serrans,  encombrés  par  Risso 
d'espèces  douteuses,  parmi  lesquelles  Y  Argus  nous  paraît 
rentrer  dans  le  Scriba,  et  le  fasciatus  pourrait  bien  n'être 
qu'une  variété  du  Cabrilla;  quant  au  S.  flavus,  Riss., 
nous  le  regardons  comme  constant  et  distinct  du  der- 
nier. Bien  que  les  Anthias  ne  soient  pas  rares  sur  nos  côtes, 
nous  n'avons  pas  encore  observé  le  Buphthalmos  figuré 
par  Bonaparte,  mais  il  pourrait  avoir  échappé  à  nos  re- 
gards, parce  que  les  Poissons  de  ce  genre  que  nous  avons 
vus,  avaient  pour  la  plupart,  les  nageoires  brisées.  Le 
grand  Mérou  de  la  Méditerranée  n'a  point  encore  été  pé- 
ché, à  notre  connaissance  du  moins,  depuis  que  nous 
collectons  les  Poissons,  et  ceci  s'accorde  assez  avec  Ron- 
delet qui  n'en  fait  pas  mention  dans  son  ouvrage.  Quant 
au  Polyprion  cernium,  Cuv.,  nous  n'en  avons  encore  eu 
qu'un  exemplaire  et  d'une  taille  assez  petite. 

Nous  avons  pu  comparer  les  grandes  Vives  de  la  Médi- 
terranée et  nous  assurer  que  les  caractères  du  nombre  des 
rayons  donnés  par  certains  auteurs  sont  complètement 
erronés.  C'est  ainsi  que  YAraneus,  Riss.,  auquel  Cuvier 
assigne  7  rayons  pour  la  première  dorsale,  n'en  a  que  6, 
comme  l'indique  Risso;  tandis  que  le  nombre  des  rayons 
pour  les  autres  nageoires  diffère  d'avec  ceux  donnés  par 
l'un  et  l'autre.  Voici  ce  que  nous  avons  observé  sur  deux 
individus  pris  en  même  temps  : 

2e  BÉRiB.  t.  xii.  Année  1860.  24 


362       KEV.    ET   MAfx.    DE    ZOOLOGIE.   (Août  1860.) 

D.  6-29.  A.  30.  V.  1-16.  P.  16.  C.  16. 

Le  Radiatus  de  Cuvier  nous  a  également  offert  des  dif- 
férences dans  le  nombre  de  ses  rayons,  et  en  voici  la  pro- 
portion : 

D'après  Cuvier,  D.  6-25.  A.  1-26.  P.  16.  V.  1-6.  C.  13. 

D'après  nous,  D.  6-27.  A.  28.  P.  15.  V.  1-5.  C.  13 
ou  14. 

Nous  avons  cru  reconnaître  le  Vipera,  Cuv.,  dans  de  pe- 
tits individus  pris  le  long  de  la  plage,  et  qui  nous  sem- 
blent différer  du  Draco  ;  mais  peut-être  n'étaient-ce  que 
des  jeunes,  et  nous  avons  besoin  de  les  observer  encore 
pour  supprimer  le  point  de  doute  dont  nous  accompagnons 
cette  espèce. 

Le  Sphyrœna  vulgaris,  que  l'on  dit  commun  sur  les 
plages  de  l'Italie,  paraît  au  contraire  rare  dans  nos  pa- 
rages, et  les  Paralepis  ne  nous  sont  pas  encore  parvenus. 

Les  Mulles  nous  ont  offert  les  trois  espèces  indiquées  par 
Risso,  en  supposant  que  le  fuscus  en  soit  réellement  une 
distincte,  vu  sa  couleur  d'un  rouge  plus  lie  de  vin  que 
le  barbalus.  Le  Surmuletus  est  beaucoup  moins  commun 
que  ce  dernier,  et  se  reconnaît  à  une  taille  généralement 
plus  grande  et  à  des  teintes  toujours  plus  claires. 

La  grande  famille  des  Joues  cuirassées  est  largement  re- 
présentée sur  nos  côtes,  d'abord  par  les  Trigla,  qui  abon- 
dent sur  nos  marchés  où  ils  sont  cependant  moins  esti- 
més que  sur  ceux  de  Paris  ou  des  côtes  de  l'Océan  ;  il  faut 
dire  qu'ils  atteignent  des  proportions  moins  considéra- 
bles que  dans  cette  mer,  ce  qui  pourrait  bien  contribuer 
à  les  rendre  moins  délicats.  Nous  avons  distingué  dix  es- 
pèces dans  ce  genre,  dont  deux  ne  sont  point  représen- 
tées dans  la  belle  monographie  des  Trigles  méditerra- 
néens de  Bonaparte;  ce  sont  :  le  Microlepidota,  Riss., 
que  nous  regardons  comme  très-distinct  du  Corax,  Rond., 
et  dans  lequel  nous  avons  cru  reconnaître  le  Pœcilop- 
tera,  trouvé  par  M.  Valenciennes  dans  les  flaques  d'eau 
de  la  Manche;  et  le  Cucnlut  de  Bloch,  confondu  peut- 


TRAVAUX     INÉDITS.  363 

être  par  Bonaparte  avec  le  Milvus  de  Rondelet,  et  qui  pa- 
raît se  rapporter  en  tous  points  au  Gournaud  rouge  de  Cu- 
vier  et  Valenciennes  Quant  au  Grondin  gris  ou  Gurnar- 
dus  de  nos  côtes,  ayant  eu  dernièrement  l'occasion  de  le 
comparer  avec  une  assez  grande  quantité  d'individus  de 
l'Océan  venus  directement  de  Bayonne ,  nous  croyons 
qu'il  en  diffère,  et  que  c'est  tout  au  moins  une  variété.  Il 
est,  du  reste,  beaucoup  moins  commun  d'une  certaine 
taille  que  le  Gournaud  rougeàlre  et  que  toutes  les  autres 
espèces. 

Uaspera  est  assez  commun  sur  nos  marchés,  mais  nous 
ne  l'avons  jamais  entendu  nommer  Cavillone,  tandis  qne 
le  Milvus  porte  le  nom  de  Cabiouna.  Ces  faits  et  bien 
d'autres  que  nous  avons  été  à  même  de  constater  en  étu- 
diant le  genre  Trigla,  nous  portent  à  croire  que  malgré 
tout  ce  qui  en  a  été  dit,  il  a  encore  besoin  d'être  tra- 
vaillé. 

Nous  avons  inscrit  les  deux  Peristedion  signalés  par 
Risso,  vu  les  grandes  différences  qu'ils  présentent  et  qui  ne 
nous  permettent  pas  de  les  regarder  comme  le  même , 
sans  un  examen  plus  approfondi  auquel  nous  comptons 
pouvoir  nous  livrer  facilement,  ces  poissons  étant  pris 
assez  communément. 

Ici  vient  prendre  place  le  curieux  Dactyloptère  pirapède, 
dont  nous  avons  eu  la  chance  de  posséder  un  exemplaire 
très-frais,  ce  qui  nous  a  permis  de  jouir  de  la  magnificence 
des  couleurs  bleue,  violette,  rouge,  lie  de  vin,  qui  cha- 
marraient son  corps,  et  des  magnifiques  taches  d'un  bleu 
d'outremer  dont  étaient  parées  les  grandes  ailes  de  ce 
poisson  rare  sur  notre  côte. 

Nous  avons  été  à  même  d'observer  un  assez  grand  nom- 
bre de  fois  le  Scorpœna  lutea  de  Risso,  regardé  comme 
une  variété  du  Scrofa  par  certains  auteurs.  Quant  au  Se- 
bastes  imperialis,  Cuv.,  et  à  YHoplostetus  mediterraneus, 
signalé  une  seule  fois  par  Risso  et  Viviani,  nous  n'en  avons 
jamais  eu  connaissance,  mais  il  ne  serait  pas  impossible 


36  fc       REV.   ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (Août  1860.) 

qu'ils  vécussent  à  des  profondeurs  où  les  filets  et  les  pa- 
langres  de  nos  pêcheurs  ne  vont  jamais. 

Passant  à  la  famille  des  Sciénoïdes,  nous  trouvons  les 
trois  espèces  méditerranéennes,  dont  deux  confondues 
sous  le  même  nom  par  nos  marchandes  (la  Sciœna  aquila, 
Cuv.,  et  YUmbrina  vulgaris,  Guv.),  atteignent  des  dimen- 
sions qui,  avec  l'excellence  de  leur  chair,  les  font  recher- 
cher pour  les  repas  de  cérémonie.  Le  Corvina  nigra  est 
beaucoup  moins  commun  et  moins  estimé  que  les  deux 
précédents. 

La  famille  des  Sparoïdes  nous  offre  d'abord  les  espèces 
du  genre  Sargus,  assez  difficiles  à  distinguer  à  première 
vue,  et  dont  deux  nous  donnent  même  quelque  embarras 
à  déterminer.  L'une  de  celles-ci  rentre  peut-être  dans  le 
Charax  puntazzo,  Cuv.,  que  nous  n'avons  pas  encore  eu 
positivement.  Il  nous  manque  aussi  le  Chromis  casta- 
neus,  que  l'on  prend,  dit-on,  souvent  à  Marseille. 

L'excellent  Chrysophrys  aurata  abonde,  sous  le  nom  de 
Saouquèna,  dans  nos  étangs  et  nos  canaux  où  on  le  pêche 
surtout  en  hiver,  et  justifie  pleinement  la  réputation  que 
Cuvier  fait  à  ceux  de  Cette  et  des  Martigues  ;  mais,  parmi 
le  nombre  infini  d'individus  que  nous  avons  été  à  même 
de  voir,  jamais  nous  n'avons  distingué  le  crassirostris, 
signalé,  du  reste,  comme  très-rare  par  Bonaparte. 

Le  Pagrus  vulgaris,  Cuv.,  n'est  pas  très-commun,  et 
nous  crayons  avoir  vu  YOrphus,  mais  jamais  YHurta. 

Les  Pagels,  qui  viennent  ensuite,  sont  généralement 
péchés  en  assez  grande  quantité,  sauf  le  Centrodontus, 
Cuv.,  que  nous  accompagnons  d'un  point  de  doute,  n'é- 
tant pas  bien  certain  de  son  identité.  Le  Mormyrus  est 
souvent  pris  par  bandes,  et  le  Bnguaraveo,  Cuv.,  abondele 
long  des  rochers  du  port,  où  il  fait  le  désespoir  des  pê- 
cheurs à  la  ligne,  dont  il  mange  continuellement  et  inuti- 
lement l'amorce,  et  qui  lui  donnent  le  nom  de  Bou- 
grabèou. 

Les  Dentex  sont  de  très-beaux  poissons  que  l'on  prend 


TRAVAUX     INÉDITS.  365 

assez  souvent  ;  nous  avons  reconnu  le  Cetti,  Riss. ,  dans 
un  individu  du  poids  de  15  livres,  qui  présentait  au  bas 
de  l'opercule  une  grande  tache  jaune  soufre  s'étendantsur 
la  majeure  partie  de  la  joue. 

Nous  n'avons  pas  encore  eu  les  Cantharus  griseus  et 
brama  de  Cuvier.  Uorbicularis,  orné  à  l'état  frais,  de 
bandes  transversales  plus  foncées  à  l'instar  du  Sargue 
vulgaire,  mais  plus  larges ,  et  le  vulgaris  n'apparaissent 
sur  nos  marchés  que  par  intervalles  et  ordinairement  par 
une  vingtaine  à  la  fois. 

Cette  belle  famille  est  enfin  complétée  par  le  Box  vul- 
garis, qui  se  joue  en  troupes  nombreuses  dans  les  eaux 
limpides  du  port,  par  la  Saupe  [Box  salpa)  aux  belles 
bandes  d'or,  et  par  Yoblata  melanura,  très-commune  le 
long  des  jetées  avancées  et  des  récifs. 

La  famille  des  Mœnides,  moins  nombreuse  en  espèces 
que  la  précédente,  est  représentée  par  deux  Mœna,  le 
vulgaris  et  YOsbeckii,  et  par  d'innombrables  Smaris  qui 
remplissent  les  filets,  principalement  en  hiver,  de  leurs 
individus  chamarrés  de  jaune,  de  bleu  et  de  vert  sur  un 
fond  d'argent  ;  il  nous  en  manque  cependant  une  partie, 
et  entre  autres  les  Mœna  vomerina  et  jusculum,  et  les  Sma- 
ris insidiator  et  Maurii.  Le  Smaris  vulgaris  est  un  des 
moins  communs. 

Un  seul  exemplaire  du  Brama  Rayi  nous  a  servi  de  re- 
présentant pour  la  famille  des  Squammipennes  ;  il  fut  pris 
à  la  main  ;  en  automne  le  long  de  la  plage  ;  sa  chair  était 
littéralement  entrelardée  de  vers  filamenteux,  le  Mon/ 
stoma  filicolle  de  Rudolphi  probablement,  qui  attaque  sur- 
tout ces  poissons. 

Nous  croyons  inutile  de  dire  que  nous  n'avons  pas  en- 
core récolté  le  Chœtodon  capistratus,  pris  à  Nice,  suivant 
Risso,  et  qui  n'a  plus  jamais  été  signalé,  comme  de  juste, 
dans  la  Méditerranée. 

La  belle  famille  des  Scomberoïdes ,  si  utile  sous  le  rap- 
port de  l'alimentation,  manque  dans  notre  catalogue, 


366       REV.     ET    MAG.    DE  ZOOLOGIE.  (ÂOÛt  1860.) 

d'une  partie  des  grandes  espèces,  ce  qui  peut  s'expliquer 
par  l'absence  de  Madragues  sur  notre  côte.  En  tête  des 
plus  nécessaires  à  l'homme  doit  se  placer  le  Scomber 
Scombrus,  qui  nous  visite  par  légions  innombrables  tous 
les  ans,  mais  qui  n'atteint  jamais  la  taille  du  Maquereau 
de  l'Océan.  Nous  voyons  aussi  le  Scomber  Colias,  beau- 
coup moins  commun  et  auquel  nous  ne  connaissons,  pas 
plus  qu'au  Maquereau  vulgaire,  le  nom  d'Auriol  qu'on 
leur  donne,  dit-on,  à  Marseille,  mais  bien  celui  de  Gros 
yol  (gros  œil),  qui  pourrait  avoir  été  mal  compris  par 
certains  auteurs. 

Nous  conservons  le  nom  de  Mediterraneus ,  Riss.,  au 
Thon  le  plus  commun,  dans  le  doute  que  ce  soit  bien  le 
même  du  vulgaris  de  l'Océan.  Le  Thunnina  et  YAla- 
longa,  beaucoup  moins  communs,  sont  les  seuls  autres 
que  nous  ayons  vus.  Le  Pelamys  sarda,  Cuv.,  dont  le  dos 
est  élégamment  orné  de  bandes  obliques,  vient  quelque- 
fois en  troupes  assez  nombreuses  et  est  vendu  sous  le  nom 
de  Bonitou,  ce  qui  pourrait  le  faire  confondre  avec  la  Bo- 
nite proprement  dite,  que  nous  n'avons  encore  jamais 
rencontrée. 

Les  Xiphias  ou  Espadons  sont  communs  de  toutes  les 
tailles,  et,  bien  que  nous  ne  portions  pas  le  Tetrapterus 
belone,  Raf.,  sur  notre  catalogue,  nous  croyons  cependant 
l'avoir  vu  une  fois  seulement  sans  le  reconnaître. 

Les  Pilotes  [Naucrates  ductor)  nous  arrivent  tous  les  ans 
avec  les  navires  terre-neuviers ,  c'est-à-dire  aux  mois 
d'août  et  septembre,  et  se  jouent  quelquefois  par  sept  ou 
huit  dans  le  port  où  on  les  pêche,  au  trident  le  plus  sou- 
vent. 

Il  nous  a  été  donné  de  recueillir  deux  espèces  de  Li- 
ches,  quoique  ces  poissons  soient  rares,  surtout  le  glau- 
cus,  dont  la  forme  élégante,  la  couleur  bleue  d'outremer 
et  les  belles  taches  noires  font  une  des  jolies  espèces  de 
nos  bords.  Nous  n'avons  jamais  eu  connaissance  du  Va- 
digo,  figuré  pourtant  dans  Rondelet. 


TRAVAUX    INÉDITS.  367 

Près  des  Liches  vient  se  placer  le  Caranx  trachurus, 
très-commun  et  qui  n'atteint  jamais  la  taille  de  2  pieds 
citée  par  certains  auteurs.  Quant  au  Suareus,  Riss.,  s'il 
est  distinct  du  précédent,  nous  ne  l'avons  pas  encore  vu. 

Une  grande  partie  des  espèces  si  brillantes  de  couleurs 
ou  si  élégantes  de  formes  de  cette  famille,  nous  manquent 
encore  ;  de  ce  nombre,  sont  le  Citula  imperialis,  Riss.  ; 
le  Seriola  Dumerilii,  Cuv.  ;  les  Coryphena,  qui  habitent 
probablement  la  haute  mer  ;  le  Centrolophus  ovalis,  Cuv. 
et  Val.;  le  Schedophilus  medusophagus  ;  Y Astrodermus  ele- 
gans,  Cuv.  (genre  Diana  de  Risso)  ;  le  Luvarus  de  Rafi- 
nesque;  le  Seserinus  microchirus,  Cuv.  et  Val.;  le  Ruvettus 
pretiosus  de  l'iconographie  italienne,  qui  sont  pour  la 
plupart,  d'une  assez  grande  rareté.  Mais,  si  cette  belle  sé- 
rie nous  manque,  nous  avons  pu  recueillir  deux  individus 
du  Centrolophus  pompilus,  Cuv.,  et  trois  du  Slromateus 
microchirus,  Rp.,  auquel  nous  conservons  ce  nom,  dans 
le  cas  où  il  différerait  réellement  du  Fiatola.  Nous  ne  dé- 
sespérons pas  non  plus  de  recueillir  un  jour  le  beau  Lam- 
pris  guttatus,  Retz.,  que  nous  savons  avoir  été  péché  près 
de  la  Nouvelle. 

Celte  nombreuse  famille  se  termine  par  les  singuliers 
Zeust  fort  communs  sur  nos  marchés,  où  nous  avons  sou- 
vent vu  des  individus  à  tubercules  beaucoup  plus  forts 
que  les  autres,  comme  l'indique  Valenciennes,  et  parais- 
sant différer  aussi  de  forme,  ce  qui  nous  a  conduit  à  in- 
scrire \epungio,  Val.,  sur  notre  liste  ;  enfin  le  Capros  aper, 
Lacép.,  dont  il  n'existe  peut-être  pas  une  bonne  figure, 
nous  arrive  assez  souvent. 

Les  Tœnioides  ne  sont  pas  très-rares,  étant  souvent  jetés 
sur  nos  plages,  mais  presque  toujours  dans  un  état  qui 
rend  difficile  leur  détermination,  sans  parler  de  la  confu- 
sion qui  semble  régner  encore  dans  leur  nomenclature. 
Nous  avons  pourtant  été  assez  heureux  pour  posséder  vi- 
vant, pendant  quelques  heures,  un  individu  de  moyenne 
taille  d'un  Trachypterus,  que  nous  rapportons  au  Faix  de 


368      REV.    ET   MAG.    DE   ZOOLOGIE.    (AoÛtiMO.) 

Valenciennes,  et  nous  avons  pu  ainsi  jouir  de  sa  belle  pa- 
rure d'argent  et  de  la  délicatesse  de  ses  nageoires  roses 
qu'il  ne  cessait  de  faire  onduler  gracieusement. 

Le  Cepola  rubescens,  Lin.,  l'espèce  la  plus  facile  à  re- 
connaître dans  cette  famille  et  la  seule  que  nous  ayons  vue 
de  ce  genre,  est  assez  commune  sur  nos  marchés. 

L'immense  étendue  des  étangs  et  des  canaux  qui  nous 
entourent  nous  a  fourni  le  moyen  d'étudier  à  loisir  les 
Muges  dont  on  prend,  surtout  l'hiver,  des  quantités  in- 
nombrables, et,  bien  que  cela  soit  toujours  très-difficile, 
nous  sommes  cependant  parvenu  à  distinguer  toutes  les 
espèces  de  Cuvier,  dont  quatre  surtout  sont  très-bien  sé- 
parées par  les  marchandes  de  Poisson.  Malgré  que  le  Te- 
tragonurus  Cuvieri  ait  été  figuré  par  Rondelet  et  paraisse 
se  prendre  dans  le  golfe  du  Lion,  nous  ne  l'avons  pas  en- 
core vu. 

Les  Athérinides  abondent  à  certaines  époques,  et  éblouis- 
sent les  yeux  par  leur  argent  éclatant  rehaussé,  chez  YHep- 
selus,  d'une  belle  bande  violette  ;  mais  nous  n'en  avons 
encore  trouvé  que  trois  espèces. 

En  quittant  cette  famille,  nous  tombons  dans  celle  des 
Gobioïdes,  aussi  confuse  qu'est  grand  le  nombre  de  ses  es- 
pèces. D'abord  les  Blennies  dont  sept,  à  notre  connais- 
sance, habitent  notre  côte,  ne  quittant  jamais  les  bords,  à 
l'exception  du  très-commun  Blennius  ocellaris.  Nous  avons 
inscrit  ïlnœqualis  sur  la  foi  de  M.  Valenciennes  qui  l'a- 
vait reçu  de  Cette. 

Les  Gobies,  dont  la  totalité  nous  est  sans  doute  incon- 
nue, viennent  ensuite;  parmi  eux,  le  Capito  atteint  d'assez 
grandes  dimensions,  et  les  Jozo,  L.,  et  longiradiatusy  Riss., 
habitent  en  grand  nombre  au  large.  Le  Tripterygion  na- 
sus,  Riss.,  a  peut-être  échappé  à  nos  recherches.  Les  sin- 
guliers Callionymes,  aux  nageoires  dorsales  élevées  et  cha- 
marrées, terminent  cette  famille.  Le  Cithara,  Cuv.  (Macu- 
latus,  Bp.;  Lyra,  Risso),  est  peu  rare  et  paraît  vivre  en 


TRAVAUX    INÉDITS.  369 

petites  troupes;  mais  nous  n'inscrivons  le  Belenus,  Riss., 
qu'avec  doute. 

La  famille  des  Lophioïdes  est  représentée  par  ses  deux 
espèces  méditerranéennes,  le  Piscatorius,  très-commun  et 
recherché  comme  aliment,  et  le  Budegassa,  Bp.,  très-dif- 
ficile à  reconnaître  par  ses  vrais  caractères,  mais  que  l'on 
distingue  plus  facilement  à  sa  couleur  plus  roussàtre  que 
celle  du  Piscatorius. 

La  belle  famille  des  Labroïdes  nous  fournit  d'abondants 
spécimens  dont  les  nuances  dépassent  tout  ce  que  l'ima- 
gination pourrait  créer  comme  assemblage  et  comme 
éclat.  Malheureusement  ce  sont  peut-être  les  Poissons  les 
moins  connus,  et  conséquemment  les  plus  difficiles  à 
déterminer.  Aussi  voit  -  on  que  sur  les  quinze  espèces 
portées  sur  cette  liste,  c'est  à  peine  si  la  moitié  en  est 
dénommée  avec  sécurité,  et  il  en  est  d'autres,  comme  le 
Luscus,  L.,  et  le  Viridis,  L.,  que  nous  croyons  encore  de- 
voir redescendre  au  rang  de  simples  variétés.  Pour  l'ob- 
servateur des  bords  de  la  mer,  cette  confusion  dans  les 
Labres  régnera  tant  que  l'on  ne  possédera  pas  une  bonne 
monographie  accompagnée  de  dessins  faits  sur  les  lieux, 
et  après  avoir  examiné  un  grand  nombre  d'individus  de 
chaque  espèce,  qui  varie  presque  toujours  à  l'infini,  tant 
dans  les  teintes  que  dans  la  disposition  de  ses  couleurs; 
on  ne  serait  plus  exposé  alors,  comme  nous  l'avons  con- 
staté dans  la  grande  Histoire  des  Poissons  de  Cuvier  et  Va- 
lenciennes,  à  donner  pour  type  du  Labrus  mixtus,  par 
exemple,  la  figure  d'une  variété  jaune,  tandis  que  le  vrai 
type  est  du  plus  beau  rouge,  et  que  les  individus  jaunes 
sont  une  très-rare  exception.  L'antériorité  de  description 
nous  a  fait  conserver  le  nom  de  Trimaculatus,  Gmel., 
changé  par  Risso  en  Quadrimaculatus,  bien  que  celui  de 
Carneus,  Ascan.,  indique  beaucoup  mieux  cette  espèce, 
que  l'on  prend  assez  souvent  avec  la  troupe  des  Turdus, 
Mœrula,  Cœruleus  et  autres. 

Nous  avons  observé  plusieurs  fois  un  Ctenolabrus  qui 


370       REV.   ET   MAG.    DE   ZOOLOGIE.   (Août  1860.) 

ressemble  beaucoup  à  Ylris  figuré  par  Bonaparte,  mais 
que  nous  n'avons  pas  voulu  y  rapporter,  ayant  toujours 
remarqué  que  la  tache  noire  de  la  queue  n'était  pas  située 
au  même  endroit.  Pour  le  Coricus  rubescens,  Riss,,  la 
description  de  cet  auteur  est  si  peu  explicite,  que  c'est 
avec  doute  que  nous  donnons  ce  nom  à  une  petite 
espèce  de  couleur  rougeâtre  avec  les  nageoires  jaunes  et 
une  bande  jaunâtre  sur  les  flancs,  et  que  nous  avons  eue 
une  seule  fois  sous  le  nom  de  Sublaïre.  Nous  ne  som- 
mes pas  non  plus  assez  sûr  d'avoir  rencontré  YAcanthola- 
brus  Palloni,  pour  nous  permettre  de  l'inscrire  sur  notre 
catalogue,  et  nous  n'avons  jamais  vu  le  Julis  pavo  de 
Riss.;  il  n'en  est  pas  de  même  du  Julis  speciosa,  Riss., 
contesté  par  Bonaparte;  nous  l'avons  reconnu  dans  un 
individu  de  ce  genre,  tenant  le  milieu  entre  le  Giofredi, 
Riss.,  et  le  Vulgaris,  que,  soit  dit  en  passant,  nous  som- 
mes étonné  de  voir  aussi  mal  représenté  dans  l'ouvrage 
de  Cuvier  et  Valenciennes.  Pour  clore  cette  famille  si  at- 
trayante, nous  dirons  que  le  Rason  [Xyrichthys  cultratus), 
signalé  par  Rondelet  à  Montpellier,  ne  nous  est  jamais 
apparu  jusqu'à  ce  jour. 

Enfin,  le  singulier  Centriscus  Scolopax,  seul  représentant 
de  la  famille  des  Fistulaires  qui  termine  les  Acanthoptéry- 
giens,  est  commun  sur  nos  marchés,  sous  le  nom  de  Pois- 
son  trompette,  et  vient  le  plus  souvent  en  compagnie  du 
Capros  aper,  déjà  cité. 

[La  suite  au  prochain  numéro») 


II    ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Traité  d'Oologie  ornithologique,  par  M.  O.  des  Murs.  — 
Réflexions  sur  cet  ouvrage,  par  le  docteur  Joseph-Emile 
Cornay.  (Voir  p.  313.) 

Les  caractères  oologiques  qu'il  a  déterminés  par  fa- 
milles d'Oiseaux,  aux  pages  63  à  66  de  son  ouvrage,  se 
trouvent  donc  mis  en  application  dans  la  troisième  partie 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  371 

de  son  traité;  aussi  maintenant,  en  voyant  un  nid  garni 
d'oeufs  sphériques,  pour  ne  citer  qu'un  exemple,  ceux  qui 
connaîtront  le  travail  de  M.  des  Murs  pourront  dire  de 
suite  que  ces  œufs  appartiennent  aux  Oiseaux  rapaces 
nocturnes;  puis  par  les  caractères  particuliers  de  la  cou- 
leur, du  grain,  de  la  pâte  calcaire,  de  la  transparence,  de 
la  contexture,  de  la  nidification,  de  l'habitation,  ainsi  que 
par  le  caractère  oogéométrique  des  diamètres  que  nous 
avons  trouvé  nous-même,  ils  reconnaîtront  bientôt  l'espèce 
d'Oiseaux  de  laquelle  ils  proviennent. 

Les  œufs,  comme  tout  produit  organique  particulier, 
ne  peuvent  donner  que  des  caractères  limités  à  la  possi- 
bilité ;  tous  les  savants  le  comprendront  ;  cela  ne  détruit 
pas  l'utilité  de  ces  caractères!  L'application  à  l'espèce,  à 
la  série,  à  l'ordre  qu'en  a  su  faire  M.  des  Murs  ne  peut 
être  mieux  exécutée,  et  si  le  travail  n'est  point  complet  re- 
lativement au  grand  nombre  d'Oiseaux  que  l'on  connaît, 
et  que  M.  des  Murs  dit  être  de  8,300  espèces,  il  nous  a 
semblé  voir  que  cela  ne  tenait  qu'à  la  pauvreté  des  col- 
lections d'œufs  qui  sont  encore  peu  riches  de  matériaux. 
Mais  on  peut  être  sûr  que  le  traité  de  M.  des  Murs  va 
pousser  les  ornithologistes  à  collectionner  les  œufs  d'Oi- 
seaux et  leurs  nids,  comme  l'ont  déjà  fait  ses  nombreux 
mémoires  publiés  dans  la  Revue  Cuvierienne.  Nous  espé- 
rons que  ce  travail  sera  continué  par  ses  soins,  et,  s'il  y 
avait  quelques  rectifications  de  détail  à  faire  à  ce  qui  est 
déjà  fait,  que  l'on  veuille  bien  les  indiquer  à  l'auteur, 
dans  l'intérêt  de  la  science;  nous  croyons  qu'il  est  homme 
à  les  recevoir,  à  les  peser  et  à  les  reproduire  avec  plaisir 
sous  le  nom  même  des  observateurs. 

Dans  son  livre,  M.  des  Murs  a  payé  un  juste  tribut 
d'éloges  à  beaucoup  de  personnes  savantes  ou  utiles,  et  il 
a  bien  agi  en  n'oubliant  pas  M.  Jules  Verreaux,  le  voya- 
geur naturaliste,  qui  a  fait,  de  visu,  les  plus  rares  et  les 
plus  curieuses  observations  sur  les  habitudes  d'une  foule 
d'animaux  et  d'Oiseaux  dans  les  différents  continents,  qui 


372      REV.    ET  MAG.    DE   ZOOLOGIE.  (Août  1860.) 

a  rapporté  de  ses  voyages  les  plus  brillantes  collections, 
où  se  trouvaient  de  nombreuses  espèces  nouvelles,  et  dont 
personne  n'a  su  récompenser  dignement,  c'est-à-dire  d'une 
manière  réellement  française  les  trop  durs  labeurs. 

Les  44  pages  de  notes  placées  à  la  fin  des  chapitres 
sont  très  importantes  par  les  observations  judicieuses 
qu'elles  renferment.  L'ouvrage  se  termine  par  un  catalo- 
gue des  Oiseaux  d'Europe,  et  par  des  tables  alphabétiques 
des  auteurs  cités  et  des  ouvrages  consultés. 

Le  traité  d'oologie  ornithologique  est  une  œuvre  gran- 
diose dans  sa  conception,  sage  dans  sa  prévoyance  de 
nouvelles  additions  et  des  travaux  des  successeurs,  brève 
et  claire  par  la  phrase,  riche  d'expérience,  d'expérimenta- 
tions, de  citations,  d'aperçus,  d'observations,  d'analyses  ; 
utile,  comme  tout  travail  encyclopédique,  philosophique, 
en  ce  qu'elle  détruit  les  croyances  fabuleuses  et  les  idées 
erronées  sur  les  productions  ornithologiques,  tout  en  fai- 
sant rentrer  l'ovographie  dans  le  cadre  de  la  science;  en- 
fin scientifique,  en  s'appuyant  sur  la  bibliographie,  qui 
renferme  tous  les  travaux  de  savants  prédécesseurs  et  des 
contemporains. 

Il  faut  posséder  certainement  un  bien  puissant  amour 
de  la  science  pour  produire  par  ses  seules  forces  une 
œuvre  aussi  considérable  et  d'une  aussi  longue  haleine 
que  le  traité  d'oologie  que  nous  venons  d'analyser  bien 
succinctement  dans  cette  revue  malheureusement  trop  li- 
mitée. 

En  terminant,  nous  nous  plaisons  à  féliciter  sincère- 
ment M.  des  Murs,  le  très-savant  auteur  de  ce  travail,  lui 
qui  a  reconnu  le  premier  l'utilité  des  caractères  oologi- 
ques  et  l'importance,  en  l'exécutant  lui-même,  d'une  no- 
menclature précise  indiquant,  d'une  manière  positive,  les 
formes  fixes  et  primordiales  de  l'œuf  dans  les  différentes 
progressions  spécifiques  des  Oiseaux.  Les  vrais  ornitho- 
logistes seront  heureux  de  consulter  cet  ouvrage  de  phy- 
siologie et  de  morphologie,  et  de  concourir  désormais,  par 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES.  373 

leurs  collections  et  par  leurs  observations,  à  son  progressif 
développement. 

En  lisant  M.  des  Murs ,  on  sera  tellement  frappé  de 
la  grandeur  du  didactisme ,  qu'on  se  sentira  forcé 
d'admirer  ses  connaissances  et  de  s'incliner  avec  respect 
devant  son  œuvre;  mais  nous,  en  voyant  toutes  les  belles 
productions  intellectuelles  de  nos  concitoyens,  nous 
sommes  obligé  de  dire  :  France,  tu  n'es  plus  une  réunion 
d'hommes  enfermés  dans  les  bornes  d'un  territoire  ;  ton 
nom  qualifie  à  jamais  l'idée  dans  sa  forme  collective  et 
sans  limites. 

Quant  à  l'exécution  matérielle  du  livre  qui  ne  demande 
pas  peu  d'intelligence  et  de  goût,  nous  la  devons  aux 
bonnes  presses  et  au  talent  si  connu  de  M.  Gouverneur, 
imprimeur  à  Nogent-le-Rotrou.  La  pureté  de  la  lettre,  la 
parfaite  distribution  des  titres,  des  tables  et  du  texte  de 
ce  beau  volume  de  640  pages,  grand  in-8°  jésus,  est  une 
preuve  certaine  que  M.  Gouverneur  est  appelé  à  de  nou- 
veaux et  nombreux  succès. 


III  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Nous  recevons  de  notre  savant  confrère  et  ami,  M.  le 
docteur  Sacc,  la  lettre  suivante  que  nous  nous  empressons 
de  publier. 

«  Votre  n°  7  de  la  Revue  de  Zoologie  m'apporte  une 
série  d'éloges  critiques  de  l'oologie  du  savant  autant  que 
patient  M.  des  Murs.  Autant  d'auteurs,  autant  d'opinions 
différentes  ;  donc,  impossibilité  d'établir  une  relation  entre 
les  caractères  extérieurs  des  œufs  et  les  caractères  an  ato- 
miques, ou  les  fonctions  biologiques  des  Oiseaux  qui  les 
ont  produits.  Si,  passant  de  l'apparence  des  œufs,  on 
arrive  à  l'examen  de  leur  contenu,  il  en  est  tout  autrement; 
car,  d'après  le  peu  d'espèces  dont  j'ai  pu  observer  les 
œufs,  il  est  constant  que  le  rapport  du  vitellus  à  l'albu- 
men est  d'autant  plus  considérable,  que  la  durée  de  Fia- 


374      REV.    ET    MAG.    DE    ZOOLOGIE.    (Août  1860.) 

cubation  est  plus  longue.  Je  n'ai  examiné  que  les  œufs  du 
Serin  des  Canaries,  dont  l'incubation  dure  12  jours,  celui 
de  la  Poule  commune,  qui  les  couve  21  jours  ;  de  la  Dinde 
et  de  la  Cane,  qui  les  couvent  28  jours,  et  de  la  Cane 
musquée  ou  de  Barbarie,  qui  les  couve  35  jours  ;  puis, 
enfin,  ceux  du  Pigeon  commun,  qui  les  couve  J  6  jours,  et 
ceux  du  Pigeon  romain,  qui  les  couve  19  jours.  Eh  bien, 
j'ai  trouvé  que  le  poids  du  jaune  va  sans  cesse  en  aug- 
mentant, à  mesure  que  la  durée  de  l'incubation  se  pro- 
longe, et  précisément  dans  le  même  rapport  qu'elle,  c'est- 
à-dire  qu'en  prenant  pour  point  de  départ  l'œuf  de  Poule, 
dans  lequel  nous  admettons  que  le  jaune  est  au  blanc 
:  :  3  :  1 ,  ces  parties  seront  dans  l'œuf  de  Dinde  et  de  Ca- 
nard :  :  4  :  1,  et  dans  celui  du  Canard  musqué  :  :  5  :  1,  et 
ainsi  de  suite. 

Sans  repousser  absolument  la  classification  des  œufs 
basée  sur  leur  forme,  vous  me  permettrez  bien  de  vous 
observer  que,  dans  une  même  basse-cour  peuplée  avec 
la  même  espèce  de  Poules  ,  il  n'y  en  a  pas  deux  qui 
pondent  des  œufs  exactement  de  la  même  forme  ;  car  les 
uns  sont  sphériques,  les  autres  ovoïdes ,  d'autres,  enfin, 
elliptiques,  ou  autrement;  ce  qui  provient  évidemment  de 
la  conformation  de  l'oviducte,  puisque  chaque  individu 
pond  constamment  des  œufs  de  la  même  forme. 

J'attribue,  par  contre,  une  immense  valeur  à  la  cou- 
leur et  à  l'enduit  des  œufs  :  ainsi,  parmi  les  Rapaces,  tous 
les  œufs  des  diurnes  sont  colorés,  tous  ceux  des  nocturnes 
sont  blancs  ;  tous  les  Canards  ont  les  œufs  blancs  à  co- 
quille lisse ,  toutes  les  Oies  font  des  œufs  à  coquille  blan- 
che, mais  rugueuse.  Parmi  les  Gallinacés,  les  Tétras, 
Perdrix,  Gelinottes  et  Cailles  ont  des  œufs  brun  clair 
ponctué  de  brun  foncé  ;  tandis  que  les  Poules ,  les  Fai- 
sans et  les  Pigeons  ont  des  œufs  blancs ,  assez  légèrement 
teintés  de  jaune;  enfin  les  Corvidés  et  les  Becs-fins  ont 
tous  des  œufs  bleus  ou  vert-bleu  pointillé  de  brun.  Par  la 


MÉLANGES  KT  NOUVELLES.  375 

couleur  des  œufs,  les  Cigognes  se  distinguent  des  autres 
échassiers ,  et  l'Autruche  d'Afrique  de  tous  les  autres 
coureurs. 

Je  m'arrête  ici  en  priant  MM.  les  oologistes  de  bien 
vouloir  étendre  à  d'autres  espèces  l'observation  que  j'ai 
faite  sur  les  Oiseaux  domestiques ,  à  savoir  que  le  jaune 
est  d'autant  plus  gros,  relativement  au  blanc,  que  l'incu- 
bation est  plus  prolongée. 




Ver  a  soie  de  l'ailante. 

Grâce  à  la  bienveillance  de  M.  Alphand,  ingénieur  des 
parcs  et  promenades  de  la  ville,  autorisé  par  M.  le  préfet, 
j'ai  pu  instituer  dans  le  bois  de  Boulogne,  pour  les  per- 
sonnes qui  ne  peuvent  quitter  Paris,  une  expérience  agri- 
cole susceptible  de  leur  montrer  une  éducation  du  nou- 
veau Ver  à  soie  faite  en  plein  air,  et  presque  sans  main- 
d'œuvre,  sur  des  buissons  d'ailantes  ou  faux  vernis  du 
Japon. 

Des  milliers  de  visiteurs,  parmi  lesquels  il  s'est  trouvé 
beaucoup  d'agriculteurs  venus  exprès  des  départements, 
des  membres  de  l'Institut,  des  Sociétés  impériales  d'accli- 
matation, d'agriculture  de  France,  d'horticulture,  etc.,  et 
beaucoup  de  personnages  haut  placés  qui  s'intéressent  aux 
progrès  de  notre  agriculture,  ont  bien  voulu  m'encourager 
en  visitant  cette  expérience  publique  et  gratuite,  et  en  me 
témoignant  leur  approbation  de  vive  voix  ou  par  écrit. 

Parmi  ces  marques  de  sympathie,  que  je  conserve 
comme  un  titre  précieux,  et  dont  je  ne  saurais  trop  re- 
mercier les  signataires,  je  reproduirai  seulement  les  sui- 
vantes comme  spécimen  : 

« J'ai  hâte  d'être  initié,  par  votre  bienveillance, 

aux  mystères  de  ce  que  vous  me  permettrez  d'appeler  votre 
création,  d'un  des  plus  utiles  services  rendus  à  l'humanité.  » 
Général  baron  de  Béville,  aide  de  camp  de 
l'Empereur. 

S.  Exe.  M.  le  maréchal  Vaillant  a  ajouté  à  sa  signature  : 
«  Avec  ses  compliments  les  plus  sincères  sur  la  persévé- 
rance de  M.  et  Mme  Guérin-Méneville.  25  avril  1860.  » 

M.   Geoffroy  Saint  Hilaire  ,  directeur  du  muséum, 


376      REV.    ET   MAG.    DE   ZOOLOGIE.   (Août  1860.) 

président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation,  etc.,  a 
ajouté  à  la  sienne,  «  qui  félicite  M. et  Mme  Guérin-Méneville 
de  cette  belle  expérience.  » 

Aujourd'hui,  les  feuilles  des  ailantes  de  cette  localité  du 
bois  de  Boulogne  étant  consommées,  je  n'ai  pu  y  entre-, 
prendre  la  seconde  éducation,  celle  d'automne,  et  je  la 
fais  dans  mon  appartement  de  la  rue  des  Beaux-Arts,  4. 
Ce  sont  les  cocons  provenant  de  cette  éducation  qui  pas- 
seront l'hiver  sans  éclore  et  donneront  leurs  papillons  et 
les  œufs  nécessaires  à  la  première  éducation  de  1861,  vers 
le  commencement  de  juin  prochain. 

Outre  cette  éducation  en  chambre,  j'ai  pu  organiser  des 
expériences  dans  le  jardin  naissant  de  la  Société  d'accli- 
matation ,  grâce  à  l'obligeance  de  MM.  Rufz  de  Lovisson 
et  Albert  Geoffroy  Saint-Hilaire,  directeurs  de  ce  bel  éta- 
blissement. Là  aussi  j'ai  institué,  comparativement  avec  les 
essais  entrepris  chez  moi,  de  petites  éducations  ayant  pour 
objet  d'alimenter  le  Ver  à  soie  chinoisquej'ai  introduit  avec 
le  chêne,  le  fusain,  le  ceanothus,  etc.,  et  j'ai  tout  lieu  d'es- 
pérer une  réussite,  car  des  Vers  naissants,  placés  sur  ces 
végétaux,  s'y  sont  parfaitement  développés  jusqu'à  pré- 
sent, et  sont  aujourd'hui  (1er  septembre)  arrivés  à  leur  pre- 
mière mue. 

* 

Si  je  parvenais  à  nourrir  ce  Ver  à  soie  avec  les  feuilles 
de  nos  chênes,  ce  serait  une  nouvelle  conquête  pour  notre 
industrie  et  pour  celle  de  l'Europe. 


TABLE   DES  MATIERES. 

Pages 

Sacc.  —  Essai  sur  les   Poules  de  Nankin    dites  de   Cochin- 

chine.  329 

A.  Moquin-Tandon.  —  Considérations  sur  les  œufs  des  Oi- 
seaux. 339 

A.  Dodmet.  —  Catalogue  des  Poissons  recueillis  et  observés 
à  Cette,  suivi  de  quelques  idées  sur  la  possibilité  de 
réempoissonner  le  golfe  de  Lyon.  355 

Analyses.  370 

Mélanges  et  nouvelles  (Oologie,  Ver  à  soie  du  vernis  du  Japon).    373 

PARIS.  —  IMP.    DE   Mœe   Ve    BOUCHARD-HUZARD,    RUE   DE  L'EPERON,  5. 


VINGT-TROISIÈME  ANNÉE.  —  SEPTEMBRE  1860. 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 


Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 
par  M.  H.  de  Saussure. 

Sixième  article.  (Voir  p.  282.) 

Famille  des  Phyllostomides. 

Quatre  phalanges  au  doigt  du  milieu.  Narines  percées 
dans  un  écusson  membraneux,  en  forme  de  fer  à  cheval , 
surmonté  d'une  feuille  membraneuse,  ou  s'ouvrant  au  mi- 
lieu de  divers  replis  et  bourrelets  qui  couvrent  une  par- 
tie de  la  face. 

Les  Chauves-Souris  qui  appartiennent  à  cette  famille, 
examinées  au  point  de  vue  de  leurs  dents,  permettent  de 
distinguer  trois  types  dans  la  forme  des  molaires.  Les  unes 
ont  une  couronne  large,  excavée  et  prolongée ,  à  leur 
bord  externe,  en  une  lame  tranchante  et  très-saillante. 
D'autres  offrent  des  molaires  plus  ou  moins  compliquées, 
garnies  des  replis  de  l'émail,  qui  dessine  en  général  un  W. 
Enfin  les  Phyllostomides  de  la  troisième  catégorie  ont 
des  molaires  très-comprimées,  très-allongées  dans  le  sens 
antéro-postérieur;  leurs  prémolaires  affectent  la  forme  de 
dents  de  Squales  et  sont  espacées  ;  leurs  vraies  molaires 
sont  couvertes  de  tubercules  aigus,  mais  n'offrent  pas  de 
replis  réguliers  de  l'émail. 

Les  incisives  des  Phyllostomides  se  présentent  sous 
deux  formes  principales.  Chez  la  plupart  des  espèces,  elles 
sont  serrées  les  unes  contre  les  autres  ;  à  la  mâchoire 
supérieure,  les  moyennes  sont  grandes  et  forment,  par 
leur  réunion,  une  lame  saillante.  Chez  les  autres  espèces, 
les  incisives  sont  petites,  espacées,  souvent  lobées. 
2e  skrib.  t.  xii.  Année  1860.  25 


378     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  4860.) 

De  ces  différentes  variétés  de  dents,  il  résulte  cinq  com- 
binaisons, qui  donnent  lieu  à  autant  de  tribus  (1). 

Tribu  des  Centurioniens. 

Dents  molaires  appartenant  au  premier  type,  c'est-à- 
dire  à  couronne  large,  excavée  et  terminée  en  dehors  par 
une  lame  tranchante.  Incisives  supérieures  petites  et  espa- 
cées. Aucune  feuille  nasale,  ni  fer  à  cheval  autour  des  na- 
rines, mais  la  figure  couverte  de  bourrelets  et  de  replis 
membraneux  compliqués.  Face  très-raccourcie.  La  mâ- 
choire, incapable  de  se  fermer  à  sa  partie  antérieure,  res- 
tant largement  entr'ouverte  derrière  les  lèvres  (quand 
même  les  molaires  inférieures  appuient  contre  les  supé- 
rieures) et  donnant  issue  à  une  langue  courte  et  papil- 
leuse. 

Genre  Centurio,  Gray. 

Tête  aplatie;  face  extraordinairement  raccourcie,  à 
peau  nue  et  formant  des  replis  très-compliqués ,  qui 
donnent  à  l'animal  une  figure  grimaçante.  Oreilles  com- 
pliquées, à  pavillon  bilobé.  Dents  au  nombre  de  28.  In- 
cisives, *  V  *  ;  canines  f-j-;  prémolaires,  f-f;  molaires  -f-f. 
Queue  nulle;  membrane  fémorale  petite,  échancrée;  ailes 
offrant  entre  le  quatrième  et  le  cinquième  doigt  des  bandes 
transversales  subtransparentes. 

Ce  genre  curieux  est  encore  assez  peu  connu  pour  que 
nous  croyions  utile  d'en  donner  la  description  détaillée. 

La  tête  est  globuleuse,  aplatie  de  haut  en  bas ,  aussi 
large  que  longue,  à  face  extraordinairement  large  ou  ob- 
tuse (2).  Sa  peau  est  nue,  sauf  à  l'occiput,  et  forme  des 

(J)  Nous  ne  nous  occupons  pas  ici  de  celle  des  Desmodiens,  que 
nous  n'avons  pas  rencontrée  au  Mexique. 

(2)  La  face  rappelle  un  peu  la  physionomie  grimaçante  des  Singes 
à  figure  aplatie.  Lichtcnstein  et  Peters  remarquent  avec  raison  que 
cette  Chauve-Souris  est,  de  tous  les  Mammifères,  celui  quia  la  tête 
la  plus  courte  et  la  plus  obtuse.  La  partie  faciale  du  crâne  est  ex- 
traordinairement petite,  comparée  à  la  partie  encéphalique  ;  mais  la 
figure  est  placée  sur  un  plan  horizontal  qui  se  continue  avec  le  sora- 


TRAVAUX   INÉDITS.  379 

replis  compliqués  et  difformes,  dont  les  principaux  sont  : 
une  éminence  carrée,  épaisse,  placée  au-dessus  de  la 
lèvre  supérieure  entre  les  narines;  en  dehors  de  celle-ci, 
de  chaque  côté,  un  bourrelet  arqué,  avec  trois  verrues. 
Du  sommet  de  ce  renflement  médian  part  un  canal  placé 
entre  des  bourrelets  compliqués  (1)  et  qui  aboutit,  plus  en 
arrière,  contre  un  repli  membraneux,  transversal,  relevé, 
arrondi,  presque  trilobé.  Plus  en  arrière,  on  voit  un  grand 
repli  membraneux,  circonscrit  au  premier,  tenant  aux 
oreilles  et,  plus  en  arrière  encore,  un  troisième  pli  mem- 
braneux élevé.  Les  lèvres  sont  verruqueuses,  comme  chez 
les  Stenoderma,  et  le  menton  offre,  en  dessous,  trois  ou 
quatre  grands  replis  compliqués  de  la  peau.  Les  oreilles 
offrent,  à  leur  base,  sur  leur  bord  externe  un  lobe  presque 
séparé  et,  à  leur  angle  supérieur,  un  grand  lobe  séparé  en 
forme  de  fève  allongée,  placé  au-dessus  du  tragus.  Le  pouce 
a  ses  deux  phalanges  libres  :  l'index  possède  une  phalange  ; 
le  doigt  du  milieu,  trois.  La  queue  est  nulle  et  la  membrane 
interfémorale  peu  développée,  mais  aussi,  peu  échancrée 
La  peau  des  ailes  offre,  entre  le  quatrième  et  le  cinquième 
doigt,  une  structure  particulière,  qui  consiste  en  bandes 
transversales  où  la  peau  est  transparente  ;  ces  bandes  sont 
elles-mêmes  traversées  par  de  petites  fibres  longitudinales. 
On  voit  un  petit  espace  qui  offre  la  même  structure  en 
deçà  du  cinquième  doigt  et  au  delà  du  quatrième.  Les 
dents  sont  placées  sur  un  arc  qui  est  plus  large  que  long , 
vu  la  forme  extraordinairement  obtuse  du  museau.  Les 
incisives  supérieures  sont  très-écartées ,  les  inférieures 
serrées  ;  les  canines  ont  leur  face  externe  qui  regarde  en 
avant  ;  non  latéralement  comme  chez  les  autres  Chauves- 
Souris,  ce  qui  tient  encore  à  la  forme  extraordinairement 
large  et  obtuse  de  la  bouche.  Les  canines  et  les  prémo- 

met  de  la  tête  (un  peu  comme  chez  les  Grenouilles)  non  sur  un  plan 
vertical. 

(1)  L'analogue  des  éminences  verruqueuses  des  Phyllostomes, 
comme  l'indiquent  bien  les  auteurs  cités. 


380     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

laires  inférieures  ont  leur  face  externe  taillée  comme  si 
elles  s'usaient  par  cette  face  ;  il  en  est  de  même  de  la  pre- 
mière prémolaire  supérieure. 

Le  système  dentaire  des  Centurio  offre  une  frappante 
analogie  avec  celui  des  Artibalus,  car  les  vraies  molaires 
supérieures  ont  leur  bord  externe  comprimé,  en  forme  de 
lame  tranchante,  et  la  couronne  est  fortement  creusée, 
au  lieu  d'offrir  des  replis  en  forme  de  W  ou  des  pyra- 
mides diverses.  Cette  analogie  est  péremptoire  et  elle  suf- 
fit pour  isoler  les  Centurio  de  toutes  les  autres  Chauves- 
Souris.  Elle  se  complète  encore  par  la  largeur  de  la  mâ- 
choire, si  constante  chez  les  Sténodermiens  ;  seulement 
ici  ce  caractère  est  exagéré.  Enfin,  lorsque  les  deux  mâ- 
choires sont  serrées  l'une  contre  l'autre,  la  bouche  n'est 
pas  fermée  ;  il  reste  un  vide  entre  les  incisives  supérieures 
et  inférieures,  comme  chez  les  Artibalus;  mais  ici  ce  vide 
est  bien  plus  grand,  car  même  l'extrémité  des  canines  in- 
férieures reste  encore  très-éloignée  des  incisives  supé- 
rieures. 

Le  crâne  a  une  forme  très-singulière;  sa  partie  faciale 
est  extraordinairement  raccourcie,  à  tel  point  que  le  con- 
duit acoustique  s'ouvre  au  milieu  de  la  longueur  du  crâne. 
La  mâchoire  inférieure  est  plus  large  que  longue,  et  le 
sommet  de  la  tête  est  parcouru  par  une  très-forte  crête. 
La  langue  est  très-courte  et  triangulaire.  La  partie  supé- 
rieure de  la  trachée-artère  est  renflée  en  forme  de  fuseau. 
MM.  Lichtenstein  etPeters,  du  mémoire  desquels  nous 
avons  extrait  la  plupart  des  observations  qui  précèdent, 
attendu  que  leur  travail  laissait  peu  de  choses  à  ajouter, 
ont  montré  avec  évidence  que  le  genre  Centurio  ne  pou- 
vait prendre  place  que  dans  la  famille  desPhyllostomides. 
M.  Gray,  déjà,  avait  laissé  entrevoir  ce  rapprochement, 
en  se  basant  avec  justesse  sur  la  présence  de  la  troisième 
phalange  au  doigt  du  milieu,  caractère  spécial  aux  Phyl- 
lostomes  (1).  D'ailleurs,  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur 

(1)  les  auteurs  allemands  ont,  à  tort,  rejeté  ce  caractère,  qu'ils 


TRAVAUX    INÉDITS.  381 

la  dentition,  pour  voir  que  les  molaires  tranchantes  rap- 
pellent exactement  celles  des  Phyllostomides  de  la  tribu 
des  Sténodermiens,  type  qui  ne  se  retrouve  dans  aucune 
autre  famille  des  Chéiroptères. 

MM.  Lichtenstein  et  Peters  montrent  que  le  renflement 
carré  qui  domine  le  milieu  de  la  lèvre  supérieure  est 
l'analogue  de  la  feuille  nasale  des  Phyllostomes;  mais, 
quand  même  cela  ne  serait  pas,  je  crois  qu'il  n'y  aurait 
pas  là  une  raison  suffisante  pour  séparer  les  Centurio  des 
Phyllostomides,  puisque  la  feuille  nasale  se  retrouve  dans 
d'autres  familles  et  qu'elle  n'est  pas  un  caractère  exclusif 
des  Phyllostomides. 

Le  genre  Centurio  établit  une  espèce  de  liaison  entre  les 
Phyllostomides  et  le  genre  Mormops  par  la  complication 
de  ses  membranes  crâniennes  et  jugulaires,  et  par  celle  de 
ses  oreilles. 
Centurio  mexicanus.  Supra  fusco-subrufescens,  in  occipite  et  hu- 

meris  grisescens;  pilis  albidis,  basi  et  apice  fuscis;  subtus  pal - 

lidus,  collo  et  humeris  pallidioribus ,  gula  albicante;  utrinque 

macula  ante  numéros  alba;  dentés   incisivi  mediani  apice  tri- 

lobati. 

Pour  les  replis  de  la  face,  nos  individus  correspondent 
parfaitement  à  la  description  et  aux  figures  que  Lich- 
tenstein et  Peters  ont  données  du  C.  flavogularis  (1),  si  ce 
n'est  que,  étant  desséchés ,  les  replis  membraneux  posté- 
rieurs de  la  face  ont  presque  disparu  et  que  l'antitragus 
est  plus  allongé  et  dentelé  à  son  bord  inférieur.  Le  grand 
lobe  supérieur  de  l'oreille  est  longuement  cilié.  Les  inci- 
sives supérieures  moyennes  ne  sont  pas  bifides  chez  nos 
individus,  comme  chez  l'espèce  citée,  mais  trilobées  au 
bout.  Le  pelage  est  d'un  brun  un  peu  rougeàtre  en  dessus, 
mais  beaucoup  moins  roux  que  ne  l'indique  la  figure  qui 
accompagne  le  mémoire  allemand  ;  il  devient  plus  clair 

prétendent,  par  erreur,  se  retrouver  chez  plusieurs  Vespcrtilions,  en 
particulier  chez  le  V.  noctula. 

(1)  Lichteusteiu  et  Peters,  Ahandl.  dcr  Akad.  der  Wissensch.  zu 
Berlin,  185ï,  p.  81,  pi.  1. 


382     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

vers  la  partie  antérieure  du  dos;  ses  poils  sont  blanchâ- 
tres ,  avec  les  deux  extrémités  brunes.  Le  ventre  est  pâle, 
d'un  gris-brun  légèrement  fauve;  ses  poils  sont  unico- 
lores,  avec  la  pointe  seulement  un  peu  plus  pâle.  La  gorge 
est  blanche,  couverte  de  poils  ras,  et  l'on  voit,  le  long  de 
la  ligne  médiane  du  ventre,  la  trace  d'une  raie  blanchâtre. 
De  chaque  côté,  à  la  base  de  l'humérus,  est  une  tache 
d'un  blanc  pur.  Les  membranes  sont  noirâtres,  mais  for- 
tement revêtues  de  poils,  jusqu'à  une  grande  distance  du 
corps  et  tout  le  long  des  bras.  L'aile  s'insère  au  milieu  du 
métatarse.  La  tête  est  nue  dans  presque  toute  son  étendue  ; 
elle  l'est  même  en  arrière  des  oreilles;  le  poil  de  la  nuque 
vient  se  terminer  sur  l'occiput,  sous  la  forme  d'un  triangle, 
dont  la  pointe  s'insère  sur  la  crête  des  pariétaux. 

Longueur  du  corps  et  de  la  tête 0m,065 

Longueur  de  l'avant-bras 0m,045 

Longueur  de  la  membraoe  interfémorale.  0",012 

Longueur  de  l'éperon 0ID,006 

Chez  un  individu  femelle,  les  poils  du  cou  tirent  au  blanc 
jaunâtre. 

Habite  les  régions  chaudes  du  Mexique. 

Notre  espèce  diffère  de  celle  de  Lichtenstein  et  Peters 

Ie  Par  la  taille  moindre;  2°  par  la  couleur  générale  du 
pelage,  qui  est  moins  rousse;  3° par  la  gorge  et  les  taches 
numérales,  qui  sont  blanches  ;  4°  par  la  forme  des  incisives 
moyennes  ;  5"  par  la  membrane  interfémorale  plus 
courte  (1). 

Peut-être  ces  divergences  tiennent-elles  seulement  à  ce 
que  nos  individus  sont  un  peu  plus  jeunes  ou  tués  dans 
une  autre  saison.  D'ailleurs,  l'individu  du  muséum  de 
Berlin  était  conservé  dans  l'alcool,  ce  qui  peut  bien  avoir 
altéré  sa  couleur.  Cette  cause  suffirait  pour  expliquer  la 
teinte  jaunâtre  de  la  gorge  et  des  taches  humérales. 

On  peut  enfin  se  demander  si  les  dents  du  C.  scnex 

(1)  Ceci  pourrait  s'expliquer  par  une  exagération  sur  la  figure. 


TRAVAUX    INÉDITS.  383 

de  Gray  sont  bien  coniques,  comme  l'indique  la  descrip- 
tion, et  si  cette  Chauve-Souris,  qui  est  probablement  ori- 
ginaire de  l'Amérique  méridionale  (mais  certainement 
pas  d'Amboine),  n'est  pas  encore  la  môme  espèce.  Il  reste 
donc  à  éclaircir  si  les  Centurio  connus  jusqu'à  ce  jour 
doivent  ne  former  qu'une  seule  espèce  ou  s'ils  doivent  en 
former  trois. 

[La  suite  au  prochain  numéro.) 


Description  d'Oiseaux  nouveaux  de  la  Nouvelle-Calédonie 

et  indication  des  espèces  déjà  connues  de  ce  pays,  par 

MM.  Jules  Verreaux  et  0.  des  Murs. 

L'admission  de  l'Océanie  comme  cinquième  partie  du 
monde  est  d'assez  fraîche  date,  et  l'on  s'explique  aisément 
les  indécisions  des  savants  pour  en  fixer  les  divisions  en 
zones  botaniques  et  zoologiques;  maintenant  les  décou- 
vertes qui  ont  été  faites  sont  assez  considérables  pour  que 
le  moment  soit  venu  de  reprendre  en  sous-œuvre  ce  qui  a 
rapport  à  ces  questions. 

C'est  ce  dont  paraît  s'être  préoccupé  fort  judicieusement 
M.  Wallace,  auteur  de  belles  découvertes  en  zoologie 
océanienne.  Que  n'a-t-il  songé  à  porter  aussi  son  atten- 
tion sur  la  Nouvelle-Calédonie,  qu'il  n'a  même  pas  nommée 
dans  son  remarquable  article  sur  la  distribution  géogra- 
phique des  Oiseaux,  publié  dans  Y  Ibis  d'octobre  1859, 
p.  449! 

En  effet,  la  Nouvelle-Calédonie  aurait-elle,  par  ses 
faunes,  un  caractère  qui  lui  fût  propre,  comme  cela  a  lieu 
pour  les  autres  centres  de  création  aujourd'hui  reconnus 
sur  le  globe,  ou,  au  contraire,  aurait-elle  des  points  de 
contact  saisissables  avec  d'autres  centres  de  productions 
organiques,  tels  que  la  Nouvelle-Hollande  et  ses  annexes, 
l'archipel  de  la  Sonde  ou  l'archipel  polynésien? 

Ce  sont  des  questions  que  nous  aurions  été  heureux  de 
voir  discuter  par  un  voyageur  de  la  valeur  de  M.  Wallace, 


384     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

que  des  connaissances  pratiques  le  mettent  à  même  de 
traiter  plus  pertinemment  que  tout  autre.  Nous  ne  déses- 
pérons pas  que,  avec  le  temps  et  grâce  au  zèle  qui  l'anime, 
ce  voyageur,  répondant  à  notre  appel,  n'arrive  à  remplir 
ce  que  nous  considérons  comme  une  lacune  regrettable 
dans  son  travail. 

C'est  à  M.  Decaisne,  professeur  au  muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris,  que  nous  devons  cette  connaissance, 
savoir  que  la  Nouvelle-Calédonie  appartient,  par  sa  flore, 
à  la  même  formation  que  la  Nouvelle-Hollande,  quoique 
sa  distance  à  ce  pays  soit  déjà  grande  ;  que  son  climat 
océanique  ainsi  que  sa  latitude  lui  donnent  d'assez  nom- 
breux rapports  avec  les  archipels  polynésiens  et,  en  par- 
ticulier, avec  l'île  de  Timor  ;  en  un  mot,  la  population  vé- 
gétale de  la  Nouvelle-Calédonie  prouve  qu'elle  participe 
à  deux  grandes  faunes,  en  se  rapprochant  beaucoup  plus 
de  celle  de  l'Australie  orientale  et  tropicale  que  de  celle 
des  archipels  de  l'Océanie. 

Nous  allons  voir  si  les  faits  zoologiques  répondent  à 
l'opinion  du  membre  distingué  de  l'Institut  que  nous  ve- 
nons de  nommer. 

Ce  qui  nous  a  inspiré  les  réflexions  qui  précèdent,  c'est 
l'étude  que  nous  avons  été  chargés  de  faire  d'une  collec- 
tion ornithologique  qui  a  été  recueillie  par  les  soins  d'une 
commission  scientifique  nommée  par  M.  Saisset,  officier 
supérieur  de  la  marine  française,  commandant  les  forces 
navales  de  cette  partie  du  monde,  collection  qui  fait  partie 
aujourd'hui  de  l'exposition  coloniale  du  palais  de  l'indus- 
trie. 

Nous  allons  donc  faire  connaître  le  nom  et  la  descrip- 
tion des  espèces  qui  la  composent,  en  y  joignant,  dans  un 
ordre  méthodique,  celles  déjà  décrites,  tant  par  M.  Scla- 
ter,  dans  Y  Ibis  (1859),  de  la  collection  Gurney,  que  par 
M.  G.  R.  Gray,  dans  les  Proceedings  de  la  Société  zoolo- 
gique de  Londres  de  la  même  année. 


TRAVAUX   INÉDITS.  385 

1.  Haliastur  sphenurus  (Vieill.). 

Une  femelle  adulte,  laissant  voir  encore  quelques  flam- 
mèches du  jeune  âge,  tant  sur  la  partie  supérieure  que 
sur  la  partie  inférieure. 

Un  jeune  mâle  ayant  encore  plus  de  traces  de  ces  mêmes 
flammèches  blanchâtres  qui  caractérisent  l'Oiseau  dans 
son  premier  âge,  mais  avec  la  teinte  beaucoup  plus  pâle; 
les  taches  des  ailes  et  de  l'extrémité  de  leurs  rémiges  d'un 
blanc  plus  pur;  la  queue  grisâtre  en  dessus,  comme  dans 
l'adulte,  et  terminée  de  blanchâtre  ;  cirre  et  tarses  bleuâ- 
tres; bec  et  ongles  bruns;  iris  brun  roux  dans  l'adulte, 
plus  foncé  dans  le  jeune  ;  l'espèce  identiquement  la  même 
que  celle  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Collection  de  l'exposition. 

L'exemplaire  de  M.  Gurney  provenait  du  Port-Saint- 
Vincent. 

2.  Pandion  haliœtus  (Lin.). 

Tel  est,  du  moins,  le  nom  que  M.  G.  R.  Gray  a  donné  à 
son  exemplaire,  qu'il  rapporte  au  type  de  la  description 
du  Falco  haliœtus  de  Forster.  Nous  ne  sommes  pas  à  même 
de  vérifier  l'exactitude  de  cette  identification,  mais  nous 
croyons  devoir  supposer  que  cet  Oiseau  se  rapporte  plutôt 
au  Pandion  leucocephalus  de  Gould? 

L'individu  de  M.  Gray  provenait  de  l'île  des  Pins;  celui 
de  Forster,  de  celle  de  Spruce-Trees. 

3.  Urospiza  torquata  (Cuv.). 

Femelle  adulte;  cire  et  tarses  jaunes;  bec  et  ongles 
noirs  ;  iris  jaune  orange.  Le  même  que  celui  figuré  par 
Gould  dans  son  ouvrage  sur  les  Oiseaux  de  l'Australie. 

Collection  de  l'exposition. 

k.  Urospiza  haplochroa  (Sclat.),  Ibis,  1859,  p.  276,  Ois., 
pi.  VIII. 

Mâle  adulte,  ne  laissant  voir  que  très-peu  des  raies 
plombées  indiquées  dans  la  figure  donnée  dans  Y  Ibis; 
cirre  et  tarses  jaunes,  ce  qui  établit  déjà  une  légère  diffé- 


386     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

rence  avec  celui-ci,  dont  le  cirre   est  représenté   d'un 
gris  plombé;  iris  rouge  carmin. 

Trois  jeunes  mâles  et  femelle,  provenant  du  même  envoi, 
ont  toute  la  partie  supérieure  brune,  tirant  un  peu  au  noi- 
râtre sur  la  tête  et  le  cou,  quoique  laissant  voir  le  blanc 
ou  blanchâtre  qui  colore  la  base  de  ces  parties;  les  plumes 
des  ailes  du  dos  et  du  croupion  toutes  frangées  de  brun 
roussâtre,  plus  visible  dans  le  plus  jeune  ;  parties  infé- 
rieures blanchâtres,  étroitement  flammées  de  brun  sur  la 
gorge  et  le  devant  du  cou,  plus  largement  sur  la  poitrine 
et  rayées  transversalement  sur  le  reste,  mais  prenant  une 
teinte  roussâtre  sur  les  cuisses;  ailes  et  queue  rayées,  en 
dessus,  de  bandes  noirâtres,  au  nombre  de  sept  sur  les 
premières  et  de  dix  sur  la  dernière;  premières  rémiges, 
ainsi  que  les  rectrices,  grisâtres  en  dessous,  avec  des  raies 
plus  nombreuses;  la  base  des  primaires  et  tout  le  dedans 
des  secondaires  d'un  ton  isabelle,  plus  foncé  sur  les  tec- 
trices, qui  sont  flamméchées  de  brun  en  forme  de  V  ;  côtés 
do  la  face  et  sourcils  du  même  blanchâtre  que  le  reste, 
avec  des  lignes  plus  étroites. 

Longueur  totale  du  mâle 32  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 21 

Longueur  de  la  queue 15 

Longueur  totale  de  la  femelle 40 

Longueur  de  l'aile  fermée 23 

Longueur  de  la  queue 18 

Junior.  Supra  nigro-brunneus;  genis  superciliisque  albescentibus  ; 
dorsi  plumis  rufo-lirnbatis;  subtus  albidus;  colli  pectorisque  plu- 
mis  brunneo-flammatis ,  abdomiuis  crurumque  rufescenti  trans- 
versim  lineatis;  alis  et  cauda  nigrcscente  fasciatis. 

Le  mâle  adulte,  dont  le  dessin  représente  l'iris  rouge, 
porte,  à  la  Nouvelle-Calédonie,  le  nom  de  Kayneretta, 
tandis  que  les  jeunes  sont  figurés  avec  cette  même  partie 
jaune  et  portent  le  nom  indigène  des  Nna. 

Cette  espèce  est  répandue  partout  dans  l'île  ci-dessus 
iqdiquée, 


TRAVAUX    INÉDITS.  387 

L'exemplaire  de  M.  Gurney  provenait  de  l'île  de  Nu 
(Port-de-France). 
Collection  de  l'exposition. 

5.  Accipiter  approœimans  ("Vig.  et  Horsf.). 

De  l'île  de  Nu;  collection  Gurney.  Identique  à  celui  de 
la  Nouvelle-Hollande. 

6.  Circus  assirnilis  (Kaup). 

Port-de-France  et  de  Saint-Vincent.  Collection  Gurney. 
Identique  à  celui  de  la  Nouvelle-Hollande. 

7.  Strix  delicalula  (Gould). 

Identique  à  celui  de  la  Nouvelle-Hollande. 
Mâle  adulte.  Collection  de  l'exposition. 

8.  Nymphicus  cornutus  (G m.). 

Cet  Oiseau  était  considéré  depuis  longtemps  comme 
factice,  lorsque  M.  G.  R.  Gray  l'a  enfin  restitué  dans  son 
Gênera.  Iris  jaune  orange. 

Les  habitants  de  la  Nouvelle-Calédonie  le  nomment 
Kuikui. 

Collection  de  l'exposition. 

9.  Platycercus  calédoniens  (Gm.). 
Habite  la  Nouvelle-Calédonie. 

10.  Cyanoramphus  Saisseti  (J.  Verr.  et  0.  des  Murs). 

Supra  pratense-viridis  ;  capite  vertice  fere  toto,  facieque  rubris; 
superciliis  et  collo  viridibus  ;  subtus,  intense  flavo-virescens,  uro- 
pygii  lateribus  rubro  tinctis;  remigibus  nigris,  caeruleo  limbatis  ; 
rectricibus  viridi-caeruleis.  Rostro  (  platycerciformi  )  caerulesceuti- 
plumbeo,  apice  nigro. 

Cette  nouvelle  espèce  de  Cyanoramphe  se  distingue  de 
toutes  les  autres  par  la  forme  de  son  bec,  qui  rappelle 
plutôt  celui  des  Platycerques,  quoique  la  coloration  soit 
celle  des  premières,  c'est-à-dire  d'un  bleu  plombé  ar- 
genté, avec  l'extrémité  noire;  c'est  aussi,  de  toutes  les  es- 
pèces connues,  celle  dont  le  rouge  s'étend  le  plus  sur  la 
tête,  puisqu'il  couvre  une  partie  du  vertex  ;  ce  rouge  s'é- 
tend également  au  travers  des  yeux  jusque  sur  les  oreilles, 
mais  laissant  voir  distinctement  le  vert  des  sourcils,  qui 


388     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

est  plus  clair,  sur  ces  derniers,  en  dessous  et  sur  les  côtés 
du  cou  qu'ailleurs.  Tout  le  dessus  de  l'Oiseau  est  d'un  vert- 
pré  un  peu  nuancé  d'olivâtre  sur  le  croupion  et  les  cou- 
vertures sus-caudales;  une  tache  d'un  rouge  plus  foncé 
que  le  précédent  se  trouve  de  chaque  côté  du  croupion. 
Toutes  les  parties  inférieures  sont  d'un  vert  jaunâtre, 
à  partir  des  joues,  beaucoup  plus  prononcé  que  dans  les 
autres  espèces  ;  les  flancs  nuancés  de  vert-pré ,  les  rémiges 
noirâtres,  bordées  d'un  ton  bleu  qui  devient  plus  pâle  en 
arrivant  vers  leurs  extrémités,  et  tout  aussi  échancrées  que 
celles  de  toutes  les  espèces  du  genre  ;  les  rectrices  vertes, 
plus  bleues  à  l'extrémité  que  vers  la  base,  plus  pâles  au 
bout  sur  les  quatre  externes,  qui  sont  d'un  gris  verdâtre 
en  dessous,  tandis  que  les  autres  sont  noirâtres  ;  les  tarses 
sont  de  cette  dernière  couleur. 

Longueur  totale 30  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 12 

Longueur  de  la  queue 17 

La  femelle  ne  diffère  du  mâle  que  par  la  taille,  qui  n'est 
que  de  28  cent. 

Les  indigènes  de  la  Nouvelle-Calédonie  donnent  à  cet 
Oiseau  le  nom  de  Tea  Kiukiu. 

Nous  nous  faisons  un  devoir  et  un  plaisir  de  dédier 
cette  rare  et  nouvelle  espèce  à  M.  Saisset,  capitaine  de 
vaisseau,  gouverneur  des  établissements  français  dans 
l'Océanie,  comme  un  témoignage  de  gratitude  pour  les 
encouragements  qu'il  a  si  bien  su  prodiguer  à  toutes  les 
personnes  qui  s'occupent  d'histoire  naturelle. 

11.  Trichogloxws  Deplanchii  (J.  Verr.  et  O.  des  Murs). 
Supra  prateusiviridis;   facie  caerulea,  capite  viridi-brunneo.  Sub- 

tus;  gutture  colloque  intense  cœruleis,  pectore  et  ventre  superiore 

carmineo  rubris,  caeruleo  tenuissime  squammulatis;   cruribus, 

crisso  ac  tectricibus  subcaudalibus  flavo-viridibus.  Rostro  rubro, 

apicc  flavo  aurantio;  —  iride  flavo. 

Mâle  très-adulte. 

Face  d'un  beau  bleu,  devenant  d'un  vert  brun  sur  le 
vertex,  la  nuque  et  la  région  parotique  ;  dessus  du  corps 


TRAVAUX     INÉDITS.  389 

d'un  vert-pré,  laissant  voir  çà  et  là  des  taches  rouges  qui 
colorent  la  partie  interne  des  plumes  du  bas  du  cou  et  du 
haut  du  dos;  une  tache  oblongue  d'un  vert  plus  pâle  de 
chaque  côté  du  cou,  immédiatement  derrière  les  oreilles, 
diminuant  en  largeur  à  mesure  qu'elle  descend  ;  gorge  et 
devant  du  cou  d'un  bleu  foncé  ;  toute  la  poitrine  et  le  haut 
du  ventre  d'un  rouge  carmin,  chaque  plume  finement  ter- 
minée d'un  liséré  bleu  foncé,  se  changeant  en  taches  du 
même  vert  qui  colore  l'abdomen  ;  cuisses,  crissum  et  cou- 
vertures sous-caudales  d'un  jaune  verdàtre,  avec  des  ta- 
ches vertes  sur  l'extrémité  de  chaque  plume,  mais  d'une 
teinte  plus  pâle  sur  les  dernières  parties  ;  rémiges  noirâ- 
tres, bordées  d'un  vert  foncé  en  dessus,  jaunes  en  dessous, 
et  terminées  de  noir  plus  foncé  ;  tectrices  inférieures 
rouges  ;  rectrices  olivâtres  en  dessous,  largement  frangées 
de  jaune  olive;  bec  rouge,  terminé  de  jaune  orange;  tarses 
et  ongles  noirâtres  ;  iris  jaune. 

Longueur  totale 15  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 14  1/2 

Longueur  de  la  queue 12 

La  femelle  diffère  par  sa  taille  un  peu  moindre,  par  ses 
couleurs  moins  vives,  par  les  plumes  vertes  de  l'abdomen 
qui  se  trouvent  mélangées  de  rouge,  et  enfin  par  un  demi- 
collier  vert  clair  qui  se  trouve  sur  la  nuque.  Le  rouge,  qui 
est  si  prononcé,  dans  le  mâle,  sur  les  plumes  du  haut  du 
cou  et  du  haut  du  dos,  est  ici  à  peine  indiqué. 

Cette  espèce  se  rapproche  beaucoup  de  celle  indiquée 
par  M.  G.  R.  Gray  dans  les  Proceedings  de  1858,  page  183, 
sous  le  nom  de  Trichoglossus  nigrogularis,  rapportée  des 
îles  d'Aroe  par  M.  Wallace.  Nous  espérons  néanmoins  que 
notre  description  permettra  de  ne  pas  confondre  l'une 
avec  l'autre. 

Nous  dédions  cette  jolie  espèce  à  M.  Deplanche,  chirur- 
gien de  la  marine  impériale,  qui  a  su,  par  son  zèle  et  son 
amour  de  la  science,  recueillir  une  grande  partie  de  la 
collection  ornithologique   dans  laquelle  se  trouvent  les 


39,0    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

nouvelles  espèces  que  nous  décrivons  dans  cet  article. 

Nous  espérons  que  son  goût  pour  l'histoire  naturelle 
ne  fera  que  grandir  et  que,  par  lui,  nous  serons  à  même 
d'enrichir  de  nouveau  la  liste  des  productions  si  intéres- 
santes et  si  peu  connues  de  cette  partie  du  globe. 

D'après  les  notes  de  ce  voyageur,  les  indigènes  donne- 
raient le  nom  de  Tiria  au  mâle  et  de  Kiki  à  la  femelle. 

Collection  de  l'exposition. 

12.  Psitteuteles  diadema  (J.  Verr.  et  O.  des  Murs). 

Supra  pratensi-viridis;  vertice  azureo.  Subtus;  genis,  gutture  et 
collo  antico  flavescentibus;  remigibus  brunneis  viridi  obscure  lim- 
batis  ;  rectricibus  viridibus  apice  flavo-virescente,  lateribus  in- 
terna rubro-fimbriatis;  rostro  rubescente. 

D'un  vert-pré,  très-clair  sur  le  front,  les  oreilles  et  les 
parties  latérales  du  cou,  ainsi  que  sur  les  régions  infé- 
rieures ;  plus  foncé  sur  le  reste,  et  principalement  sur  le 
manteau;  vertex  bleu  d'azur;  joues,  gorge  et  une  portion 
du  devant  du  cou  tirant  sur  le  jaune  ;  rémiges  brunes, 
bordées  de  vert  très-foncé  sur  les  primaires:  rectrices 
d'un  vert  encore  plus  foncé,  terminées  de  jaune  verdàtre 
sur  une  partie  de  leur  longueur  et  plus  pur  vers  l'extré- 
mité, les  deux  médianes  exceptées,  où  le  jaune  n'occupe 
qu'un  très-petit  espace;  les  quatre  latérales  ayant  du  rouge 
sur  une  partie  de  leurs  barbes  internes,  puis  une  bande 
noirâtre,  le  reste  devenant  d'un  jaune  verdàtre,  plus  clair 
sur  la  partie  interne  ;  une  tache  rouge  à  l'anus.  Bec  long, 
très-arqué  et  pointu,  ayant  été  rougeâtre,  bordé  latérale- 
ment de  noirâtre  vers  le  bout;  narines  rondes,  percées 
dans  une  membrane  également  rougeâtre;  tarses  de  même 
couleur  avec  les  ongles  noirs;  ailes  longues  et  très-poin- 
tues, à  deuxième  et  troisième  rémiges  les  plus  longues  ; 
queue  assez  longue,  très-étagée,  les  quatre  rectrices  du 
milieu  plus  aiguës  que  les  autres  qui  sont  arrondies. 

Longueur  totale 20  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 09  3  mill. 

Loûgueur  de  la  queue 09 


TRAVAUX   INÉDITS.  391 

Longueur  du  bec  en  suivant  la  courbure.      1  cent.  4  mil!. 
Longueur  du  tarse 1 

Nous  pensons  que  cet  Oiseau  n'est  qu'une  femelle  très- 
adulte,  et  que  le  jaune  qui  s'observe  sur  les  joues,  le  de- 
vant du  cou  et  le  milieu  du  ventre  est  remplacé  par  du 
rouge  vif  dans  le  mâle? 

Ce  sera  la  quatrième  espèce  du  genre,  très-facile  à  dis- 
tinguer par  son  système  de  coloration. 

Porte  le  nom  de  Kinkin-Kunalu  à  la  Nouvelle-Calédonie 
par  les  indigènes. 

Collection  de  l'exposition. 

13.  Cuculus  [cacomantis)  bronzinus  (G.  R.  Gray). 
Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu. 

14.  Chalcites  lucidus  (Gm.). 

Femelle  adulte.  Identique  à  l'espèce  de  la  Nouvelle- 
Hollande. 
Collection  de  l'exposition. 

15.  Halcyon  sanctus  (Vig.  et  Horsf.). 

Mâle  et  femelle.  Pays  d'And'holley,  tribu  des  Tuo, 
camp  de  Morari.  Les  indigènes  de  la  Nouvelle-Calédonie 
lui  donnent  le  nom  de  Meinghia.  Les  exemplaires  indi- 
qués par  M.  G.  R.  Gray  provenaient  de  l'île  de  Nu  et  de 
Port-de-France.  Cette  espèce  est  identique  à  celle  de  la 
Nouvelle-Hollande. 

Collection  de  l'exposition. 

16.  Turdus  xantopus  (Forst.). 

D'après  nos  voyageurs,  l'espèce  porterait  le  nom  indi- 
gène de  Tiu-Tiu.  M.  G.  R.  Gray  l'indique  sous  celui  de 
Degbe,  propre  peut-être  à  la  localité  de  l'île  de  Nu,  d'où 
proviennent  ses  exemplaires. 

17.  Petroica     ? 

M.  G.  R.  Gray  indique  ainsi  un  individu  provenant  de 
l'île  des  Pins,  qu'il  rapporte  au  Turdus  minutus  de  Forster. 

18.  Àcanthiza  flavo-lateralis  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc.  (1859),  p.  161). 

Pays  de  Dand'hu,  tribu  des  Tuo,  camp  de  Morari.  Les 


392    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

indigènes  de  la  Nouvelle-Calédonie  l'appellent  Tùi-Tiïi. 
Iris  rouge. 
Collection  de  l'exposition. 

19.  Myagra  perspicîllata  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc. 
(1859),  p.  161). 

De  l'île  de  Nu. 
Collection  de  l'exposition. 

20.  Rhipidura  albiscapa  (Gould). 

Les  indigènes  de  la  Nouvelle-Calédonie  lui  donnent  le 
nom  de  Guiadhi.  Cette  espèce  est  identique  à  celle  de  la 
Tasmanie. 

Collection  de  l'exposition. 

21.  Eopsaltria  variegata  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc. 
(1859),  p.  162). 

De  l'île  de  Nu. 

22.  Eopsaltria?  caledonica  (        ). 

M.  G.  R.  Gray  indique  ainsi  un  Oiseau  du  musée  bri- 
tannique provenant  de  la  Nouvelle-Calédonie. 

23.  Eopsaltria  flavigastra  (J.  Verr.  et  0.  des  Murs). 

Supra  cinereo-brunnea  ;  uropygio  olivascente,  genis  et  collo  laterali 
griseis;  subtus  dilutior,  albo  flamraulatus  ;  abdomiae  crissoque 
flavis  j  alis  caudaque  brunneis  olivaceo-limbatis  ;  rostro  brunneo, 
subtus  flavescentc  ;  pedibus  unguibusque  bruuueis. 

D'un  gris  brun  en  dessus,  devenant  olivâtre  sur  le  bas 
du  dos  et  olive  pur  sur  les  couvertures  sus-caudales  ;  d'un 
gris  cendré  sur  les  parties  latérales  de  la  tête  et  du  cou, 
plus  pâle  encore  sur  les  parties  inférieures  à  partir  du 
menton  ;  mais  là  le  gris  occupe  le  centre  des  plumes,  en 
forme  de  raies  longitudinales,  sur  un  fond  blanchâtre;  ces 
raies  sont  principalement  visibles  et  plus  nombreuses  à  la 
gorge  ;  abdomen  et  reste  des  parties  inférieures,  les  cou- 
vertures sous-caudales  comprises,  d'un  jaune  pur,  relevé 
çà  et  là  de  vert  olive  qui  colore  une  partie  du  centre  des 
plumes;  ailes  et  queue  brunes,  bordées  d'olivâtre;  bec 
brun,  à  mandibule  inférieure  jaunâtre;  tarses  et  ongles 
brunâtres. 


TRAVAUX   INÉDITS.  393 

Longueur  totale 13  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 07  8  mill . 

Longueur  de  la  queue 05         2 

Iris  noir.  Bec  se  rapprochant  plus  de  celui  de  YEopsal- 
tria  capito  de  Gould  que  de  YEops.  australis.  Les  barbes 
du  bec  sont  moins  nombreuses  dans  notre  espèce,  qui  pré- 
sente bien,  au  reste,  tous  les  caractères  du  genre  dans  le- 
quel nous  le  plaçons.  Le  mâle  adulte,  qui  fait  partie  de 
l'exposition,  est  nommé,  par  les  indigènes  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  Atilienbuet. 

24.  Pachycephala  œanthetrœa  (Forst.  ;  Gray,  Proc.  zool. 
Soc.  (1859),  p.  162). 

Les  exemplaires  du  musée  britannique  proviennent  de 
l'île  de  Nu. 

25.  Pachycephala  morariensis  (J.  Verr.  et  O.  des  Murs). 

Supra  olivacea  ;  capite  colloque  superiore  ardesiaceis  ;  subtus 
ochraeeo-flava  ;  gula  colloque  antico  niveis  ;  collari  nigro  ;  rostro 
nigro;  pedibus  fusco-brunneis. 

Mâle  adulte.  Tête  et  haut  du  cou  gris  ardoisé  foncé  ; 
reste  des  parties  supérieures  de  couleur  olive,  un  peu  plus 
claire  sur  la  queue;  menton,  gorge  et  tout  le  devant  du 
cou  d'un  blanc  pur  ;  cette  dernière  partie  encadrée  d'un 
cercle  noir,  plus  large  au  centre;  ventre  et  parties  infé- 
rieures d'un  jaune  d'ocre,  devenant  plus  olivâtre  sur  les 
flancs  et  pâle  sur  les  sous-caudales.  Bec  plus  long  que 
dans  les  espèces  typiques  et  ressemblant  beaucoup,  pour 
ses  dimensions  et  sa  forme,  à  celui  de  YEopsaltria  griseo- 
gularis  de  Gould,  de  couleur  noire,  ainsi  que  les  quelques 
barbes  qui  en  garnissent  la  base;  tarses  et  ongles  bruns; 
iris  noir. 

Longueur  totale 14  cent.    4  mill. 

Longueur  de  l'aile 08 

Lougueur  de  la  queue 06  5 

Longueur  du  bec  à  partir  de  la  commis- 
sure   02 

Longueur  du  tarse 02  5 

Cette  espèce,  quoique  ayant  un  bec  et  des  tarses  un  peu 
2*  sÉiuB.  t.  xii.  Année  1860.  26 


»394     rev.   et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

plus  longs  que  les  autres,  offre  néanmoins  tous  les  carac- 
tères du  genre  où  nous  la  plaçons,  et  cependant  elle  se 
distingue,  à  première  vue,  de  toutes  ses  congénères. 

Les  individus  qui  font  partie  de  l'exposition  provien- 
nent du  camp  de  Morari,  d'où  nous  lirons  le  nom  que 
nous  lui  imposons.  Les  naturels  donnent  au  mâle  celui  de 
Monota  et  à  la  femelle  celui  de  Tirio. 

26.  Pachycephala  assimilis  (J.  Verr.  et  O.  des  Murs.) 
Supra  cinerca  ;  capite  colloque  strictissime  brunneo-striatis  ;  subtus 

cinnamomeaj  gula  colloque  albidis,   nigro,    circumcinctis  ;  rostro 

pedibusque  nigris. 

Mâle  adulte,  gris  cendré,  assez  foncé  sur  les  parties  su- 
périeures, avec  quelques  lignes  brunâtres  très-étroites  sur 
la  tête  et  le  dos;  menton,  gorge  et  devant  du  cou  blanc 
pur,  encadrés  par  une  ceinture  noire,  plus  large  au  centre  ; 
poitrine  grise  ;  flancs  de  même  teinte,  mélangés  du  même 
roux  cannelle  qui  colore  le  reste  des  parties  inférieures  ; 
rémiges  et  rectrices  noirâtres,  bordées  de  gris  cendré. 
Bec,  tarses  et  ongles  noirs;  iris  rouge. 

Longueur  totale 14  cent.    4  mill. 

Longueur  de  l'aile  fermée 08 

Longueur  de  la  queue 06 

La  femelle  adulte  diffère  du  mâle  par  la  teinte  plus  fon- 
cée de  la  partie  supérieure,  et  surtout  par  les  inférieures» 
qui  sont  toutes  flamméchées  de  brunâtre,  par  lignes  plus 
étroites  sur  la  gorge  et  le  devant  du  cou,  dont  le  fond  es1 
blanchâtre,  tandis  que  le  reste  est  d'une  teinte  plus  claire 
que  chez  le  mâle  ;  le  crissum  a  aussi  ce  ton  blanchâtre. 
Bec  brun  ;  tarses  noirâtres. 

Même  grandeur  que  le  précédent.  Dans  une  femelle, 
encore  jeune,  presque  toutes  les  parties  inférieures  étaient 
plus  pâles. 

Cette  espèce  se  rapproche  beaucoup  du  Pachycephala 
falcata  de  Gould,  qui  provient  de  ia  Nouvelle-Hollande; 
mais,  en  les  comparant,  il  est  impossible  de  les  con- 
fondre, ce  qui  nous  a  décidés  à  lui  imposer  le  nom  d'as- 
similis. 


TRAVAUX    INÉDITS.  395 

C'est  encore  du  camp  de  Morari  que  proviennent  les 
exemplaires  qui  font  partie  de  l'exposition,  où  ils  portent 
le  nom  de  Monota. 

27.  Artamus  melaleucus  (Forst.j. 

L'exemplaire  du  musée  britannique,  indiqué  par 
M.  G.  R.  Gray  dans  les  Proceedings  de  1859,  p.  163,  pro- 
vient de  l'île  de  Nu,  de  même  que  celui  qui  fait  partie  de 
la  collection  de  l'exposition.  Iris  noir. 

28.  Campephaga  caledonica  (Gm.). 

Nous  n'avons  observé  dans  les  deux  sujets  de  l'exposi- 
tion aucune  différence  entre  les  sexes,  si  ce  n'est  la  taille, 
qui  est  un  peu  plus  forte  dans  le  mâle  ;  chez  les  deux 
l'iris  est  jaune,  et  la  langue  légèrement  pénicillée  à  son 
extrémité.  Celui  du  musée  britannique,  indiqué  par 
M.  G.  R.  Gray  dans  les  Proceedings  de  1859,  p.  162,  pro- 
vient de  l'île  des  Pins. 

29.  Campephaga  analis  (J.  Verr.  et  O.  des  Murs). 
Plumbeo-cinerea,  supra  intensior;  subtus  rufo  dilutiore  flammulata  ; 

subcaudalibusrufo-castaneis;  rostro  brunneo;  pedibus  nigresceo- 
tibus. 

Couleur  générale,  gris  plombé,  plus  foncé  en  dessus, 
devenant  noirâtre  sur  la  queue,  où  l'on  observe  encore  du 
roussâtre  vers  l'extrémité  de  quelques  rectrices,  et  surtout 
sur  l'interne,  qui  est  plus  pâle  et  zébrée  vers  le  bout 
d'un  plombé  foncé  ;  des  flammèches  noirâtres  et  des  taches 
d'une  teinte  moins  foncée,  variées  d'autres  taches  blan- 
châtres, plus  ou  moins  lavées  de  roussâtre,  se  remarquent 
depuis  la  gorge  jusque  sur  l'abdomen,  irrégulièrement 
distribuées  ;  tectrices  inférieures  de  la  queue  roux  marron, 
laissant  voir  encore  des  traces  de  zébrures  plombées; 
quelques  plumes  roussâtres  variées  sur  les  tectrices  alaires 
supérieures,  la  première  teinte  colorant  l'extrême  bord 
des  rémiges  secondaires,  celles  des  premières  étant  blan- 
châtres. Bec  brun;  tarses  et  ongles  noirâtres;  iris  jaune 
orange. 

Longueur  totale 26  cent. 


396     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

Longueur  de  l'aile  fermée 13  cent.  4  mill. 

Longueur  de  la  queue 12 

Longueur  du  bec  depuis  la  commis- 
sure        03 

Longueur  du  tarse 03  5 

Quoique  le  plumage  de  cet  Oiseau  soit  encore  celui  d'un 
jeune  âge,  il  est  facile  de  voir,  par  la  coloration  générale, 
que,  dans  l'état  adulte,  toutes  les  maculatures  disparais- 
sent et  ne  laissent  plus  que  la  teinte  uniforme  gris  plombé, 
excepté  le  roux  du  dessous  de  la  queue  qui  persiste,  et 
duquel  nous  tirons  le  nom  que  nous  lui  imposons,  cette 
espèce  étant  la  seule  du  genre  qui  possède  ce  caractère. 

Les  naturels  de  la  Nouvelle-Calédonie,  du  camp  de  Mo- 
rari,  lui  donnent  le  nom  de  Tea-Kinkin. 
Collection  de  l'exposition. 
30 .  Campephaga  nœvia  (Gm .  ] . 

Celui  du  musée  britannique,  indiqué  par  M.  G.  R.  Gray 
dans  les  Proceedings  de  1859,  p.  163,  provient  de  l'île  de 
Nu. 

(La  suite  au  prochain  numéro.) 


Notice  sur  la  faune  ornithologique  de  l'île  de  Saint-Paul, 
suivie  de  l'énumération  de  quelques  espèces  d'insectes 
(Coléoptères)  des  Aléoutiennes  et  du  Kamtschatka;  par 

J.  P.  Coinde,  zoologiste. 

• 

«  Mais  qui  pénétrera  dans  ces  asiles  de  l'hiver, 
«  dans  ces  régions  affreuses,  ou  le  soleil,  de  ses  rayons 
«  obliques,  éclaire  inutilement  des  champs  éternel- 
«  lement  stériles,   des  plaines  tapissées  d'une  triste 

•  mousse,  des  vallées  ou  jamais  l'écho  ne  répète  le 
«  gazouillement  d'un  oiseau  ;  lieux  oii  la  nature  voit 
«  mourir  son  influence  vivifiante  et  se  terminer  son 

•  vaste  empire  .'  » 

Malte-Brun. 

En  1857,  nous  donnions,  dans  une  petite  brochure,  la 
diagnose  d'une  espèce  nouvelle  d'Oiseau  du  genre  jaseur 
{Bombycilla;  Ampelis  de  Linné).  — Cette  jolie  espèce, 
bien  distincte  des  trois  autres,  et  dont  nous  possédions 


TRAVAUX     INÉDITS.  397 

alors  le  mâle  et  la  femelle,  appartenait  à  la  faune  si  riche 
des  environs  de  Mexico,  ainsi  qu'à  celle  de  Yucatan.  Mais 
aujourd'hui,  tout  en  restant  encore  à  peu  près  dans  la  même 
partie  du  monde  (l'Amérique),  ce  n'est  plus  dans  ces  sé- 
duisantes contrées,  patrie  des  Oiseaux-Mouches  et  des  Co- 
libris, que  nous  allons  rechercher  des  espèces  intéres- 
santes. Tournons  nos  regards  et  nos  pas  vers  les  pôles  ; 
abandonnons  la  terre  ferme,  et  lançons-nous,  à  la  suite 
des  pêcheurs  russes,  dans  ces  océans  brumeux,  couverts 
des  plus  monstrueux  blocs  de  glace,  où  les  seules  terres 
qui  s'offriront  à  nous  seront  celles  des  îles  Aléoutiennes, 
d'Andréanoff  et  des  Renards;  puis  l'île  de  Cuivre  et  l'île 
de  Saint-Paul,  toutes  renfermées  dans  la  mer  du  Kamt- 
schatka,  et  non  loin  du  détroit  de  Behring. 

Là  nous  ne  devons  plus  compter  sur  le  ciel  splendide 
de  l'Amérique  tropicale;  là  plus  de  brillants  plumages, 
plus  de  ravissantes  mélodies,  plus  d'atmosphère  parfu- 
mée, plus  d'insectes  éclatants.  Plus  nous  avancerons  dans 
le  nord ,  plus  les  terres  nous  sembleront  déshéritées.  Le 
sont-elles  réellement?...  Mais  qui  pourra  nous  le  dire? 
«  Qui  pénétrera  dans  ces  asiles  de  l'hiver,  dans  ces  ré- 
«  gions  affreuses,  où  le  soleil,  de  ses  rayons  obliques, 
«  éclaire  inutilement  des  champs  éternellement  stériles, 
«  des  plaines  tapissées  d'une  triste  mousse,  des  vallées  où 
«  jamais  l'écho  ne  répète  le  gazouillement  d'un  oiseau  ; 
«  lieux  où  la  nature  voit  mourir  son  influence  vivifiante 
«  et  se  terminer  son  vaste  empire?  » 

Cependant,  quoi  qu'en  dise  l'illustre  géographe  Malte- 
Brun,  le  nord  a  aussi  ses  incontestables  beautés,  ses  faunes 
intéressantes  et  variées,  ses  flores  sublimes  et  nombreuses  ; 
mais  ce  sont  des  beautés  sévères,  des  animaux  plus  bizarres 
que  jolis,  des  plantes  sombres  et  rabougries,  ou  même  entiè- 
rement microscopiques.  Et  n'admirerez-vous  pas  ces  im- 
menses blocs  de  glaces  éternelles,  ces  rivages  dénudés  où 
s'étalent  les  mousses  et  se  dentèlent  les  fougères,  ces  ari- 
des rochers  qu'ornent  de  délicates  bruyères,  ces  sombres 


398     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

forêts  de  sapins,  la  brise  qui,  rêveuse,  soupire  sur  la 
plage,  et  les  mugissements  de  la  tempête,  et  les  mille  voix 
qui  sortent  des  cavernes,  et  l'aspect  de  cette  mer  sombre, 
imposante,  nuageuse  et  infinie  (l),  tout  vous  présente  un 
aspect  solennel  et  vous  frappe  par  sa  grandeur  et  sa  ma- 
jestueuse gravité.  Ici,  vous  vous  sentez  entraîné,  malgré 
vous,  aux  pensées  les  plus  sévères  et  les  plus  vraies  ;  la 
poésie  est  plus  énergique  ;  les  émotions,  sans  être  moins 
vives,  en  sont  plus  profondes.  Dans  les  pays  chauds,  au 
contraire,  la  jouissance  et  l'excès  des  sensations  ne  déve- 
loppent en  vous  que  la  frivolité.  Là  tout  est  soumis  à  la 
matière  et  à  la  vie  ;  mais  ici  la  nature  semble  épuiser  les 
corps  pour  augmenter  la  force  de  l'intelligence.  Et  qui 
pourrait  nous  nier  l'immense  utilité  des  pôles,  entrepôts 
des  hivers,  sources  éternelles  de  toutes  les  sources?  Qui 
pourrait  nous  dire  que  ces  déserts  de  glaces  ne  fournis- 
sent pas,  sous  quelques  rapports,  des  aliments  nécessai- 
res à  la  prodigieuse  voracité  des  tropiques? 

Pour  la  plupart,  les  Oiseaux  dont  nous  allons  parler  ca- 
ractérisent la  faune  ornithologique  de  l'île  de  Saint-Paul, 
et  se  rencontrent  aussi  sur  les  îles  et  îlots,  séparés  ou 
groupés,  qui  se  trouvent  en  assez  grand  nombre  dans  la 
mer  duKamtschatka.  Cependant,  quelques-uns,  sans  être 
trop  communs,  sont  connus  et  signalés,  non-seulement 
comme  appartenant  à  l'Europe,  mais  encore  comme  visi- 
tant assez  régulièrement  les  côtes  de  France,  et  s'égarant 
même  dans  l'intérieur  des  terres,  à  tel  point  que  je  pour- 
rais signaler  un  Labbe  stercoraire,  le  Lestris parasiticus, 
qui  appartient  maintenant  à  la  collection  du  muséum  de 
Lyon,  et  qui  a  été  tué,  en  1857,  dans  l'intérieur  même  de 
cette  ville.  J'en  dirai  autant  du  Goéland,  ou  Mouette  tri- 
dactyle  {Rista  trîdactyla  de  Leach),  qui  se  rencontre 
dans  les  diverses  parties  septentrionales  des  deux  conti- 

(1)  Les  mers  vues  du  rivage,  et  surtout  les  mers  du  Nord,  avec 
leurs  brumes  épaisses,  répondent  mieux  à  l'idée  qu'on  se  fait  de  l'in- 
fini j  mais,  en  pleine  mer,  on  les  voit  excessivement  bornées. 


399 

nents.  Des  Pélicans  et  des  Cormorans  ont  été  tués,  cette 
année  (avril-mai  18G0),  à  Moscou,  et,  en  décembre  1857, 
M.  le  comte  de  Poncin  a  abattu,  près  de  son  magnifique 
château  de  Saint-Cyr,  à  Montrond,  dans  la  vaste  plaine 
du  Forez,  cinq  ou  six  magnifiques  Cygnes,  dans  un  pas- 
sage considérable  de  ces  Oiseaux.  Sans  être  bien  curieux, 
ces  faits  me  semblent  dignes  de  prendre  place  ici,  pour 
prouver  qu'on  ne  doit  assigner  pour  patrie  à  un  oiseau, 
comme  à  tout  autre  vertébré  voyageur,  que  le  lieu  où  il  se 
livre  à  l'amour,  celui  témoin  de  sa  maternilé  et  de  son 
incubation.  D'après  cela,  il  y  aura  beaucoup  d'espèces 
ornithologiques  dites  d'Europe  que  nous  serons  obligé  de 
rejeter  comme  appartenant  à  d'autres  contrées  :  qu'on  se 
contente  donc  d'en  indiquer  simplement  le  passage  de 
telle  à  telle  époque,  et  d'observer  si  ce  passage  est  con- 
stant ou  seulement  accidentel.  Pardon  de  cette  digression, 
et  revenons  à  notre  sujet. 

La  plupart  de  ces  Oiseaux,  nous  venons  de  le  dire,  ha- 
bitent les  îles  et  îlots  de  la  mer  du  Kamtschatka,  de  celle 
de  Baffin,  du  détroit  de  Behring  et  du  littoral  de  l'Améri- 
que russe  ;  mais  les  neuf  espèces  que  je  cite  plus  loin 
proviennent  de  l'île  de  Saint-Paul,  et  je  crois  pouvoir 
assurer  que,  nulle  part,  ils  ne  se  rencontrent  réunis  en 
aussi  grand  nombre  que  dans  cette  île. 

Bien  qu'assez  rapprochée  des  Aléoutiennes,  la  petite 
île  de  Saint-Paul  est  la  moins  connue  et  la  moins  explorée 
de  toutes  celles,  si  nombreuses,  de  la  mer  du  Kam  tschatka.  Je 
ne  connais  qu'un  naturaliste  russe  qui  l'ait  visitée;  encore 
est-ce  un  géologue  qui  a  publié  une  étude  sur  sa  struc- 
ture dans  les  Annales  de  V Académie  de  Saint-Pétersbourg. 
Elle  semble  plutôt  appartenir  à  l'Asie  septentrionale  qu'au 
nord  de  l'Amérique,  bien  qu'enclavée  dans  les  posses- 
sions russes  de  cette  partie  du  monde.  La  petite  île  de 
Cuivre  n'en  est  pas  très-éloignée,  non  plus  que  les  Aléou- 
tiennes proprement  dites,  nommées  Chao  par  leurs  habi- 


&00    rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Soptembre  1860.) 

tants  ;  que  les  îles  d'Àndréanoff  ou  Négho ,  et  enfin  que 
les  îles  aux  Renards;  en  russe  Lisitsi  Ostroff  (1). 

Outre  ces  espèces,  l'île  de  Saint-Paul  possède,  sans 
doute,  d'autres  Goélands,  Mouettes,  Labbes  ou  Sterco- 
raires, Sternes,  Cormorans,  etc.,  etc.,  mais,  je  crois,  en 
bien  moins  grande  quantité  que  les  sujets  de  cette  notice, 
qui  ont  été  tués  par  un  officier  de  la  marine  russe,  parent 
de  M.  le  docteur  Warneck,  savant  zoologiste  de  Moscou 
et  qui  m'ont  été  remis  au  nombre  de  deux,  trois  et  qua- 
tre exemplaires  par  ce  professeur  avant  mon  départ  de 
Russie.  Que  d'espèces  rares,  curieuses  et  intéressantes 
dans  les  genres  Cormorans,  Larus,  Phalleris,  Lunda,  etc. , 
doivent  receler  les  parties  plus  avancées  !  Que  d'insectes 
curieux,  que  de  phénomènes  inconnus,  que  de  formes  et 
d'organisations  bizarres  nécessitées  par  les  milieux  où  se 
trouvent  ces  êtres  !  Dire  que  là  où  l'homme  ne  peut  plus 
vivre,  d'autres  êtres  ne  doivent  pas  non  plus  exister,  ce 
n'est  rien  prouver  que  l'impuissance  d'un  raisonnement 
borné  par  l'incapacité  des  sens.  Vraiment  l'on  peut  bien 
répéter  encore,  avec  notre  admirable  géographe  :  «  Qu'il 
a  serait  pourtant  beau  de  visiter  ces  régions  que  jamais 
«  ne  foula  le  pied  de  l'homme  !  Qu'un  jour  et  une  nuit  du 
«  pôle  seraient  riches  en  observations  curieuses!  » 
1.  Charadrius  pluvialis. 

Cette  espèce  m'a  été  donnée  au  nombre  de  trois  exem- 
plaires, identiquement  semblables  aux  individus  que  nous 
rencontrons  en  Europe.  Ils  ont  été  tués  dans  le  port  de 
Saint-Paul  le  18  et  le  20  avril  1852. 

Les  Aléoutes,  qui  le  trouvent  aussi  dans  leurs  îles,  lui 
donnent  le  nom  de  Smich. 

2.  Strepsilas  collaris. 

Tué  dans  le  même  port  et  la  même  année.  C'est  l'espèce 
nommée  Chouinich  par  les  Aléoutes. 

(1)  Écrit  ainsi  que  nous  le  prononçons  en  français,  et  non  pas 
Oîtrova  Lisii,  comme  on  Ta  imprimé  dans  la  Géographie  de  Malte- 
Brun. 


TRAVAUX  INÉDITS.  401 

3.  Carbo  pelagicus,  Pallas. 

Cette  espèce  de  Cormoran  est  extrêmement  curieuse, 
rare  et  intéressante.  Les  Aléoutes  la  nomment  Outil , 
ainsi,  sans  doute,  que  toutes  celles  qu'ils  connaissent. 
Elle  est ,  je  crois ,  particulière  à  la  mer  du  Kamt- 
schatka. 

4.  Larus  tridactylus,  Latham. 

Cette  espèce,  que  Pallas  nomme  Larus  Rissa,  et  qui  est 
le  type  du  genre  Rissa  de  Leach,  porte,  ainsi  que  toutes 
les  Mouettes,  le  surnom  de  Govorouschka  (qui  parle  beau- 
coup), que  leur  ont  donné  les  pêcheurs  russes,  à  cause  de 
leurs  cris  fatigants  et  répétés.  Les  Aléoutes  leur  donnent, 
dit-on  ,  un  autre  nom ,  qui  signifie  corbeaux  blancs  de 
mer. 

5.  Larus  Warnecki,  Coinde. 

Cette  nouvelle  espèce,  assez  commune  à  l'île  de  Saint- 
Paul,  se  rapproche  beaucoup  du  Larus  tridactylus,  et  est 
généralement  confondue  par  les  pêcheurs  russes  sous  le  nom 
de  Govorouschka,  qu'ils  donnent,  du  reste,  nous  l'avons  dit, 
à  toutes  les  espèces  de  Mouettes.  M.  Warneckla  croyait  nou- 
velle, et  je  n'ai  pas  tardé  à  le  reconnaître  moi-même  après 
des  recherches  très-actives,  mais  infructueuses,  pour  re- 
trouver la  semblable  au  moins  indiquée.  Cette  espèce  habi- 
terait, sans  doute,  plus  particulièrement  et  spécialement 
même  ces  parties  plus  rapprochées  des  pôles. 

En  voici  la  description  faite  sur  deux  individus,  l'un 
appartenant  maintenant  au  jardin  des  Plantes ,  l'autre 
déposé  au  bureau  de  la  Revue  zoologique  de  M.  Guérin- 
Méneville ,  ce  dernier  présentant  plus  distinctement 
l'important  caractère  de  l'ongle  qui  le  sépare  des  Tri- 
dactyles.  Nous  avons  l'intention,  plus  tard,  de  faire  repré- 
senter ces  caractères  si  essentiels. 
Diagnose. 

Pouce  proéminent  et  des  plus  visibles,  composé  d'un 
très-petit  ongle  bien  caractérisé,  même  dans  l'individu 
adulte  et  vieux;  cet  ongle  supporté  par  un  tubercule 


402     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Septembre  1860.) 

très-saillant;  pattes  et  jambes  d'un  rouge  éclatant  et  légè- 
rement jaunâtre;  ongles  plus  prononcés,  plus  forts  et 
plus  arqués;  doigts  moins  grêles  que  chez  le  Tridactylus; 
doigt  du  milieu  légèrement  plus  long  que  le  tarse,  celui-ci 
mesurant  4  centimètres;  le  bec  est  également  plus  court, 
plus  trapu,  plus  fortement  échancré  et  d'un  jaune  plus 
pur  et  plus  doré  que  chez  l'espèce  précédente. 
Description  générale. 

D'un  blanc  éclatant,  avec  quelques  parties  un  peu  jau- 
nâtres; dos  et  ailes  d'un  cendré  bleuâtre  profond;  teinte 
plus  prononcée  encore  que  chez  le  Larus  tridactylus; 
pour  le  reste  de  la  coloration,  assez  semblable  à  celle  de 
ce  dernier  Goéland,  si  ce  n'est  cependant  quelques  légères 
différences  dans  les  ailes.  Queue  blanche  ;  le  bec  d'un 
jaune  pur,  doré  et  non  verdâtre  comme  chez  le  Tridac- 
tyle;  bouche  plus  courte  et  fort  peu  prononcée  ;  les  man- 
dibules sont  d'abord  droites  jusqu'à  l'ouverture  des  na- 
rines, puis  la  supérieure  se  recourbe  subitement,  et  subi- 
tement aussi  l'inférieure  s'échancre,  tandis  que  chez  le 
Tridactyle  ce  n'est  qu'insensiblement  qu'elles  y  ar- 
rivent. 

Enfin  cette  singulière  espèce,  que  l'on  peut  voir  bien 
nouvelle,  me  semble  tenir  au  sous-genre  des  Goélands 
proprement  dits  par  beaucoup  de  caractères,  et  par  d'au- 
tres, tels  que  ceux  des  pattes,  qui  seraient  tridactyles  sans 
ce  pouce  et  cet  ongle  bien  caractérisés,  tels  aussi  que  ceux 
du  mode  de  coloration,  elle  se  rapproche  beaucoup  plus 
du  sous-genre  des  Mouettes.  Du  reste,  cette  observation 
n'a  d'autre  importance,  puisque  ces  genres  ont  été  inti- 
mement liés  entre  eux,  que  d'établir,  par  un  point  im- 
portant de  plus,  la  nouveauté  de  cette  espèce. 
6.  Phaleris  cristatellus. 

Cette  espèce  de  Starique,  YUria  cristatella  de  Pallas, 
et  le  Konuga  (1)  des  habitants,  est,  ainsi  que  les  espèces 

(1)  Prononcez  Konouga;  les  w,  chez  les  Russes  et  les  Allemands, 
se  prononçant  toujours  ou. 


TRAVAUX    INÉDITS.  403 

suivantes,  des  plus  rares.  J'en  ai  possédé  quatre  exemplai- 
res, cédés  au  jardin  des  Plantes  de  Paris  :  un  mâle  et  une 
femelle  tués  le  10  mai  1852,  et  un  mâle  et  une  femelle 
tués  le  16  du  même  mois  de  mai  1852. 
7.  Phaleris  aleuticus. 

Cette  espèce  de  Starique,  YUria  akutica  de  Pallas,  est 
nommée  par  les  pêcheurs  russes  du  nom  de  Belobruschka 
(ventre  blanc),  qui  caractérise  la  couleur  blanche  de  leur 
ventre.  Les  deux  espèces  que  j'ai  cédées  au  muséum  de 
Paris  ont  été  tuées  le  14  et  le  15  mai  1852. 

8.  Phaleris  pusillus.  —  Urin  pusilla,  Pallas. 

Le  nom  aléoute  est  Schoushak.  —  Voilà  bien  l'espèce  la 
plus  curieuse  et  la  plus  intéressante.  C'est  un  petit  Stari- 
que, de  la  grosseur  d'un  moineau,  et  pourvu  du  bec  sin- 
gulier des  espèces  précédentes. 

9.  Lunda  cirrhata,  Pallas. 

Non  moins  singulier  que  les  espèces  précédentes,  et 
appartenant  à  la  famille  des  Macareux.  Ce  Lunda  a  dû  à 
la  forme  bizarre  de  son  bec  le  nom  de  Toporok,  ou  petite 
hache,  que  les  pêcheurs  russes  lui  ont  appliqué.  Ce  bec  si 
large  et  si  curieux,  son  gros  corps,  ses  courtes  pattes,  son 
petit  cou  à  peine  visible  et  les  longs  filets  blancs  qui  or- 
nent chaque  côté  de  sa  tête  lui  donnent  un  caractère  d'o- 
riginalité qui  le  fait  distinguer  au  premier  abord. 

Voici  donc  neuf  espèces  rares,  curieuses  et  des  plus 
intéressantes,  qui  ne  se  trouvent  que  dans  bien  peu  de 
muséums,  que  ceux  de  la  Russie,  les  plus  à  même  de  se 
les  procurer,  ne  possèdent  pas  du  tout,  ou  au  moins  fort 
incomplètement;  voici,  dis-je,  neuf  espèces  qui  semblent 
caractéristiques  de  la  faune  ornithologique  de  Saint-Paul, 
et  plus  communes  dans  cette  île  que  partout  ailleurs.  J'o- 
serais dire  que  le  Larus  Warnecki  se  rencontre  fort  ra- 
rement et  accidentellement  hors  de  la  mer  du  Kamt- 
schatka. 

J'ai  remis  vingt-trois  exemplaires,  dans  lesquels  ces  es- 
pèces sont  représentées  au  nombre  d'un,  deux,  trois  et 


404     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

quatre  individus,  au  muséum  ornithologique  du  jardin 
des  Plantes  de  Paris.  Un  des  Larus,  nova  species,  est, 
compris  dans  le  nombre;  le  second  est,  comme  nous  l'a- 
vons dit,  déposé  chez  M.  Guérin  (1). 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  énumérer  quelques  espèces 
de  Coléoptères,  à  peu  près  des  mêmes  contrées.  Deux 
sont  du  Kamtschatka  ;  c'est  YÂrgutor  nivalis  de  Sahlb,  et 
une  autre  espèce  bien  plus  rare,  connue  sous  le  nom  de 
Stenotrachelus  Rouilleri,  que  lui  a  donné  M.  Ménétriés, 
qui  l'a  déterminée  et  dédiée  à  notre  compatriote  feu 
Rouiller,  qui  fut  conservateur  du  muséum  d'histoire  na- 
turelle de  l'université  de  Moscou.  La  Nebria  nitidula  de 
Fabricius  appartient  aussi  au  Kamtschatka.  Les  vingt-sept 
espèces  suivantes  sont  toutes  de  la  faune  entomologique 
des  Aléoutes  ou  Aléoutiennes  : 

1.  Carabus  baccivorus,  Eschs.; 

2.  Cychrus  marginatus,  id.; 

3.  Nebria  metallica,  id.; 

4.  Bathriopterus  adscriptus,  id.; 

5.  Brachytylus  validus,  id.; 

6.  Patropus  fossifrons,  id.; 

7.  Amara  impressicollis,  Say  ; 

8.  —     erratica; 

9.  —     (celia)  interstitialis,  Eschs  ; 

10.  —     (leyrus)  Escholtzii,  Chaud.; 

11.  Cryobius  ventricosus,  Eschs.; 

12.  —      empetricola,  Esch.; 

13.  Calathus  ingratus,  Mannh.; 

14.  Cryobius  fatuus,  id.; 

15.  Leirus  melanogastricus,  Eschs.; 

16.  Cryobius  pinguedinus,  Eschs.; 

17.  —      similis,  Ménétriés; 

18.  Nebria  Mannerheimii,  Esch.; 

19.  Staphylinus  bicinctus,  Esch.; 

(1)  Depuis  j'en  ai  fait  don  au  Muséum,  auquel  j'avais  déjà  cédé 
les  vingt-trois  autres. 


TRAVAUX   INÉDITS.  405 

20.  Staphylinus  (Hadratus  Ménétriés)  crassus,  Mannh.; 

21.  Pristilaphus  angusticollis,  id.; 

22.  Cryptohypnus  littoralis,  Eschs.; 

23.  Hylurgus  rufipennis,  Mannh.; 
1k.  Cercyon  fulvipenne,  id.; 

25.  —      fimbriatum,  id.; 

26.  Trachodes  horridus,  id.; 

27.  Lina  maculipes,  Ménétriés. 

Il  m'a  semblé  important  de  signaler  ces  espèces  rares 
ou  peu  connues  comme  appartenant  à  la  faune  entomolo- 
gique  des  Aléoutes,  bien  que  ces  espèces  soient  déjà  si- 
gnalées depuis  quelque  temps  dans  les  catalogues  manu- 
scrits des  muséums  russes,  et  particulièrement  de  celui  de 
Saint-Pétersbourg,  le  seul  véritablement  important. 

Catalogue  des  Poissons  recueillis  ou  observés  à  Cette, 
accompagné  de  notes  explicatives  et  de  quelques  idées 
sur  la  pisciculture  marine,  par  M.  Doumet.  (V.  p.  299 
et  355.) 

VI. 
Arrivant  à  la  grande  division  des  Malacoptérygiens,  nous 
trouvons  en  tête  des  Abdominaux  et  de  la  famille  des 
Ésoces,  le  Belone  acus,  Risso,  aux  couleurs  d'argent  et 
d'outremer,  non  moins  remarquable  par  la  coloration 
verte  de  ses  arêtes.  Cette  charmante  espèce  nous  visite 
tous  les  ans  par  légions  innombrables,  et  donne  lieu  sur 
les  ponts  des  canaux  maritimes,  à  une  pêche  qui  étonne 
toujours  les  étrangers;  c'est  celle  de  la  fourchette  ou  fut- 
chouïda ,  sorte  de  trident  à  six  pointes  fixé  au  bout  d'un 
très-long  manche,  et  qu'on  lance  d'une  assez  grande  hau- 
teur. Si  le  Belone  acus  est  extrêmement  commun,  il  n'en 
est  pas  de  même  de  l'élégant  Scombresox  Rondeletii,  Cuv. 
et  Val.,  que  nous  n'avons  jamais  vu  en  troupe,  ainsi  que  le 
dit  Risso,  et  dont  au  contraire,  nous  n'avons  eu  jusqu'ici 
qu'un  seul  individu.  Nous  n'avons  pas  rencontré  le  Tylo- 
surus  imperialis,  Bp.,  pas  plus  que  les  Stomias  boa,  Riss., 


406     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

Chauliodes  setinotus,  Schneid.,  et  Microstoma  argenteum, 
Cuv.  et  Val. 

Les  Eooocetus  sont  parfois  assez  communs  dans  l'étang 
de  Thau;  nous  ajoutons  le  mot  parfois,  car  il  arrive  que 
l'on  en  voit  des  quantités  pendant  quelque  temps,  après 
quoi  on  n'en  revoit  plus,  souvent  de  plusieurs  années. 
Le  Rondeletii,  Cuv.  et  Val.,  paraît  moins  commun  que  le 
Volitans. 

Il  est  facile  de  reconnaître,  dans  une  espèce  assez  com- 
mune, YArgentina  sphyrena  de  Risso,  aussi  avons-nous 
conservé  ce  nom  au  seul  représentant  des  Salmonoïdes 
que  nous  ayons  recueilli  jusqu'à  présent,  chose  qui  nous 
a  même  paru  étrange,  en  présence  de  la  série  d'espèces 
citée  par  Risso  et  d'autres  auteurs. 

Les  Clupéoïdes  sont  également  loin  d'être  au  complet 
sur  notre  liste.  Il  nous  en  manque  plus  de  la  moitié,  en 
supposant  toutefois  que  certaines ,  comme  YEngraulîs 
amara,  doivent  réellement  subsister.  Quelques-unes  aussi, 
telles  que  les  Clupea  argyrochlora ,  Cocco,  Chrysotœnia, 
Cocco,  etc.,  paraissent  propres  à  l'Adriatique,  et  ne  vi- 
sitent sans  doute  que  fort  rarement  les  côtes  françaises  de 
la  Méditerranée.  Quant  à  l'absence  complète  du  Clupea 
harengus,  ce  serait  un  fait  encore  contestable,  si  l'on  s'en 
rapportait  au  dire  de  quelques  pêcheurs  qui  prétendent 
en  avoir  pris,  tandis  que  d'autres  assurent  n'en  avoir  ja- 
mais péché  ;  n'ayant  pas  eu  jusqu'ici  entre  les  mains,  ce 
qu'ils  nomment  en  patois  harenc,  il  ne  nous  appartient 
pas  de  décider  la  question. 

Passant  aux  Subbrachiens,  nous  constaterons  l'absence 
de  beaucoup  d'espèces,  notamment  les  deux  Merlangus  de 
Risso,  le  Mora  mediterranea,  les  quatre  espèces  de  Lota 
citées  par  Ronaparte,  et  plusieurs  Phycis  qui  se  trouvent 
peut-être  quelquefois  dans  les  amas  de  Merlucius  esculen- 
tus  et  de  Morua  capelanus  qui  encombrent  les  corbeilles 
de  poissons,  et  au  milieu  desquels  on  peut  récolter  com- 
munément le  Phycis  Gmelini.  Nous  avons  observé  le  Mer- 


TRAVAUX     INEDITS.  407 

lutins  maraldi,  Riss.,  parmi  les  Esculentus,  et  trois  sortes 
d'Onos  qui  habitent  dans  les  rochers,  et  nous  possédons 
un  individu  du  Macrourus  cœlorhynchus,  Bp.  (Lepîdole- 
prm,  Risso),  curieux  poisson  dont  nous  n'avons  pas  encore 
eu  le  congénère  indiqué  par  le  prince  Bonaparte. 

Les  IHeuronectides  sont  en  grand  nombre  sur  nos 
côtes  et  dans  nos  étangs,  où  le  Platessa  passer  habite 
par  milliers.  Les  Rhombus  n'atteignent  pas,  dans  la  Mé- 
diterranée, du  moins  dans  nos  parages,  les  dimensions 
colossales  de  ceux  de  l'Océan,  aussi  ces  poissons  sont-ils 
moins  estimés  que  dans  les  autres  pays.  Nous  citerons, 
dans  ce  genre,  le  Rhombus  unimaculatus,  Risso,  que  nous 
avons  rencontré  deux  fois,  espèce  fort  remarquable  par 
une  belle  tache  orange  cerclée  de  noir  située  près  de  la 
queue,  et  parmi  les  Soles,  le  Solea  lascaris,  Risso,  si  faci- 
lement reconnaissable  à  la  verrue  qui  se  trouve  sur  l'en- 
vers de  la  tête.  Les  Bothus  podas  et  rhomboidalis  de  Bo- 
naparte, les  Solea  lutca,  Monochirus  trie hodacty lus  et 
Plagusia  lacteay  figurés  par  le  même  auteur  dans  ses  belles 
planches  de  Poissons  plats,  ne  se  trouvent  pas  sur  notre 
catalogue. 

Dans  la  famille  des  Discoboles,  les  Lépadogaster  dont 
Risso  donne  un  si  grand  nombre,  ne  sont  représentés  que 
par  un  seul,  mais  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  de  nou- 
velles recherches  nous  feront  découvrir  un  plus  grand 
nombre  de  ces  êtres  qui  vivent  sous  les  pierres.  Nous  ne 
possédons  encore  que  YEcheneis  rémora,  bien  que  nous 
pensions  que  le  Naucrates  doive  aussi  nous  visiter,  ces 
poissons  arrivant  le  plus  souvent  attachés  à  la  carène  des 
navires  ou  aux  grands  Cétacés,  dont  ils  se  servent  comme 
de  véhicule  pendant  leurs  longs  et  rapides  voyages. 

Les  Malacoptérygiens  apodes  n'offrent  qu'une  seule  fa- 
mille, celle  des  An guilli formes,  dans  laquelle  règne  encore 
une  grande  confusion.  Beaucoup  de  ces  espèces  peuplent 
nos  côtes,  et  le  genre  Anguille  habite  surtout  les  vases  de 
nos  étangs.  Ce  n'est  qu'avec  doute  cependant,  que  nous 


408    rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Septembre  1860.) 

inscrirons  YAnguilla  mediorostris,  Riss.;  quant  aux  deux  au- 
tres ,  elles  sont  parfaitement  distinguées  par  les  pêcheurs. 
L'espèce  ou  variété  rubra,  que  nous  avons  notée,  ne  s'est 
offerte  qu'une  seule  fois  à  nos  regards  ;  elle  était  du  rouge 
le  plus  vif,  et  nous  ne  savons  à  quoi  la  rapporter. 

Il  existe  peut-être  dans  nos  rochers,  d'autres  Congres 
que  ceux  portés  sur  notre  catalogue,  et,  quant  aux  Mure- 
nophis  et  Ophisurus,  ce  sont  des  espèces  qui  paraissent  se 
prendre  rarement,  de  même  que  les  Murènes,  bien  que 
ces  dernières  doivent  abonder  à  certaines  époques,  puis- 
qu'elles sont  quelquefois  jetées  en  très-grande  quantité  le 
long  de  la  plage. 

L'Ophidium barbatum  se  pêche  assez  communément;  en 
revanche,  nous  n'avons  pas  encore  vu  les  Fierasfer,  Ammo- 
dytesy  Nemotherus,  Helminctis  et  Leptocephalus,  qui  figurent 
dans  l'énumération  de  Bonaparte. 

Passant  rapidement  sur  les  Lophobranches,  dont  l'unique 
famille  des  Syngnathides  nous  semble  avoir  été  encombrée 
par  Risso,  nous;  dirons  seulement  que  les  trois  genres 
qu'elle  renferme  vivent  en  grand  nombre  dans  les  herbes 
de  l'étang  de  Thau ,  et  nous  arriverons  tout  de  suite  aux 
Plectognathes ,  dont  les  représentants  ont  une  apparence 
tout  exotique. 

Nous  trouvons  d'abord  le  Cephalus  ortagoriscus,  ou  Pois- 
son-lune ,  assez  commun  aux  époques  de  la  pêche  du 
Thon  ;  YElongatus,  Riss.,  ne  nous  est  point  connu.  Puis  les 
deux  Balistes  décrits  par  Risso ,  et  que  nous  regardons 
comme  distincts,  malgré  la  théorie  du  développement 
des  nageoires  avec  l'âge,  émise  par  certains  naturalistes. 
Notre  Buniva  nous  fut  apporté  un  jour  vivant,  et  nous 
eûmes  le  bonheur  de  le  conserver  ainsi  pendant  près  d'un 
mois  :  il  était  d'un  naturel  très-vif,  ne  cessant  pour  ainsi 
dire  jamais  de  faire  le  tour  de  la  terrine  où  il  était  ren- 
fermé. Nous  eûmes  l'idée  de  lui  donner  des  moules,  aux- 
quelles il  ne  fit  point  attention  ;  mais,  lorsque  nous  mettions 
dans  son  eau  des  crevettes  vivantes,  il  se  jetait  dessus  et 


TRAVAUX   INEDITS.  409 

les  broyait  avec  ses  puissantes  incisives,  sans  jamais  pour- 
tant les  manger  entièrement.  Les  Batistes  paraissent  venir 
accidentellement  sur  nos  côtes  et  n'avoir  point  d'époque 
fixe,  les  trois  individus  que  nous  avons  recueillis  ayant  été 
pris  dans  des  saisons  différentes. 

Les  Ostracions,  qui  forment  le  troisième  genre  de  la  fa- 
mille des  Gymnodontes,  nous  paraissent,  ainsi  que  le  Lago- 
cephalas  Pennanti  et  le  Diodon  echinus  de  Bonaparte,  en- 
core plus  exotiques  que  les  précédents,  bien  qu'il  semble 
en  avoir  été  péché  isolément  un  peu  partout  dans  la  Médi- 
terranée. Les  deux  individus  de  ce  genre,  pris  ici,  sont  si 
jeunes,  qu'il  nous  a  été  impossible  de  les  rapporter  à  au- 
cune espèce  avec  certitude. 


Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie, 
par  A.  Chevrolat  (1). 
51.  Bembidium  bis-bimaculalum ,  glabrum,  piceo-nitidum,  ore, 
antennis,  elytrorum  maculis  4or,  pedibusque  testaceisj  singulo 
elytro  striis  dorsalibus  extus  abbreviatis,  2busque  margioalibus  : 
interna  brevi.  —  L.,  3  m.;  1 .,  4  1/4  m. 

D'un  brun  clair  de  poix,  brillant,  glabre.  Tête  allongée, 
élargie  sur  les  yeux,  avancée  en  avant,  lisse,  avec  2  sil- 
lons sur  chaque  côté,  l'interne  court,  assez  large  et  pres- 
que biimpressionné.  Palpes,  mandibules,  lèvre  et  antennes 
d'un  testacé  plus  ou  moins  pâle  ou  rougeàtre.  Yeux  noirs 
assez  saillants.  Corselet  lisse,  plan,  quoiqu'un  peu  con- 
vexe, profond  en  arrière,  presque  aussi  large  que  long, 
élargi  et  arrondi  sur  les  côtés  antérieurs,  sillonné  sur  le 
bord,  évasé  en  cintre  en  avant,  presque  droit  sur  la  base, 
avec  les  angles  rectangulaires  aigus,  angles  antérieurs 
rentrants  et  obtus,  2  fossettes  basales,  courtes,  larges  et 
profondes,  ayant  l'espace  interne  excavé,  sillon  longitu- 
dinal léger,  obsolète  en  avant.  Écusson  triangulaire.  Ély- 

(1)  Voir  la  Rev.  et  Mag.  de  zoologie,  1859,  p.  298  à  304,  380  à 
389  ;  1860,  p.  75  à  82 ,  128  à  137,  208  à  212,  269,  302. 

2e  sérib.  t.  xii.  Aimée  1860.  27 


410     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Septembre  1860.) 

très  ovalaires,  légèrement  convexes,  ornées  chacune  de 
3  stries  dorsales  raccourcies,  en  avant  et  en  arrière,  et 
qui  diminuent  de  longueur  sur  le  dehors,  de  deux  stries 
marginales,  celle  supérieure  courte,  et  de  deux  taches 
jaunes;  lre  numérale  grande,  s' étendant  depuis  la  bor- 
dure jusqu'à  la  2e  strie,  et  coupée  droit  en  dessous  vers 
la  limite  de  la  3e  ;  2e  tache  petite,  arrondie,  située  au  delà 
du  milieu  et  appuyée  intérieurement  sur  les  2e  et  3e  stries. 
Pattes  testacées.  Abdomen  de  couleur  un  peu  plus  foncée. 

Cette  espèce,  plus  grande  que  les  B.  b-signatum,  Duft., 
et  angustatum,  Dej.,  a  les  dessins  de  la  première  et  la 
forme  de  la  seconde.  Un  exemplaire  m'a  été  envoyé  des 
environs  d'Alger  par  M.  J.  Poupillier,  qui  l'a  trouvé  dans 
la  saison  d'hiver. 
52.  Sunius  rutilipennis ,  rugosus  ,  brunneo-niger;  capite  magno, 

suborbiculato,  valde  convexo  ;  antennis  pedibusque  pallidis;  tho- 

race  ovali  subpiano;  elytris  anoque  rufis.  —  L.,  X  m.;  1.,  3/4  m. 

D'un  brun  noirâtre  terne,  finement  et  dense  ment  ru- 
gueux. Mandibules,  antennes  et  pattes  granuleuses  ou  fer- 
rugineuses. Tête  ample,  convexe,  de  forme  un  peu  car- 
rée. Col  étroit.  Corselet  plus  étroit  que  la  tête ,  subpva- 
laire,  plan,  quelque  peu  anguleux  sur  le  côté  en  avant  du 
milieu,  avec  2  à  3  poils  noirs,  longs  et  obliques,  couvert 
d'une  ponctuation  aplatie,  réticulaire  et  subocellée.  Élytres 
rousses,  arrondies  conjointement  à  leur  base,  de  la  lon- 
gueur du  corselet,  coupées  droit  à  l'extrémité.  Abdomen 
2  fois  1/2  aussi  long  que  les  élytres ,  ayant  la  moitié  au 
moins  du  dernier  segment  rougeâtre  à  l'extrémité. 

Trouvé  aux  environs  de  Constantine  par  M.  L.  Le- 
thierry,  de  Lille;  et  d'Alger,  par  M.  J.  Poupillier,  pen- 
dant la  saison  d'hiver. 


II.     SOCIETES     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 
Séance  du  30  juillet  1860.  —  M.  J.  P.  Coinde  présente 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  411 

des  Recherches  sur  les  phénomènes  chromatiques  dans  toute 
V échelle  zoologique. 

L'auteur  étudie,  sous  le  nom  de  phénomènes  chroma- 
tiques constants  ou  chromatismes  fixes,  tous  les  degrés  dif- 
férents d'albinisme  et  de  mélanisme.  Il  constate  d'abord 
que  les  différentes  classes  de  l'échelle  zoologique  sont  su- 
jettes à  ces  anomalies  contre  nature,  car  il  a  pu  observer 
aussi  bien  le  mélanisme  que  l'albinisme  chez  des  Mammi- 
fères, des  Oiseaux,  des  Reptiles,  des  Poissons,  des  Épi- 
zoïques,  des  Hyménoptères,  et  quelques  Coléoptères,  Or- 
thoptères et  Névroptères. 

De  ces  recherches  il  tire  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Que  l'albinisme  et  le  mélanisme  partent  tous  deux  de 
la  livrée  naturelle  ;  que  le  premier  cas  est  dû  à  une  dégé- 
nérescence maladive,  excès  de  faiblesse,  tandis  qu'au 
contraire  le  mélanisme  est  causé  par  un  excès  de  force  et 
de  vitalité  :  il  donne  des  preuves  évidentes  de  ce  qu'il 
avance  par  les  individus  atteints  de  l'une  ou  de  l'autre  de 
ces  anomalies; 

2°  Qu'il  y  a  des  passages  insensibles  à  l'un  ou  à  l'autre 
de  ces  cas,  parmi  lesquels  il  faut  citer  le  rubinisme,  ten- 
dant au  mélanisme,  et  le  chlorisme,  tendant,  au  contraire, 
à  l'albinisme; 

3°  Que  chacun  de  ces  phénomènes  peut  disparaître  ou 
à  peu  près  dans  l'espace  si  court  de  la  vie  de  l'animal  qui 
en  est  atteint,  et  que,  de  même,  des  individus  nés  avec 
leur  livrée  naturelle  peuvent  en  être  plus  ou  moins  atteints 
pendant  le  cours  de  leur  existence. 

Pour  les  chromatismes  intermittents  ou  simples  varia- 
tions de  couleurs  qui  s'effectuent  instantanément, 
M.  Coinde  les  attribue  aux  forces  combinées  de  chaleur  et 
de  lumière,  aussi  bien  qu'aux  passions  de  l'animal  et  aux 
différentes  impressions  qu'il  ressent.  Ces  phénomènes, 
selon  lui,  s'effectuent  chez  la  plupart  des  animaux  à  peau 
nue  ou  presque  nue. 

11  se  dispose,  du  reste,  à  publier  son  manuscrit,  ouvrage 


412    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

des  plus  détaillés  sur  l'étude  physiologique  de  ces  phéno- 
mènes. 

Séance  du  6  août  1860.  —  M.  À.  de  Quatrefages  lit  un 
travail  intitulé  Maladie  des  Vers  à  soie.  Note  sur  une  édu- 
cation faite,  à  Milan,  par  M.  le  maréchal  Vaillant,  en  1860. 

En  commençant  ce  compte  rendu  des  expériences  que  le 
savant  académicien  a  faites  dans  un  salon  habituellement 
ouvert,  M.  de  Quatrefages  rend  un  juste  hommage  au  zèle 
éclairé  de  l'illustre  maréchal.  Nous  nous  associons  de 
grand  cœur,  dans  cette  circonstance,  au  savant  anthro- 
pologiste,  car  nous  savons  aussi  que  M.  le  maréchal  Vail- 
lant n'a  jamais  négligé  une  occasion  de  se  rendre  utile  aux 
progrès  de  la  science,  et  surtout  de  l'agriculture. 

Les  Vers  élevés  par  M.  le  maréchal  ont  été  nourris  sur 
des  rameaux  dont  le  pied  trempait  dans  un  vase  plein 
d'eau.  Pas  un  n'est  mort  de  maladie,  tous  étaient  remar- 
quables par  leur  grosseur,  leur  couleur  nette  et  franche 
et  la  fermeté  de  leurs  tissus,  et  ils  ont  fait  quarante-sept 
beaux  cocons  qui  ont  donné  d'excellents  Papillons,  dont 
on  a  obtenu  5§r.45  de  graine. 

M.  de  Quatrefages  se  livre  ensuite  à  un  examen  des  co- 
cons vides  de  leurs  Papillons  qui  ont  été  envoyés  à  Paris, 
et,  en  tenant  compte  de  la  couleur  qui  tachait  l'ouverture 
de  sortie  des  Papillons,  de  la  contexture  de  leurs  pa- 
rois, etc.,  il  croit  pouvoir  en  conclure  que  dix-huit  ont 
été  filés  par  des  Vers  probablement  sains,  seize  par  des 
Vers  très-probablement  atteints  assez  légèrement,  et  treize 
par  des  Vers  atteints  sérieusement  de  maladie.  Il  a  ensuite 
examiné  la  graine  par  des  moyens  qu'il  croit  susceptibles 
d'éclairer  sur  son  état  plus  ou  moins  sain,  et  il  déclare 
qu'il  y  en  a  31  pour  100  de  présumée  bonne,  60  pour  100 
de  douteuse  et  9  pour  100  de  mauvaise. 

De  cet  examen  des  produits  de  la  très-petite  éducation 
de  M.  le  maréchal  Vaillant,  qui  a  donné  chambrée  com- 
plète, M.  de  Quatrefages  tire  des  conclusions  qui  peuvent 
être  très- intéressantes  pour  des  savants  de  cabinet,  mais 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  413 

qu'on  ne  saurait  admettre  comme  susceptibles  de  guider 
la  grande  pratique,  car  on  ne  peut  comparer  ce  qui  s'est 
passé  dans  une  petite  éducation  de  quarantersept  Vers 
faite  dans  un  salon,  avec  ce  qui  se  passe  dans  de  grandes 
éducations  industrielles. 

Si  le  travail  de  M.  deQuatrefages  ne  peut  présenter  qu'un 
intérêt  de  curiosité  scientifique,  il  vient  au  moins  mon- 
trer une  fois  de  plus  que  l'illustre  et  infatigable  maréchal 
ne  manque  jamais  d'employer  le  peu  de  temps  dont  ses 
hautes  fonctions  lui  permettent  de  disposer  à  des  observa- 
tions utiles  aux  progrès  des  sciences. 

M.  de  Quatrefages  se  livre  ensuite  à  une  très-longue 
dissertation,  dans  laquelle  il  serait  inutile  de  le  suivre,  car 
elle  aboutit  à  nous  apprendre  que  l'intensité  du  mal  a 
fléchi  dans  certaines  localités,  ce  que  j'ai  déjà  observé  et 
annonce  depuis  trois  ans,  et  qu'il  convient  que  les  éduca- 
teurs fassent  leur  graine  eux-mêmes  au  moyen  de  petites 
éducations  spéciales. 

M.  Coinde  adresse  une  Notice  sur  la  faune  de  l'île  de 
Saint- Paul,  dans  la  mer  de  Kamtschatka.  Ce  travail  est  in- 
séré en  entier  page  396. 

M .  E.  Cornalia,  dans  une  Lettre  adressée  à  M.  de  Qua- 
trefages, fait  connaître  son  Moyen  de  reconnaître  la  graine 
provenant  de  Papillons  atteints  par  la  pébrine. 

Le  savant  italien,  mettant  à  profit  les  observations  que 
j'ai  faites,  il  y  a  déjà  plus  de  dix  ans,  sur  l'état  du  sang 
des  Vers  à  soie  en  santé  et  malades,  a  reconnu  que  l'alté- 
ration traduite  par  la  présence  des  petits  corpuscules  vi- 
brants, que  j'ai  appelés  Hêmatozoïdes,  se  montrait  déjà 
dans  l'embryon  avant  sa  sortie  de  l'œuf,  et  il  en  a  tiré 
cette  conséquence  que  l'examen  microscopique  des  œufs 
en  état  assez  avancé  d'incubation  pouvait  faire  recon- 
naître s'ils  contenaient  ou  non  de  ces  corpuscules,  signes 
de  maladie. 

M.  Cornalia  a  examiné  ainsi  un  grand  nombre  d'échan- 
tillons de  graines  provenant  de  tous  les  pays  où  l'on  va  en 


4U     rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Septembre  1860.) 

chercher;  il  a  noté  celles  qui  lui  paraissaient  plus  ou 
moins  saines,  et  il  assure  que  les  résultats  de  la  culture  en 
grand  des  qualités  examinées  par  lui  ont  parfaitement  ré- 
pondu à  ses  prévisions. 

Le  savant  italien  pense  que  les  corpuscules  vibrants, 
mes  Hématozoïdes  de  1849  (Acad.  des  sciences,  séance  du 
3  novembre  1849,  et  Revue  et  Mag.  de  zool.,  nov.  1849, 
p.  565,  pi.  15),  sont  produits  par  une  métamorphose  rétro- 
gradante des  tissus.  Quant  à  moi,  j'ai  cru  reconnaître  à 
cette  époque,  et  mes  dessins,  déposés  à  l'Académie  des 
sciences  en  1849  avec  un  grand  mémoire ,  en  font  foi , 
que  les  Hématozoïdes  étaient  produits  par  un  simple 
arrêt  de  développement  des  liquides  et  tissus  du  Ver.  Ce 
qui  m'a  fait  concevoir  cette  idée,  c'est  que  j'ai  vu  les  Hé- 
matozoïdes se  réunir  et  se  fixer  en  globules  d'apparence 
graisseuse  chez  des  Vers  étudiés  au  moment  de  leur  trans- 
formation en  chrysalides,  ce  qui  donnerait  à  penser  que 
ces  éléments  du  fluide  nourricier  sont  employés  à  la  for- 
mation des  organes  de  l'animal  dans  l'état  normal,  et 
qu'ils  ne  demeurent  isolés,  et  par  conséquent  inutiles, 
que  chez  des  individus  malades,  chez  lesquels  les  fonctions 
sont  modifiées,  retardées  ou  arrêtées. 

Dans  les  temps  d'épidémie  muscardinique,  et  par  des 
causes  qu'il  reste  à  chercher,  ces  corpuscules,  rendus 
ainsi  inutiles  par  arrêt  de  développement  des  fluides  et 
des  tissus,  semblent  perdre  encore  de  leur  vitalité  ani- 
male sous  l'influence  d'un  état  acide  des  liquides,  et  ils 
constituent  les  rudiments  de  cette  production  patholo- 
gique à  laquelle  les  botanistes  ont  donné  le  nom  de  ho- 
trytis  bassiana. 

11  est  fâcheux  que  le  grand  travail,  que  j'ai  présenté  en 
1849  à  l'Académie  des  sciences  accompagné  de  nom- 
breuses planches,  n'ait  pas  été  l'objet  d'un  rapport  et 
n'ait  pas  été  publié,  car  il  aurait  fait  connaître,  dès  cette 
époque,  des  faits  que  l'on  découvre  aujourd'hui  et  dont 
les  conséquences  sont  admises.  C'est  la  nouveauté  de  ces 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  415 

faits  inattendus,  et  alors  si  contraires  aux  idées  reçues, 
qui  est  cause  que  les  rapporteurs  nommés  par  l'Académie 
n'ont  pas  rendu  compte  de  mon  travail,  et,  comme  sa  pu- 
blication, avec  les  nombreuses  planches  qui  l'accompa- 
gnent, aurait  nécessité  de  grandes  dépenses,  il  est  resté 
jusqu'à  présent  presque  entièrement  inédit,  sauf  ma  dé- 
couverte des  corpuscules  vibrants  ou  Hématozoïdes. 

M.  Nilsson  adresse  une  Notice  sur  quelques  Poissons  du 
Sud  qui  se  rencontrent  parfois  dans  la  mer  du  Nord, 

«  On  trouve  quelquefois,  près  des  côtes  maritimes  du 
nord  de  la  Scandinavie,  des  Poissons  dont  la  patrie  n'est 
pas  le  Nord,  mais  la  partie  méridionale  de  l'océan  Atlan- 
tique. Ils  ne  se  propagent  jamais  dans  le  Nord;  ils  ne  s'y 
trouvent  qu'en  exemplaires  adultes,  jamais  on  n'en  voit 
de  jeunes.  La  plupart  se  trouvent  jetés  sur  les  rochers  ou 
sur  la  côte.  Tels  sont  Gymnetrus  grillii,  Trachypterus  'vog- 
marus,  Pterycombus  brama,  Lampris  guttatus,  Chironectus 
arcticus,  Beryœ  borealis,  Sternoptyx  olfersii,  Cantharus 
griseus.  Plusieurs  d'entre  eux  ont  déjà  été  trouvés  dans  les 
parages  sud  de  l'Atlantique,  et  l'année  passée  on  a  trouvé 
sur  un  rocher,  auprès  d'une  des  îles  de  Bermudas,  un 
Poisson  inconnu  qu'on  a  figuré  et  décrit,  dans  Ylllustrated 
Times  of  London,  sous  le  nom  de  Sea  Serpent;  mais  on  n'a 
qu'à  voir  la  figure  pour,  à  l'instant ,  y  reconnaître  notre 
Gymnetrus  grillii.  La  description  le  prouve  encore,  et  la 
figure  est  même  la  meilleure  qui,  jusqu'ici,  existe  de  cette 
espèce.  Sur  les  côtes  de  Norwége,  cette  espèce  a  été  trou- 
vée cinq  ou  six  fois  dans  une  centaine  d'années  environ. 

«  Il  me  semble  qu'il  n'existe  qu'un  seul  moyen  d'expli- 
quer comment  ces  Poissons  peuvent  être  transportés  du 
sud  de  l'Atlantique  aux  côtes  septentrionales  de  la  Nor- 
wége; c'est  d'attribuer  ce  transport  au  gulf  stream  qui  sort 
du  golfe  du  Mexique,  traverse  l'Océan,  et,  par  son  eau 
chaude,  adoucit  même  le  climat  des  rivages  de  la  Norwége. 
Auprès  de  ces  rivages,  on  trouve  souvent  flottant  sur  la 
mer  des  fruits  appartenant  à  l'Amérique  du  Sud.  » 


416     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

M.  Dareste  adresse  une  Note  sur  un  Poulet  hyperencé- 
phale. 

Séance  du  13  août.  —  M.  Léon  Dufour  adresse  des  Re- 
cherches anatomiques  sur  J'Ascalaphus  meridionalis. 

«  Il  est  un  groupe  d'élégants  Névroptères  qui,  jusqu'à 
ce  jour,  avait  éludé  mon  scalpel  et  laissait  dans  mes  re- 
cherches d'anatomie  entomologique  une  regrettable  la- 
cune, c'est  celui  des  Ascalaphiens. 

«  Dans  l'étude  de  la  structure  extérieure  ou  squelet- 
tique  de  l'Ascalaphe,  ses  fines  et  longues  antennes  termi- 
nées par  un  bouton  abrupt  ont  appelé  ma  spéciale  atten- 
tion. Ces  antennes  servent  à  l'Insecte  de  balanciers  ou 
d'avirons  aériens  soit  pour  diriger  le  vol,  soit  pour  favo- 
riser la  station  atmosphérique  quand  il  veut  planer.  Il 
était  réservé  à  la  micropsie  de  révéler,  dans  ce  bouton 
terminal,  une  texture  et  des  fonctions  inaperçues  par  les 
entomologistes.  Ce  bouton  est  formé  de  douze  cerceaux 
annulaires,  noirâtres,  séparés  par  autant  d'intersections 
linéaires,  membraneuses,  qui  facilitent  son  développe- 
ment subvésiculeux.  J'ai  constaté  dans  son  intérieur  une 
pulpe  spéciale,  avec  d'imperceptibles  trachéoles.  C'est  là 
un  organe  qui,  à  mes  yeux,  cumule  les  deux  sens  de  l'ouïe 
et  de  l'odorat. 

«  L'appareil  sensitif  de  l'Ascalaphe  ne  diffère  point  de 
celui  que  j'ai  fait  connaître  dans  YOsmylus,  son  voisin 
dans  le  cadre  classique.  La  masse  optique  du  cerveau,  hé- 
rissée de  ses  innumérables  ocellaires,  m'a  fourni  l'occa- 
sion de  confirmer  et  de  corroborer  la  valeur  d'un  fait,  re- 
marqué par  M.  Rambur,  d'une  rainure  transversale  aux 
yeux.  La  micropsie  prouve  que  cette  rainure  n'est  pas 
bornée  à  la  cornée  réticulaire;  elle  correspond,  au-des- 
sous de  celle-ci,  à  un  ruban  fibro-membraneux  qui  règne 
dans  toute  l'épaisseur  de  la  masse  optique,  en  sorte  qu'il 
y  a  réellement,  de  chaque  côté,  deux  yeux  au  lieu  d'un. 

«  L'appareil  respiratoire  ne  diffère  en  rien  de  celui  de 
ses  congénères. 

«  L'appareil  digestif  a  des  glandes  salivaires  bien  carac^ 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  417 

térisées.  Le  canal  alimentaire  est  court  comme  celui  des 
animaux  carnassiers,  et  l'Ascalaphe  est  insectivore.  L'œso- 
phage est  suivi  d'un  jabot,  puis  d'une  panse  latérale.  Il  y  a 
un  gésier  renfermant  une  valvule  pylorique.  Le  ventricule 
chylifique  est  grand,  blanc  et  hérissé  de  courtes  papilles;  il 
se  termine  intérieurement  par  une  valvule  ventriculo-in- 
testinale,  l'analogue  de  Yiléo-cœcale  des  animaux  supé- 
rieurs. Le  foie  consiste  en  huit  vaisseaux  hépatiques  à  bout 
libre  et  borgne.  L'intestin  stercoral  débute  par  une  por- 
tion cylindrique,  bientôt  réfléchie  en  un  cœcum  caracté- 
risé par  six  disques  orbiculaires  de  texture  contractile, 
favorables  à  la  défécation. 

«  L'appareil  génital  a  presque  la  même  composition  que 
dans  les  animaux  supérieurs.  L'Ascalaphe  mâle  diffère  ex- 
térieurement de  la  femelle  par  la  saillie,  au  bout  de  l'ab- 
domen, d'un  forceps  ou  d'une  tenaille  qui  exerce  son  ac- 
tion dans  l'acte  copulatif.  Les  testicules,  bien  séparés  l'un 
de  l'autre,  sont  fixés  à  la  base  de  la  cavité  abdominale; 
chacun  d'eux  est  une  glande  ovale-oblongue  blanche  et 
unie  intérieurement;  mais,  au-dessous  de  cette  tunique, 
c'est  un  épi  serré  et  mûriforme  de  capsules  spermifiques 
ovalaires  et  sessiles.  Le  conduit  déférent,  quatre  fois  plus 
long  que  le  testicule,  est  d'une  ténuité  capillaire;  les  vési- 
cules séminales  forment  deux  agglomérations  arrondies  et 
presque  confondues  d'utricules  ovoïdes  et  sessiles. 

«  Les  ovaires  se  composent  chacun  d'un  faisceau  de  dix 
gaines  ovigères  multiloculaires,  maintenues  en  place  par 
un  ligament  suspenseur,  destiné  à  prévenir  les  accidents 
que  pourrait  entraîner,  pendant  la  gestation,  l'accroisse- 
ment progressif  du  volume  et  de  la  pesanteur  de  ovaires. 
Les  gaines  ovigères  s'abouchent  isolément  en  arrière  à  un 
calice,  l'émule  d'une  matrice,  où  les  œufs  à  terme  doi- 
vent séjourner  un  certain  temps.  Les  cols  des  deux  calices 
confluent  pour  la  formation  de  Yoviducte.  A  la  région  dor- 
sale de  celui-ci  s'implante  en  avant  la  poche  copulatrice 
d'Audouin,  destinée  à  recevoir  le^ms  lors  de  la  copula- 
tion et  à  conserver  la  liqueur  séminale  destinée  à  donner 


418     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

aux  œufs  à  terme  le  baptême  de  la  fécondation.  En  arrière 
se  voit  une  double  glande  sébifique  qui  sécrète  une  humeur 
spéciale  pour  enduire  les  œufs  au  moment  de  la  ponte.  » 

M.  Poiseuille  lit  un  Mémoire  sur  la  pression  du  sang 
dans  le  système  artériel. 

M.  E.  Blanchard  lit  des  Recherches  anatomiques  et  phy- 
siologiques sur  le  système  tégumentaire  des  Reptiles  (Sauriens 
et  Ophidiens). 

Dans  ce  travail,  M.  Blanchard,  après  avoir  rappelé  les 
belles  expériences  de  William  Edwards,  le  frère  de 
M.  Milne-Edwards,  sur  la  respiration  cutanée  des  Batra- 
ciens, résume  son  travail  en  disant  dès  le  début  : 

«  Mes  observations  et  mes  expériences  vont  montrer 
que  les  téguments  de  ces  animaux  sont  tout  à  fait  orga- 
nisés pour  recevoir  d'une  manière  efficace  l'action  de 
l'air.  » 

M.  Flourens  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
séance,  un  Mémoire  de  M.  Mantegazza,  professeur  d'hy- 
giène à  Milan,  sur  la  vitalité  des  Zoospermes  de  la  Gre- 
.  nouille  et  sur  la  transplantation  des  testicules  d'un  animal 
à  l'autre. 

Écrit  en  français  et  précédemment  annoncé  par  une 
Lettre  mentionnée  au  Compte  rendu  de  la  séance  du  9  août 
dernier,  où  le  nom,  par  suite  d'une  signature  peu  lisible, 
est  écrit  Montegazza,  cet  opuscule  est  aujourd'hui  accom- 
pagné d'une  Lettre  à  M.  Flourens,  dont  nous  extrayons 
les  lignes  suivantes  : 

«  Par  vos  expériences  sur  le  périoste,  vous  avez  fait 
naître,  monsieur,  les  découvertes  de  M.  Ollier;  je  crois 
avoir  fait  un  nouveau  pas  sur  la  même  route  en  dé- 
montrant que  l'on  peut  transplanter  les  testicules  d'une 
Grenouille  à  l'autre,  et  je  me  trouverais  très-honoré  si 
vous  vouliez  bien  donner  à  l'Académie  une  idée  de  mes 
recherches  sur  ce  sujet,  ainsi  que  sur  la  vitalité  des  Zoo- 
spermes chez  le  même  animal. 

«  Voici  les  faits  les  plus  importants  sur  lesquels  j'ose 
appeler  l'attention  : 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  419 

«  1°  Les  Zoospermes  de  la  Grenouille  peuvent  vivre  de- 
puis —  13°,75  jusqu'à  —  143°,75. 

«  2"  Ils  peuvent  être  pris  dans  la  glace  jusqu'à  quatre 
fois  de  suite  sans  mourir. 

«  3°  Le  testicule  de  la  Grenouille  peut  être  transplanté 
d'un  animal  à  l'autre  soit  sous  la  peau  de  l'abdomen,  de 
la  cuisse  ou  du  dos. 

«  Si  on  greffe  le  testicule  sous  la  peau  de  l'abdomen 
d'une  Grenouille  femelle  peu  de  jours  avant  la  ponte  des 
œufs,  il  arrive  quelquefois  qu'il  se  développe  une  telle  at- 
traction entre  le  testicule  et  les  veines,  qu'il  y  a  ulcération 
des  muscles  du  ventre,  et  les  éléments  mâle  et  femelle 
viennent  en  contact.  Ce  phénomène  arrive  avec  une  telle 
force,  que  la  Grenouille  meurt  toujours.  » 

M.  Ciccone  adresse  un  travail  intitulé,  De  la  nature  des 
globules  ovoïdes  dans  les  Vers  à  soie. 

L'auteur,  après  avoir  établi  que  ces  corpuscules  ovoïdes 
jouent  un  rôle  très-important  dans  l'épidémie  des  Vers  à 
soie,  se  demande  si  ce  sont  des  Cristaux,  des  Psoro- 
spermes,  des  Hématozoïdes,  des  Algues  unicellulaires  ou 
des  Panistophytons,  ou  bien  tout  simplement  des  éléments 
organiques  du  Ver,  et  il  arrive,  comme  nous  en  1849,  à 
admettre  cette  dernière  idée. 

Séance  du  20  août.  —  M.  Valenciennes  lit  un  Rapport  sur 
les  Coquilles  rapportées  de  la  Nouvelle-Calédonie  par  le  co- 
lonel du  génie  Coffyn  et  données  par  M.  le  maréchal  Vaillant. 

Après  avoir  rappelé  que  plusieurs  Bulimes  ont  déjà  été 
découverts  dans  cette  île,  M.  Valenciennes  indique, 
parmi  ceux  qui  ont  été  rapportés  par  M.  Coffyn,  une 
nouvelle  espèce  de  Marteau  qu'il  nommera  Malleus 
Cojfyni  et  qui  est  caractérisée  par  l'obliquité  de  la  fossette 
du  ligament,  et  trois  espèces  nouvelles  de  Peines,  qu'il 
nommera  Perna  Coffyni,  angulifera  et  Coffiniana. 

Séance  du  27  août.  —  M.  le  secrétaire  perpétuel  dépose 
sur  le  bureau  un  exemplaire  des  discours  qui  ont  été  pro- 
noncés aux  funérailles  de  M.  Duméril. 


420     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

La  mort  de  cet  éminent  zoologiste  sera  longtemps  dé- 
plorée par  les  vrais  amis  de  la  science,  de  cette  grande 
zoologie  telle  que  l'ont  faite  les  Lamarck,  les  Cuvier,  les 
Geoffroy  Saint-Hilaire,  les  La  treille,  etc.,  qui  pensaient, 
avec  tant  de  raison  ,  que  le  principe  si  fécond  de  la  di- 
vision du  travail  peut  seul  amener  des  progrès  réels 
dans  la  science.  Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  si  fâcheu- 
sement aujourd'hui,  Duméril  et  les  autres  grands  zoo- 
logistes dont  nous  avons  cité  les  noms,  après  avoir  étudié 
l'ensemble  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie  des  animaux, 
s'étaient  presque  tous  attachés  ensuite  à  une  des  grandes 
branches  de  cette  vaste  science,  et  ils  formaient  ainsi  un 
faisceau  de  spécialités  très-fortes  qui  constituait,  si  l'on 
peut  s'exprimer  ainsi,  un  admirable  ouvrage  de  zoologie 
en  plusieurs  volumes.  Duméril  formait,  dans  ce  grand  en- 
semble, le  volume  qui  traitait  des  Reptiles  et  des  Poissons, 
sans  préjudice  cependant  de  ses  études  sur  les  Insectes, 
qui  ont  formé  le  début  et  la  fin  de  sa  belle  et  longue  car- 
rière scientifique. 

Aujourd'hui  il  n'est  plus  permis  d'espérer  que  la  zoo- 
logie sera  traitée  par  des  hommes  spéciaux  et,  par  consé- 
quent, très-éminents  dans  leur  spécialité,  et  s'il  ne  restait 
pas  encore  dans  la  section  de  zoologie  M.  I.  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  qui  représente,  à  si  juste  titre,  la  spécialité 
de  l'étude  des  Mammifères  et  des  Oiseaux,  on  pourrait 
dire  que  les  membres  de  cette  section  deviendront  bientôt 
des  doublures  les  uns  des  autres,  doublures  d'un  haut  mé- 
rite, il  est  vrai,  mais  dont  un  seul  pourrait  largement  suf- 
fire aux  besoins  du  service. 

M.  I.  Geoffroij  Saint-Hilaire  communique  l'extrait  d'une 
Lettre  que  lui  a  adressée  M.  le  prince  de  Démidoff  sur  un 
second  exemple  de  reproduction  de  V Autruche  en  Europe. 

Le  prince  écrit  de  San-Donato  qu'un  couple  de  jeunes 
Autruches  qu'il  avait  reçu  en  1859  vient  d'en  produire  six. 

La  ponte  a  commencé  le  11  mai,  et  elle  a  suivi  un 
cours  régulier,  c'est-à-dire  la  ponte  d'un  œuf  tous  les  deux 
jours  jusqu'au  31 . 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  441 

Après  la  ponte  du  dernier  œuf,  la  femelle  s'est  mise  en 
incubation,  et  le  mâle  l'a  remplacée  une  partie  du  temps. 
C'est  le  23  juin  que  le  premier  petit  est  éclos,  puis  les  au- 
tres ont  suivi,  et,  le  26,  le  dernier,  plus  faible  que  les  au- 
tres, sortait  aussi  de  son  œuf,  avec  l'aide  de  la  personne 
chargée  de  la  direction  de  l'établissement  de  San-Donato, 
qui  avait  un  peu  cassé  le  bout  de  l'œuf  pour  aider  le  petit 
dans  son  éclosion. 

Les  jeunes  Oiseaux  se  mettent  à  courir  et  à  manger, 
aussitôt  leur  sortie  de  l'œuf,  une  pâtée  composée  d'oeufs, 
de  mie  de  pain  et  de  salade  finement  hachés. 

M.  de  Démidoff  pense  qu'après  trois  ou  quatre  couvées 
les  Autruches  se  reproduiront  sans  plus  de  façon  que  les 
autres  Oiseaux  de  basse-cour. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  I.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  rappelle  qu'il  a  présenté,  il  y  a  deux  ans,  une  Note 
de  M.  Hardy,  directeur  de  la  pépinière  centrale  d'Alger, 
sur  un  fait  semblable,  et  dit  qu'il  en  est  aujourd'hui  à  la 
seconde  génération.  Dans  le  nord  de  la  France,  particu- 
lièrement à  la  ménagerie  du  muséum,  les  Autruches  pon- 
dent très-fréquemment,  mais  leurs  œufs  jusqu'à  présent  se 
sont  toujours  trouvés  clairs.  Dans  le  midi  de  la  France,  à 
Mèze,  près  Montpellier,  M.  Moquin-Tandon  a  constaté 
dans  un  cas  la  fécondation  de  l'œuf;  mais  il  n'y  a  pas  eu 
d' éclosion. 

Aussi  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  en  insistant  sur  les 
avantages  que  l'on  pourrait  tirer  de  l'acclimatation  en  Eu- 
rope et  de  la  domestication  d'oiseaux  de  boucherie,  n'a- 
vait-il pas  cru  devoir  comprendre  parmi  eux  l'Autruche 
d'Afrique,  se  bornant  à  recommander  celle  des  Nandous 
et  du  Dromée  ou  Casoar  d'Australie,  espèces  originaires 
de  climats  bien  moins  chauds  que  l'Afrique.  Les  Nandous 
vivent  bien  en  Europe,  et  l'on  a  déjà  des  exemples  de  re- 
production. Quant  au  Dromée  ou  Casoar  d'Australie,  cet 
Oiseau  non  seulement  peut  vivre  sous  notre  ciel,  mais  on 
ne  connaît  aucune  espèce  qui  en  supporte  mieux  les  in- 
tempéries. Le  Dromée  est  tellement  robuste,  tellement 


422     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

rustique,  qu'on  l'a  vu,  à  la  ménagerie  du  muséum,  rester 
à  l'air  libre  pendant  des  années  entières  sans  jamais  cher- 
cher un  abri  dans  sa  loge,  ni  le  jour  ni  la  nuit,  même  par 
les  temps  les  plus  rigoureux;  plus  d'une  fois  il  s'est  laissé, 
à  la  lettre,  enfouir  sous  la  neige,  sans  paraître  en  souffrir 
le  moins  du  monde. 

A  l'occasion  des  remarques  très- intéressantes  de  M,,  le 
prince  de  Démidoff  sur  les  circonstances  de  l'incubation 
des  œufs  pondus  à  San-Donato,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
rappelle  qu'en  Algérie  M.  Hardy  a  vu  de  même  l'Autruche 
mâle  s'occuper  plus  des  œufs  que  la  femelle;  dans  une 
des  incubations,  la  femelle  se  bornait  même  le  plus  sou- 
vent à  venir,  en  l'absence  du  mâle,  retourner  les  œufs 
avec  beaucoup  de  soin,  puis  elle  se  retirait.  Au  muséum, 
où  le  Casoar  de  l'Australie  s'est  reproduit  et  où  M.  Flo- 
rent Prévost  a  recueilli  avec  le  plus  grand  soin  toutes  les 
circonstances  de  la  reproduction,  c'est  le  mâle  qui  a  couvé 
les  œufs,  et  seul  aussi  il  a  fait  l'éducation  des  jeunes;  le 
rôle  de  la  femelle  s'était  borné,  dans  ce  cas,  à  pondre  les 
œufs. 

J'ajouterai  que  les  Autruches  pondent  aussi  très-fré- 
quemment à  Marseille,  et  que  M.  Suquet,  directeur  du 
jardin  zoologique  de  cette  ville,  espère  obtenir  bientôt 
des  reproductions,  car  il  s'est  assuré,  par  des  incubations 
artificielles,  que  les  œufs  sont  fécondés.  Il  ne  lui  manque 
qu'un  parc  suffisamment  isolé  pour  que  ses  Autruches 
puissent  se  livrer  à  l'incubation  sans  être  troublées  par  le 
public.  Cela  est  une  affaire  de  budget,  et  il  espère  bien 
être  en  mesure  d'établir  ce  parc  dès  l'année  prochaine.  Il 
est  évident  que  la  réussite  devait  être  réservée  aux  plus 
riches,  comme,  en  guerre,  la  victoire  est  généralement  ré- 
servée aux  plus  gros  bataillons.  Les  gros  bataillons  étaient, 
pour  M.  Hardy,  le  budget  de  l'État,  et  pour  M.  le  prince 
de  Démidoff  une  immense  fortune.  On  doit,  toutefois,  les 
féliciter  d'avoir  fait  usage  de  ces  puissants  moyens  d'ac- 
tion avec  zèle  et  intelligence. 


MÉLANGES    ET    NOUVELLES.  423 


III.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Samedi  (6  octobre),  l'Empereur  a  daigné  honorer  de  sa 
présence  l'inauguration  du  jardin  zoologique  d'acclimata- 
tion du  bois  de  Boulogne. 

Après  avoir  fait  un  petit  discours  à  Sa  Majesté,  l'illustre 
président  de  la  Société  et  du  conseil  de  la  compagnie  lui 
a  fait  visiter  les  parcs  dans  lesquels  on  a  placé  les  nom- 
breux animaux  achetés  à  M.  le  docteur  Leprestre,  l'oiselle- 
rie, les  solides  loges  à  volailles,  le  bâtiment  monumental 
où  l'on  a  logé  les  Yacks,  Bœufs,  Chevaux  et  autres  ani- 
maux de  grande  taille,  ainsi  que  le  conseil  d'administra- 
tion, et  même  le  bâtiment,  en  construction,  de  l'Aquarium, 
dans  lequel  on  verra,  l'année  prochaine,  de  l'eau  de  mer, 
des  Poissons  et  d'autres  animaux  marins  très-curieux. 

Parmi  les  animaux  que  Sa  Majesté  a  pu  admirer,  il  faut 
surtout  mentionner  le  beau  troupeau  d'Alpacas  récemment 
acquis  par  la  Société,  et  que  l'on  doit  au  zèle  et  au  dé- 
vouement de  M.  Rohen,  qui  est  allé  le  chercher,  au  prix 
des  plus  grandes  fatigues,  dans  les  hautes  montagnes  du 
Pérou. 

Quant  à  la  magnanerie  et  aux  Vers  à  soie  du  vernis  du 
Japon  qui  la  peuplaient,  malgré  l'état  avancé  de  la  saison, 
M.  le  président  ne  les  a  pas  montrés  à  Sa  Majesté,  parce 
qu'il  sait  que  l'Empereur  est  parfaitement  au  courant  de 
cette  grande  question  et  qu'il  connaît  suffisamment  son 
importance  agricole  et  industrielle.  En  effet,  il  a  voulu  être 
le  premier  à  faire  des  essais  agricoles  dans  son  domaine  de 
Lamotte-Beuvron,  et  il  m'a,  récemment  encore ,  donné 
une  nouvelle  preuve  de  sa  haute  approbation  en  ordon- 
nant la  publication,  par  l'imprimerie  impériale,  du  rap- 
port que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  faire  sur  mes  travaux 
relatifs  à  cette  importante  question,  lequel  a  pour  titre, 
Rapport  à  S.  M.  I  Empereur  sur  les  travaux  entrepris  par 
ses  ordres  pour  introduire  en  France  et  en  Algérie  le  Ver  à 
soie  de  V allante  ou  faux  vernis  du  Japon  (grand  in-8°  de 
100  pages). 

J'avais  fait  disposer  dans  la  jolie  magnanerie  de  la  So- 
ciété une  série  d'expériences  ayant  pour  objet  de  faire 
connaître  les  divers  végétaux  avec  lesquels  on  peut  ali- 
menter les  Vers  à  soie  de  l'ailante,  et  de  beaux  échantil- 
lons des  fils  et  tissus  fabriqués  en  Alsace  par  MM.  Sacc, 


424    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Septembre  1860.) 

Schlumberger  et  de  Jongh,  avec  les  cocons  de  cette  es- 
pèce, de  celle  du  Ricin  et  des  métis  que  j'ai  obtenus  des 
deux. 

Il  y  avait  là  des  Vers  que  je  fais  élever  pour  la  Société 
dans  une  serre  chauffée,  et  que  M.  le  président,  sur  ma 
demande,  avait  eu  l'obligeance  de  faire  apporter  par  le 
gardien  de  la  ménagerie  des  Reptiles  du  muséum,  et  d'au- 
tres Vers  élevés  sans  feu,  en  chambre  ou  en  plein  air,  dans 
le  jardin  d'acclimatation.  On  en  voyait  sur  l'ailante,  leur 
végétal  naturel,  sur  le  fusain,  sur  le  chêne,  sur  l'érable 
à  feuilles  de  frêne  et  le  ceanothus  de  l'Amérique,  et  sur 
le  Ricin. 

Beaucoup  de  visiteurs  ont  témoigné  leur  étonnementde 
ne  pas  trouver  sur  le  catalogue  distribué,  et  à  la  suite  du 
nom  des  deux  espèces  de  Vers  à  soie,  comme  on  l'a  fait 
pour  les  animaux  supérieurs,  l'indication  des  personnes 
qui  les  ont  données  à  la  Société,  car  tout  le  monde  sait 
qu'elle  a  reçu  le  Ver  du  ricin  de  M.  Baruffi,  membre  hono- 
raire, et  celui  de  l'ailante  de  moi. 

Comme  l'on  ne  pouvait  dire  que  la  place  avait  manqué 
pour  ces  mentions  de  stricte  justice,  on  a  rejeté  la  faute  sur 
l'imprimeur,  comme  on  le  fait  souvent  en  pareil  cas  ;  mais 
j'entendais  dire  autour  de  moi  qu'on  n'avait  fait  mention 
du  nom  des  donateurs  que  pour  les  grosses  bêtes. 


TABLE    DES  MATIERES. 

Pages. 

H.  de  Saussure.  —  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. 377 

J.  Verreaux  et  0.  des  Murs.  —  Description  d'Oiseaux  nou- 
veaux de  la  Nouvelle-Calédonie  et  indication  des  es- 
pèces déjà  connues  de  ce  pays.  383 

J.  P.  Coinde.  —  Notice  sur  la  faune  ornithologique  de  l'île  de 

Saint-Paul.  396 

A.  Doumet.  —  Catalogue  des  Poissons  recueillis  et  observés 

à  Cette.  405 

A.  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  409 

Académie  des  sciences.  (Section  de  zoologie.  — Autruches.)  410 

Mélanges  et  nouvelles  (Jardin  zoologique  d'acclimatation,  Ver 

à  soie  du  vernis  du  Japon).  423 

PARIS.—  IMP.  DE  Mme  Ve  BOUCHARD-HUZARD,  RUE  DE  L'ÉPERON,  5.— -1860. 


VINGT-TROISIÈME  ANNÉE.  —  OCTOBRE  1860. 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 


Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 
par  M.  H.  de  Saussure. 

Sixième  article.  (Voir  p.  377.) 
Tribu  des  Sténodermiens  (1). 
Museau  obtus;  dents  ne  dépassant  pas  le  nombre  32: 
offrant  toujours  -  incisives  et  f— |  prémolaires.  La  troi- 
sième et  la  quatrième  molaire  supérieure  larges,  à  cou- 
ronne excavée  et  à  bord  externe,  tranchant  et  saillant;  la 
deuxième  prémolaire,  tant  en  haut  qu'en  bas,  en  générai 
longue  et  pointue,  beaucoup  plus  grande  que  la  première  ; 
les  incisives  serrées,  les  supérieures  médianes  grandes, 
ayant  souvent  leur  bord  lobule,  parce  qu'elles  ne  s'usent 
pas  contre  les  inférieures,  vu  l'espace  ouvert  qui  subsiste 
entre  les  incisives  supérieures  et  les  inférieures,  lorsque 
la  bouche  est  fermée  ;  les  latérales  petites.  Langue  courte 
ou  médiocrement  longue  ;  face  verruqueuse.  Appendices 
nasaux  composés  d'un  fer  à  cheval  surmonté  d'une  feuille. 
# 

(1)  Cette  tribu  a  été  établie  par  M.  Gervais,  et  l'on  doit  s'étonner 
qu'on  n'ait  pas  plus  tôt  séparé  du  genre  Phyllostoma  les  types  qui 
la  composent. 

M.  Gray,  tout  en  créant  un  grand  nombre  de  genres  basés  sur  les 
caractères  extérieurs,  dont  quelques-uns  assez  secondaires,  n'a  point 
moutré  la  différence  essentielle  que  le  système  dentaire  établit  entre 
un  certain  nombre  de  ces  genres  et  les  autres.  Dans  un  travail  que 
j'avais  préparé  en  1853,  en  classant  la  collection  des  Chéiroptères  is- 
tiophores  de  la  collection  de  Paris,  et  que  je  comptais  publier  sous  le 
nom  de  Monographie  des  Chauves-Souris  à  quatre  phalanges, 
j'avais  déjà  établi  cette  distinction  et  j'étais  arrivé  aux  mêmes  quatre 
groupes  que  M.  Gervais,  quoique  avec  quelques  divergences  dans  leur 
subdivision,  comme  on  le  verra  plus  bas. 

2*  séant,  t.  xii.  Année  1860.  28 


426     rev.  et  mag.  de  zoologte.  (Octobre  4860.) 

Queue  nulle  ou  rudimentaire  ;  membrane  fémorale  en  gé- 
néral petite,  souvent  nulle. 

Classification  des  Sténodermiens  (1). 
I.  Molaires  au  nombre  de  f . 

Queue  nulle,  membrane  fémorale  rudimen- 
taire   Stenoderma  (2) . 

Queue  nulle,  membrane  fémorale  médiocre, 

échancrée Dermanura. 

II.  Molaires  au  nombre  de  f . 

Queue  nulle,  membrane  fémorale  échancrée.  Artibœus. 
III.  Molaires  au  nombre  de  |, 

Queue  nulle 

Membrane  fémorale  rudimentaire Sturnira. 

Membrane  fémorale  médiocre,  échancrée. . .  Platyrrhinus{3). 
Queue  courte,  membrane  fémorale  échan- 
crée    Brachyphylla. 

Comme  on  le  verra  par  la  comparaison,  cette  classifi- 
cation ne  s'accorde  pas  en  tous  points  avec  celle  qu'adopte 
M.  Gervais.  Ceci  s'explique,  par  le  fait  qu'il  s'est  glissé 
quelques  lapsus  calami  dans  le  travail  de  ce  dernier,  à 
propos  de  ses  genres  Pteroderma  et  Artibœus.  Ainsi  l'au- 
teur indique  pour  le  premier  32  dents ,  tandis  que 
sa  formule  dentaire  (parfaitement  conforme  à  la  figure) 
n'en  donne  que  30,  et  pour  le  second  34,  tandis  que  les 
trois  figures  des  dents  de  ses  trois  espèces  n'en  offrent 
que  32.  Ensuite  l'auteur  a  transporté  le  genre  Artibœus 
de  Leach  à  un  genre  qui  méritait  un  nom  nouveau 
Platyrrhinus),  et,  par  suite  de  cette  erreur,  il  a  été  con- 
duit à  donner  un  nouveau  nom  (Pteroderma)  à  l'ancien 
genre  Artibœus,  Leach.  Ceci  deviendra  évident  dans  les 
observations  ci- dessous  qui  se  rapportent  à  ces  genres. 

(1)  Je  ne  parle  pas  ici  du  genre  Diphylla,  Spix,  qui  est  très -mal 
connu,  non  plus  que  des  genres  Trachops  et  Nyctiplanus,  Gray,  qui 
ont  été  imparfaitement  décrits. 

(2;  Les  Dermanura  ne  méritent  guère  d'être  séparés  des  Steno- 
derma, car  il  n'y  a  pas  entre  eux  de  limite  bien  appréciable. 

(3)  Ce  genre,  que  M.  Gervais  a  désigné,  à  tort,  parle  nom  à'^frli- 
bœus,  ne  mérite  guère  non  plus  d'être  distingué  du  genre  Sturnira. 


TRAVAUX   INÉDITS.  427 

Genre  Stenoderma  ,  Geoff. 
Museau  très-court,  très-obtus  ;  lèvres  très-verruqueuses  ; 
feuille  nasale  en  forme  de  fer  de  lance.  Dents  au  nombre 
de  28;  incisives,  fify«HT  ;  canines,  j~  ;  prémolaires,  |-|; 
vraies  molaires  f—*-. 

St.  tolteca  (1)  (pi.  15,fig.  4).  Parvus,  fusco-nigrcscens ;  prosthema 
nasale  elongatum  ,  in  medio  carioatum;  auriculœ  margiue  externo 
excisae  et  emarginatae;  tragus  valdeacuminatus,  extus  denticulatus; 
patagium  fémorale  valde  excisum,  rudimentarium. 
Taille  petite.  Tête  très-obtuse,  comme  chez  YArtibœus 
jamaicensis.  Vraies  molaires,  ~î  î  la  petite  arrière-molaire 
de  la  mâchoire  inférieure  manquant.  Feuille  nasale  très- 
allongée,  lancéolée,  ayant  le  milieu  occupé  par  un  bour- 
relet épais,  qui  s'étend  dans  toute  sa  longueur  et  qui 
forme  sa  pointe  ;  ses  lobes  latéraux  forment  un  ovoïde 
allongé,  mais  ne  s'étendant  pas  jusqu'à  son  extrémité. 
Oreilles  assez  petites,  obtuses  au  bout,  à  bord  interne 
très-arqué,  au  point  de  former  un  lobe  à  sa  base;  à  bord 
externe  très-fortement  excisé  et  offrant  une  forte  échan- 
crure  au  milieu  de  sa  longueur,  au-dessous  de  laquelle 
est  un  petit  lobule  ;  son  extrémité  inférieure  formant  pres- 
que un  autre  petit  lobe.  Oreillon  n'atteignant  pas  le  mi- 
lieu de  l'oreille,  large,  terminé  en  pointe  aiguë,  offrant  à 
son  bord  externe  trois  dentelures  prononcées.  Membrane 
fémorale  très-fortement  excisée ,  ne  formant  qu'une  bande 
étroite  autour  des  cuisses,  et  supportée  par  de  très-courts 
éperons.  Ailes  insérées  presque  à  la  base  des  métatarsiens. 

Longueur  du  corps  et  de  la  tête 0m,060 

Longueur  de  l'avant-bras 0",041 

Longueur  de  la  feuille  nasale  avee  le  fer  à 

cheval 0m,010 

Longueur  des  oreilles  à  leur  face  externe.     0m,010-ll 

Longueur  des  éperons 0,n,004 

Largeur  de  la  membrane  fémorale  à  l'anus    0m,0045 
(1)  Cette  espèce  est  intermédiaire  entre  le  genre  Stenoderma  et  le 
geore  Dermatiura,  Gerv.,  ce  qui  montre  combien  ces  genres,  basés 
sur  la  grandeur  relative  de  la  membrane  fémorale,  sont  peu  satis- 
faisants. 


428    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

Largeur  au  genou 0m,0065 

Pelage  d'un  gris  de  fumée  obscur  sur  le  dos  ;  les  poils 
étant  d'un  gris  uniforme,  avec  l'extrême  bout  un  peu  plus 
obscur;  les  parties  ventrales  un  peu  plus  pâles,  les  poils 
étant  aussi  unicolores;  les  côtés  du  cou  assez  obscurs. 
Bras  revêtus  de  poils  brun  foncé.  Membranes  noirâtres, 
fortement  garnies  de  poils  autour  des  bras  et  du  corps  ; 
ces  poils  laineux,  obscurs  en  dessus,  pâles  en  dessous;  la 
membrane  interfémorale  très-poilue  autour  du  coccyx. 

Cette  petite  epèce  se  rapproche  le  plus  du  Phyllostoma 
bilabiatum,  Wagn.,  mais  elle  n'a  pas  de  taches  blanches 
et  la  membrane  fémorale  me  paraît  être  plus  fortement 
excisée. 

Genre  Artib^eus,  Leach. 

Synonymes  :  Madatœus,  Leach.  —  Pteroderma,  Gerv.,  1.  c.  34. 

Face  courte  ;  feuille  nasale  en  fer  de  lance.  Dents  au 
nombre  de  30.  Incisives,  "/'  ;  canines,  f-j-;  prémo- 
laires, j-f  ;  molaires,  f-f. 

Dans  ce  genre  la  deuxième  prémolaire  supérieure  offre 
un  fort  talon  ;  elle  est  très-longue  et  pointue,  ainsi  que  l'in- 
férieure ;  les  molaires  suivantes  sont,  au  contraire,  larges 
et  beaucoup  moins  élevées.  Ce  genre  ne  diffère  du  genre 
Stenoderma  que  par  la  présence  d'une  petite  arrière-molaire 
à  la  mâchoire  inférieure  ;  le  reste  du  système  dentaire  et 
le  faciès  extérieur  sont  identiques  ;  il  semble  donc  presque 
superflu  de  séparer  ces  deux  genres. 

Observation. — Comme  je  l'ai  indiqué  plus  haut,  ce  genre 
serait,  pour  M.  Gervais,  le  genre  Pteroderma,  parce  qu'il 
n'offre  que  $  molaires.  Selon  cet  auteur,  les  Artibœus  au- 
raient} molaires  ;  mais  ceci  est  une  erreur  manifeste,  car 
Leach  indique  expressément  (1),  tant  pour  le  genre  Arti- 
bœus que  pour  le  genre  Madatœus,  son  synonyme,  }  mo- 
laires seulement.  C'est  donc  à  tort  que  l'on  donnerait  ce 
nom  à  des  Sténodermiens  qui  possèdent  }  molaires. 
A.  jamaicensis,  Leach,  1.  c.  —Madatœus  Lewisii,  1.  c. 
(1)  Liua.,  Transactions,  XIII,  75. 


TRAVAUX   INÉDITS.  429 

La  variété  qui  habite  le  continent  de  l'Amérique  méri- 
dionale est  de  taille  un  peu  plus  grande  que  celle  qui  vit 
aux  Antilles  ;  mais  la  feuille  nasale  et  les  verrues  de  la 
lèvre  inférieure  sont  de  forme  identique. 

Longueur  du  corps  et  de  la  tête 0m,073 

Longueur  de  la  feuille  nasale,  y  compris  le 

fer  à  cheval 0»,012-11 

Longueur  de  la  feuille  nasale  seule 0m,0075-70 

Longueur  de  Tavant-bras 0m,055 

Les  Chauves-Souris  de  celte  espèce  habitent  en  quantités 
considérables  les  cavernes  de  Cuba,  et  elles  s'y  dirigent 
sans  peine  au  moyen  de  leurs  membranes  nasales.  Elles 
tapissent  les  voûtes  de  ces  grottes  en  si  grand  nombre, 
que  d'un  seul  coup  de  fusil  j'en  ai  abattu  plus  de  trente. 
J'ai  aussi  tué  cette  espèce  au  Mexique.  Les  individus  qui 
viventdansce  pays  ne  me  semblent  différer  de  ceux  deCuba 
que  par  une  taille  un  peu  supérieure  (avant-bras,  0m,057). 
Ce  Sténodermien  se  confond  probablement  avec  YÀrti- 
bœus  perspicillatus ,  Geoff.  (Stenoderma  perspicillalum, 
Gerv.,  loc.  cit. }. 

Genre  Stuhnira,  Gray. 

Museau  obtus,  mais  un  peu  moins  que  chez  les  genres 
qui  précèdent.  Dents  au  nombre  de  32.  Prémolaires,  ■§-{■; 
molaires,  ■§— f  (membrane  fémorale  rudimentaire  ou  nulle). 

Les  types  de  ce  genre  sont  le  Stenoderma  chilensis, 
Gerv.,  Hist.  fisico  de  Chile,  Mammif.,  pi.  I,  et  leS*.  Lilium, 
Geoffr. 

Je  n'ai   trouvé  aucun    représentant  de  ce  genre  au 
Mexique,  mais  il  est  probable  qu'on  en  trouvera. 
Genre  Platyrrhinus  (1). 

Synonymie  :  Artibacus;  Gray,  Voyage  de  Castelnau,  zool. 

Tout  à  fait  semblable  au  G.  Sturnira,  32  dents.  Inci- 
sives, *  V  *l  canines,  f-f  ;  prémolaires,  f-f;  molaires,  f-f. 
L'arrière-molaire  est  très-petite. 

Ce  genre  ne  doit  former  qu'une  subdivision  des  Stur- 

(1)  riKoLTvj>j>iï,  ivoï,  quiaun  large  nez. 


430      REV.   ET   MAC   DE   ZOOLOGIE.    (Octobre  1860.) 

niraf  et  je  ne  le  cite  ici  que  pour  empêcher  que  la  confu- 
sion avec  les  Artibacus  ne  se  perpétue.  L'espèce  la  plus 
vulgaire  est  le  PI.  lineatus,  Geoff.  [Artibœus  lineatus, 
Gerv.,  1.  c,  35).  Brésil.  On  connaît  encore  le  Plat,  unda- 
tus,  Gerv.  [Artibœus  undatus,  Gerv.,  1.  c). — Le  Plat, 
jamaicensis,  Gerv.,  1.  c,  35  (syn.  excl.),  espèce  évidem- 
ment différente  de  celle  désignée  sous  le  nom  d' Artibœus 
jamaicensis,  par  Leach  (1),  puisque  Gervais  lui  donne  f  mo- 
laires et  qu'il  les  figure.  Ce  doit  être  une  espèce  nouvelle 
ou  un  des  nombreux  Sténodermiens  de  Cuba  qui  ont  été 
décrits  sous  les  noms  de  Phy II.  jamaicensis,  Horsf.,  —  fal- 
catum,  Gray,  etc. 

Tribu  des  Vampiriens. 

Museau  étroit  et  assez  allongé.  Dents  au  nombre  de  32 
à  36  ;  vraies  molaires,  toujours  au  nombre  de  j-f  :  la  pre- 
mière et  la  seconde  de  la  mâchoire  supérieure  portant 
des  lames  d'émail  disposées  en  forme  de  W,  d'autres  fois 
seulement  des  tubercules  aigus,  mais  leur  couronne  n'é- 
tant pas  creusée  et  n'offrant  pas  un  bord  externe  trau- 
chant,  comme  chez  les  Sténodermiens.  Incisives  serrées; 
les  supérieures  mitoyennes  très-grandes,  s'usant  contre  les 
inférieures;  les  latérales  très-petites,  usées  par  les  canines 
inférieures,  souvent  caduques.  Toujours  sur  le  nez,  un  fer 
à  cheval  membraneux ,  surmonté  d'une  feuille  nasale. 
Lèvre  inférieure  verruqueuse,  mais  non  fendue.  Langue 
longue  et  extensible. 

lre  Section.  —  Vraies  molaires  ayant  leur  couronne  gar- 
nie de  pyramides  ou  offrant  un  W  plus  ou  moins  distinct. 
Aux  supérieures,  le  bord  externe  plus  saillant  que  Vinterne. 
Membrane  fémorale  échancrée  ou  incomplète  (  transition 
aux  Sténodermiens). 

Cette  catégorie  a  été  divisée  comme  suit  : 

I.  Molaires  au  nombre  de  >,. 

Une  queue  plus  ou  moins  longue,  enveloppée, 
n'atteignant  pas  le  bout  de  la  membrane 

(ij  Voyez  ci-dessus  notre  Artibœus  jamaicensis. 


TRAVAUX  INÉDITS.  431 

fémorale Phyllostoma. 

Pas  de  queue,  membrane  fémorale  échan- 

crée Carollia. 

II.  Molaires  au  nombre  \. 

Queue  courte,  enveloppée,  membrane  inter- 
fémorale échancrée Schizostoma(i). 

(1)  On  doit  ce  genre  à  M.  Gervais.  Je  ne  le  connais  pas,  mais  je  ne 
doute  pas  qu'il  ne  rentre  dans  cette  section. 

(La  suite  prochainement.) 

Description  d'Oiseaux  nouveaux  de  la  Nouvelle-Calédonie 
et  indication  des  espèces  déjà  connues  de  ce  pays,  par 
MM.  Jules  Verreaux  et  O.  des  Murs  (1). 
31.  Lalage  Montrosieri  (J.  Verreaux  et  O.  des  Murs). 
L.  —  Supra  nigro-brunneus  :  tectricibus  a  la r  uni  albo  rufoque  nota- 
tus;  remigiis   rufescente-albo  fimbriatis  ;  uropygio  cioerascente 
lauceolato  ;  4  rectricibus  lateralibus  graduatim  apicatis  ;  duabus 
externis  fere  omnino  candidis;  subtus  rufesceute  albus. 
Parties  supérieures  noires,  tirant  au  brun  sur  le  dos  et 
et  les  scapulaires;  une  tache  blanche  sur  les   tectrices 
alaires  supérieures,  surmontée  de  roussâtre;  les  plus  lon- 
gues, ainsi  que  les  rémiges,  bordées  et  terminées  de  blanc 
roussâtre,  plus  étendu  sur  les  secondaires;  croupion  gris 
brun,  finement  lancéolé  de  plus  foncé;  les  quatre  rectrices 
latérales  graduellement  terminées  de  blanc  pur,  mais  les 
deux  externes  bordées  de  même  couleur  sur  plus  des  trois 
quarts  de  leur  longueur  à  partir  de  la  pointe;  côtés  du 
front  et  toutes  les  parties  inférieures  d'un  blanc  légère- 
ment teint  de  roussâtre,  avec  quelques  taches  brunes  sur 
les  côtés  du  thorax.  Ailes  moyennes  à  trois,  quatre  et  cinq 
rémiges  les  plus  fortes  ;  queue  assez  longue,  étagée  latéra- 
lement. Bec,  tarses  et  ongles  noirs. 

Longueur  totale 16  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 8  6  mill. 

Longueur  de  la  queue 8  5 

Longueur  du  bec 1  3 

Longueur  du  tarse 2  2 

Nous  dédions  cette  nouvelle  espèce  à  M.  Montrosier, 
(1)  Voir  page  383. 


432      rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

vicaire  apostolique  de  la  Nouvelle-Calédonie,  comme  un 
témoignage  affectueux  du  bon  souvenir  que  nous  avons 
conservé  et  dans  l'espérance  que  nous  avons  de  le  voir 
poursuivre  ses  recherches  en  histoire  naturelle,  sachant 
surtout  combien  il  peut,  par  son  influence,  lui  être  utile. 
Collection  de  l'exposition. 

32.  Gazzola  typica  (Ch.  Bonap.,  notes  sur  les  coll.  De- 
làtre). 

6.  —  Alba;  capite,  dorso,  alis,  cauda  crissoque  purpureo-nigris; 
rostro  crasso. 
Musée  de  Paris. 

33.  Cornus  corone?  (Wagler;  G.  R.  Gray,  Proc  zool. 
Soc,  1859,  p.  163.) 

De  la  Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu. 

34.  Physocorax  moneduloides  (Lesson  ;  G.  R.  Gray,  Proc. 
zool.  Soc,  1859,  p.  163). 

Se  trouve  dans  toute  la  Nouvelle-Calédonie. 
Iris  gris.  Toute  la  différence  entre  les  sexes  ne  repose 
que  sur  la  taille,  qui  est  d'un  tiers  plus  forte  chez  le  mâle. 
Collection  de  l'exposition. 

35.  Leptornis  Âubryanus  (J.  Verreaux  et  0.  des  Murs.) 
L.  —  In  toto  niger  ;  macula  subauriculare  rufa. 

Mâle.  En  entier  d'un  noir  uniforme,  plus  terne  sur  les 
rémiges  primaires,  excepté  derrière  l'oreille,  où  se  trouve 
une  tache  roussàtre  clair;  le  tour  de  l'œil  en  partie  dé- 
nudé, sauf  en  arrière,  où  les  plumes  de  la  paupière  re- 
lient celles  de  la  tête  ;  une  autre  nudité,  partant  du  des- 
sous de  l'œil,  s'étend  sur  le  côté  de  la  tête,  en  dessus  et  en 
avant  de  la  région  parotique.  Ailes  moyennes,  à  quatre, 
cinq  et  six  rémiges  les  plus  longues,  atteignant  à  peu  près 
le  quart  de  la  queue  ;  cette  dernière  assez  longue,  très- 
arrondie.  Bec  un  peu  plus  long  que  la  tête,  plus  haut  que 
large,  légèrement  voûté  et  terminé  en  pointe  aiguë,  à  fosse 
nasale  profonde,  recouverte  d'une  membrane  où  se  trou- 
vent les  narines,  qui  sont  percées  d'outre  en  outre,  de 
couleur  noire  avec  la  majeure  partie  de  la  mandibule  in- 


TRAVAUX   INÉDITS.  433 

férieure  jaunâtre.  Tarses  très-longs,  à  scutelles  lisses, 
quoique  visibles,  et  au  nombre  de  neuf;  doigts  assez 
courts,  le  médian  le  plus  long,  l'interne  un  peu  plus  court 
que  l'externe,  le  pouce  le  plus  robuste  et  ayant  l'ongle  le 
plus  fort,  de  couleur  brun  clair,  avec  les  ongles  noirâtres. 

Longueur  totale 40  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 10 

Longueur  de  la  queue 20 

Longueur  du  bec  à  partir  de  l'angle  com- 

missural 5  2  mill. 

Longueur  du  tarse 6 

Longueur  du  doigt  du  milieu  sans  l'ongle.       3 
Iris  noir. 

De  la  Nouvelle-Calédonie. 

Nous  sommes  heureux  de  dédier  cette  intéressante  es- 
pèce, la  seconde  du  genre,  à  M.  Aubry-Lecomte,  direc- 
teur et  créateur  de  l'exposition  nationale  des  produits  de 
nos  colonies  françaises  ;  c'est  un  des  justes  hommages  qui 
lui  seront  rendus  pour  son  intelligente  conception  et  pour 
les  soins  qu'il  apporte,  chaque  jour,  à  l'application  de  cette 
idée  neuve,  dont  tout  mérite  et  toute  gloire  doivent  lui 
revenir,  cette  exposition  étant  destinée  à  rendre  les  plus 
grands  services  à  l'industrie,  au  commerce  et,  comme  on 
le  voit,  aux  sciences  naturelles. 
Collection  de  l'exposition. 

36.  Aplanis  striata  (Gmel.  ;  G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  163). 

Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu. 

37.  Aplonis  viridi-grisea  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  164). 

M.  Gray  rapproche  cette  espèce,  avec  doute,  du  Cora- 
cias  striata  de  Gmel.,  qui  en  serait  la  femelle. 
Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu. 

38.  Aplonis  atronitens  (G.  R.  Gray,  Proc  zool.  Soc, 
1859,  p.  164). 

Nouvelle-Calédonie,  île  de  Loyalty. 

39.  Aplonis  calédoniens  (Bp.). 


434     rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Octobre  1860.) 

D'un  vert  bronzé,  avec  reflets  violacés  sur  la  tête  et  une 
partie  du  cou;  rémiges  et  rectrices  noires,  avec  les  mêmes 
reflets;  bec  et  ongles  noirs;  tarses  brun  foncé;  iris  rouge. 

Longueur  totale 16  cent.  5  mill. 

Longueur  de  l'aile  fermée 9  5 

Longueur  de  la  queue 7 

Nouvelle-Calédonie,  camp  de  Morari,  20  juin  1859; 
île  de  Nu,  île  des  Pins,  Abo,  Unola  (tribu  des  Tuo). 
Collection  de  l'exposition. 

40.  Tropidorhynchus  Lessoni  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc,  1859,  p.  161). 

Nouvelle-Calédonie,  Port-Saint-Vincent,  îles  des  Pins 
et  de  Loyalty. 

Mâle  et  femelle  adultes;  celle-ci  ne  diffère  que  par  sa 
taille  un  peu  moindre.  Les  indigènes  l'appellent  Kehua. 
D'après  nos  dessins,  l'iris  serait  grisâtre  avant  la  mort  et 
rose  carminé  après. 

L'espèce  est  identique  à  celle  qui  existe  depuis  long- 
temps au  muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  où  elle 
avait  été  rapportée  de  la  terre  de  Van-Diémen?  par  la 
Billardière;  elle  a  été  décrite  par  Lesson,  et  depuis  par 
M.  Pucheran. 

Collection  de  l'exposition. 

41.  Glyciphila  modesta  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  160). 

Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu. 
Collection  de  l'exposition. 

42.  Glyciphila  poliotis  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  160). 

Nouvelle-Calédonie,  îles  de  Loyalty. 

43.  Glyciphila  fasciata  (Forst.  ;  G.  K.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc,  1859,  p.  160). 

Nouvelle-Calédonie. 

Le  mâle  est  un  peu  plus  fort  que  la  femelle,  et  le  jeune 
ne  diffère  que  par  quelques  plumes  lavées  de  jaune  qui 
se  retrouvent  sur  le  devant  du  cou. 


TRAVAUX    INÉDITS.  435 

Collection  de  l'exposition. 

44.  Glyciphila?  chlorophœa  (Forst.  ;  G.  R.  Gray,  Proc. 
zool   Soc.,  1859,  p   160). 

Nouvelle-Calédonie. 

45.  Glyciphila?  incana  (Lath.  ;  G.  R.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc,  1850,  p.  160). 

Nouvelle-Calédonie. 

46.  Myzomela  sanguinolenta  (Gould). 
Nouvelle-Calédonie.  Identique  avec  l'espèce  de  la  Nou- 
velle-Hollande. 

Collection  de  l'exposition. 

47.  Âcanthiza  flavolateralis  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc,  1859,  p.  161). 

Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu. 
Collection  de  l'exposition. 

48.  Zosterops  xanthochroa  (G.  R.  Gray,  Proc  zool. 
Soc,  1859,  p.  161). 

Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu.  Les  indigènes  le  nom- 
ment Ti-ri-ri. 
Collection  de  l'exposition. 

49.  Zosterops  griseonota  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  161). 

Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu.  Les  indigènes  lui  don- 
nent le  même  nom  qu'à  l'espèce  précédente,  avec  laquelle 
ils  le  confondent  sous  l'appellation  de  Ti-ri-ri. 

Collection  de  l'exposition. 

50.  Erythrura  psiltacea  (Bonap.  ;  Gmel.). 

Estrelda  psittacea  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  164). 
Nouvelle-Calédonie,  pays  de  Magal'ambnet,  tribu  Tuo, 
camp  de  Morari,  19  juin  1859.  Les  indigènes  le  nomment 
Tenii.  Iris  orange. 
Collection  de  l'exposition. 

51.  Ptilonopus  Grayi  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  165). 


436     rev.  et  mag.  de  zoologie.   (Octobre  1860.) 

Nouvelle-Calédonie,  île  des  Pins.  Identique  à  celui  qui 
se  trouve  dans  toute  l'Océanie. 

52.  Lamprotreron  holosericeus  (Tem.;  G.  R.  Gray,  Proc. 
zool.  Soc,  1859,  p.  165). 

Nouvelle-Calédonie,  île  des  Pins.  La  même  espèce  que 
celle  des  îles  Sandwich? 
Collection  de  l'exposition. 

53.  Carpophaga  (Phœnorhina)  Goliath  (G.  R.  Gray, 
Proc.  zool.  Soc,  1859,  p.  165;  Illustr.  B.,  pi.  clv). 

Nouvelle-Calédonie,  île  des  Pins. 

Longueur  totale 62  cent. 

Longueur  de  la  queue 29 

D'un  lieu  appelé  Kanala,  où  les  indigènes  lui  donnent 
le  nom  de  N'dan.  Iris  d'un  jaune  orange,  et  non  rouge  ou 
grenat,  comme  le  présente  la  jolie  figure  donnée  par 
M.  G.  R.  Gray. 

Ce  Colombidé,  le  géant  de  son  ordre,  offre,  dans  la  con- 
formation de  son  gésier,  un  caractère  particulier  des  plus 
remarquables,  qui  pourrait  suffire,  à  lui  seul,  à  motiver  son 
élévation  au  rang  de  genre,  et  justifier,  par  conséquent,  son 
classement  comme  type  du  genre  Phœnorhina,  qu'en  a 
judicieusement  fait  M.  G.  R.  Gray. 

L'importance  des  caractères  de  cet  organe  est  telle,  tou- 
tefois, que  nous  avons  préféré  en  abandonner  l'étude  et 
la  description  physiologiques  à  notre  ami  M.  le  docteur 
Cornay,  qui  a  bien  voulu  se  charger  de  ce  travail  intéres- 
sant, qu'il  saura,  mieux  que  tout  autre,  traiter  avec  le  ta- 
lent et  le  savoir  profond  qui  distinguent  chacun  de  ses 
ouvrages. 

54.  Carpophaga  {Janthamas)  hypœnochroa  (Gould; 
G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc,  1859,  p.  165). 

Nouvelle-Calédonie,  île  des  Pins.  La  même  espèce  que 
celle  de  la  Nouvelle-Hollande. 

55.  Chalcophaps  chrysochlora  (Gould,  var.;  G.  R.  Gray, 
Proc  zool.  Soc,  1859,  p.  165). 


TRAVAUX     INÉDITS.  437 

Nouvelle-Calédonie,  île  de  Nu.  La  même  espèce  qu'à  la 
Nouvelle-Hollande. 

56.  Charadrius?  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool.Soc,  1859, 
p.  165). 

Ce  savant,  qui  le  désigne  ainsi,  avec  doute,  le  croit  le 
même  que  le  Ch.  glaucopus  de  Forster.  Nouvelle-Calé- 
donie. 

57.  Strepsilas  interpres  (G.  R.  Gray;  Linn.). 
Nouvelle-Calédonie. 

58.  Tolanus  undulatus. 

Scolopax  undulatus  (Forst.,  Descr.  anim.,  p.  173). 

Totanus  fuliginosus  (Gould,  Voy.  Beagle,  p.  130). 

Totanus  océaniens  (Less.,  Complém.  à  Buffon). 

Totanus  Polynesiœ  (Peale,  Zool.  N.  S.  Enp.  Birds, 
p.  237). 

Totanus  oceanicus  (Cassin.;  Ch.  Wilk.,  N.  S.  Expl. 
Enper.). 

Nec  Totanus  pulverulentus  (Mûll.). 
Mâle  adulte.  Nouvelle-Calédonie. 
Collection  de  l'exposition. 

59.  Rallus  hypotœnidia  (Bp.),  philippensis  (Gmel.). 
Nouvelle-Calédonie,  localité  de  Kanala,  où  il  est  nommé, 

par  les  indigènes  Oruta.  Tué  à  Hieugnène  et  donné  parle 
capitaine  Tricot.  Identique  avec  le  R.  pectoralis  de  Cuvier, 
des  Philippines  ;  le  même  que  celui  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande figuré  par  Gould.  Iris  rouge  orangé. 
Collection  de  l'exposition. 

60.  Porzana  (Zapornia)  leucophrys  (Gould,  Proc.  zool. 
Soc,  1847,  p.  33). 

Nouvelle-Calédonie,  Kanala,  où  les  indigènes  le  nom- 
ment Aghia.  Donné  par  M.  Leport.  Iris  rouge.  Identique 
à  celui  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Collection  de  l'exposition. 

61.  Gallirallus  Lafresnayanus  (J.  Verr.  et  O.  des  Murs). 
Supra  brunneo-rufus ,    albescente-saturatus;  subtus  ardesiaceus; 

crisso  albido  rufescente  striolato. 


438    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

Couleur  générale  de  la  partie  supérieure  d'un  brun  rous- 
sâtre,  lavé  d'olivâtre  plus  foncé  sur  la  région  postérieure  ; 
tête,  cou  et  toutes  les  parties  inférieures  d'un  gris-ardoisé, 
lavé  de  roussâtre  sur  le  devant  du  cou  et  le  haut  de  la 
poitrine  et  plus  foncé  sur  le  reste,  devenant  noirâtre  sur 
le  crissum  et  les  couvertures  sous-caudales  ;  ces  dernières 
traversées  par  de  fines  zébrures  blanches  plus  ou  moins 
lavées  de  roussâtre.  Ailes  très-courtes,  à  rémiges  ne  dépas- 
sant pas  les  couvertures  supérieures,  très-molles  et  décom- 
posées, à  quatrième,  cinquième,  sixième  et  septième  les 
plus  longues,  noirâtres,  bordées  extérieurement  de  brun 
roussâtre;  un  ongle  assez  long  et  très-arqué  au  pouce  de 
l'aile;  couvertures  sous-alaires  noires,  traversées  de 
bandes  blanches  ;  quelques  traces  de  ces  bandes  se  voient 
également  sur  les  plumes  des  flancs;  rectrices  assez  lon- 
gues, décomposées  et  placées  verticalement. 

Bec  plus  long  que  la  tête,  légèrement  arqué  en  dessus 
et  relevé  en  dessous,  arrondi  à  la  pointe,  qui  est  à  peine 
échancrée  ;  fosse  nasale  assez  longue  ;  narines  percées  en 
fissure,» assez  près  du  front,  recouvertes  par  une  mem- 
brane; tarses  robustes,  scutellés,  mais  assez  lisses;  tibia 
emplumé  jusqu'à  l'articulation. 

Longueur  totale 38  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 11 

Longueur  de  la  queue 16 

Longueur  du  bec  à  partir  de  la  commis- 
sure   6          3  mill. 

Longueur  du  front 5           4 

Longueur  du  tarse 6 

Longueur  du  doigt  du  milieu  sans  l'on- 
gle    4           2 

Longueur  du  doigt  externe 3           2 

Longueur  du  doigt  interne 3 

Longueur  du  pouce 1           1 

Nouvelle-Calédonie,  où  il  est  nommé,  par  les  indigènes, 
IWdino,  camp  de  Morari.  Il  vit  dans  les  lieux  marécageux, 
et  arriverait,  dit  la  note,  à  la  taille  du  Dindon  !  Est-ce  la 


TRAVAUX   INÉDITS. 

même  espèce,  ou  bien  y  en  aurait-il  une  autre  qui  attein- 
drait cette  dimension? 

Collection  de  l'exposition. 

Nous  avons  dédié  cette  nouvelle  espèce  à  notre  savant 
collègue,  M.  le  baron  de  Lafresnaye,  comme  un  témoi- 
gnage de  notre  gratitude  pour  tout  ce  que  la  science  orni- 
thologique  doit  à  ses  profondes  connaissances. 

62.  Ardea  (Herodias)  albo-lineata  (G.  R.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc,  1859,  p.  166). 

Nouvelle-Calédonie,  île  des  Pins. 

63.  Herodias  Novœ-Hollandiœ  (La th.). 
Nouvelle-Calédonie,  camp  de  Morari.  Identique  à  celui 

de  la  Nouvelle-Hollande. 
Collection  de  l'exposition. 

64.  Nyclicorax  calédoniens  (Steph.;  G.  R.  Gray,  Proc. 
zool.  Soc,  1859,  p.  166). 

Nouvelle-Calédonie.  Mâle  adulte  et  jeune  femelle;  cette 
dernière  portant  encore  son  duvet,  surtout  à  la  tête. 

Collection  de  l'exposition. 

Gen.  char.  Rhynochetos  (J.  Verr.  et  O.  des  Murs). 
Rostrum  brève,  cuculaceum  (fere  Scythropis). 
Nares  tubulares,  in  siou  uasali  subapertœ. 
Occipite  colloque  postico  superiore  plumis  maxime  elongatis,  ju- 

batis. 
Cauda  elongata,  lata,  rotunda. 
Pollice  mioimo,  fere  rudimentario,  subelato,  ungue  medio  impec- 

tinato. 

Caractères  génériques. 

Bec  de  la  longueur  de  la  tête,  à  arête  aplatie  dans  les 
deux  tiers  de  sa  longueur,  arrondie  dans  le  surplus  jus- 
qu'à la  pointe,  légèrement  arqué  dans  tout  le  prolonge- 
ment de  la  commissure:  les  côtés  de  la  mandibule  infé- 
rieure parfaitement  plats  et  unis. 

Narines  placées  dans  un  profond  sillon  occupant  la 
moitié  de  la  longueur  de  la  mandibule,  percées  dans  un 
tube  corné,  de  la  même  substance  que  le  bec,  remplissant 
ce  sillon  dans  la  moitié  de  sa  longueur  ;  tout  le  long  de  ce 


440     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

tube,  entre  lui  et  la  profondeur  du  sillon,  surgissent  de 
longs  poils  rigides,  presque  perpendiculaires,  mais  finis- 
sant par  prendre  la  courbe  du  front  en  s'en  rapprochant. 

Lorums  et  toute  la  commissure  du  bec  entièrement  em- 
plumés  ;  une  nudité  à  peine  sensible  distingue  le  bord  et 
le  pourtour  de  la  paupière  inférieure. 

Plumes  des  ailes  molles  et  arrondies  vers  le  bout,  gra- 
duées, à  cinquième  rémige  la  plus  longue,  toutes  dépas- 
sées par  les  couvertures  qui  les  recouvrent. 

Queue  longue,  large  et  arrondie. 

Tarses  fortement  scutellés,  à  jambe  emplumée  presque 
jusqu'à  l'articulation,  ne  laissant  guère  que  0m.12  milli- 
mètres de  nudité  ;  pouce  rudimentaire  très-élevé,  à  ongle 
court  et  crochu;  les  autres  doigts  à  peu  près  égaux  et 
moyens  ;  celui  du  milieu  le  plus  long,  mais  ne  laissant  pas 
voir  le  tranchant  et  les  dentelures  qui  s'observent  sur  la 
majeure  partie  des  espèces  d'Ardeidœ. 

65.  Rhynochetos  jubatus  (J.  Verreaux  et  O.  des  Murs). 
Ciuereus,  bruimeo  supra  saturatus;  subtus  stricte  fulvo-striolatus; 

remigiis  nigro  chocolatinoque  fasciatis  ;  rostro  pedibusque  pallide 

flavescentibus.  —  Pi.  21. 

En  entier  d'un  beau  gris  cendré,  pur  sur  la  tête,  la 
huppe,  le  devant  et  le  derrière  du  cou,  la  poitrine  et  le 
ventre  ;  tournant  au  brun  sur  le  dos  et  les  épaules;  grivelé 
très-agréablement,  ou  mieux  finement  vermicelle  de  fauve- 
clair,  sur  toutes  les  couvertures  alaires  et  sur  les  rectrices  ; 
les  grandes  rémiges  vermicellées  de  blanc  à  leur  origine 
et  jusqu'au  tiers  de  leur  longueur,  fasciées  de  noir  et  de 
brun-chocolat,  grivelé  de  noir  dans  le  second  tiers,  et  fas- 
ciées alternativement  dans  le  dernier  tiers,  jusqu'à  la 
pointe,  de  deux  bandes  de  noir  pur  et  de  deux  bandes 
blanches,  dont  la  dernière  a  la  pointe  vermicellée  de 
noir;  cuisses  d'un  gris  brunâtre  légèrement  vermicelle  de 
la  même  couleur  plus  foncée. 

Le  système  général  de  ptilose  de  cet  Oiseau  remar- 
quable a  beaucoup  d'analogie  avec  celui  du  Botaurus 


TRAVAUX    INÉDITS.  441 

limnophilax  et  môme  des  Tigrisoma  d'Amérique,  et,  dans 
son  ensemble,  il  offre  des  rapports  avec  plusieurs  genres 
bien  différents;  mais  il  est  évident  pour  nous  qu'il  rentre 
dans  la  famille  des  Ardcidœ,  où  nous  le  plaçons,  et  à  la 
suite  des  Tigrisoma. 

Longueur  totale 60  cent. 

Longueur  de  l'aile  fermée 27  5  mi  11. 

Longueur  de  la  queue 20 

Longueur  du  bec  à  partir  du  front 6  2 

Longueur  du  bec  à  partir  de  la  commis- 
sure         6  8 

Hauteur  du  bec  à  sa  base 2 

Longueur  du  tarse 10 

Longueur  du  doigt  du  milieu  sans  l'ongle.        5  2 

Longueur  du  doigt  externe 4  3 

Longueur  du  doigt  interne 3  6 

Longueur  du  pouce 0  12 

Nouvelle-Calédonie,  où  les  indigènes  le  nomment  Kagu. 
Donné  par  M.  Latour. 
Collection  de  l'exposition. 

66.  Procellaria  (JEstrelata)  rostrata  (Peale,  N.  S.  Exp.  B., 
p.  296,  lre  éd.,  1848). 

Nouvelle-Calédonie.  Nom  indigène,  Gheune. 

Jeune,  tout  en  duvet  gris  brun,  légèrement  teint  de 
roussâtre,  laissant  déjà  voir  du  blanc  sur  la  poitrine  et  du 
blanchâtre  sur  le  reste  du  corps.  Le  bec,  quoique  plus 
faible,  laissant  déjà  voir  les  mêmes  caractères  de  l'adulte; 
la  coloration  des  tarses  et  des  palmes  étant  aussi  bien  in- 
diquée que  dans  ce  dernier. 

Collection  de  l'exposition. 

67.  Larus  Novœ-Hollandiœ  (Steph.  ;  G.  R.  Gray,  Proc. 
zool.  Soc,  1859,  p.  166). 

Nouvelle-Calédonie,  île  des  Pins.  Identique  à  celui  de 
la  Nouvelle-Hollande,  Iris  rouge. 
Collection  de  l'exposition. 

68.  Stema  gracilis  (Gould  ;  G.  R.  Gray,  Proc.  zool.  Soc, 
1859,  p.  166). 

2e  sérib.  t.  xii.  Année  1860.  29 


442     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

Nouvelle-Calédonie.  Identique  à  celle  de  la  Nouvelle- 
Hollande. 

69.  Sterna  melanauchen  (Temm.  ;  G.   R.   Gray,  Proc. 
zool.  Soc.,  1859,  p.  166). 

Nouvelle-Calédonie,  îles  de  Loyalty.  Identique  à  celle 
de  la  Nouvelle-Hollande. 

70.  Sterna  (Haliplana)  fuliginosa  (Gmel.;  G.  R.  Gray, 
Proc.  zool.  Soc,  1859,  p.  166). 

Nouvelle-Calédonie. 

71.  Phaeton  (Lepturus)  candidus  (Briss.). 
Nouvelle-Calédonie.  Collection  de  l'exposition. 

72.  Tachypetes  minor  (Gm.). 
Nouvelle-Calédonie,    havre    de  Ballade.   Donné    par 

M.  Vieillard.  Identique  à  celle  de  la  Nouvelle-Hollande. 
Collection  de  l'exposition. 

73.  Sula  (Dysporus)  sula  (Linn.). 
Nouvelle-Calédonie,    havre   de    Ballade.    Donné  par 

M.  Vieillard.  Le  même  qu'à  la  Nouvelle-Hollande. 
Collection  de  l'exposition. 

74.  Anas  superciliosa  (Gmel.  ;  G.  R.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc,  1859,  p.  166). 

Nouvelle-Calédonie,  Kanala.  Nom  donné  par  les  indi- 
gènes, Nia.  Le  même  qu'à  la  Nouvelle-Hollande. 
Collection  de  l'exposition. 

75.  Anas  punctata  var.  (Gould;  G.  R.  Gray,  Proc.  zool. 
Soc,  1859,  p.  166). 

Nouvelle-Calédonie. 

76.  Nous  plaçons  sous  ce  numéro  un  Langrayen,  qui 
aurait  dû  venir  au  n°  29,  nommé  par  le  prince  Ch.  Bona- 
parte Ocypterus  Berardi. 

Ex  toto  niger. 

Musée  de  Paris.  Rapporté  par  le  docteur  Arnoux. 

Ce  qui  résulte  jusqu'à  présent  de  l'étude  qui  précède, 
c'est  que,  sur  soixante -seize  espèces  d'Oiseaux  rappor- 
tées de  la  Nouvelle-Calédonie,  quarante-cinq,  ou  les 
quatre  dixièmes  et  demi,  sont  exclusivement  propres 


TRAVAUX   INÉDITS.  443 

cette  île,  parmi  lesquelles  les  trois  beaux  types  génériques 
de  Gazzola  pour  les  Corvidés,  du  Phœnorhina  pour  les 
Colombidés  et  du  Rhynochetos  pour  les  Ardéidés;  dix- 
huit,  ou  près  des  deux  dixièmes,  lui  sont  communes  avec 
la  Nouvelle-Hollande,  dont  une  avec  la  terre  de  Van- 
Diémen,  et  treize  seulement,  ou  un  peu  plus  d'un  dixième, 
se  retrouvent  dans  la  Polynésie  proprement  dite,  y  com- 
pris la  Nouvelle-Guinée. 

La  conclusion  finale  à  tirer  de  cette  comparaison,  c'est 
que  la  faune  ornithologique  de  la  Nouvelle-Calédonie  est 
loin  de  se  comporter,  ainsi  qu'on  aurait  pu  le  supposer, 
comme  sa  faune  florale,  et  que,  par  conséquent,  l'opinion 
de  M.  Decaisne  pour  celle-ci  est  infirmée  par  celle-là.  En 
un  mot,  au  contraire  de  ce  qu'exprime  le  savant  botaniste, 
au  lieu  de  se  rapprocher  beaucoup  plus  de  l'Australie 
orientale  et  tropicale  que  des  archipels  océaniens,  elle  se 
tient  à  une  distance  presque  égale  de  l'une  et  des  autres 
(la  différence  n'étant  que  de  18  à  13),  et  offre  un  caractère 
et  une  homogénéité  qui  lui  sont  propres  et  que  ne  pour- 
ront que  confirmer  les  découvertes  ornithologiques  à 
venir  dans  ce  centre  nouveau,  si  restreint  et  si  singulier, 
de  création. 

En  effet,  cette  belle  colonie  française,  que  nous  occu- 
pons seulement  depuis  1852,  n'a  pas  encore  livré  tous  les 
trésors  de  sa  production.  Grâce  à  l'activité  toujours  crois- 
sante de  nos  divers  fonctionnaires,  nous  avons  l'espoir, 
d'après  ce  début  de  bon  augure,  d'obtenir,  dans  un  avenir 
prochain,  de  plus  nombreuses  espèces  zoologiques.  Nous 
adressons  donc  nos  sincères  remercîments  à  M.  le  gouver- 
neur Saisset,  à  M.  le  capitaine  Tricot,  ainsi  qu'à  MM.  Le- 
port  et  Latour,  auxquels  notre  envoi  est  redevable  du 
Rhynochetos,  et  à  M.  Vieillard,  qui  tous  ont  apporté  d'im- 
portants contingents  dans  les  nouvelles  espèces  que  nous 
venons  de  décrire  et  dont  va  profiter  la  science. 
[La  suite  au  prochain  numéro.) 


444     rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Octobre  1860.) 

Catalogue  des  Poissons  recueillis  ou  observés  à  Cette, 
accompagné  de  notes  explicatives  et  de  quelques  idées 
sur  la  pisciculture  marine,  par  M.  Doumet.  (V.  p.  299 
et  355,  405.) 

VII. 
Les  Chondroptérygiens  viennent  ensuite;  ils  nous  offrent 
un  seul  Acipenser,  le  Sturio,  assez  commun,  tandis  que 
nous  n'avons  pas  encore  vu  le  Naceri.  Des  pêcheurs  nous 
ont  assuré  qu'ils  avaient  nourri  un  Sturio  de  petite  taille, 
pendant  près  d'un  mois,  avec  du  pain  trempé  dans  du  vin , 
ce  dont  il  était  très-friand,  disent-ils. 

La  famille  des  Chimérides  vient  clore  les  Chondroptéry- 
giens à  branchies  libres,  par  le  Chimœra  monstrosa  qui 
nous  visite  à  de  rarissimes  intervalles. 

Ici  commencent  les  Chondroptérygiens  à  branchies  fixes. 
Les  Plagiostomes,  qui  sont  sans  contredit,  les  plus  remar- 
quables des  Poissons  et  les  plus  élevés  dans  l'ordre  natu- 
rel par  leur  organisation ,  paraissent  aussi  les  mieux  étu- 
diés, soit  à  cause  des  dimensions  qu'ils  atteignent,  soit  en 
vertu  des  caractères  plus  précis  que  l'on  peut  tirer  de  leur 
système  dentaire.  Remplissant  au  milieu  des  eaux  le  rôle 
que  jouent  les  Oiseaux  de  proie  dans  les  airs,  ils  ont  en 
général,  comme  ces  derniers,  été  doués  par  la  nature  de 
moyens  puissants  de  locomotion  et  de  forces  qui  les  ren- 
dent les  ennemis  redoutables  de  tous  les  êtres  qu'ils  ren- 
contrent habituellement  ou  accidentellement  dans  les  mers, 
et,  comme  eux,  la  plupart  n'exercent  pas  leurs  déprédations 
seulement  dans  un  espace  restreint,  mais  à  des  distances 
considérables,  émigrant  même  le  plus  souvent  à  la  suite 
des  bâtiments  et  des  bandes  de  Scombres  dont  ils  ai- 
ment à  faire  leur  proie.  Il  est  donc  assez  difficile  de 
former  une  liste  locale  complète  de  ce  groupe,  car  nul  ne 
peut  affirmer  qu'une  espèce,  encore  inconnue  aujourd'hui 
sur  une  côte,  ne  s'y  présentera  pas  demain  pour  en  repar- 
tir presque  immédiatement  et  ne  plus  y  revenir  ensuite 
qu'à  des  intervalles  fort  éloignés.  Pourtant,  si  beaucoup 


TRAVAUX     INÉDITS.  445 

des  grandes  espèces  sont  presque  complètement  cosmopo- 
lites, la  nature  semble  avoir  voulu  mettre  une  analogie  de 
plus  entre  les  rapaces  des  mers  et  les  rapaces  des  airs,  en 
créant  dans  les  premiers,  un  certain  nombre  de  genres, 
tels  que  les  Roussettes,  les  Âiguillats,  les  Emissoles,  qui,  à 
l'instar  des  Faucons,  des  Buzards,  des  Éperviers,  ont  un 
habitat  plus  restreint;  et,  chose  plus  surprenante  encore, 
de  même  qu'il  existe  des  rapaces  nocturnes  parmi  les  oi- 
seaux, les  Raies  sont  également  des  Poissons  de  proie  noc- 
turnes, qui ,  comme  les  Chouettes  et  les  Hiboux,  semblent 
n'abandonner  que  rarement  leurs  antres  privilégiés. 

Les  raisons  qui  précèdent  suffiront  pour  faire  com- 
prendre que  nous  sommes  loin  de  regarder  comme  com- 
plète notre  liste  des  Sélaciens;  nous  espérons  cepen- 
dant qu'elle  fournira  quelques  renseignements  utiles  aux 
ichthyologistes  qui  voudraient  étudier  ceux  que  l'on  prend 
habituellement  sur  notre  littoral,  et  nous  allons  passer  en 
revue  cette  intéressante  famille. 

Le  genre  Scyllium  nous  offre,  à  côté  du  très-commun 
Canicula,  le  Stellare,  en  moins  grande  abondance,  mais 
qui  atteint  de  plus  grandes  dimensions,  et  une  espèce  ren- 
contrée une  seule  fois  par  nous,  et  qui  nous  a  paru  se  rap- 
porter à  un  Scyllium  albo-maculatum ,  dont  il  est  vague- 
ment question  à  la  fin  d'un  des  chapitres  de  Bonaparte 
sur  les  Poissons  de  ce  genre.  Notre  espèce  tiendrait  le  mi- 
lieu entre  les  deux  autres,  se  distinguant  du  Slellare  par 
l'absence  presque  complète  des  grandes  taches  noires  des 
flancs,  et  par  une  moins  grande  régularité  dans  l'ordre  de 
ces  taches,  ainsi  que  par  la  forme  plus  svelte  de  tout  le 
corps.  Elle  diffère  du  Canicula  par  des  taches  brunes  plus 
grandes  et  moins  nombreuses,  et  par  des  taches  blanches 
assez  grandes  aussi  et  très-prononcées.  En  outre  de  ces 
différences,  la  peau  offre  le  caractère  d'une  grande  dou- 
ceur au  toucher,  rappelant  par  là  le  Mustelus  plebejus,  et 
les  aspérités,  vues  à  la  loupe,  sont  beaucoup  plus  régu- 
lières que  celles  du  Canicula,  et  plus  émoussées  en  même 


446      REV.  ET    MAG.   DE    ZOOLOGIE.    (Octobre  1860.) 

temps  que  plus  serrées  que  dans  le  Stellare.  Il  n'a  aucune 
analogie  avec  le  Melanostomum,  qui  ne  nous  est  pas  encore 
connu  à  Cette  (1). 

Le  Charcarias  lamia  est  péché  assez  souvent,  et  atteint 
des  dimensions  colossales  ;  un  individu ,  échoué  sur  la  côle 
il  y  a  quelques  années,  pesait  trente  quintaux. 

Le  Squalus  glaucus,  dont  le  dos  est  coloré  du  plus  beau 
bleu,  et  YAlopias  vulpes,  sont  également  assez  communs. 
Le  Galeus  canis  l'est  moins  qu'on  pourrait  le  supposer.  Le 
Mustelus  plebejus,  Bp.,  se  trouve  habituellement  sur  le 
marché,  quelquefois  en  compagnie  de  YEquestris,  et  le 
Notidanus  griseus  est  le  seul  que  nous  ayons  encore  vu  de 
ce  genre. 

Le  Spinax  acanthias,  Bp.,  se  prend  en  plus  grande  quan- 
tité que  le  Blainvillei,  et  le  Centrina  Salviani  n'apparaît 
que  de  temps  en  temps.  Le  Scymnus  lichia  et  YOxijrrhina 
Spallanzani  sont  fort  rares.  Nous  avons  vu  plusieurs  fois  le 
Sphyrna  zygœna,  mais  jamais  la  seconde  espèce  de  Risso. 
Enfin  les  Squatines  se  prennent  quelquefois  dans  les  filets, 
et  nous  avons  été  assez  heureux  pour  en  recueillir  deux 
espèces;  elles  présentent  quelques  différences  avec  celles 
figurées  par  Bonaparte,  et  nous  ne  serions  même  pas  éloi- 
gné de  croire  que  celle  que  nous  donnons  sous  le  nom 
d'Oculata,  Bp.,  en  fût  une  troisième.  Quant  aux  genres 
Pristis  et  Rhinobatus,  nous  ne  les  avons  pas  encore  trouvés. 

Les  électriques  Torpilles  figurent  sur  notre  liste  pour 
trois  espèces  parmi  lesquelles  le  Marmorata  de  Risso, 

(1)  Nous  avons  eu  dernièrement  un  second  individu  de  cette  espèce 
à  peu  près  de  la  même  taille  que  le  premier;  c'était  une  femelle  qui 
portait  encore  des  œufs.  Le  dos  et  les  flancs  étaient  tigrés  de  la  même 
manière  que  notre  premier  exemplaire,  avec  la  différence  que  les 
taches  blanches  étaient  moins  marquées,  quoique  parfaitement  visi- 
bles. Un  caractère  que  nous  avous  trouvé  dans  cet  individu  comme 
dans  le  premier  est  celui  qu'offre  l'œil,  beaucoup  moins  ouvert  que 
dans  le  Canicula  et  rempli  en  grande  partie,  par  une  prunelle  noire 
qui  permet  à  peine  de  voir  le  vert  clair  du  reste  de  l'œil,  très-prononcé 
dans  le  Canicula. 


TRAVAUX    INÉDITS.  447 

que  nous  regardons  comme  bien  différent  du  Galvani.  Le 
Narke  est  plus  rare  que  les  deux  autres,  et  le  Nobiliana, 
lîp.,  nous  semble  jusqu'à  présent  propre  aux  rivages  ita- 
liens. 

Le  genre  Raia,  qui  habite  nos  côtes  en  très-grand  nom- 
bre, est  beaucoup  plus  mal  connu  pour  le  moment  que 
ceux  compris  dans  la  première  section  des  Sélaciens,  et, 
malgré  tous  les  travaux  dont  il  a  été  l'objet,  les  belles 
planches  entre  autres,  publiées  par  Bonaparte,  il  est  en- 
core bien  difficile  d'en  déterminer  les  espèces.  Les  R.  cla- 
vata,  Bâtis?  (figurée  par  Bonaparte),  etÂsterias,  sont  très- 
communes.  Le  R.  fullonica,  Bp.,  et  YOculata,  Riss.,  le 
sont  beaucoup  moins,  ainsi  que  les  Raies  lisses,  parmi  les- 
quelles il  règne  une  grande  confusion,  et  le  R.  mosaica, 
Lacép.,  que  nous  avons  peine  à  reconnaître  dans  le  Radula 
de  Bonaparte.  Les  Macrorhynchus  et  Oœyrhynchus  de  Bo- 
naparte sont  péchés  souvent  d'une  taille  gigantesque,  et 
nous  croyons  avoir  reconnu  le  bicolor,  Blainv.,  dans  un 
individu  monstrueux  qui  s'éloignait  de  ces  deux  derniers. 

Un  seul  Trygon  s'est  offert  à  nos  recherches,  qui  nous 
ont  cependant  donné  les  deux  Mourines  figurées  par  Bona- 
parte, curieux  Poissons,  dont  l'aiguillon  caudal  est  si  re- 
douté de  tous  les  pêcheurs,  qu'ils  leur  coupent  presque 
toujours  la  queue;  ils  sont  fort  communs  par  moments, 
mais  nous  n'avons  jamais  eu  connaissance  du  rarissime 
Céphaloptère. 

Il  ne  nous  reste  plus,  pour  terminer  cette  rapide  revue 
des  familles,  qu'à  mentionner  deux  espèces  de  celle  desCy- 
clostomes.  La  première,  que  l'on  prend  assez  souvent,  est 
le  Petromyzon  marinus,  L.  ;  la  seconde,  beaucoup  plus  in- 
téressante, est  le  Rranchiostoma  lubricum ,  Costa,  dont  nous 
devons  la  connaissance  au  savant  doyen  de  la  faculté  des 
sciences  de  Montpellier,  M.  Paul  Gervais,  qui  l'a  recueilli 
lui-même  dans  notre  étang  deThau. 
[La  suite  au  prochain  numéro.) 


448     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie, 
par  A.  Chevrolat  (1). 

53.  Anthobium  cincticolle,  bruuneo-fuscum;  ore ,  antennis  basi, 
thoracis  et  elytrorum  margine  pedibusque  testaceis  ;  capite  piano, 
foveolis  quatuor  brevibus  ;  thorace  convexo,  antice  posticeque  recto, 
Iateribus  rotundatis;  elytris  thorace  fere  triplo  longioribus,  versus 
apicem  amplioribus,  versus  suturam  acuminatis,  conferte  punc- 
tatis  et  obsolète  costulatis.—  L.,  2  1/2  m.;  1.,  3/4. 

,p  Forme  et  grandeur  de  Y  An.  montanum,  Er.,  d'un 
fauve  brunâtre  plus  ou  moins  foncé  ou  clair.  Tête  large, 
arrondie,  plane,  brune  ou  ferrugineuse,  assez  fortement 
ponctuée  sur  le  milieu,  marquée  de  4  impressions  légères 
et  courtes,  dont  une  sur  la  bordure  de  chaque  œil  et  deux 
vers  l'occiput.  Parties  de  la  bouche  et  les  6  premiers  art. 
des  antennes  ferrugineux  ;  les  suivants  brunâtres.  Yeux 
ronds,  saillants,  noirs.  Corselet  presque  carré,  droit  en 
avant  et  en  arrière,  élargi  et  arrondi  sur  les  côtés  anté- 
rieurs, régulièrement  convexe  sur  le  disque,  d'un  brun 
luisant,  avec  le  quart  de  la  bordure  latérale  d'un  testacé 
rougeâtre ,  pointillé  çà  et  là  et  le  fond  finement  rugueux. 
Écusson  lisse,  petit,  semi-arrondi.  Éhjtres  un  peu  plus 
larges  que  le  corselet  à  la  base  dans  sa  plus  grande 
étendue,  3  fois  aussi  longues,  élargies  sur  le  sommet  de 
la  marge,  acuminées  chacune  sur  la  suture,  couvertes 
d'un  pointillé  fin,  assez  serré,  avec  des  côtes  longitudi- 
nales obsolètes.  Leur  disque  est  plus  ou  moins  brunâtre, 
et  leur  bord  est  assez  largement  marginé  de  testacé  rou- 
geâtre. Pattes,  dessous  de  la  tête  et  du  corselet  ferru- 
gineux. Poitrine  et  abdomen  noirs.  Propygidium  large- 
ment tronqué  et  faiblement  cintré  en  dedans. 

Trois  exemplaires  P,  des  environs  d'Alger,  m'ont  été 
envoyés  par  M.  J.  Poupillier. 

54.  Sitones  alboviltatus ,  laete  cinereus,  capite  rostroque  minute 
squamosis,  1°  convexo,  2°  lato,  antice  eraarginato,  deprcsso  et  albi- 
dulo  ;  sulco  transverso  et  sulco  longitudinali  postice  foveolato  ;  in 

(1)  Voir  la  Rev.  et  Mag.  de  zoologie,  1859,  p.  298  à  304 ,  380  à 
389  ;  1860,  p.  75  à  82 ,  128  à  137,  208  à  212,  269,  302,  409. 


TRAVAUX   INÉDITS.  449 

thorace  et  iu  elytris  quinque  lineisque  albidis  ;  aotennis  basi  ti- 
biisque  pallidis.  —  L.,  3  m.;  I.,  1  m. 

Voisin  du  Sitones  brevicollis,  S.,  mais  de  forme  plus  gra- 
cieuse et  régulièrement  arrondie;  d'un  gris  tendre.  Tête 
convexe  ;  trompe  assez  large,  un  peu  amincie  vers  le  bas, 
échancrée,  déprimée  et  blanche  au  sommet;  un  sillon 
transverse  au  milieu,  avec  un  court  sillon  longitudinal 
étroit,  bien  impressionné,  est  terminé  par  un  enfonce- 
ment ponctiforme.  Scapus  de  Y  antenne  et  jambes  ferrugi- 
neux. Yeux  arrondis,  noirs,  entourés  d'un  cercle  blanc. 
Corselet  ovalaire,  convexe,  droit  aux  extrémités,  légère- 
ment resserré  près  du  bord  antérieur,  régulièrement  ar- 
rondi et  convexe  sur  le  milieu,  marqué  de  cinq  lignes 
d'un  blanc  jaunâtre;  celle  qui  regarde  les  yeux  plus  large. 
Ecusson  petit,  triangulaire,  blanc.  Elytres  oblongues,  con- 
vexes, à  stries  finement  ponctuées  et  ayant  les  5  lignes  cor- 
respondantes à  celles  du  corselet;  la  médiane  est  limitée 
avant  le  sommet.  Corps,  en  dessous,  d'un  blanc  jaunâtre. 
Cette  jolie  espèce  a  été  découverte,  près  de  Bone,  par 
M.  L.  Lethierry,  de  Lille. 

55.  Phytonomus  scapularis,  affinis  P.  circumvago,  S.,  planiuscu- 
lus,  coriaceus,  creberrime  punctatus,  griseus,  pilis  crispatis  ciue- 
reis  et  nigris;  rostro  obsolète  tricostalo;  thorace  piano,  lineis 
tribus  albidis;  elytris  puuctato-sulcatoque  striatis,  iaterstitiis  ele- 
vatis.  sparse  guttatis  fuscis,  fasciola  humerali  fulva.— L.,  5  m.;  L, 
2  3/4  m. 

Gris  cendré,  très-densément  poilu,  à  poils  crépus,  gris 
et  noirs;  très-densément  ponctué  et  coriace.  Tête  con- 
vexe, déprimée  entre  les  yeux  et  offrant  au  centre  un  pe- 
tit tubercule.  Trompe  1  fois  1/2  aussi  longue,  avec  trois 
petites  côtes  longitudinales.  Antennes  d'un  ferrugineux 
obscur.  Yeux  noirâtres ,  arrondis ,  peu  saillants.  Cor- 
selet cylindriquement  tronqué  en  avant,  cintré  sur  le 
dehors  de  la  base,  élargi  et  arrondi  sur  le  milieu  latéral, 
orné  de  trois  lignes  longitudinales  blanchâtres.  Ecusson 
très-petit,  arrondi.  Elytres  planes,  ovalaires,  élargies  vers 
le  milieu,  conjointement  arrondies  à  l'extrémité,  à  stries 


450      REV.    ET   MAG.    DE  ZOOLOGIE.  [Octobre   1860.) 

ponctuées  et  sillonnées;  interstices  élevés.  Épaule,  sur 
son  arête,  d'un  gris  blanchâtre  ;  quelques  taches  brunes 
irrégulièrement  dispersées.  Pattes  et  dessous  du  corps 
très-velus,  d'un  gris  presque  uniforme. 

Un  seul  exemplaire,  des  environs  de  Bone,  m'a  été  en- 
voyé par  M.  Poupillier. 

56.  Trachyphlœus  nodipennis,  terreus  vel  rubidus,  capite  postice 
transverso,  rostro  piano,  angulatis-,  thorace  transverso,  piano,  la- 
teribus  obtuse  angulato,  canaliculato,  tuberculis  4°  ;  elytris  glo- 
bosis,  seriebus  septem  tuberculorum  setiferorum.  —  L.,  3  m.; 
1.,  2  1/4. 

De  la  taille  du  T.  tessellatus,  Mrhm.,  mais  à  étuis  orbi- 
culaires,  d'un  gris  ou  rouge  terreux.  Tête  rétrécie  circu- 
lairement  au  sommet,  offrant  une  carène  transverse  et 
sur  le  côté  en  avant  un  angle  très-aigu.  Trompe  plane, 
élargie,  et  presque  anguleuse  vers  le  milieu,  échancrée  au 
sommet;  sillon  longitudinal  large,  peu  indiqué.  Antennes 
à  scapus  très-renflé.  Yeux  très-petits,  saillants,  ronds, 
noirs.  Corselet  transverse,  plan,  avancé  en  un  angle  ob- 
tus sur  chaque  côté  antérieur,  offrant  trois  sillons  longi- 
tudinaux et  deux  transverses  obsolètes;  quatre  tubercules 
dorsaux  en  arrière,  dont  deux  sur  la  base.  Elytres  orbi- 
culaires,  ornées  chacune  de  trois  séries  de  gros  tuber- 
cules ronds,  offrant  un  pore  au  sommet,  d'où  sort  une  soie 
blanche ,  la  suture  offre  aussi  quelques  tubercules  vers  le 
commencement  et  la  fin,  côtés  inférieurs  avec  4  stries. 
Pattes  assez  robustes,  couvertes  de  poils  blanchâtres, 
courts  et  roides;  cuisses  renflées  au  milieu,  un  peu  apla- 
ties; jambes  élargies  au  sommet,  arquées,  postérieures 
plus  longues.  Dessous  du  corps  imponctué;  côtés  seuls  du 
corselet  granuleux. 

Je  possède  3  exemplaires  de  cette  espèce  :  le  1er,  rouge- 
brique,  des  environs  d'Oran,  a  été  pris  par  M.  Prophette; 
les  2e  et  3e  gris  :  l'un  d'Alger,  et  l'autre  de  Sicile. 
57.  Holcorhinus  pilosulus,  coriaceus ,  paliide  brunueus  infra  et  su- 
pra squamulis  aureis  passim  indutus;  antennispedibusque  ferru- 
gineis,  tibiis  curvatis  ;  capite  antice  trausverse  sulcato,  costula 


TRAVAUX   INÉDITS.  451 

longitudinali  an  lice  furcata  in  rostro,  intus  sulcata  ;  thorace  liaeis 

tribus  aureis;  elytris  subglobosis,  striis  impressis  obsolète  punc- 

tulatis,  interstitiis  ad  apicem  albo-selosis.  —  L.,  7  m.;  1.,  4  m. 

Cet  insecte  est  de  la  grandeur  du  Cneorhinus  eœaratus , 
de  Marsh.,  et  lui  ressemble  beaucoup;  finement  co- 
riace, d'un  brun  clair  (et  semble  nouvellement  éclos), 
couvert  surtout  en  dessous,  sur  la  tête  et  sur  la  trompe, 
d'écaillés  d'un  vert  doré.  Tête  transversalement  convexe, 
ayant  en  avant  un  sillon  cintré  en  arrière.  Trompe  sur- 
montée d'une  petite  carène  longitudinale,  bifide  et  cana- 
liculée  en  avant.  Antennes  et  pattes  pubescentes,  ferrugi- 
neuses. Corselet  un  peu  plus  long  que  large,  régulièrement 
arrondi  sur  les  côtés  et  convexe  en  dessus,  droit  en  avant, 
faiblement  cintré  sur  le  dehorsdela  base,  légèrement  canali- 
culé  au  milieu  et  orné  de  trois  lignes  vertes.  Ecusson  nul. 
Elytres  ovalaires,  offrant  chacune  9  stries  également  dis- 
tantes, étroites,  profondes,  avec  des  points  peu  visibles 
au  fond.  Leur  sommet  se  prolonge  en  une  pointe  ob- 
tuse. 

D'une  chasse  d'hiver  aux  environs  d'Alger  ;  envoyé  par 
M.  Poupillier. 

Les  Nastus  albo-punctatus  et  albo-marginatm  de  notre 
collègue  M.  Lucas  font  partie  du  genre  Holcorhinus,  et  le 
premier  est  synonyme  de  Seriehispidus,  Schr. 

Chœrorhinus  (1).  Nouveau  genre  de  Curculionide,  qui 
me  paraît  appartenir  au  groupe  des  Otiorhynchides  et  se 
rapprocher  beaucoup  de  YElytrodon  Chevrolatii,  Reiche. 
L'insecte  avec  lequel  je  l'établis  a  été  trouvé  sous  une 
pierre,  à  Blidah,  par  M.  Poupillier,  qui  m'a  procuré  une 
suite  d'espèces  fort  intéressantes  de  notre  possession  al- 
gérienne. Tête  large,  étroitement  convexe  sur  le  vertex, 
aplatie,  déprimée  en  avant,  impressionnée  d'un  point  au 
centre.  Trompe  plus  courte,  épaisse,  aplanie  sur  ses 
quatre  faces,  renflée  au  sommet  inférieur,  surmontée,  en 
avant,  d'une  plaque  oblique,  comme  dans  les  Coptorhinus, 

(I)  Xo'ipoç,  pourceau;  p)?,  trompe. 


k52     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

qui  offre  une  carène  en  Y;  son  bord  antérieur  est  angu- 
leusement  échancré.  Antennes  insérées  sur  le  côté  en 
avant  du  rostre.  Scapus  mince,  subitement  renflé  à  son 
sommet  et  dépassant  le  bord  antérieur  du  corselet;  fu- 
nicule  de  7  art.  :  les  2  premiers  allongés,  égaux,  coniques, 
du  double  plus  longs  que  les  suivants;  3-5  moniliformes; 
6e  et  7e  lenticulaires,  perfoliés  et  velus;  massue  assez 
forte,  en  ovoïde  long,  plus  épaisse  à  sa  base  et  paraissant 
être  quadriarticulé;  le  1er  art.  est  luisant  et  en  occupe 
au  moins  la  moitié  ;  les  derniers  revêtus  d'une  fine  pu- 
bescence  cendrée.  Scrobe  cintré  sur  le  côté  interne  et 
ayant  le  sommet  de  sa  courbe  au-dessus  de  l'insertion. 
Yeux  étroits,  oblongs,  verticaux.  Prothorax  aussi  haut 
que  large,  droit  aux  extrémités,  presque  anguleux  près 
du  bord  antérieur,  couvert  de  points  excavés,  entremêlés 
de  plis  rugueux.  Ecusson  très-petit,  triangulaire.  Elytres 
oblongues,  régulièrement  convexes  et  arrondies  sur  la  dé- 
clivité postérieure,  ayant  le  sommet  de  la  suture  faible- 
ment déhiscent  et  bidenté.  Pattes  rapprochées,  épaisses, 
velues;  cuisses  subitement  renflées  vers  les  2/3,  briè- 
vement évasées  au  sommet  interne  ;  jambes  robustes, 
élargies  et  un  peu  crochues  sur  l'extrémité,  presque 
droites.  Tarses  antérieurs,  à  1er  art.  triangulaire  épais,  à 
2e  arrondi  et  transverse,  à  3e  largement  bilobé,  à  dernier 
grand  arqué.  Crochets  courts,  soudés,  échancrés  au  som- 
met. Corps  brun,  recouvert  d'un  poil  lanugineux,  épais 
et  incliné  en  arrière. 

58.  Chœrorhinus  lanosimanus,  rugulosus,  brunneo-lanugioosus; 

antenois  pedibusque  piceo-ferrugiueis  ;    tibiis  iutus   ad  apicem 

tarsisque  lateribus  albo-pilosis  ;  thorace  punctis  rudis  excavato  ; 

elytris  punctato-striatis.  —  L.,  6;  1.,  3  1/3  m. 

Ruguleux,  d'un  brun  opaque,  recouvert  d'un  poil  gris, 
lanugineux ,  très-épais ,  incliné  en  arrière.  Tête  aplatie 
devant,  étroitement  convexe  sur  le  vertex,  impressionnée 
d'un  enfoncement  ponctiforme  au  centre.  Antennes  et 
pattes  ferrugineuses.  Corselet  légèrement  convexe,  près- 


TRAVAUX   INEDITS.  453 

que  anguleux  sur  le  côté  antérieur,  couvert  de  points  ex- 
cavés,  entremêlés  de  rides.  Elytres  avec  9  séries  de  points 
assez  grands,  presque  carrés,  à  interstices  alternes  un  peu 
élevés.  Poitrine  et  abdomen  offrant  des  points  assez  gros  et 
épais. 

59.  Ceulhorhynchus  subfasciatus,  rugulosus,  obscure  fuscus;  tho- 
race  subconico,  antice  transverse  constricto  et  reflexo,  lateribus 
aogulato,  caualiculato  ;  elytris  fasciola  laterali  obliqua  versus  mé- 
dium, maculis  4or  albis  formata,  iufra  basio  et  ante  apicem  punc- 
tis  tribus  aigris  transversim  disposais,  striga  suturali  nigra,  et 
alia  iuferius  alba;  femoribus  acute  deotatis;  antcuuis  tarsisque 
fulvis,  unguiculis  simplicibus.  —  L.,  3  1/2;  1.,  1  1/2,  2/3. 
Fauve,  rugueux.  Tête  convexe.  Trompe  cylindrique,  ar- 
quée, assez  épaisse,  rugueuse,  logée  dans  un  sillon  qui 
dépasse  l'insertion  des  pattes  médianes.  Tarses  et  antennes 
ferrugineux;  massue^. ovalaire,  allongée,  aiguë,  3-articu- 
lée,  cendrée.  Yeux  saillants,  noirs.  Corselet  presque  trian- 
gulaire, transversalement  comprimé  et  relevé  sur  le  bord 
antérieur,  anguleux  vers  le  milieu,  droit  au  delà  jusqu'à 
l'épaule,  faiblement  biarqué  sur  la  base,  profondément 
canaliculé  au  milieu,  déprimé  au-dessus  de  l'écusson. 
Elytres  subovalaires,  plus  larges  que  le  corselet,  à  épaules 
saillantes,  coupées  obliquement  en  avant,  un  peu  moins 
larges  et  arrondies  chacune  à  l'extrémité,  à  stries  simples, 
étroites;  une  bande  latérale  et  oblique  vers  le  milieu,  for- 
mée de  4  taches  blanches;  au-dessous  de  la  base  3  points 
noirs  placés  sur  les  2e,  3e  et  ke  interstices,  et  3  autres  plus 
en  dehors,  sur  le  calus,  disposés  sur  2  lignes  transverses. 
Suture  vers  le  milieu  avec  un  trait  noir,  suivi  d'un  trait 
blanc,  qui  atteint  presque  le  sommet.  Calus  transverse, 
élevé  et  denticulé.  Propygidium  d'un  blanc  sale.  Cuisses 
antérieures  assez  longues,  recourbées  en  dessus  à  leur 
base,  toutes  armées'd'une  épine  aiguë  en  dedans.  Jambes 
antérieures  arquées.  Crochets  simples. 

Voisin  du  C.  asperifoliarwn,  Gr.,  des  environs  d'Alger. 
Envois  de  MM.  Poupillier  et  Lethierry. 

60.  Cryptocephalus  nigridorsum,  flavo-rubidus,  nitidus;margini- 


454      REV.  ET  MAG.  DE    ZOOLOGIE.   (Octobre  1860.) 

busanticiset  lateribus  thoracis  flavis;  scutello  albo;  elytris  pal- 
lidioribus,  puoctato-striatis,  macula  dorsali  nigro-virente  ornatis; 
pectorc  taotum  in  cf  nigro,  pectore  et  abdomine  nigris  iu  $  cum 
marginibus  segmeutorum  flavis  ;  anteunis  basi  pedibusque  pallidis. 
—  L.,  2  3/8  m.;l.,  11/4,  1  1/2. 

D'un  testacé  rougeâtre.  Tête  ponctuée  çà  et  là,  marquée 
d'un  sillon  cintré  en  avant  et  d'un  sillon  longitudinal  qui 
s'élargit  en  avant.  Antennes  noirâtres,  avec  les  5  premiers 
articles  et  les  patles  d'un  testacé  pâle.  Yeux  noirs.  Cor- 
selet rougeâtre,  lisse,  étroitement  marginé  de  jaune  en 
avant  et  sur  les  côtés  et  de  noir  en  arrière  ;  angles  posté- 
rieurs brièvement  arqués;  angles  antérieurs  abaissés,  ai- 
gus et  courts.  Ecusson  blanc.  Elytres  d'un  jaune  pâle, 
plus  étroites  et  plus  allongées  chez  le  J\,  à  stries  ponc- 
tuées, offrant  une  grande  tache  dorsale  d'un  noir  verdâ- 
tre,  qui  couvre  la  base,  s'étend  jusqu'aux  3/4,  et  est  limi- 
tée entre  les  4e  et  5e  stries  suturâtes.  Corps  du  g  à  poi- 
trine noire  ;  de  la  p  noir,  avec  les  bords  inférieurs  et 
latéraux  des  segments  abdominaux  jaunes. 

Je  possède  3  exemplaires  de  cette  espèce  que  m'a  en- 
voyés M.  Poupillier  :  ils  proviennent  des  environs  d'Al- 
ger. 

Elle  devra  se  placer  près  du  C.  pulchellus,  Suffrian. 
61.  Acmœodera  ramosa,  affinis  Ac.  adspersœ  et  vicinœ,  nigro- 
opaca,  submetallica,  cuprea  subtus,  pube  albida  brevi  undique 
induta;capite  sulcato,  autice  arcuatim  emarginato,  bilobato;  thorace 
granoso,  punctato,  rugis  obliquis  aliquot  dorsalibus,  sulco  lougitu- 
dinali  postice  valde  impresso,  basi  foveis  duabus  puoctiformibus 
basalibus;  elytris  granulatis,  punctato-striatis,  nigro-opacis  ex 
numéro  ad  apicem  suturae  flavo-lineolatis,  maculatis  vel  traos- 
verse  fasciolatis  (sutura  nigra  scalariformi  ).  —  L.,  7  m.;  1., 
2  1/2  m. 

Très-densément  ponctuée,  granuleuse,  recouverte  d'un 
poil  court  blanchâtre.  Sa  couleur,  en  dessus,  est  d'un  brun 
noirâtre  opaque,  à  reflets  un  peu  métalliques,  et  est  cui- 
vreuse en  dessous.  Tête  granuleuse,  à  ponctuation  petite, 
peu  distincte;  sillon  longitudinal  obsolète,  entier.  Chape- 
ron lobé  sur  chaque  côté,  cintré  au  milieu.  Antennes  d'un 


TRAVAUX     INÉDITS.  455 

cuivreux  un  peu  verdàtre.  Yr.ux  noirâtres.  Corselet  trans- 
verse, à  ponctuation  plus  forte,  serrée,  granuleuse  sur  les 
bords,  quelque  peu  ridée  vers  le  milieu  du  disque  en  ar- 
rière; sillon  longitudinal  obsolète  très -déprimé  sur  la 
base.  Elytres  de  la  largeur  du  corselet  sur  la  base  et  re- 
bordées en  cet  endroit,  3  fois  aussi  longues,  amincies  et 
arrondies  conjointement  sur  l'extrémité,  d'un  brun  noi- 
râtre, quelque  peu  métallique,  ornée  extérieurement,  sur 
une  ligne  oblique,  qui  part  de  l'épaule  vers  le  sommet  de 
la  suture,  d'un  fond  jaune,  varié  de  petites  taches  et  de 
bandelettes  transverses  noirâtres.  La  suture  se  détache 
en  échelons  noirs  et  s'élargit  vers  son  origine;  stries  rem- 
plies de  points  rapprochés;  interstices  granuleux  et  ponc- 
tués. 
J'ai  acquis  cette  espèce  de  M.  Parzudahky. 

62.  Silaria  trifasciala,  flava  ;  thorace  rubro  ;  elytris  transverse  ru- 
gosis;  fasciis  tribus  nigris,  1°  et  2°  suturaeadnexis;  fronte,  oculis, 
antennis  ad  apicem,  corpore  infra  pedibusque  posticis ,  nigricanti- 
bus.  —  L.,21/2m.;l.,  1  m. 

Voisine  de  la  G.  varians,  Mt.  (var.  Collaris, Dej.). — Tête 
testacée  obscure  sur  le  vertex.  Antennes  noires,  avec  les 
k  premiers  articles  testacés.  Corselet  rouge,  lisse.  Elytres  à 
rides  transversales  très-fines,  testacées,  ayant  trois  bandes 
droites,  d'un  noir  fuligineux;  lre  basale,  3e  apicale,  et 
la  2e  et  la  plus  large  ne  commence  que  vers  le  milieu  et 
s'étend  en  arrière.  Corps,  en  dessous,  noir.  Pattes  an- 
térieures et  médianes,  moins  le  dernier  article  des  tarses 
et  les  crochets,  testacées  ;  postérieures,  noirâtres. 

2  exemplaires,  pris  aux  environs  d'Alger,  m'ont  été 
envoyés  par  M.  Poupillier. 

63.  Coniatus  triangulifer,  staturœ  C  chrysochlorœ,  sed  major, 
squamulis  albido-aureis ,  cyaneo-plumbeis  rhodiuisque  indutus; 
capite  rhodiuo,  fascia  intra  oculari  viride  ;  rostro  antennisque  fla- 
vis  ;  thorace  vitta  média  albida ,  vitta  arcuata  in  utroque  laterc, 
cyanescente  limboque  intimo  albicante;  elytris  parallelis,  anguste 
striatis,  albido-aureis,  fasciis  tribus  obscuris  la  basi,  lata  triangu- 
lari ,  2a  ex  humero  versus  apicem  suturœ,  in  medio  interrupte  3»  que 


456     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Octobre  1860.) 

sublaterali,  viridi',  callum  albidum  includente;  corpore  albido; 

pedibus  lœte  viridibus.  —  L.,  2  3/4  m.;  1.,  3/4  m. 

Cette  espèce  a  la  forme  du  C.  chrysochlora,  Luc.;  mais 
elle  est  plus  grande  et  ses  dessins  sont  autrement  formés, 
ses  couleurs  sont  moins  brillantes.  Couvert  d'écaillés  d'un 
blanc  nacré,  parfois  dorées,  et  d'autres  d'un  bleu  foncé 
mélangé  de  vert  obscur.  Tête  d'un  blanc  rosacé,  offrant 
un  bandeau  vert  au  milieu  des  yeux.  Trompe  arquée,  cy- 
lindrique,  non  sillonnée,  d'un  jaune  ocracé,  avec  sa 
base  colorée  comme  la  tête.  Antennes  jaunâtres.  Yeux 
noirs.  Corselet,  sur  la  ligne  médiane,  d'un  blanc  nacré 
teinté  de  rose,  avec  des  écailles  dorées  près  du  bord  an- 
térieur; côtés  marqués  d'une  ligne  arquée  et  un  peu  plus 
épaisse,  et  anguleuse  en  dedans  vers  la  base,  d'un  bleu 
vert  obscur;  son  bord  intime  est  étroitement  marginé 
d'un  blanc  vert  tendre.  Elytres  à  stries  très-étroites,  pa- 
rallèles, d'un  blanc  nacré,  marquées  de  trois  bandes  : 
lre  grande,  triangulaire,  d'un  bleu  obscur  verdâtre,  cou- 
vrant toute  la  base  et  dirigée  obliquement  sur  la  suture; 
2e  noirâtre,  oblique,  interrompue  entre  les  3e  et  4e  stries, 
présentant  ensuite  sur  la  suture  un  V  bien  dessiné  ;  3e 
verte,  submarginale,  oblique,  raccourcie,  renfermant  sur 
son  bord  inférieur  le  calus,  qui  est  petit  et  blanc.  Celui-ci 
sert  de  réunion  aux  stries  centrales.  Corps,  en  dessous, 
blanc  et  vert.  Pattes  d'un  joli  vert  tendre. 

Un  seul  exemplaire  m'a  été  envoyé  par  M.  Poupillier, 
qui  a  reçu  cette  espèce  comme  se  trouvant  à  Bone. 
65.  Geranorhinus  (1)  rufirostris,  elongatus,  squamosus,  punctatus, 

vix  pilosus,  griseo-rosaceus  et  viridis;  capite  convexo;  rostro  cy- 

lindrico ,  antennisque  rufis  ;  oculis  nigris  ;  thorace  oblongo,  autice 

posticeque  recto,  pone  margioes  constricto,  in  dimidia  parte  antica, 

(1)  Nom  de  genre  d'Erirhinide,  qui  m'a  été  transmis  sans  celui 
de  l'auteur,  avec  la  désinence  féminine,  et  que  j'ai  changé  en  mascu- 
line, pour  me  conformer  au  système  de  Schoenherr. 

Une  deuxième  espèce  d'Egypte  a  été  brièvement  décrite  par  Mot- 
schulsky  {Etudes  entomolog.,  1858,  p.  70;,  sous  le  nom  de  Tychius 
suturalii.  Ces  Insectes  vivent  sur  les  tamarix. 


TRAVAUX   INÉDITS.  457 

guttis  nigris  cooglomeratis  signato;  elytris  elongatis,  parallelis, 
modice  conveiis,  puoctato-striatis ,  griseo-aureis,  ad  latera  viri- 
dibus,  nigro-guttulatis;  corpore  infra  pcdibusque  viridibus.  —  L., 
1  2/3  m.;  1.1/2  m. 

D'un  gris  un  peu  rosacé  et  doré  ou  vert,  ponctué,  iné- 
gal. Tête  arrondie,  légèrement  dorée,  maculée  de  noir. 
Trompe  du  double  plus  longue,  cylindrique,  faiblement 
arquée,  d'un  jaune  ocracé.  Antennes  de  même  couleur, 
insérées  un  peu  en  avant  du  milieu,  à  scapus  légèrement 
renflé,  atteignant  le  milieu  de  l'œil;  funicule  à  1er  article 
allongé,  subconique,  les  six  suivants  minces  et  courts. 
Massue  plus  ou  moins  ovoïde,  aiguë.  Yeux  latéraux,  en- 
foncés, arrondis,  noirs.  Corselet  ponctué,  inégal,  oblong, 
droit  aux  extrémités,  comprimé  près  des  bords  antérieurs 
et  postérieurs,  arrondi  avant  le  milieu,  convexe  sur  le 
disque,  de  couleur  rosacée;  sa  moitié  antérieure  offre  des 
gouttelettes  noires  plus  ou  moins  rapprochées.  Ecusson 
paraissant  nul.  Elytres  un  peu  plus  larges  que  le  corselet, 
3  fois  aussi  longues,  parallèles,  légèrement  amincies  vers  le 
sommetdelamargeet  s' arrondissantconjointementsur  l'ex- 
trémité, faiblement  cintrées  sur  le  dedans  de  la  base,  d'un 
gris  doré,  à  teinte  rosée  en  dessus,  vertes  sur  les  côtés,  avec 
de  petites  taches  noires  plus  étendues  surla  base  et  le  haut 
de  la  suture;  chaque  étui  est  brièvement  velu  et  présente 
9 stries  ponctuées  et  assez  profondes;  interstices  étroits  et 
élevés.  Pattes  vertes  ;  cuisses  inermes,  modérément  ren- 
flées. Jambes  cylindriques,  presque  droites,  postérieures 
plus  longues,  arquées;  toutes  sont  un  peu  onguiculées 
sur  le  sommet  interne.  Tarses  grêles,  à  dernier  article 
très-grand,  muni  de  2  longs  crochets  simples. 

M.  L.  Lethierry  a  trouvé  cette  espèce  aux  environs  de 
Biskra. 

66.  Sibynes  sublineatus,  breviter  ovalis,  supra  pube  ochracea,  infra 
alba  indutus;  rostro  longitudine;  caput  et  thoracem  exsuperante, 
basi  albo,  apice  acuto  nigro  ;  thorace  subcostato,  lineis  tribus  albis  ; 
scutello  albo;  elytris  singulatim  lineis  quinque  albis  ;  centralibus 
aliquoties  dimidiatis.—  L.,  3,  4  1/2  m.;  1.,  1  1/3,  1  ly2  m. 
2«  gÉRiB.  t.  m.  Année  1860.  30 


458      REV.   ET   MAG.   DE  ZOOLOGIE.    {Octobre  1860.) 

Ovalaire,  ocracé  en  dessus  ,  d'un  blanc  de  chaux  ou 
d'un  blanc  lavé  de  vert,  au-dessous  ou  sur  les  lignes.  Tête 
ocracée,  convexe.  Trompe  cylindrique,  arquée,  subite- 
ment amincie  au  sommet,  aussi  longue  que  la  tête  et 
le  corselet  réunis,  blanche  entre  les  yeux,  obscure  au  mi- 
lieu, noire  au  delà.  Antennes  à  scapus  subitement  renflé  et 
conique,  obscur,  à  funicule  ferrugineux,  à  massue  cendrée. 
Yeux  noirs.  Corselet  presque  triangulaire,  convexe  en 
arrière,  snbcaréné  au  milieu,  marqué  de  trois  lignes 
blanches.  Ecusson  blanc.  Elytres  à  stries  minces,  offrant 
chacune  cinq  lignes  blanches,  quelquefois  entières,  min- 
ces ou  élargies,  avec  les  centrales  n'occupant  plus  que 
leur  moitié,  soit  de  la  base  ou  du  sommet  vers  leur  mi- 
lieu. Pattes  et  corps  blancs;  cuisses  renflées  et  à  peine 
anguleuses  en  dedans  vers  le  sommet. 

Cinq  exemplaires,  pris  aux  environs  d'Alger,  m'ont  été 
adressés  par  M.  Poupillier.  M.  Géhin  m'en  a  envoyé  un 
exemplaire  pris  à  Metz,  qui  ne  diffère  en  rien  des  autres  : 
il  fait  partie  de  la  lre  division  dé  Schr. 
67.  Sibynes  harmonicus,  S.  phalerato, Se,  similis,  sed  duplo  major  ; 

albido  sordidus  ;  froate  lateribus,  oculis,  rostro  ad  apicem,  in  tho- 

race  vittis  2bus  dorsalibus  arcuatis  in  elytris,  macula  elongata 

usque  ad  médium ,  ducta ,  linea  laterali,  liueolis  1  r  basalibus  ; 

intima  arcuatim  usque,  ultra  mediam  proteusa,  trifariamque  in- 

terrupta,  nigris.  —  L.,  3  1/4  m.;  1.,  2  m. 

Ovalaire,  d'un  blanc  sale.  Tête  blanche  au  milieu,  noire 
de  chaque  côté.  Trompe  ayant  la  longueur  au  moins  de  la 
tête  et  du  corselet,  blanchâtre  avec  le  tiers  apical  noir  et 
aminci.  Antennes  un  peu  ferrugineuses.  Yeux  noirs  sail- 
lants. Corselet  subtriangulaire,  plus  large  que  haut,  ar- 
rondi sur  les  côtés,  marqué  de  deux  bandes  dorsales  ar- 
quées d'un  noir  velouté.  Ecusson  blanchâtre.  Elytres  pré- 
sentant au-dessous  de  l'écusson  une  tache  allongée  s'é- 
tendant  jusqu'au  milieu,  une  bande  latérale  limitée  vers 
le  sommet  de  la  marge  et  deux  petites  lignes  basales  de 
chaque  côté,  qui  toutes  sont  noires;  l'interne  reparaît 
peu  après,  et  un  point  forme  dans  leur  ensemble  une 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  459 

sorte  d'ogive  trois  fois  interrompue.  Pattes  et  corps  de  la 

couleur  du  dessus. 
Unique.  Environs  d'Alger.  Reçu  de  M.  Poupillier.  Elle 

appartient  aussi  à  la  lre  division  des  Schr. 

68.  Baridius  malachiticus,  simillimus  B.  picicorni,  Mars.,  Steph. 
(punclato,  Dej.  Sch.),  sed  brevior  et  latior,  interstitiis  elyirorum 
nullo  modo  punctatis  prœcipue  differt,  viridis,  crebre  punctalus  in 
thorace  (linea  longitudinali  laevi),  pectore,  abdoinine  pedibusque. 
— L.,  3  2/3  m.;  1.,  13/4  m. 

D'un  vert  foncé  un  peu  mat,  très-densément  ponctué. 
Tête  lisse,  convexe,  offrant  un  petit  étranglement  entre 
les  yeux.  Trompe  épaisse,  cylindrique,  arquée,  pointillée, 
cuivreuse.  Antennes  d'un  brun  de  poix  à  funicule  revêtu 
de  poils  courts  d'un  blanc  nacré;  massue  ovalaire  cen- 
drée à  l'extrémité.  Corselet  plus  long  que  large,  convexe, 
atténué  en  avant,  régulièrement  arrondi  sur  les  côtés, 
couvert  d'une  ponctuation  serrée,  allongée  ;  ligne  mé- 
diane étroite,  lisse.  Ecusson  arrondi,  noir.  Elytresà  peine 
plus  larges  que  le  corselet,  3  fois  aussi  longues,  convexes, 
conjointement  arrondies  sur  l'extrémité,  et  stries  sim- 
ples, assez  profondes;  interstices  imponctués,  arrondis. 
Poitrine,  abdomen  très-ponctués.  Pattes  également  ponc- 
tuées, cuivreuses.  Quelques  poils  courts  et  gris  sont  à 
peine  perceptibles. 

Des  environs  d'Alger.  Un  exemplaire  m'a  été  envoyé 
par  M.  Wagner,  et  un  autre  par  M.  Poupillier. 


II.     SOCIETES     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 

M .  Balbiani  adresse  une  Note  sur  un  cas  de  parasitisme 
improprement  pris  pour  un  mode  de  reproduction  des  Infu- 
soires  ciliés. 

M.  Coinde  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  No- 
tice sur  une  espèce  de  Gremille  (Acerina)  provenant  de  la 


460    rev.   et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

Saône  et  qu'il  croit  n'avoir  pas  été  connue  jusqu'à  ce  jour 
des  ichthyologistes.  Nous  reviendrons  sur  ce  travail. 

Séance  du  3  septembre.  —  M.  Serres  lit  une  Note  sur  le 
développement  des  premiers  rudiments  de  l'embryon.  Plis 
primitifs,  ligne  secondaire. 

Ce  beau  travail  est  peu  susceptible  d'analyse,  mais  il  a 
été  résumé  par  son  auteur  dans  les  conclusions  suivantes  : 

«  De  ce  qui  précède  il  suit 

«  1°  Que  les  deux  plis  primitifs  qui  se  manifestent  sur 
la  surface  du  disque  prolifère  sont  les  premiers  rudiments 
de  l'embryon  naissant,  ce  qui  justifie  'pleinement  le  nom 
de  plis  primitifs  que  leur  a  donné  M.  Pander; 

«  2°  Que  la  bandelette  axile  qui  les  sépare  est  le  résultat 
du  soulèvement  de  la  membrane  du  disque  prolifère  dans 
les  points  où  ces  plis  se  manifestent; 

«  3°  Que  cette  bandelette  axile  est  lisse,  plane,  transpa- 
rente et  sans  nulle  trace  de  ligne  le  long  de  son  axe; 

«  4°  Que,  par  suite  des  développements,  les  bourrelets 
que  forment  les  deux  lignes  primitives  se  rapprochent 
l'un  de  l'autre  en  attirant  à  eux  la  bandelette  axile; 

«  5°  Que,  par  ce  rapprochement,  les  bourrelets  des  plis 
primitifs  étant  amenés  au  contact,  il  se  manifeste  entre 
eux  une  ombre  linéaire,  une  rainure,  une  ligne  enfin,  qui 
n'est  que  de  seconde  formation  et  que,  en  raison  de  cette 
formation  même,  nous  nommons  ligne  secondaire.  » 

■M.  Pasteur  lit  un  Mémoire  intitulé  Nouvelles  expériences 
relatives  aux  générations  dites  spontanées. 

MM.  Philipeaux  et  Vulpian,  en  présentant  au  concours 
pour  le  prix  de  physiologie  expérimentale  leur  mémoire 
intitulé  Recherches  expérimentales  sur  la  génération  des 
nerfs  séparés  des  centres  nerveux,  y  joignent  une  Note  qui 
en  est  à  la  fois  l'analyse  et  le  complément. 

M.  Champouillon  présente  d#s  considérations  sur  la  ru- 
béfaction produite  par  le  contact  des  nids  ou  bourses 
soyeuses  du  Bombyx  processionnaire.  Il  recherche  quel  est 
l'agent  immédiat  de  l'érythème  produit  non-seulement 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  461 

par  le  contact,  mais  même  par  le  voisinage  de  ces  bourses 
quand  elles  sont  agitées,  et  répandent  dans  l'air  la  matière 
pulvérulente  dont  elles  sont  farcies;  il  examine  les  moyens 
qu'on  a  conseillés  pour  calmer  cet  érythème  de  la  peau, 
parfois  très-douloureux  et  accompagné  de  fièvre;  il  ne 
croit  donc  pas  qu'un  agent  sujet  à  produire  d'assez  graves 
accidents  puisse,  comme  l'avait  pensé  Réaumur,  rempla- 
cer les  vésicatoires  ordinaires,  ni,  comme  on  l'a  proposé 
récemment,  être  employé  pour  rappeler  une  rougeole  et 
une  scarlatine  disparues  par  délitescence. 

Séance  du  10  septembre. — M.  G.  Lambl  présente  une  Note 
accompagnée  d'une  figure  sur  une  particularité  que  pré- 
sente la  colonne  vertébrale  chez  une  femme  de  race  hot- 
tentote  dont  le  squelette  est  conservé  dans  le  musée  d'his- 
toire naturelle  de  Paris.  Cette  particularité,  dont  le  trait 
dominant  est  que,  à  la  cinquième  vertèbre  lombaire,  l'arc 
est  détaché  du  corps  de  la  vertèbre  au  point  de  la  portion 
interarticulaire,  c'est-à-dire  entre  l'apophyse  articulaire 
supérieure  et  l'inférieure,  entraîne  quelques  modifications 
dans  d'autres  parties  du  squelette  et  paraît  avoir  été  en 
rapport  avec  un  certain  état  des  parties  molles,  état  si- 
gnalé, d'ailleurs,  chez  d'autres  femmes,  également  du 
continent  africain,  mais  appartenant  à  des  races  diffé- 
rentes. L'anomalie  en  question,  rare  en  Europe,  s'est  pré- 
sentée dans  quelques  cas  pathologiques  ou  tératologiques 
dont  M.  Lambl  s'est  précédemment  occupé  et  dont  il  a 
fait  l'objet  de  trois  publications  qui  ont  paru  à  Prague  et 
à  Wurzbourg. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  Serres. 

Séance  du  17  septembre.  —  M.  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
lit  une  Note  sur  diverses  tentatives  d'introduction  et  d'accli- 
matation du  Lama  et  de  VAlpaca,  et  particulièrement  sur  le 
troupeau  qui  vient  d'arriver  à  Paris. 

Après  avoir  rappelé  la  place  importante  qu'ont  prise 
dans  l'industrie  les  laines  de  Lama  et  surtout  d'Alpaca, 
l'éminent  zoologiste  parle  des  différentes  tentatives  qui 


462     kev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

ont  été  faites  depuis  Buffon  pour  acquérir  ces  animaux 
utiles,  et  il  arrive  à  l'annonce  de  l'arrivée  d'un  troupeau 
de  quarante-trois  individus,  ramené  du  Pérou,  pour  la 
Société  d'acclimatation,  par  M.  Roehn,  dont  le  nom  se 
rattache  honorablement  à  plusieurs  entreprises  de  ce 
genre. 

Le  troupeau  se  composait,  au  départ  du  Pérou,  de  plus 
décent  têtes;  mais  les  circonstances  dans  lesquelles  se 
trouvent  présentement  le  Pérou  et  la  Bolivie  ont  obligé 
M.  Roehn  de  traverser,  en  caravane,  une  grande  partie 
du  continent  américain  ;  et  durant  ce  difficile  et  périlleux 
voyage,  et  ensuite  pendant  une  traversée  dont  la  durée  a 
été  exceptionnellement  longue,  plus  de  la  moitié  des  in- 
dividus a  successivement  succombé.  En  des  mains  moins 
habiles  et  moins  expérimentées,  le  troupeau  eût  vraisem- 
blablement péri  tout  entier. 

Quelques-uns  seulement  de  ces  animaux  resteront  au 
jardin  d'acclimatation.  Six  Alpacas  et  Lamas  sont  destinés 
à  S.  M.  l'Empereur,  et  quelques  autres  à  la  Société  d'accli- 
matation des  Alpes  et  à  M.  de  Rothschild,  qui  avait  désiré 
prendre  part  aux  frais  et  aux  chances  de  l'expédition; 
le  reste  du  troupeau  ira  rejoindre  au  printemps,  dans 
le  dépôt  de  reproduction  que  la  Société  d'acclimatation  a 
créé  dans  le  Cantal,  d'autres  animaux  de  montagne,  et 
particulièrement  plusieurs  Yacks  et  le  principal  troupeau 
de  chèvres  d'Angora  de  la  Société. 

Le  même  savant  lit  un  travail  ayant  pour  titre  Classi- 
fication zoologique  et  anthropologique.  Il  fait  hommage  à 
l'Académie  de  trois  tableaux  lithographies,  présentant, 
sous  une  forme  synoptique,  les  rapports  des  groupes  prin- 
cipaux du  règne  animal  et  la  classification  des  races  hu- 
maines. 

«  Les  groupes  primaires  admis  en  zoologie  par  l'auteur 
sont  au  nombre  de  trois  :  les  animaux  binaires,  groupe 
depuis  longtemps  établi  par  M.  de  Blainville,  les  rayonnes 
et  les  homogènes.  L'objet  de  ce  tableau  est  de  montrer  que 


*     SOCIÉTÉS   SAVANTES.  463 

ces  trois  groupes  représentent  trois  termes  d'une  série 
très-régulièrement  constituée,  et  que  leurs  caractères  es- 
sentiels sont  susceptibles  d'être  ramenés  à  des  considéra- 
tions géométriques  et  arithmétiques  dont  le  rapproche- 
ment fait  nettement  saisir  l'ordre  sériai.  Du  premier  au 
dernier  (et  il  en  est  de  même  dans  les  embranchements  et 
classes,  des  premières  subdivisions  aux  dernières),  la  simi- 
larité se  prononce  de  plus  en  plus,  et  le  mode  de  coordi- 
nation se  simplifie.  Ainsi,  pour  commencer  par  le  carac- 
tère géométrique,  il  y  a,  dans  le  premier  groupe,  coordi- 
nation des  parties  similaires  par  rapport  à  un  plan,  plus 
généralement  à  une  surface;^  coordination  se  fait,  dans 
le  second,  par  rapport  à  une  ligne;  dans  le  troisième,  par 
rapporta  un  point  ;  ou,  en  d'autres  termes,  par  rapport  à 
une  épine,  à  un  axe  et  à  un  centre.  Dans  le  premier,  en 
outre,  les  parties  similaires  se  répètent  deux  à  deux;  dans 
le  second,  plusieurs  à  plusieurs;  dans  le  troisième,  en 
nombre  très-grand  et  indéfini,  sinon  infini  ;  d'où,  en  un  mot, 
la  dualité,  la  multiplicité  définie  et  la  multiplicité  indéfinie 
ou  indéfinité,  selon  une  expression  déjà  employée  en  phi- 
losophie. 

a  Dans  le  tableau  anthropologique,  l'auteur  donne  place 
à  douze  races,  les  seules  qu'il  regarde  comme  encore  assez 
bien  connues  pour  être  exactement  classées.  Parmi  elles, 
les  quatre  principales  sont,  suivant  lui,  les  races  cauca- 
sique,  mongolique  et  élhiopique,  placées  de  même,  par  tous 
les  auteurs,  au  premier  rang,  et  la  race  hottentote;  celle-ci 
rattachée  par  les  uns  à  la  mongolique,  par  d'autres  à 
l'éthiopique,  parce  qu'elle  réunit  plusieurs  des  caractères 
principaux  de  l'une  et  de  l'autre.  On  sait  que  dans  la  race 
caucasique,  et  c'est  ce  qui  la  distingue  essentiellement,  il 
y  a  prédominance  de  la  région  supérieure  de  la  tète,  c'est- 
à-dire  du  crâne  et  du  cerveau,  sur  les  mâchoires  et  les  or- 
ganes des  sens,  ou,  comme  l'a  remarqué  M.  Serres,  des 
parties  nourries  par  la  carotide  interne  sur  celles  qui  le 
sont  par  la  carotide  externe.  Il  y  a,  au  contraire,  prédo- 


46fc     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

minance  dans  la  race  mongolique  de  la  région  moyenne, 
qui  est  très-élargie,  et  dans  la  race  éthiopique  de  la  région 
inférieure,  qui  se  projette  en  avant.  Le  caractère  très-re- 
marquable de  la  race  hottentote  est  la  prédominance  à  la 
fois  de  la  région  moyenne  et  de  la  région  inférieure,  en  un 
mot  de  la  face  tout  entière,  qui  est  à  la  fois  élargie  et 
projetée  en  avant;  d'où  la  réunion  des  conditions  qui  pla- 
cent au  second  rang  la  race  mongolique  et  font  descendre 
au  troisième  la  race  éthiopique.  En  d'autres  termes,  la 
race  caucasique  étant  orthognathe,  la  mongolique  eury- 
gnathe  et  l'éthiopique  prognate,  la  hottentote  est  à  la  fois 
eurygnathe  et  prognathe.  A  ce  caractère  très-important  et 
qui  en  fait,  dans  la  série  des  races  humaines,  un  dernier 
terme  diamétralement  opposé  au  premier,  la  race  hotten- 
tote joint  un  mode  d'insertion  des  cheveux  qui  lui  est 
propre,  une  disposition  spéciale  des  orteils  décroissant 
graduellement,  comme  les  tuyaux  d'une  flûte  de  Pan,  de 
l'interne  à  l'externe,  le  développement  des  nymphes,  et 
diverses  dispositions  ostéologiques  et  encéphaliques  déjà 
bien  étudiées  par  divers  auteurs. 

«  La  race  hottentote,  une  des  moins  importantes,  si  l'on 
compte  le  nombre  des  individus  qu'elle  comprend  et  le 
rôle  qu'elle  joue  dans  l'humanité,  en  un  mot  si  on  la  con- 
sidère au  point  de  vue  ethnographique,  est,  au  contraire, 
comme  on  le  voit,  une  des  plus  importantes,  une  des 
races  de  premier  ordre  au  point  de  vue  taxonomique,  et 
d'après  la  valeur  des  modifications  qui  la  caractérisent. 

«  Entre  les  races  caucasique,  mongolique,  éthiopique  et 
hottentote,  qui  représentent,  pour  ainsi  dire,  les  quatre 
points  cardinaux  de  l'anthropologie,  se  placent  toutes  les 
autres  races.  Leurs  innombrables  modifications  et  les  pas- 
sages qui  ont  lieu  de  l'une  à  l'autre  forment,  de  leur  en- 
semble, une  sorte  de  réseau  qui  relie  plus  ou  moins  inti- 
mement entre  elles  toutes  les  variations  du  type  humain. 
«  Les  races  que  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  cru  pouvoir 
comprendre  dans  son  tableau,  comme  déjà  suffisamment 
distinctes,  sont  les  suivantes  : 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  465 

Races  à  cheveux  lisses  :  caucasique,  alléganienne,  hy- 
perboréenne,  malaise,  américaine  ;  mongolique,  parabo- 
réenne,  australienne. 

Races  à  cheveux  crépus  (appartenant  particulièrement  à 
l'hémisphère  austral)  :  cafre,  éthiopique,   mélanienne  ; 

HOTTENTOTE.   » 

M.  Albert  Gaudry  écrit  pour  faire  connaître  les  résultats 
des  nouvelles  fouilles  exécutées,  sous  les  auspices  de  X Aca- 
démie, à  Pikermi  (Grèce). 

Le  jeune  paléontologiste  a  découvert  dans  ces  terrains 
dix-sept  têtes  de  Singes,  dont  huit  étaient  rassemblées 
dans  un  espace  qui  avait  tout  au  plus  3  mètres  cubes.  Il  a 
de  nombreux  ossements  d'Hyènes,  de  Thalassictis,  Pseu- 
docyons,  d'une  nouvelle  espèce  de  Civette,  etc.,  etc. 

M.  Valenciennes,  à  l'occasion  de  cette  communication, 
ajoute  qu'il  a  reçu  en  même  temps  une  lettre  dans  la- 
quelle M.  A.  Gaudry  lui  annonce  l'envoi  prochain  d'une 
collection  d'épongés  conservées  dans  l'alcool. 

Séance  du  24  septembre.  —  M.  Serres  lit  une  deuxième 
Note  sur  le  développement  des  premiers  rudiments  de  l 'em- 
bryon ;  absence  des  rudiments  de  la  corde  dorsale  dans  le  pre- 
mier jour  de  sa  formation  ;  viduité  primitive  de  la  ligne  se- 
condaire. 

«  De  ce  travail  et  de  ce  que  nous  avons  exposé  dans  la 
première  Note,  dit  l'auteur  en  terminant,  il  suit 

«  1°  Que  la  corde  dorsale  n'existe  pas  dans  le  premier 
jour  et  la  moitié  du  second  de  la  formation  de  l'embryon 
des  Oiseaux  ; 

«  2°  Que  la  ligne  secondaire  que  l'on  a  personnifiée 
sous  ce  nom  offre  un  intervalle  libre  existant  entre  les 
bords  internes  des  plis  primitifs,  ligne  qui  s'infléchit  avec 
eux  au  moment  de  la  formation  du  capuchon  céphalique; 

«  3°  Que  cette  ligne  secondaire  ou  cet  intervalle  des  plis 
primitifs  ne  saurait  être  pris  pour  le  rudiment  d'un  corps 
quelconque,  puisque  la  lumière  le  traverse  librement  lors- 
qu'on observe  la  préparation  au  microscope  ; 

«  4°  Il  suit  enfin  que,  si  la  corde  dorsale  n'existe  pas 


466     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

dans  le  premier  jour  de  la  formation  de  l'embryon,  elle 
n'est  pas  et  elle  ne  saurait  être  l'axe  autour  duquel  viennent 
se  former  les  premières  parties  du  fœtus.  » 

M.  A.  Gaudry  annonce  l'envoi  des  fossiles  dont  il  a  fait 
connaître  la  découverte  dans  une  précédente  lettre. 

Séance  du  1er  octobre  1860.  —  M.  Gratiolet  lit  un  Mé- 
moire intitulé  Recherches  sur  le  système  vasculaire  sanguin 
de  l'Hippopotame. 

Cette  étude  était  d'une  grande  importance  physiolo- 
gique, à  cause  de  la  faculté  que  possède  l'Hippopotame 
comme  animal  plongeur. 

M.  Gratiolet  l'a  faite  avec  cette  supériorité  qui  le  carac- 
térise. Il  a  constaté  surtout  l'existence  d'un  anneau  mus- 
culaire comprimant  la  veine  cave  inférieure,  ce  qui  di- 
minue l'activité  du  travail,  en  sorte  que  la  quantité  d'air 
que  l'animal  emporte  sous  l'eau  en  fermant  ses  narines 
suffît  d'autant  plus  longtemps  que  les  courants  sanguins 
sont  plus  faibles  et  plus  lents.  La  flamme  se  fait  petite, 
ainsi  que  le  dit  très-ingénieusement  M.  Gratiolet,  pour 
vivre  plus  longtemps  dans  une  atmosphère  limitée.  En  un 
mot,  l'Hippopotame,  comme  les  autres  Mammifères  plon- 
geurs, acquiert  cette  faculté  en  détournant  de  ses  pou- 
mons la  plus  grande  partie  de  son  sang,  se  faisant  ainsi, 
par  instants  et  par  une  suite  d'artifices  très-simples,  sem- 
blable, à  certains  égards,  aux  Reptiles,  chez  lesquels  la 
circulation  pulmonaire  n'est  qu'une  dérivation  partielle 
de  la  circulation  générale. 

M.  E.  Faivre  a  présenté  un  Mémoire  sur  l'influence  du 
système  nerveux  sur  les  mouvements  respiratoires  chez  les 
Dytiques. 

Comme  on  devait  s'y  attendre,  l'auteur  est  arrivé  à  des 
résultats  analogues  à  ceux  qu'avait  obtenus  depuis  long- 
temps M.  Flourens  à  la  suite  de  ses  célèbres  expériences 
sur  les  animaux  supérieurs. 

M.  Lemaire  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  Rôle  des 
Infusoires  et  des  matières  albuminoïdes  dans  la  fermenta- 
tion, la  germination  et  la  fécondation. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  467 

M.  Lemaire  pense  que  les  Infusoires,  si  abondamment 
répandus  dans  la  nature,  et  qui  ont  été  constatés  dans  la 
liqueur  séminale  de  presque  tous  les  animaux  connus, 
dans  les  organes  mâles  de  presque  toutes  les  plantes, 
constituent  \eprimutn  movens  des  phénomènes  de  fermen- 
tation, de  germination  et  de  fécondation,  mais  que,  pour 
que  leur  action  se  manifeste,  leur  réunion  avec  les  ma- 
tières albuminoïdes  paraît  indispensable. 

Séance  du  8  octobre.  —  M.  Jules  C loquet  présente  une 
botte  faite  avec  la  peau  tannée  du  Boa  constrictor,  dont 
le  cuir  offre  une  force  et  une  souplesse  remarquables. 

Séance  du  15  octobre.  —  M .  Valenciennes  lit  une  Note 
sur  les  Spongiaires' envoyées  des  côtes  de  V At tique  par 
M.  Albert  Gaudry. 

Après  avoir  donné  un  résumé  de  ce  que  l'on  sait  sur  la 
constitution  variée  des  éponges,  le  savant  académicien 
montre  que  celles  que  Ton  doit  à  M.  Gaudry  appartien- 
nent à  son  genre  Adyctia  et  forment  une  espèce  nouvelle 
qu'il  nomme  Adyctia  Proserpinœ. 

M.  Serres  lit  une  troisième  note  sur  le  développement  des 
premiers  rudiments  de  Vembryon.  —  Formation  primitive  de 
Va.re  cérébro-spinal  du  système  nerveux.  —  Développement 
de  la  corde  dorsale  et  du  canal  vertébral. 

Après  un  assez  long  développement,  le  savant  anato- 
miste  se  résume  ainsi  : 

«  En  résumé,  on  peut  déduire  de  ce  qui  précède  1°  que 
l'axe  cérébro-spinal  du  système  nerveux  est  le  premier 
des  organes  qui  se  détache  de  la  substance  plastique  qui 
constitue  l'embryon  ;  2°  que,  par  suite  de  cette  primogé- 
niture,  son  mode  de  formation  devient  le  type  de  la  for- 
mation des  autres  organismes  ;  3°  que  les  noyaux  verté- 
braux par  lesquels  débute  le  canal  osseux  qui  doit  en- 
caisser l'axe  cérébro-spinal  sont  constamment  doubles; 
4°  que  les  parties  de  ces  demi-noyaux  qui  doivent  consti- 
tuer le  corps  de  la  vertèbre  sont  réunies  en  avant  par  une 
lame  fibreuse  dont  la  transformation  osseuse  complète  le 
corps  de  chaque  vertèbre;  5°  que  sur  l'axe  de  réunion  des 


468     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Octobre  1860.) 

demi-noyaux  des  corps  vertébraux  apparaît  un  filament 
cartilagineux  renfermé  dans  une  gaine  fibreuse  ;  6°  que  ce 
filament  cartilagineux  qui  constitue  la  corde  dorsale  est 
continu  et  ne  présente  pas  les  intersections  qui  caracté- 
risent la  colonne  vertébrale  des  animaux  vertébrés; 
7°  enfin  on  peut  en  déduire  la  probabilité  que,  dans  l'hy- 
stogénie  microscopique,  l'organisation  paraît  suivre,  dans 
l'arrangement  de  ses  éléments,  les  règles  qui  lui  sont  pro- 
pres pour  les  organes  eux-mêmes.  » 

M.  P.  Gratiolet  donne  lecture  d'un  Mémoire  ayant  pour 
titre  Recherches  sur  V encéphale  de  V Hippopotame. 

Ce  beau  travail,  étant  destiné  à  notre  Revue,  sera  mieux 
apprécié  par  nos  lecteurs. 

M.  Vanner  adresse  une  Note  concernant  deux  expé- 
riences qu'il  a  faites  sur  la  circulation  du  sang,  expé- 
riences dont  l'une  est  relative  à  la  quantité  de  sang  qui 
pénètre  dans  le  ventricule  à  chaque  diastole,  l'autre  à  la 
lenteur  de  la  marche  des  globules  dans  les  vaisseaux  ca- 
pillaires. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  Cl.  Bernard, 
déjà  désigné  pour  plusieurs  autres  communications  du 
même  auteur  relatives  à  la  circulation  sanguine. 

Séance  du  22  octobre.  —  M.  Charles  Robin  lit  un  Mé- 
moire sur  la  structure  intime  de  la  vésicule  ombilicale  chez 
les  Mammifères. 

Les  deux  paragraphes  suivants,  pris  dans  les  Comptes 
rendus,  donneront  une  idée  de  l'importance  et  de  la  portée 
du  travail  de  l'éminent  anatomiste. 

«  Les  anatomistes  et  les  embryogénistes  qui  ont  décrit 
la  vésicule  ombilicale  se  bornent  à  dire,  en  parlant  de  sa 
structure,  qu'elle  est  constituée  par  le  feuillet  muqueux 
du  blastoderme.  Aucun  ne  s'est  préoccupé  de  la  compa- 
raison des  éléments  anatomiques  qui  composent  les  pa- 
rois de  cet  organe  avec  ceux  de  l'amnios,  de  la  tache  em- 
bryonnaire et  des  tissus  du  fœtus  qui  succèdent  à  cette 
tache. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  469 

«  Les  résultats  de  cette  comparaison  sont  cependant 
importants.  Les  cellules  qui,  par  leur  juxtaposition  et  leur 
cohérence,  constituent  les  feuillets  du  blastoderme  ne 
sont  pas  seulement  dissemblables  d'un  feuillet  à  l'autre  de 
cet  organe  comme  on  le  savait,  elles  sont,  en  outre,  d'es- 
pèce différente  dès  leur  origine  et  pendant  toute  la  durée 
de  leur  existence  dans  la  partie  dite  tache  embryonnaire  et 
dans  celle  qui,  continue  avec  elle,  formera  bientôt  l'am- 
nios  d'une  part  et  la  vésicule  ombilicale  de  l'autre.  Dès 
l'apparition  des  diverses  parties  du  blastoderme,  on  peut 
constater  des  différences  de  texture  entre  celles  dont  vont 
provenir  les  organes  définitifs  et  permanents  de  l'embryon 
et  celles  qui  forment  les  organes  temporaires  transitoires 
du  fœtus.  Ainsi  il  n'y  a  pas  similitude  entre  toutes  les  cel- 
lules du  blastoderme  ;  le  nom  de  cellules  embryonnaires  ne 
doit  plus  être  considéré  comme  servant  à  désigner  une 
seule  espèce  d'éléments  anatomiques,  mais  il  doit  avoir 
un  sens  générique,  et  il  s'applique  à  plusieurs  espèces 
d'éléments  ayant  les  caractères  de  cellules.  » 

MM.  N.  Jolly  et  Ch.  Musset  présentent  un  travail  inti- 
tulé Nouvelles  expériences  sur  Vhétérogènie,  au  moyen  de 
Vair  contenu  dans  les  cavités  closes  des  végétaux. 

M.  P.  Gervais  adresse  une  Note  sur  la  présence  du  grand 
Daim  et  du  Renne  parmi  les  fossiles  du  midi  de  la  France. 
M.  de  Martini  adresse  une  Note  sur  la  constitution  ana- 
tomique  des  nerfs  des  sens  dans  le  genre  Aplysia. 

Séance  du  29  octobre.  —  En  présentant  des  cocons  vi- 
vants du  Ver  à  soie  de  l'Ailante,  nous  avons  eu  l'honneur 
de  donner  lecture  d'un  travail  intitulé  Note  stir  la  pre- 
mière éducation  en  grande  culture  du  Ver  à  soie  de  Vailante 
ou  faux  vernis  du  Japon,  par  M.  Guérin-Méneville, 

En  se  livrant  aux  études  les  plus  abstraites  et  les  plus 
élevées  de  la  théorie ,  l'Académie  n'a  jamais  négligé  les 
applications  de  la  science,  et  son  organisation  même  le 
prouve,  puisqu'elle  compte,  parmi  ses  membres,  des  sa- 
vants dont  les  travaux  ont  plus  spécialement  ces  applica- 
tions pour  objet,  comme,  par  exemple,  que  ceux  qui  com- 


470     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Octobre  1860.) 

posent  la  section  d'économie  rurale.  Aussi  elle  a  accueilli 
avec  sympathie  les  communications  que  j'ai  eu  l'honneur 
de  lui  faire,  depuis  longtemps,  sur  la  zoologie  appli- 
quée, et,  récemment,  sur  l'introduction  dans  la  grande 
culture  du  Ver  à  soie  de  l'ailante,  destiné  à  jouer  un  rôle 
important ,  comme  producteur  d'une  nouvelle  matière 
textile,  qui  viendra  s'ajouter  dans  notre  industrie,  à  la 
soie  et  à  la  laine,  dont  la  disette  se  fait  si  fâcheusement 
sentir. 

Les  essais  pratiques  d'éducation  du  Ver  à  soie  de  l'ai- 
lante augmentent,  chaque  année,  en  nombre  et  en  impor- 
tance, et  ma  persévérance  énergique,  encouragée  par 
l'assentiment  unanime  de  tous  les  amis  de  notre  agricul- 
ture et  de  notre  industrie,  semble  devoir  être  couronnée 
de  succès.  En  effet,  malgré  les  mauvais  temps  qui  ont 
régné  cette  année,  mes  expériences  pratiques  d'éducation 
ont  donné  les  résultats  les  plus  satisfaisants;  ce  qui  a  en- 
gagé beaucoup  de  propriétaires  à  faire  des  plantations 
d'ailantes. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  l'expérience,  en  plein  air,  que 
j'ai  pu  faire  au  milieu  du  bois  de  Boulogne,  car  des  mil- 
liers de  visiteurs  et  plusieurs  illustres  membres  de  l'Aca- 
démie, parmi  lesquels,  je  citerai  MM.  le  maréchal  Vail- 
lant et  Geoffroy  Saint- Hilaire,  ont  bien  voulu  l'examiner  et 
m'ont  même  témoigné  toute  leur  satisfaction  de  vive  voix 
et  par  écrit. 

Je  viens,  aujourd'hui,  mettre  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie, un  échantillon  (3,000  cocons  vivants)  du  produit  de 
la  première  éducation  vraiment  agricole  faite,  en  France, 
sur  des  ailantes  plantés  spécialement  en  vue  de  cette 
récolte,  par  M.  le  comte  de  Lamote-Baracé,  dans  son  beau 
domaine  du  Coudray-Montpensier ,  près  Chinon  (Indre- 
et-Loire). 

Après  avoir  placé  simplement  les  jeunes  vers  à  soie  sur 
les  haies  d'ailantes  de  sa  plantation,  M.  de  Lamote  traitant 
cette  éducation  comme  les  cultures  de  céréales,  de  vignes, 
de  colza,  etc.,  sans  employer  aucune  main-d'œuvre,  ni  pré- 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  kl\ 

cautions  extraordinaires  contre  les  attaques  des  oiseaux 
et  autres  ennemis,  et  malgré  un  mauvais  temps  constant, 
a  obtenu  encore  plus  de  100,000  beaux  cocons  que  nous 
destinons  à  la  reproduction  pour  l'année  prochaine,  et 
avec  lesquels  je  pourrai  faire  assez  de  graine  pour  satis- 
faire largement  aux  nombreuses  demandes  que  j'inscris 
tous  les  jours.  En  effet,  chaque  papillon  femelle  donnant 
plus  de  250  œufs,  en  supposant  que,  sur  nos  100,000  co- 
cons, la  moitié  contienne  des  femelles,  on  voit  que  ces 
50,000  papillons  me  donneront  plus  de  12,000,000  d'oeufs, 
quantité  très-supérieure  à  celle  qui  sera  nécessaire,  car 
les  plantations  d'ailantes  faites  récemment  ne  pourraient 
nourrir  tous  ces  Vers. 

On  peut  dire,  aujourd'hui,  sans  exagération,  que  la 
seule  main-d'œuvre  nécessitée  par  ces  éducations  en  plein 
air  est  la  confection  de  la  graine,  l'éclosion  des  jeunes 
Vers,  leur  pose  sur  les  arbres  et  la  cueillette  des  cocons. 
Une  fois  les  arbres  ensemencés  de  ces  Vers  à  soie,  l'agri- 
culteur n'a  plus  qu'à  les  laisser  brouter  pendant  un  mois 
environ,  et  il  trouve  sa  récolte  pendue  aux  feuilles,  sur 
lesquelles  il  y  a  souvent  plus  de  20  cocons,  ainsi  que 
l'Académie  peut  le  voir  en  examinant  les  feuilles  que  j'ai 
déposées  sur  le  bureau. 

C'est  cette  simplicité  dans  les  procédés  d'éducation, 
cette  absence  presque  complète  de  main-d'œuvre,  qui 
distingue  ma  nouvelle  culture  de  celle  du  Ver  à  soie  du 
mûrier.  En  effet,  on  sait  que  celui-ci  nécessite  des  bâti- 
ments, du  chauffage  et  de  nombreux  ouvriers  pour  cueil- 
lir la  feuille  du  mûrier,  l'apporter  à  la  magnanerie,  la 
servir  quatre  ou  cinq  fois  par  jour  aux  Vers  à  soie,  enle- 
ver souvent  les  litières,  et  poser  les  bruyères  ou  rameaux 
dans  lesquels  ils  font  leurs  cocons. 

Je  borne  là  cette  note,  en  remerciant  l'Académie  de 
l'extrême  bienveillance  avec  laquelle  elle  a  bien  voulu  ac- 
cueillir mes  communications  sur  ce  sujet,  et  en  prévenant 
ceux  de  ses  membres  qui  s'y  intéressent  plus  spécialement 
qu'ils  trouveront  de  nombreux  détails  sur  cette  nouvelle 


472     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Octobre  1860.) 

industrie  agricole  dans  mon  Rapport  à  S.  M.  l'Empereur 
sur  les  travaux  entrepris  par  ses  ordres  pour  introduire  les 
Vers  à  soie  de  l'ailante  en  France  et  en  Algérie,  et  dans  un 
petit  traité  sur  le  même  sujet  intitulé  :  Education  des  Vers 
à  soie  de  l'ailante  et  du  ricin,  culture  des  végétaux  qui  les 
nourrissent;  travail  destiné  à  servir  de  guide  aux  per- 
sonnes qui  vont  se  livrer  à  la  culture  de  l'ailante  et  de 
son  Ver  à  soie. 


III.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Nous  trouvons  dans  une  lettre  récente  de  M.  le  docteur 
Sacc  la  nouvelle  suivante  : 

«  J'apprends  à  l'instant,  par  le  directeur  du  jardin  zoo- 
logique de  Francfort,  qu'un  seigneur  russe  des  environs 
de  Saint-Pétersbourg  a  complètement  réussi  à  domesti- 
quer le  grand  Tétras,  dont  il  a  déjà  obtenu  cinq  généra- 
tions successives  en  captivité.  Si  le  fait  est  vrai,  le  succès 
est  complet,  et  plus  important  qu'on  ne  le  croit  générale- 
ment, car  le  grand  Tétras  est  un  des  Gallinacés  dont  les 
pontes  sont  les  plus  abondantes.  A  Neuchâtel,  sur  le  haut 
Jura,  les  deux  pontes  annuelles  de  ce  bel  Oiseau  sont  de 
dix-huit  à  vingt-deux  œufs  chacune,  tandis  qu'ici,  dans 
les  Vosges,  je  n'ai  jamais  trouvé  plus  de  neuf  œufs  dans 
le  même  nid;  le  plus  habituellement  il  n'y  en  a  que  sept, 
ce  qui  vient,  sans  doute,  du  peu  d'abondance  de  la  nour- 
riture dans  les  forêts  des  hautes  Vosges,  car  l'espèce  est  la 
même,  sous  tous  les  rapports,  dans  ces  deux  chaînes  de 
montagnes.  » 

TABLE   DES  MATIÈRES. 

Page». 

H.  de  Saussure.  —  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. 425 
J.  Verreaux  et  0.  des  Murs.  —  Description  d'Oiseaux  nou- 
veaux de  la  Nouvelle-Calédonie  et  indication  des  es- 
pèces déjà  connues  de  ce  pays.  431 
A.  Doumet.  —  Catalogue  des  Poissons  recueillis  et  observés 

à  Cette.  444 

A.  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  448 

Académie  des  sciences.  (Ver  à  soie  de  l'ailante.)  459 

Mélanges  et  nouvelles.  (Domestication  du  grand  Tétras.)  472 

PARIS.—  IMP.  DE  Mme  Ve  BOUCHARD-HUZARD,  RUE  DE  L'ÉPERON,  5. — 1860. 


VINGT-TROISIÈME  ANNÉE.  —  NOVEMBRE  1860. 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 


Description  de  deux  nouvelles  espèces  du  genre  Dauphin, 

par  M.  le  commandant  Loche,  directeur  du  musée 

d'histoire  naturelle  d'Alger. 

Ce  fut  le  15  juillet  1859  que  l'espèce  dont  nous  allons 
d'abord  nous  occuper,  et  que  nous  nommerons  Delphinus 
algeriensis,  fut  prise  dansla  rade  d'Alger;  à  la  première  vue, 
elle  nous  sembla  constituer  une  nouvelle  espèce,  mais  dé- 
pourvu, comme  nous  le  sommes  ici,  d'éléments  de  com- 
paraison, nous  pensâmes  qu'il  serait  plus  prudent  d'a- 
journer sa  publication  que  de  risquer  d'encombrer  en- 
core la  science  d'une  de  ces  espèces  nominales  qui  en  sont 
le  fléau.  Nous  nous  bornâmes  donc  alors  à  faire  exécuter 
une  figure  exacte  de  notre  individu,  à  préparer  sa  dé- 
pouille et  à  en  doter  le  musée  dont  la  direction  nous  est 
confiée. 

A  quelque  temps  de  là,  ayant  été  favorisé  de  la  visite 
de  notre  excellent  et  dévoué  confrère  M.  Guérin-Méne- 
ville,  que  ses  utiles  recherches  sur  les  Vers  à  soie  de  l'ai- 
lante  et  du  ricin  avaient  conduit  en  Algérie,  nous  lui 
montrâmes  notre  animal;  mais,  pas  plus  que  nous,  il  ne 
voulut  se  prononcer,  et  se  borna  à  emporter  la  figure  dont 
il  avait  reconnu  l'exactitude.  A  sa  rentrée  à  Paris,  il  la 
soumit  à  M.  le  docteur  Pucheran,  que  ses  travaux  bien 
connus  sur  les  Cétacés  et  les  savantes  recherches  effec- 
tuées par  lui  dans  les  riches  galeries  du  musée  de  Paris 
rendent  si  compétent  en  pareille  matière. 

Lorsque,  après  examen,  M.  le  docteur  Pucheran  rap- 
porta le  dessin  de  notre  Dauphin  à  M.  Guérin-Méneville, 

2e  si.iuK.  t.  xii.  Année  1860.  31 


ktk     rev.  et  MAG.  de  zoologie.  {Novembre  4860.) 

il  lui  dit  qu'il  ne  lui  semblait  pas  qu'on  pût  le  rapporter  à 
aucun  de  ceux  publiés  jusqu'ici;  le  seul  sur  lequel  subsis- 
terait peut-être  encore  un  doute,  en  raison  du  peu  qu'on 
en  sait,  ne  pourrait  être  que  le  Delphinus  tethijos,  Gervais, 
péché  en  Languedoc;  c'est  sur  un  crâne,  qui  seul  lui  a  été 
connu,  que  M.  Gervais  a  établi  cette  espèce,  dont  on  ne 
connaît,  par  conséquent,  ni  la  forme  ni  la  coloration,  et 
dont  la  formule  dentaire,  qui  est  77-77,  diffère  assez  no- 
tablement de  celle  du  Delphinus  algeriensis,  qui  est  ftnrT- 
Un  voyage  que  nous  avons  fait  dernièrement  à  Paris 
n'ayant  fait  que  nous  confirmer  dans  l'idée  que  notre  es- 
pèce était  nouvelle,  nous  en  donnons  la  description  sui- 
vante : 

Delphinus  algeriensis,  Loche.  —  (PI.  22,  fig.  1.)  — 
Dessus  du  corps  et  extrémité  inférieure,  à  partir  de  l'anus, 
d'un  noir  intense  et  luisant;  cette  même  couleur  s'étend 
de  la  tête  autour  de  l'œil,  où  elle  forme  une  zone  circon- 
scrite par  un  large  cercle  grisâtre  interrompu  seulement, 
à  l'angle  antérieur  de  l'œil,  par  le  noir  des  parties  supé- 
rieures; les  côtés  du  corps  sont,  près  du  dos,  d'un  gris 
qui  va  en  s'éclaircissant  en  descendant  vers  les  flancs  ; 
ces  derniers,  ainsi  que  toutes  les  parties  inférieures  jusqu'à 
l'anus,  sont  d'un  blanc  pur  et  luisant;  le  pourtour  de  la 
mâchoire  inférieure  est  d'un  beau  noir  ;  son  extrémité  est 
de  la  même  couleur  sur  une  étendue  de  0m,10;  une  bande 
noire,  large  de  0m,04,  divise,  au-dessus  de  l'anus,  le  blanc 
des  côtés  du  corps;  elle  se  continue,  en  se  rétrécissant  un 
peu,  jusqu'à  l'extrémité  du  bec;  arrivée  à  0m,20  de  cette 
extrémité,  cette  bande  se  divise  et,  revenant  sur  elle- 
même,  forme,  au-dessous,  une  seconde  bande  latérale 
qui  aboutit  à  la  nageoire  pectorale  et  l'entoure;  la  partie 
supérieure,  fort  étroite,  contourne  la  mâchoire  pour  re- 
venir aboutir  à  la  bande  qui  s'étend  au-dessous,  et  cir- 
conscrit ainsi  l'espace  blanc  qui  se  trouve  entre  elles.  De 
la  commissure  des  mâchoires  part  une  bande  noire  verti- 
cale, qui  va  aboutir  aussi  à  la  pectorale  et  circonscrit  un 


TRAVAUX   INÉDITS.  475 

autre  espace  blanc,  plus  étendu  que  le  premier. 

La  nageoire  dorsale  est  noire,  ainsi  que  la  caudale  ;  les 
pectorales,  noires  sur  la  plus  grande  partie  de  leur  face 
extérieure  et  intérieure,  postérieurement,  sont,  sur  leur 
partie  antérieure,  d'un  blanc  grisâtre. 

La  longueur  totale  de  l'individu  que  nous  ve- 
nons de  décrire  était,  du  bout  du  museau  à 
l'extrémité  de  la  queue  (le  lien  passant  sur 

le  dos),  de . .      2m,47 

Longueur  du  bec 0Œ,15 

Distance  du  bout  du  bec  à  l'évent 0"\37 

Distance  du  bout  du  bec  à  l'œil 0m,36 

Distance  du  bout  du  bec  à  l'émergence  de  la 

pectorale 0œ,54 

Distance  du  bout  du  bec  à  la  dorsale lm,10 

Largeur  de  la  caudale 0m,40 

Longueur  du  bord  extérieur  de  la  pectorale..       0m,34 

Hauteur  de  la  dorsale 0*,25 

Circonférence  en  avant  de  la  pectorale 0m,80 

Circonférence  en  arrière  de  la  pectorale 0ni(92 

Circonférence  en  avant  de  la  dorsale Jm,J0 

Circonférence  en  arrière  de  la  dorsale 0m,95 

A  la  mâchoire  supérieure,  49  dents  de  chaque  côté. 
A  la  mâchoire  inférieure,  45  dents  de  chaque  côté. 
Cet  individu  était  une  femelle  dans  un  état  de  gestation 
très-avancé  ;  elle  ne  portait  qu'un  seul  petit.  Nous  conser- 
vons ce  fœtus  dans  l'alcool  ;  il  mesure  0m,28  et  présente 
tous  les  caractères  du  genre  auquel  il  appartient. 

Il  est  supposable  que  la  mise  bas  devait  être  prochaine, 
car  les  glandes  mammaires  de  la  femelle  contenaient  une 
assez  notable  quantité  de  substance  sébacée. 

Son  estomac  contenait  une  grande  quantité  de  pois- 
sons non  encore  digérés,  et  dont  quelques-uns  étaient 
d'assez  grande  taille. 

Passons  à  notre  deuxième  espèce,  que  nous  avons  éga- 
lement communiquée  à  MM.  Guérin-Méneville  et  Pu- 
cheran  avant  d'oser  la  publier. 

Delphinus  mediterraneus,  Loche.  — (PI.  22,  fig.  2.)  — 


476     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

Ce  Dauphin  présente,  au  premier  aspect,  une  certaine 
analogie  de  forme  et  de  coloration  avec  le  Delphinus  rnar- 
ginatus,  Duvernoy ,  mais  le  plus  simple  examen  ne  permet 
pas  de  les  confondre  ;  car,  outre  des  différences  que  nous 
signalerons  plus  loin ,  l'espèce  qui  nous  occupe  a  les  na- 
geoires absolument  dépourvues  des  bordures  marginales 
qui  ont  fait  attribuer  à  l'espèce  de  M.  Duvernoy  le  nom 
spécifique  sous  lequel  elle  est  connue. 

Notre  individu  a  été  capturé  le  1er  mai  1860,  dans  la 
rade  d'Alger,  et  sa  dépouille,  que  nous  avons  préparée, 
a  été  donnée,  par  nous,  au  musée  que  nous  avons  l'hon- 
neur de  diriger.  Il  est  noir  sur  les  parties  supérieures  du 
corps  ;  cette  teinte  va  s' affaiblissant  de  plus  en  plus  en  se 
rapprochant  des  flancs,  où,  d'un  gris  très-clair,  elle  passe 
au  blanc  pur  qui  recouvre  le  dessous  du  corps  ;  le  pour- 
tour de  l'œil  est  noir,  entouré  d'une  zone  grisâtre  ;  une 
petite  ligne  noire,  très-déliée,  part  de  l'angle  antérieur  de 
ce  cercle,  vers  la  commissure  du  bec,  et  s'étend,  en  avant, 
sur  une  longueur  de  0m,07.  Cette  petite  ligne  est  très- 
apparente  et  tranche  sur  le  gris  qui  recouvre  cette  partie, 
qu'elle  divise  en  deux  portions  égales.  De  l'angle  posté- 
rieur de  l'œil  part  une  bande  noirâtre,  plus  foncée  à  sa 
partie  supérieure,  et  qui  va  s'élargissant  en  descendant 
vers  la  région  anale,  où  elle  devient,  par  une  dégradation 
de  couleur,  d'un  gris  brun  jaunâtre  sale.  Cette  bande,  se 
bifurquant  à  0m,04  de  son  origine,  forme  une  seconde 
bande  de  peu  d'étendue  qui  va  en  se  rétrécissant;  cette 
seconde  bande  se  termine  au-dessus  de  la  nageoire  pec- 
torale. 

De  l'angle  antérieur  de  l'œil  part  une  bande  grisâtre 
qui  s'étend,  en  s'élargissant,  jusqu'à  la  pectorale,  dans  la 
couleur  de  laquelle  elle  finit  par  se  confondre;  mais  cette 
bande,  d'un  gris  peu  intense,  se  trouve  divisée,  supérieu- 
rement, par  une  ligne  d'un  blanc  grisâtre,  ce  qui  fait 
qu'on  distingue  fort  bien  les  trois  lignes  étroites  dont  elle 
est  composée,  la  supérieure  étant  gris  brun,  l'intermé- 


TRAVAUX    INEDITS.  477 

diaire  blanc  grisâtre,  et  l'inférieure  encore  gris  brun, 
mais  circonscrite,  inférieurement,  par  une  nuance  d'un 
blanchâtre  sale,  dans  laquelle  elle  finit  par  se  confondre. 

Nous  ferons  observer  ici  que  la  disposition  de  ces 
bandes  diffère,  chez  notre  sujet,  de  celles  qui  se  remar- 
quent chez  le  marginatus;  ainsi,  chez  le  nôtre,  la  seconde 
bande,  qui  part  de  l'œil,  ne  dépasse  pas  l'insertion  de  la 
nageoire  pectorale,  tandis  qu'elle  s'étend  bien  au  delà  chez 
le  marginatus;  de  plus,  chez  ce  dernier,  les  deux  bandes 
noires,  qui  s'étendent  au-dessus  de  la  pectorale ,  sont  sé- 
parées par  un  large  espace  blanc  pur,  qui  communique 
avec  le  blanc  de  la  gorge,  tandis  que,  chez  le  mediterra- 
neus,  cette  bande  est  grisâtre  et  peu  apparente,  et  ne  com- 
munique pas  avec  la  gorge.  Ayant  pris  la  figure  de  cet 
animal  immédiatement  après  sa  capture,  nous  pouvons 
en  garantir  la  parfaite  exactitude. 

Le  pourtour  de  la  mâchoire  inférieure  est  d'un  blanc 
jaunâtre;  toutes  les  parties  inférieures  de  l'extrémité  de  la 
mâchoire  à  l'anus  sont  d'un  blanc  luisant  ;  la  région  de 
l'anus  est  d'un  blanc  sale  et  comme  marbré  de  brunâtre 
vers  la  queue.  L'extrémité  inférieure  de  ce  Cétacé  est 
noire,  en  dessous  comme  en  dessous,  sur  une  étendue  de 
0m,24,  y  compris  la  nageoire  caudale. 

La  nageoire  dorsale  est  noire;  les  pectorales  également 
noires,  sont  seulement,  vers  leur  insertion,  d'une  teinte 
moins  foncée  ;  aucune,  comme  nous  l'avons  dit,  ne  montre 
de  trace  de  bordure. 

Toute  la  peau  de  cet  animal  était  tellement  lisse  et  lui- 
sante, lorsqu'il  nous  fut  apporté,  qu'elle  offrait,  à  l'œil, 
l'apparence  d'un  cuir  fin  et  doux  qui  aurait  été  soigneu- 
sement ciré  et  lustré. 

Le  palais  est  divisé  par  un  sillon  longitudinal  qui  dis- 
paraît vers  l'extrémité  du  bec,  où  il  est  remplacé  par  une 
saillie. 

La  formule  dentaire  de  cet  individu  est  rr4r- 


478    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

Celle  du  D.  marginalus,  Duvernoy,  en  diffère,  car  elle 
présente  ff-fr- 

Nous  n'insisterons  pas  sur  l'infériorité  de  taille  que  pré- 
sente aussi  notre  individu,  car  elle  pourrait  s'expliquer 
par  une  différence  d'âge,  bien  que  le  sujet  qui  nous  oc- 
cupe nous  ait  paru  parfaitement  adulte, 
Il  mesure 

De  l'extrémité  du  bec  à  l'extrémité  de  la  queue 

(le  lien  passant  sur  le  dos) lm,54 

Longueur  du  bec 0m,10 

Distance  du  bout  du  bec  à  l'évent 0m,30 

Distance  du  bout  du  bec  à  l'œil 0m,28 

Distance  du  bout  du  bec  à  l'émergence  de  la 

pectorale 0m^0 

Distance  du  bout  du  bec  à  la  dorsale 0m,76 

Largeur-de  la  caudale 0ra,32 

Longueur  du  bord  extérieur  de  la  pectorale. .      0m,24 

Hauteur  de  la  dorsale 0m,13 

Circonférence  en  avant  de  la  pectorale 0m,72 

Circonférence  en  arrière  de  la  pectorale 0m,74 

Circonférence  en  avant  de  la  dorsale 0m,72 

Circonférence  en  arrière  de  la  dorsale 0m,60 

Les  dents  sont  moins  allongées  que  celles  de  l'espèce 
précédente,  mais  elles  sont,  comme  elles,  coniques  et 
assez  aiguës;  celles  de  la  partie  médiane  de  chaque  mâ- 
choire sont,  dans  l'une  et  l'autre  espèce,  les  plus  lon- 
gues. 

Nous  n'avons  trouvé  dans  son  estomac  que  quelques 
petits  Poissons.  Sa  chair,  noire  et  un  peu  coriace,  n'était 
cependant  pas  absolument  désagréable  au  goût. 

Les  pêcheurs  qui  l'avaient  capturé  se  plaignaient  vive- 
ment des  graves  avaries  que  son  excessive  vivacité  avait 
fait  éprouver  à  leurs  filets. 

La  capture  d'une  troisième  espèce  de  la  famille  des 
Delphinidés,  effectuée  aussi  dans  notre  rade  d'Alger,  est 
venue  confirmer  un  fait  que  nous  avions  dès  longtemps 
soupçonné,  à  savoir  que  les  rivages  de  la  Méditerranée 
sont  bien  plus  riches  en  Cétacés  qu'on  ne  l'a  supposé  jus- 


travaux  mitons.  <V79 

qu'ici;  mais  il  est  à  craindre  que,  de  bien  longtemps,  on 
ne  puisse  arriver  à  une  certitude  à  cet  égard,  car  les  pê- 
cheurs, redoutant  les  avaries  qui  résultent  pour  leurs  filets 
de  la  prise  d'animaux  d'aussi  grande  taille,  cherchent, 
par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir,  à  les  éloigner,  et  ce 
n'est  qu'accidentellement  que  de  semblables  captures 
s'effectuent. 

Cette  troisième  capture,  dont  nous  allons  dire  quel- 
ques mots,  est  celle  d'un  individu  que  nous  suppo- 
sons être  le  Delphinus  plumbeus,  Dussumier  ;  mais  nous 
n'avons  pas  pu  encore  réunir  des  éléments  d'appréciation 
suffisants  pour  asseoir  cette  opinion  avec  certitude.  Le 
sujet  que  nous  avons  préparé  et  donné  à  notre  musée 
mesure  31U,50,  et,  sauf  le  dessous  du  ventre,  qui  est  d'un 
gris  blanchâtre  sale,  tout  le  surplus  de  cet  animal  est 
d'un  noirâtre  uniforme.  Un  accident,  probablement,  avait 
détaché  une  partie  de  la  peau  qui  recouvre  la  partie  su- 
périeure de  la  mâchoire  et  l'avait  ramassée  en  boule  à  la 
partie  supérieure  du  bec ,  où  elle  forme  une  espèce  d'ex- 
croissance assez  volumineuse.  Nous  n'entrerons  pas  ac- 
tuellement dans  de  plus  grands  détails  sur  cet  individu, 
dont  nous  chercherons  à  éclairer  la  spécialité  au  préa- 
lable. 


Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexique, 
par  M.  H.  de  Saussure. 

Septième  article.  (Voir  p.  4*25.) 
Genre  Carollia,  Gray  (1). 

Dents  au  nombre  de  32.  Prémolaires,  J;  molaires,  f  ; 
vraies  molaires  ayant  la  couronne  garnie  de  pyramides 
plus  ou  moins  aiguës.  Museau  assez  allongé  ;  pas  de  queue. 

Les  vraies  molaires  sont  souvent  tuberculeuses  ;  la 
première  prémolaire  supérieure  est  plus  longue  que  la 
deuxième,  et  les  deux  prémolaires  inférieures  sont  peu 
élevées,  ne  formant  pas  une  longue  pointe. 

(I;  Magazin  of  zool.  and  botany.  1842. 


480     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Novembre  1860.) 

Ce  genre,  envisagé  comme  il  est  ici,  ne  correspond 
point  à  celui  que  M.  Gray  a  établi  sous  ce  nom,  car  cet 
auteur  a  encore  subdivisé  le  groupe  des  Phyllostoma  dé- 
pourvus de  queue,  et  en  a  basé  les  coupes  sur  la  longueur 
relative  de  la  membrane  interfémorale,  caractère  de  très- 
petite  valeur,  puisque  les  mêmes  variations  s'observent 
dans  tous  les  groupes  de  la  famille  des  Vampirides.  Il 
suffit  parfaitement  de  se  borner  à  deux  genres  basés  sur 
la  présence  ou  l'absence  de  la  queue,  organe  qui  est  lui- 
même  un  caractère  de  peu  de  valeur,  puisque  la  queue 
diminue  graduellement  jusqu'à  devenir  nulle  (1). 

L'espèce  qui  suit  appartient  au  groupe  de  celles  dont 
la  membrane  fémorale  est  échancrée. 
Carollia  azteca  (pi.  20,  fig.  1).  Supra  fusca,  vel  fusco-rufa,  subtus 

pallidior  ;  caput,  collum  et  pectus  subrufescentia  ;  rostrum  elon- 

gatum;  frons  elongato-lanceolata;  auriculae  brèves,  excisae,  an- 

titrago  subelongato;  membrana  femoralis  lata,  paulum  excisa; 

calcaribus  magnis. 

Exactement  de  la  taille  du  Ph.  brachtjotum,  ayant  les 
mêmes  formes,  mais  s'en  distinguant  par  l'antitragus,  qui 
est  lancéolé  et  pointu. 

Museau  allongé  et  pointu.  Dents  molaires,  £  ;  les  deux 
incisives  moyennes  supérieures  très-grandes.  Feuille  na- 

(1)  On  est  presque  toujours  obligé  de  prendre  les  genres  de 
M.  Gray  dans  un  sens  autre  que  celui  qu'il  leur  attribuait;  car  les 
caractères  extérieurs  sur  lesquels  il  base  ses  coupes  ne  correspondent 
pas  toujours  à  ceux  qu'on  tire  des  dents,  auxquels  il  faut  donner  la 
préférence.  Pour  pouvoir  conserver  les  noms  de  genre  de  l'auteur,  on 
est  obligé  de  les  appliquer  au  genre  dans  lequel  rentre  l'espèce  ty- 
pique qui  lui  a  servi  à  l'établir,  mais  en  définissant  le  genre  d'une 
tout  autre  façon,  et  souvent  en  écartant  toutes  les  autres  espèces  qui, 
d'après  sa  méthode,  rentreraient  dans  le  genre.  A  vrai  dire,  ceci  ne 
peut  se  faire  qu'avec  beaucoup  de  bonne  volonté,  car,  les  genres  ad- 
missibles se  croisant  avec  les  siens,  on  serait  autorisé  à  rejeter  des 
noms  qui  n'ont  été  imaginés  que  pour  des  coupes  empiriques  dont 
les  éléments  doivent  être  disloqués  et  répartis  dans  d'autres.  Ainsi, 
d'après  les  diagnoses  de  l'auteur  anglais,  le  genre  Carollia  pourrait 
contenir  bien  des  Artibœus,  et  vice  versa. 


TRAVAUX   INÉDITS.  481 

sale  en  fer  de  lance,  allongée  et  terminée  en  pointe,  n'of- 
frant pas  de  bourrelet  médian.  Oreilles  petites,  fortement 
excisées  à  leur  bord  externe;  antitragus  suballongé,  ter- 
miné par  une  pointe  obtuse  et  échancré  près  du  bout,  à 
son  bord  postérieur  (fig.  la).  Membrane  fémorale  mé- 
diocre, échancrée  assez  angulairement  et  aussi  large  que 
longue,  vu  la  grandeur  de  l'éperon  (  lequel  a  7  milli- 
mètres de  longueur).  Membrane  des  ailes  atteignant  le 
tarse,  mais  s'insérant  un  peu  moins  bas  que  la  membrane 
fémorale  (fig.  1).  Pelage  des  parties  dorsales  d'un  brun 
marron,  devenant  un  peu  roussàtre  sur  les  bras,  sur  la 
tête  et  sur  les  côtés  du  cou.  Couleur  des  parties  ventrales 
d'un  gris-brun  pâle,  insensiblement  taché  de  roux  sur  la 
poitrine.  Les  poils  du  dos  noirâtres  à  la  base,  puis  blan- 
châtres au  milieu,  puis  bruns  au  bout;  ceux  du  ventre 
gris  à  la  base,  brun  pâle  au  bout.  Membranes  noirâtres, 
peu  poilues  au  voisinage  du  corps. 

Longueur  de  la  tête  et  du  corps 0m,072 

Longueur  de  l'avant-bras 0,n,042 

Longueur  de  l'oreille  libre 0m,013 

Longueur  de  la  feuille  nasale  avec  le  fer  à 

cheval 0m  ,010-09 

Largeur  de  la  membrane  fémorale  à  l'anus.  0ra,013 

Longueur  des  éperons 0m ,007-8 

Envergure 0m,250-60 

Largeur  de  l'aile  à  1  pouce  du  corps —  0m,0f>5 

Quatre  individus  d*,P  sont  identiques. 

Habite  les  régions  chaudes  et  tempérées  du  Mexique. 

Cette  espèce  ressemble  parfaitement  au  Ph.  brachyotum, 
si  ce  n'est  que  l'antitragus  n'est  pas  raccourci.  Toutefois 
l'envergure  est  moindre  que  12  pouces,  que  Burmeister 
donne  pour  le  Ph,  brachyotum.  Notre  espèce  paraît  avoir, 
au  contraire  les  ailes  plus  larges  et  plus  courtes  que  celle 
du  Brésil  ). 

Un  Ph.  brachyotum,  que  j'ai  reçu  de  Bahia,  au  Brésil, 
a  le  pelage  d'un  brun  plus  marron,  le  ventre  moins  cen- 


48*2     kev.  et  mag.  de  ZOOLOGIE.  (Novembre  1860.) 

dré,  avec  ses  poils  bruns  à  la  base  (  non  cendrés  )  et  le 
corps  un  peu  moins  grand. 

Variété.  —  Nous  possédons  quelques  individus  qui 
diffèrent  du  type  décrit  par  les  caractères  suivants,  qui 
ne  constituent  probablement  pas  une  espèce.  La  couleur 
est  un  gris  de  fumée,  noirâtre  sur  le  dos,  plus  pâle  à  la 
face  antérieure  du  corps  et  un  peu  argenté  (mais  toujours 
de  nuance  noirâtre  et  non  brune).  Les  poils  du  dos  sont 
noirâtres  à  la  base,  plus  pâles  au  milieu,  puis  gris  noi- 
râtre au  bout;  mais  le  noirâtre  de  la  base  s'étend  moins 
loin  que  chez  l'espèce  citée,  tandis  que  le  gris  blanc  du 
milieu  du  poil  est  plus  étendu.  Les  poils  du  ventre  sont 
d'une  couleur  presque  uniforme  dans  toute  leur  étendue; 
leur  pointe  terminale  seulement  est  grisonnante-argentée. 
(  La  feuille  nasale  est  peut-être  un  peu  plus  large,  en  ce 
sens  qu'elle  se  rétrécit  moins  vite.  L'antitragus  est  plus 
allongé,  plus  étroit.  Mais  ces  apparences  pourraient,  à  la 
rigueur,  être  la  suite  de  la  dessiccation.) 

Il  faut  ajouter  qu'on  distingue  les  deux  variétés,  à  pre- 
mière vue,  à  la  couleur  du  pelage,  étant,  la  première, 
d'un  brun  fauve,  et  la  seconde ,  au  contraire ,  d'un  gris 
noirâtre,  sans  trace  de  brun  roussâtre.  Cette  variété  a  été 
tuée  dans  les  mêmes  localités  que  le  type. 

2e  Section.  — Molaires  offrant  des  replis  d'émail  distinc- 
tement en  forme  de  W.  Membrane  interfémorale  très-grande, 
remplissant,  en  général,  tout  l'espace  compris  entre  les  jambes 
et  tronquée  d'un  éperon  à  l'autre. 

Les  genres  qui  paraissent  rentrer  dans  cette  section 
sont  les  suivants  : 

I.  Molaires  au  nombre  de  f. 

Queue  atteignant  le  bout  de  la  membrane  fé- 
morale    Macrophyllum. 

Queue  n'atteignant  pas  le  bout  de  la  mem- 
brane fémorale Phyllostoma. 

II.  Molaires  au  nombre  de  £. 

Queue  dépassant  la  membrane  fémorale Macrotus. 

Queue  plus  courte  que  la  membrane  fémo- 


TRAVAUX    INÉDITS.  ^83 

raie , Lophosloma. 

Pas  de  queue Vampirus. 

Ces  genres  sont  probablement  trop  nombreux  (1). 

La  grandeur  de  la  membrane  interfé morale  et  les  formes 
extérieures,  en  général,  impriment  à  tous  ces  animaux  un 
cachet  particulier  qui  frappe  au  premier  coup  d'oeil. 
Les  dents  ont  une  forme  presque  identique  chez  tous; 
les  incisives  sont  très-resserrées  entre  les  canines; 
souvent  les  canines  inférieures  se  touchent  par  leurs 
talons,  et  les  incisives  mitoyennes  sont  placées  devant  ; 
tandis  que  les  latérales  sont  rejetées  devant  les  mi- 
toyennes et  sont  à  cause  de  cela,  sujettes  à  tomber.  La 
tête  est  très-grande;  le  museau  très-allongé,  sans  être 
cependant  très-étroit  ;  il  est  même  obtus  au  bout,  quoique 
peu  large,  et  paraît  légèrement  renflé,  à  cause  de  la  con- 
vexité des  lèvres.  La  lèvre  inférieure  offre  un  petit  triangle 
lisse  et  nu,  mais  sans  fissure,  et  tout  autour  de  cet  espace, 
on  voit  une  large  zone  poilue,  faiblement  verruqueuse. 
Les  oreilles  sont,  en  général,  extraordinairement  grandes 
et  longues  (2).  La  membrane  fémorale  remplit  tout  l'espace 
entre  les  jambes;  elle  est  supportée  par  de  très -grands 
éperons  et  tronquée  en  ligne  droite  de  l'un  à  l'autre,  point 
échancrée.  Le  pelage  ventral  est,  en  général,  remarquable- 
ment argenté.  La  queue  est  variable.  Le  caractère  que 
l'on  a  tiré  de  son  absence,  de  sa  présence  et  de  sa  lon- 
gueur relative,  et  sur  lequel  on  a  basé  l'établissement  des 
genres,  est  évidemment  assez  secondaire.  Il  ne  me  semble 
pas  suffire  pour  déterminer  la  formation  de  genres  aussi 
nombreux  pour  ces  espèces,  d'un  faciès  tout  unigénérique. 

Dans  la  famille  des  Phyllostomides,  la  queue  n'a  pas  la 
même  importance  que  chez  les  autres  familles  des  Chéi- 

(1)  Ne  possédant  pas  de  représentant  du  genre  Macrophyllum,  je 
ne  puis  en  bien  apprécier  la  valeur. 

(2  Ce  caractère  se  retrouve,  du  reste,  chez  quelques  représentants 
des  autres  genres  ;  il  n'est  pas  d'une  haute  importance,  et  manque 
chez  les  Macrophyllum. 


484     rf.v.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

roptères,  où  cet  organe  jouit  d'une  grande  fixité.  Ici,  au 
contraire,  il  est  si  variable,  se  montrant  fort  développé 
ou  complètement  nul  chez  les  espèces  les  plus  voisines, 
qu'il  doit  évidemment  être  relégué  au  second  plan.  Quant 
à  la  soudure  des  oreilles  sur  la  tête,  qui  a  déterminé 
M.  Gray  à  former  le  genre  Macrotus,  c'est  un  caractère 
plus  accessoire  encore,  et  qui  tient  seulement  à  ce  que  les 
organes  sont  si  développés  qu'ils  se  rencontrent  sur  la 
ligne  médiane.  Or,  chez  les  autres  Phyllostomides,  chez 
les  Rhinolophes  et  chez  les  Vespertilions,  on  rencontre  des 
espèces  qui  possèdent  des  oreilles  très-grandes,  beaucoup 
plus  développées  que  chez  la  majorité  des  représentants  de 
ces  groupes  et  qu'on  nomme  les  oreillards.  Les  Vampires 
ayant  tous  de  grandes  oreilles,  ceux  chez  qui  les  oreilles  se 
soudent  sur  la  tête  ne  sont,  pour  ainsi  dire,  que  les  types 
Oreillards  (à  oreilles  exagérées)  des  Vampires,  et  ils  sont, 
par  rapport  aux  autres  Vampires,  ce  que  les  Vespertilions 
ou  Phyllostomes  oreillards  sont  par  rapport  aux  Vesper- 
tilions et  aux  Phyllostomes  ordinaires. 

Genre  Tylostoma,  Gerv. 

Dents  au  nombre  de  32.  Incisives,  f  j  prémolaires,  f— §■; 
molaires,  f-f.  Incisives  inférieures  latérales,  quelquefois 
placées  devant  les  moyennes  et  souvent  caduques.  Vraies 
molaires  inférieures  très-élevées,  à  pointes  longues  et  ai- 
guës; les  supérieures  l'étant  moins;  la  première  et  la 
deuxième  portant  une  lame  d'émail  qui  dessine  un  W, 
très-distinct,  surtout  aux  supérieures.  La  troisième  vraie 
molaire  inférieure,  grande;  la  supérieure,  petite,  en 
forme  de  lame  transversale.  Crâne  fortement  renflé,  à 
front  un  peu  élevé.  Museau  allongé  ;  membrane  interfé- 
morale grande,  soutenue  par  de  grands  éperons  et  tendue 
en  ligne  droite  de  l'un  à  l'autre.  Oreilles  très-grandes. 
T.  mexicana.  Fusca,  subtus  cinerea;  auriculae  perlongœ,  latee,  pro- 

sthematae  angusto,  margine  exteriore  basi  denticulato  ;  patagium 

fémorale  maximum ,  nullo  modo  emargiaatum  ;  cauda  minima, 

ealcaribus  duplo  brevior. 


TRAVAUX     INÉDITS.  485 

Incisives  inférieures  bien  rangées  ;  feuille  du  nez  longue, 
ovoïde  et  lancéolée,  offrant  de  chaque  côté,  à  sa  base,  un 
sillon  arqué  submarginal  ;  ses  bords  finement  dentelés  ; 
fer  à  cheval  plus  large  que  la  feuille,  à  bords  découpés. 
Lèvres  et  menton  très-fortement  verruqueux  ;  les  verrues 
formant  des  lobes  membraneux  ;  lèvre  inférieure  partagée 
par  un  fort  sillon,  qui  aboutit  dans  un  enfoncement  sous 
la  mâchoire.  Oreilles  très-grandes ,  arrondies.  Oreillon 
triangulaire,  terminé  par  une  lanière  étroite,  mais  n'at- 
teignant pas  au  milieu  de  l'oreille,  offrant  à  la  moitié  in- 
férieure du  bord  externe  trois  échancrures  et  trois  lobules. 
Membrane  fémorale  grande,  point  échancrée,  supportée 
par  de  très-longs  éperons,  et  enveloppant  la  très-courte 
queue,  qui  n'atteint  pas  même  au  quart  de  la  longueur  de 
la  membrane.  Poil  très-long  et  très-fourni,  presque  lai- 
neux. Pelage  du  dos  brun  ;  les  poils  ayant  leur  base  un 
peu  plus  grisâtre  et  plus  pâle.  Ventre  d'un  gris -brun 
blanchâtre  très-pâle;  les  poils  étant  brun  pâle  à  la  base, 
avec  la  pointe  décolorée,  ce  qui  donne  à  la  face  inférieure 
du  corps  une  teinte  argentée.  Membranes  brunes. 

Longueur  de  la  tête  et  du  corps  sans  la 

queue 0m,080 

Longueur  de  Pavant-bras 0m,060 

Longueur  de  la  feuille  avec  le  fer  à  cheval .  0a,011-12 
Longueur  des  oreilles  mesurées  à  leur  face 

externe 0m,022 

Longueur  de  la  queue 0m,006 

Longueur  de  la  membrane  fémorale 0,n,027 

Longueur  des  éperons 0m,014 

Habite  les  régions  chaudes  du  Mexique. 

Cette  espèce  ressemble  parfaitement,  pour  les  formes,  au 
Vampirus  auritus ,  Peters,  si  ce  n'est  que  les  membranes 
du  nez  sont  plus  dentelées  et  que  le  bord  antérieur  de 
l'oreillon  ne  l'est  pas.  Elle  est,  du  reste,  de  taille  presque 
moitié  moindre,  et  ses  incisives  inférieures  sont  bien  ran- 
gées, tandis  que  l'espèce  citée  n'en  offre  que  deux,  parce 


486    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

que  les  deux  externes  ne  trouvant  pas  à  se  loger  entre  les 
canines  sont  rejetées  en  avant  et  tombent. 

Genre  Macrotus,  Gray. 
Dents  au  nombre  de  34.  Incisives,  f.  Prémolaires,  f-|; 
molaires,  f-f  ;  queue  grande,  dépassant  la  membrane  fémo- 
rale ;  oreilles  soudées  ensemble  sur  la  tête. 
Macrotus  mexicanus.  Supra  fuscescens,  subtus  cinerascens;  auvi- 
culœ  magnœ;  frons  nasalis  subtriangularis,  apicc  obtusiuscula, 
vix  longior  quam  latior;  alae  ante  tibiae  apicem  insertae;  patagium 
fémorale  truncatum,  nullo  modo  excisum,  caudœ  articulo  ultimo 
superatum. 

Le  museau  est  allongé,  étroit,  mais  arrondi  et  obtus  au 
bout.  Les  quatre  incisives  inférieures  sont  bien  rangées. 
La  feuille  nasale  est  petite,  subtriangulaire,  un  peu  plus 
longue  que  large,  unie  au  fer  à  cheval.  Les  narines  for- 
ment deux  boutonnières  obliques.  La  lèvre  inférieure 
offre  un  triangle  nu,  entouré  d'un  large  espace  poilu  et 
garni  de  petites  verrues.  Les  oreilles  sont  excessivement 
grandes,  arrondies,  à  bords  convexes  et  garnis  de  longs 
cils.  L'extrémité  inférieure  de  leur  bord  externe  offre  un 
lobe  saillant  (l'antitragus)  et  le  bord  se  prolonge  ensuite 
jusque  sous  l'œil.  L'oreillon  est  grand  et  large;  son  bord 
externe  est  droit  et  offre,  vers  le  bas,  des  irrégularités; 
l'interne  est  convexe;  l'extrémité  se  termine  par  une  la- 
nière étroite.  La  membrane  qui  unit  les  deux  oreilles  n'a 
que  5  ou  6  millimètres  de  hauteur  ;  elle  est  poilue  et  échan- 
crée  au  milieu.  Les  pattes  sont  longues  et  grêles,  mais  les 
éperons  sont  plutôt  courts  à  proportion.  La  membrane 
interfémorale  est  très-grande,  tendue  en  ligne  droite  d'un 
éperon  à  l'autre,  mais  point  échancrée  ;  elle  est  dépassée 
par  la  dernière  vertèbre  de  la  queue  tout  entière  qui  a 
presque  5  millimètres  de  longueur.  La  queue  se  compose 
de  5  vertèbres,  dont  la  première,  petite.  L'aile  s'insère  au 
tibia  à  2  ou  3  millimètres  au-dessus  du  tarse .  —  L'individu 
qui  sert  de  type  à  cette  espèce  a  été  détérioré  par  un  long 
séjour  dans  l'alcool,  en  sorte  que  le  poil  était  en  partie 


TRAVAUX   INÉDITS.  487 

tombé.  Ce  qu'il  en  reste  suffit  cependant  pour  montrer 
que  le  pelage  était  d'un  brun  foncé  sur  le  dos,  pâle  et 
cendré  sur  le  ventre,  et  que  les  poils,  tant  en  dessus  qu'en 
dessous,  étaient  blanchâtres  à  la  base  et  bruns  au  bout. 
Longueur  du  corps  et  de  la  tête  étendue.    0m,055 
Longueur  du  corps  jusqu'au  sommet  de  la 

tête 0B,,042 

Longueur  de  la  tète 0m,025 

Longueur  des  oreilles  à  leur  face  externe. .     0œ,021 

Largeur  des  oreilles Om,016 

Longueur  de  l'oreillou 0m,010 

Longueur  de  la  feuille  nasale 0m,005 

Longueur  de  la  feuille  nasale  avec  le  fer  à 

cheval 0m,007 

Largeur  de  la  feuille  nasale 0",004 

Longueur  de  l'avaut-bras 0m,051 

Longueur  de  la  cuisse 0ni,023 

Longueur  du  tibia , 0m,02.'î 

Longueur  de  la  queue 0m,031 

Longueur  de  l'éperon . .     0m,010 

Habite  les  terres  chaudes  de  la  province  de  Mexico.  — 
J'ai  tué  cette  Chauve-Souris  dans  les  environs  de  Yaute- 
pec,  près  de  Cuautla.  Je  l'avais  d'abord  prise  pour  le 
Macrotus  Walerhausii,  Gray  ;  mais  ses  mesures  ne  corres- 
pondent pas  à  celles  que  l'auteur  anglais  donne  pour  l'es- 
pèce de  Haïti,  dont  la  feuille  nasale  a  5  lignes  de  lon- 
gueur, dont  le  corps  est  plus  grand  que  chez  notre  espèce, 
dont  l'éperon  a  G  lignes  de  longueur  (1),  etc. 

Genre  Vampirus,  Gray,  Gerv. 

V.  AiiRicuLARis.  Parvulus;  auriculie  rhinophyllumque  maxima,  apice 
acuminafa  ;  tragus  longissimus,  acumiuatus;  palagium  fémorale 
calcareaque  maxima;  ala  iu  tibue  apice  iuserta;  dorsum  fulvo- 
fuscum  ;  venter  fulvo-albicans. 

(I)  Depuis  que  ce  mémoire  est  sous  presse,  il  m'est  tombé  sous  les 
yeux  la  description  d'un  nouveau  Macrotus,  le  M.  californiens, 
Baird.  [Proced.  of  the  Acad.  of  Philad.,  1858,  p.  lui),  qui  semble 
être  très-voisin  du  nôtre;  toutefois,  sa  queue  est  plus  longue  et  l'o- 
reille me  semble  s'avancer  plus  près  de  l'œil.  Il  serait  cependant  bon 
de  comparer  les  individus  des  deux  provenances. 


488    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

Oreilles  extraordinairement  grandes,  très-larges,  sur- 
tout très-longues  et  assez  pointues;  leur  bord  externe  fai- 
blement excisé  au  bout.  On  remarque  au  tiers  interne  un 
repli  longitudinal  de  la  peau  du  pavillon  de  l'oreille.  A  la 
base  du  bord  externe  de  ce  dernier  est  une  échancrure 
qui  le  sépare  de  l'antitragus,  lequel  forme  un  lobe  étroit 
et  arrondi  au  bout,  plus  ou  moins  semblable  à  un  oreillon. 
Oreillon  très-long,  très-étroit,  terminé  en  pointe.  Feuille 
nasale  ovale,  triangulaire,  très-longue  (renversée  en  ar- 
rière, elle  dépassait  de  beaucoup  le  vertex),  entière, 
pointue,  avec  un  très-faible  bourrelet  médian  (  sa  partie 
libre  ayant  0m,010  de  longueur).  Fer  à  cheval  très-grand, 
plat,  ses  bords  couverts  de  poils  couchés,  rayonnants,  et 
longuement  cilié  ;  lèvres  poilues  ;  ailes  parlant  de  l'extré- 
mité du  tibia,  s'insérant  un  peu  en  devant;  pouce  très- 
grêle  ;  ses  deux  phalanges  d'égale  longueur  ;  la  première 
entièrement  enveloppée,  la  seconde  libre.  Membrane  in- 
terfémorale très-grande ,  soutenue  par  de  très-grands 
éperons,  et  tronquée  d'un  éperon  à  l'autre  ;  son  milieu 
occupé  par  une  ligne  fibreuse,  tandis  que  deux  autres 
sillons  obliques  gagnent  le  haut  des  tibias.  Poils  très-longs 
(0m,011,  sur  le  dos).  Dos  d'un  brun  fauve;  les  poils  blanc 
fauve  à  la  base  et  passant  peu  à  peu  au  gris  fauve  ;  la 
pointe  brun  fauve.  Dessus  de  la  tête  et  base  de  la  face  dor- 
sale des  oreilles  et  épaules  couverts  de  longs  poils  blanc 
fauve  ou  roussàtres  ;  la  gorge  plus  blanche  encore.  Le 
ventre  et  la  poitrine  sont  fauve  pâle,  avec  les  flancs  plus 
obscurs,  parce  que  les  poils  sont  fauve  brun  avec  la  pointe 
blanchâtre  et  qu'ici  cette  pointe  est  à  peine  apparente  (1). 
Longueur  du  corps  mesuré  du  vertex  au 

coccyx O"1^ 

Longueur  de  la  portion  libre  des  oreilles . .     0m,027 

Longueur  de  la  feuille  nasale 0m,012 

Longueur  de  l'avant-bras 0m,058 

(1)  Cet  individu  est  probablement  décoloré;  sa  couleur  naturelle 
est,  sans  doute,  grisâtre. 


TRAVAUX   INÉDITS.  489 

Ce  Vampire  habite  le  Brésil,  et  je  ne  le  joins  ici  que 
comme  espèce  voisine  do  colles  qui  sont  décrites  dans 
cette  note.  Le  type  se  voit  au  muséum  de  Paris. 

Observation.  Je  place  provisoirement  cette  curieuse 
espèce  dans  le  genre  Vumjrirus,  quoique  je  n'aie  pu  exa 
miner  sa  dentition;  car,  par  ses  autres  caractères,  elle 
me  fait  l'effet  de  devoir  rentrer  dans  ce  genre.  L'extrême 
grandeur  des  oreilles,  du  tragus  et  de  la  feuille  nasale 
ui  donne  le  faciès  du  V.  spectrum,  mais  elle  s'en  éloigne 
par  des  caractères  très-nets.  Les  oreilles  sont  bien  plus 
grandes  à  proportion  et  se  terminent  d'une  manière  plus 
pointue  ;  la  feuille  nasale  est  relativement  plus  grande, 
plus  longue  et  plus  pointue;  Comme  chez  le  V.  spectrum, 
l'aile  ne  part  pas  de  la  base  des  orteils,  mais  de  la  base 
du  tibia,  etc. 

(11  est  instructif  de  noter  que  chez  cette  espèce,  qui, 
par  la  grandeur  de  ses  membranes,  rappelle  les  Macrotus, 
le  poil  prend  aussi  la  finesse  qu'on  remarque  chez  ces 
derniers.) 

Tribu  des  Glossophagiens. 

Museau  très-étroit  et  très-allongé  (presque  en  forme  de 
bec)  ;  lèvre  inférieure  profondément  fendue  et  partagée 
par  une  fissure.  Dents  nombreuses  ,  au  nombre  de  30  à  36. 
Incisives  petites,  souvent  caduques,  surtout  les  inférieures, 
espacées  et  rangées  par  paires.  Molaires  inférieures  com- 
primées; prémolaires  grandes,  comprimées,  presque  tri- 
cuspides,  à  pointe  médiane  longue  et  très-pointue. — Les  os 
maxillaires,  étant  très-allongés,  permettent  aux  dents  d'oc- 
cuper chacune  un  grand  espace,  malgré  leur  grand  nom- 
bre, et  même  aux  prémolaires  d'être  espacées. —  Langue 
très-longue  et  très-grêle,  se  projetant  très-longuement  hors 
de  la  bouche  (1).  (Feuille  nasale  petite  ;  queue  et  mem- 
brane fémorale  variables,  souvent  nulles.  ) 

Ces  animaux  sont  très-facilement  reconnaissables  à  leur 
longue  langue  qui  fait  saillie  hors  de  la  bouche,  à  leur 
lèvre  inférieure  qui  est  fendue  et  bilobée,  et  à  l'étroitesse 

2e  série,  t.  m.  Année  1860.  32 


490     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

de  leur  long  museau.  Celui-ci  forme  comme  un  fourreau  à 
la  langue,  laquelle  se  projette  au  dehors  par  le  vide  que  les 
incisives  laissent  entre  elles.  Ces  dents  paraissent  être  très- 
caduques,  pour  laisser  plus  de  jeu  à  la  langue  qui,  dans 
son  extension,  passe  entre  les  canines  et  s'étend  hors  de 
la  bouche,  sans  que  celle-ci  ait  à  s'ouvrir,  parce  que  la 
lèvre  supérieure  et  les  deux  lobes  de  l'inférieure  forment 
une  espèce  de  gaine  dans  laquelle  cet  organe  glisse. 

Les  Glossophagiens  volent  le  soir,  en  quête  d'insectes 
qu'ils  gobent  probablement  en  leur  dardant  leur  langue 
gluante. 

Leach  et  Gray  ont  partagé  les  Glossophages  en  plusieurs 
genres  basés  sur  la  présence  ou  l'absence  de  la  queue,  et 
sur  la  présence  de  la  membrane  interfémorale.  Ces  ani- 
maux, étudiés  d'après  leur  système  dentaire,  ne  donnent 
pas  lieu  aux  mêmes  coupes,  mais  ils  offrent  néanmoins 
plusieurs  types  de  dentition  qui  indiquent  autant  de  genres. 
Les  canines,  étant  toujours  les  mêmes,  ne  fournissent 
guère  de  caractères  ;  les  incisives  paraissent  aussi  toujours 
au  nombre  de  f-f  ;  mais  elles  ne  se  trouvent  pas  toujours 
au  complet,  car  elles  sont  plus  ou  moins  caduques  et 
sujettes  à  manquer.  Cette  circonstance  est,  du  reste,  bien 
en  rapport  avec  les  mœurs  de  ces  Chauves-Souris,  qui 
s'emparent  des  insectes  avec  leur  langue  gluante,  ou  su- 
cent le  sang  des  quadrupèdes  avec  les  lèvres;  les  inci- 
sives leur  sont  donc  presque  inutiles,  et  ne  semblent  exis- 
ter que  pour  la  bonne  règle  ;  elles  sont  même  une  gêne 
pour  la  langue,  qui  doit  se  mouvoir  entre  elles  en  se 
projetant  par  le  tube  de  la  bouche.  Rudimentaires  et  mal 
plantées,  elles  s'ébranlent  et  tombent  fréquemment,  peut- 
être  chassées  par  les  mouvements  de  la  langue.  Les  mo- 
laires, au  contraire,  varient  en  nombre  d'une  manière 

(1)  Ces  animaux,  en  mourant,  projettent  la  langue  hors  de  la 
bouche,  en  sorte  que,  chez  les  sujets  conservés  dans  l'alcool,  cet 
organe  fait  longuement  saillie. 


TRAVAUX   INÉDITS.  491 

normale,  et  permettent  de  distinguer  dans  les  Glossopha- 
giens  quatre  types  principaux. 

Classification  des  Glossophagiens. 

I.  Molaires  au  nombre  de  f Ischnoglossa. 

II.  Molaires  au  nombre  de|. 

Queue  courte Hemiderma  (1). 

Pas  de  queue,  membrane  fémorale  large . .  Glossophaga. 
III.  Molaires  au  nombre  de  f . 

Queue  plus  ou  moins  courte Monophyllus  (2). 

IV-  Molaires  au  nombre  de  f . 

Pas  de  queue Anoura. 

Genre  Ischnoglossa  (1).  (PI.  20,  fig.  2.) 

Dents  au  nombre  de  30  seulement. 

Incisives,  |— f  ;  canines,  \-\\  molaires,  ~~j. 

Incisives  supérieures  (fig.  1b)  écartées,  mais  rangées 
régulièrement  ;  les  latérales  petites  et  aiguës;  les  médianes 
très-larges;  les  inférieures  petites  et  rangées  par  paires  ; 
canines  longues;  les  supérieures  offrant  à  la  base,  de 
chaque  côté,  un  petit  talon  qui  les  rend  presque  tricus- 
pides.  Prémolaires,  f,  tricuspides,  espacées,  très-com- 
primées (fig.  2),  la  première  inférieure  à  forme  peu  pro- 
noncée, contiguë  à  la  canine;  la  première  supérieure  sé- 
parée de  la  canine  par  un  grand  espace  libre.  Molaires  f , 
fortement  comprimées,  très-allongées  dans  le  sens  an- 
téro-postérieur,  peu  élevées,  très-serrées;  les  supérieures 
bilobées  à  leur  bord  externe;  les  inférieures  trilobées;  la 
première  surtout  offrant  deux  pointes  à  son  éminence 
médiane  et  à  la  postérieure. — Les  molaires  inférieures  sont 
les  plus  allongées  d'avant  en  arrière  ;  au  premier  aborda, 
on  les  prendrait  chacune  pour  la  réunion  de  deux  dents 

(1)  Ces  genres  Hemiderma  et  Glossophaga  sont  plutôt  des  sous- 
genres  du  genre  Glossophaga,  caractérisé  par  -f  molaires. 

(2)  Le  genre  Phyllophora,  Gray,  rentre  dans  ce  genre  de  Leach 
Gray  ne  l'en  a  distingué  par  aucun  caractère.  Il  n'en  diffère  que  par 
la  présence  de  4  incisives  à  la  mâchoire  inférieure,  tandis  que,  selon 
Leach,  ces  dents  feraient  défaut,  ce  qui  dépend  uniquement  de  l'âge* 
(Voyez  la  note  ci-dessus.) 


492     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1 860.) 

esuccessives).  —  Lèvre  inférieure  fendue.   Queue  null 
(membrane  fémorale  rudimentaire). 

M.  nivalis  (pi.  20,  fig.  2).  Magna  et  crassa;  podes  crassissimi  ;  ala 
tibiae  iuserta,  altius  quam  tarsus;  patagium  interfemorale  valde 
emarginatum,  zonam  angustam  efficiens  in  genu  latiorera. 

Formes  trapues  et  lourdes  ;  tête  grosse;  museau  allongé, 
mais  médiocrement  grêle.  Feuille  nasale  courte  et  large, 
aussi  large  que  longue,  cordiforme  (2a).  Oreilles  mé- 
diocres, fortement  échancrées  à  leur  bord  externe,  à 
extrémité  arrondie  et  dirigée  en  dehors.  Oreillon  épais, 
long,  terminé  en  pointe  mousse  et  portant  deux  dente- 
lures à  son  bord  postérieur.  Pouce  fort  ;  pattes  très-grosses 
et  trapues,  à  tarse  large;  le  pied  très-gros  et  trapu.  Mem- 
brane interfémorale  rudimentaire  (quoique  plus  déve- 
loppée que  chez  YÀnoura  ecaudata),  échancrée  angulaire- 
ment  et  formant  seulement  une  bande  qui  borde  les 
jambes  et  le  coccyx,  assez  large  au  genou,  étroite  au  tarse 
et  au  coccyx.  Ailes  s'insérant  au  quart  inférieur  du  tibia. 

Longueur  du  corps  depuis  le  sommet  du 

crâne  jusqu'à  l'anus 0m,072 

Longueur  avec  la  tête  étendue 0m>080 

Largeur  du  corps  aux  épaules 0m,037 

Largeur  du  corps  à  l'abdomen 0m,034 

Longueur  de  la  tête 0m,030 

Longueur  de  l' avant-bras 0m,060 

Longueur  du  tibia 0m,021 

Longueur  de  la  membrane  interfémorale 

au  coccyx 0",004 

Longueur  de  la  membrane  interfémorale 

>  au  genou 0m,008 

Longueur  des  éperons/ 0m,003 

Longueur  de  la  feuille  nasale  avec  le  fer  à 

cheval 0m,006 

Largeur  de  la  feuille 0m,0042 

Toutes  ces  mesures  ont  été  prises  sur  l'animal  en  chair. 
Habite  les  montagnes  du  Mexique.  J'ai  tué  ce  Glosso- 

(1)  l'ff'xyor,  étroit;  yhcoeo-a.,  langue. 


TRAVAUX     INEDITS.  H)i 

phage  près  de  la  limite  des  neiges  du  pic  d'Orizaba,  au 
bord  d'une  forêt  de  pins. 

Cette  espèce  est  très-remarquable  par  ses  formes  tra- 
pues et  par  sa  taille,  qui  en  lait  probablement  le  plus 
grand  des  Glossophages  connus.  La  langue  a  28  millimètres 
de  longueur;  elle  est  canaliculée  en  dessous,  très-papilleuse, 
et  dans  ses  2/5  terminaux  elle  est  pennée  bilatéralement, 
ses  bords  étant  garnis  de  papilles  qui  ressemblent  à  de 
longs  poils  bouclés. 

Explication  des  figures.—  Fig.  2,  l'espèce  de  grandeur  naturelle. 
—  2a,  sa  feuille  nasale,  vue  par  devant,  grossie  ;  —  26,  dents  inci- 
sives et  canines  grossies;  —  2c,  le  crâne  vu  de  profil,  de  grandeur 
naturelle  ;  —  2d,  les  mâchoires,  vues  de  profil,  grossies. 

Genre  x\noura,  Gray  (Chœronycteris,  Tschudi). 

Dents  au  nombre  de  36,  lorsque  les  incisives  ne  sont 
pas  tombées;  prémolaires,  |-|  ;  molaires,  -*-|. 

(Queue  nulle;  membrane  interfémorale  rudimentaire,  ne 
formant  qu'une  simple  bordure  aux  jambes  et  au  coccyx.) 

Le  caractère  le  plus  essentiel  de  ce  genre,  on  peut  dire 
son  véritable  caractère,  ne  réside  ni  dans  la  forme  de  la 
membrane  fémorale  ni  dans  le  nombre  des  canines  ou 
des  incisives,  toujours  le  même  chez  les  Phyllostomides  (1), 
mais  bien  dans  celui  de  ses  dents  molaires,  qui  est  précisé- 
ment celui  qu'on  n'avait  pas  remarqué.  Les  Ânoura  sont, 
de  toutes  les  Chauves-Souris,  les  plus  dentées,  puisqu'elles 
possèdent  f  molaires.  Sans  ce  caractère,  le  genre  n'aurait 
guère  qu'une  valeur  sous-générique. 
Anoura.  ecaudata,  Geoff.  Supra  fusca,  subtus  pallidior,  collo  pallide 

fusco,  ventre  argentato  ;  patagium  fémorale  rudiraentarium,  crura 

marginans. 

Petit.  Museau  très-grêle  et  allongé;  feuille  nasale  très- 
petite.  Oreilles  petites,  excisées  à  leur  bord  externe.  Mem- 

(1)  Il  ne  semble  varier  que  parce  que  les  incisives  sont  plus  ou 
moins  caduques  chez  certaines  espèces. 


494     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

brane  interfémorale  rudimentaire,  bordant  seulement  les 
cuisses. 

Le  pelage  d'un  gris-brun  de  Souris,  un  peu  argenté  sur 
le  ventre  et  sur  les  flancs.  Les  poils  de  la  face  dorsale  du 
corps ,  pâles  à  la  base,  brun  foncé  au  bout;  ceux  de  la 
face  ventrale  brun  foncé,  avec  le  bout  argenté  ou  pâle  ; 
ceux  de  la  gorge  et  du  cou  unicolores,  d'un  gris-brun  pâle, 
mais  non  argentés.  Membranes  noirâtres,  fort  peu  velues 
autour  du  corps. 

Je  ne  suis  pas  sans  conserver  quelque  doute  relative- 
ment à  l'identité  de  ce  Glossophage  avec  le  G.  ecaudata; 
la  taille  de  ce  dernier  est  supérieure  à  celle  de  nos  indivi- 
dus du  Mexique,  dont  les  mesures  suivent  : 
Longueur  du  corps  jusqu'au  sommet  de  la 

tête 0m,044 

Longueur  de  la  tète 0m,028 

Longueur  de  l'avant-bras 0m,041 

Longueur  de  la  feuille  nasale  avec  le  fer  à 

cheval 0m,004 

Largeur  de   la    membrane  fémorale   au 

genou 0m,003 

Habite  les  régions  chaudes  et  tempérées  du  Mexique. 


Catalogue  des  Poissons  recueillis  ou  observés  à  Cette, 
accompagné  de  notes  explicatives  et  de  quelques  idées 
sur  la  pisciculture  marine,  par  M.  N.  Doumet.  (V.  p.  299 
et  355,  405.) 

VIII. 
Liste  des  espèces  observées  à  Cette. 

ACANTHOPTÉRYGIENS. 

I.  Percoides. 

1.  Labrax. 

1.  Lupus,  Cuv.  —  Loup.  —  Tr.  C.  (1). 

Perça  labrax,  L.  Riss.  —  P.  punclata,  Gm.,  Riss.  (junior). 

(1  )  C.,  commun  ;  —  tr.  C,  très-commun  ;  —  as.  C,  assez  commun  ; 
—  p.  C.,  peu  commun;  —  R.,  rare;  —  tr.  R.,  très-rare;  —  as. R., 
assez  rare. 


TRAVAUX   INÉDITS.  fc95 

2.  Seraanus. 


2.  Scriba,  Cuv.  —  Saran.  —  C. 

3?  Argus,  Riss.  —  Saran,  —  As.  C. 

4.  Cabrilla,  Cuv.  —Saran,  —  C. 

5?  Fasuiatus,  Riss.  —  Saran.  —  P.  C. 


6.  Flavus,  Riss.  —  Saran  tjaouné.  —  As.  C. 

7.  Hepatus,  Cuv.  —  Pètaïré.  —  C, 

Labrus  hepatus.  L. 


3.  Anthias. 

8.  Sacer,  Bp.  —  .  —  P.C. 

Labrus  anthias,  L.—  Serranus  anthias,  Cuv.,  Risso. 

4.  POLYPRION. 

9.  Cernium,  Cuv.  —  .  —  R. 

Holocentrus  gulo,  Riss. 

5.  Trachinus. 

10.  Draco,  L.  —  Iragna.  —  Tr.  C. 

11.  Araneus,  Riss.  —  Iragna.  —  R. 

Trachinus  Hneatus? Riss.,  28  édition. 

12.  Radiatus,  Cuv.  —  Iragna,  —  R. 

13.  Vipera?  Cuv.  —  Iragna.  —  C. 

6.  Uranoscopus. 

14.  Scaber,  L.  —  Bioôu.  —  Tr.  C. 

7.  SPHYRiENA. 

15.  Vulgaris,  Cuv.  —  Broutchet  dé  mar.  —  R. 

Esoxsphyrœna^L.  —  Sphyrœna  spet,  Riss.,  Bp. 

(MULLES.) 

8.  Mullus. 

16.  Surmuletus,  L.  —  Routjet.  —  P.  C. 

17.  Barba  tus,  L.  —  Routjet.  —  Tr.  C. 

18.  Fuscus,  Riss.,Raf.  —  Routjet.  —  C. 

II.  Joues  cuirassées. 

9.  Trigla. 

19.  Pini,  Bloch.  —  .  —  P.  C. 

Trigla  cuculus,  L.,  Bp.— Trigla  hirundo,  Riss.,  2e édition 

20.  Lineata,  L.,  Bloch.  —  Ibrougna.  —  C. 

Trigla  adriatica,  Gm.,  Riss. 


496     rev.  et  MAfr..  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

21.  Corax,  Rond.,  Bp.  —  Cabota  voulanla.  —  Tr.  C. 

Trigla  hirundo,  Rloch,  Cuv. 

22.  Microlepidota ,  Riss.  —  Cabota  voulanla.  —  C. 

Trigla  pœciloptera, Cuv.?  ' 

23.  Lyra,  L.  —  Pinaou.  —  C. 

24.  Gurnardus,  L.  —  Bélugan.  —  P.  C. 

25.  Cuculus,  Bloch.  —  Bélugan.  —  C. 

26.  Obscura,  L.  —  Linota.  —  As.  C.  — 

Trigla  Lucerna,  Brun.,  Cuv. 

27.  Milvus,  Rond.,  Bp.  —  Cabiouna,  —  C. 

28.  Aspera,  Vivian.  —  Rqscassoun.  —  G. 

10.  Peristedion. 

29.  Cataphractum,  Lacép.  —  Marco-temps,  Malarmat.  —  As.  C 

30.  Chabrontera,  Riss.  —  Marco-temps,  Malarmat.  —  As.  C. 

11.  Dactylopterus. 

31.  Pirapeda,  Riss.  —  Ratapenada,  Peï  voulan.  —  R 

12.  ScORPjENA. 

32.  Scrofa,  L.  —  Capoun.  —  Tr.  C. 

33.  Lutea,  Riss.  —  Capoun  tjaounè.  —  P.  C, 

34.  Porcus,  L.  —  Rascassa.  —  Tr.  C. 

III.  Scienoides. 

13.   SCIilNA. 

35.  Aquila,  Cuv.  —  Daines.—  As.  C. 

Sciœna  umbra,  Bp. 

14.  CORVINA. 

36.  Nigra,  Cuv.  —  .  V.  C. 

Sciœna  umbra,  Risè. 

15.  Umbrina. 

37.  Vulgaris,  Cuv.  —  Daines.  —  C. 

IV.  Sparoides. 
16.  Sargus. 

38.  Rondeletii,  Cuv.  —  Sarguet.  —  Tr.  C. 

Sargus  sargus,  Riss. 

39.  Salviani,  Cuv.  —  Sarguet.  —  Tr.  C. 

40.  Anuularis,  Cuv.  —  Sarguet.  —  Tr.  C. 

41.  Vetula?  Cuv.,  —  SargueL 


TRAVAUX   INÉDITS-  497 

42.  Sp.  ? 

17.  Chrysophrys. 

43.  Aurata,  Cuv.  —  Saouquena.  —  Tr.  C. 

18.  Pagrus. 

44.  Vulgaris,  Cuv.  —  Pagre,  —  P.  C. 

Pagrus  pagrus,  Riss . 

19.  Pagellds. 

45.  Erythrinus,  Cuv.  —  Patjel.  —  C. 
46?  Centrodontus,  Cuv.?  —  Patjel. 

Pagrus  massiliensis,  Riss. 

47.  Acarne,  Cuv.  —  Patjel.  —  C. 

48.  Bogaraveo,  Cuv.  —  Bougrabéou.  ■ 

49.  Mormyrus,  C.  —  Tenillé.  —P.  C. 

20.  Dentbx. 

50.  Vulgaris,  Cuv.  —  Denli.  —  P.  C. 

51.  Cetti.  Riss.  —  Denti,  Pagre.  —  R. 
52?  Sp.? 

21.  Cantharus. 

53.  Vulgaris,  Cuv.  —  Canlarèla,  Sar.—  P.  C. 

54.  Orbicularis,  Cuv.,  Bp.  —  Canlarèla,  Sar.  —  P.  C. 

22.  Box. 

55.  Vulgaris,  Cuv.  —  Bogua.  —  Tr.  C. 

56.  Salpa,  Cuv.  —  Saoupa.  —  C. 

23.  Oblata. 


. 

—  c. 

57.  Melauura,  Cuv.  —  Néblada,  .Négrouna?  —  C. 


V.   MÉNIDES. 


24.  M«NA. 

58.  Vulgaris,  Cuv.  —  Mata-Souldat.  —  C. 

Smaris  mcena,  Riss . 

59.  Osbeckii,  Cuv.  —  Mata-Souldat.  —  As.  C. 

25.  SMARIS. 

60.  Vulgaris,  Cuv.  —  Vernièïra.  —  P.  C. 

61.  Alcedo,  Cuv.  —  Vernièïra.  —  C. 

62.  Chryselis,  C.  —  Vernièïra.  —  C. 

63.  Gagarella,  Cuv.  —  Vernièïra.  —  C. 

64.  Gracilis?  Bp.  —  Vernièïra.  —  As.  C. 


TRAVAUX  INÉDITS.  499 

37.  Capros. 

81.  Aper,  Lacép.  —  Peï  porc.  —  As.  C. 

VIII.  T^NIOIDES. 
38.  Lepidopus. 

82.  Perronii,  Riss.  —  Peï  d'Artjen.  —  R. 

Lepidopus  argyreus?Cw. 

39.  Trachypterds. 

83.  Faix,  Val.—  Peï  d'Artjen.  —  R. 

84.  Iris,  Val.  —  Peï  dArtjen.  —  R. 

40.  Bogmarus? 

85.  Aristotelis?  Riss.  —  Peï  d'Artjen.  —  R. 

41.  Cepola. 

86.  Rubescens,  L.  —  Démouéïsèla.  —  As.  C. 

IX.  Mugilides. 

42.  Mugil. 

87.  Cephalus,  Cuv.  —  Cabot.  —  Tr.  C. 

88.  Capito,  Cuv.  —  Yol  nègre.  —  Tr.  C. 

89.  Auratus,  Riss.  —  Gaouta-Roussa.  —  Tr.  C. 

90.  Saliens,  Riss.  —  .  —  M.  C. 

91.  Chelo,  Cuv.  —  Canûda.  —  C. 

92.  Labeo,  Cuv.  —  .  —  As.  C. 

X.  Athérinides. 

43.  Atherina. 

93.  Hepsetus,  L.  —  Saouclet»  —  G. 

94.  Boyeri,  Riss.  —  Tjol.  —  Tr.  C. 

95.  Mochon?  Val.  —  Tjol,  Saouclet.  —  R. 

XI.  Gobi o ides. 

44.  Blennius. 
96?  Gattorugine,  Willughb.  —  Bavousa? 

97.  Tentacularis, Raf.  —  Bavousa? 

98.  Ocellaris,  L.  —  Lèbra,  Diable.  —  Tr.  C. 

99.  Inaequalis,  Cuv.,  Val. 

100?  Montagui,  Flemm.  —  Bavousa? 

101.  Pavo,  Riss.  —  Bigouna?  Caouquillada?  Démouèïzèla.—  t- 

Blennius  varus?,  Bp. 

102.  Rouxi,  Bp.  —  mm  R. 


498     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 
VI.  Squammipennes 
26.  Brama. 
65.  Rayi,  Bloch.,  Schnd.  —  Castagnola.  —  Tr.  R. 

VII.  SCOMBÉROIDES. 
27.    SCOMBER. 


66.  Scombrus,  L.  —  Beïdat.  —  Tr.  C. 

67.  Colias,  Gm.  —  Gros-Yol,  Biar.  —  R. 


28.  Thynnus. 

68.  Mediterraneus,  Riss.  —  Thoun.  —  C. 

Thynnus  vulgaris,  Cuv. 

69.  Thunnina,  Cuv.  —  Thounina.  —  P.  C. 

Thynnus  Leachianus,  Riss. 

70.  Alalonga,  Cuv.  —  Thoun.  —  R. 

•  29.  Pelamïs. 

71.  Sarda,  Cuv.  —  Bounitou.  —  P.  C. 

30.  XlPHIAS. 

72.  Gladius,  L.—Peï  empérûr.  —  As.  C. 

31.  Naucrates. 


73.  Ductor,  Cuv.  —  Fanfré.  —  As.  C. 

Centronolus  conductor,  Riss. 

32.  Lichia. 

74.  Amia,  Cuv.  —  Litcha.  R. 

Lichia  vadigo,  Riss. 

75.  Glaucus,  Cuv.  —  Litcha.  —  R. 

Lichia  glaycos,  Riss.  —  Derbio,  Rond. 

33.  Caranx. 

76.  Trachurus,  Lacép.  —  Gascoun.  —  C 

34.  Centrolophus. 

77.  Pompilus,  Cuv.,  Val.  —  .  —  R. 

35.  Stromateus. 

78.  Microchirus,  Bp.  —  .  —  R. 

36.  Zeus. 

79.  Faber,  L.  —  Gai,  Peïsan  Pierre.  —  Tr.  C. 

80.  Pungio,  Val.  —  Gai,  Peï  san  Pierre.  —  As.  C. 


500     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

45.  Clinus? 
103?  Argentatus,  Cuv. 

46.  Gobius. 

104.  Niger,  L.  —  Gobi. 

105.  Capito,  Cuv.  et  Val.  —  Gobi.  —  As.  C. 

Gobius  bicolor?,  Riss. 

106.  Auratus,  Riss.  —  Gobi.  —  As.  C. 

107.  Jozo,  L.  —  Gobi.  —  C. 

Gobius  nebulosus,  Riss.  (v.  Nigra). 

108.  Longiradiatus,  Riss.  —  Gobi.  —  C. 

109.  Quadrimaculatus,  Cuv.  et  Val.  —  Gobi. 

Gobius  aphya,  Riss. 

110.  Coloniauus,  Riss.  —  Gobi.  —  C. 

111.  Cruentatus?,  Gmel.  —  Gobi.  —  As.  C. 

47.  Callionymus.  » 

12.  Cithara,  Cuv.  —  —  As.  C. 

Callionymus  maculatus,  Bp. 
Callionymus  lyra,  Riss. 
113.  Belenus?,  Riss.  — 


XII.  Lophioides. 
48.  Lophius. 

114.  Piscatorius,  L.  —  Baoudroï.  —  Tr.  C. 

115.  Budegassa,  Bp.  —  Baoudroi.  —  C. 

XIII.  Labroides. 
49.  Labrus. 

116.  Miitus,  Arted.  —  Roucaou,  Roussignoou.  ~  As.  C. 

Labrus  pavo?  Riss.  2  éd. 

117.  Trimaculatus,  Gmel.  —  Roucaou.  —  As.  C. 

Labrus  quadrimaculatus ,  Riss. 
Labrus  carneus,  Ascau. 

118.  Turdus,  L.—  Parouquet,  Roucaou.  —  C. 
119?  Luscus?  L.  —  Roucaou.  —  C. 

120?  Viridis,  L.  —  Roucaou.  —  As.  C. 
121.  Meruh.L.  -  Roucaou.  -  C. 
Vm  Cœruleus,  L.  —  Roucaou.  —  C. 


TRAVAUX     INÉDITS.  501 

50.  Crenilabrus. 

123.  Pavo,  Cuv.  et  Val.  —  Rouraou,  Pavou?  —  Tr.    . 

124.  Melops,  Cuv.  et  Val.  —  Clavieïra.  -—  As.  C. 

125.  Massa?  Riss.  —  Clavieïra.  —  As.  C. 

126.  Sp.  —  —  Clavieïra. 

127.  Sp.  —  —  Clavieïra. 

128.  Sp.  —  —  Clavieïra, 

129.  Sp.  —  —  Clavieïra. 

130.  Sp.  —  —  Clavieïra. 

131.  Sp.  —  —  Clavieïra. 

51.  Ctenolabrus. 

132.  Sp.  - 

52.  Coricus. 

133.  Rubescens?Riss.  —  Sublaïré.  —  R. 

53.  Julis. 


134.  Vulgaris,  Cuv.  et  Val.  —  Tjirèla 

135.  Giofredi,  Riss.  —  Tjirèla.  —  R. 

136.  Speciosa,  Riss.  Tjirèla.  —  T.  R. 

XIV.  Fistulaires. 


—  R 


54.  Centriscus. 


137.  Scolopax,  L.  —  Peï  troumpeta.  —  As.  C. 

MALACOPT1ÎRYGIENS  ABDOMINAUX. 
XV.  Esoces. 
55.  Belone. 

138.  Acus,  Riss.  —  Agûia.  —  T.  C. 

56.   SCOMBRESOX. 

139.  Roudeletii,  Cuv.  et  Val.  —  —  R. 

Scombresox  Camper  ii,  Lacép. 

5J.  Exocetus. 

140.  Volitans,  L.  —  Peï  voulan.  —  As.  C. 

141.  Roudeletii,  Cuv.  et  Val.  —  Peï  voulan. 

XVI.  Salmonoides. 
68.  Argentina. 

142.  Sphyreua,  Riss.—  Peï  cfArtjen.  —  C. 

Argentina  Cuvieri?  Val. 


502     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860/ 

XVII.  Clupéoides. 
59.  Sardinella? 

143.  Aurita?  Cuv.  et  Val.  —  Mèlèta,  Blanqueta.  —  As.  C. 

60.  Meletta. 

144.  Mediterranea,  Val.  —  Mélela.  —  As.  C. 

Clupanodon  phalerica?  Riss. 

61.  Alausa. 

145.  Vulgaris,  Val.  —  Alaousa.  —  As.  C. 

146.  Pilchardus,  Val.  —  Sarda,  Sardina.  —  Tr.  C. 

Clupanodon  sardina,  Riss. 

62.  Engraulis. 

147.  Encrassicholus,  L.  —  Antchoia.  •—  C. 

MALACOPTÉRYGIENS  SUBBRACHIENS. 

XVIII.  Gadoides. 
63.  Morua. 

148.  Capelanus,  Riss.  —  Capélan.  —  Tr.  C. 

64.  Merlucius. 

149.  Esculentus,  Riss.  —  Merlan.  —  Tr.  C. 

150.  Maraldi,  Riss.  —  Merlan.  —  P.  C. 

65.  Onos. 

151.  Mustella,  Riss.  —  Moustèla.  —  C. 

152.  Maculata,  Riss.  —  Moustèla.  —  C. 

153.  Fusca,  Riss.—  Mola,  Moula.  —  C. 

66.  Phycis. 

154.  Gmelini,  Riss.  —  Moula.  —  C. 

67.  Macrourus. 

155.  Caelorhynchus,  Bp.  —  —  Tr.  R. 

Lepidoleprus,  Riss. 

XIX.  Pleuronectides. 
68.  Platessa. 

156.  Passer,  Bp.  —  Plana.  —  Tr.  C. 


TRAVAUX   INÉDITS.  503 

69.   HlPPOGLOSSDS. 

157.  Citharus,  Riss.  —  Perpétra,  Prêtre,  —  C. 

Pleuronecles  macrolepidolus,  Bp. 

158.  Boscii,  Riss.  —  Perpétra.  —  As.  C. 

Pleuronectes  Boscii,  Bp. 

70.  Rhombus.  S 

159.  Maximus,  Riss.  et  Bp.  —  Roun  clavélal  —  C. 

160.  Lœvis,  Bp.  -Passar,  Roun.  -  C. 

Rhombus  barbatus,  Riss. 

161.  Unimaculatus,  Bp.  et  Riss.  —  Roun...  —  R. 

71.  Pleuronectes. 

162.  Arnoglossus,  Bp. 

163.  Grohmanni,  Bp.  —  Perpétra.  —  As.  C. 

72.  Solea. 

164.  Vulgaris,  Riss.  et  Bp.  —  Sola,  Palaïga.  —  Tr.  C. 

165.  Lascaris,  Riss.  et  Bp.  —  Verrûga.  —  As.  R. 

166.  Mangilii,  Bp.  —  Perpétra.  —  C. 

Rhombus  Mangilii,  Riss. 

XX.  Discoboles. 
73.  Lepadogaster. 

167.  Balbis?Riss. 

'    74.  Echeneis. 

168.  Rémora,  L.  —  —  P.  C 

MALACOPTÊRYGIENS  APODES. 

XXI.  Anguilliformes. 

75.  Anguilla. 

169.  Acutirostris,  Riss.  —  stnguila  fina.  —  C. 

170.  Latirostris,  Riss.  —  Anguila  coumuna.  —  C. 
171?  Mediorostris?  Riss.  —Anguila. 

172.  Var.  vel  sp.  rubra,  nob.  —  Anguila  routja.  —  Tr.  C. 

Ht 
76.  Conger. 

173.  Vulgaris,  Cuv.  —  Coungré.  —  C. 

Conger  verus,  Riss. 

174.  Niger,  Riss.  —  Coungré  nègre.  —  C. 

175.  Mistax,  Lacép.  et  Riss.  —  Démouèïzèla  ?  —  C. 

176.  Myrus,  Riss.  —  Démouèïzèla. 


504     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

77.  Ophisurus. 

177.  Serpens,  Lacép.  et  Riss.—  Sèr  dé  mar.  —  As.  R, 

78.  MURENA. 

178.  Unicolor,  Delar.  —  Murèna.  —  R. 

179.  Helena,  L.,  Murèna. 

79.  Ophidium. 

180.  Barbatum,Bloch.  —  Dounzèla,  Demouèïzèla.—  As.  G. 

LOPHOBRANCHES. 

XXII.  Syngnathides. 

80.  Syngnathus. 

181.  Typhle,  L.  —  Agûïa?  —  P.  C. 
182?  Viridis,  Riss.  —  Agûïa.  —  P.  C. 

183.  Pyroïs,  Riss.  —  Agûïa?  —  P.  C. 

81.  Hippocampus. 

184.  Brevirostris?Cuv.  —  Tchival  dé  mar.  —  C. 

185.  Guttulatus,  Cuv.  —  Tchival  de  mar.  —  C. 

82.  Scyphius. 

186.  Sp. 

187.  Sp. 

PLECTOGNATHES. 

XXIII.  Gymnodontes. 

83.  Gephalus. 

188.  Orthagoriscus,  Riss.  —  Mola.  —  P.  C. 

84.  Balistes. 

189.  Lunulatus,  Riss.  —  —  R. 

190.  BuniYa,  Riss.  —  —  R. 

85.  Ostracion. 

191.  Sp.  (junior).  —  Tr.  R. 

CHONDROPTËRYGIENS  A  BRANCHIES  LIBRES. 
XXIV.  Sturioniens. 

86.  ACIPENSER. 

192.  Sturio,  L.  —  Eslurtjoun.  —  As.  C. 


TRAVAUX   INEDITS.  505 

XXV.  Chimerides. 

87.  ChiM/Era. 

193.  Monstrosa,  L.  —  —  Tr.  R. 

Chimœra  méditer  ranea,  Riss. 

CHONDROPTÉRYGIENS  A  BRANCHIES  FIXES. 

XX.  SéVIlaciens  (Squalides). 

88.  Scyllium. 

19*.  Stellare,  L. —  Cala  rouquièira.  —  As.  C. 

195.  Canicula,  L.  —  Cala.  Cala  roussa.  —  Tr.  C. 

196.  Albo-maculatum,  Nob.  —  Cala.  —  R. 

89.  Carcharias. 

197.  Lamia,  Riss.  —  Lamia,  Requin.  —  As.  C. 

Car char adon  lamia,  Bp. 

90.  Squalus. 

198.  Glaucus,  Bp.  —  Tchi  blû.  —  As.  C. 

Carcharias  Rondelelii,  Riss. 

91.  Alopias. 

199.  Vulpes,  Bp.  —  Peï  espasa.  —  As.  C. 

Carcharias  vulpes,  Riss. 

92.  Galeus. 

200.  Canis,  Bp.  —  Milandrè,  Tchi.  —  P.  C. 

93.  Mustelus. 

201.  Plebejus,  Bp.  —  Missola.  —  C. 
Mustelus  stellalus,  Riss. 

202?  Equestris,  Bp.  —  Missola.  —  C. 

94.  Notidanus. 
203.  Griseus,  Bp.  —  Bouca  douça.  —  P.  C. 

95.  Spinax. 

t  204.  Acanthias,  Bp.  —  Agûïat.  —  C. 
Acanthias  vulgaris,  Riss. 

205.  Blainviliei,  Bp.  —  Agûïat.  —  M.  C. 

Acanthias  Blainviliei,  Riss. 

96.  Centrina. 

206.  Salviaui,  Riss.  et  Bp.  —  Peï  porc.  —  P.  C. 

2-  sérib.  t.  xu.  Aimée  1860.  33 


506     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

97.   SCYMNUS. 

207.  Lichia,  Bp.  —  Litchq?  —  R. 

Symnus  spinosus,  Riss. 

98.  Oxyrrhina. 

208.  Spallanïani,  Bp.  —  —  R. 

99.  Sphyrna. 

209.  Zygaena,  Raf.  —  Peï  lûna.  —  P.  C. 

Zygœna  malleus,  Riss. 

100.  Squatina. 

210.  Angélus,  Dum.  —  Antjou.  —  R. 

211.  Oculata?  Bp.  —  Anljou.  —  R. 

XXVII.  Raides. 

101.  Torpédo. 
212   Narke,  Riss.  et  Bp.  —  Galina.  —  R. 

213.  Galvaui,  Riss.  et  Bp.  —  Galina.  —  C. 

214.  Marmorata,  Riss.  —  Galina.  —  As.  C. 

102.  Raia. 

215.  Clavata,  L.  —  Clavêlada.  —  Tr.  C. 

Desybatis  clavata,  Bp. 

216.  Balis?,  Bp.  —  Pélousa.  —  C. 

217.  Asterias,  Bp.  et  Riss.  —  Pélousa.  —  Tr.  C. 

218.  Fullonica,  Bp.  —  Clavêlada.  —  P.  C. 

219.  Oculata,  Riss.  —  Clavêlada.  —  P.  C. 

220.  Marginata,  Lacép.  —  Miraïet,  Fumai?  —  As.  C. 

221.  Miraletus,  L.  —  Miraïet.  —  As.  C. 

222.  Quadrimaculata?,  Bp.  —  Pélouzèta.  —  P.  C 

223.  Bicolor?  Riss.  —  Fumât.  —  R. 

224.  Macrorhynchus,  Bp.  —  Fumai.  —  As.  C. 

Raia  oxyrhynchus,  Riss. 

225.  Oiyrhynchus,  Bp.  —  Capoulchin.  —  As.  C. 

Raia  rosir ata,  Riss. 

226.  Mosaica,  Lacép.  et  Riss.  —  Rlanquela.  —  P.  C. 

Raja  r  adula?  Bp. 

103.  Trygon. 

227.  Pastiuaca,  L.  —  Paslènaga.  —  P.  C. 

104.  Myliobatis. 

228.  Aquila,  Bp.  —  Mourina,  Aiqla  dé  mar.  —  As.  C. 

229.  Noctula?,  Bp.  —  Mourina,  Aiqla  de  mar.  —  As.  C 


TRAVAUX    INÉDITS.  507 

XXVIII.  Suceurs  ou  Cyclostomes. 
105.  Petromyzon. 

230.  Marinus,  L.  —  Lamproïa.  —  As.  C. 

100.  Branchiostoma. 

231.  Lubricum,  Costa. 

IX. 

Maintenant  que  nous  avons  énuméré  les  espèces  qui,  à 
notre  connaissance,  fréquentent  la  côte  où  s'effectuent  nos 
recherches,  pour  terminer  ce  travail  élémentaire  il  nous 
reste  encore  à  dire  quelques  mots  au  point  de  vue  de  l'uti- 
lité générale,  et,  sans  vouloir  traiter  à  fond  des  ques- 
tions d'aussi  haute  importance,  nous  nous  permettrons 
d'exposer  rapidement  certaines  de  nos  idées,  les  soumet- 
tant à  l'appréciation  des  hommes  savants  et  pratiques  qui 
s'occupent  du  même  sujet,  et  dont  nous  serions  surtout 
heureux  d'obtenir  l'approbation. 

Nous  avons  dit,  dans  notre  premier  paragraphe,  en 
parlant  des  poissons,  «  les  masses  trouvent  en  eux  une 
partie  de  leur  alimentation  :  »  cela  est  très-vrai ,  mais 
ce  qui  est  malheureusement  aussi  une  vérité,  c'est  que, 
sur  les  côtes  françaises  de  la  Méditerranée,  le  nombre  de 
ces  êtres  utiles  n'est  plus  en  rapport  avec  les  besoins  tou- 
jours croissants  de  la  consommation ,  si  bien  que  l'on  y 
supplée  aujourd'hui,  sur  nos  marchés,  à  l'aide  de  poisson 
qui  arrive  des  ports  de  l'Océan,  et  principalement  de 
Bayonne.  Aussi,  depuis  plusieurs  années,  les  prix  de  cette 
denrée,  dans  nos  ports  de  mer,  sont  le  plus  souvent  ina- 
bordables pour  la  masse,  et  subissent  de  temps  à  autre 
une  nouvelle  hausse,  après  laquelle  ils  redescendent  rare- 
ment au  taux  précédent. 

Deux  causes  amènent  ce  résultat  :  l'accroissement  rapide 
de  l'importation  de  la  marée  dans  l'intérieur,  depuis  l'ou- 
verture des  lignes  de  chemin  de  fer,  et  la  diminution  très- 
sensible  du  poisson  sur  nos  côtes.  De  ces  deux  causes,  la 
première  est  irrémédiable,  et,  loin  d'être  à  regretter,  elle 
devient  une  nouvelle  source  de  prospérité  pour  les  popu- 
lations maritimes;  c'est  donc  de  la  seconde  seulement  que 


508     rev.   et  mag.  de  zoologie.  {Novembre  1860.) 

nous  nous  occuperons,  comme  de  la  seule  qu'il  soit  pos" 
sible  de  combattre  efficacement. 

Pour  quiconque  a  pu  étudier,  dans  les  ports  du  Lan- 
guedoc ou  de  la  Provence,  la  question  que  nous  traitons, 
il  est  facile  de  trouver  le  principe  du  dépoissonnement 
dans  le  défaut  de  réglementation  de  la  pêche  sur  toute 
l'étendue  de  notre  arrondissement  maritime,  et,  par  suite, 
dans  la  pratique  immodérée  et  inintelligente  qu'on  y  a  faite 
de  ce  genre  d'industrie.  Il  suffit  d'assister  une  fois  à  la  ma- 
nœuvre de  ce  qu'on  nomme  les  bateaux-bœufs,  pour  se  con- 
vaincre de  tout  le  mal  que  doit  faire  un  pareil  mode  de 
pêche.  Voici  comment  on  procède  :  deux  bateaux  d'assez 
fortes  dimensions,  munis  de  voiles  latines,  se  rendent, 
suivant  le  temps,  à  une,  deux,  trois  lieues  et  souvent  plus 
au  large;  là,  ils  immergent  un  filet  d'une  étendue  variable, 
mais  toujours  fort  grande,  garni  de  plombs  en  bas  et  de 
lièges  en  haut ,  de  telle  sorte  qu'il  soit  maintenu  déployé 
et  perpendiculairement  sur  toute  sa  longueur;  chaque 
bateau,  tenant  un  des  bouts  du  filet  au  moyen  d'une  corde 
de  cinq  à  six  cents  brasses  de  long ,  met  à  la  voile,  et  ils 
traînent  ainsi  le  filet  au  fond  de  l'eau  pendant  une, 
deux,  trois  heures,  c'est-à-dire  jusqu'à  ce  que  le  patron 
juge  que  la  pêche  est  suffisante.  Il  tombe  sous  les  sens  que, 
pendant  le  trajet,  cet  engin  entraîne  avec  lui  tout  ce  qu'il 
rencontre  au  fond  de  la  mer  sur  toute  son  étendue,  et  avec 
d'autant  plus  de  facilité  que,  à  mesure  que  les  herbes, 
les  fucus,  la  vase  et  autres  corps  s'y  accumulent,  les 
mailles  s'obstruent  et  finissent  par  ne  plus  laisser  passage 
à  aucun  objet  ;  qu'on  se  figure  donc  les  dégâts  qu'occa- 
sionne ce  genre  de  pêche,  exercé  journellement  sur  une 
étendue  de  quelques  lieues  seulement,  par  plus  de  cent  ba- 
teaux du  port  de  Cette,  et  autant  d'Agde,  de  Palavas,  etc., 
pour  ne  pas  nous  étendre  au  delà  de  nos  environs.  Mol- 
lusques de  toutes  dimensions,  zoophytes,  crustacés,  pois- 
son, fretin,  frai,  tout  est  entraîné  à  la  fois,  et  le  mal  devient 
bien  plus  grand  encore  dans  la  saison  de  la  reproduction  ; 


TRAVAUX    INÉDITS.  509 

aussi  regardons-nous  comme  une  excellente  chose  la 
suppression  complète  de  cette  pêche  pendant  les  trois 
mois  où  le  poisson  est  supposé  frayer  dans  nos  parages  : 
cette  mesure  figure  dans  le  règlement  de  pêche  qui  vient 
d'être  adopté  pour  notre  arrondissement,  et  qui  est  dû 
en  grande  partie  au  zèle  éclairé  de  M.  Filleau,  commis- 
saire de  marine  à  Cette  (1). 

Mais,  bien  que  nous  regardions  l'article  du  nouveau 
règlement  comme  un  premier  et  excellent  pas  fait  en  vue 
du  repeuplement,  nous  sommes  loin  de  croire  que  l'on 
arrive,  simplement  en  protégeant  la  ponte  naturelle,  à 
rendre  à  nos  rivages  l'abondance  d'autrefois  :  le  résultat 
pourrait  être,  tout  au  plus,  de  maintenir  l'état  actuel  sans 
diminution  nouvelle,  et  encore  cela  nous  paraît-il  peu 
probable,  car,  avec  l'immensité  du  commerce  de  la  ma- 
rée ,  tout  poisson  se  trouvant  utilisé ,  quelle  que  soit  sa 
grosseur,  il  en  résulte  qu'une  très-grande  quantité  de  ces 
êtres  sont  détruits  avant  même  d'avoir  atteint  l'âge  de  la 
reproduction  ;  or,  lorsque  l'on  veut  anéantir  une  race 
animale,  ce  n'est  pas  en  immolant  les  pères  et  mères,  sans 
s'inquiéter  des  enfants,  qu'il  faut  procéder;  bien  au  con- 
traire, en  commençant  par  la  progéniture,  on  est  sûr  d'en 
arrêter,  au  bout  de  peu  de  temps ,  l'essor,  la  loi  naturelle 
de  la  vieillesse  et  de  la  mort  se  chargeant  d'agir  sur  les  pre- 
miers. C'est  là  ce  qui  arrive  pour  les  poissons,  et  ce  que 
nous  regardons  comme  la  plus  active  des  causes  du  dé- 
poissonnement  de  notre  littoral. 

Description  de  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie, 
par  A.  Chevrolat  (1). 
69.  Bagous  septemcos talus,  terreus  ;  oculis,  antennis  tarsisque  bre- 
vibus,  peuultimo  articulo  bilobo,  nigris  ;  thorace  latitudine ,  vil 
longiore  antice  reflexo,  arcte  coustricto  posticcque  recto,  late- 
(1)  M.  Filleau  est  aujourd'hui  chef  du  bureau  des  pêches  au  mi- 
nistère de  la  marine. 

(t)  Voir  la  Rev.  et  Mag.  de  zoologie,  1859,  p.  298  à  304 ,  380  à 
389  ;  1860,  p.  75  à  82 ,  128  à  137,  208  à  212,  269,  302,  409,  448,  509. 


510     kev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

ribus  modice  rolundatis,  supra  convexo,  inajquali,  foveolato,  atque 
reticulato,  sulco  longitudinali ,  striga  laterali ,  maculis  duabus 
dorsalibus  obscuris  angulo  postico  breviter  acute  reflexo;  elytris 
costis  7,  nigris  fuscoqueinterjectis.  —  L.,  2  3/4  m.;  1.,  3/4  m. 

Terreux.  Tête  subtriangulaire,  convexe,  inégale,  ru- 
gueuse. Trompe  un  peu  plus  épaisse  et  arrondie  en  des- 
sus sur  la  base,  amincie  à  l'extrémité,  arquée.  Antennes 
insérées  en  avant  du  milieu,  à  scapus  (le  reste  manque). 
Yeux  et  tarses  noirs.  Corselet  inégal,  fovéolé  et  couvert  de 
réseaux  dorsaux,  à  peine  plus  long  que  large,  relevé  sur 
son  bord  antérieur,  transversalement  resserré  de  là, 
droit  aux  extrémités;  sillon  longitudinal  assez  profond; 
une  strie  étroite,  costulée  en  dehors,  sur  chaque  côté  ; 
ceux-ci  sont  régulièrement  arrondis;  deux  taches  dor- 
sales, allongées,  noirâtres.  Elytres  avec  la  suture  élevée 
et  3  côtés  par  étuis;  marquées  de  petites  lignes  noires, 
qui  sont  interrompues  et  entremêlées  de  fauve.  Corps  à 
ponctuation  espacée. 

Deux  exemplaires,  pris  sous  une  pierre,  aux  environs 
d'Alger,  dans  la  saison  d'hiver,  m'ont  été  envoyés  par 
M.  Poupillier. 

70.  Ceuthorhynchus  pratensis,  simillimus  C.  campestri,  H.,  S., 
subquadratus,  supra  griseo-fusco  alboque  signatus  et  variegatus, 
Jeucophaeus  infra  ;  femoribus  cinereis ,  fusco  annulatis,  subtus  acute 
dentatis,  tibiis  pallidioribus,  tarsis  ferrugineis,  unguiculis  sim- 
plicibus;  thorace  transverso,  autice  reflexo,  atteuuato  et  coustricto, 
bituberculato,  lineis  tribus  albidis,  inedio  sulcato  maculis  duabus 
nigris;  elytris  modice  rotundatis,  subparallelis,  sutura  auguste 
alba  ;  striga  média  nigra,  antice  ramulum  circumflexum  emittente 
ad  fasciolam  lateralem  (  formata  punctis  4  aut  5  albis)  ductam  , 
versus  basin,  médium  et  apicemguttulis  aliquot  nigris  transverse 
positis,  fascia  subapicali  obliqua  et  albida  ;  striis  distincte  punc- 
tatis.  —  L.,  2  1/3,  1/2  m.;  1.,  1  1/2  m. 

Mêmes  taille,  grosseur,  distribution  des  dessins  et  des 
couleurs  que  chez  le  C.  Campextris  ;  mais  il  est  relative- 
ment plus  carré  et  plus  parallèle  que  n'est  cette  espèce, 
et  il  s'en  distinguera  de  suite  par  la  suture,  dont  le  trait 
noir  est  de  même  largeur  en  dessus  et  en  dessous  que  la 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  511 

ligne  blanche,  tandis  que,  dans  le  Campestris,  ce  trait 
forme  un  T  renversé.  Il  paraît  se  rapprocher  aussi  d'un  C. 
Molitor,  S.,  qui  n'aurait  qu'une  seule  ligne  dorsale  blanche 
au  corselet.  Gris  ou  brun  en  dessus,  blanchâtre  en  des- 
sous. Tête  arrondie,  déprimée  en  avant.  Trompe  un  peu 
plus  longue  que  le  corselet,  noirâtre,  cylindrique.  An- 
tennes brunes,  à  funicule  seul  ferrugineux.  Yeux  noirs, 
cachés  en  partie  sous  le  lobe.  Corselet  cendré  ou  bru- 
nâtre, transverse,  aminci,  abaissé  sur  son  bord  et  trans- 
versalement comprimé  peu  après;  anguleux  en  avant  du 
milieu;  coupé  droit  jusqu'à  l'élytre;  3  lignes  longitudi- 
nales blanchâtres  ;  médiane  sillonnée;  2  taches  anguleuses 
noires  près  la  base  Elytres  grises  ou  brunes,  à  suture 
étroitement  blanche,  offrant  un  trait  noir  au  centre  ;  de 
l'écusson  part  un  trait  blanc,  oblique,  circonflexe,  qui  est 
presque  lié  à  une  bande  latérale  (formée  de  k  à  5  petites 
gouttelettes  blanches  contiguës)  ;  dans  un  interstice  plus 
clair  sont  quelques  points  noirs  placés  sur  une  ligne 
transverse,  peu  après  la  base;  une  autre  au-dessous  de  la 
bande  latérale,  et  enfin  une  3e  près  du  sommet.  Vers  cet 
endroit  une  sorte  de  bande  blauchàtre  oblique.  Patte* 
cendrées,  annelées  de  brun  ;  jambes  pâles;  tarses  ferrugi- 
neux. 

Deux  exemplaires,  pris  aux  environs  d'Alger,  m'ont  été 
envoyés  par  M.  Poupillier. 


II.     SOCIÉTÉS     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  5  novembre  1860.  —  M.  Pasteur  donne  lec- 
ture de  la  suite  de  ses  travaux  «tir  les  générations  dites  spon- 
tanées. 

Séance  du  12  novembre  1860.  —  M.  E.  Blanchard  lit  un 
Travail  intitulé,  Des  modifications  dans  la  conformation  du 
cœur  chez  les  Oiseaux. 

Dans  ce  travail,  le  savant  anatomiste  démontre  que, 


512     rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Novembre  1860.) 

chez  les  Oiseaux,  le  cœur  est  en  rapport  avec  la  nature 
de  la  locomotion ,  ce  qui  confirme  ce  que  les  zoologistes 
croyaient  savoir  par  l'étude  de  l'ensemble  de  l'organisa- 
tion et  des  mœurs  de  ces  Animaux. 

M.  Milne-Edwards  présente,  au  nom  de  M.  Hesse,  deux 
tubes  dans  lesquels  se  trouvent  renfermés 

1°  Plusieurs  embryons  de  Caliges  fixés  à  leur  mère  par 
une  expansion  membraneuse  ; 

2°  Huit  ou  dix  embryons  de  Trébies  également  fixés» 
par  une  expansion  menbraneuse,  sur  les  branchies  d'un 
Gade. 

«  Ces  faits  matériels,  dit  M.  Hesse  dans  sa  lettre  d'envoi, 
confirment  la  curieuse  découverte  que  j'ai  faite  et  que  j'ai 
consignée  dans  le  mémoire  que  j'ai  adressé,  à  ce  sujet,  à 
l'Académie,  et  qui  a  pour  titre  Des  moyens  singuliers  à 
l'aide  desquels  certains  Crustacés  parasites  assurent  la  con- 
servation de  leur  espèce  pendant  la  phase  embryonnaire.  » 

M.  Milne-Edwards  présente  une  Note  de  M.  le  profes- 
seur Moleschott,  de  Zurich,  sur  la  structure  des  follicules 
pileux  du  cuir  chevelu  de  l'Homme,  et  des  préparations 
anatomiques  qui,  examinées  au  microscope,  montrent  la 
plupart  des  dispositions  organiques  indiquées  par  l'au- 
teur. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  présente ,  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Isaac  Lea,  une  nouvelle  partie  du  travail  de  ce  na- 
turaliste sur  le  genre  Unio.  Dans  cette  dernière  publica- 
tion se  trouvent,  avec  la  description  de  plusieurs  espèces 
restées  jusqu'ici  inconnues ,  des  remarques  sur  les  formes 
embryonnaires  dans  la  famille  des  Unionides. 

Séance  dw  19  novembre  1860.  —  M.  Pappenheim  adresse 
une  Note  concernant  le  rapport  de  la  présence  des  Vers  dans 
les  poumons  tuberculeux  avec  l'apparition  des  Trichosomes 
dans  la  vessie  ur inaire. 

M.  Guérin-Méneville  présente  une  Note  intitulée,  Hy- 
bride du  Bombyx  grand  Paon  et  du  Bombyx  moyen  Paon. 

Lettre  de  M.  Guérin-Méneville  à  M.  Flourens. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  513 

Monsieur,  vous  avez  déjà  accueilli  avec  bienveillance, 
en  1858,  la  note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser 
sur  l'hybridation  des  Vers  à  soie  du  ricin  et  du  vernis  du 
Japon.  Aujourd'hui  j'ose  réclamer  une  faveur  semblable 
pour  un  fait  analogue,  quoique  moins  complet;  je  viens 
vous  prier  de  vouloir  bien  présenter  à  l'Académie  des 
sciences  un  métis  produit  par  l'union  du  Bombyx  grand 
Paon  {B.  pavonia  major,  Lin.,  B.piri,  Borkh.,  etc.),  et  du 
Bombyx  moyen  Paon  [B.  pavonia  média,  Fabr.,  B.  spini, 
Borkh.,  etc.). 

Ce  qui  rend  ce  fait  moins  complet,  c'est  que  l'observa- 
tion n'en  a  pas  été  suivie  de  manière  à  faire  savoir  si 
ces  métis  sont  féconds,  comme  ceux  que  j'ai  obtenus  du 
Bombyx  cynthia  et  arrindia,  en  sorte  que  mon  observation 
demeure  toujours  la  seule  réellement  complète  dans  son 
genre,  relativement  à  la  grande  classe  des  Insectes,  que 
j'étudie  depuis  trente-sept  ans. 

Depuis  longtemps  je  m'occupe  de  la  question  des  hy- 
brides chez  les  animaux  articulés,  mais  j'attendais  toujours 
de  nouveaux  faits,  mieux  observés  que  ceux  que  j'ai 
trouvés  mentionnés  dans  les  auteurs,  pour  réunir  mes  ma- 
tériaux et  les  publier.  Les  ayant  communiqués  à  mon 
savant  ami  M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  il  m'a  fait 
l'honneur  de  les  citer  dans  son  excellente  Histoire  naturelle 
générale  des  règnes  organiques  (t.  3,  p.  185),  ce  qui  me 
dispense  de  reproduire  ici  la  trop  courte  liste  de  ces 
faits. 

Celui  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à 
l'Académie  est  venu  à  ma  connaissance  d'une  manière 
assez  vague,  et  je  n'en  aurais  pas  fait  l'objet  d'une  com- 
munication si  je  n'en  avais  eu  que  le  simple  avis;  mais, 
comme  j'ai  reçu  la  preuve  matérielle  de  ce  que  j'avance, 
et  que  l'on  peut  voir  les  sujets  provenant  de  cette  nou- 
velle hybridation,  j'ai  pensé  qu'il  était  utile  d'en  entre- 
tenir un  instant  l'Académie. 

Ces  métis  ont  été  obtenus  en  Allemagne  par  une  per- 


51  k     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

sonne  qui  fait  le  commerce  des  Lépidoptères,  mais  dont 
je  n'ai  pu  savoir  ni  le  nom  ni  la  demeure;  ils  proviennent 
de  l'union  d'un  mâle  grand  Paon  avec  une  femelle  moyen 
Paon,  dont  la  ponte  a  été  l'objet  d'une  éducation  faite, 
par  ce  marchand,  en  vue  d'obtenir  ces  métis  qu'il  vend 
sur  le  pied  de  40  francs  pièce. 

Il  est  fâcheux  que  ce  fait  se  soit  trouvé  entre  les  mains 
d'une  personne  qui  n'a  en  vue  que  le  commerce,  car  il  est 
probable  que  tous  les  métis  obtenus  ont  été  tués  et  pré- 
parés pour  être  vendus,  et  qu'on  n'a  pas  songé  à  s'assurer 
si  ces  métis  sont  féconds.  Tout  ce  que  j'ai  pu  apprendre 
de  la  personne  (M.  de  Lorza)  qui  a  bien  voulu  me  confier 
les  sujets  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui,  c'est 
que  son  correspondant  a  obtenu  infiniment  plus  de  mâles 
que  de  femelles,  et  que  les  quatre  ou  cinq  individus  en- 
voyés à  Paris  étaient  des  mâles. 

En  examinant  ce  nouveau  métis  comparativement  avec 
les  deux  espèces  dont  il  provient,  on  voit  qu'il  tient  plus 
de  la  mère  que  du  père  par  sa  coloration  générale,  et 
qu'il  tient  des  deux  espèces  par  sa  taille  intermédiaire.  Il 
a  pris  à  son  père  ses  antennes,  plus  blondes  et  plus  effi- 
lées que  celles  du  mâle  du  moyen  Paon,  la  coloration  plus 
foncée  de  la  base  de  ses  ailes;  mais  il  tient  de  sa  mèr< 
une  couleur  plus  grisâtre,  une  place  blanche  dans  laquelle 
est  placée  la  tache  ocellée  des  ailes  supérieures,  les  bandes 
blanches  de  son  abdomen,  et  beaucoup  d'autres  carac- 
tères que  je  m'abstiens  de  mentionner  ici,  pour  ne  pas  trop 
allonger  cette  note,  mais  que  l'examen  des  sujets  montre 
suffisamment. 

Déjà  j'avais  trouvé,  dans  les  auteurs,  une  vague  men- 
tion de  l'hybridation  des  deux  Bombyx  moyen  Paon  et 
petit  Paon  (B.  fipini  et  carpini);  mais  cette  observation, 
faite  en  Allemagne  par  Treitschke,  est  demeurée  très- 
incomplète,  puisque  son  auteur  dit  n'avoir  eu  que  trois 
Chenilles  métisses  qui  ont  filé  des  cocons  dont  il  n'a  ob- 
tenu aucun  résultat. 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  515 

Je  vais  faire  des  démarches  pour  essayer  d'avoir 
quelques  détails  sur  le  fait  intéressant  que  je  signale  au- 
jourd'hui, et  qui  a  été  aussi  l'objet  d'une  récente  commu- 
nication ,  faite  par  M.  Bellier  de  la  Chavignerie,  à  la  So- 
ciété entomologique  de  France. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Séance  du  26  novembre  1860.  —  M.  A.  Gaudry  fait  con- 
naître les  résultats  des  fjuilles  exécutées  en  Grèce  sous  les 
auspices  de  l'Académie. 

Les  ossements  fossiles  qu'il  a  recueillis  sont  au  nombre 
de  mille  environ.  Il  présente  aujourd'hui  quelques  osse- 
ments gigantesques  qu'il  présume  appartenir  au  plus 
grand  Mammifère  terrestre  du  monde  ancien ,  au  genre 
Dinotherium.  D'autres  ossements  d'un  Ruminant  gigan- 
tesque appartenant  à  l'animal  que  MM.  Lartet  et  Gaudry 
avait  appelé  Girafe  de  Duvernoy  lui  ont  paru  assez  dis- 
tincts pour  notiver  la  formation  d'un  nouveau  genre  qu'il 
appelle  Helladotherium. 


111.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Specimina  zoologica  mosambicana ,  cura  Josephi  Bianconi. 

—  Fasc.  XIII,  in-4,  fig.,  Bononiœ,  1850. 

Ce  fascicule,  qui  nous  est  parvenu  dernièrement,  con- 
tient la  description  de  plusieurs  Poissons  trouvés,  par 
M.  Fornasini,  sur  les  côtes  de  Mosambique  ;  le  savant 
M.  Bianconi,  en  les  étudiant,  a  trouvé  deux  espèces  nou- 
velles qui  sont  : 

1°  CulUonymus  pereleguns,  qu'il  décrit  ainsi  : 
C.  pinna  dorsali  autieaelata  radiis  setiformibussubaequalibus  :  postica 

duplo  raajori.    Spina  operculari  mediocri ,   duabus   minimis  ad 

basim  adiectis.  Osculo  branchiali  supra  operculo  posito. 

2°  Eleotris  Fornasini. 
E.  capite  depressissimo,  maxilla  iuferiori  productiore,  naribus  auticis 

lobulo  carneo  prajditis.  Colore  brunneo-griseo,  ventre  dilutiore. 

Les  autres  espèces  sont  déjà  décrites  ;  ce  sont 


516     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

Scorpœna  aurita,  Ruppel  ; 

Serranus  flavo-guttalus,  Peters; 

Chironectes  lophotes,  Cav.; 

Serranus  salmonoides,  Cuv.; 

Amphacanthus  siganus,  Rupp.; 

Caranx  speciosus,  Forsk.; 

Aulostoma  chinensis,  Lin.; 

Anabas  scandens,  Cuv. 

M.  Bianconi  donne,  en  outre,  la  description  d'un  Gly- 
phisodon  qu'il  croit  nouveau,  mais  auquel  il  n'ose  donner 
un  nom  spécifique ,  manquant  de  renseignements  suffi- 
sants pour  se  prononcer  définitivement.  (G.  M.) 


Les  Lépidoptères  de  la  Belgique  ,   leurs  Chenilles  et 
leurs  Chrysalides,  décrits  et  représentés  en  dessins  ori- 
ginaux d'après  nature,  par  Ch.  F.  Duhois,  —  gr.  in-8, 
fig.  color.,  —  liv.  1  à  10.  —  Bruxelles,  1859  et  1860. 
Tout  en  continuant  sa  belle  collection  ayant  pour  titre, 
Planches  coloriées  des  Oiseaux  de  la  Belgique  et  de  leurs  œufs, 
M.  Dubois  a  entrepris  un  travail  semblable  sur  les  Lépi- 
doptères de  son  pays. 

Dans  cet  ouvrage,  qui  formera,  pour  ainsi  dire,  ui 
album  en  trois  volumes,  on  trouvera  la  figure  exacte  et 
très-bien  coloriée  de  tous  les  états  des  Papillons  de  h 
Belgique,  œufs,  Chenilles,  Chrysalides,  cocons  et  Insectes 
parfaits  des  deux  sexes. 

Ce  qui  rend  encore  ce  travail  plus  intéressant,  c'est  que 
le  végétal  principal  sur  lequel  vivent  les  Chenilles  est 
aussi  représenté  d'une  manière  très-exacte  et  très-pitto- 
resque, en  sorte  que  chacune  des  planches  publiées  pai 
M.  Dubois  peut  être  regardée  comme  un  joli  petit  tableau 
représentant  toute  l'histoire  des  êtres  les  plus  gracier 
et  les  plus  variés  de  la  création. 

Cet  ouvrage ,  publié  par  livraison  de  trois  planches  co- 
loriées accompagnées  de  leur  texte ,  formera  trois  beauj 
volumes.  Ce  texte  est  composé  de  pages  isolées  qui  sui- 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES.  517 

vent  les  planches  ,  ce  qui  permettra  d'adopter  la  classifi- 
cation que  l'on  préférera.  Il  porte  le  nom  de  chaque  es- 
pèce en  quatre  langues,  une  synonymie,  une  notice  géo- 
graphique indiquant  les  localités  auxquelles  appartient  le 
Papillon,  l'époque  de  l'apparition  de  la  Chenille  et  du 
Papillon,  avec  les  particularités  connues  de  leurs  mœurs, 
l'indication  des  diverses  espèces  de  végétaux  dont  les  Che- 
nilles se  nourrissent,  etc. 

Quand  l'ouvrage  sera  plus  avancé,  à  la  fin  du  premier 
volume,  M.  Dubois  fera  paraître  une  table  systématique 
qui  servira  à  indiquer  le  classement  des  planches  et  de 
leur  texte,  et  la  description  de  chaque  genre  sera  accom- 
pagnée de  figures  noires  offrant  les  caractères  génériques 
grossis. 

Comme  la  faune  de  la  Belgique  est  à  peu  près  la  même 
que  celle  de  l'Europe  tempérée,  on  peut  dire  que  cet  ou- 
vrage tiendra  lieu  d'une  faune  lépidoptérologique  d'Eu- 
rope :  il  sera  aussi  d'un  grand  intérêt  pour  les  agriculteurs, 
en  leur  faisant  bien  connaître  les  espèces  qui  nuisent  à 
leurs  cultures. 

Ajoutons,  en  terminant,  que  le  prix  modéré  de  chaque 
livraison  (2  fr.  50)  rend  cet  ouvrage,  comme  celui  que 
M.  Dubois  publie  sur  les  Oiseaux  de  La  Belgique,  accessible 
à  toutes  les  bibliothèques.  (G.  M.) 


IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

M.  Bliïcker,  savant  zoologiste  de  Java,  vient  d'arriver 
en  Europe ,  où  il  apporte  de  grandes  richesses  zoologi- 
ques. Ainsi  que  nous  l'avons  dit  (1858,  p.  155),  ce  savant 
infatigable  a  enrichi ,  avec  la  plus  grande  générosité,  le 
muséum  d'histoire  de  Paris  d'une  foule  d'objets  rares  pro- 
venant de  ses  explorations  dans  les  possessions  néerlan- 
daises de  l'archipel  indien,  ce  qui  lui  a  valu  déjà  le  titre 
officiel  de  correspondant  du  muséum.  Ses  nombreux  et 
importants  ouvrages  ont  été  signalés  souvent  à  nos  lec- 


518     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Novembre  1860.) 

teurs,  et  ils  marquent  sa  place  parmi  les  savants  qui  ont 
rendu  le  plus  de  services  aux  progrès  de  la  zoologie. 

En  passant  par  Paris,  M.  Blecker  nous  a  annoncé  qu'il 
avait  expédié  en  Hollande  beaucoup  de  collections  re- 
cueillies dans  les  riches  contrées  qu'il  vient  de  quitter,  et 
qu'il  avait  l'intenlion  d'en  faire  part  à  la  France  en  en 
offrant  une  grande  partie  à  notre  collection  nationale.  11 
nous  a  montré  aussi  son  admirable  album  de  dessins 
de  tous  les  Poissons  des  pays  qu'il  a  explorés,  dessins 
faits  d'après  la  nature  vivante  ou  fraîche,  et  faisant  con- 
naître les  vraies  et  magnifiques  couleurs  de  ces  Animaux, 
que  l'on  ne  connaît  généralement  que  par  des  cadavres 
décolorés.  Cet  atlas,  formant  plusieurs  milliers  de  grandes 
planches  in-folio,  est  un  véritable  monument  zoologique. 
M.  Blecker  a  l'intention  d'en  faire  l'objet  d'une  publica- 
tion pour  laquelle  il  sera  aidé  par  son  gouvernement. 


Galles  souterraines  du  chêne. 

Le  5  novembre  1860,  M.  le  maréchal  Vaillant  m'a 
montré,  à  l'Institut,  plusieurs  corps  arrondis  qu'il  avait 
trouvés  dans  la  terre,  au  pied  d'un  chêne,  dans  le  bois  de 
Vincennes,  corps  qu'il  regardait,  avec  raison,  comme 
étant  des  galles.  Comme  il  me  faisait  aussi  l'honneur 
de  me  consulter  à  ce  sujet,  et  que  je  partageais  son  opi- 
nion, il  a  fait  ouvrir  une  de  ces  galles  dont  il  est  sorti  un 
Insecte  parfait  vivant,  ressemblant  à  une  grosse  Fourmi 
à  ventre  globuleux,  que  j'ai  de  suite  reconnu  pour  être 
le  Cynips  aptera,  Fab. 

J'ai  fait  quelques  recherches  dans  les  auteurs,  pour  voir 
si  l'on  connaissait  la  galle  dans  laquelle  se  développe  ce 
Cynips  aptera,  mais  je  n'ai  rien  trouvé.  Jusqu'à  présent 
on  ne  connaissait,  comme  formée  sous  terre,  ou,  pour 
être  plus  exact,  se  formant  à  fleur  de  terre,  que  la  galle 
du  Cynips  quercus  radicis,  Fabr.,  dont  parle  Réaumur 
(t.  3,  p.  455). 


MELANGES  ET  NOUVELLES.  519 

La  découverte  faite  par  M.  le  maréchal  semble  donc  un 
fait  nouveau  pour  l'entomologie,  qui  devra  à  l'esprit  émi- 
nemment observateur  de  ce  savant  l'histoire  de  l'espèce 
la  plus  singulière  du  groupe  des  Cynips,  de  ces  producteurs 
la  noix  de  galle,  qui  sert  à  faire  les  meilleures  teintures  en 
noir  et  l'encre  avec  laquelle  on  écrit  tant  de  bonnes  choses 
dans  presque  tout  l'univers. 

Tous  les  ans  j'observe,  dans  le  midi  de  la  France  (dé- 
partements des  Basses- Alpes  et  du  Var),  une  singulière 
galle  de  chêne  qui  offre  la  forme  dune  sorte  d'étoile  rose 
couverte  de  glu.  Après  l'avoir  cherchée  en  vain  dans  plu- 
sieurs auteurs,  et  surtout  dans  Réaumur,  si  riche  en  ob- 
servations de  ce  genre,  je  n'avais  rien  trouvé  relative- 
ment à  cette  remarquable  espèce;  mais,  en  étudiant  enfin 
l'article  Diplolèpe  de  l'Encyclopédie  méthodique,  je  vois 
qu'Olivier  indique  l'Insecte  qui  produit  cette  galle  sous  le 
nom  de  Diplolèpe  de  la  galle  en  parasol  (Dipl.  umbraculus). 
Cette  espèce,  dit-il ,  vient  d'une  galle  de  chêne  raboteuse, 
surmontée  d'une  espèce  de  chapeau  ou  parasol  denté  tout 
autour.  Toute  la  galle  est  rougeâtre  et  enduite  d'une  es- 
pèce de  glu.  M.  Danthoine,  qui  m'a  envoyé  de  Manosque 
la  galle  et  l'Insecte,  a  observé  que  la  galle,  quoique  assez 
grosse,  ne  contient  qu'un  Insecte  logé  à  la  jonction  du 
parasol  avec  le  restant  de  la  galle. 

C'est  précisément  dans  les  environs  de  Manosque  et  au 
printemps  que  j'observe  cette  curieuse  production  depuis 
dix  ans.  Parmi  le  grand  nombre  de  ces  galles  que  j'ai  pu 
étudier  chaque  année,  j'en  ai  trouvé  qui  avaient  deux  et 
quelquefois  trois  de  ces  disques  étoiles  et  en  parasols  su- 
perposés. 


Le  Ver  a  soie  de  l'ailante. 

A  la  suite  de  l'insertion,  au  Moniteur  du  19  novembre 
1860,  de  mon  Rapport  à  S.  M.  V Empereur  sur  les  travaux 
.' nt repris  par  ses  ordres  pour  introduire  en  France  et  en 


520     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Novembre  1860.) 

Algérie  le  Ver  à  soie  de  V allante  (1),  presque  tous  les  jour- 
naux de  Paris  et  des  départements  ont  entretenu  leurs 
lecteurs  de  ce  fait  d'entomologie  appliquée,  soit  en  re- 
produisant mon  rapport,  soit  en  l'analysant,  et  il  a  même 
paru  sous  cette  forme  dans  le  Moniteur  des  communes  du 
jeudi  22  novembre  1860,  n°  47,  p.  401. 

Je  ne  saurais  trop  remercier  MM.  les  directeurs  de  ces 
journaux,  qui  ont  bien  voulu  spontanément  me  seconder 
dans  l'œuvre  d'intérêt  général  à  laquelle  je  consacre,  de- 
puis longtemps ,  tout  mon  temps  et  toute  ma  sollicitude, 
et  je  dois  un  témoignage  tout  particulier  de  gratitude  à  la 
Patrie,  qui,  dès  le  18  juin,  avait  généreusement  pris  l'ini- 
tiative. En  donnant  à  mes  travaux  le  puissant  secours  de 
leur  immense  publicité,  ils  ont  montré,  une  fois  de  plus, 
que  la  grande  presse  comprend  toute  l'importance  de  sa 
belle  mission,  qui  consiste  aussi  à  favoriser  le  développe- 
ment de  l'industrie  agricole  et  manufacturière  de  notre 
pays.  Guérin-Méne  ville. 

(1)  Le  Rapport  à  l'Empereur  forme  une  brochure  in-8  de  100 
pages,  du  prix  de  3  fr.  50,  envoyée  franco  pour  toute  la  France. 

11  paraît  aussi,  comme  complément  à  eet  ouvrage,  un  petit  guide 
intitulé ,  Education  des  Vers  à  soie  de  Vailante  et  du  ricin,  et 
culture  des  végétaux  qui  les  nourrissent,  1  vol.  iu-12  de  72  pages. 
Prix,  envoyé  franco  en  France,  1  fr.  50. 


TABLE   DES  MATIERES. 

Page 

Loche.  —  Description  de  deux  nouvelles  espèces   du  genre 

Dauphin.  473 
H.  de  Saussure.  —  Note  sur  quelques  Mammifères  du  Mexi- 
que. 479 
N.  Doumet.  —  Catalogue  des  Poissons  recueillis  et  observés 

à  Cette.  494 

A.  Chevrolat.  —  Coléoptères  nouveaux  d'Algérie.  509 

Académie  des  sciences.  511 

Mélanges  et  nouvelles.  517 

PARIS.—  IMP.  DE  Mme  Ve  BOUCHARD-HUZARD,  RUE  DE  L'ÉPERON,  5.— 1860. 


VINGT-TROISIÈME  ANNÉE.  —  DÉCEMBRE  1860. 


I.  TRAVAUX  INÉDITS. 


Catalogue  des  Poissons  recueillis  ou  observés  à  Cette, 
accompagné  de  notes  explicatives  et  de  quelques  idées 
sur  la  pisciculture  marine ,  par  M.  N.  Doumet.  (V.  p.  299 
et  355,  405.) 

Mais,  nous  répondra-t-on ,  chacun  de  ces  êtres  pond 
à  lui  seul  une  quantité  d'oeufs  que  Ton  peut  évaluer 
par  centaines  de  mille  ou  même  par  millions,  et  con- 
séquemment,  quelque  peu  qu'il  en  échappe  aux  filets,  cela 
devrait  suffire,  et  au  delà,  au  réempoissonnement.  C'est 
là  une  grande  erreur  qui  se  réfute  d'elle-même,  car  la  na- 
ture n'a  rendu  les  poissons  si  féconds  qu'en  vue  du  grand 
nombre  d'ennemis  qu'elle  leur  a  donnés,  à  eux,  et  surtout 
à  leur  progéniture  :  en  péchant  une  sole,  par  exemple, 
au  moment  de  la  fraie,  ce  n'est  plus  un  seul  être,  ni  même 
une  vingtaine  d'embryons  que  vous  détruisez,  comme  on 
le  fait  en  tuant  un  oiseau  à  l'époque  de  la  ponte,  ce  sont 
au  moins  300,000  œufs,  par  conséquent  300,000  poissons 
qui  se  trouvent  anéantis;  or  les  œufs  des  poissons  n'exis- 
tent pas  seulement  dans  le  corps  de  la  mère  ;  ces  œufs, 
une  fois  déposés,  restent  sous  cette  forme  pendant  un  laps 
de  temps  assez  considérable,  sans  garde  aucune,  livrés  à 
leurs  ennemis,  aux  autres  poissons,  qui  les  dévorent  par 
centaines  de  mille,  et  nous  croirons  être  encore  au-dessous 
de  la  vérité,  si  nous  avançons  qu'en  moyenne,  sur  un  mil- 
lion d'œufs  déposés  au  fond  des  eaux,  il  n'y  en  a  peut-être 
pas  mille  qui  arrivent  à  l'éclosion,  et  que,  sur  ces  mille 
petits  poissons  résultant  d'un  million  d'œufs,  près  des  trois 
quarts  deviennent  encore  la  proie  de  leurs  ennemis  avant 
d'avoir  atteint  l'âge  de  reproduction. 

*2   sÉRiB.  t.  ui.  Année  1860.  34 


522     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Décembre  1860.) 

La  nature  équilibre  toujours  deux  grands  principes,  la 
production  et  la  destruction,  et  Ton  peut  être  certain,  que 
là  où  l'un  des  deux  paraît  exagéré,  l'autre  se  trouve  dans 
des  conditions  analogues;  ainsi  l'a-t-elle  fait  pour  les 
poissons,  empêchant  l'encombrement  des  mers  par  de 
puissants  moyens  de  destruction,  tout  en  réservant  la 
quantité  nécessaire  à  la  conservation  de  l'espèce.  Mais  la 
civilisation ,  qui  est  presque  partout  la  perturbation  de  la 
nature ,  a  détruit  son  équilibre  en  augmentant  sans  cesse 
le  principe  de  destruction,  sans  s'inquiéter  de  celui  de  la 
production  ;  c'est  ce  qui  est  arrivé  à  l'égard  des  poissons 
dans  le  golfe  du  Lion ,  et ,  pour  remédier  au  mal ,  il  n'est 
qu'un  moyen  ,  celui  de  rétablir  artificiellement  l'équilibre 
entre  les  deux  principes,  en  faisant  de  la  pisciculture  ma- 
rine, comme  on  fait  de  la  pisciculture  d'eau  douce,  comme 
onfaitdel'ostréoculture.  Malheureusement,  la  science  n'est 
pas  aussi  avancée  sur  l'ichthyologie  marine  que  sur  celle 
des  eaux  douces,  car,  si  l'on  connaît  les  formes  d'une  grande 
partie  des  espèces  qui  peuplent  les  mers,  leurs  mœurs  sont 
encore  à  peu  près  ignorées;  à  l'appui  de  ce  que  nous 
avançons,  nous  ne  citerons  qu'un  seul  fait,  l'ignorance 
presque  complète  des  lieux  où  s'effectue  la  ponte  de  la 
plupart  d'entre  elles.  On  trouve  bien,  il  est  vrai,  quelques 
renseignements  épars  dans  divers  auteurs  sur  l'époque  et 
le  lieu  de  la  fraie  de  quelques-uns  de  ces  animaux  ,  ainsi 
que  sur  les  formes  de  leurs  œufs,  mais  ce  ne  sont  guère  que 
de  vagues  connaissances,  et,  si  l'on  demandait  à  quelque 
ichthyologiste  de  déterminer  les  œufs  des  espèces,  même 
vulgaires,  des  poissons  de  mer,  comme  on  le  fait  pour 
la  truite  et  le  saumon  entre  autres,  il  serait,   nous  le 
croyons,  fort  embarrassé.  Cette  partie  de  la  science  a  donc 
besoin  d'être  sérieusement  étudiée,  et  nous  pensons  qu'il 
serait  bon,  pour  remédier  à  cet  état  de  choses,  de  s'adres- 
ser aux  nombreux  naturalistes  qui  habitent  les  bords  de 
la  mer,  et  qui  sont  à  portée  de  faire  des  observations  sui- 
vie» et  sérieuses  ;  on  obtiendrait  ainsi  des  résultats  qu'il 


TRAVAUX    INÉDITS.  523 

est  impossible  d'attendre  de  missions  temporaires  confiées 
à  des  savants  de  l'intérieur,  quelque  incontestables  que 
soient,  du  reste,  leurs  vastes  connaissances. 

X. 

En  jetant  les  yeux  sur  une  carte  du  golfe  du  Lion,  on 
est  frappé  de  la  quantité  de  lagunes  dont  il  est  bordé  :  ce 
sont  ces  lagunes  ou  étangs  salés  qui,  à  notre  avis,  donnent 
un  moyen  sûr  et  facile  de  mettre  la  quantité  du  poisson 
au  niveau  des  exigences  de  la  consommation ,  en  même 
temps  qu'elles  peuvent  aider  au  réempoissonnement  des 
côtes  dépeuplées  par  l'abus  inintelligent  de  nos  pêcheurs. 
Rien  de  plus  facile,  en  effet,  que  d'utiliser  ces  réser- 
voirs naturels  qui  communiquent  tous  avec  la  mer  par  de 
simples  goulots  ou  graus  (réservoirs  déjà  poissonneux  par 
eux-mêmes,  mais  soumis  aux  mêmes  causes  d'épuisement 
que  la  mer)  en  y  lâchant  des  myriades  de  petits  poissons 
venus  artificiellement,  et  que  l'on  aurait  préservés  ainsi 
des  causes  de  destruction  auxquelles  ils  sont  exposés  pen- 
dant les  premiers  âges. 

Pour  arriver  à  cela ,  il  suffirait  de  créer  un  établisse- 
ment semblable  à  celui  d'Huningue,  dans  lequel  on  fécon- 
derait artificiellement  par  millions  les  œufs  des  poissons 
les  plus  propres  à  l'alimentation ,  tels  que  le  Loup  de  la 
Méditerranée  ou  Bar  de  l'Océan  (Labrax  lupus),  les  Muges, 
les  Rougets,  les  Grondins,  les  Soles,  les  Sciènes  et  tant 
d'autres,  qui  formeraient  une  liste  beaucoup  trop  longue 
si  nous  voulions  les  citer  tous.  Une  fois  ces  œufs  fécondés, 
ils  seraient  distribués  dans  toutes  les  localités  qui  pos- 
sèdent des  étangs  salés;  là  on  les  ferait  éclore  par  les 
procédés  reconnus  les  meilleurs,  et,  une  fois  conservés  et 
nourris  le  temps  suffisant  dans  des  bassins  disposés  à  cet 
effet,  ils  seraient  lâchés  tout  uniment  dans  des  lagunes 
dont  on  réglerait  la  communication  avec  la  mer,  et  dont 
on  interdirait  la  pêche  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  acquis  un 
certain  développement. 

On  conçoit  que  cette  opération ,  pratiquée,  chaque  année, 


524.     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

sur  des  étangs  nouveaux,  pendant  que  les  premiers  seraient 
livrés  aux  pêcheurs,  créerait  une  source  continue  et,  pour 
ainsi  dire,  inépuisable  à  la  consommation,  et  cela  sans 
beaucoup  de  peine,  puisque,  une  fois  soustraits  à  leurs 
nombreux  ennemis,  les  œufs  des  poissons  peuvent  parvenir 
presque  tous  àl'éclosion,  et  qu'ainsi  chaque  individu  traité 
dans  l'établissement  donnerait,  à  lui  seul,  des  centaines 
de  mille  petits  poissons. 

Mais,  pour  arriver  à  un  tel  résultat,  il  importe  de  com- 
mencer par  acquérir  des  connaissances  nouvelles  et  pré- 
cises sur  les  mœurs  des  poissons  marins,  et  surtout  des 
espèces  vulgaires;  aussi  nous  ne  doutons  pas  que  le  savant 
embryogéniste  auquel  on  doit,  entre  autres  choses  utiles, 
la  régénération  des  huîtrières  épuisées  et  la  création  de 
plusieurs  bancs  nouveaux  n'attire  l'attention  du  gouver- 
nement sur  ces  études  à  la  fois  utiles  et  intéressantes,  et 
qui,  sans  doute,  faute  de  moyens  suffisants,  paraissent 
avoir  été  négligées  jusqu'ici  par  les  naturalistes.  Nous  ter- 
minons donc  notre  rapide  exposé  en  insistant  sur  l'utilité 
de  créer,  au  bord  de  la  Méditerranée,  un  établissement 
expérimental  qui  permette  d'étudier  avec  fruit  et  sur  une 
assez  grande  échelle  l'importante  question  de  la  piscicul- 
ture marine.  Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  lieux 
propices  ne  manquent  pas  parmi  les  étangs  salés  qui 
bordent  le  Languedoc  et  la  Provence,  et,  pour  n'en  citer 
qu'un  seul  éminemment  favorable  à  une  création  de  ce 
genre,  nous  prendrons  celui  que  nous  sommes  à  portée  de 
connaître  le  mieux ,  l'étang  de  ïhau ,  sorte  de  petite  mer 
intérieure  qui  offre  les  fonds  les  plus  divers,  et  où  l'on 
vient  déjà  de  tenter  la  création  d'un  banc  d'huîtres  en  y 
submergeant  comme  essai  quatre  cent  mille  de  ces  mol- 
lusques. 

Errata.  —  Page  444,  paragr.  VII,  lig.  3,  au  lieu  de  naceri,  lisez 
Naccarii. 


TRAVAUX    INÉDITS.  525 

Notice  sur  un  nouveau  Poisson  du  genre  des  Trichomyc- 
tères,  par  Al.  Guichenot. 
La  révision  que  nous  avons  faite  des  genres  Trichomyc- 
tère>  Val.  (Hist.  Poiss.,  tom.  XVIII,  pag.  485),  Nématoge- 
nys,  Gir.  [Proc.  Acad.  nat.  se.  Phil.,  tom.  VII,  pag.  194), 
et  de  celui  que  M.  Meyer  a  établi  sous  le  nom  de  Pygidie 
(Wieg.  Arch.y  tom.  II,  pag.  269),  nous  a  engagé  à  séparer 
du  premier  de  ces  genres  l'espèce  dont  M.  de  Castelnau  a 
donné  la  description  et  la  figure  dans  la  partie  ichthyolo- 
gique  de  son  Voyage  dans  l'Amérique  du  Sud  (pag.  50, 
pi.  24,  fig.  4),  sous  le  nom  de  Trichomyc terus  pusillus,  et 
qui,  par  exception,  porte,  à  l'extérieur,  un  caractère  qui  le 
distingue  de  suite  des  genres  que  nous  venons  de  citer  pré- 
cédemment, celui  de  manquer  de  filaments  grêles  et  déliés 
aux  narines.  Nous  en  faisons,  à  cause  de  cette  particula- 
rité organique,  le  genre  Astémomyctère,  qui  signifie  na- 
rines privées  de  tentacules  ;  et,  prenant  la  dénomination 
de  M.  de  Castelnau,  nous  appellerons  l'espèce  Âstemomyc- 
terus  pusillus.  Ce  caractère,  tout  notable  qu'il  soit,  et  si 
facile  à  saisir  dans  l'absence  complète  de  tentacules  na- 
saux, a  cependant  échappé  à  l'attention  de  M.  de  Castel- 
nau et  démontre  évidemment  que  le  Poisson  qui  fait  le  su- 
jet spécial  de  cette  notice,  doit  devenir  le  type  d'un  autre 
genre  parmi  les  Trichomyctères,  chez  lesquels  les  narines 
sont  toujours  pourvues  de  filaments.  Nous  devons  égale- 
ment signaler  ici  un  second  caractère  propre  au  genre  des 
Astémomyctères,  qui  consiste  dans  la  forme  particulière  et 
remarquable  des  dents,  et  qui  n'a  pas  non  plus  été  si- 
gnalé par  M.  de  Castelnau  :  toutes  sont  élargies,  renflées 
à  leur  base,  crochues  à  leur  extrémité  et  à  pointe  dirigée 
en  arrière,  contrairement  à  ce  que  l'on  voit  dans  les  autres 
genres  démembrés  du  groupe  des  Trichomyctères,  où  les 
dents  sont  fines,  grêles,  droites,  parfois  aussi  en  herse,  et 
terminées  en  cône  plus  ou  moins  obtus  (suivant  les  espèces 
que  l'on  examine)  sur  les  branches  des  deux  mâchoires. 
La  forme  fourchue  de  la  queue  de  YAstémomyctère,  bien 


526     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

qu'elle  ne  puisse  être  considérée  comme  une  troisième 
note  générique,  le  fait  néanmoins  très-aisément  aussi  dis- 
tinguer des  Trichomyctèrcs  proprement  dits,  des  Némato- 
genys  et  des  Pygidies.  D'ailleurs  ce  nouveau  genre  a, 
comme  ces  trois  derniers,  le  corps  allongé,  couvert  d'une 
peau  nue  sans  écailles;  la  tête  déprimée,  large;  le  museau 
aplati,  arrondi,  et  le  même  faisceau  d'épines  aux  pièces 
operculaires.  Il  leur  ressemble  encore  par  l'absence  de 
nageoire  adipeuse  ou  sans  rayons.  Ce  défaut  de  nageoire 
adipeuse  le  ramène  près  de  Y  Érémophile  de  Mutis,  comme 
toutes  les  espèces  qui  s'en  rapprochent  le  plus  parleur  or- 
ganisation générale,  et  que  nous  retirons,  ainsi  que  les 
Maloptérures,  de  la  grande  famille  des  Siluroïdes,  établie 
parCuvieret  M.Valenciennes(loc.  cit.,  t.  XIV,  pag.  310), 
ou  de  celle  des  Pogonophores  de  M.  G.  Duméril  (Ichth. 
anal.,  pag.  424),  pour  en  former  une  petite  famille  très- 
naturelle,  sous  le  nom  de  Trichomy déridés,  qui  tire  son 
nom  du  genre  principal,  et  dont  les  caractères  généraux 
sont  ceux  du  groupe  qui  a  servi  à  l'établir.  Cette  famille 
se  rapproche,  par  ses  affinités  naturelles,  encore  plus  de 
celle  des  Siluroïdes  que  d'aucune  autre,  et  se  trouve  liée 
aux  Cyprinoïdes  par  le  genre  Loche,  en  latin  Cobitis. 

A  la  suite  de  ces  réflexions  préliminaires,  nous  n'avons 
plus  qu'à  donner  une  simple  description  spécifique  de 
notre  Astemomycterus  pusillus  ou  du  Trichomycterus  pusil- 
lus, comme  l'appelle  M.  de  Castelnau  (loc.  cit.),  et  qui 
achèvera  de  signaler  cette  espèce  à  l'attention  des  ichthyo- 
logistes. 

Ce  singulier  Poisson  offre,  outre  les  particularités  d'or- 
ganisation que  nous  lui  avons  assignées  plus  haut,  un  as- 
pect assez  différent  de  celui  des  autres  Trichomyctères,  et 
qui  indique  bien  qu'il  doit  appartenir  à  un  autre  groupe 
générique.  En  effet,  ce  qui  frappe  dans  la  conformation 
extérieure  de  Y  Astemomycterus  pusillus,  c'est  l'excessif  al- 
longement et  l'extrême  gracilité  de  son  corps,  qui  est  ar- 
rondi en  avant,  comprimé  en  arrière,  et  assez  semblable, 


TRAVAUX    INÉDITS.  %527 

sous  ce  rapport,  à  celui  des  espèces  qui  lui  sont  analogues, 
on  pourrait  presque  dire  identiques,  du  moins  en  ce  qui 
concerne  leur  structure  II  a  la  tête  large,  carrée  et  apla- 
tie; son  museau  est  aminci,  arrondi  au  bout,  et  porte,  à 
chaque  angle  de  la  bouche,  deux  barbillons  dépassant  les 
yeux  en  arrière  ;  ceux-ci  sont  fort  petits  et  tout  à  fait 
verticaux.  Les  épines  qui  garnissent  l'opercule  et  l'in- 
teropercule  sont  fortes;  la  dorsale  et  l'anale  ont  peu  d'é- 
tendue, surtout  cette  dernière  nageoire,  qui  est  coupée 
moins  carrément  ;  les  pectorales  sont  petites,  larges  et 
arrondies. 

La  couleur  de  ce  Poisson  est  d'un  brun  foncé  sur  le 
corps,  et  parfois  couvert  de  petits  points  plus  clairs,  serrés 
entre  eux,  et  qui  forment,  par  leur  réunion,  des  bande- 
lettes longitudinales  irrégulières.  Les  nageoires  sont 
brunes  ;  tout  le  ventre  est  d'un  blanc  mat. 

Nous  ne  connaissons  encore  que  quatre  exemplaires  de 
cette  rare  et  intéressante  espèce  ;  ils  se  ressemblent  entre 
eux  et  sont  tous  de  petite  dimension,  car  le  plus  grand  n'a 
que  neuf  centimètres  de  long.  Ils  ont  été  pris  dans  l'Ura- 
guay  et  dans  l'Amazone,  rivières  centrales  de  l'Amérique 
du  Sud. 

Ce  Poisson,  écrit  M.  de  Castelnau  (loc.  cit.),  est,  de  la 
part  des  pêcheurs  de  l'Uraguay,  l'objet  d'un  préjugé  des 
plus  singuliers  :  ils  prétendent  qu'il  est  fort  dangereux 
d'uriner  dans  la  rivière,  car,  disent-ils,  ce  petit  animal 
s'élance  hors  de  l'eau  et  pénètre  dans  l'urètre  en  remon- 
tant le  long  de  la  colonne  liquide. 

Ce  fait,  dont  nous  n'osons  garantir  l'authenticité,  nous 
paraît  néanmoins  trop  curieux  pour  que  nous  ne  le  men- 
tionnions pas  ici. 


Monographie  du  genre  Choanomphalus  , 
par  M.  J.  R.  Bourguignat. 

Le  genre   Choanomphalus    a  été   établi   dernièrement 


528     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

(1859),  par  M.  Gerstfeldt,  pour  une  petite  Coquille  fluviatile 
du  lac  Baïkal,  en  Sibérie. 

La  Coquille  qui  a  servi  de  type  à  ce  nouveau  genre  offre 
les  plus  grandes  ressemblances  de  forme  et  d'aspect  avec 
nos  Valvata  piscinalis  et  depressa  du  continent  européen, 
mais  ne  possède  point  d'opercule.  Or  ce  manque  d'oper- 
cule indique  un  Animal  complètement  différent  de  celui 
des  Valvata. 

Les  Valvata  vivent  dans  la  vase  des  ruisseaux,  à  l'instar 
des  Bithinies  et  des  Paludines,  tandis  que  les  Choanom- 
phalus  doivent  se  tenir  sur  les  pierres  ou  sur  les  plantes 
aquatiques.  Chez  les  Valvata,  l'Animal  possède  des  bran- 
chies tantôt  internes,  tantôt  externes,  formant  une  sorte 
de  panache  contractile ,  tandis  que,  chez  les  Choanom- 
phalus  (1),  il  ne  doit  exister  qu'une  cavité  tapissée  d'un 
réseau  vasculaire  pour  la  respiration  aérienne,  et  de  la- 
melles branchiales  pour  la  respiration  aquatique. 

Les  Valvata  sont  des  Mollusques  essentiellement  aqua- 
tiques, par  conséquent  branchifères,  tandis  que  les  Choa- 
nomphalus  doivent  être  amphibies,  c'est-à-dire  pulmo- 
br  anches. 

Le  genre  Choanomphalus  doit  donc  être  placé,  au  point 
de  vue  anatomique,  dans  la  famille  des  Limnéens,  et,  au 
point  de  vue  conchyliologique,  à  la  suite  des  Planorbes, 
et  non  après  les  Ancyles,  ainsi  que  l'a  fait  M.  Gerstfeldt. 

Les  Choanomphalus,  en  effet,  ressemblent  beaucoup  à 
certains  Planorbes  un  peu  discoïdes  d'Amérique,  et  doi- 
vent former,  selon  nous,  un  lien  nouveau  entre  les  genres 
Planorbis  et  Limnœa. 

L'appellation  Choanomphalus  (de  yj>a.voç,  entonnoir;  o[a- 
q&koç,  ombilic)  est  un  nom  générique  assez  malheureuse- 
ment formé,  puisque  nous  allons  présenter  deux  espèces 
nouvelles  dont  les  perforations  ombilicales  sont  loin  d'être 
en  forme  d'entonnoir.  Malgré  le  peu  d'exactitude  de  ce 

(1)  Ou  ne  connaît  point  encore  l'Animal  de  ce  genre. 


TRAVAUX    1NKDITS.  )2(.) 

nom  générique,  cette  appellation,  toute  fautive  qu'elle  est, 
doit  être  conservée. 

Les  espèces  du  genre  Choanomphalus  sont  au  nombre 
de  trois  ;  en  voici  les  descriptions  : 

Choanomphalus  Maacki.  (PI.  23,  f.  1-5.) 
Choanomphalus  Maacki,   Gerstfeldt,   Land.   und  sussw. 
Moll.  Sibir.,  in  Mém.  sav.  étrang., 
t.  IX,  p.  528,  fig.  31  A,  B,  C.  — 
1859. 
—  —  E.  Crosse ,  Bibliographie ,   in 

Journ.  de  Conch.,  t.  VIII,  p.  404. 
Oct.  1860. 
Testa  complanato-compressa  ,  infuudibuliformi-umbilicata  ,  lutes- 
cente  coruea,  par  uni  uitidula,  striatula,  ac  irregulariterpassim  vix 
longitudinaliter  malleata;  apice  levi  ;  —  aufractibus  4  sat  velo- 
citer  crescentibus;  ultimo  magno,  subtus  cariuato,  ad  aperturam 
non  desceudente;  — apertura  augulatim-rotundata  : —  columella 
fere  recta  ;  —  peristomate  simplice ,  recto ,  acuto  ;  marginibus 
approximatis,  tenui  callo  junctis. 

Coquille  comprimée,  à  spire  à  peine  élevée,  possédant 
un  ombilic  en  forme  d'entonnoir;  test  d'un  jaune  corné, 
peu  brillant,  et  orné,  çà  et  là,  de  petits  méplats  longitudi- 
naux à  peine  sensibles  ;  —  sommet  lisse  ;  —  quatre  tours 
s' accroissant  assez  rapidement;  dernier  tour  grand,  ca- 
réné en  dessous  vers  l'ombilic,  et  ne  descendant  pas  vers 
l'ouverture;  — celle-ci  est  anguleuse,  presque  arrondie,  à 
columelle,  pour  ainsi  dire,  droite,  et  à  péiistome  simple, 
droit  et  aigu;  —  les  bords  marginaux  sont  assez  rappro 
chés  et  se  trouvent  réunis  par  une  faible  callosité. 

Diamètre 5-6  mill. 

Hauteur 2  1/2-3 

Habite  le  lac  Baïkal,  en  Sibérie. 

Choanomphalus  amauronius.  (PI.  23,  f.  6-10.) 

Testa  compressa  ,  umbilicata ,  viridescente  vel  lutescente-coruea, 
striatula  ac  passim  irregulariter  longitudinaliter  malleata;  —  apice 
levi  ;  —  aufractibus  4,  sat  regulariter  cresceutibus  ;  ultimo  magno, 
rotundato,   ad   aperturam   paululum  descendente;   —  apertura 


530     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

oblongo-rotundata,  peristomate  simplice,  recto  acutoque  ;  margine 

columellari  reflexiusculo  ;   marginibus  approxirnatis,  callo  tenui 

junctis. 

Coquille  comprimée,  ombiliquée,  d'une  teinte  tantôt 
verdàtre,  tantôt  d'un  jaune  corné  terne  ;  —  test  un  peu 
strié  et  orné,  çà  et  là,  de  petits  méplats  longitudinaux  un 

f>eu  plus  marqués  que  dans  l'espèce  précédente  ; — sommet 
isse;  —  4  tours  s' accroissant  assez  régulièrement;  der- 
nier tour  grand,  arrondi  et  descendant  un  peu  vers  l'ou- 
verture; —  ouverture  oblongue-arrondie,  à  péristome 
simple,  droit  et  aigu  ;  —  bord  columellaire  un  peu  ré- 
fléchi sur  l'ombilic;  —  bords  marginaux  rapprochés, 
réunis  par  une  faible  callosité. 

Diamètre 5-6  mill. 

Hauteur 4 

Habite  dans  la  rivière  d'Angara  ainsi  que  dans  le  lac 
Baïkal,  en  Sibérie. 

Le  Choan.  amauronius  diffère  du  Choan.  Maacki  par  son 
test  moins  aplati  ;  —  par  sa  spire  plus  élevée  par  consé- 
quent ;  —  par  son  ombilic  non  caréné  et  non  en  forme 
d'entonnoir;  —  par  son  test  orné  de  petits  méplats  plus 
sensibles;  —  par  son  dernier  tour  descendant  un  peu 
vers  l'ouverture ,  —  par  son  ouverture  non  anguleuse  ;  — 
par  ses  tours  de  spire  s'accroissant  plus  régulièrement; 
—  par  sa  suture  plus  profonde,  puisque  les  tours  sont  plus 
saillants  et  plus  arrondis,  etc.. 

Choanomphalus  aorus.  (PI.  23,  f.  11-15.) 
Testa  depressa,  perforata,  brunnea,  vel  lutescente-cornea  ;  striatula, 
ac  passim  irregulariter  paululum  malleata;  apice  levi;  aufractibus 
4  celeriter  accresccntibus;  ultirao  maximo,  rctundato,  ad  aperturam 
vix  descendente  ;  —  apcrtura  perobliqua  rotundata  ;  peristomate 
simplice,  recto,  acuto  ;  —  margine  columellari  paululum  reflexius- 
culo ;  —  marginibus  approximatis  tenui  callo  junctis. 
Coquille  déprimée,  perforée,  d'une  teinte  brune  ou  d'un 
jaune  corné;   —  test   strié  et  irrégulièrement  orné  de 
petits  méplats  longitudinaux;  —  sommet  lisse;  —  4  tours 
s'accroissant  très-rapidement;   dernier  tour  très-grand, 


TRAVAUX    INÉDITS.  531 

descendant  à  peine  vers  l'ouverture  ;  —  ouverture  très- 
oblique,  arrondie,  à  peristome  simple,  droit  et  aigu;  — 
bord  columellaire  un  peu  réfléchi  sur  la  perforation  ;  — 
bords  marginaux  rapprochés,  réunis  par  une  faible  callo- 
sité. 

Diamètre 5  mill. 

Hauteur 3 

Habite  en  Sibérie,  dans  le  lac  Baïkal. 

Le  Choanomphalus  aorus  se  distingue  du  Choanom- 
phalus  Maacki  par  son  test  moins  déprimé,  —  par  ses 
méplats  mieux  marqués ,  —  par  ses  tours  de  spire  s'ac- 
croissant  très-rapidement;  —  par  son  ouverture  arrondie 
et  non  anguleuse  ;  —  surtout  par  son  dernier  tour  de  spire 
arrondi  en  dessous  et  non  caréné;  —  enfin  par  une  simple 
perforation  et  non  par  un  large  ombilic  en  forme  d'en- 
tonnoir. 

On  distinguera,  en  second  lieu,  le  Choan.  aorus  de 
Yamauronius  à  son  test  plus  déprimé;  à  ses  tours  de 
spire  s'accroissant  plus  rapidement,  par  conséquent  à  son 
dernier  tour  beaucoup  plus  dilaté  ;  —  à  son  ouverture 
plus  arrondie;  —  enfin  surtout  à  sa  perforation  ombili- 
cale, qui  ne  ressemble  en  aucune  manière  au  large  om- 
bilic de  Yamauronius. 


Catalogue  des  Mollusques  de  la  famille  des  Paludinées 

recueillis,  jusqu'à  ce  jour,  en  Sibérie  et  sur  le  territoire 

de  l'Amour,  par  M.  J.  R.  Bourguignat. 

Les  contrées  septentrionales  de  l'Asie  ont  été,  jusqu'à 
présent,  peu  explorées.  Aussi  la  malacologie  de  ces  vastes 
régions  est-elle  à  peine  connue. 

Seuls,  MM.  Martens,  Middendorff,  Maack  et  Gerstfeldt, 
soit  par  des  échanges,  soit  par  leurs  écrits,  ont  fait  con- 
naître un  peu  la  faune  conchyliologique  de  ces  pays. 

Il  y  a  quelque  temps  ,  nous  avons  reçu  un  certain 
nombre  de  Coquilles  de  la  famille  des  Paludinées  de  Sibérie 
et  des  régions  baignées  par  ie  neuve  Amour. 


532     rfv.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

En  comparant  ces  espèces  avec  celles  déjà  publiées  par 
ces  auteurs,  notamment  par  M.  Gerstfeldt,  nous  avons 
reconnu  parmi  nos  Mollusques  plusieurs  espèces  nou- 
velles. 

Ce  sont  donc  les  descriptions  de  ces  Coquilles,  avec  une 
liste  complète  des  autres  Paludinées  publiées  avant  nous, 
que  nous  donnons  en  ce  moment. 

VlVIPARA   USSURIENSIS. 

Paludina  Ussuriensis,  Gerstfeldt,  Land  und  sussw.  Moll. 

Sib,,  in  Mém.  sav.  étrang.,  t.  IX, 

p.  507,  pi.  l,f.  1-4. 1859. 
—  —        H.  Crosse,  Bibliogr.  sur  les  Moll. 

terr.  et  fluv.  de  Sib.,  in  Journ. 

Conch.,  t.  VIII,  p.  398.  1860. 
Cette  magnifique  espèce  présente  deux  variétés  remar- 
quables. —  La  première,  d'une  taille  considérable 
(haut.,  58-60  mil!.;  diam.,  44-45  mill.),  est  très-élégamment 
ornée  de  méplats  symétriquement  placés  en  lignes  con- 
centriques; —  tandis  que  la  seconde,  qui  est  d'une  taille 
moindre  (haut.,  48  mill.;  diam.,  38  mill.),  se  trouve  sil- 
lonnée concentriquement  de  côtes  rudes,  saillantes  et  in- 
égales, tout  en  offrant  des  méplats  aussi  prononcés  que 
ceux  de  la  variété  première. 

Marécages  de  l'embouchure  de  l'Ussuri,  —  ainsi  que 
dans  les  lacs  qui  se  déversent  dans  l'Amour  moyen  et  in- 
férieur. 

VlVIPARA   PR,EROSA.  (PI.  24,  f.  3,  4.) 

Paludina  praerosa,  Gerstfeldt,  Land  und  sussw.  Moll.  Sib., 
in  Mém.  sav.  étrang.,  t.  IX,  p.  509, 
pi.  1,  f.  5  et  7  (excl.  fig.  6a  et  66) 
1859. 
—  —        H.  Crosse,  Bibliogr.  sur  les  Moll.  terr. 

et  fluv.  de  Sib.,  in  Journ.  Conch., 
t.  VIII,  p.  398.  1860. 
Se  distingue  surtout  par  sa  forme  globuleuse,  ramassée, 
et  ses  tours  s'accroissant  avec  la  plus  grande  rapidité. 


TRAVAUX     INÉDITS.  533 

Habite  l'embouchure  de  l'Ussuri. 

VlVIPARA  PACHYA.  (PI.  24,  f.  1,  2.) 
Testa  rimata,  elongata-conica,  solidissima,  crassa,  striatatula,  ac 
concentrice  vix  tessellata  et  passim  paululum  malleata;  fusco-Iuteolo- 
vel-corneo-viridescenti  ;  apice  truncato;  —  aufractibus  6  (quo- 
rum 3  semper  carentes)  regulariter  exacte  crescentibus,  sutura 
impressa  separatis;  —  apertura  obliqua,  fore  rotundata,  intus  al- 
bida;  —  peristomate  acuto,  recto,  simplice;  margioe  columcllari 
super  rimam  apertam  reflexiusculo  ;  margiuibus  callo  albidulo 
crassiusculoque  junctis. 

Coquille  conique  allongée,  pourvue  d'une  fente  ombi- 
licale. Test  épais,  d'une  grande  solidité,  strié  avec  peu  de 
délicatesse,  et  présentant  d'autres  petites  stries  concen- 
triques peu  sensibles  surchargeant  les  premières  en  forme 
de  treillis  ;  quelquefois  même  le  test  offre  encore  quelques 
petits  méplats.  Épiderme  tantôt  d'un  jaune  foncé  tirant 
sur  le  fauve,  tantôt  d'une  teinte  cornée  verdâtre.  Sommet 
toujours  tronqué  ;  6  tours  (les  trois  premiers  manquent) 
convexes,  s* accroissant  avec  la  plus  grande  régularité  et  sé- 
parés les  uns  des  autres  par  une  suture  très-prononcée. 
Ouverture  oblique ,  presque  ronde,  intérieurement  blan- 
châtre, à  péristome  simple,  droit  et  aigu.  Bord  columel- 
laire  un  peu  réfléchi  sur  la  fente  ombilicale,  qui  reste 
toujours  ouverte.  Bords  marginaux  réunis  par  une  callo- 
sité assez  forte. 

Hauteur 34  mil]. 

Diamètre 21 

Cette  espèce  habite  dans  le  fleuve  Amour. 
La  Vivipara  pachya  se  distingue  de  la  prœrosa  par  son 
test  plus  épais;  —  par  sa  fente  ombilicale  jamais  recou- 
verte par  son  bord  columellaire;  —  par  sa  forme  plus  al- 
longée et  non  trapue  et  ramassée,  comme  chez  la  prœrosa; 
surtout  par  ses  tours  de  spire  s'accroissant  avec  la  plus 
grande  régularité,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  la  prœrosa. 

VlVIPARA   ELOPHILA.  (PI.  24,  f.  8,  9.) 

Paludina  prœrosa  (ait.  pars),   Gerstfeldt,  loc.  sup.  cit., 
f.  6a  et  66.  1857. 


534    rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

Cette  espèce,  confondue,  par  M.  Gerstfeldt,  avec  \apra- 
rosa,  se  distingue  de  celle-ci  par  une  taille  trois  fois  plus 
petite,  tout  en  offrant  le  même  nombre  de  tours  ;  —  pnr 
ses  tours  de  spire  s' accroissant  avec  beaucoup  moins  de 
rapidité  ;  —  par  son  test  élégamment  orné  de  stries  fines 
intercalées  entre  d'autres  plus  fortes  et  plus  saillantes; 
—  par  son  bord  columellaire  complètement  réfléchi  et  re- 
couvrant la  fente  ombilicale  ;  —  par  son  sommet  plus 
aigu,  etc. 

Habite  dans  l'Ussuri. 

VlVIPARA   CHLOANTHA.   (PI.  24,  f.  5-7.) 

Testa  rimata,  globosa,  sat  solida,  striata  ac  concentrice  paululum 
malleata;  —   epidermide  corneo-viridescenti  ;  apice  obtuso;  — 
anfractibus  4  convexis,  celeriter  crescentibus,  sutura  paululum 
canaliculata  separatis;  ultirao  convexo,  maximo;  —  apcrtura 
paululum  obliqua,  oblonga  ;  intus  albidula;  peristomate  acuto, 
recto,  simplice  ;  margine  columellari,  super  rimam  reflexiusculo. 
Coquille  globuleuse,  pourvue  d'une  fente  ombilicale,  à 
test  assez  solide,  élégamment  strié  et  orné  de  petits  mé- 
plats concentriques  peu  sensibles.  Épiderme  d'une  teinte 
cornée  verdâtre  uniforme.  Sommet  obtus.  4  tours  con- 
vexes, s' accroissant  avec  la  plus  grande  rapidité  et  sé- 
parés par  une  suture  un  peu  canaliculée.  Dernier  tour 
très-grand.  Ouverture  peu  oblique,  oblongue,  intérieure- 
ment blanchâtre,  à  péristome  simple,  droit  et  aigu.  Bord 
columellaire  un  peu  réfléchi  sur  la  fente  ombilicale. 

Hauteur 16mill. 

Diamètre 16 

Habite  divers  affluents  de  l'Amour  moyen. 

Vivipara  Baicalensis.  (PI.  24,  f.  10.) 
Paludina  Baicalensis,  Gerstfeldt,  Land  und  sussw.  Moll. 
Sibir.,  in  Mém.  sav.  étr.,  t.  IX, 
p.  510,  pi.  1,  f.  8  et  10  (exclus, 
f.  9),  1859. 
—  —      H.  Crosse,  Bibiiog.  sur  les  Moll 

terr.  et  fluv.  de  Sib.,   in  Journ 
Conch.,  t.  VIII,  p.  398.  1860. 


TRAVAUX    INÉDITS.  535 

Habite  dans  le  lac  Baïkal,  en  Sibérie. 

Bythinia  Manchourica.  (PI.  24-,  f.  11-13.) 

Bythinia  Manchourica,  Gerstfeldt,  Mss. 

Testa  imperforata,  oblongo-conica,  tenni,  pellucida,  sat  nitida,  cor- 

nea  vel  luteola,  argutissime  striatula,  ac  elegantissime  costulis 
x  concentrice  ornata  apice  obtuso,  levi.  —  Anfractibus  5  1/2  convexis, 

regulariter  cresccntibus;  apertura  ovato-rotuudata,  obliqua  ;  pe- 

ristomatc  simplice,  recto,  açuto  ;  —  margine  columellari  reflexius- 

culo  ;  marginibus  tcnui  callo  juoctis. 

Coquille  oblongue-conique,  à  test  fragile,  transparent, 
un  peu  brillant,  d'une  teinte  cornée  ou  jaunâtre,  —  très- 
finement  strié  transversalement  et  orné,  de  la  manière 
la  plus  gracieuse,  de  côtes  saillantes  concentriques.  — 
Sommet  lisse  et  obtus.  —  5  tours  1/2  convexes,  s'accrois- 
sant  avec  une  grande  régularité.  Ouverture  ovale-arrondie, 
oblique,  à  péristome  simple,  droit  et  aigu.  Bord  columel- 
laire  réfléchi  sur  la  fente  ombilicale,  qui  est  complète- 
ment recouverte.  —  Bords  marginaux  réunis  par  une 
faible  callosité. 

Hauteur lOmill. 

Diamètre 6 

Habite  le  fleuve  Amour  et  divers  cours  d'eau  de  la  Si- 
bérie méridionale. 

Bythinia  striata.  (PI.  23,  f.  16,  17.) 
Bythinia  striata,  Benson, 

—  —      Gerstfcldt,  Land  und  sussw.  Moll.  Sib., 

in  Mém.  sav.  étr.,  t.  IX,  p.  511,  pi.  1, 
f.  lia,  116.  1859. 
Habite  dans  le  fleuve  Amour  et  à  l'embouchure  de 
l'Ussuri. 

Bythinia  tentaculata. 
Hélix  tentaculata,  Limiœus,  Syst.  nat.  (éd.  X),  I,  p.  774. 

1758. 
Bithinia  tentaculata,  Gray.  in  Turton,  shells  brit.,  p.  93, 

f.  20.  1840. 
Bythinia  tentaculata,  Stein,  Schneck.  berl.,  p.  92,  1850. 


536     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

Paludina  tentaculata,  Middendorff,  Reise  Sibir.,  Il,  Moll., 

p.  298.  1851. 

Bythinia  tentaculata,  Gerstfeldt,  Land  und  sussw.  Moll. 

Sibir.,  in  Mém.  sav.  étr.,  t.  IX, 

p.  534.  1859. 

Habite  en  Sibérie,  aux  environs  de  Barnaul. 

Bythinia  similis. 

Cyclostoma  simile,  Draparnaud,  Hist.  Moll.,  p.  34,  pi.  1, 

f.  15.  1805. 
Bythinia  similis,  Stein,  Schneck.  Berl.,  p.  93.  1850. 

—        —      Gerstfeldt,  Land  und  sussw.  Moll.  Sib., 

in  Mém.  sav.  étr.,  t.  IX,  p.  510.  1859. 

Habite  dans  les  eaux  des  environs  de  Tomsk,  —  ainsi 

que  dans  la  plupart  des  affluents  de  la  Lena  et  de  l'Amour. 

Bythinia  Leachii. 
Turbo  Leachii,  Sheppard,  Desc.  brit.  shells,  in  Trans. 

Linn.,  vol.  XIV,  p.  152.  1823. 
Bythinia  Leachii,  M oquin- Tandon,  Moll.  France,  t.  II, 
p.  527,  pi.  39,  f.  20-22.  1855. 
Éditée  par  Desmoulins  en  1827,  sous  le  nom  de  Similis 
(non  Cycl.  simile  de  Draparnaud);  par  Westendorp,  en 
1835,  sous  celui  de  Kickxii,  cette  espèce  est  citée  sous 
cette  dernière  appellation  par  Middendorff  (Reise  Sibir., 
II,  Moll.,  p.  299.  1851),  comme  vivant  dans  les  ruisseaux 
des  steppes  du  pays  des  Kirgiss,  ainsi  que  dans  les  cours 
d'eau  qui  descendent  des  montagnes  Altaï. 

M.  Gerstfeldt  (loc.  sup.  cit.,  p.  311)  semble  douter  que 
cette  Coquille,  constatée  dans  le  Reise  in  den  Sibiriens,  soit 
bien  la  vraie  Kickxii.  Cependant,  à  en  juger  par  la  courte 
description  qu'en  a  donnée  Middendorff,  les  caractères 
énoncés  sont  bien  ceux  qui  conviennent  à  cette  Coquille 

Bythinia  Angarensis  (1).  (PI.  23,  f.  18,  19.) 
Hydrobia  Angarensis,  Gerstfeldt,  Land  und  sussw.  Moll. 
(1)  Dans  la  planche  qui  accompagne  ce  travail,  on  a  inscrit,  par 
suite  d'une  erreur  typographique,  cette  espèce  sous  le  nom  d'Aga- 
rensis. 


TRAVAUX    INÉDITS.  537 

Sibir.,  in  Mém.  sav.  étr.,  t.  IX, 
p.  311,  pi.  1,  fig.  12a,  126  (exclud. 
fig.  13a,  136).  1859. 
—  —  H.  Crosse,  Bibliog.  sur  les  Moll. 

terr.   et  fluv.    Sibér.,   in   Journ. 
Conch.,  t.  VIII,  p.  390.  1860. 
Se  rencontre  dans  la  rivière  d'Angara,  près  d'Irkutsk, 
et  dans  le  lac  Baïkal. 

Bythinia  raphidia.  (PI.  23,  f.20,  21.) 
Hydrobia  Angarensis  (ait.  pars),  Gerstfeldt,  loc.  sup.  cit., 
pi.  1,  f.  13a  et  136.  1859. 
Se  distingue  de  V Angarensis,  avec  laquelle  elle  a  été 
confondue,  par  son  test  plus  conique,  plus  allongé;  —  par 
ses  tours  de  spire  s'accroissant  plus  régulièrement;  —  par 
son  ouverture  plus  oblongue  et  moins  arrondie;  —  par 
ses  stries  moins  fortes,  etc.,  etc. 
Habite  le  lac  Baïkal. 

Bythinia  aploa.  (PI.  24,  fig.  14.) 
Paludina  Baicalensis  (ait.  pars),  Gerstfeldt,  loc.  sup.  cit., 
pi.  1,  f.  9.1859. 
M.  Gerstfeldt  a  cru  que  cette  espèce  (  à  laquelle  nous 
attribuons  le  nom  de  Byth.  aploa)  était  le  jeune  âge  du 
Viv.  Baicalensis;  l'erreur  est  tellement  grossière,  qu'il  est 
inutile,  selon  nous,  de  donner  les  caractères  de  ces  deux 
Mollusques;  il  suffira,  nous  le  pensons,  de  jeter  les  yeux 
sur  la  pi.  24,  où  ces  deux  Coquilles  se  trouvent  représen- 
tées (fig.  10  et  14),  pour  se  convaincre  de  l'utilité  de  notre 
rectification. 
La  Bythinia  aploa  vit  dans  le  lac  Baïkal. 


Description  d'une  nouvelle  espèce  de  Ceuthorhynchus , 
suivie  de  plusieurs  synonymies  de  ces  espèces,  par 
M.  Henri  Brisout  de  Barneville. 

Ceuthorhynchus  alliari/e  ovatus,  subconvexus,  uiger,  sat  nilidus, 
fere  glaber,  roslro  sat  valido,  punctato  et  substriato,  thorace  pro- 
2e  sérib.  t.  xii.  Année  1860.  35 


538     rev.   et  mag.   de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

l'un  do  canaliculato,  fortins  quam  in  C.  sulcicolli  punctato,  bituber- 
culato,  ut  in  eodem  fere  constructo,  elytris  distincte  punctato-sul- 
catis,  interstitiis  planis  evidonter  rugulosis,  pleuris  flavo-squa- 
mosis.  Pedes  nigri,  tarsis  testaceis,  femoribùs  dente  acuto  ar- 
matis,  mas  fovea  transversali  sat  profunda,  callo  pilifero  utriu- 
que  notata.  —  Hab.  ad  Sanctum  Germanum  in  Laya,  prope  Lute- 
tiam,  in  Erysimo  alliaria  sat  frequens. 

Cette  espèce  est  intermédiaire  entre  le  Ceuthor.  picitar- 
sis  et  le  sulcicollis  ;  il  diffère  du  premier  par  sa  couleur 
noire  et  non  olivâtre,  et  par  l'absence  des  soies  roides  et 
un  peu  dressées  qui  parsèment  les  élytres  du picitarsis.  Il 
est  plus  brillant  que  le  Ceuthor.  sulcicollis;  les  squamules 
sont  très-fines,  visibles  seulement  à  une  forte  loupe  ;  le 
rostre  est  plus  fort,  plus  strié  et  surtout  plus  ponctué 
presque  jusqu'à  l'extrémité,  tandis  que  dans  le  sulcicollis 
le  rostre  est  lisse  à  partir  de  l'insertion  des  antennes  ;  la 
ponctuation  du  prothorax  est  plus  forte,  moins  serrée  ;  les 
élytres  sont  plus  distinctement  ponctués -sillonnés,  les 
intervalles  sont  aussi  plus  ruguleux  ;  les  tarses  sont  testa- 
cés,  la  dent  des  cuisses  est  plus  forte,  plus  aiguë  ;  enfin 
le  mâle  a  des  caractères  différents  :  il  est  pourvu  d'une 
fossette  transversale  assez  profonde,  munie,  de  chaque 
côté,  d'un  calus  chargé  de  poils  noirs  ;  dans  le  même 
sexe,  le  sulcicollis  n'a  qu'une  impression  légère. 

J'ai  décrit  {Annales  de  la  Soc.  Ent.  de  Fr.,  1860,  2e  tri- 
mestre) un  Ceuthorhynchus  sous  le  nom  de  pallidicornis. 
Cette  espèce  n'est  fondée  que  sur  des  exemplaires  presque 
unicolores  du  Ceuthorhynchus  urticœ,  qui  se  rencontrent,  le 
plus  souvent,  à  Saint-Germain  ;  les  squamules,  d'un  cen- 
dré blanchâtre,  se  sont  rapprochées  et  ne  présentent  au- 
cune trace  du  dessin  qui  distingue  cette  espèce  dans  sa 
forme  normale,  à  l'exception  d'une  bande  plus  ou  moins 
obsolète  latérale  sur  les  élytres.  Je  le  réunis  donc  au  Ceu- 
thor. urticœ  (Schonh.,  VIII,  suppl.  577,  81),  dont  j'ai  vu  un 
type  d'Angleterre, 

Le  Ceuthorhynchus pubicollis  (Schonh.,  IV,  346, 146)  offre 
les  mêmes  particularités;  les  squamules,  d'un  cendré  en- 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  539 

core  plus  blanchâtre,  se  répandent  sur  les  élytres  et  lais- 
sent souvent  à  peine  apercevoir  quelques  interruptions, 
tandis  que  la  forme  normale,  qui  est  le  signatus  (Schonh., 
IV,  346,  12),  présente  le  dessin  indiqué  par  cet  auteur. 
Ces  deux  Ceuthorhynchus ,  identiques  pour  les  autres  ca- 
ractères, ne  doivent  former  qu'une  seule  espèce  (ainsi 
signatus  =  pubicollis). 

J'ai  aussi  à  faire  une  observation  relativement  au  Ceu- 
thorhynchus Grcnieri,  que  j'ai  décrit  aussi  (  Annales  de  la 
Soc.  Ent.  de  Fr.,  1860,  2e  trimestre).  Les  élytres  de  ce 
Ceuthorhynchus,  ordinairement  bleu  obscur,  passent  à  un 
noir  plombé  uniforme;  les  intervalles  paraissent  alors 
moins  relevés  ;  c'est  une  variation  cendrée  qui  se  trouve 
non-seulement  à  Aix  en  Provence,  mais  encore  en  Al- 
gérie. 

Les  exemplaires  foncés  en  couleur,  moins  variés  de 
blanchâtre,  forment  le  Ceuthorhynchus  uroleucus  (Schonh., 
suppl.,  577,  149,  72);  ce  ne  serait  qu'une  pure  variété  du 
peregrinus  (Schonh.,  IV,  514,  63)  :  ainsi  peregrinus  —  uro- 
leucus. 

Le  Ceuthorhynchus  cœrulescens  (Schonh.,  IV,  346,  387) 
est  complètement  identique  avec  le  Ceuthor.  chalybœus, 
Germar,  et  doit  lui  être  réuni  ;  il  est  un  peu  plus  brillant; 
cet  éclat  est  dû  au  développement  précoce  de  l'insecte,  ce 
qui  rend  les  élytres  transparents;  c'est  YErysimi  d'Oli- 
vier, selon  M.  Ghevrolat. 

Le  Ceuthorhynchus  atomus  (Schonh.,  VIII,  577,  24, 
suppl.)  n'est  qu'une  variété  noir  bleuâtre  du  setosus  du 
môme  auteur  ;  on  les  envoie  d'Allemagne  sous  ces  deux 
noms  indifféremment. 


II.     SOCIETES     SAVANTES. 

Académie  des  sciences  de  Paris. 
St'-.mce  du  3  décembre  1860.  —  M  Milne-Edwards  pré- 


540     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

sente  la  première  partie  du  6e  volume  de  ses  Leçons  sur  la 
physiologie  et  Vanatomie  comparée  de  V Homme  et  des  Ani- 
maux. 

M.  A.  Duméril  présente  un  Mémoire  intitulé  Rep- 
tiles et  Poissons  de  l'Afrique  occidentale,  étude  précédée  de 
considérations  générales  sur  leur  distribution  géographique. 

Ce  travail  est  renvoyé  à  la  section  d'anatomie  et  de  zoo- 
logie, mais  nous  doutons  qu'il  puisse  procurer  à  son  au- 
teur une  place  sur  la  liste  des  candidats  au  fauteuil  aca- 
démique laissé  vacant  par  son  illustre  père.  Il  est  cer- 
tain que  le  Mémoire  de  M.  Duméril  est  un  vrai  travail  de 
zoologie  ;  mais  ce  n'est  pas  de  cette  zoologie  positive  que 
certaines  personnes  veulent  aujourd'hui,  et  il  est  probable 

qu'il  vaudra  à  son  auteur de  ne  pas  figurer  sur  la  liste 

de  présentation.  Évidemment  cela  vaut  mieux  pour 
M.  Duméril,  car,  en  sa  qualité  de  professeur  d'une  grande 
spécialité  zoologique  au  muséum,  il  doit  être  placé  sur 
une  liste  de  candidature  dans  les  premiers  rangs,  ou  ne 
pas  y  figurer. 

M.  Lacaze-Duthiers  adresse  un  Mémoire  sur  un  point  de 
l'organisation  des  Vermets  [Vermelus  triqueter). 

«  Les  Vermets  présentent,  entre  leur  tête  et  leur  pied, 
une  dépression  d'où  s'échappent  deux  longs  filaments  ten- 
taculiformes,  qu'ils  agitent,  écartent  et  meuvent  comme 
deux  organes  du  toucher.  La  position  insolite  de  ces  deux 
appendices  m'avait  vivement  intrigué  ,  car  sur  la  tête  on 
trouve,  quoique  très-petits,  les  tentacules  ordinaires  que 
présentent  les  Gastéropodes ,  et  qui  sont  bien  certaine- 
ment des  organes  des  sens.  Voici  les  résultats  des  obser- 
vations que  j'ai  faites  sur  le  Vermetus  triqueter  et  le  V.  se- 
misurrectus  (Bivona  et  Philippi)  vivants,  qui  abondent  à 
Mahon  (Minorque)  et  à  Bonifacio  (Corse). 

«  Des  dissections  minutieuses  m'ont  conduit  à  voir  que 
ces  appendices  correspondent  à  un  organe  de  nature  par- 
ticulière ayant  des  rapports  importants  avec  le  pied ,  et 
qu'ils  sont  les  lèvres  prolongées  de  la  fente  ou  orifice 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  541 

d'une  poche  de  nature  glandulaire  placée  dans  la  cavité 
du  corps. 

«  On  sait  que  le  centre  nerveux,  qui,  chez  les  Mollus- 
ques, donne  des  nerfs  aux  muscles  du  pied,  n'en  donne 
à  aucun  autre  organe,  à  l'exception,  toutefois,  des  Oto- 
lithes.  On  peut  donc,  à  bon  droit,  considérer  comme  dé- 
pendance du  pied  toutes  les  parties  qui  tirent  leurs  nerfs 
du  centre  pédieux.  C'est  une  excellente  méthode  que  celle 
qui  consiste  à  déterminer  la  nature  d'une  partie  profon- 
dément modifiée  par  l'étude  de  ses  connexions  avec  les 
autres  parties,  surtout  par  ses  rapports  avec  le  système 
nerveux. 

«  Il  était  nécessaire  d'abord  de  reconnaître  si  le  sys- 
tème nerveux  du  Vermet  était  complètement  semblable  à 
celui  des  autres  Gastéropodes  pectinibranches;  car,  chez 
ces  derniers,  les  connexions,  les  rapports  sont  connus. 
Or  les  quatre  groupes  de  ganglions ,  parfaitement  déve- 
loppés, m'ont  paru  dans  la  position  qu'ils  occupent  habi- 
tuellement :  l'analogie  et  la  similitude  sont  complètes  ;  les 
connexions  doivent  donc  être  les  mêmes.  Or  jamais  les 
tentacules  ou  appendices  céphaliques  ne  reçoivent  leurs 
nerfs  du  centre  pédieux  ;  c'est  du  centre  sus-œsophagien 
qu'ils  les  tirent,  et  l'on  peut  même  remarquer  que  ce  der- 
nier groupe  ganglionnaire  est  plus  particulièrement  lié  à  la 
sensibilité,  tandis  que  le  centre  pédieux,  à  part  son  rap- 
port avec  les  Otolithes,  est  absolument  lié  au  mouvement. 
Il  fallait  donc  ici,  pour  pouvoir  rapporter  les  filaments 
lentaculaires  au  pied  ou  à  la  tête,  connaître  l'origine  de 
leurs  nerfs. 

«  Par  des  dissections  minutieuses ,  difficiles  il  est  vrai, 
mais  qui  ne  laissent  aucun  doute,  j'ai  pu  reconnaître  que 
ces  nerfs  naissent  des  ganglions  pédieux,  et  je  me  trouve 
conduit  à  cette  conclusion,  que  les  appendices  qui  nous  oc- 
cupent ne  sont  pas  des  tentacules  proprement  dits ,  c'est- 
à-dire  qu'ils  ne  doivent  pas  être  considérés  comme  re- 
présentant quelques-uns  de  ces  longs  filaments  ou  voiles 


542     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

céphaliques  si  variés  de  forme  qui,  pour  tous  aujourd'hui, 
sont  en  rapport  avec  la  sensibilité  spéciale. 

«  D'ailleurs,  quand  on  observe  leur  forme  et  leur  dis- 
position, on  voit  qu'ils  n'offrent  pas  les  dispositions  or- 
dinaires d'un  tentacule  :  ils  sont  formés  de  deux  lamelles 
réunies  par  le  bord  extrême,  et  laissant  entre  elles,  en 
dedans,  un  petit  canal  qui  conduit  à  l'orifice  de  la  poche 
glanduleuse  dont  il  a  été  question.  Aussi  l'on  peut  dire 
certainement  que  leur  rôle  est  en  rapport  avec  les  fonc- 
tions de  cet  organe,  dont  l'importance  est  très-grande, 
comme  on  en  jugera  par  les  faits  qui  seront  plus  tard  in- 
diqués. 

«  Ainsi  donc,  en  recherchant  les  rapports  des  parties 
extérieures  avec  les  parties  profondes,  et  plus  spéciale- 
ment avec  le  système  nerveux,  le  doute  n'est  plus  pos- 
sible, et  l'on  trouve  ici  un  exemple  de  l'utilité  de  la  re- 
cherche des  rapports  des  différentes  parties  de  l'orga- 
nisme ,  en  vue  de  la  détermination  de  leur  valeur  ou  si- 
gnification morphologique,  et,  on  peut  le  remarquer,  les 
connexions  seules  nous  ont  conduite  ces  résultats. 

«  Ce  travail,  a  dit  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  en 
le  présentant,  fait  partie  d'un  ensemble  de  recherches 
que  M.  Lacaze-Duthiers  poursuit,  depuis  plusieurs  années, 
sur  la  morphologie  des  Mollusques,  et  en  vue  de  mon- 
trer, dit  l'auteur,  «  comment,  dans  le  groupe  des  Mollus- 
«  ques,  la  nature  a  varié  de  toutes  les  façons  les  formes 
«  extérieures,  sans  changer,  au  fond ,  le  plan  général 
«  d'organisation.  » 

«  M.  Geoffroy-Saint-Hilaire  fait  remarquer  l'intérêt  qui 
s'attache  à  cette  série  de  recherches  sur  les  Mollusques. 
Presque  tout  est  encore  à  faire,  dans  cet  embranchement 
zoologique,  pour  la  démonstration  vraiment  scientifique 
de  l'unité  de  composition  organique,  si  avancée,  au  con- 
traire, à  l'égard  des  deux  embranchements  supérieurs  du 
règne  animal,  les  Vertébrés  et  les  articulés.  » 

Cette  remarque  de  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  543 

est  d'un  bon  fils,  car  on  sait  que  c'est  à  son  illustre  père 
que  la  science  doit  la  célèbre  théorie  de  l'unité  de  com- 
position organique. 

M.  Milne- Edwards  présente  un  ouvrage  de  Mme  Power 
ayant  pour  titre,  Observations  et  expériences  physiques  sur 
plusieurs  Animaux  marins  et  terrestres,  in-8°,  Paris,  1860. 
Il  rend  plus  particulièrement  compte  des  observations  de 
l'auteur  sur  l'instinct  des  Martes  et  sur  la  production  de 
la  coquille  des  Argonautes. 

Séance  du  10  décembre  1860.  —  M.  Pierre  Gratiolet  lit, 
en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Manuel  Leven,  un  remar- 
quable travail  de  physiologie  ayant  pour  titre,  sur  les 
mouvements  de  rotation  sur  ïaxe  que  déterminent  les  lésions 
du  cervelet.  —  Renvoi  à  la  section  d'anatomie  et  de  zoo- 
logie. 

M.  Albert  Gaudry  lit  une  suite  de  son  travail  ayant  pour 
titre,  Résultats  des  fouilles  entreprises  en  Grèce  sous  les  aus- 
pices de  l'Académie. 

Dans  ce  fragment,  M.  Gaudry  fait  connaître  les  débris 
de  deux  nouveaux  genres  de  Mammifères  qui  lui  semblent 
établir  quelques  liens  entre  des  Animaux  qui ,  de  nos 
jours,  se  montrent  très-distincts. 

Chez  le  premier  de  ces  genres ,  les  mâchoires  ont  une 
canine  de  Chat,  une  dernière  molaire  et  une  carnassière 
de  Chien;  par  leurs  autres  caractères,  elles  se  rattachent 
à  la  famille  des  Ursidées.  En  imitant  Cuvier,  qui  faisait 
passer  en  première  ligne,  dans  la  classification  des  Carni- 
vores, la  disposition  des  dents  carnassières  et  tubercu- 
leuses, il  est  permis  de  supposer  que  le  fossile  de  Pikermi 
est  intermédiaire  entre  les  Chiens  et  les  Ours.  On  pourrait 
le  nommer  Metarctos  [perù,  après;  *çktgç9  Ours),  pour 
indiquer  que,  sans  doute,  dans  la  série  zoologique,  il 
devra  se  placer  entre  les  Ours  et  les  Carnivores  digiti- 
grades. 

Le  second  genre  appartient  aux  Pachydermes;  il  est 
voisin  des  Palœotherium  et  des  Paloplotherium;  on  pour- 


544     rev.  et  mag.  de  zoologie.  [Décembre  1860.) 

rait  le  désigner  sous  le  nom  de  Leptodon  grœcm  (a^to?» 
mince;  oJW,  dent),  pour  indiquer  que,  proportionnément 
à  leur  longueur,  les  dents  étaient  extrêmement  étroites. 

M.  Max tin-Saint- Ange  présente  un  Mémoire  de  térato- 
logie accompagné  de  sept*  planches  ayant  pour  titre, 
Description  d'un  fœtus  humain,  né  à  terme,  présentant  un 
grand  nombre  d'anomalies  à  des  degrés  divers,  et  désigné 
sous  le  nom  de  montre  Phocomèle,  suivie  de  quelques  consi- 
dérations générales  sur  le  mode  de  développement  de  l'orga- 
nisme humain. 

«  Envisagé  dans,  son  ensemble,  ce  fœtus  très-gras,  né  à 
terme,  représente  un  enfant  de  dimensions  ordinaires;  son 
poids  est  de  3k,50,  son  corps  est  très-développé  ;  sa  tête  est 
volumineuse  et  allongée.  Les  membres  supérieurs  et  infé- 
rieurs sont  à  peine  ébauchés,  et  c'est  là  le  caractère  dis- 
tinctif  de  la  monstruosité.  Il  a  six  doigts  à  chaque  main 
et  six  orteils  à  chaque  pied,  ou,  pour  mieux  dire,  six 
saillies  à  l'extrémité  libre  des  membres,  séparées  par  de 
petites  échancrures  cutanées  assez  analogues  à  des  pattes 
d'oie.  Les  premières  phalanges  des  doigts  et  des  orteils 
manquent  d'une  manière  presque  absolue. 

«  Quant  à  l'organisation  intérieure,  il  résulte  de  ce  Mé- 
moire qu'elle  présente  aussi  de  nombreux  et  remarqua- 
bles arrêts  de  développement.  Relativement  à  la  circula- 
tion, le  cœur  est  resté  dans  les  conditions  anatomiques 
qui  rappellent  l'état  embryonnaire;  les  vaisseaux  qui  en 
partent  ont  participé  à  cet  arrêt  de  développement,  et  de' 
ces  conditions  réunies  il  résulte  que  le  mouvement  circu- 
latoire du  sang,  chez  le  Phocomèle,  devrait  être,  après  la 
naissance,  ce  qu'il  était  chez  l'embryon,  c'est-à-dire  une 
circulation  analogue  à  celle  des  Reptiles  en  général. 

«  L'appareil  digestif  présente  également  des  arrêts  de 
développement  d'un  grand  intérêt.  On  voit,  au  fond  de  la 
cavité  buccale,  deux  luettes  bien  distinctes  et  séparées 
l'une  de  l'autre  par  un  profond  sillon  qui  divise  la  voûte 
palatine  dans  une  assez  grande  éîenduo.  Ce  vice  de  con- 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  545 

formation  résulte  du  défaut  de  jonction  des  parties  simi- 
laires sur  la  ligne  médiane,  et  il  faut  remonter  à  une 
époque  tout  à  fait  primitive  du  développement  du  fœtus 
pour  y  rencontrer  cette  phase  de  la  création  organique. 

«  Indépendamment  de  ce  fait  curieux  concernant  les 
parois  de  la  cavité  de  la  bouche,  il  en  est  un  autre  non 
moins  intéressant;  je  veux  parler  de  la  petitesse  que  pré- 
sente la  langue  du  Phocomèle.  Cet  organe  semble  comme 
frappé  d'atrophie  et  s'attache ,  par  sa  pointe ,  à  la  face 
interne  du  maxillaire  inférieur  par  un  frein  très- court. 
Il  résulte  de  là  que  la  langue  se  trouve  fixée  dans  la  bou- 
che de  telle  manière  qu'elle  serait  impropre  au  mouve- 
ment de  succion.  En  outre,  on  remarque  sur  les  côtés,  à 
droite  et  à  gauche  du  frein,  deux  masses  ovoïdes  et  pédi- 
culées  qui  sont  restées  isolées  de  la  pointe  de  la  langue. 
Ces  parties,  à  structure  glandiforme,  sont,  par  leur  posi- 
tion et  leurs  rapports,  les  analogues  des  glandes  linguales 
décrites  et  figurées  par  Blandin.  Ici  encore  leur  fusion 
avec  l'extrémité  libre  de  la  langue  ne  se  serait  pas  effec- 
tuée à  un  premier  âge  de  la  vie. 

«  Une  autre  particularité,  qui  est  digne  de  la  plus 
grande  attention,  est  celle-ci  ;  il  existe  sur  chaque  arcade 
alvéolaire,  à  droite  et  à  gauche,  des  saillies  gingivales 
assez  volumineuses,  au  sommet  desquelles  il  y  a  un  ori- 
fice. Ces  sortes  de  petits  cratères  organiques  conduisent 
dans  les  cavités  des  follicules  dentaires;  ceux-ci  prennent 
naissance  dans  le  périoste  des  maxillaires,  et  il  s'élève, 
du  fond  de  leur  cavité,  un  bourgeon  périostique  qui  de- 
viendra, plus  tard,  la  racine  dentaire  et  qui  déposera,  à 
son  extrémité  libre,  un  produit  de  sécrétion  propre  à 
constituer  l'émail  de  la  dent;  enfin,  pour  terminer  ce  qui 
est  relatif  à  la  bouche  du  Phocomèle,  j'ajouterai  que  la 
mâchoire  supérieure  ne  renfermait  que  six  molaires,  trois 
de  chaque  côté,  et  deux  incisives  ;  les  premières  conte- 
nues dans  deux  grandes  loges  osseuses  non  encore  cloi- 
sonnées, et  les  secondes  dans  deux  alvéoles  distincts. 


546     rev.   et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

II  existait  bien  huit  autres  loges  dentaires,  quatre  de 
chaque  côté,  mais  ces  alvéoles,  à  l'état  rudimentaire,  ne 
contenaient  aucun  germe  de  dents.  Quant  à  l'os  maxillaire 
inférieur,  il  ne  renfermait  que  deux  molaires  de  chaque 
côté  et  deux  incisives;  en  tout,  six  dents.  Ainsi  la 
première  dentition,  en  tenant  compte  de  la  vacuité  des 
alvéoles  rudimentaires  du  monstre  phocomèle,  se  compo- 
sait de  quatre  incisives  seulement,  deux  à  chaque  mâ- 
choire, les  dix  molaires  devant  faire  partie  de  la  seconde 
dentition  ;  à  ce  compte ,  il  manquerait  toujours  deux 
grosses  molaires  à  la  mâchoire  inférieure.  Quoi  qu'il  en 
soit,  et  en  attribuant  tous  les  germes  de  dents  retrouvés  à 
la  dentition  de  lait,  on  n'en  aurait  que  quatorze  au  lieu  de 
vingt. 

«  En  passant  ensuite  à  l'appareil  génito-urinaire,  nous 
voyons  là  les  désordres  les  plus  grands  se  produire,  soit  à 
cause  de  la  fusion  des  organes  les  uns  avec  les  autres, 
soit  à  cause  de  leur  état  rudimentaire  extrême.  C'est  ainsi 
que  l'embouchure  des  voies  urinaires  dans  le  rectum, 
celle  des  conduits  spermatiques  dans  la  vessie  urinaire, 
l'absence  d'une  verge,  l'implantation  d'un  gland  rudi- 
mentaire et  imperforé  sur  le  scrotum,  etc.,  sont  des  faits 
qui  impliquent  d'une  manière  absolue  l'impossibilité  de 
reproduction  pour  l'espèce.  » 

M.  Lamare-Picquot  soumet  au  jugement  de  l'Académie 
la  première  partie  d'un  travail  intitulé,  Physiologie  comJ 
parée  de  quelques  animaux  voyageurs. 

Dans  cette  première  partie,  l'auteur,  après  quelques 
considérations  sur  la  diète  alimentaire  à  laquelle  sont 
condamnées  les  populations  situées  près  du  cercle  polaire, 
s'occupe  presque  exclusivement  de  deux  Mammifères  de 
ces  régions,  l'Ours  blanc  et  le  Renard  blanc  du  pôle  arc- 
tique. 

Commissaires,  MM.  Geoffroy- Saint  -  Hilaire  ,  Milne- 
Kdwards,  Cl.  Bernard. 

Séance  du  17  décembre.  —  La  section  de  zoologie  et 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  547 

d'anatomic  comparée  [singulière  erreur!  lisez  d'anatomie 
et  zoologie)  présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Duméril  : 

1°  M.  Blanchard,  2°  M.  Gerçais,  3°  M.  Martin-St.-Ange, 
4°  M.  Robin,  5°  M.  Hollard,  et  6°  MM.  Gratiolet  et  Puche- 
ran,  auxquels  sont  adjoints,  par  la  volonté  de  l'Aca- 
démie, MM.  Longet  et  Poiseuille  (1).  ' 

Cette  adjonction  de  savants,  votée  par  l'Académie  contre 
les  intentions  de  la  section,  est  très-regrettable,  car  un 
candidat  qui  n'avait  pas  été  présenté  par  cette  section 
peut  être  nommé  malgré  elle.  Ce  fait  n'est  pas  le  seul  qui 
vienne  montrer  que  les  sections  ne  sont  pas  toujours  dans 
le  vrai  chemin  de  la  justice,  et  il  prouve  de  nouveau  que  le 
mode  de  présentation  aux  fauteuils  académiques  devrait 
être  réformé  et  mis  en  harmonie  avec  nos  mœurs. 

Ceci  me  décide  à  mettre  enfin  en  avant  une  idée  extraite 
d'un  mémoire  assez  étendu,  conservé  inédit  jusqu'ici,  et 
que  j'avais  écrit,  il  y  a  quelques  années,  à  l'occasion  des 
abus  qui  s'attachent  aussi  au  concours. 

Dans  ce  travail,  je  démontre  que,  dans  la  plupart  des 
concours,  et  aux  académies  et  sociétés  savantes,  les  can- 
didats sont  jugés  et  classés  par  des  savants  arrivés,  qui 
ont,  presque  toujours,  été  leurs  adversaires  et,  trop  sou- 
vent, sont  encore  leurs  ennemis  (2).  De  plus,  lorsque  cer- 
taines idées  prédominent  dans  une  section,  tous  ceux  qui 
ne  les  partagent  pas,  ou  n'affectent  pas  de  les  partager, 
sont  repoussés,  en  sorte  que  ce  groupe  tend  forcément  à 
s'adjoindre  celui  des  candidats  qui  envisage  la  science  de 
la  même  manière.  Si,  malheureusement,  les  membres  de 
cette  majorité  se  trouvaient  être  de  ces  savants  universels 

(1)  On  entendait  dire,  parmi  les  personnes  qui  assistent  aux  séan- 
ces, que  l'on  serait  plus  dans  le  vrai  si  cette  liste  était  retournée. 

[%)  Croit-on  qu'un  homme  d'un  grand  génie,  appelé,  par  le  suf- 
frage universel,  à  gouverner  un  grand  pays,  serait  nommé  s'il  lui 
fallait  devoir  sou  élection  au  vote  des  empereurs  et  des  rois  ses  ad- 
versaires? 


548     rev.  et  mao.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

(académiques ,  comme  ils  disent)  qui  connaissent  tout  et  ne 
savent  rien  à  fond  (1) ,  ils  auraient  le  plus  grand  intérêt  à 
ne  pas  laisser  entrer  des  candidats  supérieurs,  de  ces 
hommes  forts  comme  on  l'est  quand  on  s'est  adonné  sé- 
rieusement à  une  spécialité,  et  comme  on  doit  l'être  dans 
un  corps  placé  à  la  tête  du  mouvement  intellectuel  d'un 
grand  pays. 

11  est  impossible  d'attendre  de  notre  faible  humanité 
que  des  savants,  même  les  plus  consciencieux,  ne  verront 
pas,  au  moins  avec  peine,  leur  suprématie  s'évanouir  par 
l'adjonction,  dans  leur  section,  de  savants  au  moins  plus 
actifs,  qui  peuvent  marcher  devant  eux,  au  lieu  de  les  suivre 
humblement.  Il  est  aussi  difficile  d'admettre  que  des  sa- 
vants qui  se  croient  les  chefs  d'une  école  nouvelle  ne  choisi- 
ront pas  plutôt  leurs  disciples,  accoutumés  à  admirer  leurs 
théories  et  à  les  propager,  que  des  hommes  supérieurs 
restés  indépendants.  Il  faut  donc  leur  épargner  ces  tenta- 
tions, il  ne  faut  pas  mettre  leur  honnêteté  aux  prises  avec 
leur  amour-propre  et  surtout  avec  leur  intérêt. 

Pour  éviter  tous  ces  inconvénients,  il  suffirait  de  décider 
que  les  membres  de  l'Académie  des  sciences  (et  aussi  des 
autres  corps  savants)  seront  désignés  par  le  vote  uni- 
versel de  tous  les  hommes  de  science  de  l'empire  (2),  et 

(1)  Des  savants,  qui  ont  ainsi  embrassé  l'ensemble  de  la  zoologie, 
de  la  botanique,  etc.,  peuvent  faire  d'excellents  professeurs  de  facul- 
tés; mais,  dans  une  sphère  plus  élevée,  il  faut  que  les  études  aillent 
bien  au  delà  de  ces  généralités.  C'est  ce  qui  a  été  compris  pour  l'or_ 
ganisation  des  cours  du  muséum  d'histoire  naturelle.  Là  on  a  voulu 
créer  des  chaires  spéciales  pour  chacune  des  grandes  branches  de  la 
zoologie,  par  exemple.  Il  serait  fâcheux  d'y  voir  plusieurs  profes- 
seurs s'occupant  de  l'ensemble,  y  faisant  de  véritables  cours  de  fa- 
cultés ,  et,  quand  il  existe  des  savants  soutenus  qui  se  trouvent  dans 
ce  cas,  on  est  obligé  de  les  répartir  dans  diverses  spécialités,  ce  qui 
est  facile,  mais  peu  avantageux  pour  le  progrès,  parce  que  ces  sa- 
vants à  connaissances  générales  peuvent  prendre  indifféremment 
n'importe  quelle  chaire  vacante. 

(2)  On  pourrait  considérer  comme  des  hommes  de  science  tous 
les  docteurs  es  sciences ,  professeurs  dans  les  facultés  et  tous  ceux 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  549 

que  l'Académie  tout  entière  présentera  au  choix  du  mi- 
nistre les  trois  candidats  qui  auront  réuni  le  plus  de  voix. 

Au  moyen  de  ce  système,  dont  je  m'abstiens,  pour  le 
moment,  de  développer  les  moyens  d'exécution,  les  savants 
vraiment  supérieurs  par  leurs  travaux,  par  l'utilité  de  leurs 
oeuvres  connues  et  appréciées  de  tous  ceux  qui  s'en  seraient 
servis,  arriveraient  à  la  haute  position  de  membres  de 
l'Académie  des  sciences,  sans  être  obligés  de  se  soumettre 
aux  déplorables  démarches  que  nécessitent  les  candidatures 
actuelles.  La  dignité  et  l'influence  de  l'Académie,  composée 
des  savants  qui  feraient  la  gloire  de  la  France,  gagneraient 
à  ce  mode  équitable  et  impartial  de  nomination,  et  les 
élus,  conservant  toute  leur  indépendance,  n'ayant  aucune 
rancune  contre  leurs  confrères,  auraient  le  droit  de  se 
regarder  comme  nommés  au  véritable  concours.  On  serait 
certain,  ainsi,  qu'aucune  influence  de  parenté  et  de  coterie, 
qu'aucune  considération  autre  que  la  justice  n'auraient 
pu  agir  sur  des  électeurs  dispersés  dans  tout  l'empire,  sur 
des  hommes  de  science  qui  n'auraient  peut-être  jamais  vu 
les  candidats,  et  qui  les  jugeraient  uniquement  d'après  les 
travaux  que  ceux-ci  auraient  publiés  et  soumis  ainsi  à 
l'appréciation  et  au  jugement  de  tous. 

Cette  idée,  que  je  médite  depuis  longtemps,  sera  diver- 
sement appréciée.  Les  savants  arrivés  la  trouveront  ab- 
surde, ridicule,  pitoyable.  Leurs  enfants,  leurs  disciples, 
leurs  protégés  et  leurs  flatteurs  feront  chorus  ;  mais  ceux 
,  qui  ont  la  noble  ambition  d'arriver  par  leurs  oeuvres  seules 
trouveront  qu'il  est  bien  plus  honorable  d'être  présenté 
au  choix  du  pouvoir  par  les  suffrages  indépendants  de 

tous  leurs  pairs,  et  ils  approuveront  mon  idée sans  oser 

cependant  m'en  remercier,  et  sans  me  tenir  compte  de  mon 
abnégation,  surtout  si  la  réussite  ne  vient  pas  couronner 

auxquels  la  Société  des  amis  des  sciences ,  fondée  par  l'illustre 
Thénard,  accorde  le  titre  de  savant;  ils  enverraient  leurs  votes  ca- 
chetés au  président  de  l'Académie,  et  le  dépouillement  en  serait  fait 
avec  les  garanties  d'usage. 


350     kev.  et  mag.  de  zoologie.  [Décembre  1860.) 

mon  initiative,  et  je  ne  pourrai  pas  dire  qu'ils  ont  lort  de 
se  tenir  dans  une  si  sage  réserve. 

Dans  l'impossibilité  de  m' accorder  le  luxe  d'une  candi- 
dature dite  sérieuse,  qui  consiste  moins  dans  des  travaux 
vraiment  scientifiques  et  profonds  que  dans  l'art  de  se 
faire  des  partisans  pendant  trois  ou  quatre  ans  de  pa- 
tience, remplis  par  de  nombreuses  visites,  quelques  mé- 
moires élogieux  pleins  d'admirations  de  commande,  etc., 
je  fais  comme  le  Parthe  ;  seulement  ma  flèche  porte  un 
levain  dont  je  ne  verrai  peut-être  pas  les  effets,  mais  qui 
agira  tôt  ou  tard. 

Séance  du  24  décembre.  — M.  le  docteur  Bourgarel,  chi- 
rurgien de  la  marine  impériale,  lit  un  mémoire  d'anthro- 
pologie ayant  pour  objet  l'étude  des  races  de  l'Océanie 
française,  et  particulièrement  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
Nous  reviendrons  sur  cet  important  travail. 

L'Académie  passe  ensuite  au  vote  pour  la  nomination 
d'un  membre  dans  la  section  d'anatomie  et  zoologie. 

Au  premier  tour  le  candidat  de  la  section  obtient  vingt- 
cinq  suffrages  ;  celui  de  l'Académie,  vingt-neuf. 

Au  deuxième  tour,  le  candidat  de  la  section  obtient 
vingt-sept  suffrages,  et  celui  de  l'Académie  trente  et  un. 

En  conséquence,  M.  le  docteur  Longet,  l'un  de  nos  plus 
savants  physiologistes,  après  avoir  perdu  plusieurs  années 
en  démarches  pénibles,  est  proclamé  membre  de  l'Aca- 
démie, et  c'est  heureusement  justice. 

Ce  résultat,  très-fâcheux  pour  la  majorité  de  la  section,  . 
mais  excellent  pour  la  considération  de  l'Académie,  était 
prévu;  mais  il  n'en  a  pas  moins  produit  une  profonde 
sensation.  C'est  un  événement  qui  montre  encore  la  haute 
raison  des  grands  nombres  et  vient  appuyer  mon  idée 
d'élection  au  suffrage  universel,  qui  pourrait  bien  faire 
son  chemin ,  si  elle  était  souvent  aussi  efficacement  sou- 
tenue par  des  sections  académiques. 

La  prévision  de  ce  résultat  avait  inspiré  à  M.  G.  Gri- 
maud  de  Caux  un  article  aussi  sagement  pensé  que  re- 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  551 

marquablement  écrit.  Comme  ce  sujet,  traité  avec  autant 
d'indépendance  que  de  logique,  intéresse  tous  les  savants, 
et  plus  spécialement  les  zoologistes,  je  crois  leur  être 
agréable  en  reproduisant  cet  article,  pour  le  conserver  à 
la  science  autrement  que  dans  une  feuille  volante 

«  Lundi  dernier,  la  séance  de  l'Académie  des  sciences 
s'est  bornée  à  "la  lecture  du  procès-verbal  et  de  la  corres- 
pondance. La  compagnie  s'est  formée  immédiatement  en 
comité  secret. 

«  L'Académie  a  trois  membres  à  remplacer  :  dans  la  sec- 
tion d'anatomie  et  zoologie,  M.  Duméril;  dans  la  section 
de  botanique,  M.  Payer;  et  dans  la  section  de  géographie 
et  navigation,  M.  Daussy.  Le  comité  secret  de  lundi  a  eu 
pour  objet  le  remplacement  de  M.  Duméril. 

«  J'ai  déjà  dit  ici  que  l'Académie  est  divisée  en  onze  sec- 
tions formant  deux  groupes,  le  premier  embrassant  les 
sciences  mathématiques,  et  le  second  les  sciences  physiques. 

«  Quelle  que  soit  l'universalité  de  ses  connaissances,  au- 
cun membre  ne  prétend  à  une  compétence  absolue,  si  ce 
n'est  pour  la  science  qui  a  été  l'objet  de  ses  préférences, 
et  à  la  culture  de  laquelle  son  génie  s'est  appliqué  avec 
succès. 

«  Il  résulte  de  cette  situation  que,  quand  il  s'agit  d'une 
élection,  la  véritable  compétence  appartient,  en  droit 
comme  en  fait,  à  la  section  dont  il  faut  remplacer  le 
membre  décédé. 

«  L'Académie  a  un  grand  respect  pour  le  principe  de  la 
compétence,  qui,  appliqué  avec  discernement,  comme 
c'est  l'ordinaire,  est  le  véritable  fondement  de  sa  gran- 
deur. 

«  A  leur  tour,  les  sections  sont  pénétrées  de  la  respon- 
sabilité effective  qui  leur  incombe,  et  elles  mettent  tous 
leurs  soins  à  établir  une  liste  de  présentation  qui  classe 
dans  un  véritable  ordre  de  mérite  réel  les  candidats, 
presque  toujours  assez  nombreux,  qui  se  présentent  aux 
suffrages  de  l'Académie. 


552     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

«  Si,  ce  qui  peut  arriver,  la  liste  de  la  section  n'est  pas 
l'expression  réelle  du  mérite  gradué  des  candidats,  l'Aca- 
démie, sans  impugner  cette  liste  et  sans  la  rejeter,  par 
conséquent,  désigne  elle-même  le  candidat  auquel  il  lui 
semble  que  justice  n'a  pas  été  rendue,  et,  le  jour  de  l'élec- 
tion, la  lutte  s'établit  entre  la  liste  de  la  section  et  celle  de 
l'Académie. 

«  Ce  cas  est  toujours  très-grave,  parce  que ,  quand  les 
prétentions  de  la  section  ne  sont  point  admises,  il  en  ré- 
sulte, pour  elle,  un  discrédit  incontestable. 

«  Le  comité  secret  de  lundi  dernier  a  révélé  une  situation 
de  ce  genre.  La  section  d'anatomie  et  zoloogie  a  présenté 
une  liste  nombreuse,  trop  nombreuse,  dont  la  formation 
a  donné  lieu  à  des  combinaison  singulières.  Cette  liste  ne 
paraît  pas  avoir  satisfait  l'Académie.  L'élection  de  lundi 
prochain  s'établira  donc  sur  une  double  liste. 

«  Je  ne  connais  aucun  candidat  ni  d'un  côté  ni  de  l'au- 
tre, et  d'ailleurs  je  n'aurais  pas  la  présomption  de  dicter 
un  choix  quelconque  à  l'illustre  assemblée;  mais,  abstrac- 
tion faite  des  titres  scientifiques,  dont  je  me  dispense  de 
discuter  la  valeur,  une  raison  supérieure  doit  donner 
gain  de  cause  au  candidat  de  l'Académie.  Cette  raison, 
c'est  la  nécessité  de  confirmer  la  règle  par  l'exception, 
quand  l'exception  est  manifestement  indiquée. 

«  Je  crois  être  l'écho  de  l'opinion  générale  en  affirmant, 
comme  je  le  fais,  que,  dans  la  circonstance,  l'exception 
sera  solennelle,  et  que  jamais  elle  ne  fut  plus  nécessaire  ; 
et  cela  se  comprend  de  reste. 

«  La  section  d'anatomie  et  zoologie  se  compose  de  six 
membres,  dont  un  est  à  remplacer;  restent  cinq  acadé- 
miciens auxquels  a  été  dévolu  le  sort  des  candidats. 

«  Supposez  que,  parmi  ces  cinq  membres,  il  y  ait  trois 
médiocrités;  ces  médiocrités,  ayant  la  majorité ,  ont  donc 
déterminé  la  formation  de  la  liste.  Or  il  faudrait  mécon- 
naître la  nature  humaine  pour  ne  pas  ctse  convaincu  que 
jamais  des  hommes  médiocres  ne  consentent  à  s'adjoindre 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  55 3 

des  hommes  do  talent.  C'est  surtout  ici  que  s'applique  la 
loi  d'attraction  de  soi  pour  soi,  dont  Etienne  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  a  jadis  fait  l'application  à  l'anatomie  trans- 
cendante. 

«  L'Académie  a  donc  eu  toute  raison  de  considérer  la 
liste  de  la  section  comme  insuffisante,  et  de  désigner,  elle 
aussi,  son  candidat. 

«  Il  y  a  des  membres  qui  penchent  pour  la  liste  de  la 
section,  uniquement  par  respect  pour  le  principe  de  la 
compétence;  ceux-là  oublient  que,  en  admettant  les  ex- 
ceptions motivées,  on  ne  manque  pas  aux  principes;  que, 
au  contraire ,  on  leur  rend  hommage  en  enlevant  à  leur 
application  tout  caractère  d'esprit  coutumier  et  d'aveugle 
routine.  Dans  la  circonstance  présente,  on  consacre  une 
fois  de  plus  l'omnipotence  souveraine  de  l'assemblée,  que 
les  sections  ne  doivent  jamais  perdre  de  vue ,  et  Ton  ré- 
prime efficacement  les  écarts  où  les  pousse  la  prépotencc 
naturelle  aux  médiocrités,  auxquelles  un  hasard  funeste  a 
donné  la  majorité. 

«  Le  groupe  des  sciences  physiques  ne  contient  pas  moins 
de  dix-huit  docteurs  en  médecine,  en  y  comprenant  le 
secrétaire  perpétuel,  M.  Flourens;  lesquels,  pour  obtenir 
leur  grade,  ont  dû  cultiver  plus  ou  moins  les  sciences 
anatomiques  et  zoologiques. 

«  Si  l'élection  introduit  dans  la  section  une  médiocrité 
de  plus,  c'est  sur  ces  dix-huit  membres  que  pèsera  la  res- 
ponsabilité des  conséquences. 

«  Ceux-là  doivent  considérer  jusqu'à  quel  point  il  peut 
être  indifférent  à  l'Académie,  à  sa  propre  gloire,  de  se 
trouver,  pour  un  long  temps  peut-être,  dans  l'impossibi- 
lité d'introduire  dans  sa  section  d'anatomie  et  zoologie 
des  hommes  de  valeur  ;  si,  malgré  ceux  qui  existent  dans 
les  sections  diverses  et  même  hors  des  sections,  il  n'im- 
porte pas,  toutes  les  fois  qu'il  y  a  lieu,  d'attirer  les  es- 
prits les  plus  capables  de  continuer  la  domination  paci- 

2e  skrib.  t.  xii.  Année  18G0.  36 


55 '*     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

tique  de  la  France  à  l'étranger,  domination  à  laquelle 
l'Académie  des  sciences  a  eu  certainement  la  plus  grande 
part  jusqu'à  ce  jour,  et  si  l'adjonction  irréfléchie  des  mé- 
diocrités n'est  pas  le  plus  sûr  moyen  d'amoindrir  cette 
gloire  et,  par  conséquent,  de  la  compromettre. 

«  J'ai  dit  que  la  formation  de  la  liste  de  la  section  avait 
été  l'objet  des  combinaisons  les  plus  singulières  et,  j'ose- 
rai ajouter,  les  moins  dignes.  Cette  liste  était  déjà  assez 
nombreuse,  et  néanmoins  la  section  a  fait  parler  le  télé- 
graphe pour  provoquer  la  candidature  d'un  savant  mo- 
deste que  ses  fonctions  retiennent  en  province,  et  qui, 
mettant  ses  prétentions  au  niveau  réel  de  ses  travaux  et 
de  ses  moyens,  n'avait,  jusqu'à  présent,  sollicité  qu'une 
place  de  membre  correspondant. 

«  La  section  a  cru  avoir  besoin  de  cette  candidature  sup- 
plémentaire pour  donner  un  plus  grand  relief  à  son  can- 
didat préféré,  et  aussi  pour  éloigner  d'un  rang  de  plus 
dans  sa  liste,  ou  pour  mettre  hors  rang,  ceux  qu'elle  re- 
doutait ou  qu'elle  ne  voulait  pas  classer. 

«  De  pareilles  habiletés  sont  à  la  hauteur  des  esprits  qui 
les  ont  conçues  ;  cela  n'est  pas  digne  des  savants  sérieux 
qui  composent  l'Académie  en  grande  majorité  et  sont  le 
fondement  réel  de  son  illustration. 

«  Je  n'ajouterai  plus  qu'un  mot,  mais  il  me  paraît  indis- 
pensable. C'est  certainement  une  chose  fort  délicate  et 
surtout  très-difficile  que  de  prendre  parti,  du  dehors,  dans 
les  élections  de  l'Académie  des  sciences.  Là  les  candidats 
doivent  être  et  sont  toujours ,  quand  la  règle  est  ob- 
servée, des  hommes  tellement  spéciaux  qu'ils  ne  peu- 
vent être  jugés  que  par  leurs  pairs,  et  ces  jugements,  il 
faut  les  respecter. 

«  C'est  pourquoi  Y  Union,  on  peut  lui  rendre  cette  justice, 
ne  s'est  jamais  mêlée  d'aucune  candidature.  Dans  la  cir- 
constance actuelle  même,  elle  n'a  aucun  prétendant  à  re- 
commander; d'ailleurs  on  le  sait  bien,  en  fait  de  science, 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  555 

sa  politique  est  de  n'avoir  point  d'opinion  et  do  ne  tenir 
compte  que  des  progrès  véritables. 

«  Ce  que  Y  Union  veut  consacrer  aujourd'hui,  c'est  que, 
quand  la  majorité  de  l'Académie  prononce  d'avance,  en 
quelque  sorte,  la  cassation  du  jugement  d'une  section,  en 
mettant  une  liste  nouvelle  en  opposition  avec  la  liste  que 
cette  section  fourvoyée  lui  présente,  ce  ne  sont  pas  seule- 
ment les  convenances  et  la  dignité  de  l'Académie  qui 
commandent,  c'est  la  raison  et  le  respect  des  principes.  » 

Union  du  22  décembre  1860. 

M.  le  comte  Gowilski  annonce  que,  cette  année,  pour  la 
première  fois,  les  Sauterelles  ont  envahi  la  Gallicie  ou 
Pologne  autrichienne. 

Séance  du  31  décembre  1860.  —  M.  Flourens  lit  un  Tra- 
vail ayant  pour  titre  :  Nouvelles  expériences  sur  la  coloration 
des  os  du  fœtus  par  le  régime  de  la  mère. 

Le  savant  académicien  rappelle  ses  précédents  travaux 
sur  le  même  sujet.  Il  cite  les  expériences  physiologiques 
de  ses  prédécesseurs  sur  la  respiration  chez  le  fœtus,  exa- 
mine comment  se  fait  sa  nutrition,  et  en  conclut  que  le 
fœtus  se  nourrit  et  respire  par  la  mère. 


III    ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Planches  coloriées  des  Oiseaux  de  la  Belgique  et  de 
leurs  œufs,  dédiées  à  S.  M.  Léopold  Ier,  roi  des  Belges, 
par  Ch.  F.  Dubois. —  Gr.  in-8%  fig.  coloriées,  Bruxelles, 
1860. 

Ce  bel  ouvrage,  qui  forme  une  véritable  faune  ornitho- 
logique  de  l'Europe,  est  continué  avec  la  plus  louable 
activité  par  son  auteur,  et  mérite  toujours  l'accueil  em- 
pressé que  lui  ont  fait  les  naturalistes. 

Comme  nous  avons  déjà  parlé  plusieurs  fois  des  livrai- 
sons qui  se  succèdent  sans  interruption,  nous  nous  borne- 
rons à  annoncer  aujourd'hui  que  l'auteur,  au  lieu  de  né- 
gliger l'exécution  de  son  livre,  comme  cela  arrive  quel- 


556     rev.   kt  mag.  de  zoologie.  {Décembre  1860.) 

quefois  dans  les  publications  faites  seulement  dans  un  but 
purement  commercial,  a  apporté  des  améliorations  con- 
stantes dans  le  dessin,  la  lithographie  et  le  coloris  de  ses 
planches,  qui  forment  le  plus  souvent,  de  jolis  petits 
paysages  appropriés  aux  mœurs  des  espèces  représentées. 
L'examen  des  livraisons  116  à  130,  que  nous  avons 
sous  les  yeux,  nous  fait' constater  des  progrès  constants  et 
nous  encourage  plus  que  jamais  à  recommander  cet  ou- 
vrage. (G.  M.) 

Le  Monde  des  Oiseaux.  —  Ornithologie  passionnelle,  par 
M.  A.  ïoussenel,  2e  et  3e  volumes. 
(Troisième  article.) 
Nous  avons  rendu  compte,  il  y  a  déjà  longtemps  et  à 
deux  reprises  (1),  de  Y  Ornithologie  passionnelle  de  M.  Tous - 
senel,  ouvrage  d'humour  et  d'imagination  quant  à  la  théo- 
rie, mais  rempli  de  faits  nouveaux  et  des  observations  les 
plus  fines  sur  les  mœurs  des  Oiseaux  de  notre  Europe. 
Nous  ne  nous  occupâmes  alors  que  du  premier  volume; 
bien  près  de  la  même  époque  deux  autres  volumes  ont 
paru,  et  nous  venons  aujourd'hui,  comme  nous  nous  y  en- 
gageâmes alors,  remplir,  quoique  tardivement,  notre  pro- 
messe et  vis-à-vis  de  M.  Toussenel  et  vis-à-vis  des  orni- 
thologistes. 

Nous  avons  vu  que,  dans  le  premier  volume,  l'auteur, 
reprenant  la  classification  par  la  fin,  à  l'instar  (et  bien  à 
son  insu)  de  Scopoli  et  du  docteur  Reichenbach,  a  traité 
des  trois  ordres  qu'il  nomme  Rémipèdes  pour  les  Palmi- 
pèdes, Longitarses  pour  les  Échassiers,  et  Vélocipèdes  pour 
les  Coureurs  et  les  Pulvérateurs.  Dans  le  deuxième  volume, 
continuant  le  développement  de  son  système,  il  traite  des 
deux  ordres  suivants  :  1°  Sédipèdes,  divisés  en  Frugivores 
pour  les  Pigeons,  Granivores  pour  les  Fringilles,  Baccivores 
pour  les  Fauvettes,  et  Insectivores  pour  les  Traquets,  Go- 
be-Mouches, Hirondelles,  Engoulevents,  Grimpereaux, 
il)  Rev.  et  mag.  de  zoologie,  1859,  n°»  1  et  4,  p.  41  et  193. 


ANALYSES  d' OUVRAGES  NOUVEAUX.        557 

Huppes,  Guêpiers,  Martins-Pêcheurs  et  Mésanges;  2°  Ju- 
gipèdes  pour  les  Zygodactyles  ou  Grimpeurs. 

Et  dans  le  troisième  volume  de  son  ordre,  le  plus  impor- 
tant, celui  des  Serripèdes,  renfermant  la  série  ambiguë  des 
Omnivores,  consacrée  aux  six  genres  :  Casse-noix,  Cor- 
beau, Rollier,  Geai,  Pie  et  Pie-Grièche,  et  finissant  parles 
Serripèdes  proprement  dits  pour  les  Rapaces,  divisés  en 
deux  groupes,  Diurnes  et  Nocturnes,  le  premier  subdivisé 
lui-même  en  Auxiliaires  et  en  Rebelles  ou  Insoumis. 

C'est  donc,  au  total,  un  nombre  de  six  ordres  que  re- 
connaît l'auteur,  autant  à  peu  près,  ainsi  qu'il  le  dit  lui- 
même,  qu'en  reconnaissait  G.  Cuvier,  lequel  en  comptait 
sept. 

Nous  avons  sérieusement  étudié  la  manière  de  voir,  de 
sentir  et  de  procéder  de  M.  Toussenel,  que  nous  avons 
l'honneur  et  le  plaisir  de  connaître  personnellement,  et 
nous  croyons  que,  pour  apprécier  un  auteur  dans  ses  œu- 
vres, la  chose  n'est  pas  aussi  indifférente  qu'elle  paraît 
communément.  Aussi  pensons- nous  que,  si  M.  Toussenel 
eût  connu  Buffon  de  la  même  manière,  il  l'eût  moins  mal- 
traité et  moins  dédaigné  qu'il  ne  l'a  fait,  quoiqu'il  ait  eu  le 
bon  goût  d'enrayer  à  temps  sa  verve  sarcastique  à  l'égard 
de  ce  grand  talent,  pour  ne  pas  avoir  l'air  de  céder  au 
courant  de  l'ostracisme  populaire,  nous  dirions  même 
vulgaire,  dont  certains  écrivains,  comme  de  parti  pris, 
ont  poursuivi  notre  illustre  naturaliste. 

Le  fait  que  nous  avons  toujours  contesté,  et  sur  lequel 
nous  revenons  encore,  de  Buffon  en  manchettes  à  son  bu- 
reau, serait- il  vrai,  qu'il  trouverait  son  explication  toute 
simple  dans  la  manière  dont  l'homme  envisageait  la  na- 
ture, qu'il  ne  rougissait  pas  d'étudier  si  révérencieuse- 
ment.  Avec  la  majesté  qu'il  se  plaisait  à  lui  reconnaître,  il 
l'a  traitée  en  grande  dame  que  l'on  ne  se  hasarde  guère 
certainement  à  courtiser  qu'avec  tous  les  dehors  du  beau 
monde  qu'elle  fréquente,  au  lieu  de  la  traiter  en  maîtresse, 
comme  le  font  le  plus  souvent  les  littérateurs  de  nos  jours, 


558     hev.  et  mag.   de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

et  par  conséquent  avec  tout  le  laisser  aller  et  tout  le  né- 
gligé que  comportent  de  légères  et  passagères  liaisons. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  en  réfléchissant  bien  même  à  ce 
temps  d'arrêt  de  l'auteur  dans  son  système  de  dénigrement 
de  Buffon,  nous  sommes  convaincu  que  sa  propre  volonté 
y  est  entrée  pour  beaucoup  moins  que  la  force  et  l'ascen- 
dant de  Yanalogie  ou  de  ses  attractions  naturelles;  car  ce 
qui  fait  la  force  comme  la  faiblesse,  parfois,  de  celui  que 
l'on  a  appelé  le  Pline  français,  croyant  ainsi  lui  faire  un 
honneur  dont  il  pouvait  fort  bien  se  passer,  c'est  sa  pas- 
sion et  l'entraînement  de  son  esprit  pour  les  analogies.  Et 
l'on  ne  peut  nier  que,  par  ce  côté,  ainsi  que  nous  l'avons 
déjà  dit,  il  n'y  ait  un  point  de  contact  si  intime  entre  l'au- 
teur de  Y Histoire  des  règnes  de  la  nature  et  l'auteur  de 
YOrnithologie  passionnelle,  que  l'un  semblera  toujours  la 
continuation  de  l'autre,  sauf  la  différence  des  deux  épo- 
ques où  ces  deux  génies  ont  pris  leur  essor. 

On  voit  que  nous  considérons  ce  dernier  très  au  sé- 
rieux, peut-être  même  plus  qu'il  ne  l'eût  voulu.  Mais  la 
faute  n'en  est  qu'à  lui  seul.  Il  a  mis  le  pied  dans  la  science, 
dont  il  a  gardé  tout  le  fond  en  en  répudiant  (pensait-il) 
les  formes  et  le  langage  classiques.  Nous  tenons  à  ce  qu'il 
y  reste,  et  c'est  pour  cela  que  nous  provoquons  sur  lui 
l'attention  des  savants.  La  conquête  d'un  tel  esprit  et 
d'une  telle  plume  est  de  trop  de  valeur  dans  l'intérêt  de 
l'ornithologie  et  de  son  progrès,  pour  qu'elle  ne  cherche 
pas  à  se  la  faire  propre  ou  sienne  en  la  gardant  précieuse- 
ment et  en  se  l'assimilant. 

Il  est  arrivé  à  M.  ïoussenel  ce  qui  arrive  à  tout  homme 
intelligent  ouvrant  son  esprit  à  une  science  qu'il  se  prend 
à  étudier  pour  la  première  fois  :  tout  lui  semble  nouveau 
dans  les  faits,  tout  lui  semble  une  création  à  lui  propre 
dans  les  idées.  Doux  rêve  assurément,  mais  moins  doux 
réveil,  cruelle  illusion!  L'humanité,  pour  les  sciences  na- 
turelles comme  pour  les  sciences  économiques  et  politi- 
ques, a  tourné  sans  cesse,  tourne  encore  et  tournera  tou- 


ANALYSES   D'OUVRAGES   NOUVEAUX.  559 

jours  dans  le  mémo  cercle  :  M.  Toussencl  en  est  une  preuva 
par  lui-même. 

Amant  passionné  de  la  nature  et  par  ses  instincts  et  par 
ses  habitudes,  il  entre  d'un  bond  et  de  plain-pied  dans  la 
voie  glissante  de  l'ornithologie;  il  croit  n'y  voir  que  dé- 
sordre alors  seulement  qu'il  y  a  désaccord  entre  ses  idées 
et  celles  des  méthodistes  qui  l'y  ont  précédé,  et  entreprend 
de  suite  de  rétablir,  à  sa  manière,  l'harmonie  dans  ces 
éléments  un  peu  étranges  pour  lui ,  sans  se  douter  que 
bien  d'autres  ont  fait  le  même  rêve  et  ont  cherché,  avec 
plus  ou  moins  de  succès  ou  de  bonheur,  à  le  réaliser  :  lui 
rappellerons-nous  que  le  dernier  et  le  plus  illustre,  le  prince 
Ch.  Bonaparte,  qui  eût  été  si  fier  de  connaître  et  de  voir 
l'auteur  de  Y  Ornithologie  passionnelle ,  y  est  mort  à  la 
peine? 

L'histoire  naturelle,  en  effet,  au  point  de  vue  de  la  clas- 
sification et  de  la  méthode,  n'a  jamais  été,  après  tout, 
qu'une  science  de  rapports;  or  qui  dit  rapports  dit  ana- 
logie. C'est  donc  sous  l'influence  d'un  esprit  d'analogie 
qu'ont  procédé  tous  les  naturalistes  anciens  et  modernes. 
Les  uns  ont,  en  conséquence,  consulté  les  analogies  ana- 
tomiques,  organiques  ou  physiologiques;  les  autres,  les 
analogies  de  mœurs,  soit  de  nourriture,  soit  de  modifica- 
tions, soit  d'éducation  des  petits  chez  les  animaux  de 
chaque  classe  zoologique,  soit  même  du  produit  ovarien 
pour  les  Oiseaux. 

Et  il  est  évident  que  ces  derniers  se  sont  trouvés  beau- 
coup plus  près  qu'aucun  de  leurs  collègues  de  X analogie 
passionnelle,  quoiqu'ils  n'aient  pas  créé  le  mot.  Mais  il  faut 
convenir  que,  si  M.  ïoussenel  n'a  pas  inventé  la  chose, 
quoiqu'il  ait  créé  le  mot,  il  a  fondé  et  assis  sur  une  base 
plus  certaine  la  science  des  analogies  dont,  on  peut  le 
dire  hardiment,  l'auteur  a  ouvert  des  aperçus  tout  nou- 
veaux sous  une  apparence  de  frivolité,  à  force  d'esprit, 
au  côté  sérieux  de  l'étude  de  l'histoire  naturelle. 

11  suit  de  là  que,  peut-être  bien  malgré  lui,  M.  Tousse- 


560     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1800.) 

.nel  a  été  oblige  de  compter  avec  les  savants  en  ornitholo- 
gie, comme  ceux-ci  se  trouveront  à  leur  tour  forcés,  et  y 
arriveront  de  bonne  grâce,  si  nous  ne  consultons  que  nos 
sympathies,  de  compter  avec  lui. 

Il  n'y  a  donc  pas  à  s'étonner  de  voir  un  esprit  aussi  ju- 
dicieux, malgré  l'étrangeté  plutôt  que  la  nouveauté  de  son 
système  et  la  tendresse  toute  paternelle  de  l'auteur  pour 
ses  idées  éminemment  originales,  surtout  pour  la  forme 
attrayante  sous  laquelle  il  les  a  présentées,  emprunter  aux 
naturalistes,  aux  uns  les  rapports  organiques  de  la  forme 
du  bec  et,  par  suite,  les  rapports  physiologiques  du  mode 
de  vivre  et  de  se  nourrir;  aux  autres,  les  rapports  orga- 
niques de  la  forme  du  pied;  à  plusieurs,  enfin,  ceux  du 
développement  ou  de  la  conformation  de  l'aile,  parfois 
même  les  rapports  du  mode  de  modification.  C'est  la  preuve 
qu'il  ne  saurait  y  avoir  place  pour  un  système  exclusif  aux 
dépens  de  tous  autres,  mais  que  tous  les  systèmes  doivent 
se  prêter  ou  s'emprunter  ce  que  chacun  d'eux  a  de  bon  et 
de  rationnel  ;  chacun  d'eux,  en  un  mot,  ne  valant  que  par 
le  contrôle  et  l'appui  de  tous  les  autres. 

En  nous  exprimant  ainsi,  nous  n'exagérons  rien,  et 
nous  recommandons  aux  nouvelles  études  ornithologi- 
ques  que  M.  ïoussenel  ne  manquera  sans  doute  pas  de 
faire  à  ses  premiers  moments  perdus  les  trois  méthodes 
suivantes  :  de  Jonston,  qui  écrivait  en  1657;  de  J.  Ch. 
Schœffer,  en  1774,  dans  ses  Elementa  ornithologica,  et  de 
Scopoli,  en  1777,  dans  son  Introductio  ad  Historiam  natu- 
ralem,  toutes  trois  malheureusement  en  latin  quasi  de 
Lhomond. 

Il  faut  bien  que  M.  Toussenel  le  sache,  sa  Tridactylie 
et  sa  Tétradactylie  n'appartiennent  pas  qu'à  lui  seul  ;  elles 
ont  été  inventées  par  Schœffer,  qui  divisait  la  classe  des 
Oiseaux  en  deux  grandes  familles  :  Nudipèdes  et  Plumi- 
pèdes ,  la  première  subdivisée  en  cinq  ordres  :  1°  Fissi- 
pèdes  didactyles  ;  2°  F.  tridactyles;  3°  F.  tétradactyles; 
4°  Pinnatipèdes  ou  Lobipèdes;  5°  Palmipèdes  tridactyles; 


ANALYSES    D'OUVRAGES    NOUVEAUX.  561 

G0  et  7°  P.  tétradactyles;  la  seconde  en  dix  ordres,  tous 
Fissipèdes  anisodactyles  (excepté  le  premier,  sous  le  nom 
d'isodactyles  pour  les  Jugipèdes  de  M.  Toussenel),  distin- 
gués d'après  la  forme  du  bec.  Ainsi  2°  ordre  Adtmcirostres; 
3°  Conico-incurvirostres  ;  k°  Conico-ténuirostres  ;  5°  Conico- 
protensirostres ;  6°  Conico-convexirostres  ;  7°  Conico-subuli- 
rostres;  8°  Cunéirostres  pour  la  Sittelle;  9°  Filirostres  pour 
les  Oiseaux-Mouches  ;  10°  Falcirostres.  Il  termine  par  un 
onzième  ordre  Ânomalipèdes  pour  les  Manakins,  Coqs  de 
roche ,  Todiers ,  Martins-Pêcheurs  ,  Guêpiers,  Momots  et 
Calaos,  presque  tous  exotiques  et  alors  peu  connus. 

La  division  par  mode  de  nourriture  est  encore  plus  an- 
cienne; elle  remonte  à  Jonston,  qui  formait  trois  ordres  : 
1°  Oiseaux  terrestres,  divisés  en  Carnivores,  en  Phytivores, 
subdivisés  eux-mêmes  en  non  chantants  et  pulvérateurs, 
en  chantants  et  en  Baccivorcs,  et  en  Insectivores  subdivisés 
également  en  chantants  et  non  chantants;  2°  Oiseaux 
aquatiques  divisés  en  Palmipèdes,  subdivisés  en  Piscivores 
et  Herbivores,  et  en  Fissipèdes,  subdivisés  en  Carnivores, 
Insectivores  et  Herbivores.  Le  troisième  ordre,  consacré  au 
genre  .d'Oiseaux  exotiques  alors  connus. 

Enfin  l'ordre  retourné  des  Oiseaux  n'est  guère  plus 
nouveau,  puisqu'il  est  dû  à  Scopoli,  qui  commence  cette 
classe  par  les  Nageurs,  à  l'inverse  de  tout  ce  qui  s'était 
fait  avant  lui  et  de  tout  ce  qui  s'est  fait  depuis,  à  l'excep- 
tion du  docteur  Reichenbach,  qui,  depuis  une  dizaine 
d'années,  a  procédé  de  même.  Scopoli  trouvera  assuré- 
ment grâce  aux  yeux  de  M.  Toussenel,  car  c'est  celui  de 
tous  qui  paraît  s'être  le  plus  rapproché  de  Yanalogie  pas- 
sionnelle, et  qui  en  a  certainement  eu  l'instinct  ou  la  pres- 
cience. Indépendamment,  en  effet,  de  cette  innovation 
monstrueuse  et  incomprise  en  son  temps,  presque  tous  les 
termes  de  M  Toussenel  s'y  retrouvent,  ou  les  mêmes,  ou 
on  germe.  Ainsi  liétipèdes,  pour  sa  première  famille  com- 
posée de  six  ordres,  en  tête  desquels  figurent  ceux  des 
Plongeurs,  des  Palmipèdes  et  des  Longipèdes.  Les  Perro- 


562     rev.  et  mag.   de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

quets  forment  un  ordre  à  part  ;  ainsi  Scutipèdes  pour  sa 
seconde  famille,  composée  de  trois  ordres  :  1°  les  Négli- 
gés pour  les  Grimpeurs  et  promeneurs  exotiques  et  euro- 
péens; 2°  les  Chanteurs  à  becs  minces  pour  les  Fauvettes, 
Merles  et  Alouettes;  à  gros  becs  pour  les  Bruants,  Gros- 
Becs  et  Pinsons;  et  3°  les  Brévipèdes  pour  les  Martinets, 
Engoulevents  et  les  Hirondelles. 

Nous  ne  nous  appesantirons  pas  davantage  sur  ces  rap- 
prochements, qui  démontrent  surabondamment  quel'ana- 
logie  a  été  à  l'ordre  du  jour  dans  tous  les  temps,  conti- 
nuellement et  laborieusement  cherchée,  parfois  rencon- 
trée ou  entrevue,  sans  être  jamais  ni  trouvée  ni  finie. 

L'éloge  le  plus  mérité  que  l'on  puisse  faire  à  M.  Tousse- 
nel,  c'est,  par  la  seule  force  de  ses  observations  person- 
nelles et  par  une  remarquable  faculté  d'intuition,  d'avoir 
créé,  dans  la  simple  limite  de  ses  études,  le  système  de 
classification  si  rationnel  que  Scopoli,  dès  1777,  et  Rei- 
chenbach,  de  1845  à  1850,  ont  inauguré  en  rangeant  les 
Oiseaux  selon  leur  ordre  probable  de  création. 

Mais  nous  ne  saurions  trop  insister  auprès  de  l'auteur 
pour  l'engager  à  élargir  le  cercle  de  ses  observations  or- 
nithologiques  en  les  étendant  jusqu'aux  Oiseaux  exotiques, 
qui  lui  offriront  les  plus  beaux  sujets  d'études  et  lui  feront 
apporter  d'importantes  améliorations  à  son  système  d'a- 
nalogie passionnelle.  C'est  ainsi  qu'il  trouvera  à  modifier 
sa  manière  de  voir  au  sujet,  par  exemple,  du  Rupicole  ou 
Coq  de  roche,  surtout  au  sujet  des  mœurs  et  des  habitudes 
si  peu  connues  et  si  mal  interprétées,  quoique  fort  sim 
pies,  du  Coucou.  Si  nous  osions  même,  nous  lui  indique- 
rions, pour  lui  éviter  de  trop  pénibles  recherches  en  re- 
montant aux  sources,  la  partie  ornithologique  de  Y  Ency- 
clopédie d'histoire  naturelle,  et  particulièrement,  pour  les 
Cuculidés  ou  Coucous,  notre  Oogénèse  ou  Traité  d'oologie 
ornithologique y  deux  ouvrages  qui  sont  entre  ses  mains,  et 
qu'il  n'a  qu'à  prendre  sur  les  rayons  de  sa  bibliothèque: 
il  y  saisira  ample  matière  à  compléter  ses  trois  volumes 


ANALYSES    DOUVRAGES    NOUVEAUX.  563 

par  un  quatrième  qui  ne  peut  manquer  d'être  appelé  au 
même  succès.  O.  des  Murs. 


The  Entomologist's  Annual.  —  L'Annuaire  des  Entomo- 
logistes pour  l'année  1861,  par  M.  H.  T.  Stainton, 
in-12  avecfig.  color.  London,  1861. 
Le  joli  petit  Annuaire  de  M.  Stainton  n'a  pas  plus  fait 
défaut  cette  année  que  les  autres;  nous  le  recevons,  ainsi 
que  tous  les  autres  entomologistes,  comme  notre  cadeau 
du  jour  de  l'an,  comme  la  carte  de  visite  du  savant  qui 
n'aurait  pas  besoin  de  cela  pour  se  rappeler  au  souvenir 
de  ses  confrères,  puisqu'il  ne  cesse  de  rendre  des  services 
à  l'entomologie. 

Cette  année  donc,  l'Annuaire  de  M.  Stainton  n'est  pas 
moins  intéressant  que  ses  aînés;  il  contient  un  synopsis 
des  Phryganides  de  l'Angleterre,  par  M.  le  docteur  Ha- 
gen,  accompagné  de  descriptions  d'espèces  nouvelles,  par 
M'Lachlan;  des  observations  hyménoptérologiques,  par 
M.  F.  Smith;  une  liste  des  Hémiptères  de  l'Angleterre  par 
M.  Stainton  ;  de  nouveaux  Coléoptères  observés  en  Angle- 
terre par  M.  W.  Janson,  et  beaucoup  de  notices  très- 
intéressantes  de  l'auteur  sur  les  Lépidoptères  de  son  pays. 
Nous  devons  remercier  M.  Stainton,  au  nom  des  ento- 
mologistes de  toute  l'Europe,  de  ce  petit  et  intéressant 
Annuaire,  car  les  petits  cadeaux  entretiennent  l'amitié. 
(G.  M.) 

Echinidls  du  département  de  la  Sarthe,  par  Cotteau 
et  Triger,  avec  fig.  dessinées  et  lithographiées  d'après 
nature  par  MM.  Levasseur  et  Humbert. — Gr.  in-8°,  5e  et 
6eliv.,  1860. 

Chacune  de  ces  livraisons  comprend,  comme  les  pré- 
cédentes, 10  planches  lithographiées  avec  le  plus  grand 
soin;  soixante  espèces  y  sont  représentées  presque  tou- 
jours avec  un  fort  grossissement  des  détails  si  compliqués 


564     rev.  et  mag.  de  zoologie.  {Décembre  1860.) 

de  leur  organisation.  Parmi  les  types  les  plus  intéressants, 
nous  citerons  YAnortopygus  Michelini,  Cottcau,  si  curieux 
par  la  forme  de  son  péristome  et  de  son  périprocte ,  et  la 
structure  de  son  appareil  apicial  ;  Y  Hemipedina  miliaris, 
qu'on  avait  considéré  jusqu'ici  comme  un  Pseudodiadème, 
mais  que  ses  tubercules  certainement  dépourvus  de  cré- 
nelures  placent  dans  le  genre  Hemipedina;  YHeteroci- 
daris  Trigeri ,  remarquable  par  sa  grande  taille ,  le 
nombre  de  ses  tubercules,  l'étroitesse  de  ses  ambulacres, 
la  disposition  de  ses  pores  autour  du  péristome,  et  dont 
M.  Cotteau  a  fait  le  type  d'une  coupe  générique  nouvelle 
intermédiaire  entre  les  Cidaris  et  les  Pseudodiadema. 
(G.  M.) 

Calendrier  apicole ,  Almanach  des  cultivateurs  d'Abeilles, 
contenant  ce  qu'il  y  a  dans  une  ruchée  d'Abeilles  ;  les 
meilleures  ruches;  travaux  apicoles  de  l'année;  façon- 
nement des  produits  des  Abeilles,  etc.;  par  M.  H.  Ha- 
met.  —  In-12  de  108  pages.  Paris,  1861. 
M.  Hamet,  si  bien  connu  par  le  cours  d'apiculture  qu'il 
fait,  chaque  année,  au  Luxembourg,  par  son  excellent 
journal  V Apiculteur,  et  par  le  dévouement  et  l'énergique 
persévérance  avec  lesquels  il  a  su  organiser  la  Société 
d'apiculture,  vient  de  rendre  un  nouveau  service  à  cette 
intéressante  branche  de  l'agriculture  en  donnant  à  ceux 
qui  s'en  occupent  un  guide  sûr,  résultant  des  travaux  d'un 
apiculteur  également  théoricien  et  praticien.  Comme  se- 
crétaire de  la  Société  d'apiculture,  M.  Hamet  est  con- 
stamment tenu  au  courant  des  progrès  réalisés  par  tous 
ceux  qui  s'adonnent  à  l'élève  des  Abeilles,  et  ne  manque 
pas  de  faire  profiter  ses  lecteurs,  en  laissant  scrupuleuse- 
ment à  chacun  ce  qui  lui  appartient,  des  observations 
utiles  qui  lui  arrivent  de  partout. 

Son  livre,  mis  à  la  portée  de  toutes  les  intelligences 
par  une  rédaction  simple  et  claire,  est  également  à  la 
portée  de  toutes  les  bourses  par  l'extrême  modération  de 


ANALYSES    o'OUVRAGES   NOUVEAUX.  565 

son  prix  (50  centimes),  et  Ton  peut  dire,  avec  juste  rai- 
son, qu'il  constitue  encore,  de  la  part  de  M.  Hamet,  un 
véritable  acte  de  dévouement  à  l'apiculture.        (G.  M.) 


Gli  afidi,  etc.  —  Les  Aphidiens,  avec  un  tableau  des  genres 
et  quelques  espèces  nouvelles  italiennes ,  par   Giovanni 
Passerini,  docteur  en  médecine,  professeur  de  bota- 
nique et  directeur  du  jardin  botanique  de  l'université 
de  Parme.  —  In-8.  Parme,  1860. 
Ce  travail  est  le  développement  d'un  mémoire  publié 
par  l'auteur,  en  1857,  dans  le  Journal  des  jardins.  Dans 
une  introduction  de  24  pages,  M.  Passerini  donne  une 
idée  exacte  de  ce  que  l'on  sait  de  l'organisation  et  des 
mœurs  de  ces  curieux  Insectes ,  parasites  de  presque  tous 
nos  végétaux,  et  que  les  zoologistes  avaient  trop  négligés 
jusqu'à  ces  derniers  temps.  Il  était,  mieux  que  personne, 
en  position  d'en  faire  une  étude  utile;  car  à  des  connais- 
sances positives  en  entomologie  il  joint  celles  d'un  bota- 
niste consommé,  et  même  d'un  horticulteur  habile.  Aussi 
donne-t-il  les  noms  exacts  des  nombreux  végétaux  sur  les- 
quels il  a  observé  les  espèces  qu'il  mentionne  ou  décrit, 
et  fait-il  connaître  les  meilleurs  moyens  de  débarrasser 
ces  végétaux  de  ces  désagréables  parasites. 

Nous  ne  pourrions  suivre  ici  M.  Giovanni  Passerini 
dans  les  détails  qu'il  donne  sur  le  singulier  mode  de  re- 
production de  ces  Insectes,  mais  nous  devons  dire  qu'il 
se  montre,  là  comme  dans  toutes  les  autres  parties  de  son 
travail,  complètement  au  courant  des  connaissances  ac- 
quises jusqu'à  ce  jour  sur  ces  Insectes. 

11  signale  comme  les  plus  incommodes  dans  les  serres 
deux  Aphidiens  qui  s'accumulent  en  grand  nombre  sur 
les  plantes.  Ce  sont  le  Rhopalosiphum  persicœ  et  la  Sipho- 
nophora  malvœ.  Ces  deux  espèces  salissent  les  plantes  non- 
seulement  par  leur  présence,  mais  encore  par  les  dé- 
pouilles qu'ils  y  laissent  après  leurs  métamorphoses.  De 
plus,  elles  y  déposent  une  humeur  sucrée  qui,  altérée  par 
le  contact  de  l'air,  favorise  le  développement  d'une  moi- 
sissure noire  qui  empêche  les  fonctions  physiologiques 
des  feuilles. 

Le  tableau  des  genres  occupe  ensuite  4  pages  et  offre 
leurs  caractères  essentiels  avec  l'indication  de  l'espèce 
qui  constitue  le  type  de  chacun  d'eux. 


566     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.) 

Vient  ensuite  le  catalogue  de  toutes  les  espèces  qui  ont 
été  observées  jusqu'à  présent  en  Italie,  avec  l'indication 
des  genres  auxquels  elles  appartiennent,  et  enfin,  sous  le 
titre  d'Annotations  diagnostiques,  de  bonnes  descriptions 
de  23  espèces  nouvelles,  qui  occupent  7  pages. 

Nous  ne  saurions  trop  féliciter  M.  Giovanni  Passerini 
d'avoir  entrepris  et  mené  à  bien  un  pareil  travail,  fruit  de 
longues  études  faites  sur  des  Insectes  vivants,  car  on  sait 
qu'il  est  impossible  de  conserver  ces  Insectes  en  collec- 
tions, ce  qui  rend  leur  étude  et  leur  comparaison  très- 
difficiles.  (G.  M.) 


IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

II  y  a  quelque  temps ,  un  comité  consultatif,  composé 
de  docteurs  en  médecine ,  a  tenu  sa  séance  annuelle 
pour  constater  des  cas  de  guérison  de  la  phthisie  pul- 
monaire par  l'hélicine  du  docteur  de  Lamare,  de  Paris, 
substance  qu'il  a  présentée  à  l'Académie  des  sciences  il 
y  a  quelques  années.  L'intérêt  de  cette  réunion  a  princi- 
palement porté  sur  la  permanence  de  guérisons  comptant 
déjà  plusieurs  années  de  date.  C'est  un  résultat  important 
dont  nous  félicitons  sincèrement  l'auteur. 


TABLES    ALPHABETIQUES 

POUR   L'ANNÉE  1860. 


I.    TABLE    DES    MATIERES. 


Académie  des  sciences.  26.  83.jAdénisation.  Des  Murs.  49. 
138.  108.  224.  300.410.511  539.  Alouettes  nouv.  Loche.  148. 
—  Elect.  dans  la  section  de  zoo-  Aménités   malacologiques.  Bour 


logie.  j47.  :»50. 


guignât.  05.  154.  527 


TABLE    DES    MATIÈRES, 


»C7 


Antilope  addax.  Aueapitaine.  145. 
Apatophysis ,  Coléopt.  Chevrolat. 
95.  304. 

Cassinia,  Ois.  Hartlaub.  82. 
Ceuthorhynchus     nouv.    Brisout. 

537. 
Coleoptera  Chilensia.  Fairmaire  et 

Germain.  267. 
Coléopt.  de  l'Algérie.    Chevrolat. 

75.  128,  208,  269.  302.  409,  448, 

509. 
Coloration  de  la  peau.  Aueapitaine. 

46. 
Cténolabre.Poiss.  Guichenot.  152. 

Dauphins  nouv.  Loche.  473. 

Echinides  nouv.  Cotteau.  212. 

Fourmis  à  miel.  Lucas.  271 . 

Galeropsis,  Moll.  Huppé.  125. 
Galles  souterraines  du  chêne.  Ma- 
réchal Vaillant.  518. 

Hématozoïdes.  Cornalia.  413. 

Mammifères  du  Mexique.  Saus- 
sure. 3.  53.  97.  241.  281.  377. 
459.  479. 


Mêlâmes.  Brot.  254. 
Micropalama,  Ois.  Verrcaux.  206. 

Notes  nido-oologiques.  Dubois.  62. 

Œufs.  Coloration.  Leconte.  199. 

Œufs  des  Moineaux.  Sacc.  94. 

Œufs  des  Oiseaux.  Moquin-Tan- 
don.  11.57.110.  193.  339.  410. 

Œufs.  Des  Murs.  293. 

Oiseaux  nouv.  de  la  Nouvelle-Ca- 
lédonie. J.  Verreaux  et  O.  des 
Murs.  383.  421. 

Oologie.  Sacc.  373. 

Ornithol.  de  1  île  de  Saint-Paul. 
Coinde.  396. 

Passer  domcsticus.  Des  Murs.  20. 
Poissons  de  Cette.  Doumet.  299. 

355,405.444.494.521. 
Poules  de  Nankin.  Sacc.  329. 

Sériciculture.  Mlle  Santy.  189. 
Stylifer.  Huppé.  118. 

Trichomyctères.  Guichenot.  525. 
Tychius.  Ins.  Brissout.  166. 

Ver  à  soie  de  l'Ailante.  Guériu- 
Méneville.  238.  311.  325.  375, 
423.  469.  512.  519. 


II.  TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS. 


Aueapitaine.  Color.  de  la  peau.  46. 
—    Antilope   addax.    145.    — 
Bleeker.517. 

Bourguignat.  Âmén.  malacol.  65. 

154.  527. 
Brisout.  Ins.  Col.  166.  537. 
Brot.  Mélanies.  254. 

Chevrolat.  Col.  de  l'Algérie.  75. 

128.   208.    269.  302.    409.  448. 

509.  —  Apatophysis.  95.  304. 
Coinde.  Ornith.de  Saiut-Paul  396. 
Cornalia.  Hématozoïdes.  413. 
Cotteau.  Echinides  nouv.  212. 

Des  Murs.  Adéuisation.  49.— Œufs 


des  Ois.  293.  —  Passer  domes- 

ticus.  20. 
Doumet.  Poissons  de  Cette.  299. 

355.  405,444,494.531. 
Dubois.  Notes  nido-oologiques.  62. 

Fairmaire.  Coléopt.  Chilensia.  267. 

Germain.  Coléopt.  Chilensia.  267. 
Guérin-Méueville.  Ver  à  soie  de 

l'Ailante.  238.  311.325.375.423. 

469.  512.  519.  —Hématozoïdes. 

413. 
Guichenot.   Cténolabres.   152.  — 

Trichomyctères  525. 

Hartlaub.  Cassinia,  Ois.  82. 
Huppé.  Stylifer.  118.— Galeropsis. 
125. 


568     rev.  et  mag.  de  zoologie.  (Décembre  1860.] 


Leconte.  Couleur  des  Œufs.  199. 
Loche.    Alouettes  nouv.    148.  — 

Dauphius  nouv.  473. 
Lucas.  Fourmis  à  miel.  271. 

Moquia-Tandou.  Œufs  des  Oi- 
seaux 11.57,  110,193.339. 

Sacc.  Œufs  des  Moineaux.  94.  — 
Poules  de  Nankin.  329.  —  Oolo- 
gie.  373. 


Sauty  (Mlle).  Sériciculture.  189. 
Saussure.  Mamm.  du  Mexique.  3, 
53.  97.  241.  281.  377.  425.  479. 

Vaillant  (maréchal).  Galles  souter- 
raines du  chêne.  518. 

Verreaux  (J.).  Micropalama,  Ois. 
206. 

J.  Verreaux  et  0.  Des  Murs.  Ois. 
nouv.  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
383.  431. 


ANNEE  1860. 


Texte.   .    . 

4  planches  coloriées,  valeur.     . 
20  planches  noires,  valeur.     .     . 

36  feuilles. 

6 
20 

Total.     .     .     . 

62  feuilles. 

TABLE   DES  MATIERES. 

Pages. 

N.  Doumet.  —  Catalogue  des  Poissons  recueillis  et  observés 

à  Cette.  521 

A.  Gcichenot.  —  Notice  sur  un  nouveau  Poisson  du  genre 

des  Trichomyctères.  525 

J.  R.  Bourguignat.  —  Monographie  du  genre  Choanompha- 

lus.  527 

—  —  Catalogue  des  Mollusques  de  la  famille 

des  Paludinées  recueillis,  jusqu'à  ce  jour,  en  Sibérie  et 
sur  le  territoire  de  l'Amour.  531 

H.  Brisout  de  Bakneyille.  —  Description  d'une  nouvelle  es- 
pèce de  Ceuthorhynchus ,  suivie  de  plusieurs  synony- 
mies de  ces  espèces.  537 

Académie  des  sciences.  539 

Analyses.  555 

Mélanges  et  nouvelles.  566 


PARIS.—  IMP.  DE  Mme  Ve  BOUCHARD-HUZARD,  RUE  DE  L'EPEqpN,  5—1860. 


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CA.  Dubois  dtl. 


Bccccurt  lùA. 


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Imp.  Btcftutjriru . 


i_2.    Procnias  cœrulea.   3 .  Turdus  rufiventris . 
4.  Bombycilla  cœrulea. 


TUviu,  tt  May.  <fe  Zoolûfcc^.  7 S 60. 


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Jl.Ztvassuu-  dtZ  it  fah. 


J.ith  Jiufiutjrins . 


/  _  2.  Hdùù  07iuuo7nùr(t .  a.  5.  //duc  Taziricw. 

3.  //. pOTTiatia.  6.//. Tailrita,  Var  mmcr. 


Âami  a  May.  £c  Zooloqi*..  -/S 60. 

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E.Ztvasstur  dtl  it  lith. 


J.ithJ$tcou4£jrirts. 


/  /fe/ix    lucor lira,  (type)  3  //elùc  stnamùua >. 

2  JZ —   lucoriim,  Var.  Beprùssct.  4.//. stramùiea,  Var.  elvnaaùt. 

5_6.  Ife/ùc   MaAû7n>eéana,. 


Âevue.  et  A/ay.  de,  Zoolûçic.  7 S 60. 
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J^.Ztvassuir  dtZ  tt  Itth. 


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i.  Jlelùc  fîguZùicv.  s.  Helùc  cavaùt. 

Z .  J/. Jïgiilina,,  Var  6.  H. pacfa/a ,  /  type  ) 

3.1/. pomacelùxs.  /.  //. joacAz/a,  Var. 

4.  M. pomacella,  Var  concolor.  S-j?.  M. nac7ii/a ,  Jlt.  Var. 


RtviUs  et  A/cu?.  de  7,0olvoù .  /S 60. 
/ 


y/.  6. 


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ZitfuBuyuUjrirts . 


1-Z.  If  dix  Mazzuà,  (à/pc)        4-6.  I/eluc  Çuwazz/u/iâù. 
3.  N. Mcuauli,  Var.  zonafa.  y  _  g.  //. pycnuv. 


Jteviu  U  May.  de  Zcoloyit.  7$ 60. 
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LUhJicjuttJriru. 


_  z.  J/diz    ûusso ricana  .       A  _  S.  I/elzjc  .  vu/yaris. 
s.  J/. Jbllinl.  6.   //. Vii/aarù,  Var. 


Âa>ui  a  May.  <ùs  Zootoyii.  7$6c. 


J>1.  S. 


-EZivatsiur  dtl  ttlith. 

4  -  S.  Jf. —    asemnù . 


J,iik  JSicyiutJrirts . 


6- y.  //e/ix  Jiïiyaddensù,  ( type) 
S.  /f.-£riça</({{/isis,Var.conw{or. 


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i  ,  /.*   Sti/éifer  Orfagnyaniis,  Jfupé . 

2.  Jfeme  dit  CidarLs  im^eriaàSfZam^éùitnûrmeU. 

3.  id.    déformée. 

4.  Oaéerojosis  Z aven ay amis ,  Jfiyoé . 


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f.   Cidarùs  Àfartmù,  Cotttaw. 
6  -J-    C. ScÂmzdlùiiy/  Du  or. 

S.    C. Guircvuk,  Gftatuy. 

$-io.  fsaidopedma/  Badeaut/,  Coteteu^. 


Jtevive-  et  Mag.  dt  Zoolcqit.  ?S6o. 


Humitrt  dtZ  et-  Iù& 


2i  ithjfttqutt/riru  ■ 

-/.  Rhaàdvcidaris   cross iss wiol  ,  Coteau, 
z  _  S.   I/e/rufJtckna  Terryi,  Coteau . 

6-7.    -ff. mùwr,  Coteau^. 

s _7o.   Jseudodiademo/  Trigerù,  Coteau/. 
?7_  u.  Saltmo/  J}eIlcUi/  Coteau,. 


Runu.  U.  Maq.  de    'Aon/oyic.  ?8âo. 


PI.  //,. 


m 


£  accourt  id.  ZiA.Ac^utfiruJkrié. 

Micropalaiïia  Tacksanowskia ,  J.Verreaux. 


A\-t>//c  ï/  Mag.de  Zoolooie .  fSâû. 


FI.    15. 


Zuntl  tùS. 


1.     Cermis    fût Yé ( fis .  3.    Dysûjves    azfrc//s  . 

Z.    Di/sûpes  Mùxica/ms.  £.    SU/wa!<rma  fo/ùca ,  Scuiss. 

S.   Mornwjos  JBlaùwilàifZtùA. 


2. M.  Su fu itjUru,  Aru . 


JUvuc  ttÀfay.dt,  Zooloçù..  rSêo. 


MELANIA 
1.     Hivpocasfamurv.  /+. 

Z.     CAocvlaàurL .  S. 

3.     Muurus .  6. 


Zitigioscts. 
Semiornata,. 
Dimorpîuv . 


Imp.&tytutjriru 


Rtouc  et  May  cU.  ZeolfjU..   iS6o. 

7  S 


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MELANIA  . 
7.       VittatcL.  jo  .     FeUcfuafa. 

S.     Jterylàna/ .  //.        Saussurii . 

S-       Odsaira  .  tz.       Jïicolor. 

13.     Cerea . 


Jtcvxu  tt  Àfaq.  cU  Zooloau.  7<fâo. 


FI.  /S. 


Jioccurt  dtZ  rt  IzA 


Coq  (le  Nankin 

(    dW  Dt  (?oc  lu u< finie  .  ) 


Rivui  ttMay.  de  Zoolcait,. 


7S6o. 


Tl.  19. 


fioccurt  Jtl  tt  St/i . 


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Poule  de  Nankin 


(  Dite   De  (Bocftùucfv 


iiu,.  ) 


Rêffru  et  i/<i</.  </<•  ZeoUçU'.  /Soc. 


/Y.  ZÛ. 


-LumZ  cUl. 


iTrvi'.St.yuttJrircs. 

Cerollia  azteca ,  Sauss. 
Ischnoglossa  nivalis,  Sauss 


K,-iuie  et  Map.  de  Zooùyù. .  /Sâc. 


n.  z/. 


Mumtl  d*L. 


Imp.BicyuttJriru 


JiCCCiut  lHh. 


Rhynochetos  jubatllS,  G.VerreauxetODcsMurs 


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LH?t.J3ict}utt,?arU. 

1-5.  Choanvmphtdus  MaacÂi .    7Ô_iy.  JBitÀinùi/   strutfa  . 

6.10.  C. amaurvnius.    rS-iy.  JB. ^4qare7isis. 

if-i5.  C. aorus.  2o_2i.  2ï. rcuohidia ■-. 


JUvue  et  May.  de  Zooloyic.  7$6o. 
/  Z 


Fl.ZA. 


L.XtVtLUiur  /«&. 


Liift.Bt  cifut  tjkrij . 


/-Z.  Viviparct  pachycL.  8 -g.  Vivipara    elophila. 

3.  V pmrosas.  70.    V lïaicale/isié \ 

A.  V pnxrosa,  Var.  n__i3.  Bitfiinùv Masic7wjirÙ€L . 

5_y.  V chloantfuL.  14.  B. aploct.